Je m'attarde - Mot-clé - Biopic le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLenny, de Bob Fosse (1974)urn:md5:7027f2fff557ccae310c2f210273d7642023-11-29T14:44:00+01:002023-11-29T14:44:00+01:00RenaudCinémaBiopicBob FosseComédieContre-cultureDrogueDustin HoffmanEtats-UnisHypocrisieJalousieLenny BrucePolitiqueProcèsSatireStrip-teaseSubversionValerie Perrine <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/lenny.jpg" title="lenny.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.lenny_m.jpg" alt="lenny.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Good thing we nailed him."</strong></ins></span>
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<p>Impossible de ne pas penser à l'autre célèbre film américain racontant les pérégrinations d'un comique subversif largement incompris en son temps qui acquit une notoriété conséquente à la fin de sa vie : <ins>Man on the Moon</ins>, de <strong>Miloš Forman</strong>, consacrée à la vie d'<strong>Andy Kaufman</strong>. J'avais jugé sans doute un peu trop vite <strong>Bob Fosse </strong>sur la base d'un <ins>Cabaret</ins> englué dans la fadeur d'une comédie dramatique arborant un académisme ronflant (avis extrêmement minoritaire, les tomates pourries sont juste-là), car il montre une facette radicalement différente avec ce biopic sur <strong>Lenny Bruce</strong>, un comique très controversé des années 60. Du bienfait du surpassement des préjugés...</p>
<p>En réalité, même si les thèmes des deux films cités sont très proches, la structure et le contenu diffèrent sensiblement. Là où <strong>Forman </strong>narrait tout le contexte, la vie en marge des numéros de <strong>Kaufman </strong>pour illustrer à quel point les deux se nourrissaient mutuellement, <strong>Fosse </strong>adopte une narration en flashbacks post-mortem, avec une mise en scène sous la forme d'un faux documentaire interviewant une poignée de proches (sa femme, sa mère, et son manager) pour tisser des passerelles avec des épisodes passés montés de manière pas toujours chronologiques, <ins>Lenny</ins> s'autorisant quelques allers-retours entre plusieurs époques.</p>
<p>Le contexte est même sans doute un peu plus fertile ici : le cadre posé est celui de l'Amérique puritaine du début des années 1960, c'est-à-dire les 50s encore mal dégrossies qui pèsent de tout leur poids sur la norme morale d'alors — qui n'a pas fondamentalement changé depuis, en ce qui concerne les mécanismes de l'hypocrisie en matière d'obscénités admissibles à la télévision en direct— et qui interdisent l'utilisation de mots comme "cocksucking" sous peine de poursuites pénales. L'occasion de scènes très drôles d'ailleurs, lorsque d'une part Lenny essaie de faire dire le mot interdit au président du tribunal en première instance, et d'autre part lorsque les témoins se trouvent obligés de les prononcer pour faire leur récit des événements (avec en prime une répétition par le greffier). En creux, le film de <strong>Bob Fosse </strong>entend montrer à quel point l'attention se sera portée sur la forme, le recours à des termes grossiers, tout en oubliant largement le fond des critiques portées par les discours très satiriques de Lenny.</p>
<p><ins>Lenny</ins> est rythmé par les punchlines, sans doute un peu trop même si on peut allègrement puiser dans les dialogues pour trouver son bonheur (une facile mais efficace, au sujet de la religion chrétienne et de la responsabilité de la mort de Jésus "Good thing we nailed him when we did, because if we had done it within the last 50 years, we'd have to contend with generations of parochial schoolkids with little electric chairs hanging around their necks"). Y figurent le <strong>Dustin Hoffman </strong>des grands jours, c'est-à-dire plutôt celui de <ins>The Graduate</ins> que celui de <ins>Tootsie</ins>, ainsi que la très convaincante <strong>Valerie Perrine </strong>dans le rôle de sa femme strip-teaseuse, à l'origine d'un matériau conséquent en matière d'analyse du couple, de la jalousie, et de l'émancipation à deux. C'est un film intéressant aussi parce qu'il n'hésite pas un instant à montrer les contradictions à l'œuvre qui sous-tendent tous ses numéros, et qui ose mettre en scène un long show raté de Lenny en intégralité, vers la fin de sa carrière, avant sa mort par overdose de morphine. Évocation d'une figure de la contre-culture qui pourrait être à l'origine du stand-up, qui se fait parfois un peu trop poussive dans ses logorrhées acides répétées, mais qui évite soigneusement les écueils classiques de l'hagiographie pour esquisser un portrait partiel, pluriel, féroce et stimulant.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lenny-de-Bob-Fosse-1974#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1293Larry Flynt, de Miloš Forman (1996)urn:md5:7f7818673d0a56df51f1950c535881cd2023-04-19T12:30:00+02:002023-04-19T11:34:33+02:00RenaudCinémaArgentBiopicCourtney LoveEdward NortonEtats-UnisMagazineNuditéProvocationRichesseWoody Harrelson <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/larry_flynt/.larry_flynt_m.jpg" alt="larry_flynt.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I think the real obscenity comes from raising our youth to believe that sex is bad and ugly and dirty, and yet it is heroic to go spill guts and blood in the most ghastly manner in the name of humanity."</strong></ins></span>
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<p>Le portrait (qu'il soit partiel, biaisé, voire maladroit) des États-Unis réalisé par des cinéastes étrangers ayant intégré le pays sur le tard me fascine toujours autant, le plus symbolique d'entre eux étant peut-être à mes yeux quelqu'un comme <strong>Paul Verhoeven </strong>(<ins>Starship Troopers</ins>, <ins>RoboCop</ins>, <ins>Total Recall</ins>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Showgirls-de-Paul-Verhoeven-1995">Showgirls</a></ins> vont dans ce sens). Il me reste encore quelques films à découvrir chez <strong>Miloš Forman </strong>pour compléter le tour d'horizon mais je pense que <ins>The People VS. Larry Flynt</ins> est sans doute le meilleur représentant de cette thématique en s'attachant à raconter l'histoire du fondateur du magazine pornographique Hustler — je ne connaissais pas bien la différence avec Playboy par exemple mais visiblement Hustler a creusé un sillon beaucoup plus provocateur, tant dans ce qui était montré (nudité frontale avec vagin) que dans l'humour idiot. Comme le dira un personnage au creux d'un jeu de mots d'un goût particulier, "The reign of Christian terror is over. We're going back to our roots. We are porn again". Je ne connaissais pas bien ce personnage de Larry Flynt, et on peut parier de manière à peu près certaine qu'il n'était pas aussi "sympathique" que ce que la composition de <strong>Woody Harrelson </strong>laisse supposer, mais le film raconte néanmoins tout un pan assez intéressant de la culture états-unienne.</p>
<p>Il y a beaucoup de gras dans un tel film, calibré pour une audience très large : tout ce qui a trait à l'enfance misérable de Larry, à la transformation physique de sa femme (incarnée avec beaucoup d'implication par <strong>Courtney Love</strong>) atteinte du sida, et bon nombre des interventions de son avocat (un tout jeune <strong>Edward Norton</strong>, à l'aube des films qui le rendront célèbres comme <ins>American History X</ins> (1998), <ins>Fight Club</ins> (1999) ou encore <ins>La 25ème heure</ins> en 2002) me paraît largement superflu. À l'inverse, on peut regretter le maniement extrême de l'ellipse dans le scénario, car Larry passe du statut de créateur d'une revue licencieuse marginale à celui de multi-millionnaire et véritable magnat en l'espace de 5 minutes.</p>
<p>Malgré toutes ces réserves, je garde toujours un certain plaisir à voir éclore ce genre de personnage, très représentatif de la culture nord-américaine, au milieu d'un environnement grandement hostile et puritain qui voit d'un très mauvais œil cet étalage d'obscénités en tous genres. Cela illustre assez bien l'image de ce pays et de ses extrêmes en matière d'affichage de vertus, avec d'un côté la sainteté du premier amendement et de l'autre la pureté héritée de la religion. Cela n'en fait pas pour autant un personnage appréciable, avec une dose extrême de mépris et d'arrivisme, on en vient à questionner le degré de sincérité dans son combat contre l'ordre moral. Un combat largement romancé, décousu, mettant en scène une sorte de clown d'envergure. On peut établir ici une filiation avec son <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Amadeus-de-Milos-Forman-1984"><ins>Amadeus</ins></a> 12 ans auparavant, dans le portrait d'une autre excentricité iconoclaste, avec tout de même une évolution notable dans le style de <strong>Forman</strong>.</p>
<p>J'aurais bien aimé voir le film déborder un peu plus du carcan du biopic hollywoodien, avec un schéma différent du rise & fall suivi de l'inévitable rédemption, et en un sens se rapprocher du côté troll de <ins>Man on the Moon</ins> qu'il avait consacré au personnage de <strong>Andy Kaufman </strong>(avec <strong>Jim Carrey</strong> dans le rôle principal). Détail amusant, à l'époque de la sortie du film l'identité du tireur qui rendit <strong>Flynt </strong>paraplégique et impuissant n'était pas connu. Dans un registre beaucoup plus personnel, je mets fin à des années, si ce n'est des décennies, de confusion dyslexique entre plusieurs titres de films, <ins>Barry Lyndon</ins>, <ins>Barfly</ins>, et <ins>Larry Flynt</ins> : ça y est, je les ai enfin tous vus.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/larry_flynt/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/larry_flynt/.img2_m.png" alt="img2.png, mars 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Larry-Flynt-de-Milos-Forman-1996#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1134Marqué par la haine, de Robert Wise (1956)urn:md5:205f982b1c4ee5350a6cdbe7d71c69fb2021-01-17T12:02:00+01:002021-01-17T12:02:00+01:00RenaudCinémaBiopicBoxeNew YorkPaul NewmanRobert WiseSteve McQueen <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/marque_par_la_haine/.marque_par_la_haine_m.jpg" alt="marque_par_la_haine.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Look, don't worry 'bout a thing."<br /></strong></ins></span></div>
<p> Sans être ni mon film de boxe préféré ni mon film de <strong>Robert Wise </strong>préféré (les deux coïncidant avec <ins>Nous avons gagné ce soir</ins>, aka "The Set-Up", d'une efficacité redoutable, réalisé 7 ans auparavant dans le cadre moins ambitieux et beaucoup plus modeste de la série B), cette incursion biographique du côté de la vie de Rocco Barbella offre un regard différent, complémentaire et d'un intérêt égal à mes yeux, de celui que proposera <strong>Stallone </strong>20 ans plus tard dans son premier <ins>Rocky</ins>. J'ignorais tout du contenu de <ins>Marqué par la haine</ins> — le titre original est tout de même bien plus approprié, tant le titre français se focalise bizarrement sur un court arc narratif lié au père — jusqu'à sa connexité avec le plus célèbre des films de boxe aujourd'hui, mais le parallèle se construit de lui-même : contextualisation à travers la peinture d'un décor social autour d'une petite tête brûlée, canalisation de cette rage dans des gants de boxe, et bien sûr une homonymie frontalement évocatrice — Rocco Barbella aka Rocky Graziano aka Rocky Balboa.</p>
<p>Pour incarner le (futur) champion du monde des poids moyens de 1947, <strong>Robert Wise </strong>avait en première intention songé à <strong>James Dean</strong>, qui eut la mauvaise idée de mourir en 1955. A posteriori, on se demande bien comment l'acteur, en dépit de ses qualités avérées, aurait pu faire pour donner corps à un tel boxeur, et l'interprétation de <strong>Paul Newman </strong>de ce côté-là est une chance, si l'on peut dire. On est clairement au début de sa renommée, on le sent terriblement empêtré dans sa technique Actors Studio (la tentative sur l'accent italien y étant pour beaucoup), loin de ce qu'il démontrera dans des films comme <ins>Cool Hand Luke</ins> (1967, <strong>Stuart Rosenberg</strong>), <ins>Le plus sauvage d'entre tous</ins> (1963, <strong>Martin Ritt</strong>) voire même un peu plus tard <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Verdict-de-Sidney-Lumet-1982"><ins>Le Verdict</ins></a> (1982) chez <strong>Lumet</strong>. On peut aussi noter la présence furtive de <strong>Steve McQueen</strong>, alors total inconnu (il retrouvera <strong>Newman </strong>18 ans plus tard dans <ins>La Tour infernale</ins>), qui imprime déjà quelque chose de fort malgré le caractère très limité de son personnage et de son influence ici.</p>
<p> Ce biopic insiste pas mal sur la vie tumultueuse du boxeur, sur ses séjours répétés en maison de correction, sur son passage dans l'armée américaine (dont il désertera), et sur sa vie sentimentale qui se nouera dans une incompatibilité avec la boxe — boxe qui l'a pourtant sorti de la rue et de ses magouilles. Toute la première partie est consacrée au social, à ses mauvaises fréquentations à New York, avec un petit côté lourdingue par moments, qui insiste beaucoup sur le déterminisme social. Tout cela concourt à construire une trajectoire dont l'apogée se situe à la fin dans le combat contre Tony Zale, qui fut une boucherie légendaire (les deux étant en sang à la fin du dernier round).</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/marque_par_la_haine/.newman_m.jpg" alt="newman.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Marque-par-la-haine-de-Robert-Wise-1956#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/890Dalton Trumbo, de Jay Roach (2015)urn:md5:6d5cdf57dc95cb6cdcd237deb29389f42020-03-17T22:43:00+01:002020-03-17T22:43:00+01:00RenaudCinémaBiopicBryan CranstonCensureCommunismeDalton TrumboEdward G. RobinsonHollywoodJay RoachJohn GoodmanJohn WayneKirk DouglasMaccarthysmeOtto Preminger <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dalton_trumbo/.dalton_trumbo_m.jpg" alt="dalton_trumbo.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Trumbo s'en va-t-en guerre</strong></ins></span>
</div>
<p>Même en sachant que les espoirs nourris par l'intérêt qu'on porte à un tel personnage et à une telle époque cinématographique seraient inévitablement déçus, <strong>Dalton Trumbo</strong> procure des sentiments extrêmement mitigés, presque contradictoires. Les raisons sont nombreuses, mais on ne peut en réalité s'en prendre qu'à soi-même d'avoir pu imaginer un résultat autre.</p>
<p>Ce film est-il à destination des cinéphiles purs et durs ? Si oui, il y a fort à parier que beaucoup seront déçus devant la pauvreté du fond, tant le film n'apporte aucun élément nouveau dans les faits (dans les grandes lignes) ou dans l'analyse, à la lumière du monde d'aujourd'hui en général ou de l'industrie cinématographique en particulier. Ceux qui connaissent la terminologie qui entoure ces événements (le principe du blacklisting au cinéma, les 10 d'Hollywood, le House Un-American Activities Committee, et plus généralement le maccarthysme) n'apprendront pas grand chose — même si cela ne veut pas dire que le film ne se suit pas tranquillement, sans forcer. <br />
Est-il à destination des personnes n'ayant jamais entendu parler du scénariste et réalisateur <strong>Dalton Trumbo </strong>? On doit alors se demander dans quelle mesure ceux qui ne connaissaient pas déjà son histoire par eux-même, à travers ses scénarios ou son unique film, trouveront un intérêt ici, dans la durée, une fois passée l'éventuel plaisir de la reconstitution des années 40 et 50. J'ai du mal à croire que beaucoup feront le lien entre maccarthysme passé et mystifications présentes, à la lumière de ce film. En ne s'intéressant pas fondamentalement aux raisons d'un tel rejet, en circonscrivant la peur et la haine communistes à un épisode antédiluvien de l'Histoire américaine, il n'invite pas à se poser de telles questions.</p>
<p>Je ne tirerai pas sur l'ambulance, il faut d'abord reconnaître que même si on a affaire à un biopic — comprendre un ersatz de documentaire — assez lisse, le sujet retenu en dit déjà beaucoup, il ne s'agit pas d'un choix anodin dans son pays de production, aux États-Unis (assertion bien moins valable, sans doute, en Europe et ailleurs). Même les cartons introductifs et conclusifs, expliquant les vagues successives d'adhésion au parti communiste américain (pendant la Grande Dépression, contre la montée du fascisme, et boostées par l'alliance avec l'URSS pour contrer l'Allemagne nazie) et explicitant les faits de fin de vie de <strong>Trumbo </strong>(photos à l'appui, of course), auraient pu être pire. On en viendrait presque à excuser la présentation du communisme que fait <strong>Trumbo </strong>à sa fille en lui expliquant que partager son sandwich jambon fromage avec son camarade qui n'a rien pour manger, c'est déjà être communiste... Il y avait même presque de bonnes idées éparses, notamment à présenter les contradictions de <strong>Trumbo </strong>(là où lui n'en voyait pas), le riche mais radical, le communiste à grande piscine, mais aussi les difficultés qu'on pouvait alors éprouver à joindre la lutte pour la liberté d'expression à celle des droits des Noirs, sous l'égide du Cinquième amendement de la constitution. Disons que pour un certain public, tout cela sera d'un académisme ronflant, et pour un autre, ce sera une fière revendication et une solide remise en question.</p>
<p>Non, ce qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre, à titre personnel, c'est la caricature un peu trop appuyée (pour ne pas dire ratée) de certains personnages-clés. Disons que s'il est noble de vouloir égratigner l'image bien lissée par le temps de <strong>John Wayne </strong>l'ardent patriote dans son propre pays, le faire de la sorte est particulièrement navrant. Il faut le voir pour le croire. On n'oserait pas une telle image de the Duke dans un spectacle parodique de collégiens. Mais quelque part, l'anti-communisme primaire est ainsi caricaturé au même niveau que le communisme lui-même... Reste que beaucoup d'autres seconds rôles sont très mollassons, à commencer par <strong>Edward G. Robinson </strong>(le pleutre au regard fuyant), <strong>Kirk Douglas </strong>(le vaillant aux pectoraux saillants), ou encore <strong>Otto Preminger </strong>(l'Autrichien sévère mais doux). Seul <strong>John Goodman </strong>parvient à arracher quelques sourires en producteur de B-movies impulsif, rôle qu'il semble assurer avec une gouaille sûre depuis plus de 20 ans (<ins>Panic sur Florida Beach</ins> de <strong>Joe Dante </strong>date de 1993).</p>
<p>Il y a aussi, quelque part, l'idée un brin dérangeante qui a trotté dans ma tête tout le long du film, en connaissant le passé et le passif de <strong>Jay Roach</strong>, dont <strong>Trumbo </strong>semble être la première œuvre "sérieuse". Mais je laisse le procès d'intention de côté, on dira qu'il s'agit là d'une caractéristique beaucoup plus générale et inhérente au genre, le biopic. Le plus dérangeant, en définitive, ce n'est pas le fait que le film se contente de retranscrire sagement quelques étapes-clés de la vie de scénariste de <strong>Dalton Trumbo </strong>: c'est surtout cette focalisation sur une forme d'abnégation, de dépassement de soi, de quête tournée vers l'impossible dont nous gratifie l'industrie hollywoodienne. Sempiternellement. Même si le contexte ne se prête pas vraiment à ce genre d'interprétation, on en vient à se demander (dans un délire paranoïaque) si la machine ne cherche pas à égratigner sa propre image passée pour mieux glorifier son état présent.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dalton_trumbo/.proces_m.jpg" alt="proces.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dalton-Trumbo-de-Jay-Roach-2015#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/748The Imitation Game, de Morten Tyldum (2014)urn:md5:f5089d0e3c7f5de79d64ff649b6682a22014-11-22T20:22:00+01:002014-11-25T17:28:00+01:00RenaudCinémaBiopicMathématiquesRoyaume-UniSeconde Guerre mondiale <div id="centrage"><img title="iitation_game_A.jpg, nov. 2014" alt="iitation_game_A.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/imitation_game/.iitation_game_A_m.jpg" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/imitation_game/.iitation_game_B_m.jpg" alt="iitation_game_B.jpg" title="iitation_game_B.jpg, nov. 2014" /></div>
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>La prison ou la pilule</strong></ins></span></p>
</div>
<p>Il aura fallu attendre 2013, soit soixante ans <a name="classif_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Imitation-Game-de-Morten-Tyldum-2014#classif">(1)</a> après le suicide d'<strong>Alan Turing</strong>, pour que la reine Elisabeth II, dans un élan magnanime des plus tardifs, accorde son pardon royal au célèbre mathématicien britannique. <strong>Morten Tyldum</strong> à le mérite de porter à l'écran une de ces aberrations historiques monumentales, ou comment le Royaume-Uni remercia celui qui a contribué à déchiffrer des codes nazis d'une importance capitale (l'accès aux communications des sous-marins allemands utilisant la machine Enigma pendant la seconde guerre mondiale) en le soumettant à une castration chimique à l'issu du conflit. Le motif, outrage aux bonnes mœurs, venait à l'époque sanctionner son homosexualité.</p>
<p>C'est une habitude dans ces films au label « <em>based on a true story </em>» : véritable exercice d'équilibriste entre la véracité des faits illustrés et l'intérêt du matériau filmique final, ce genre de biopic tombe presque systématiquement dans le piège du pathos et peine à trouver sa place entre le documentaire et le mélodrame. On notera que si le réalisateur norvégien nous épargne le suicide en images, un texte conclusif le souligne assez grassement. En définitive, tout dépend de ce que l'on vient y chercher, mais une chose est sûre : même si <ins>The Imitation Game</ins> évite nombre de ces écueils, les connaisseurs ne pourront qu'être déçus par tant d'approximations — pour ne pas dire d'affabulations. Si l'on pardonne facilement les éléments narratifs fictionnels, au service d'un récit dynamique et relançant l'intrigue plutôt habilement, il me semble que le film ne tient pas deux promesses essentielles.</p>
<p><img title="THE IMITATION GAME, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="THE IMITATION GAME" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/imitation_game/.code_team_m.jpg" /><span style="font-size: 9pt;"><a href="http://www.je-mattarde.com/#classif_back"><img title="turing.jpeg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="turing.jpeg" src="http://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/imitation_game/.turing_m.jpg" /></a></span></p>
<p>Tout d'abord, le jeu du titre. Le test de Turing, le fameux « imitation game », n'est jamais traité. Tout juste est-il évoqué, maladroitement, dans une conversation entre <strong>Alan Turing </strong>et un enquêteur le questionnant sur son homosexualité. Le célèbre test est une façon de mesurer la qualité d'une intelligence artificielle en mettant à l'épreuve sa faculté à imiter une conversation humaine. Si une personne communiquant en aveugle (par exemple par écran interposé) avec un ordinateur et un être humain n'est pas capable d'identifier avec certitude ses deux interlocuteurs, si elle n'est pas capable de distinguer l'homme de la machine, alors le test est réussi. Il existe de nombreuses subtilités à propos de ce test afin d'en garantir la validité, mais il s'agissait surtout pour <strong>Turing </strong>de répondre à sa question existentielle : une machine peut-elle penser ? Vaste programme, un questionnement passionnant auquel <strong>Benedict Cumberbatch</strong> (décidément infiniment plus convaincant en scientifique introverti qu'en grand méchant de l'univers, ici entouré par la troupe d'acteurs britanniques du moment : <strong>Mark Strong</strong>, <strong>Matthew Goode</strong>, et une <strong>Keira Knightley </strong>moins antipathique qu'à l’accoutumée) ne fait allusion qu'au détour d'une très brève conversation sur la nature humaine des homosexuels.</p>
<p>Mais là où <ins>The Imitation Game</ins> échoue particulièrement, c'est dans son incapacité à saisir le caractère profondément tragique du personnage qu'il est censé filmer. Les émotions sont véhiculées sans style et sans talent, à l'aide de flashbacks tirés de son adolescence et de ses premiers rapports à l'homosexualité, faisant écho au présent du film de manière très artificielle. Le personnage d'<strong>Alan Turing </strong>méritait quand même beaucoup mieux...<br /><strong>Turing</strong>, cet excentrique timide qui portait un masque à gaz à vélo pour éviter le rhume des foins. Au-delà du test du même nom, ce fondateur de l'informatique moderne et ce cerveau à l'origine des premiers ordinateurs programmables. Cet homme dont les travaux ont permis d'écourter la seconde guerre mondiale d'environ deux ans, aussitôt rattrapé par son homosexualité. Ce héros de guerre qu'on remercia en lui laissant le choix du traitement contre sa « maladie » : la prison ou la castration chimique par prise d'œstrogènes, option qu'il choisira pour pouvoir poursuivre ses travaux chez lui. Acculé, persécuté, on imagine assez aisément la disgrâce qu'il éprouva alors et qui le poussa au suicide en 1954. Le spectateur averti notera le clin d'œil qui est fait dans le film à ce sujet, puisqu'il mourut en mangeant une pomme imbibée de cyanure. Lui, grand admirateur de <ins>Blanche-Neige et les Sept Nains</ins>, qui chantonnait régulièrement les vers prononcés par la sorcière : « <em>Plongeons la pomme dans le chaudron, pour qu'elle s'imprègne de poison.</em> » Voilà un aperçu du film qu'on aurait aimé voir.</p>
<p><em><ins>N.B.</ins> : Il faudra attendre le 25 janvier 2015 pour la sortie française...</em></p>
<p><span style="font-size: 9pt;">
<a name="classif">(1)</a> Les dossiers ont été déclassifiés tardivement, et ces événements n'ont été rendus publics que dans les années 1970. <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Imitation-Game-de-Morten-Tyldum-2014#classif_back">(retour)</a></span></p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/imitation_game/turing_true.jpg" alt="turing_true.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="turing_true.jpg, nov. 2014" />
<div id="centrage"><strong>Alan Turing</strong>, le vrai.</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Imitation-Game-de-Morten-Tyldum-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/261Jimi: All Is By My Side, de John Ridley (2014)urn:md5:504a157a559ff27ae2af8e6228e5ad552014-11-07T14:52:00+01:002014-11-07T15:15:04+01:00RenaudCinémaBiopicJimi HendrixLondresRockRoyaume-Uni <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.Jimi All Is By My Side_m.jpg" alt="Jimi All Is By My Side.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Jimi All Is By My Side.jpg, nov. 2014" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Jimi Hendrix pour les nuls</strong></ins></span></p>
</div>
<p>Imagine-t-on un instant un biopic sur les <strong>Doors</strong> sans leur musique, sans la poésie de <strong>Morrison</strong>, sans l’esprit du groupe ? Non, bien sûr, et <strong>Tom Dicillo </strong>l’avait bien compris quand il a réalisé <ins>When You're Strange</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010">lire le billet</a>).
(Autres déclinaisons possibles : les <strong>Clash </strong>avec le film de <strong>Julien Temple</strong>, <ins>Joe Strummer : The Future is Unwritten</ins>, ou encore <strong>Sixto Rodriguez </strong>vu par <strong>Malik Bendjelloul</strong> dans <ins>Searching for Sugar Man</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sugar-Man-de-Malik-Bendjelloul-2012">lire le billet</a>). Choisissez votre camp.)</p>
<p>De là la terrible déception à l’issue de ce film britannique censé retracer les premiers pas de <strong>Jimi Hendrix </strong>à Londres, son “Experience” avec <strong>Noel Redding </strong>et <strong>Mitch Mitchell </strong>et les débuts de sa renommée. Pourtant, le choix de <strong>John Ridley </strong>(réalisateur et scénariste) aurait pu être la base d’un travail très original : dresser le portrait du <strong>Hendrix </strong>de 1966, avant le succès de <ins>Are You Experienced</ins>, sans filmer le <strong>Hendrix </strong>légendaire connu de tous. Délaisser la musique pour s’intéresser à la personne, voilà un pari risqué que l’on aurait bien aimé voir se concrétiser à l’écran : cette période de un an assez peu connue se prêtait tout à fait à cet exercice. Mais ces deux heures en compagnie d’<strong>André Benjamin </strong>(musicien américain de 39 ans, soit presque le double du personnage qu’il interprète), sans un seul morceau de <strong>Hendrix</strong>, sont particulièrement douloureuses. La frustration est immense, il faut vraiment le voir pour le croire…</p>
<p>Car le scénario de <ins>Jimi: All Is By My Side</ins> ne découle d’aucun processus artistique, il ne s’agit même pas d’un choix personnel de <strong>John Ridley </strong>mais plutôt d’une contrainte vertigineuse, et pour cause : il n’a jamais réussi à obtenir l’accord de <em>Experience Hendrix LLC </em>(la société gérant les droits de <strong>Jimi Hendrix</strong>) pour l’utilisation de sa musique. Difficile de savoir où en était le projet quand il en a fait la demande, mais ce refus n’a rien d’étonnant. <strong>Jimi Hendrix </strong>y est parfois dépeint comme une personne violente, avec des accès de rage probablement en lien avec la prise d’acide. L’idée d’un regard nouveau qui égratigne légèrement un personnage historique est intéressante… jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il s’agit en réalité d’une affabulation parmi tant d’autres. La réaction de la principale intéressée, la petite amie de <strong>Hendrix </strong>qui reçoit des coups de téléphone (au sens propre) dans le film, est accessible ici : <a title="http://www.imdb.com/user/ur51209533/" href="http://www.imdb.com/user/ur51209533/">lien IMdB</a> (lire aussi cet article du Guardian : <a title=" http://www.theguardian.com/film/2014/oct/21/biopics-problems-hendrix-jimi-all-is-by-my-side" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/ http://www.theguardian.com/film/2014/oct/21/biopics-problems-hendrix-jimi-all-is-by-my-side">lien Guardian</a>). Selon <strong>Kathy Etchingham</strong>, tout cela n’est que “pure nonsense”. Réaction à prendre avec des pincettes étant donnée la peinture peu reluisante qu’il est faite de son personnage, mais la question est posée.</p>
<p><img title="jimi_and_hayley.jpg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="jimi_and_hayley.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.jimi_and_hayley_m.jpg" /></p>
<p>On se rappelle alors l’encart initial, le sacro-saint “based on a true story”, puis la toute dernière phrase du générique de fin stipulant que “bien que le film soit basé sur une histoire vraie, certains propos et faits ont été déformés pour les besoins du film et de la dramatisation”. Clairement, on a affaire à un documentaire qui ne s’assume pas en tant que tel et qui se vautre allègrement dans la fange du sensationnalisme.</p>
<p>Mais admettons. Que reste-t-il si l’on met de côté cette démarche peu rigoureuse et l’absence criante des riffs de <strong>Hendrix </strong>à l’oreille ? Un mauvais film, tout simplement, bien en deçà des ambitions affichées. <strong>John Ridley</strong> enchaîne les poncifs du genre avec une étonnante régularité et parvient à rendre les préoccupations d’un des plus grands guitaristes de l’histoire du Rock profondément ennuyantes. Alors que la thématique regorge de substances exaltantes (l’émigration au Royaume-Uni, la scène londonienne et le tissu social de la fin des sixties, la rivalité entre les groupes de l’époque), le réalisateur se contente d’une succession de scènes convenues et d’une énumération de faits sans cohérence. Wikipédia à l’écran, sans les références. Les citations, en plus d’être très scolaires, sont d’une maladresse confondante : il faut voir comment le célèbre “<em>When the power of love overcomes the love of power, the world will know peace</em>” arrive comme un cheveu sur la soupe, au terme d’une discussion ridiculement insignifiante.</p>
<p>Les reprises d’autres groupes se succèdent alors frénétiquement : le “Hound Dog” d’<strong>Elvis Presley</strong>, la version de “Wild Thing” popularisée par les <strong>Troggs</strong>, “Killing Floors” de <strong>Howlin' Wolf</strong>, et surtout l’excellent “Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band” interprété par <strong>Hendrix </strong>quelques jours seulement après la sortie de l’album des <strong>Beatles</strong>, les Fab Four étant présents dans la salle. C’est l’un des très rares moments réussis du film. Mais au bout d’un certain moment, lessivé par tant d’insignifiance, on finit par en rire. On se prend au jeu en essayant d’anticiper le prochain subterfuge. Saviez-vous que la petite amie de <strong>Keith Richards </strong>conseillait <strong>Jimi Hendrix </strong>sur sa coiffure et sa façon de jouer de la guitare ? Non, bien sûr, ce n’est pas seulement farfelu, c’est également faux : elle était en cure de désintox à cette époque.</p>
<p><img title="andre_benjamin2.jpeg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="andre_benjamin2.jpeg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.andre_benjamin2_m.jpg" /> <img title="andre_benjamin1.jpeg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="andre_benjamin1.jpeg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.andre_benjamin1_m.jpg" /></p>
<p>On aurait aimé sentir, derrière la timidité et la réserve réputées du personnage, l’âme bouillonnante de l’artiste à la créativité débordante. Si cela n’avait pas été radicalement imposé par un refus de droits, l’inconsistance et le manque d’ambition de la légende <strong>Hendrix </strong>aurait été un sacré pavé dans la marre. <ins>Jimi: All Is By My Side</ins>, à l’inverse, dégouline d’un opportunisme révoltant.</p>
<p><em><ins>N.B.</ins> : <strong>John Ridley</strong>, récidiviste, s’était déjà rendu coupable du scénario de “12 Years A Slave”.</em></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Jimi-All-Is-By-My-Side-de-John-Ridley-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/259Sugar Man, de Malik Bendjelloul (2012)urn:md5:370b99a8f22d2f672391cacea4355b752013-02-13T17:13:00+01:002013-02-25T09:18:04+01:00RenaudCinéma1970sAfriqueAfrique du SudBiopicDocumentaireEtats-UnisFolkMexique <p><img title="XP SUGAR MAN 120, fév. 2013" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="XP SUGAR MAN 120" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/.sugar_man_m.jpg" /></p>
<div id="centrage"><em>Le photomontage qui tue... cf. une photo plus bas.</em></div>
<p>Je connaissais très bien les deux — uniques — albums de <strong>Sixto Rodriguez</strong>, sortis au début des années 1970, qui avaient été deux immenses échecs commerciaux aux États-Unis. Grâce à une amie rencontrée à La Réunion, je m'étais familiarisé avec l'histoire proprement hors du commun du bonhomme. J'appréciais particulièrement ses textes poétiques et travaillés qui avaient heurté l'establishment de l'époque. Mais, en dépit de tout ce que je connaissais, <ins>Sugar Man</ins> (du nom d'un de ses premiers singles, et dont la musique jalonne le film) est parvenu à me surprendre. À défaut de m'en avoir fait découvrir la musique, le film documentaire de <strong>Malik Bendjelloul</strong> m'a profondément ému en dévoilant la personnalité si attachante de <strong>Sixto Díaz Rodríguez</strong>.</p>
<div id="centrage"><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/sixto_jeune.jpg" title="sixto_jeune.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/.sixto_jeune_s.jpg" alt="sixto_jeune.jpg" title="sixto_jeune.jpg, fév. 2013" /></a> <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/sixto_vieux.jpg" title="sixto_vieux.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/.sixto_vieux_s.jpg" alt="sixto_vieux.jpg" title="sixto_vieux.jpg, fév. 2013" /></a><br /> <em><strong>Sixto</strong> et sa gratte, au début des 1970s et à la fin des 2000s.<br />
<span style="font-size: 9pt;">(cliquez sur les images pour les agrandir)</span></em></div>
<p>Malgré ses nombreux écueils (liés à la mise en scène pour la plupart), <ins>Sugar Man</ins> arrive à dépeindre avec rigueur et affection l'état
d'esprit de ce Bob Dylan latino pétri d'humilité. Né à Detroit (Michigan) au début des années 1940, sixième enfant d'une famille d'immigrés mexicains, <strong>Sixto </strong>a grandi dans les milieux pauvres de la classe ouvrière américaine. Ses deux albums, <ins>Cold Fact</ins> et <ins>Coming from Reality</ins>, sont empreints de cette réalité sociale difficile, lui qui a travaillé toute sa vie pour une entreprise de démolition en parallèle des petits concerts donnés dans les bars avoisinants et de sa maîtrise de philosophie qu'il obtiendra en 1981.</p>
<p>Alors que ses albums sont des échecs retentissants aux États-Unis, <ins>Cold Fact</ins> connaît un succès inespéré en Afrique du Sud, dès 1974, où il devient disque d'or... sans que <strong>Rodriguez </strong>ne soit au courant, beaucoup le croyant mort immolé sur scène. Là-bas, la population noire victime de l'apartheid trouve dans ses
paroles engagées un écho à leur révolte. Certaines chansons seront même interdites de diffusion sur les radios nationales : les vinyles aux sillons soigneusement raturés témoignent encore aujourd'hui de la censure du passé. Mais la musique de <strong>Rodriguez</strong> se répand malgré tout dans l'ensemble de la population sud-africaine, y compris chez les afrikaners conscients de la situation de leur pays. Il faudra attendre de longues années avant que la persévérance et la curiosité de quelque détective en herbe portent leurs fruits et permettent à <strong>Sixto Rodriguez</strong> de renouer avec son public et une célébrité toute relative. Le tout premier concert qu'il donnera en Afrique du Sud devant un parterre de fans dont il ignorait l'existence est un moment unique.</p>
<p>On peut franchement regretter certains aspects du documentaire de <strong>Malik Bendjelloul</strong>, qui verse par moments dans une forme de voyeurisme idiot en totale contradiction avec la mentalité du personnage qu'il suit. Il faut voir Steve Rowland, le producteur du second album, simuler l'étonnement face caméra avec son « <em>oh mon dieu, je n'ai pas vu ces photos depuis 35 ans</em>, » ou encore ces travellings terriblement artificiels de <strong>Sixto </strong>marchant dans la neige. Mais pour tout le reste, ce documentaire vaut la peine d'être vu. <strong>Rodriguez </strong>n'a jamais regretté d'être passé à côté d'une renommée planétaire et de la fortune dont elle se serait accompagnée. Aujourd'hui encore, il porte un regard incroyablement serein sur cette folle histoire, <em>son</em> histoire. Des passages poignants tournés dans la maison qu'il habite depuis 40 ans, chauffée au poêle à bois, aux aléas de son investissement dans la politique locale, la simplicité du personnage ne saurait laisser quiconque indifférent.</p>
<p><em>Dorothée, merci.</em></p>
<p><em>MAJ du 25/02/2013</em> : <ins>Sugar Man</ins> a remporté l'Oscar 2013 du meilleur film documentaire.<em><br /></em></p>
<p><img title="sixto.jpg, fév. 2013" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="sixto.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/.sixto_m.jpg" /></p>
<div id="centrage"><em>Le cliché d'origine qui ridiculise le photomontage de l'affiche du film...</em>
<br /><br />
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/cold_fact.jpg" title="cold_fact.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/.cold_fact_s.jpg" alt="cold_fact.jpg" title="cold_fact.jpg, fév. 2013" /></a><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/coming_from_reality.jpg" title="coming_from_reality.jpg"> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sugar_man/.coming_from_reality_s.jpg" alt="coming_from_reality.jpg" title="coming_from_reality.jpg, fév. 2013" /></a>
<br /> <em>Les deux albums de <strong>Sixto Rodriguez</strong>.</em></div>
<hr>
<p><ins><em>À lire</em></ins> : l'interview de <strong>Rodriguez</strong>, réalisée en décembre 2012 lors de son passage à Paris, sur le site de l'Express (beurk). C'est <a href="http://www.lexpress.fr/culture/musique/sixto-rodriguez-je-suis-un-musicien-politique_1200216.html" title="http://www.lexpress.fr/culture/musique/sixto-rodriguez-je-suis-un-musicien-politique_1200216.html">ici</a>.<br />
<ins><em>À voir</em></ins> : la bande annonce (VOST) : c'est <a href="http://www.youtube.com/watch?v=RXQsPwIvjFI&feature=player_embedded" title="http://www.youtube.com/watch?v=RXQsPwIvjFI&feature=player_embedded">là</a>.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sugar-Man-de-Malik-Bendjelloul-2012#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/203