Je m'attarde - Mot-clé - Barrage le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearStill Life, de Jia Zhangke (2006)urn:md5:03b9b97a782d150d64c04bf8dc9e034a2021-10-07T17:31:00+02:002021-10-07T16:32:48+02:00RenaudCinémaBarrageChineEauJia ZhangkeMélancolieSolitudeZhao Tao <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/still_life/.still_life_m.jpg" alt="still_life.jpg, sept. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les adieux à </strong></ins></span><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Fengje<br /></strong></ins></span>
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<p><ins>Still Life</ins> s'insère remarquablement bien dans le courant cinématographique chinois du début du XXIe siècle, que l'on pourrait qualifier de nouvelle vague critique, sociale et pessimiste, aux côtés de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/So-Long-My-Son-de-Wang-Xiaoshuai-2019"><ins>So Long, My Son</ins></a> (2019, <strong>Wang Xiaoshuai</strong>), <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/An-Elephant-Sitting-Still-de-Hu-Bo-2018">An Elephant Sitting Still</a></ins> (2019, <strong>Hu Bo</strong>), <ins>Black Coal</ins> (2014, <strong>Diao Yi'nan</strong>), <ins>Un grand voyage vers la nuit</ins> (2018, <strong>Bi Gan</strong>), et pourquoi pas <ins>Séjour dans les monts Fuchun</ins> (2020, <strong>Gu Xiaogang</strong>). Ne serait-ce qu'à l'échelle de la filmographie de <strong>Jia Zhangke</strong>, le fil rouge est très prononcé et les mutations stylistiques sont également bien présentes : trois films dans les années 2010 en témoignent tout particulièrement, ses trois derniers à ce jour, <ins>A Touch of Sin</ins> (2013, pour le versant le plus frontalement sombre), <ins>Au-delà des montagnes</ins> (2015, celui avec lequel le présent film dialogue le plus en termes de progression narrative et de spécificités de mise en scène), et enfin <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Eternels-de-Jia-Zhangke-2018"><ins>Les Éternels</ins></a> (2018, le plus ambitieux et sans doute le plus clivant).</p>
<p>Un état des lieux aussi partiel que subjectif, mais qui me permet de circonscrire le cadre de <ins>Still Life</ins> à l'observation de l'évolution récente de la Chine de la part de quelques cinéastes partageant une certaine vision (voire certaines facilités pourrait-on dire, dans un accès d'acerbité). Décor géographique, politique et historique de choix pour évoquer ces mutations : la construction du barrage des Trois-Gorges, mis en service entre 2003 et 2012, constituant avec ses 600 kilomètres de longueur de retenue d'eau la plus grande centrale hydroélectrique du monde. Dans cet écrin viennent se loger deux trajectoires presque parallèles, dans la ville de Fengje en amont du barrage : San Ming part à la recherche de son ex-femme et de sa fille qu'il n'a pas vues depuis 16 ans, mais il découvre que le quartier où ils avaient vécu est désormais en grande partie englouti sous les eaux ; Shen Hong, quant à elle, cherche son mari disparu depuis deux ans, introuvable. Cette dernière est d'ailleurs interprétée par <strong>Zhao Tao</strong>, actrice fétiche du réalisateur.</p>
<p>Cette thématique de l'eau engloutissant le passé et les vies à l'initiative d'une décision gouvernementale, à forte tendance métaphorique, fait écho au film russe <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Adieux-%C3%A0-Matiora-de-Elem-Klimov-1983"><ins>Les Adieux à Matiora</ins></a>, réalisé par <strong>Elem Klimov </strong>en 1983. Si les motivations des deux personnages principaux resteront délibérément floues, les conséquences sont en revanche beaucoup plus concrètes, puisqu'à la destruction de villages entiers (beaucoup d'ouvriers embauchés pour démolir les habitations restantes avant submersion tout au long du film) se joint le déplacement de populations et deux quêtes amoureuses, entre construction et déconstruction. Le paysage disparaît, peu à peu grignoté, tandis que deux personnes esseulées sondent les environs. Sans être convaincu par les passages surréalistes (comme par exemple cette habitation qui s'envole soudainement dans le ciel telle une fusée) en rupture totale avec le ton général, et sans être subjugué par la description de cet autre versant du miracle économique, il y a toutefois chez <strong>Jia </strong>des questionnements pertinents, liés à l'incommunicabilité, qui le rapprocheraient d'un <strong>Antonioni </strong>asiatique contemporain. Le jeu des correspondances entre les deux parcours, la mélancolie diffuse irriguant l'atmosphère, mais aussi l'influence de la technologie de l'ère moderne (en dehors des postures d'auteur un peu lourdes) construisent un univers vraiment hypnotisant dans ces lieux particulièrement évocateurs.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/still_life/.rue_m.jpg" alt="rue.jpg, sept. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/still_life/.cuisine_m.jpg" alt="cuisine.jpg, sept. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/still_life/.table_m.jpg" alt="table.jpg, sept. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Still-Life-de-Jia-Zhangke-2006#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1003Les Adieux à Matiora, de Elem Klimov (1983)urn:md5:14a14c12dfbd2724dbf92c25066b96752021-07-16T10:08:00+02:002021-07-16T10:08:00+02:00RenaudCinémaBarrageElem KlimovExilIleRussie <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/adieux_a_matiora/.adieux_a_matiora_A_m.jpg" alt="adieux_a_matiora_A.jpg, juin 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/adieux_a_matiora/.adieux_a_matiora_B_m.jpg" alt="adieux_a_matiora_B.jpg, juin 2021" />
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Chronique d'un exil forcé<br /></strong></ins></span>
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<p>Atmosphère étouffante sur l'île russe de Matiora, plongée dans un brouillard épais. Un barrage hydro-électrique va être construit dans la région, dans le but d'alimenter en électricité l'industrie récemment implantée. Tout de suite, <strong>Elem Klimov</strong> plante le décor avec force et convoque une série d'oppositions qui ne tarira pas jusqu'à la toute fin. On le comprend bien assez tôt, les maisons en bois des habitants seront bientôt submergées par les eaux et ces derniers sont amenés à être relogés, de force. Il y a ceux qui sont clairement opposés à l'évacuation, les vieux principalement, et ceux qui acceptent plus ou moins spontanément cette évolution.</p>
<p>D'emblée, ce cinéma russe des années 80 retranscrit une ambiance à la frontière de l'irréel, plongée dans le symbolisme et empreint d'une mystique de la nature qui n'est pas sans rappeler tout un pan de l'œuvre de <strong>Tarkovski </strong>— l'importance accordée aux arbres, cette façon de filmer l'eau, le feu et les incendies — ainsi que le film qu'il réalisera 2 ans plus tard, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Elem-Klimov-1985"><ins>Requiem pour un massacre</ins></a>. Les paysans locaux se rebellent contre les bureaucrates, et de cette opposition naîtra une figure très forte, celle d'une vieille habitante qui décidera de rester dans sa maison après l'inondation, et cette île qui restera introuvable dans les derniers temps du film.</p>
<p>Avant que l'île de soit submergée, si l'on met de côté l'hostilité des villageois vis-à-vis des autorités, on peut noter des réactions bien différentes, entre des scènes de danse (qui mêlent musique traditionnelles et modernes) et des séquences lyriques (comme la scène de baignade collective). Les réactions les plus marquantes se révèlent lorsque la bureaucratie commence à exhumer les cercueils (pour les déplacer) ou lorsque des ouvriers essaient par tous les moyens d'abattre un immense arbre, à la hache ou à l'aide d'un tractopelle. Il y a ceux qui vont faire la fête en se baignant, et ceux qui se réfugient dans la prière. Des habitants mettent le feu à leurs propres isbas, tandis qu'une vieille dame nettoie la sienne comme s'il s'agissait d'une toilette mortuaire. La confrontation des deux mondes se dessine, l'ancien et le nouveau, celui des samovars et celui de l'électricité.</p>
<p>Des images qui reviendront à la toute fin, avec celles de la femme du réalisateur, <strong>Larisa Shepitko</strong>, qui est morte dans un accident alors qu'elle travaillait sur le tournage du même film, repris par <strong>Klimov</strong>. Le symbole est fort.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/adieux_a_matiora/.nettoyage_m.jpg" alt="nettoyage.jpg, juin 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/adieux_a_matiora/.vieille_m.jpg" alt="vieille.jpg, juin 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/adieux_a_matiora/.bougie_m.jpg" alt="bougie.jpg, juin 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Adieux-%C3%A0-Matiora-de-Elem-Klimov-1983#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/983