Je m'attarde - Mot-clé - Clint Eastwood le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:13:33+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearBreezy, de Clint Eastwood (1973)urn:md5:0d9c85ec8d8aee065ecd44796af3add82018-03-07T12:47:00+01:002018-03-07T15:09:12+01:00RenaudCinémaClint EastwoodHippieRomanceVieillesseWilliam Holden <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/breezy/.breezy_m.jpg" alt="breezy.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="breezy.jpg, mar. 2018" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une carapace se craquèle</strong></ins></span>
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<p><strong>Clint Eastwood </strong>n'a donc pas attendu le milieu des années 90 pour réaliser un drame romantique... C'est seulement son troisième film en tant que metteur en scène et déjà, il s'essaie à autre chose qu'un film faisant parler la poudre. C'est à croire que le public des années 70 n'était pas encore tout à fait prêt, tant il bouda ce film et obligea <strong>Eastwood </strong>à rentrer dans le rang. Si on est très loin du ton et du style de <ins>Sur la route de Madison</ins>, il y a tout de même un avant-goût évident d'une partie de sa sensibilité dans cette histoire d'amour presque contrariée.</p>
<p><strong>Eastwood</strong>, on le sait bien maintenant, nourrit dans une certaine mesure des aspirations de romantique, voire de poète. Sans doute intéressé par le sujet de son film (la vieillesse le tracasse, à coup sûr), il illustre une romance entre un agent immobilier vieillissant et solitaire, riche et au cuir épais, et une jeunette hippie insouciante, à la personnalité largement sous-développée face à sa contre-partie masculine. C'est d'ailleurs un des principaux reproches que l'on peut formuler à l'encontre du film : avec un personnage féminin aussi évasif, <strong>Eastwood </strong>dessert la féminité en la réduisant à une sorte de variable d'ajustement, toujours compréhensive, toujours là quand le personnage masculin change d'avis. Mais disons que <strong>William Holden </strong>donne corps à un questionnement existentiel, à un amour difficile sujet au regard des autres cristallisant leurs différences sociales et culturelles, qui valent le détour. Ses revirements de cœur sont parfois un peu abrupts, conditionnés par la seule intervention d'un personnage secondaire qui tombe à point, mais la toile de fond revêt tout de même les apparats de la démarche sincère dans sa sensibilité.</p>
<p><ins>Breezy</ins> questionne quelque part les choix de l'existence, l'illumination soudaine d'un quotidien morose et la réaction à y apporter. <strong>Kay Lenz</strong>, il faut quand même l'avouer, excelle dans son rôle d'étincelle amoureuse qui met le feu aux poudres endormies. Elle fait craqueler la carapace de l'homme bien plus âgé qu'elle, elle le sort de sa résignation presque léthargique. De son côté, <strong>Eastwood </strong>réussit quelques très belles scènes, comme celle (un peu attendue, de par le choix du cadre; mais qu'importe) où <strong>Holden </strong>se tient dos à une zone peu éclairée et où l'on voit des mains féminines sortir de l'ombre pour caresser son torse, ou encore celle où ils se font face, longuement, tout en se déshabillant.</p>
<p>C'était un sujet très délicat, sur le terrain partagé de la romance et de la vieillesse, et s'il n'est pas exempt de défauts ou de maladresses éparses, le film parvient à éviter les poncifs et les clichés du mélodrame typiquement américain. La mièvrerie est toujours tenue à bonne distance, conférant à la romance une certaine force. Le regard d'<strong>Eastwood </strong>est tendre, très pudique, et il examine avec une étonnante délicatesse le poids des conventions sociales sur la solitude endurcie d'un homme dont la carapace venait d'être brisée.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/breezy/.holden_lenz_m.jpg" alt="holden_lenz.jpg" title="holden_lenz.jpg, mar. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/breezy/.ombre_m.jpg" alt="ombre.jpg" title="ombre.jpg, mar. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/breezy/.holden_lenz2_m.jpg" alt="holden_lenz2.jpg" title="holden_lenz2.jpg, mar. 2018" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Breezy-de-Clint-Eastwood-1973#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/494De l'or pour les braves, de Brian G. Hutton (1970)urn:md5:9281cc93d94108e5ef92de26c10d23702018-01-29T11:58:00+01:002018-01-29T13:23:29+01:00RenaudCinémaClint EastwoodDonald SutherlandGuerreSatireSeconde Guerre mondiale <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/de_l_or_pour_les_braves/.de_l_or_pour_les_bravesA_m.jpg" alt="de_l_or_pour_les_bravesA.jpg" title="de_l_or_pour_les_bravesA.jpg, janv. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/de_l_or_pour_les_braves/.de_l_or_pour_les_bravesB_m.jpg" alt="de_l_or_pour_les_bravesB.jpg" title="de_l_or_pour_les_bravesB.jpg, janv. 2018" /><br />
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>L'héroïsme, entre hyprocrisie et absurdité<br /></strong></ins></span>
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<p>L'incertitude constante quant à la direction empruntée par <ins>De l'or pour les braves</ins>, dans un premier temps en tous cas, joue sans doute un rôle important dans son appréciation (ou son "abhorration") : on ne sait pas, pendant un très long moment, si l'on se dirige vers un film de guerre classique, vers une comédie, vers une satire, etc. C'est une zone grise plutôt appréciable et originale, à côté des deux arguments forts du film : <strong>Clint Eastwood </strong>et <strong>Donald Sutherland</strong>.</p>
<p>Car ces deux-là, tout de même, sont de sacrés numéros et pourraient presque légitimer le visionnage d'un film à eux seuls. Une période plutôt faste pour <strong>Sutherland</strong>, d'ailleurs, à l'affiche dans <ins>M.A.S.H.</ins> pour un total de 5 films sortis en cette année 1970, trois ans après son rôle tout aussi cinglé dans <ins>Les Douze Salopards</ins>. Le duo est à l'image de la troupe pittoresque qu'<strong>Eastwood</strong> (aka Kelly, d'où le titre original) rassemble autour de lui, imprévisible, multicolore, et motivée par des raisons bien différentes pour le suivre dans sa folle entreprise : passer derrière les lignes ennemies en pleine guerre mondiale pour récupérer un trésor de 14 000 lingots d'or enfermés dans une banque. Les scènes où <strong>Eastwood </strong>appâte les soldats un à un, en caméra subjective, avec le lingot d'or au centre de l'écran, faisant vaciller la raison de son interlocuteur tandis qu'il fait miroiter un gain démentiel dans ses reflets dorés, sont d'un comique et d'une manipulation mémorables.</p>
<p>Si certaines scènes d'action pure sont vraiment très bien menées (je pense surtout à l'évolution des tanks dans Clermont, avec une puissance de feu et un pouvoir de destruction tangibles), quoique plutôt inutiles dans le récit, c'est vraiment sa composante satirique qui le rend si particulier. Les accents anti-militaires caractéristiques des années 70 se ressentent un peu partout sans jamais se faire insistants, du personnage de <strong>Sutherland </strong>(un drôle de tankiste pré-hippie déchaîné sous LSD, totalement anachronique) aux intérêts particuliers de tout le groupe, mêlés à travers une guerre qui unifie sous la bannière de la convoitise des soldats d'horizons (voire carrément de camps) divers. Les références au western teintées d'humour ne sont pas particulièrement probantes à mes yeux, mais elles ne sont pas pour autant handicapantes : c'est presque de l'ordre de la blague potache. Tout comme le personnage de <strong>Sutherland</strong>, du reste, confirmant la volonté de se détacher de la réalité historique (le film fut tourné en Yougoslavie) mais pourvue d'un solide propos (à des années-lumière, donc, de <ins>Fury</ins>, comme une variante réussie de <ins>Les Rois du Désert</ins>).</p>
<p>La peinture de la guerre, comme un joyeux bordel où les motivations se trouvent plus dans le dépouillement d'une banque que dans la libération d'un pays, constitue une jolie farce. Le film se permet même un certain jusqu'au-boutisme en laissant s'allier ces GIs avec un tankiste SS pour défoncer la porte de ladite banque... Les frontières les plus fortes ne sont pas toujours celles que l'on se représente, les illusions ne sont pas toujours là où on les croit. L'or corrompt vraiment tout et tout le monde — mais il chasse les "negative waves", comme le clamera souvent un des personnages. Il permet également à un bataillon de soldats moyens, très vaguement convaincus par l'intérêt moral de leur investissement dans ce coin de la planète, de se transformer en un régiment incroyablement déterminé capable de percer les lignes blindées ennemies. Derrière l'héroïsme, une jolie couche d'hypocrisie et d'absurdité.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/de_l_or_pour_les_braves/.groupe_m.jpg" alt="groupe.jpg" title="groupe.jpg, janv. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/de_l_or_pour_les_braves/.tanks_m.jpg" alt="tanks.jpg" title="tanks.jpg, janv. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/de_l_or_pour_les_braves/.sutherland_eastwood_m.jpg" alt="sutherland_eastwood.jpg" title="sutherland_eastwood.jpg, janv. 2018" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/De-l-or-pour-les-braves-de-Brian-G-Hutton-1970#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/482American Sniper, par Clint Eastwood (2015)urn:md5:bad2b0c18806994ff50339315e184ee72015-02-19T17:31:00+01:002015-02-24T11:42:14+01:00RenaudCinémaClint EastwoodEtats-UnisGuerreMilitairePatriotismePolitique <div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/american_sniper/.american_sniper_posterA_m.jpg" alt="american_sniper_posterA.jpg" title="american_sniper_posterA.jpg, janv. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/american_sniper/.american_sniper_posterB_m.jpg" alt="american_sniper_posterB.jpg" title="american_sniper_posterB.jpg, janv. 2015" /></div>
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Le sniper au grand cœur, l'autocritique en plastique<br /></strong></ins></span></p>
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<p>Deux ou trois mots, simplement.</p>
<p>Non, le dernier film de papi <strong>Eastwood</strong> n'est pas un film de propagande à la gloire de la politique et des valeurs qui composent les États-Unis.<br />La preuve : voir comment ce Texan plutôt bas du front deviendra "The Legend" ; voir comment cet homme qui n'a jamais eu le moindre recul sur ses actions s'est engagé au plus profond de son être dans un conflit qui le dépasse totalement, par pur réflexe vindicatif (un peu comme la vengeance de Dwight dans <ins>Blue Ruin</ins> : <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Blue-Ruin-de-Jeremy-Saulnier-2014">lire le billet</a>) ; voir comment il a su conserver son intégrité après avoir été broyé par cette guerre, au point de redonner un semblant de virilité à des estropiés en les formant au tir de précision... Les exemples dans ce sens abondent.</p>
<p>Non, le dernier film de papi <strong>Eastwood</strong> n'est pas un film plein de nuances sur la politique et les valeurs qui composent les États-Unis.<br />La preuve : voir comment le portrait de Chris Kyle s'applique à gommer les aspects un peu gênants de sa personnalité ; voir comment les cas de conscience qui se posent au sniper au grand cœur ne sont que de fausses ambiguïtés, puisque derrière chaque tir se cachait une vraie menace, montrée à l'écran par une grenade cachée dans les bras d'une mère ou de son enfant ; voir le final épique, conclusion d'une hagiographie grandiloquente, avec des images d'archive on ne peut plus tire-larmes... Les exemples dans ce sens abondent.</p>
<p>Voilà ce qui me met extrêmement mal à l'aise : la majorité des spectateurs voit dans <ins>American Sniper</ins> exactement ce qu'elle était venu y chercher. Chacun repart de son côté, encore un peu plus convaincu dans ses a priori en tous genres. Le belliciste redneck chevronné y verra un appel à guerroyer un peu plus au Moyen Orient alors que la situation actuelle n'est jamais questionnée dans le film (ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi, faut-il le préciser). L'anti-américain primaire y verra la célébration d'un putain de héros au service de son putain de pays.<br />Ultime variation : le critique sur <a title="http://www.senscritique.com" href="http://www.senscritique.com">Sens Critique</a> (et ailleurs), ses certitudes en bandoulière, expliquera en quoi il a tout compris et à quel point le film d'<strong>Eastwood</strong> est clair et définitif, en dépit de ses nombreuses interviews (un exemple des questions laissées ouvertes par le réalisateur : <a title="http://www.liberation.fr/culture/2015/02/13/la-guerre-suscite-une-fascination-pour-la-violence_1202272" href="http://www.liberation.fr/culture/2015/02/13/la-guerre-suscite-une-fascination-pour-la-violence_1202272">www.liberation.fr/culture/2015/02/13/la-guerre-suscite-une-fascination-pour-la-violence_1202272</a>) démontrant le contraire.</p>
<p>Je n'apprécie guère quand on me dicte quoi penser ou quoi ressentir, mais j'ai du mal à voir dans le non-choix de <strong>Clint Eastwood</strong> (qu'on sait, malgré tout, capable de mesure et de discernement) autre chose qu'un opportunisme de circonstance, le cul entre les deux chaises de l'action et de l'émotion, se gargarisant de la confusion ainsi distillée et des dollars ainsi amassés.</p>
<hr />
<p><em><ins>P. S.</ins> : Quelques mots pour préciser ma pensée.</em><br />
Ceci n'est que le témoignage d'un malaise personnel. J'ai trouvé dans le film de nombreux éléments intéressants, au-delà du manque d'objectivité opportuniste dans le portrait, étant donné le(s) public(s) visé(s). La symétrie entre l'éducation de Kyle et celle des enfants irakiens, des gamins dans les mains desquels les adultes mettent une Bible, un sniper ou une grenade, est un parallèle que je n'avais que très rarement vu au cinéma. L'engagement de Kyle vu plus comme le résultat d'une éducation (façon "chien de berger") que comme celui d'un soldat partant en guerre, aussi. Les exemples dans ce sens abondent. Mais je reste toujours extrêmement mal à l'aise sur cette ligne de crête, sidéré par le fait que là où autant d'éléments concourent à mon "amusement" (les guillemets sont de rigueur, car la construction de l'état d'esprit de Kyle est loin d'être amusante), d'autres les reprennent dans une direction diamétralement opposée.</p>
<img title="chris_kyle.jpg, janv. 2015" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="chris_kyle.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/american_sniper/.chris_kyle_m.jpg" /><div id="centrage"><em>Chris Kyle, son flingue et son drapeau.</em> </div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/American-Sniper-par-Clint-Eastwood-2015#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/271Des westerns plutôt atypiquesurn:md5:316d96526267a7f287bdf586b9ee45992011-08-28T20:02:00+02:002011-12-26T21:41:46+01:00RenaudCinémaClint EastwoodJim JarmuschKris KristoffersonSam PeckinpahSergio LeoneWestern J'ai toujours été fasciné par le western, ses codes, ses courants, ses icônes. Aussi loin que remonte ma mémoire (je pense notamment à ces <strong>Leone </strong>qui ont marqué mon enfance, enregistrés sur de vieilles cassettes ayant déjà servi cent fois, dans une VF plus qu'approximative), la relation que j'entretiens avec le genre a toujours été hypnotique.<br /><p>
Mais ce dont il est question ici, ce <img title="john_wayne.jpg, août 2011" style="float: right; margin: 0 0 0.5em 1em;" alt="john_wayne.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/public/RENAUD/CINEMA/westerns_atypiques/.john_wayne_s.jpg" />n'est pas du western classique tel que <ins>La Chevauchée Fantastique</ins> (1939) ou encore <a href="https://www.je-mattarde.com/?post/Le-Train-Sifflera-Trois-Fois%2C-de-Fred-Zinnemann-%281952%29"><ins>Le Train Sifflera Trois Fois</ins></a> (1952), avec sa pléthore d'acteurs et de réalisateurs mythiques (<strong>John Ford</strong>,<strong> John Wayne</strong>, <strong>Gary Cooper</strong>, etc.) et son manichéisme outrecuidant, mais plutôt de ces westerns qui ont permis un renouvellement — voire une résurrection — du genre à la fin des années 1960. On les nomme « crépusculaires », « spaghettis » ou même « anti-westerns » mais peu importe l'appellation. Ils brisent les codes précédemment établis pour établir les leurs, avec leurs personnages complexes, leurs musiques emblématiques (merci <strong>Morricone)</strong>, la lenteur des duels, les gros plans caricaturaux... Je les qualifierai « westerns atypiques », même si paradoxalement, c'est parfois ceux qu'on connaît le mieux.<br />Concernant le contenu du billet, certains oublis sont volontaires (d'autres, fatalement, ne le sont pas). Je ferai par exemple abstraction de <strong>Sergio Leone</strong> : bien qu'il soit l'un des plus grands instigateurs de cette révolution, tout le monde connaît sa filmographie, en grande partie dédiée au western et conclue par un magistral <ins>Il Était Une Fois En Amérique</ins> (1984) qui n'en est pas un. De même, mais pour des raisons moins flatteuses, vous ne verrez pas apparaître — encore une fois, à titre d'exemple — le nom du troisième volet d'une saga de <strong>Robert Zemeckis</strong> (faut pas exagérer non plus, c'est limite hors-sujet).<br /> Mis à part ça, la discussion est ouverte.</p>
<p><img title="clint_eastwood.jpg, août 2011" style="float: left; margin: 0 1em 0.1em 0;" alt="clint_eastwood.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/westerns_atypiques/clint_eastwood.jpg" />Tout d'abord, la transition. La fin des années 1960 et les années 1970 foisonnent de films qui flirtent avec le genre, les cendres des classiques sont encore chaudes. <strong>Clint Eastwood</strong>, outre le fait qu'il soit à l'origine d'une vague de fumeurs de cigares, (il n'a pas brillé qu'au soleil : <ins>Un Frisson Dans La Nuit</ins> (1971), premier film en tant que réalisateur, <ins>L'Inspecteur Harry</ins> (1971), <ins>Un Monde Parfait</ins> (1993), <ins>Mystic River</ins> (2003), et plus récemment <ins>Gran Torino</ins> (2009) pour les meilleurs), a eu une contribution plus que généreuse. On peut citer chronologiquement <ins>Pendez-Les Haut Et Court</ins> (1968), <ins>L'Homme Des Hautes Plaines</ins> (1973), <ins>Josey Wales Hors-La-Loi</ins> (1976), <ins>Pale Rider</ins> (1985) et <ins>Impitoyable</ins> (1992), où le « héros » n'incarne plus les valeurs morales traditionnelles telles que le respect et l'altruisme, mais offre une ambivalence plus riche qui rend difficile le discernement entre le bien et le mal.</p>
<p><strong><img title="bob_dylan.jpg, août 2011" style="float: left; margin: 0 1em 0.1em 0;" alt="bob_dylan.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/westerns_atypiques/bob_dylan.jpg" />Sam Peckinpah</strong> fait aussi bonne figure dans cette rubrique (il a aussi réalisé d'autres excellents films en dehors du genre, avec par exemple <ins>Les Chiens De Paille</ins> (1971) et <ins>Croix De Fer</ins> (1977)). Même si <ins>Coups De Feu Dans La Sierra</ins> (1962) ne se démarque pas vraiment du classique, <ins>La Horde Sauvage</ins> (1969), et <ins>Pat Garret & Billy The Kid</ins> (1973) marquent une nouvelle rupture, avec un appât du gain et une violence omniprésents dans le premier (la fusillade finale est un véritable massacre) et une histoire assez tragique dans le second (génial duo <strong>James Coburn</strong> - <strong>Kris Kristofferson</strong>, sur une musique de <strong>Bob Dylan</strong>, qui joue aussi dans le film). <strong>Sam Peckinpah </strong>enterre définitivement le western classique...</p>
<p>Un peu plus tard, trois autres « grands » films ont apporté leur contribution en donnant au western, chacun à sa manière, une orientation inédite.</p>
<p>Tout d'abord, <ins>Danse Avec les Loups</ins> (1990), de <strong>Kevin Costner</strong>. Peut être un peu trop classique et primé pour s'y attarder ici, mais la beauté du propos et surtout son originalité pour l'époque font de ce film un western novateur qui offre une vision très singulière de la conquête de l'Ouest. On ne se lasse pas de voir et revoir le lieutenant Dunbar sympathiser avec les Sioux et un loup, obtenir le surnom "Dances with Wolves", et voir la machine de guerre américaine se retourner contre lui. Une ode au pacifisme.<br />À noter, un second western de et avec <strong>Kevin Costner</strong> : <ins>Open Range</ins> (2003). Moins connu mais autant sinon plus raffiné, malgré l'échec commercial lors de sa sortie. Des personnages complexes, un orage magnifiquement filmé, et une scène de gunfight finale à couper le souffle.</p>
<p><img title="johnny_depp.jpg, août 2011" style="float: left; margin: 0 1em 0.1em 0;" alt="johnny_depp.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/westerns_atypiques/johnny_depp.jpg" />Puis <a href="https://www.je-mattarde.com/?post/Dead-Man%2C-de-Jim-Jarmusch-%281995%29"><ins>Dead Man</ins></a> (1995), de <strong>Jim Jarmusch</strong>. Certainement un des plus beaux films que j'ai jamais vus, dans un noir et blanc magnifique, porté par un <strong>Johnny Depp</strong> vagabond. L’esthétique a été travaillée avec soin : comme le disait un ami, chaque image de ce film constitue une photographie magnifique. Au menu : des références au poète anglais <strong>William Blake</strong> et aux <strong>Doors</strong>, des apparitions succinctes de <strong>Steve Buscemi</strong> et <strong>Iggy Pop</strong> (qui pour l'occasion joue le rôle d'un maraud déguisé en femme...), un étrange Indien appelé « Nobody » (Personne) persuadé que <strong>Johnny Depp</strong> est vraiment ce poète anglais dont il porte le nom, et non un vulgaire comptable... Ce film nous embarque dans un voyage funèbre, et nous plonge dans une ambiance onirique inoubliable.</p>
<p> Et enfin, <ins>There Will Be Blood</ins> (2007), de <strong>Paul Thomas Anderson</strong>. L'histoire d'un self-made man typiquement américain, l'incarnation même du capitalisme qui se nourrit du « toujours plus », interprété par <strong>Daniel Day-Lewis</strong> au sommet de son talent. Une performance hors du commun pour cet acteur qui donne au personnage une crédibilité inouïe, mais qui se heurte à un autre manipulateur : <strong>Paul Dano</strong>, autrement plus convainquant en prophète excentrique de l'église de la « troisième révélation » qu'en adolescent mielleux dans <ins>Little Miss Sunshine</ins> (2006). Deux personnalités excessives qui vont entrer dans un conflit bestial et carnassier. Le capitalisme contre l'église, deux maux, deux rivaux qui ne peuvent subsister l'un à côté de l'autre, et dont l'opposition se règlera dans le sang — comme indiqué dans le titre — au bout d'un long et lent (presque 2h40...) affrontement.<img title="there_will_be_blood.jpg, août 2011" style="margin: 1em auto; display: block;" alt="there_will_be_blood.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/westerns_atypiques/.there_will_be_blood_m.jpg" /></p>
Pour terminer, on pourrait faire un bref résumé des films récents (années 2000) qui ont tenté, avec plus ou moins de succès, un renouveau du genre.<br />Parmi les réussites, on peut citer <ins>L'Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford</ins> (2007), par <strong>Andrew Dominik</strong>, un tantinet trop long mais assez intéressant avec ce <strong>Brad Pitt</strong> incarnant une icône du banditisme en perte de vitesse, et utilisant malicieusement <strong>Casey Affleck</strong> (bluffant en Bob Ford, l'historique « dirty little coward ») pour immortaliser son personnage dans un acte de couardise sans pareil. <ins>Appaloosa</ins> (2008), de <strong>Ed Harris</strong>, fut également une agréable surprise, avec un duo <strong>Harris</strong> - <strong>Mortensen </strong>(qui tient un rôle mineur comparé à ceux qu'il a occupés dans <ins>A History Of Violence</ins> et <ins>Les Promesses De L'Ombre</ins>, de <strong>David Cronenberg</strong>) plein de complicité quand il s'agit de faire régner l'ordre. Et <strong>Jeremy Irons</strong> fait un très bon méchant.<br />Plus mitigé, <ins>The Proposition</ins> (2005) de <strong>John Hillcoat</strong> (auteur en 2009 de l'adaptation à l'écran de <a href="https://www.je-mattarde.com/?post/La-route">La Route, de Cormac McCarthy</a>) reste regardable mais pas extraordinaire. <ins>True Grit</ins> (2010), des frères <strong>Coen</strong>, n'est pas mauvais non plus, mais reste une œuvre mineure à la lumière de leur filmographie remplie de pépites (<ins>Barton Fink</ins> (1991), <ins>Fargo</ins> (1996), <ins>The Big Lebowski</ins> (1998), <ins>The Barber, The Man Who Wasn't There</ins> (2001), etc.). <ins>3h10 pour Yuma</ins> (2007), par <strong>James Mangold</strong>, aurait pu figurer dans le haut de la liste, <strong>Christian Bale</strong> et <strong>Russel Crowe</strong> ne se cantonnant pas à leurs rôles habituels d'acteurs qui ignorent tout du sens du mot « finesse ». Mais après une première moitié convaincante, le film sombre malheureusement dans le stéréotype et offre un final... comment dire... à pleurer. On peut aussi penser à <ins>Trois Enterrements</ins> (2005), de <strong>Tommy Lee Jones</strong>, pas sensationnel mais somme toute plutôt divertissant en road movie texan et à cheval, avec quelques originalités (comme le déroulement désordonnée de l'histoire, temporellement parlant).<br />Mais les ratages complets existent aussi, et <strong>Vincent Cassel</strong> nous le rappelle, en incarnant <ins>Blueberry</ins> (2004), de <strong>Jan Kounen</strong>. À l'origine, le film est plein de promesses (film inspiré de la bande dessinée de <strong>Jean Giraud</strong>, alias <strong>Mœbius</strong>), mais on se lasse — très — vite de cette profusion de feux d'artifice visuels, d'insectes grouillant et autres effets spéciaux discutables. Vraiment, rien de bon à retenir.<br /><p>De nouvelles pistes sont régulièrement étudiées, encore aujourd'hui (et jusqu'en Corée du Sud avec <ins>Le Bon, La Brute Et Le Cinglé</ins> (2008), de <strong>Kim Jee-woon</strong>), et la diversité des thèmes traités est sans cesse renouvelée (comme l'homosexualité dans <ins>Le Secret De Brokeback Mountain</ins> (2005), par <strong>Ang Lee</strong>). Le western n'est peut être pas encore mort...</p>
<p><ins>Mise à jour du 03/10/2011</ins> : <a href="https://www.je-mattarde.com/?post/Blackthorn%2C-de-Mateo-Gil-%282011%29">Blackthorn</a>, western surprenant et envoûtant, de <strong>Mateo Gil</strong> (2011).</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Des-westerns-plut%C3%B4t-atypiques#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/24