Je m'attarde - Mot-clé - Chine le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearUn temps pour vivre, un temps pour mourir (童年往事, Tóng nián wǎng shì), de Hou Hsiao-Hsien (1985)urn:md5:b49dac388b2cd4b7fa8f52ee7d178d772024-02-20T11:01:00+01:002024-02-20T12:56:04+01:00RenaudCinémaAdolescenceAutobiographieChineEnterrementExilFamilleHou Hsiao-HsienMortRécit d apprentissageTaïwan <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir/un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir.jpg" title="un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir/.un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir_m.jpg" alt="un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Souvenirs d'une enfance taïwanaise</strong></ins></span>
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<p>Le cinéma taïwanais de la fin du XXe siècle est un terreau fertile qui laisse le champ libre à de nombreuses très belles découvertes, et c'est très souvent à mettre en corrélation avec l'histoire du pays qui s'écrivait en parallèle de la vie des différents cinéastes ayant contribué à l'édifice national. À mes yeux c'est <strong>Edward Yang </strong>qui illustre le plus fortement ce courant partagé entre l'autobiographie, quelque part entre souvenirs d'enfance et mélancolie, et le récit politique d'un territoire voué aux soubresauts historiques de par la nature complexe des relations qu'il entretient avec la Chine continentale. Des films comme <ins>A Brighter Summer Day</ins> (1991) et surtout <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Yi-Yi-d-Edward-Yang-2000">Yi Yi</a></ins> (2000) en sont probablement les exemples les plus marquants et les plus émouvants. Mais je découvre avec <ins>Un temps pour vivre, un temps pour mourir</ins> une autre facette de cette histoire cinématographique, récit à caractère autobiographique de <strong>Hou Hsiao-Hsien </strong>qui a grandi dans le quartier de Fengshan à Kaohsiung, un volet d'un récit d'apprentissage s'étendant sur la trilogie complétée par <ins>Un été chez grand-père</ins> (1984) et <ins>Poussières dans le vent</ins> (1986).</p>
<p>Ce film de <strong>Hou</strong>, dont le titre original signifie plutôt "souvenirs d'enfance" littéralement (transformé en un hommage maladroit à <strong>Douglas Sirk </strong>et à son <ins>Le Temps d'aimer et le Temps de mourir</ins>), est sorti au milieu des années 80, époque charnière à Taïwan, et embrasse une période allant de 1947 à 1965. Impossible de ne pas constamment relier le sort des personnages à l'histoire taïwanaise bousculée par le repli de Tchang Kaï-chek sur l'île, à la fin des années 40, et jusqu'à sa mort en 1975. L'époque du récit autant que l'époque de la production du film sont imprégnées de ces événements, puisque l'on suit une famille quittant à regret la Chine pour s'installer dans un village taïwanais — à l'origine de manière temporaire, comme en témoigne la pauvre qualité des matériaux de construction utilisés par la père qui espérait sincèrement retourner sur le continent dès que possible. Seule la constatation du Grand Bond en avant de Mao vu de loin les conforte dans l'idée de devoir rester à Taïwan.</p>
<p>Une chronique douce centrée sur le personnage de Ah-ha (alter ego de <strong>Hou </strong>très probablement), jeune garçon malicieux évoluant au gré d'une adolescence plutôt mouvementée en un jeune adulte bagarreur et plus renfermé. Un récit qui arbore la grande sobriété que l'on connaît aux réalisateurs taïwanais du même courant, explorant l'intérieur des foyers dans un style très pudique que ne renierait pas un <strong>Ozu</strong>, et qui pourra en éreinter certains de par sa focalisation sur un quotidien familial souvent très calme, avec des dialogues épurés et une voix off tout aussi réservée. La hauteur de regard est particulièrement adaptée pour capter les épisodes douloureux de l'enfance, toujours à la bonne distance, observant les membres de la famille mourir à petit feu, le père, la mère, puis la grand-mère.</p>
<p><ins>Un temps pour vivre, un temps pour mourir</ins> illustre très finement l'étau dans lequel la cellule familiale se retrouve un peu piégée, contrainte à l'exil mais heureuse d'avoir échappé aux événements en Chine. <strong>Hou </strong>raconte, avec le recul et avec beaucoup de délicatesse, un éloignement qu'il ne comprenait pas à l'époque et une prise de conscience progressive, comme un souvenir déformé qui chercherait à se reformer. Quelques moments-souvenirs semblent avoir marqué <strong>Hou </strong>plus profondément, comme le vol du sac de billes et de l'argent (volé lui aussi) qu'il avait enterrés près d'un arbre (et qui lui valut une belle engueulade de sa mère), sa grand-mère cherchant à retourner en Chine via un pont imaginaire à la faveur d'une maladie liée au vieillissement, ou encore le regard farouche de l'employé des pompes funèbres qui était venu s'occuper du corps de la grand-mère. Tous ces éléments forment un sillon thématique et émotionnel vraiment passionnant au creux du cinéma taïwanais.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir/img1.jpg" title="img1.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/un_temps_pour_vivre_un_temps_pour_mourir/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, févr. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-temps-pour-vivre-un-temps-pour-mourir-de-Hou-Hsiao-Hsien-1985#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1352Les Soldats au combat (戦ふ兵隊, Tatakau heitai), de Fumio Kamei (1939)urn:md5:2ce8babab887b55adb6d389aadbc1ded2023-09-29T12:18:00+02:002023-09-29T12:18:00+02:00RenaudCinémaCensureChineGuerreGuerre sino-japonaiseJaponPaysanPrisonPropagande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.soldats_au_combat_m.jpg" alt="soldats_au_combat.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Seconde guerre sino-japonaise : des paysans japonais envoyés se battre contre des paysans chinois</strong></ins></span></div>
<p>Œuvre de musée ou friandise pour cinéphile aux penchants archéologiques et historiques, <ins>Les Soldats au combat</ins> est le résultat du travail de <strong>Fumio Kamei </strong>envoyé sur le front chinois en 1938 pour y suivre pendant quatre mois un régiment d'infanterie lors de l'offensive sur la ville de Wuhan, au début de la seconde guerre sino-japonaise. Missionné pour réaliser un film de propagande, il se détourne vraisemblablement assez vite du courage et de l’héroïsme supposés par toute la nation des soldats japonais, et se concentre sur une réalité toute autre, très prosaïque, et beaucoup moins glorieuse. Il filme surtout des hommes éprouvés, parfois en haillons, arborant des drapeaux misérables et troués, contraints d'abandonner des chevaux malades ou blessés derrière eux, et fatigués de parcourir l'immense territoire chinois.</p>
<p>Sans surprise, la censure peu satisfaite du contenu détruira les bobines et le film sera considéré comme perdu jusqu'en 1976. <strong>Fumio Kamei </strong>de son côté fut arrêté puis emprisonné en 1941. Il faut dire que d'une part les troupes de l'armée impériale ne sont pas montrées sous leur meilleur jour, et il s'intéresse autant aux soldats progressant péniblement qu'aux populations locales chassées de leurs terres qui y reviennent a posteriori : le parallèle dressé entre la condition paysanne des deux côtés, avec des paysans chinois retournant cultiver leurs champs et des soldats japonais qui se présentent comme des paysans contraints de se battre, est particulièrement éloquent. Dans cette dimension immersive, c’est un complément documentaire à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Terre-et-soldats-de-Tomotaka-Tasaka-1939">Terre et soldats</a></ins> de <strong>Tomotaka Tasaka</strong>, sorti la même année et portant sur des combats sur les champs de bataille de Mandchourie.</p>
<p>Assez étonnamment, <strong>Fumio Kamei </strong>s'est par la suite défendu d'avoir réalisé un film contre la guerre — pourtant, vu d'aujourd'hui, impossible d'y voir autre chose qu'une dénonciation. Une part du docu est certes consacrée aux tâches courantes, nettoyage des fusils, organisation des offensives, recherche de la nourriture (les soldats meurent d'envie de manger des légumes frais), et manœuvres militaires diverses. Mais il y a principalement le tableau d'une armée décrépie, avec des intertitres presque triomphaux qui contrastent ironiquement avec l'état de délabrement des images qui illustrent le propos : difficile de dire le niveau de conscience vis-à-vis de cette dissonance. Comment ne pas ressentir une critique dans la description "des enfants dont les maisons ont été incendiées", "parade devant un drapeau militaire en lambeaux", ou encore le côté tragique de cette lettre envoyée par la femme d'un soldat dont elle ignore la mort, lue par un camarade ?</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Soldats-au-combat-de-Fumio-Kamei-1939#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1243Copyright Van Gogh (China's Van Goghs), de Yu Haibo et Yu Tianqi Kiki (2016)urn:md5:fcfd611fbe4bf51f83b201424e0dcc452023-09-23T14:06:00+02:002023-09-23T13:19:53+02:00RenaudCinémaAmsterdamArtChineDocumentaireExploitationMuséePays-BasPeintureVincent van Gogh <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/copyright_van_gogh/.copyright_van_gogh_m.jpg" alt="copyright_van_gogh.jpg, août 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une chaîne de production : les reproductions de Van Gogh, auprès des peintres-ouvriers-copistes en artistes qui s'ignorent.</strong></ins></span>
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<p>Le bout de la chaîne de l'exploitation des travailleurs chinois : deuxième volet. Après le 100% pétrole de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Plastic-China-de-Jiu-liang-Wang-2016">Plastic China</a></ins>, changement total d'univers puisque <ins>China's Van Goghs</ins> s'intéresse à un versant beaucoup plus créatif en apparence, celui des ateliers de peinture de Dafen, un village près de Shenzen. Leur unique occupation : reproduire des œuvres célèbres à destination du marché européen essentiellement. Après le travail à la chaîne dans les usines automobiles ou dans l'industrie des semi-conducteurs, voici venu le temps du travail à la chaîne au pinceau pour la reproduction de grandes toiles.</p>
<p>Petit avertissement sur la forme nécessaire toutefois, car le documentaire de <strong>Yu Haibo </strong>et <strong>Yu Tianqi Kiki </strong>a recours à des tics de mise en scène particulièrement désagréables (mais heureusement pas omniprésents), comme l'illustre à merveille ce recours à la musique envahissante pour répandre son pathos dans tous les interstices. Aussi superflu que contre-productif, aucun doute là-dessus. Quelques séquences un peu trop dans l'intimité du personnage principal auraient pu nous être épargnées également.</p>
<p>Mais tout cela mis de côté, on voit tout de suite à quel point <strong>Yu </strong>père et fille ont réussi à se faire accepter au sein de cet atelier de peinture et aux côtés du patron-peintre, <strong>Xiaoyong Zhao</strong>, ce qui a dû leur prendre des années et des années. La découverte de ce monde est en soi, pour moi, une source inestimable de documentation au sujet d'une activité et d'un marché dont j'ignorais l'existence. Il faudrait en réalité plutôt se demander, pour aller plus vite, quelle chaîne de production ne fait pas intervenir un ouvrier sans le sou, exploité, soumis à des conditions de travail assez peu enviables...</p>
<p>On découvre donc un atelier spécialisé dans la reproduction de peintures à l'huile de Van Gogh, et on peut dire qu'ils en ont vu défiler des centaines de milliers, des copies de La Nuit étoilée, de Vase avec quinze tournesols, de Terrasse du café le soir ou de divers autoportraits... On est dans un atelier chinois donc sans surprise les peintres vivent littéralement sur place, ils dorment, mangent et peignent dans le même espace surplombé par une mer de toiles en train de sécher suspendues au plafond, avant d'être exportées à travers le monde.</p>
<p>Le personnage de <strong>Xiaoyong </strong>est un sujet de choix à de très nombreux niveaux : c'est un maillon central de la chaîne de production de la prédation capitaliste, lui-même peintre il forme des dizaines d'apprentis et gère les différentes commandes en cours, il se comporte en petit patron malmenant ses ouvriers en les soumettant au régime de travail a priori classique à l'échelle locale (c'est-à-dire travailler d'arrache-pied sur des durées et dans des conditions peu enviables pour gagner une misère) afin de satisfaire les demandes de ses clients étrangers, mais il est aussi le résultat d'une autre exploitation à un autre niveau, qui se dévoile lors de son voyage aux Pays-Bas pour aller visiter le musée le plus important à ses yeux. En allant sur place, il découvre que ses peintures ne sont pas du tout vendues dans une galerie d'art mais dans la rue comme simples objets-souvenirs, à côté de cartes postales moches et de décapsuleurs inutiles, avec une marge énorme (fois 10) et indécente.</p>
<p>C'est un personnage intéressant aussi pour sa connaissance du peintre néerlandais, dont il a reproduit nombre de ses toiles les plus célèbres sans jamais avoir vu en vrai les œuvres originales — le passage à Amsterdam est à ce titre très touchant, car il ignorait les vraies couleurs, les textures, etc. — et qui a développé au fil du temps une passion effrénée pour Van Gogh. Au point de visionner régulièrement <ins>Lust for Life</ins> de <strong>Vincente Minnelli </strong>avec <strong>Kirk Douglas </strong>dans le rôle de Vincent. À force de peindre des copies, il est devenu un passionné fanatique et il est difficile de cerner le rapport qu'il entretient à l'art car visiblement lui-même ne se considérait pas comme artiste jusqu'à son pèlerinage en Europe. Un copieur se découvre l'âme d'un artiste, donc, même si ces aspects-là sont vite expédiés en fin de docu. Il faudra toujours alimenter les rayons de Walmart et il faudra toujours des stakhanovistes de la reproduction pour satisfaire les commandes renversantes (l'ordre de grandeur est le millier de toiles par mois), mais la prise de conscience du peintre-ouvrier, avec son épiphanie de plagiaire-copiste, en miroir de la prise de conscience de consommateurs occidentaux quant à l'exploitation en bout de chaîne, est assez incroyable.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/copyright_van_gogh/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/copyright_van_gogh/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/copyright_van_gogh/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/copyright_van_gogh/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Copyright-Van-Gogh-de-Yu-Haibo-et-Yu-Tianqi-Kiki-2016#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1238Pas un de moins (一个都不能少, Yi ge dou bu neng shao), de Zhang Yimou (1999)urn:md5:23c5d2dee13a54c8a62f9d763fb589092023-09-14T23:31:00+02:002023-09-14T22:33:03+02:00RenaudCinémaAbbas KiarostamiChineEnfanceEnseignementPauvretéRuralitéVilleZhang Yimou <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.pas_un_de_moins_m.jpg" alt="pas_un_de_moins.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Mingzhi, 13 ans, institutrice remplaçante</strong></ins></span>
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<p>L'intention première d'un film comme <ins>Pas un de moins</ins>, qui appartient à la période sobre de <strong>Zhang Yimou </strong>(c'est-à-dire sorti avant les années 2000), est de raconter la vie dans un petit village chinois isolé, Shuiquan, situé dans la province Hebei. L'histoire est celle de Wei Minzhi, 13 ans, chargée de remplacer un professeur d'école primaire devant s'absenter pour un mois : on comprend qu'elle est choisie à défaut d'avoir trouvé quelqu'un de plus âgé et parce qu'elle est sans doute la plus compétente pour encadrer cette classe d'enfants qui n'ont que quelques années de moins qu'elle. Les conditions sont drastiques si ce n'est spartiates, le sol est en terre battue, l'unique salle de l'école jouxte la petite pièce servant de bureau et de chambre à Minzhi ainsi qu'à quelques élèves, et on en est même à rationner les craies comme une matière rare. Il y avait 40 élèves il y a quelque temps, et il n'y en a plus que 28 : la mission confiée à la toute jeune institutrice, c'est de maintenir cet effectif durant son remplacement.</p>
<p>Toute la beauté d'un tel film tient non pas, à mes yeux, aux grandes lignes directrices qui structurent la narration (opposition entre ville et campagne, recherche d'un enfant parti de l'école à cause de l'extrême pauvreté de sa famille) mais bien davantage au fait que la majorité des acteurs sont non-professionnels, et bien dirigés dans des rôles qui sont les leurs dans la réalité. Il s'en dégage une sincérité très émouvante, quand les conditions sont réunies, qui plus est dans une configuration aussi modeste et bien réelle. Il y a bien ce petit côté feel-good movie, avec un grand message d'espoir et des cartons finaux probablement imposés par la censure, mais disons que le charme de la jeune prof MingZhi et de l'enfant des rues Zhang Huike compensent cela plus que correctement.</p>
<p>C'est donc en dépit des messages gouvernementaux et d'une fin digne d'un happy end hollywoodien que <strong>Zhang Yimou</strong> parvient à décrire d'une part le quotidien d'un village rural très pauvre et d'autre part la confrontation de cet univers avec la jungle urbaine, lorsque Mingzhi doit partir chercher Huike dans l'immensité de la ville. L'écart est immense, comme si un siècle séparait les deux environnements, et on ressent l'influence de cinéastes comme <strong>Abbas Kiarostami </strong>à de multiples niveaux : le regard sur l'enfance, le style poético-documentaire pour capter la ruralité, et cette frontière brouillée entre réalité et fiction.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pas-un-de-moins-de-Zhang-Yimou-1999#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1226Le Retour des hirondelles, de Li Ruijun (2022)urn:md5:a250ed366643b6ce04402fd3cbf5333b2023-08-09T14:21:00+02:002023-08-09T14:21:00+02:00RenaudCinémaAmourChineCorruptionCoupleMariagePaysanRuralitéSolidarité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.retour_des_hirondelles_m.jpg" alt="retour_des_hirondelles.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Profils paysans chinois</strong></ins></span>
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<p>Mon plus grand regret concernant <ins>Le Retour des hirondelles</ins> porte sur la surcouche explicative et sur-explicite qui enveloppe tout le reste, au risque de laisser un arrière-goût amer là où l'histoire de ce mariage arrangé entre deux êtres rejetés par leurs familles qui trouveront un épanouissement en milieu rural avait de beaux et sérieux arguments ne nécessitant pas un tel niveau d'insistance. Le film, long et lent, a très souvent recours à des scènes très insistantes au sujet des différentes contraintes qui pèsent sur le couple ainsi qu'à des symboles très appuyés qui ne lui font pas vraiment honneur. C'est d'autant plus dommage que <strong>Li Ruijun </strong>parvient à capter, apparemment sans trop forcer, la beauté de ces régions rurales du nord de la Chine.</p>
<p>L'image (graphique) de l'épi de blé qui se sèche, l'image (symbolique) du paysan méprisé seul à même de donner son sang à un citadin beaucoup mieux loti que lui... Des dispositifs de mise en scène de cet acabit, le film en est rempli, et le visionnage se révèle malheureusement moins fluide, naturel et agréable à cause de ces sursauts.</p>
<p>Il y a quelque chose de très simple dans la dynamique du rapport amoureux entre les deux protagonistes, tout d'abord sujets à une timidité évidente, en lien avec la méthode artificielle qui les a réunis, cédant peu à peu la place à une certaine affection — bon on est tout de même en milieu paysan donc le film insiste sur le côté un peu bourrin à ce niveau-là avec un peu trop d'emphase, mais qu'importe. La beauté du film tient également à la subsistance de leur amour, au travers de nombreuses marques d'affection (notamment au travers du rite des grains de blé appliqués sur la peau), tandis que le monde agricole environnant se désagrège — ici aussi la source de nombreuses facilités scénaristiques, sans doute en prise avec une réalité avérée, mais pas tellement fonctionnelles du point de vue cinématographique.</p>
<p>Le film a d'ailleurs subi la censure en Chine, puisqu'il a été retiré des circuits de diffusion fin 2022 : le message de la destruction de la ruralité, de l'exode urbain forcé, sur fond de corruption à peine voilée, est éminemment politique. La copie que j'ai pu voir est d'ailleurs sans doute entachée de censure, la dernière scène avec Ma ayant été amputée et une phrase de dialogue (alors que les personnages présents ne dialoguent pas, très étrange ou plus précisément très mal fait) ayant été rajoutée lors de la destruction finale de leur maison.</p>
<p>Restera malgré tout ce rythme très contemplatif, au fil des saisons extrêmement photogéniques, pour décrire ce microcosme éloigné de la toxicité de la ville et de ses compromissions. Bien sûr, ils refusent les appartements sans âme dans lesquels on les invite fortement à déménager, pour y préférer la maison en terre cuite qu'ils se sont construite. C'est dans et autour de ce lieu chaleureux que la solidarité entre les deux parias est née, en parallèle du cycle des cultures, malgré les nombreuses formes d'exploitation, en résistance à la désagrégation des communautés paysannes.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Retour-des-hirondelles-de-Li-Ruijun-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1208Plastic China, de Jiu-liang Wang (2016)urn:md5:225be9b36071eb621b9906f9f76bc8f72023-08-07T13:58:00+02:002023-08-07T13:58:00+02:00RenaudCinémaChineDocumentaireEnfanceFamillePlastiqueRecyclageTransport <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.plastic_china_m.jpg" alt="plastic_china.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le bout de la chaîne du plastique</strong></ins></span>
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<p>On pourrait croire derrière le nom de <ins>Plastic China</ins> que le documentaire de <strong>Jiu-liang Wang </strong>entend embrasser un récit à l'échelle nationale, racontant la géopolitique du recyclage du plastique international sur le territoire chinois. Le cadre est en réalité à l'opposé de cette vision globale puisque toute l'histoire sera focalisée sur un micro-centre de traitement aux allures d'entreprise familiale, partagé entre le gérant et un employé, leurs femmes et leurs enfants. Mais attention, derrière ces apparences intimistes et cette organisation à taille humaine se cache en réalité un cauchemar, social, sanitaire, et écologique. Car comme l'annonce le tout premier plan du film montrant la tête d'un enfant au milieu d'un tunnel de déchets, ces deux familles (au même titre que beaucoup d'autres dans ce village) vivent littéralement au milieu d'un marécage de plastique importé des États-Unis, d'Europe, du Japon et de Corée, avec des feuillets de pétrole inondant absolument tout l'espace, virevoltant constamment d'un coin à l'autre.</p>
<p>Petit aparté bibliographique : <ins>Plastic China</ins> s'insère naturellement dans un corpus de documentaires sur des sujets connexes, que ce soit le traitement des déchets au Ghana dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Welcome-to-Sodom-de-Christian-Krones-et-Florian-Weigensamer-2018">Welcome to Sodom</a></ins>, les conditions de vie au sein d'un bidonville de Chongqing dans <ins>Derniers jours à Shibati</ins>, ou encore les différents niveaux de l'échelle sociale chinoise dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ascension-de-Jessica-Kingdon-2021">Ascension</a></ins>. Autant dire que les familles de Kun (le patron exploiteur) et Peng (l'employé alcoolique) appartient à la catégorie la plus basse qui soit sur cette échelle, et que dans une certaine mesure, avec un budget plus conséquent pour la mise en scène, leur occupation pourrait figurer dans un segment de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Mort-du-travailleur-de-Michael-Glawogger-2005">La Mort du travailleur</a></ins>.</p>
<p>Soit donc le portrait de deux familles, évoluant dans un territoire restreint rempli d'emballages plastiques dans des états de décomposition variables, partagé entre différents postes que le documentaire ne détaillera jamais directement. On comprend vaguement les différentes étapes, la livraison des montagnes de déchets internationaux, le tri des différents types de plastiques, le passage dans une machine séparant grossièrement le papier du plastique, l'incinération d'une partie pour former une pâte visqueuse qui sera transformée en une sorte de pellets (qui seront ensuite exportés on ne sait où), et le rejet de tous les déchets de déchets dans le cours d'eau avoisinant. Mais <strong>Jiu-liang Wang </strong>s'intéresse avant tout aux humains qui errent dans cette campagne altérée et transformée en environnement hostile, et comment le plastique est devenu l'élément essentiel et omniprésent de leur vie.</p>
<p>En marge de la politique de l'enfant unique, une petite nuée d'enfants entre 1 et 11 ans participe au travail quotidien quand ces derniers ne s'inventent pas des jeux, comme n'importe quel enfant, mais 100% à base plastique ici. Les adultes occupent beaucoup de place dans le docu, avec leurs aspirations à la consommation qu'ils ne peuvent pas se payer et leurs rêves de pile de billets et de voitures, mais c'est manifestement les enfants qui prennent l'ascendant. Difficile de ne pas être sidéré par la beauté tragique de leurs existences. Ils découvrent l'existence des cultures mondiales à travers les emballages des déchets et les images de magazines qui arrivent chez eux en miettes. Ils se construisent des jouets avec tous les déchets qu'ils trouvent pour s'inventer un écran, un ordinateur, un clavier (quand bien même ils auraient une télévision chez eux). Et pendant tout ce temps, ils respirent les fumées toxiques de plastique qu'on crame pour se chauffer en hiver, ils mangent des poissons morts dans la rivière qu'on imagine polluée à l'extrême, ils se lavent avec de l'eau dans laquelle macèrent des tonnes de déchets divers. Bien évidemment, la scolarisation ne fait pas partie de la norme ici.</p>
<p>Le portrait le plus touchant et le plus élaboré est sans doute celui de Yi-Jie, 11 ans, la fille de Peng, avec son regard à la fois adulte, optimiste, et fier. Quand elle ne joue pas dans les montagnes artificielles, quand elle ne travaille pas à la chaîne du recyclage, c'est elle qui s'occupe du dernier-né (au même titre que la ribambelle de frères et sœurs) en lui donnant le biberon et en lui changeant la couche, comme un parent. Ses aspirations à rejoindre une autre partie de sa famille dans le Sichuan et à aller à l'école (on le devine) resteront probablement insatisfaites. Il sera désormais difficile de ne pas revoir ses yeux curieux en jetant un emballage plastique dans la poubelle de tri.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Plastic-China-de-Jiu-liang-Wang-2016#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1206Piccadilly, de Ewald André Dupont (1929)urn:md5:6caa12dc759b7ed34e36088b4ec8b3262023-07-11T10:08:00+02:002023-07-11T10:08:00+02:00RenaudCinémaAnna May WongCharles LaughtonChineCinéma muetDanseErotismeEtats-UnisEuropeMeurtreRoyaume-Uni <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.piccadilly_m.jpg" alt="piccadilly.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La plonge et la danse</strong></ins></span>
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<p>Tout l'intérêt de <ins>Piccadilly</ins> passe par la présence magnétique de <strong>Anna May Wong</strong>, une actrice américaine d'origine chinoise qui s'exila en Europe à la fin des années 20 suite à la frustration de ne se voir offrir que des seconds rôles stéréotypés à Hollywood. Le racisme y était à l'époque moins prédominant qu'aux États-Unis, ce qui lui permit de trouver ce rôle phénoménal à la fin de l'ère du muet. À noter qu'un prologue de 5 minutes de dialogues entre deux personnes, sans doute très avant-gardiste à l'époque mais avec toutes les limitations du parlant en 1929, est inséré au tout début du film.</p>
<p>Il faut voir comment la caméra de <strong>Ewald André Dupont </strong>nous dévoile la présence de Shosho, une plongeuse dans le restaurant d'un night-club britannique. Le cadre est posé avec beaucoup de fioritures sur le devant de la scène, autour d'un duo de danseurs constituant l'attraction au cœur du Piccadilly Club, dans une magnificence et une ostentation les plus totales. Au milieu des tables, on découvre <strong>Charles Laughton </strong>dans son tout premier long-métrage, un client mécontent de son assiette qu'il trouve sale : l'occasion pour le propriétaire de s'aventurer dans les cuisines pour enquêter, puis d'accéder à l'arrière-cuisine et de tomber sur Shosho, une des plongeuses, en train de danser sur une table. Il faut voir le niveau de sensualité présenté dans cette séquence, pour un film de cette époque... On comprend que Valentine Wilmot, le propriétaire, soit tenté de reconsidérer le talent de cette femme après l'avoir licenciée. Une fois passée sur scène, dans ses costumes de danseuse éclatants, le niveau de sexualisation du personnage atteint son apogée — d'autant que situé à l'époque avancée du cinéma muet, la mise en scène sait se faire relativement dynamique pour capturer tous les mouvements.</p>
<p>L'érotisme de la danse est ainsi présenté de manière assez sulfureuse, au creux d'un duel entre deux danseuses rivales. La danse (ainsi que ses charmes) permettra à Shosho d'accéder à un niveau de vie élevé, tout en la plaçant au cœur d'un enjeu mélodramatique fort. Par l'entremise d'un meurtre passionnel, elle deviendra l'objet du délit par excellence et achèvera de conférer à <ins>Piccadilly</ins> un charme extrêmement singulier.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.img1_m.png" alt="img1.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.img2_m.png" alt="img2.png, juin 2023" />
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