Je m'attarde - Mot-clé - Belgique le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:13:33+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearPour l'exemple (King & Country), de Joseph Losey (1964)urn:md5:c6f2643b4b29949d4dcd325e5f4c22e72023-12-05T10:12:00+01:002023-12-05T10:12:00+01:00RenaudCinémaBelgiqueDirk BogardeDésertionFlandresGuerreJoseph LoseyMilitaireMortPremière Guerre mondialePrisonProcèsRatRoyaume-UniStanley KubrickTom CourtenayTribunal <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/pour_l_exemple.jpg" title="pour_l_exemple.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/.pour_l_exemple_m.jpg" alt="pour_l_exemple.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A proper court is concerned with law. It's a bit amateur to plead for justice."</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>King & Country</ins> prend pour contexte le front belge lors de la Première Guerre mondiale, dans la région des Flandres alors administrée par l'armée anglaise, et s'intéresse aux dernières 24 heures d'un jeune soldat britannique accusé de désertion. Le film pourrait se résumer à ça : des soldats qui pataugent la boue, quelques passages dans une prison militaire coincée entre deux tranchées, et un simili tribunal militaire très rudimentaire composé en tout et pour tout d'une table, de quelques chaises et de quelques gradés de l'armée, une cour martiale qui va devoir statuer sur ce fait de désertion et qui se soldera par une condamnation à mort si ce dernier est avéré.</p>
<p><strong>Joseph Losey </strong>offre un point de vue britannique sur la peine capitale prévue par la loi militaire en temps de guerre qui s'établit assez naturellement comme une vision complémentaire à celle de <strong>Stanley Kubrick </strong>dans <ins>Les Sentiers de la gloire</ins> (sorti en 1957), avec dans le rôle d'avocat de la défense un militaire dans chacun des deux cas, <strong>Kirk Douglas </strong>chez <strong>Kubrick </strong>et <strong>Dirk Bogarde </strong>chez <strong>Losey</strong>. Mais ce rapprochement ne fut pas forcément évident à l'époque puisque bien que sorti 7 années auparavant, le film de <strong>Kubrick </strong>subit une censure (voire une autocensure, les producteurs n'ayant pas demandé de visa d'exploitation au ministre chargé du cinéma français, et ce même si les autorités françaises exercèrent une pression sur d'autres pays européens) en France et ne sortira que dans les années 1970.</p>
<p>C'est donc à une dénonciation d'une horreur de guerre un peu taboue que <strong>Losey </strong>prend part, en s'attaquant à l'exécution de soldats par leur propre armée tout autant qu'à une justice rendue par la même machine qui juge et qui broie les individus. On ressent un certain didactisme dans <ins>Pour l'exemple</ins> qui se manifeste par un excès de dialogues démonstratifs s'assurant que tout est bien explicité, au cas où le message ne serait pas clair — de fait, il l'est. Mais si le film s'en sort avec les honneurs, au-delà de son ambiance glauque propre aux tranchées filmées de manière très aride, c'est notamment grâce à la relation qui se noue entre le soldat déserteur Hamp et son défenseur le capitaine Hargreaves, respectivement interprétés par <strong>Tom Courtenay </strong>(le révolté dans <ins>La Solitude du coureur de fond</ins> de <strong>Tony Richardson</strong>) et <strong>Dirk Bogarde</strong> (que <strong>Losey </strong>retrouve ici l'année suivant la sortie de <ins>The Servant</ins>).</p>
<p>Un film cruel et un peu raide qui montre deux échecs lors d'un procès sommaire, un homme perdant sa défense et un autre perdant sa vie. On ne connaîtra jamais vraiment les raisons qui ont conduit le jeune soldat à tenter de déserter, même si le faisceau d'indices est large : l'épuisement lié à un conflit qui s'éternise, les conditions abominables qui contraignent les petites recrues à côtoyer les rats et les cadavres, ou plus prosaïquement la boucherie qui a décimé son régiment, déchiqueté par les bombes, dont il est l'unique survivant. <strong>Losey </strong>a la main lourde à plusieurs reprises, que ce soit au travers d'un symbolisme parfois appuyé ou de quelques mises en scène scolaires (les soldats qui jouent avec un rat et recréent un tribunal de pacotille), mais la confrontation de cet engagé volontaire à la froideur d'une cour martiale reste une réussite. Une victime de plus au creux de la pourriture, de l'absurdité, et de l'ennui envahissant.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/img1.png" title="img1.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/.img1_m.png" alt="img1.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/img2.png" title="img2.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/.img2_m.png" alt="img2.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/img3.png" title="img3.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pour_l_exemple/.img3_m.png" alt="img3.png, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pour-l-exemple-de-Joseph-Losey-1964#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1297La Vie d'une petite culotte et de celles qui la fabriquent, de Stéfanne Prijot (2019)urn:md5:45b1bbd2dac4847abb16d5ef7df1bcf82023-07-29T12:50:00+02:002023-07-29T12:50:00+02:00RenaudCinémaAsieBelgiqueCotonDocumentaireFemmeIndeIndonésieMoyen-OrientOuzbékistanPortraitTextileTissuTravail <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vie_d-une_petite_culotte/.vie_d-une_petite_culotte_m.jpg" alt="vie_d-une_petite_culotte.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Portraits de femmes</strong></ins></span></div>
<p>Derrière ce titre de téléfilm érotique (si l'on omet le sous-titre, "et de celles qui la fabriquent", donnant quand même une idée plus précise de ce qu'on vient y trouver) se cache en réalité un documentaire réalisé par la fille de la gérante d'une boutique de vêtements en Belgique. Un film qui a été produit dans des conditions vraisemblablement très modestes, et dont l'étendue des moyens se reflète quelque peu dans l'ampleur du geste. <strong>Stéfanne Prijot </strong>est partie d'un constat assez simple en réalité, en regardant un sous-vêtement féminin vendu par sa mère et en se posant une question : d'où vient ce petit bout de tissu ?</p>
<p>La forme un peu déséquilibrée de <ins>La vie d'une petite culotte</ins> peut être rebutant en ce sens qu'elle épouse deux trajectoires qui ne se complètent pas toujours très harmonieusement, d'un côté la chronique familiale avec la mère, la fille, la petite-fille, la boutique, et les images banales que ce cadre peut offrir, et de l'autre côté la chronique sociale à caractère géopolitique en faisant le tour du monde pour remonter à travers les différentes filières textiles.</p>
<p>Mais à mon sens le docu dispose d'un très gros point fort malgré tout, celui de relier le destin de plusieurs femmes à travers le monde, avec des occupations bien distinctes mais toute connectées en dépit des milliers de kilomètres qui les séparent. Le portrait pluriel qui en découle, sur la féminité et sur les conditions de travail en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient, au travers de 5 étapes-clés de la chaîne de production, conserve une grande beauté. Et constitue en ce sens un contrepoint très appréciable au versant fictionnel proposé par <ins>Made in Bangladesh</ins> de <strong>Rubaiyat Hossain </strong>sorti la même année.</p>
<p>On rencontre ainsi successivement Yulduz, une agricultrice en Ouzbékistan en charge de la gestion de champs de coton dont la liberté d'expression et d'exercice de son métier semble grandement réduite ; Janaki, en Inde, une jeune fille fileuse contrainte de quitter l'école pour travailler à l'usine (alimentant à ce titre le réseau du sumangali) ; Mythili, une Indienne travaillant dans une usine de teinturerie qui génère beaucoup de problèmes sanitaires (avec une incidence sur la fertilité des ouvrières), et c’est là que les images terribles et hypnotisantes de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Machines-de-Rahul-Jain-2016">Machines</a></ins>, de <strong>Rahul Jain</strong>, ressurgissent ; Risma, une activiste qui se bat pour le droit des femmes en Indonésie ; et Pascale, la mère de la réalisatrice dans sa petite boutique belge qui a cessé de vendre des vêtement fabriqués localement, faute de moyens.</p>
<p>Ce fil narratif reliant les cinq femmes de pays en pays, le long d'une chaîne de production textile mondialisée, est non seulement très réussi dans son pouvoir évocateur, mais aussi dans la matérialisation du travail sous-jacent — et de ses conditions, qu'il est confortable de nier ou d'oublier.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vie_d-une_petite_culotte/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vie_d-une_petite_culotte/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vie_d-une_petite_culotte/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vie_d-une_petite_culotte/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Vie-d-une-petite-culotte-et-de-celles-qui-la-fabriquent-de-Stefanne-Prijot-2019#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1196Divine Carcasse, de Dominique Loreau (1998)urn:md5:e3ca3e406a895d0b8572f6a40e4c4c052021-01-25T15:00:00+01:002021-01-25T15:01:48+01:00RenaudCinémaAfriqueBelgiqueBéninEthnologieMétamorphoseVoiture <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/divine_carcasse/.divine_carcasse_m.jpg" alt="divine_carcasse.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une Peugeot au Bénin : de la carcasse au fétiche<br /></strong></ins></span></div>
<p><ins>Divine Carcasse</ins> pourrait en un sens se résumer à l'histoire d'une vieille Peugeot qui débarque dans un port du Bénin, passant de propriétaires en propriétaires, avant de finir désossée, découpée et ressoudée en une sculpture métallique à l'effigie d'une divinité locale vénérée. De Cotonou jusque dans une tribu isolée à laquelle on accède en pirogue après avoir traversé d'immenses marécages, on suit la transformation d'une voiture en une œuvre d'art, d'un objet archétype du consumérisme occidental à un fétiche révéré par une population béninoise lacustre. L'histoire d'une métamorphose peu commune, du prosaïsme le plus banal à une forme singulière de spiritualité.</p>
<p>La réalisatrice belge <strong>Dominique Loreau </strong>emprunte autant à <strong>Rouch </strong>qu'à <strong>Herzog </strong>en mélangeant fiction, documentaire et ethnographie. Minimaliste en dialogues, avec de nombreuses séquences dominées par le silence, on suit le fil rouge de cette voiture : d'abord véhicule d'un expatrié européen, elle passe entre les mains d'un cuisinier local qui l'utilise comme un taxi avant d'être abandonnée devant un garage (suite à de trop nombreuses pannes qui rythment un peu le film), où elle sera démembrée. C'est au terme de ce voyage que le (bien réel) artiste béninois <strong>Simonet Biokou </strong>utilisera des bandes de métal découpées directement dans les portières de la voiture pour en faire une sculpture à destination d'un groupe religieux vaguement indéterminé.</p>
<p>Il y a cette voiture transportée en camion jusqu'au centre d'une ville, qui tombera sans arrête en panne au milieu de nulle-part, dans les palmeraies, en dépit de la fierté de son propriétaire. Il y a une interprétation surprenante de la chanson de <strong>Christophe </strong>"Aline". Il y a l'épisode du taxi, avec une foule bigarrée sur la banquette arrière. Il y a des cours de français pour apprendre à faire du commerce, suivi de chants africains. Il y a des danses typiques très étranges en habits traditionnels. Il y a le lent dépeçage de la voiture en centaines de bouts de ferraille. Il y a le travail du sculpteur pour créer cette œuvre fort atypique. Il y a ce voyage sur une pirogue, lent, silencieux, à travers un marécage.</p>
<p>Et c'est hypnotisant.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/divine_carcasse/.voiture_m.jpg" alt="voiture.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/divine_carcasse/.fete_m.jpg" alt="fete.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/divine_carcasse/.fetiche_m.jpg" alt="fetiche.jpg, janv. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Divine-Carcasse-de-Dominique-Loreau-1998#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/896L'Hirondelle et la Mésange, de André Antoine (1920)urn:md5:0f61f11988ce7b48a38c9d77ae87ff622020-06-13T12:16:00+02:002020-06-13T12:16:00+02:00RenaudCinémaBateauBelgiqueCinéma muetJean EpsteinJean VigoPoésieRéalisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.hirondelle_et_la_mesange_m.jpg" alt="hirondelle_et_la_mesange.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Rivière sans retour</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>L'Hirondelle et la Mésange</ins> vient rejoindre le cortège formé par <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Belle-Nivernaise-de-Jean-Epstein-1924"><ins>La Belle Nivernaise</ins> </a>(1924, <strong>Jean Epstein</strong>), <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Atalante-de-Jean-Vigo-1934"><ins>L'Atalante</ins></a> (1934, <strong>Jean Vigo</strong>) et <ins>Sous les ponts</ins> (1946, <strong>Helmut Käutner</strong>) dans le registre des romances fluviales caractérisées par une grande tendresse et marquées par une poésie s'exprimant à chaque fois dans des cadres stylistiques, temporels et géographiques bien distincts. L'histoire, très originale ici, d'un batelier naviguant sur les canaux reliant Anvers au Nord de la France à bord d'un assemblage de deux péniches (les deux oiseaux du titre) dont il est le propriétaire avec sa femme et sa belle-sœur. Petite spécificité familiale : pour arrondir les fins de mois, le bateau sert de support pour convoyer des diamants en provenance de divers trafics, soigneusement dissimulés au niveau du gouvernail durant leur acheminement à travers la frontière franco-belge.</p>
<p>Mais cette histoire n'a pas pu émerger à l'époque de sa réalisation (et n'a failli jamais émerger), en raison d'un distributeur frileux quelque peu effrayé par un contenu qu'il considérait comme démesurément documentaire, par opposition au mélodrame fictionnel, à une époque où le genre n'était pas du tout constitué et où ces aspects liés au témoignage n'étaient pas universellement intelligibles. Il faudra attendre plus de 60 ans pour que les négatifs soient redécouverts et enfin dûment exploités.</p>
<p><strong>André Antoine </strong>(encore un qui devait toujours manger en premier à la cantine) s'est ainsi donné beaucoup de mal pour filmer la vie sur une péniche, avec des points de vue aussi nombreux que variés, que ce soit le long de paisibles travellings parallèles aux berges qui regardent la vie au bord des canaux ou lors des passages fréquents de ponts mobiles (se dressant ou se tournant de toutes les façons imaginables). Le pilote que le patron embauche pour l'aider dans ses tâches physiques, qui révèlera ses véritables intentions après une longue période d'acclimatation et de prise d'informations, est interprété par <strong>Pierre Alcover</strong>, un colosse à la présence assez incroyable — du moins lorsqu'il avait 27 ans... Un peu comme dans <ins>La Belle Nivernaise</ins> qui se terminait sur le mariage, flirtant avec l'amoral, de deux personnes considérées comme frère et sœur, <ins>L'Hirondelle et la Mésange</ins> adopte une trajectoire étonnante puisque le pilote qui était destiné à la belle-sœur finira obnubilé par la femme de son patron : une longue séquence effleurant l'érotisme (voire franchement érotique pour l'époque) qui voit la femme s'enrouler le buste d'une broderie agira à ce titre comme un ensorcellement. Le début d'un ultime segment, orientée vers la tragédie et le silence des eaux.</p>
<p>À travers le réalisme des situations (à l'origine de sa quarantaine qui dura 60 ans), la poésie diffuse, le tournage en extérieur qui refuse nettement le studio (par opposition à un <strong>Louis Delluc </strong>par exemple), le détour par l'Ommegang belge (un cortège folklorique qui n'avait lieu à Anvers que tous les 25 ans) ou encore l'interprétation des acteurs qui brillent par leur sobriété à une époque qui favorisait exactement l'inverse, <ins>L'Hirondelle et la Mésange</ins> développe une étonnante forme de modernité. Déroutante hier, appréciable aujourd'hui.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.1_m.png" alt="1.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.2_m.png" alt="2.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.3_m.png" alt="3.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.4_m.png" alt="4.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.5_m.png" alt="5.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.6_m.png" alt="6.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.7_m.png" alt="7.png, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hirondelle_et_la_mesange/.8_m.png" alt="8.png, juin 2020" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Hirondelle-et-la-Mesange-de-Andre-Antoine-1920#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/789L'Iceberg, de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy (2005)urn:md5:557bea760ca95d276014395c82d3d4ed2018-01-03T11:59:00+01:002018-01-03T16:40:47+01:00RenaudCinémaBelgiqueBuster KeatonComédieIcebergJacques TatiPôle NordWes Anderson <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/iceberg/.iceberg_m.jpg" alt="iceberg.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="iceberg.jpg, janv. 2018" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Trio de Tati belges<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>L'ombre du réalisateur français plane de manière évidente sur <ins>L'Iceberg</ins>, des couleurs pastel flashy aux décors intérieurs et extérieurs très art déco, du burlesque omniprésent au presque muet. Derrière cette comédie très particulière, forcément clivante, trois acteurs-réalisateurs belges aux corps parfaitement adaptés à leur propos : une femme d'apparence austère en pleine crise existentielle, un mari coincé et angoissé, un marin sourd-muet dégingandé. En l'espace de quelques scènes introductives, premiers pas dans cet univers farfelu et délirant, le cadre et le style pour le moins singuliers sont posés.</p>
<p>L'histoire en elle-même n'a que très peu d'importance, au final : elle ne sert que de toile de fond pour exprimer une série de gags tous plus loufoques les uns que les autres. C'est tout simplement l'histoire d'une femme enfermée par mégarde dans une chambre froide, occasionnant une sorte de traumatisme mâtiné de syndrome de Stockholm qui la poussera à quitter travail et famille pour rejoindre les glaciers arctiques comme on rejoindrait un refuge.</p>
<p>Si <ins>L'Iceberg</ins> semble difficilement dissociable du nom de <strong>Jacques Tati </strong>tant il semble se cacher derrière chaque situation, chaque élément de décor, chaque personnage, le trio de réalisateurs est toutefois parvenu à (un peu) dépasser le cadre de l'hommage scolaire. Comme si l'univers de <strong>Tati </strong>avait absorbé celui de <strong>Wes Anderson</strong>, le tout capturé à travers une série de tableaux burlesques immobiles, une série de plans fixes, presque silencieux, d'une froideur extrême. Le fond et la forme unis dans une étrange symphonie, pétrie d'associations contradictoires : la simplicité de l'action renvoie sans cesse au foisonnement des décors, l'excentricité des gags est intimement lié à la raideur morale (et physique) des personnages, la lenteur de leurs réactions contraste avec la soudaineté des événements, leur angoisse permanente ne se démarque jamais des aventures colorées dans lesquelles ils s'embarquent.</p>
<p>Il y a bien sûr des coups d'éclats par-ci par-là, avec des petits vieux qui se déplacent en banc comme des poissons ou des luttes circassiennes emprisonnées sous les draps. Mais il y a surtout de nombreuses séquences figées sur un mouvement particulier, coincées dans la répétition (composante centrale d'à peu près toutes les scènes du film), comme le père et ses deux enfants en train de tartiner du beurre, comme enfermés dans une boucle absurde au petit-déjeuner. <strong>Keaton</strong>, <strong>Anderson</strong>, et <strong>Tati </strong>réunis.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/iceberg/.maman_m.jpg" alt="maman.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="maman.jpg, janv. 2018" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Iceberg-de-Dominique-Abel-Fiona-Gordon-et-Bruno-Romy-2005#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/469