Je m'attarde le temps d'un souffle<br />2024-03-19T11:03:24+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearThunder 'n Lightnin', de Hoyt Axton (1963)urn:md5:683bc409ce2713a031ac15ac1d3542162024-03-19T12:03:00+01:002024-03-19T12:03:00+01:00RenaudMusiqueBluesCountryFolk <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/hoyt_axton/thunder_n_lightnin.png" title="thunder_n_lightnin.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/hoyt_axton/.thunder_n_lightnin_m.png" alt="thunder_n_lightnin.png, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<p>Et donc j'apprends que <strong>Hoyt Axton </strong>n'était pas que le père du héros dans <ins>Gremlins</ins> de <strong>Joe Dante</strong>... mais également un grand chanteur de Folk / Blues / Country. Ce premier album du début des années 60 avance avec une assurance folle, et il y a de quoi : bon sang quel coffre ! Une voix qui claque comme un coup de tonnerre mais qui ne s'interdit pas quelques détours par des ballades bluesy très agréables, <strong>Axton </strong>seul accompagné d'une simple guitare. Des influences très bien digérées d'ailleurs, notamment du côté de textes Gospel et du Blues (<strong>Bo Diddley </strong>en tête) dont il conserve souvent l'habillage minimaliste batterie / guitare. Des reprises très correctes, le classique Midnight Special ou encore un final sur House Of The Rising Sun, mais surtout un album qui amorce son entrée avec un morceau Thunder 'n Lightnin' qui porte un gros coup de massue, un coup qui assomme et oblige à tout arrêter pour écouter la demi-heure restante de l'album sans broncher.</p>
<p>Extrait de l'album : Thunder 'n Lightnin.</p>
<div id="centrage">.<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/i69oPEy5v7Y" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>.</div>
<p>À écouter également : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=5pH8oNTdjrU">Grizzly Bear</a>, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=LdaB0_NzVb4">This Little Light</a>, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=a_QHMU0HS-8">Daddy Walked In Darkness</a>, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=LbCT6lZWd3g">House Of The Rising Sun</a>, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=N7EOurAbQBw">Midnight Special</a>.</p>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/hoyt_axton/hoyt_axton.jpg" title="hoyt_axton.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/hoyt_axton/.hoyt_axton_m.jpg" alt="hoyt_axton.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Thunder-n-Lightnin-de-Hoyt-Axton1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1361Mes frères et moi, de Yohan Manca (2022)urn:md5:167bc1612cadd85713c0ac570fd6749f2024-03-18T10:04:00+01:002024-03-18T10:05:26+01:00RenaudCinémaAdolescenceChantComédieDali BenssalahEnfanceFamilleJudith ChemlaMusique mandinguRécit d apprentissageSofian Khammes <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/mes_freres_et_moi.jpg" title="mes_freres_et_moi.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.mes_freres_et_moi_m.jpg" alt="mes_freres_et_moi.jpg, mars 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La grande débrouille</strong></ins></span>
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<p><ins>Mes frères et moi</ins> est de ces films dont personnellement je n'attendais pas grand-chose — voire rien du tout — et qui se trouvent être des petits films sans ambitions démesurées mais qui in fine valent vraiment le détour. Ici, la bonne surprise tient au fait que <strong>Yohan Manca </strong>déplie le narratif avec une fluidité très agréable, tout en maniant judicieusement les archétypes d'un genre (ici un récit d'apprentissage qui survient dans un quartier populaire en bord de Méditerranée) et une direction d'acteur très appropriée. En l'occurrence, l'histoire de Nour, un gamin de 14 ans débrouillard mais un peu pris au piège de ses maillons familiaux avec trois grands-frères qui prennent beaucoup de place et des parents absents, un père déserteur et une mère en soins palliatifs.</p>
<p>Le côté très compartimenté de la fratrie peut faire peur au début : ils sont quatre et chacun a son petit descriptif bien déterminé pour créer un personnage qui se différencie des autres. Nour passe l'été à devoir effectuer des travaux d'intérêt général (on ne saura pas pourquoi et c'est très bien), Hédi incarne l'ado rageur et violent, Mo le jeune adulte et gros dragueur (dans l'arrière-plan traîne la question de la prostitution pour gagner de l'argent), et Abel représente l'aîné très autoritaire et patriarche de substitution. Ils se foutent souvent sur la gueule mais ils restent particulièrement soudés près de leur mère plongée dans un coma qui dure depuis longtemps et dont la santé décline rapidement depuis peu. Les 4 acteurs, <strong>Maël Rouin Berrandou</strong>, <strong>Moncef Farfar</strong>, <strong>Sofian Khammes </strong>et <strong>Dali Benssalah </strong>respectivement, imposent parfaitement leurs personnages et forcent le respect.</p>
<p>La péripétie principale tient à la découverte d'un penchant artistique chez Nour, quand il passe la tête dans un cours estival de chant lyrique là où il était censé repeindre un couloir dans son collège, et où l'on découvre une sorte de talent caché. La figure peut paraître un peu trop stéréotypée énoncée de la sorte mais son interaction avec la chanteuse-prof interprétée très justement par <strong>Judith Chemla </strong>lève toutes les appréhensions. On est clairement dans le pré carré des horizons qui s'ouvrent au sein d'une toile de fond baignant dans les problèmes familiaux, mais le film se garde bien de recourir au moindre misérabilisme. Il dépeint un microcosme de la débrouille, avec ce fameux climat de l'été et des grandes vacances de l'enfance, et cette évasion sous l'angle culturel (à grand renfort de son air d’opéra préféré, "Una furtiva lagrima", de <strong>Gaetano Donizetti</strong>, produisant un effet assez particulier dans ce contexte) brille par sa chaleur, son humour et sa tendresse qui coupent l'herbe sous le pied de tous les clichés.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/img1.jpg" title="img1.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/img2.jpg" title="img2.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/img3.jpg" title="img3.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/img4.jpg" title="img4.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, mars 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mes-freres-et-moi-de-Yohan-Manca-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1363Matrix, de Lauren Groff (2023)urn:md5:1f67b9ed8648e079f78cc50cd09dd8eb2024-03-14T07:32:00+00:002024-03-14T07:32:00+00:00GillesLectureAbbayeFemmeFranceMoyen ÂgeSororité <img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Matrix-Laure-Groff-2023_m.jpg" alt="" />
<p><q>J'ai nom Marie, et je suis de France</q>. Ce serait la plus ancienne signature d'une femme écrivaine trouvée dans la littérature française. On attribue à <strong>Marie de France</strong> la maternité de trois œuvres constituées de courts récits en vers : des lais, des poèmes et des fables. <strong>Lauren Groff</strong> s’empare de cette poétesse du XVIIème siècle dont les historiens savent peu de choses, pour en faire l'héroïne téméraire et érudite de son roman. </p>
<p><strong>Lauren Groff</strong> redonne ainsi vie à cette bâtarde de sang royal, demi-sœur du roi <strong>Henri II Plantagenêt</strong> (comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre). Élevée par des femmes fortes, elle suivit sa mère et ses tantes en croisade alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. </p>
<blockquote>
<p>Marie pense à sa tante Euphémie, capable de faire un saut périlleux pour descendre de cheval, à sa tante Honorine et à ses deux faucons pèlerins blancs, à sa tante Ursule avec ses bottes dorées et sa furieuse beauté, à sa mère puissante au rire vibrant, alors jouvencelles, embrassant l'aventure et la grâce divine autant qu'elles le pouvaient tout au long de la croisade.</p>
</blockquote>
<p><strong>Marie de France</strong>, cette géante disgracieuse dont la taille et l’esprit embarrassent, est astreinte à quitter la cour royale à l'âge de dix sept ans. En la nommant prieure d’une abbaye royale dans la campagne anglaise, la reine <strong>Aliénor </strong>dont <strong>Marie</strong> est amoureusement éprise, fait ainsi manigance pour éloigner son ombrage. </p>
<p>Cette abbaye en déliquescence est habitée par des nonnes et des oblates qui souffrent de la famine à cause d’une gouvernance catastrophique. C’est dans un état de pur délabrement et de désespoir que <strong>Marie</strong> fait son arrivée. Effondrée par cette découverte, elle sera trouver l’espoir et la force, non pas de fuir mais d’embrasser sa nouvelle place. </p>
<blockquote><p>Rien ne vient à bout du mal: ni la prière, ni le fait de les plonger dans l'eau bénite, de les attacher à leurs lits, de surgir en pleine nuit pour leur faire peur, de les tremper dans la rivière en les tenant par les chevilles, de leur frapper la tête avec une branche d'if, de les enterrer du sommet du crâne jusqu'à la pointe des pieds dans le fumier tiède, de les suspendre la tête en bas à un arbre en les faisant tourner jusqu'à ce qu'ils vomissent, ni même de pratiquer un petit trou dans leur crâne pour laisser les mauvaises humeurs en sortir. La rumeur se répand que les terres de l'abbaye sont la proie du diable, que ceux qui mangent ce qui y pousse ingèrent le mal.</p>
</blockquote>
<p>Elle retrouvera sa dignité par l’écriture, gagnera la confiance de ses sœurs à force de travail et deviendra l'abbesse de ce monastère de religieuses. L’histoire de <strong>Marie</strong> suivra en filigrane le destin de la reine <strong>Aliénor</strong> tout au long de sa vie, grâce à des espionnes et un réseau voué à sa cause. Ses projets ambitieux sont mis en péril par les velléités intérieures comme extérieures. Cette adversité va forger ou renforcer la détermination de <strong>Marie</strong> de poursuive son édifice. Après des années à lutter les unes avec les autres, par les autres et grâce aux autres, ses objectifs se déplaceront de fins personnelles et passionnelles vers une conviction plus profonde en la force de cette communauté de destin.</p>
<p><strong>Lauren Groff</strong> est une conteuse qui, dans son écriture et son approche, m'évoque <strong>Ursula Le Guin</strong> dans son dernier roman <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lavinia-de-Ursula-K-Le-Guin-2008"><ins>Lavinia</ins> (2008)</a>. Les deux écrivaines participent à honorer deux figures féminines mystérieuses, au risque peut-être de les idéaliser, en les dotant d'un esprit frondeur et libre. Une autre connexion relie les deux romans puisque les deux héroïnes partagent cette incommode propension aux apparitions… Ces visions mi-prophétiques, mi-béatifiques ne manquent pas d'intérêts même pour le lecteur athée et peu enclin au mysticisme que je suis, ne serait-ce que pour la poésie propagée. En résumé, cette prédiction du passé en la sainte personne de <strong>Marie de France</strong> est riche d'enseignement, au terme d’une intrigue (oui, oui) très prenante.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Matrix-Lauren-Groff-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1366Hitokiri, le châtiment (人斬り, Hitokiri), de Hideo Gosha (1969)urn:md5:3d003163378921b1c794f913617ec1712024-03-12T10:52:00+01:002024-03-12T10:54:03+01:00RenaudCinémaChanbaraHideo GoshaHonneurJaponManipulationNeigeSamouraïTatsuya NakadaiYukio Mishima <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/hitokiri_le_chatiment.jpg" title="hitokiri_le_chatiment.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.hitokiri_le_chatiment_m.jpg" alt="hitokiri_le_chatiment.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Servitude aveugle d'un ronin bourrin</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Hitokiri</ins> est une grosse gourmandise offerte par <strong>Hideo Gosha </strong>dans le registre du chanbara iconoclaste, pas nécessairement de la trempe des <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Samourais-hors-la-loi-de-Hideo-Gosha-1964"><ins>Trois Samouraïs hors-la-loi</ins></a> ou <ins>Le Sabre de la bête</ins> pour rester dans le même sillon thématique, mais doté de très solides arguments mis au service de ces films de katanas qui s'attachent à montrer le versant le moins reluisant du bushido en cette fin d'ère Edo. C'est également un complément appréciable à l'autre réalisation sortie en cette même année 1969, <ins>Goyokin - La Terreur des Sabaï</ins>, qui s'intéressait elle aussi à écorner l'image plus conventionnelle du samouraï et de ses codes d'honneur, mais peut-être dans une formulation moins radicale. Plus héroïque et plus enneigée, aussi. Sans prétendre rivaliser avec le mètre-étalon du genre (chez moi, il s'agit de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Hara-Kiri-de-Kobayashi-a-Miike">Seppuku</a></ins> aka "Harakiri" de <strong>Masaki Kobayashi</strong>), il décrit une facette du Japon du XIXe siècle prenante et percutante à travers un personnage de samouraï sans maître qui se fera méchamment piétiner par les ambitions venimeuses d'un chef de clan .</p>
<p>On peut poser le décor immédiatement en précisant que le ronin servant de protagoniste, Izo Okada, est interprété par <strong>Shintaro Katsu </strong>— si vous passez la séance à vous demander pourquoi on dirait un cousin éloigné de l'acteur <strong>Tomisaburō Wakayama </strong>(le héros de la série des <ins>Baby Cart</ins> notamment, mais aussi un membre du complot dans le très beau <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Secret-du-ninja-de-Satsuo-Yamamoto-1962">Le Secret du ninja</a></ins>) au visage légèrement défiguré, c'est tout à fait normal : il s'agit de son frère cadet. C'est un personnage qui prend beaucoup de place, qui consomme autant de saké que de sexe, marqué par de nombreux excès, et si l'on n'adhère pas à sa composition <ins>Hitokiri</ins> pourrait s'avérer long. Et qui de mieux que <strong>Tatsuya Nakadai </strong>dans le rôle de son nouveau mentor Hampeita Takechi pour incarner un de ces puissants cruels et sanguinaires qui se servira de lui comme d'un pion, ou comme d'un chien, comme un de ses compagnons d'infortune lui évoquera pour le mettre en garde... Son regard blême et statique sert en tous cas admirablement bien son personnage. Je referme le paragraphe "joie du casting" en précisant que l'on compte dans les rangs des samouraïs l'écrivain <strong>Yukio Mishima</strong>, dont la présence très remarquée se soldera dans le film par un grand coup d'éclat, un seppuku vif comme l'éclair, en un sens annonciateur de celui qu'il se fera un an plus tard dans la réalité, suite à une tentative ratée de coup d'État — racontée par <strong>Paul Schrader </strong>dans le flamboyant <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mishima-de-Paul-Schrader-1985">Mishima - Une vie en quatre chapitres</a></ins>.</p>
Il existe à mes yeux deux solides arguments en faveur du film de <strong>Gosha</strong>, au-delà de son contenu explosif et de son esthétique illustrant tout le potentiel de grisaille contenu dans la pellicule couleur de l'époque.
<p>Tout d'abord, c'est une intrigue qui ne sacrifie jamais l'intelligibilité de son déroulement : les films historiques de ces décennies 1960/1970 sont très nombreux à circonscrire le cadre de leur fiction dans un carcan très précis avec profusion d'éléments contextuels, de faits d'armes, de personnages relatifs à l'histoire du Japon des deux ou trois siècles passés. Il n'est pas rare qu'on se perde dans ce dédale de références et d'intervenants. Il n'en sera rien ici, la structure du récit étant remarquablement limpide et les événements parfaitement explicites (ce qui n'empêche en rien la multiplication de complots et autres coups fourrés, cela va de soi), faisant du film — certes un peu long — un moment très agréable à suivre.</p>
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Il y a aussi un parti pris qui pèse dans la réception de <ins>Hitokiri</ins> à chercher du côté de la chorégraphie des scènes impliquant le maniement des armes. Dès le début, on nous montre bien que le personnage utilise un sabre qui est tout sauf en carton (disons pour le dire autrement qu'on est loin des productions de la Shaw Brothers, avec tout le respect que j'ai pour nombre de films produits par la société), et les coups de sabre s'illustrent par leur brutalité : ils découpent des corps, et tout ce qui traîne autour dans le décor. L'effet recherché est manifestement de faire du personnage de Izo une brute épaisse, et il faut avouer qu'il est réussi. </div><p><ins>Hitokiri</ins> montre donc la trajectoire de ce ronin d'ascendance paysanne, un peu naïf, essentiellement mû par ses problèmes financiers, qui intègrera néanmoins le clan Tosa avec une sincérité aussi prégnante que son impétuosité. C'est bien parce qu'il cherche à faire ses preuves auprès de Takechi qu'il se montrera incroyablement performant au combat, un samouraï on ne peut plus violent qui ne comptera pas ses heures supplémentaires dès lors qu'il s'agit de décimer des antagonistes — et dès lors qu'il reçoit son salaire en échange, bien entendu. Lui qui oubliera bien vite sa bonne résolution de l'année : crier très fort "Tenchu !" ("châtiment divin" en japonais) à chaque mise à mort, comme ces samouraïs croisés dans la rue qui n'accomplissaient pas très bien leur tâche à ses yeux. Cela occasionne une séquence d'anthologie, grand moment de combats bourrins où l'on dénombre les corps cisaillés par dizaines, après qu'il a traversé la moitié du pays à pied en vociférant "Je suis Okada Izoooooooo !" (à noter que cette scène baroque s'inspire d'événements historiques documentés puisque Okada aurait couru un petit marathon de 45 kilomètres avant d'entrer dans l'arène sanglante). Mais c'est au final une histoire de manipulation et de calcul politicien avant tout, puisqu’il ne verra à aucun moment les manigances de son supérieur (il faut le dire passablement agacé par les débordements meurtriers de son nouveau poulain). C'est un chanbara extrêmement sale où l'honneur est piétiné et où les pauvres hères sont manipulés comme de bons petits chiens dociles, au service des puissants ivres de pouvoir. Il finira crucifié (aux sens propre et figuré), mais en paix avec lui-même : l'image finale restera très longtemps en mémoire.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/img4.png" title="img4.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.img4_m.png" alt="img4.png, févr. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Hitokiri-le-chatiment-de-Hideo-Gosha-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1356Le Héros (Nayak), de Satyajit Ray (1966)urn:md5:93c924d235bb3009fc5feb71524118c52024-03-11T10:53:00+01:002024-03-11T10:53:00+01:00RenaudCinémaCauchemarCupiditéIndeNew DelhiSatyajit RaySharmila TagoreTrainVoyage <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/heros_B.jpg" title="heros_B.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/.heros_B_m.jpg" alt="heros_B.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/heros_A.jpg" title="heros_A.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/.heros_A_m.jpg" alt="heros_A.jpg, mars 2024" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Conte moral sur l'empathie</strong></ins></span>
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<p>Hasard des visionnages, cela faisait déjà quelques films chez <strong>Satyajit Ray</strong> que le symbole du train s'était fait particulièrement tenace, notamment dans la trilogie d'Apu pour les films vus le plus récemment. Et voilà que <ins>Le Héros</ins> (Nayak) y consacre la quasi-intégralité de son intrigue, en faisant d'un voyage en train vers New Delhi, entre deux grandes régions de l'Inde, une sorte de radiographie de la société indienne en parallèle de l'introspection d'une star de cinéma bengali.</p>
<p>Si je n'ai pas été inconditionnellement séduit par tous les scénarios des films de <strong>Ray </strong>que j'ai vus, il reste quand même très rare que la démonstration de ses arguments verse dans l'excès. Dans cette figure de l'acteur imbu de lui-même en voyage pour recevoir un grand prix le récompensant, et confronté à une série de personnages / situations le contraignant à se remettre en question (c'est-à-dire tout ce que son extrême popularité ne le poussait pas à faire), on pourrait trouver que le cinéaste et scénariste a eu la main bien lourde. À vrai dire même l'unique personnage qui lui tient tête, la journaliste féministe (interprétée par une fidèle, <strong>Sharmila Tagore</strong>) qui se trouve être la seule personne ne le prenant pas pour un héros intouchable, m'a un peu agacé dans la visibilité de ses coutures, tellement son rôle transpire l'évidence et le programmatique, se faisant trop explicite où elle va amener le film.</p>
<p>On est malgré tout choyé, c'est un univers extrêmement soigné et raffiné pour aborder la question d'une sorte d'exorcisation chez ce personnage qui souffre de multiples culpabilités derrière son assurance de façade. La toile de fond, garnie avec les multiples personnages ayant chacun une fonction bien déterminée, fait la part belle à une société gangrénée par la cupidité et l'arrivisme — la palme revenant à ce publicitaire prêt à utiliser sa femme pour obtenir l'assentiment de son patron, et cette femme prête à accepter à condition d'en tirer profit ailleurs. <strong>Ray </strong>démontre encore une fois sa facilité à insérer des visions relatives à l'imaginaire d'une grande force, ici au travers de deux cauchemars marquants chez le protagoniste. La morale est belle mais un peu pataude malgré tout : il n'y ait personne qui ne nécessite un peu d'empathie.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/img1.jpg" title="img1.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/img2.jpg" title="img2.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/img3.jpg" title="img3.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/heros/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, mars 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Heros-de-Satyajit-Ray-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1362Two Headed Demon, de Urban Junior (2010)urn:md5:09c7676caa1418ec23c701c25c1730072024-03-07T10:20:00+01:002024-03-07T10:21:22+01:00RenaudMusique2010sGarageOne man bandPunkSuisseVoodoo Rhythm <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/urban_junior/two_headed_demon.jpg" title="two_headed_demon.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/urban_junior/.two_headed_demon_m.jpg" alt="two_headed_demon.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<p>Du Voodoo Rhythm pur jus, c'est-à-dire un one-man band suisse légèrement énervé qui essaie de produire quelque chose d'un peu nouveau dans le registre du Garage Punk. C'est très minimaliste, un peu répétitif, mais fidèle à l'esprit du label, avec beaucoup de do it yourself dans les instruments et dans le mixage. Un peu limité, un peu facile, mais pas déplaisant.</p>
<p>Un second album sorti en 2023 intitulé <ins>Urban et Orbi</ins>, encore un peu plus orienté Synth Punk, vaut également le détour.</p>
<p>Extrait de l'album : With The Idiots.</p>
<div id="centrage">.<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/l6bX8dPx-p8" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>.</div>
<p>À écouter également : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=2SB7CuTXs_0">Hot Shit From Switzerland</a>.</p>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/urban_junior/urban_junior.jpg" title="urban_junior.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/2024/urban_junior/.urban_junior_m.jpg" alt="urban_junior.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Two-Headed-Demon-de-Urban-Junior-2010#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1355No Direction Home: Bob Dylan, de Martin Scorsese (2005)urn:md5:4bd42564c4f5ff5270e28cdcaa2ba6fe2024-03-05T11:38:00+01:002024-03-05T11:38:00+01:00RenaudCinémaBob DylanCountryDocumentaireEtats-UnisFolkHank WilliamsJoan BaezJohnny CashMartin ScorseseMuddy WatersNew YorkRockThe AnimalsWoody Guthrie <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/no_direction_home_bob_dylan.jpg" title="no_direction_home_bob_dylan.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/.no_direction_home_bob_dylan_m.jpg" alt="no_direction_home_bob_dylan.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Hey man... I don't mind being shot, I just don't dig being told about it."</strong></ins></span>
</div>
<p>La plus-value est rare je trouve au sein des documentaires consacrés à des grandes figures connues de l'histoire musicale, ces derniers se transformant souvent en panégyriques consensuels ne faisant pas mieux qu'une synthèse imagée de la page Wikipédia correspondante. En toute sincérité je pensais que ce serait le cas pour <strong>Martin Scorsese </strong>avec <ins>No Direction Home: Bob Dylan</ins>, dans lequel il a officié pas vraiment en tant que réalisateur mais plutôt en tant que monteur, puisque il a repris un projet et des enregistrements de concerts ou d'entretiens d'époque et plus contemporains. C'est donc contre mes préjugés que ces 3h30 ont développé un portrait très intéressant et sincère consacré à une partie spécifique de la carrière de <strong>Dylan</strong>, sa transition Folk → Rock, de ses débuts en 1961 jusqu'à l'accident de moto (c'est en tous cas l'argument officiel) de 1966 qui mit un coup d'arrêt à ses tournées pendant 8 ans.</p>
<p>Un docu au long cours qui prend le temps de déployer une certaine richesse d'interviews, globalement chronologiques hormis peut-être quelques interruptions épisodiques au travers d'un échange plus récent (datant probablement du début des années 2000) dont des extraits sont régulièrement disséminés. Ce qui structure la partie "historique", c'est très clairement la grande transition de <strong>Dylan </strong>de la Folk un peu traditionnelle, type protest song, vers les sonorités plus électriques du Rock qui ont rendu fou une bonne partie de ses fans à l'époque — et qui dans le même temps lui ont permis d'atteindre un public qu'il n'aurait jamais pu atteindre autrement. On peut grossièrement placer cette charnière au niveau d'un album, le mythique <ins>Highway 61 Revisited</ins>, et le film donne à voir des images d'archive très à propos de la période, montrant <strong>Dylan </strong>sifflé et hué en concert, avec nombre de spectateurs mécontents qui râlent méchamment et ragent en quittant le concert. C'est assez drôle avec le recul.</p>
<p>La partie la plus académique porte sur l'élaboration de la généalogie de la musique du chanteur originaire du Minnesota qui a migré vers New York, à Greenwich Village, pour rencontrer son idole, <strong>Woody Guthrie</strong>, suivre ses ambitions musicales et lancer sa carrière. On égraine des grands noms de la Country et de la Folk qui l'ont influencé, <strong>Hank Williams</strong>, <strong>Joan Baez</strong>, <strong>Muddy Waters </strong>aussi pour des ascendances plus Blues, et une belle pelletée de références plus confidentielles qui donnent envie de plonger dedans, <strong>Johnnie Ray</strong>, <strong>Webb Pierce</strong>, <strong>Peter Lafarge</strong>, ou encore cette <strong>Odetta </strong>particulièrement attirante dans un registre plus Rhythm and Blues. L'histoire des reprises de certaines chansons est assez marrante, comme par exemple le cas de "House of the Rising Sun" dont la célèbre version enregistrée par <strong>The Animals </strong>a longtemps été considérée comme l'originale. L'amitié esquissée avec <strong>Johnny Cash</strong>, aussi, vaut le détour, au même titre que le lien avec <strong>Joan Baez</strong>. Un portrait en tous cas extrêmement nuancé, garni de très nombreux témoignages et montrant des facettes largement antipathiques (son comportement en interview, face à des questions connes de journalistes, est à la fois franchement réjouissant mais aussi déconcertant) et un début de transformation physique et mentale au milieu des années 1960.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/No-Direction-Home-Bob-Dylan-de-Martin-Scorsese-2005#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1360