Je m'attarde - Mot-clé - Afrique le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearCamp de Thiaroye, de Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow (1988)urn:md5:c8b4550f783ed4c9398644e3b9b8da022024-01-25T10:51:00+01:002024-01-25T10:51:00+01:00RenaudCinémaAfriqueCamp de concentrationCensureColonialismeDakarGuerreHumiliationMassacreMutinerieOusmane SembèneRacismeSeconde Guerre mondialeSénégal <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/camp_de_thiaroye.jpg" title="camp_de_thiaroye.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.camp_de_thiaroye_m.jpg" alt="camp_de_thiaroye.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Histoire d'un massacre</strong></ins></span>
</div>
<p>Mon dernier rapport au cinéma sénégalais remontait au visionnage de <ins>Hyènes</ins> de <strong>Djibril Diop Mambety</strong>, et si seulement quelques années le séparent de <ins>Camp de Thiaroye</ins>, le style est diamétralement opposé. Un plaisir de découvrir, enfin, un film de <strong>Ousmane Sembène</strong>, en même temps que se dévoile le récit à caractère un minimum documentaire du massacre de Thiaroye, qui eut lieu dans un camp militaire de la périphérie de Dakar, au Sénégal, le 1er décembre 1944. Le contexte est tristement connu (récemment un film avec <strong>Omar Sy</strong> traitait ce sujet) : des tirailleurs sénégalais récemment rapatriés, anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale ayant connu les camps de concentration, manifestaient pour le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois. Le différend s'est soldé par un bain de sang du côté des manifestants sénégalais. Autant dire qu'on ne se situe pas dans le segment le plus reluisant de l'histoire de France et de son passé colonial, et que le film fut l'objet de censure pendant une dizaine d'années.</p>
<p>Le massacre sera le point de chute du film, au terme d'un long voyage et d'un long déroulé des événements précédents sur près de 2h30. Le style de <strong>Sembène </strong>est un peu rêche, notamment en termes d'interprétation : que ce soit les gradés français blancs ou les tirailleurs sénégalais noirs, la grande majorité des acteurs (professionnels ou non) ont un jeu très théâtral, très maladroit, qui demande un certain temps d'adaptation pour l'intégrer et passer au reste. Mais on s'y habitue, un minimum, progressivement... Seuls les clichés restent un peu coriaces, avec le capitaine sympathisant de la cause des tirailleurs, tous les autres des gros enfoirés de première classe (j'exagère peu), et parmi les tirailleurs, le fin lettré parlant trois langues (wolof, français et anglais), le traumatisé par la guerre et par Buchenwald qui ne peut plus s'exprimer qu'au moyen d'onomatopées plus ou moins signifiantes... Ce n'est pas vraiment le point fort du film.</p>
<p>En revanche <ins>Camp de Thiaroye</ins> déroule bien le parcours de ce bataillon d'hommes enrôlés de forces depuis 1939 pour certains, envoyés au front, à la différence des généraux dirigeant le camp éponyme qui n'auront connu la guerre que de très loin, sans trop se salir. Leur point de chute : un camp dans lequel on les parque, avec barbelés et mirador. Au programme, il y aura beaucoup de désillusions devant les promesses non-tenues par l'armée française, sans parler évidemment du racisme banalisé et des humiliations récurrentes. Des conditions suffisantes pour faire émerger une mutinerie, au sein de laquelle on est immergé pour participer aux débats entre les soldats — souvent contraints de s'exprimer dans la langue française qu'ils connaissent mal, mais seul terrain commun pour tous ces hommes d'origines très différentes. Finalement c'est le sergent-chef Diatta qui concentre les contradictions du système colonial, lui fait figure d'intellectuel extrêmement cultivé au milieu de ses semblables gradés (qui auront tôt fait de le taxer de communiste) et qui devra choisir son camp au moment où les ennuis deviendront sérieux. Un film qui paraît en tous cas intellectuellement très honnête, au-delà de ses maladresses qui n'en font pas un film facilement recommandable.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Camp-de-Thiaroye-de-Ousmane-Sembene-et-Thierno-Faty-Sow-1988#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1339Et la lumière fut, de Otar Iosseliani (1989)urn:md5:2313eeb12658fb663370dfd33b15eb9d2024-01-08T09:57:00+01:002024-01-08T09:57:00+01:00RenaudCinémaAfriqueCasamanceConteCoupleDéforestationForêtMatriarcatMortOtar IosselianiRivièreSénégalVieillesse <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/et_la_lumiere_fut.jpg" title="et_la_lumiere_fut.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.et_la_lumiere_fut_m.jpg" alt="et_la_lumiere_fut.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Dans une forêt de Casamance</strong></ins></span>
</div>
<p>Et c'est là où je l'attendais le moins qu'<strong>Otar Iosseliani </strong>me surprend le plus, au détour d'une coproduction entre France, Allemagne et Italie, un film sous des allures de conte flirtant avec le non-fictionnel situé dans un village de Casamance, dans le sud du Sénégal, parmi les peuples diolas. <ins>Et la lumière fut</ins> est une œuvre lente, elle prend très agréablement son temps pour décrire le quotidien d'un village au cœur d'une forêt africaine avant de lancer les péripéties à proprement parler. Il y a des différends réguliers entre les différentes familles, structurées autour d'une organisation qui semble perpétuer les coutumes ancestrales d'un système matriarcal, mais le soir tout le monde se réunit pour contempler le coucher de soleil. En toile de fond, de manière très détachée, vague mais insistante, la menace des engins forestiers se précise à mesure que les arbres centenaires s'écrasent du haut de leurs centaines de mètres.</p>
<p>Ce n'est pas la première fois dans sa filmographie, mais <strong>Iosseliani </strong>s'amuse beaucoup à ne pas sous-titrer rigoureusement son film. C'était le cas notamment dans <ins>Pastorale</ins>. Ici, seulement une petite partie des dialogues a droit à des traductions, insérées sous la forme de cartons hérités du cinéma muet, sans que ce sous-titrage ainsi sous-échantillonné ne pose le moindre problème de compréhension globale, d'immersion ou de sensation. On observe les hommes laver le linge et pêcher, on observe les femmes chasser à l'arc. Les cases tanguent quand on y fait l'amour, et les crises conjugales ne sont pas rares. Une vieille femme part mourir dans la forêt : un enfant est né et il porte le même nom qu'elle. De petits radeaux transportent de la nourriture le long de canaux sinueux, quelques querelles amoureuses animent le village, on communique d'un bout à l'autre du lieu à l'aide de percussions sur des troncs d'arbres. Image surréaliste servie en guise de hors-d'œuvre : une guérisseuse particulièrement douée recoud la tête coupée d'un homme qui ne gardera apparemment qu'une légère gêne au niveau de la cicatrice.</p>
<p>Dans cette position d'observateur privilégié, on pourrait passer des heures à scruter ce village, sa quiétude, ses querelles, et ses environs forestiers menacés par des bûcherons qui n'oublient pas de ramener des bonbons corrupteurs. Il faut dire que les arbres tombent de plus en plus près des maisons... C'est une sorte de chronique imaginaire servie par <strong>Iosseliani</strong>, avec les sarcasmes doux habituels, qui se termine par un voyage en ville (on pense un peu à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Divine-Carcasse-de-Dominique-Loreau-1998">Divine Carcasse</a></ins> de <strong>Dominique Loreau</strong>) et une dernière vision surréaliste (les touristes contemplant l'incendie du village, en trouvant ça joli). Une bien étrange tranquillité.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Et-la-lumiere-fut-de-Otar-Iosseliani-1989#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1320Les Forçats de la gloire (The Story of G.I. Joe), de William A. Wellman (1945)urn:md5:7731cb0605afbe52ead650511914e9a42023-12-15T10:41:00+01:002023-12-15T10:50:15+01:00RenaudCinémaAfriqueBurgess MeredithEtats-UnisFolieGuerreItalieRobert MitchumSamuel FullerSeconde Guerre mondialeWilliam A. Wellman <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/forcats_de_la_gloire_A.jpg" title="forcats_de_la_gloire_A.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.forcats_de_la_gloire_A_m.jpg" alt="forcats_de_la_gloire_A.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/forcats_de_la_gloire_B.jpg" title="forcats_de_la_gloire_B.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.forcats_de_la_gloire_B_m.jpg" alt="forcats_de_la_gloire_B.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"It's a world the other world will never know. Even the Air Force. Up there, they approach death differently. When they die, they're clean-shaven, well fed, if that's any comfort. But the G.I., well, he lives so miserably and he dies so miserably."</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Samuel Fuller </strong>disait de <ins>The Story of G.I. Joe</ins> qu'il s'agissait selon lui du film produit sur la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis le plus adulte et le plus authentique. On pourrait compléter en rajoutant que <strong>William A. Wellman </strong>réalise ce film en 1944, à une époque où son pays est très fortement impliqué dans le conflit (ce qui pourrait conduire à l'assimiler à de la propagande), en faisant jouer beaucoup de soldats américains rescapés du front européen en permission, aux côtés de quelques acteurs dont un tout jeune <strong>Robert Mitchum</strong>, alors qu'un grand nombre mourra quelques mois plus tard dans le Pacifique. Au même titre que le correspondant de guerre <strong>Ernie Pyle </strong>interprété par <strong>Burgess Meredith</strong>, tué peu de temps après la sortie du film et après avoir reçu le prix Pulitzer, lors de la bataille d'Okinawa au Japon. Le plus marquant dans tout ça, c'est l'incroyable maturité de <strong>Wellman </strong>et l'incroyable recul dont il fait preuve pour mettre en scène la progression d'une unité d'infanterie, dans un premier temps en Afrique du Nord, puis du côté de l'Italie avec la célèbre bataille de Monte Cassino.</p>
<p>En adoptant le point de vue de <strong>Pyle</strong>, la guerre est retranscrite comme un témoignage qui aurait collecté différents points de vue sur le terrain, au plus près des soldats. De manière très étonnante pour l'époque, on s'éloigne de tous les canons propagandistes pour rester dans une captation particulièrement terre-à-terre, en alternant entre les phases de déplacement loin des combats et les épisodes de combats — que ce soit en territoires urbains, avec notamment cette évolution dans les décors d'une cathédrale en ruine évoquant certains passages de la fin de <ins>Full Metal Jacket</ins>, ou sur des terrains plus conventionnels, avec sollicitation de l'artillerie et expositions de conditions intenses. Dans sa description éloignée des clichés diabolisant l'ennemi et dans sa tonalité désabusée d'un regard froid sur la guerre, <ins>Les Forçats de la gloire</ins> se rapproche d'un autre film de <strong>Wellman </strong>qui sortira quelques années plus tard, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bastogne-de-William-A-Wellman-1949">Bastogne</a></ins>.</p>
<p>Aucune trace d'antimilitarisme bien sûr, et sans aller jusqu'à parler d'une approche documentaire, le film frappe par son haut degré de réalisme que ce soit pour évoquer l'attente pénible des hommes (en se focalisant sur quelques points, la faim, le manque de nourriture digne de ce nom, l'absence de femmes, et quelques lubies à l'image du tourne-disque qu'un soldat tente inlassablement de réparer pour écouter un enregistrement envoyé par son épouse avant de sombrer dans la folie) ou pour illustrer la pénibilité des avancées en territoires ennemis. Très étonnant de voir <strong>Wellman</strong>, ambulancier puis aviateur, dédier son film à l'infanterie en montrant le quotidien douloureux des sans-grades piégés dans la boue, un élément important du dernier segment du film, avec quelques références au luxe des membres de l'US Air Force qui eux meurent en restant propres. Un film dépourvu de lyrisme, constamment pragmatique, pudique dans l'émotion et la douleur, jamais complaisant avec la violence qu'il met en scène, avec quelques très belles scènes — parmi les plus marquantes, celles où la radio nazie tente de séduire les jeunes soldats américains avec une voix suave féminine les invitant à déserter et celle où le lieutenant incarné par <strong>Mitchum </strong>revient d'un paysage désolé, son corps ramené à dos d'âne.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img5.jpg" title="img5.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img6.jpg" title="img6.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Forcats-de-la-gloire-de-William-A-Wellman-1945#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1306Another Sky, de Gavin Lambert (1954)urn:md5:853107bfedffd0955f9cb0a56eff48f52023-06-05T10:41:00+02:002023-06-05T09:46:17+02:00RenaudCinémaAfriqueDisparitionDésertEmigrationMarocMarrakechMélancolieRomanceRoyaume-UniSexeSolitude <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/another_sky/.another_sky_m.jpg" alt="another_sky.jpg, mai 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Romance et désert</strong></ins></span>
</div>
<p>Très belle évocation d'une solitude, celle d'une jeune femme britannique au contact d'une culture nord-africaine — l'histoire de Rose Graham ne sera jamais circonscrite à un cadre précis, géographique ou temporel, de telle sorte que le sentiment d'errance de la protagoniste dans un pays indéterminé et à une époque indéterminée participe activement à l'ambiance vaporeuse générale et traverse très naturellement l'écran. <ins>Another Sky</ins> se présente sous la forme de réminiscences partagées à la faveur d'un flashback, dans une tradition romantique caractéristique du cinéma des années 1950, Rose déroulant peu à peu les raisons qui l'ont poussée à émigrer et les conditions qui l'ont conduite à se retrouver dans cette situation. Le premier plan, qui est en réalité structuré en écho avec le tout dernier, ne sera compréhensible qu'à la toute fin, après un long parcours épousant la trajectoire d'une mélancolie amoureuse sinueuse.</p>
<p>Il faut dire, je le concède, que <strong>Victoria Grayson </strong>(quasiment inconnue) a réussi à composer un personnage très attachant et charmant au travers de cette Anglaise prude de nature, rapidement intimidée par les coutumes locales dans les environs de la maison qui l'emploie comme gouvernante — vestige des protectorats dont la fin fut annoncée en 1956, peu de temps après la sortie du film. C'est en ce sens un film dont le parfum est manifestement désuet, avec cette voix off — tout à fait justifiée et bien intégrée ici — racontant de manière particulièrement mélancolique le contenu d'un drame sentimental et ces dialogues / interprétations pas toujours très adroits, mais dont la désuétude constitue un charme puissant. Ou un puissant repoussoir, bien sûr... La faiblesse du budget qu'on peut deviner n'empêche en rien <strong>Gavin Lambert </strong>(dont ce sera l'unique réalisation) de déployer une mise en scène très à propos en direction d'une rêverie évocatrice.</p>
<p>Plutôt que de rester dans les environs occidentalisés de son lieu de travail, Rose préfère aller se perdre dans les ruelles de Marrakech, ce qui donne l'occasion de rencontrer de nombreux artistes, musiciens, danseurs et charmeurs de serpents. De ce point de vue-là le film semble 20 ans en avance sur son temps, avec une approche très particulière de la découverte de l'étranger. La chaleur de la région et le côté mystérieux de nombreux aspects de la culture locale ont tôt fait d'alimenter une ambiance très originale et très étonnante pour l'époque, avec une sorte de récit d'apprentissage basé sur un éveil à la sexualité. Après une rencontre marquante et une disparition soudaine, le récit s'embarque dans une quête presque surréaliste dans son dernier tiers, à travers un désert et sa traversée dont la portée symbolique est incroyable. On sort du film comme la jeune femme de ses souvenirs, au bord de la folie romantique (elle se déclare comme morte, symboliquement), comme d'un rêve étrange qui nous enveloppe de son voile envoûtant. Ce portrait d'un éveil sentimental autant que sexuel croisé avec celui du Maroc des années 50 est fascinant.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/another_sky/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mai 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/another_sky/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mai 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Another-Sky-de-Gavin-Lambert-1954#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1157Mariama, de Boubacar Traoré (1990)urn:md5:4b0bcb6e8392b13c755a7dbb09a9d4a42023-02-28T17:15:00+01:002023-02-28T20:09:29+01:00RenaudMusique1990sAfriqueBluesMaliMusique mandingue <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/boubacar_traore/.mariama_m.jpg" alt="mariama.jpg, févr. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p><strong>Boubacar Traoré </strong>est sans doute l'un des derniers représentants de cette musique mandingue qu'on pourrait qualifier de blues africain, dans la lignée des personnalités maliennes sans doute plus connues comme <strong>Ali Farka Touré</strong>. Dès son premier album sorti sur le tard en 1990 (il est né en 1942), l'osmose entre ces deux pôles est très appréciable, avec la douceur du chant, la beauté des contes, et la délicatesse de la guitare. Et c'est donc par le plus grand des hasards, en écoutant <ins>Mariama</ins>, que je me suis rendu compte que de la version très psychédélique de <em>Diabari</em> enregistrée par <strong>Goat</strong> 20 ans plus tard sur leur album <ins>World Music</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/World-Music-de-Goat-2012">voir le billet</a>) était une reprise. Son album <ins>Dounia Tabolo</ins> de 2017 vaut également le détour au travers d'un mélange des genres encore plus poussé, entre sonorités Folk américaines et un semblant de Zydeco tout en alternant plusieurs langues dont le français, l'anglais et le mandingue.</p>
<p>Extrait de l'album : Diarabi.</p>
<div id="centrage"> <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/Dda7cQa2oU4" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div>
<p>À écouter également : <a href="https://youtu.be/XAi6y2vOWms">Mariama Kaba</a>.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/boubacar_traore/.boubacar_traore_m.png" alt="boubacar_traore.png, févr. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mariama-de-Boubacar-Traore-1990#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1128Our Truth, de BCUC (2016)urn:md5:015090780e038a848326989b043926352022-03-01T15:17:00+01:002022-03-01T15:24:13+01:00RenaudMusique2010sAfriqueAfrique du SudAfrobeatGuitare basse <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/bcuc/.our_truth_m.jpg" alt="our_truth.jpg, mars 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p>Ah ce groupe me donne des frissons ! <strong>BCUC</strong>, ou "Bantu Continua Uhuru Consciousness", un groupe d'une petite dizaine de musiciens sud-africains. Ça fait un mois que j'écoute leurs trois albums essentiellement composés de chansons au long cours, avec à chaque fois un ou deux morceaux courts et deux titres d'une vingtaine de minutes, et impossible de m'en détacher. Les captations de leurs performances live sont aussi très sympas à voir et à écouter, sans doute un groupe qui vaut encore plus le détour en concert. Leur musique prend vraiment aux tripes, et ces jam sessions au format long sont parfaites dans leur dynamique, leurs différents temps, les montées et les descentes. Yinde est un morceau hallucinant, porté par une basse incroyable (la basse est un incontournable de tous leurs albums) et des percussions d'une diversité et d'une puissance géniales : de la poésie urbaine, du groove à fond, des cris presque vaudous, des chœurs attachants, une sorte d'afro-beat funk blues et psychédélique... C'est complètement fou. Un album frénétique, brut, presque punk par moments.</p>
<p>Extrait de l'album : Yinde.</p>
<div id="centrage"> <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/CMJBDKDoVqU" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/bcuc/.bcuc_m.jpg" alt="bcuc.jpg, mars 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Our-Truth-de-BCUC-2016#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1046The Endless Summer, de Bruce Brown (1966)urn:md5:e946803a44714b3475e9aa099488b24d2021-07-27T19:46:00+02:002023-12-14T14:54:51+01:00RenaudCinémaAfriqueAfrique du SudAustralieCalifornieDocumentaireEtats-UnisHawaïNouvelle-ZélandeSurfTahiti <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/endless_summer/.endless_summer_m.jpg" alt="endless_summer.jpg, juil. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Carpe diem en surf<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>De <ins>The Endless Summer</ins>, je retiendrai avant tout les plans à la GoPro 40 ans avant l'invention de la GoPro, la caméra collée à l'avant de la planche, ainsi que l'ambiance terriblement envoûtante du milieu des années 1960, en compagnie de deux jeunes surfeurs californiens qui sillonnent la planète à la recherche des meilleurs spots de surf, dans une sorte d'été permanent, en passant par le Sénégal, le Ghana, l'Afrique du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Tahiti et Hawaï. Pendant deux années entières. Sans être surfeur aquatique, cette recherche de la vague parfaite me parle énormément, et la tonalité de roman-photo qu'impose la voix off omniprésente de <strong>Bruce Brown </strong>(on n'entendra à aucun moment le son de la voix des deux principaux intéressés, et le narrateur pourra en énerver plus d'un), avec ses blagues potaches et ses élucubrations anthropomorphiques, confère à ce témoignage une forme extrêmement mélancolique d'insouciance, à une époque où les tropiques étaient perçus comme des paradis sans commune mesure avec notre perception contemporaine.</p>
<p>Ce documentaire, avec sa verve puissamment candide, pourrait autant envoûter qu'agacer, c'est certain. Si l'on parvient à adhérer à la capsule temporelle, il en ressort un portrait vraiment intéressant, sans aller jusqu'à parler d'une éventuelle consonance sociologique, focalisé sur les deux surfeurs <strong>Mike Hynson </strong>et <strong>Robert August </strong>qui incarnent très bien un idéal de la jeunesse américaine (côte ouest) téméraire des années 60. Dans le cas contraire, on se heurtera à la lourdeur des séquences abordant la drague ou les animaux, voire même celle des séquences de surf à proprement parler qui finissent par se répéter (au propre comme au figuré). On l'aura compris, on n'est pas vraiment chez <strong>Flaherty</strong>, l'ethnographie s'arrête au parfum d'aventure et aux préjugés de la carte-postale, avec notamment quelques remarques racistes (typiquement, "being good Africans, they threw a few rocks") dont je n'ai pas su doser le degré entre premier et second.</p>
<p><strong>Bruce Brown </strong>s'amuse beaucoup dans ce qui s'apparente à un carnet de voyage, un film emblématique de la culture surf mais aussi du frémissement de la contre-culture à venir. Le sérieux des documentaires traditionnels jusqu'alors vole en éclats, et le ton se fait éminemment personnel, humoristique (pour le meilleur comme pour le pire), sur fond de musique Surf — pas de <strong>Beach Boys </strong>toutefois, la bande originale est assurée par <strong>The Sandals</strong>. Un carnet de voyage avec ses élans lyriques, ses ventres mous, ses digressions. Au-delà des instants bouffons (avant de partir, les surfeurs lisent des ouvrages sur les requins, sur la malaria) et des instants gênants a posteriori (l'homme blanc à la rencontre de l'homme noir), il persiste l'excitation de ces jeunes à la découverte d'un inconnu. Et ces élans mélancoliques impromptus, face au soleil couchant.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/endless_summer/.surf_m.jpg" alt="surf.jpg, juil. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/endless_summer/.voiture_m.jpg" alt="voiture.jpg, juil. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/endless_summer/.soleil_m.jpg" alt="soleil.jpg, juil. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Endless-Summer-de-Bruce-Brown-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/995