Je m'attarde - Mot-clé - Couple le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearEt la lumière fut, de Otar Iosseliani (1989)urn:md5:2313eeb12658fb663370dfd33b15eb9d2024-01-08T09:57:00+01:002024-01-08T09:57:00+01:00RenaudCinémaAfriqueCasamanceConteCoupleDéforestationForêtMatriarcatMortOtar IosselianiRivièreSénégalVieillesse <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/et_la_lumiere_fut.jpg" title="et_la_lumiere_fut.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.et_la_lumiere_fut_m.jpg" alt="et_la_lumiere_fut.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Dans une forêt de Casamance</strong></ins></span>
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<p>Et c'est là où je l'attendais le moins qu'<strong>Otar Iosseliani </strong>me surprend le plus, au détour d'une coproduction entre France, Allemagne et Italie, un film sous des allures de conte flirtant avec le non-fictionnel situé dans un village de Casamance, dans le sud du Sénégal, parmi les peuples diolas. <ins>Et la lumière fut</ins> est une œuvre lente, elle prend très agréablement son temps pour décrire le quotidien d'un village au cœur d'une forêt africaine avant de lancer les péripéties à proprement parler. Il y a des différends réguliers entre les différentes familles, structurées autour d'une organisation qui semble perpétuer les coutumes ancestrales d'un système matriarcal, mais le soir tout le monde se réunit pour contempler le coucher de soleil. En toile de fond, de manière très détachée, vague mais insistante, la menace des engins forestiers se précise à mesure que les arbres centenaires s'écrasent du haut de leurs centaines de mètres.</p>
<p>Ce n'est pas la première fois dans sa filmographie, mais <strong>Iosseliani </strong>s'amuse beaucoup à ne pas sous-titrer rigoureusement son film. C'était le cas notamment dans <ins>Pastorale</ins>. Ici, seulement une petite partie des dialogues a droit à des traductions, insérées sous la forme de cartons hérités du cinéma muet, sans que ce sous-titrage ainsi sous-échantillonné ne pose le moindre problème de compréhension globale, d'immersion ou de sensation. On observe les hommes laver le linge et pêcher, on observe les femmes chasser à l'arc. Les cases tanguent quand on y fait l'amour, et les crises conjugales ne sont pas rares. Une vieille femme part mourir dans la forêt : un enfant est né et il porte le même nom qu'elle. De petits radeaux transportent de la nourriture le long de canaux sinueux, quelques querelles amoureuses animent le village, on communique d'un bout à l'autre du lieu à l'aide de percussions sur des troncs d'arbres. Image surréaliste servie en guise de hors-d'œuvre : une guérisseuse particulièrement douée recoud la tête coupée d'un homme qui ne gardera apparemment qu'une légère gêne au niveau de la cicatrice.</p>
<p>Dans cette position d'observateur privilégié, on pourrait passer des heures à scruter ce village, sa quiétude, ses querelles, et ses environs forestiers menacés par des bûcherons qui n'oublient pas de ramener des bonbons corrupteurs. Il faut dire que les arbres tombent de plus en plus près des maisons... C'est une sorte de chronique imaginaire servie par <strong>Iosseliani</strong>, avec les sarcasmes doux habituels, qui se termine par un voyage en ville (on pense un peu à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Divine-Carcasse-de-Dominique-Loreau-1998">Divine Carcasse</a></ins> de <strong>Dominique Loreau</strong>) et une dernière vision surréaliste (les touristes contemplant l'incendie du village, en trouvant ça joli). Une bien étrange tranquillité.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/et_la_lumiere_fut/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Et-la-lumiere-fut-de-Otar-Iosseliani-1989#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1320Printemps précoce (早春, Sōshun), de Yasujirō Ozu (1956)urn:md5:42116c398978fe0d160771742305fc532023-12-20T12:21:00+01:002023-12-20T12:21:00+01:00RenaudCinémaChikage AwashimaCoupleFamilleInfidélitéJaponKeiko KishiMensongeRumeurRyō IkebeYasujirō Ozu <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/printemps_precoce.jpg" title="printemps_precoce.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.printemps_precoce_m.jpg" alt="printemps_precoce.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Adultère et renouveau amoureux</strong></ins></span>
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<p>C'est la première (dans mon expérience en tous cas) et probablement l'unique fois que <strong>Ozu </strong>aborde le thème de l'infidélité dans un film, conférant de facto à <ins>Printemps précoce</ins> un parfum singulier, en rupture avec les thématiques qu'il aura invariablement creusées au fil de sa carrière. Pour l'un de ses derniers films en noir et blanc, il délaisse totalement la toile de fond de la famille japonaise qui a fait sa réputation (les conflits larvés entre générations cohabitant dans un même espace, pour le dire très succinctement) et dédie l'ensemble de cette réalisation à un double portrait, celui de la condition des cadres qu'il dépeint comme prisonniers de leur bureau et celui du couple qui bat de l'aile. Autant dire qu'on a déjà connu des films plus joyeux même si tout n'est pas absolument démoralisant ici.</p>
<p>La situation initiale est posée très vite : il y a Shoji (<strong>Ryō Ikebe</strong>), un jeune employé dans une grande entreprise spécialisée dans la fabrication de briques, qui passe une grande partie de son temps dans les bars, avec ses amis et collègues entre bureau et maison, pour oublier son spleen de col blanc ; et il y a Masako, son épouse, magnifique <strong>Chikage Awashima</strong>, passant le plus clair de son temps à l'attendre et à s'occuper du foyer en bonne fée du logis, reflet de son époque. On apprend qu'ils souffrent d'avoir perdu un enfant en bas âge. En revanche, pour ce qui est de la péripétie venant malmener la routine de ce quotidien, il faudra attendre longtemps et <strong>Ozu </strong>saura longuement travailler notre patience... Mais l'aventure que Shoji aura avec sa collègue Chiyo, sous les traits de <strong>Keiko Kishi</strong>, sera très joliment amenée et déclenchera la seconde et très intéressante partie du film, avec la rumeur se propageant dans les rangs des employés et l'avènement des soupçons chez sa femme dont la crédulité est mise à rude épreuve.</p>
<p>Dans cette zone de flottement, après avoir pris le soin de dépeindre la routine du quotidien et l'absence de débouchés, <ins>Printemps précoce</ins> prend son envol avec l'élan libertaire initié par le comportement de Chiyo. Un personnage étonnant dans la filmographie du réalisateur, très extravertie, sanguine et libre-penseuse. Elle nous gratifie d'ailleurs d'une des très rares scènes de baiser amoureux chez <strong>Ozu </strong>— à vrai dire je ne suis pas sûr qu'il en existe une autre — produisant un dérèglement majeur, le mensonge et le compromis de trop que l'épouse ne peut tolérer et ce malgré les appels de la voisine à relativiser sur le thème "le mien aussi il a déconné, ça arrive, je lui ai remonté les bretelles et on s'en est remis depuis". L'occasion pour la femme de confesser, un peu tristement, "après tout, ce monde est fait pour les hommes". Sur une thématique proche de celle développée dans <ins>Le Goût du riz au thé vert</ins> (davantage tourné vers le délitement du couple), <strong>Ozu </strong>capte le vacillement, le doute qui s'installe chez un homme perdu dans la monotonie se réveillant soudain entre deux femmes, l'épouse incrédule et l'amante passionnée.</p>
<p>Tout dans <ins>Printemps précoce</ins> converge vers ce moment final, retrouvailles chargées en émotions dont le contenu conserve une bonne part d'ambivalence. Magnifiques dernières minutes minimalistes, les deux se retrouvant dans une petite ville perdue loin de tout suite à la mutation du mari, échangeant quelques mots, sans se toucher, qui nous laissent sur un sentiment d'incertitude à la fois amer et radieux.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img5.jpg" title="img5.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Printemps-precoce-de-Yasujiro-Ozu-1956#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1307Pieces of a Woman, de Kornél Mundruczó (2021)urn:md5:8edb593ecf30f29695012688f4795c822023-11-08T10:12:00+01:002023-11-08T10:12:00+01:00RenaudCinémaAccouchementCoupleDeuilEllen BurstynFamilleFemmeKornél MundruczóMaternitéShia LaBeoufVanessa Kirby <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/pieces_of_a_woman.jpg" title="pieces_of_a_woman.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.pieces_of_a_woman_m.jpg" alt="pieces_of_a_woman.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"How can I give this pain to someone else?"</strong></ins></span>
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<p>Pour commencer sur une note négative, <strong>Kornél Mundruczó </strong>passe à côté d'un très beau film à mes yeux, la faute à beaucoup de mauvais tics de réalisation qui viennent démesurément alourdir l'histoire d'un drame qui n'avait vraiment pas besoin de tous ces éléments pénibles en surcharge. C'est vraiment dommage, presque rageant, car pour son premier film en langue anglaise il était parvenu à dépasser le côté poseur qui m'avait beaucoup rebuté, de la même manière, dans <ins>White God</ins> ainsi que dans <ins>La Lune de Jupiter</ins>... Mais voilà, il y a en réalité quelques restes de ces mauvaises habitudes puisqu'il s'est visiblement senti obligé de parsemer son film de nombreux détails à caractère symbolique qui ont malheureusement gâché une bonne partie du visionnage. En termes de durée totale, ils ne représentent pas grand-chose objectivement, mais ils parviennent à saboter toute la dynamique du film en venant briser de temps en temps la simplicité d'un mélodrame féminin attachant par ailleurs.</p>
<p>Le très bon point de <ins>Pieces of a Woman</ins>, c'est clairement pour moi son interprète principale en la personne de <strong>Vanessa Kirby</strong>, vraiment convaincante dans le portrait qu'elle rend de cette femme brisée par (ce point est révélé assez tôt dans le film) un accouchement qui s'est soldé par la mort du bébé et ensuite broyée par le poids des différentes contraintes, de son mari, de sa famille, de son travail, etc. Elle est tout particulièrement émouvante dans ce rôle, marquant bien au-delà de la seule séquence introductive de près de 30 minutes centrées sur ledit accouchement à la maison qui vire à la catastrophe. J'ai en outre trouvé très pertinente l'importance accordée au segment dévoué à la sage-femme, une source de malheur parmi d'autres, sans en faire des tonnes dans cette direction. C'est ainsi aussi un film sur le deuil bien sûr, dans un environnement hostile avec son mari qui pète de plus en plus les plombs (<strong>Shia LaBeouf</strong>, très correct, même si sa position vis-à-vis de cette famille bourgeoise ne fait aucun sens) et sa mère désagréablement intrusive (<strong>Ellen Burstyn</strong>, idem, très convaincante).</p>
<p>En matière de mélodrame sur le couple, <ins>Pieces of a Woman</ins> dispose de solides arguments. Arguments tristement pervertis par la présence de nombreux petits naufrages scénaristiques, qu'il serait vain de lister mais dont certains sont effroyables de nullité — sur le plan symbolique, avec des graines de pomme qui bourgeonnent à la fin sur le thème "la vie reprend" avec double ration puisque l'image du pommier reviendra clore le film, ou encore ce pont en construction qui suit le cours du film en miroir, mais également sur le plan purement scénaristique, avec des coïncidences flirtant avec l’invraisemblable comme ce grand hasard de la découverte de photos précisément au moment de rendre le verdict au procès... Mais on peut tout à fait ne pas se laisser contaminer par ces obstacles, ne pas trébucher pleinement, et je conserverai malgré tout un avis positif sur tout le versant factuel qui a trait au portrait féminin, consacré à la destruction inexorable d'une cellule familiale en gestation.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img5.jpg" title="img5.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pieces-of-a-Woman-de-Kornel-Mundruczo-2021#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1273Le Retour des hirondelles, de Li Ruijun (2022)urn:md5:a250ed366643b6ce04402fd3cbf5333b2023-08-09T14:21:00+02:002023-08-09T14:21:00+02:00RenaudCinémaAmourChineCorruptionCoupleMariagePaysanRuralitéSolidarité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.retour_des_hirondelles_m.jpg" alt="retour_des_hirondelles.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Profils paysans chinois</strong></ins></span>
</div>
<p>Mon plus grand regret concernant <ins>Le Retour des hirondelles</ins> porte sur la surcouche explicative et sur-explicite qui enveloppe tout le reste, au risque de laisser un arrière-goût amer là où l'histoire de ce mariage arrangé entre deux êtres rejetés par leurs familles qui trouveront un épanouissement en milieu rural avait de beaux et sérieux arguments ne nécessitant pas un tel niveau d'insistance. Le film, long et lent, a très souvent recours à des scènes très insistantes au sujet des différentes contraintes qui pèsent sur le couple ainsi qu'à des symboles très appuyés qui ne lui font pas vraiment honneur. C'est d'autant plus dommage que <strong>Li Ruijun </strong>parvient à capter, apparemment sans trop forcer, la beauté de ces régions rurales du nord de la Chine.</p>
<p>L'image (graphique) de l'épi de blé qui se sèche, l'image (symbolique) du paysan méprisé seul à même de donner son sang à un citadin beaucoup mieux loti que lui... Des dispositifs de mise en scène de cet acabit, le film en est rempli, et le visionnage se révèle malheureusement moins fluide, naturel et agréable à cause de ces sursauts.</p>
<p>Il y a quelque chose de très simple dans la dynamique du rapport amoureux entre les deux protagonistes, tout d'abord sujets à une timidité évidente, en lien avec la méthode artificielle qui les a réunis, cédant peu à peu la place à une certaine affection — bon on est tout de même en milieu paysan donc le film insiste sur le côté un peu bourrin à ce niveau-là avec un peu trop d'emphase, mais qu'importe. La beauté du film tient également à la subsistance de leur amour, au travers de nombreuses marques d'affection (notamment au travers du rite des grains de blé appliqués sur la peau), tandis que le monde agricole environnant se désagrège — ici aussi la source de nombreuses facilités scénaristiques, sans doute en prise avec une réalité avérée, mais pas tellement fonctionnelles du point de vue cinématographique.</p>
<p>Le film a d'ailleurs subi la censure en Chine, puisqu'il a été retiré des circuits de diffusion fin 2022 : le message de la destruction de la ruralité, de l'exode urbain forcé, sur fond de corruption à peine voilée, est éminemment politique. La copie que j'ai pu voir est d'ailleurs sans doute entachée de censure, la dernière scène avec Ma ayant été amputée et une phrase de dialogue (alors que les personnages présents ne dialoguent pas, très étrange ou plus précisément très mal fait) ayant été rajoutée lors de la destruction finale de leur maison.</p>
<p>Restera malgré tout ce rythme très contemplatif, au fil des saisons extrêmement photogéniques, pour décrire ce microcosme éloigné de la toxicité de la ville et de ses compromissions. Bien sûr, ils refusent les appartements sans âme dans lesquels on les invite fortement à déménager, pour y préférer la maison en terre cuite qu'ils se sont construite. C'est dans et autour de ce lieu chaleureux que la solidarité entre les deux parias est née, en parallèle du cycle des cultures, malgré les nombreuses formes d'exploitation, en résistance à la désagrégation des communautés paysannes.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Retour-des-hirondelles-de-Li-Ruijun-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1208Un couple, de Frederick Wiseman (2022)urn:md5:134d7eca86d3396484663c2dbdad76712023-08-08T09:42:00+02:002023-08-08T09:42:00+02:00RenaudCinémaBiographieBretagneCoupleFrederick WisemanLéon TolstoïMorbihan <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/couple/.couple_m.jpg" alt="couple.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Wiseman, hors sentier</strong></ins></span></div>
<p>Exercice très étonnant de la part de <strong>Frederick Wiseman</strong>, et de manière surprenante hypnotisant dans son procédé : <strong>Nathalie Boutefeu</strong>, dans le rôle de <strong>Sophia Tolstoï </strong>— unique personnage du film court — se confiant presque face caméra au sujet de son admiration et de ses craintes pour son mari, dans un décor très bucolique de Belle-île-en-Mer dans le Morbihan.</p>
<p>Très étonnant à plus d'un titre : à 92 ans, c'est la seconde fiction signée par <strong>Wiseman </strong>(en 2002 il y avait eu <ins>La Dernière Lettre</ins>, une histoire russe à travers une relation épistolaire, déjà), qui jouait la même année le rôle d'une gynécologue chez <strong>Rebecca Zlotowski </strong>(<ins>Les Enfants des autres</ins>). Le film dure à peine une heure, il n'y a qu'un seul personnage, et de côtes en forêts elle récite des passages de lettres que les époux s'écrivaient, entre disputes et réconciliations, toujours très intenses. Il ne faut pas attendre longtemps pour voir se dessiner les contours d'une relation de couple tumultueuse.</p>
<p>Hypnotisant, aussi, et ce de manière forcément plus subjective, car l'exercice de style a beau avoir recours à des procédés un peu poussifs (les plans fixes sur des coins de nature, une mare, un insecte, un rocher, finissent par se faire un peu usants), il finit par porter ses fruits au travers du martèlement des monologues de <strong>Nathalie Boutefeu</strong>. Tantôt admirative du travail de son mari, tantôt très mécontente de celui dont le manque d'investissement semble nourrir le versant dysfonctionnel du couple, on navigue sur le flot d'émotions changeantes, partagées entre la joie, la peur, et la colère. Initialement prise dans la glace d'une pudeur des sentiments, la comédienne se livre progressivement et fait se fissurer cette façade pour laisser exploser les passions diverses.</p>
<p>L'alternance de monologues et de plans de nature forme un contraste pas toujours très réussi, parfois un peu naïf (la lumière dans les arbres, les vagues contre la côte rocheuse), mais en tous cas à l'origine d'une atmosphère très singulière. Une ambiance au sein de laquelle émerge un témoignage pudique et délicat, parfois poignant, sur une vie de couple difficile, de la part d'une femme partagée entre une multitude de sentiments, entre épanouissement et frustration, entre indépendance et soumission. J'ai bien aimé comment les lettres partent d'un terreau aimant pour petit à petit évoluer vers une amertume qui nourrira en retour des reproches clairement formulés.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/couple/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/couple/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-couple-de-Frederick-Wiseman-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1207Triple Assassinat dans le Suffolk, de Peter Greenaway (1988)urn:md5:0b2f1c5fdc3b4825db3c5d034a58ae0f2023-08-02T09:09:00+02:002023-08-02T09:09:00+02:00RenaudCinémaAssassinatComédieCoupleHumour noirInfidélitéMystèrePeter GreenawayRoyaume-UniSatireSexe <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/triple_assassinat_dans_le_suffolk/.triple_assassinat_dans_le_suffolk_m.jpg" alt="triple_assassinat_dans_le_suffolk.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Punish those who have caused great unhappiness by their selfish actions."</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Peter Greenaway </strong>a vraiment un style bien à lui, à la fois très affirmé et tout en retenue, passant autant par des partis pris esthétiques que par certains aspects d'écriture et une narration légèrement décalée. On retrouve dans <ins>Drowning by Numbers</ins> de nombreuses particularités déjà présentes dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtre-dans-un-jardin-anglais-de-Peter-Greenaway-1982">Meurtre dans un jardin anglais</a></ins>, à savoir un côté franchement inclassable, une introduction troublante donnant assez vite le ton, un humour noir tranchant, et des singularités franches dans les compositions graphiques du film. Les dialogues sont en outre le support de nombreuses particularités, que ce soit dans la satire cinglante ou l'humour noir, et contribuent grandement au charme du film pour peu qu'on y soit sensible. Cela peut se faire au détour de remarques sarcastiques très brèves ("<em>Do all fat men have little penises?</em>" dira une femme avec nonchalance en regardant le corps d'un homme), souvent grivoise, ou de développements plus amples, à l'instar de ce garçon expliquant les raisons de son jeu macabre : "<em>The object of this game is to dare to fall with a noose around your neck from a place sufficiently high enough off the ground, such that the fall will hang you. The object of the game is to punish those who have caused great unhappiness by their selfish actions. This is the best game of all, because the winner is also the loser, and the judge's decision is always final.</em>"</p>
<p>À l'origine de l'intrigue, trois fois rien : il y a trois femmes portant le même nom, Cissie Colpitts (n°1 n°2 n°3 respectivement), et trois insatisfactions dans leur couple pour diverses raisons, les conjoints faisant preuve d'infidélité ou de désintérêt pour le sexe. Trois femmes issues de la même famille, lancées dans une comédie noire où le meurtre libère. Initialement, la grand-mère saisit une opportunité en noyant son mari dans une baignoire, tandis qu'il manifeste un manque évident de décence en compagnie d'une prostituée : ce sera le début d'une sorte de rituel de la noyade perpétué de mère en fille et petite-fille, selon un triptyque baignoire / mer / piscine. Un des carburants de la comédie : chacune des trois femmes séduit malicieusement le médecin légiste afin qu'il les innocente par son verdict. "<em>Could you get it up three times in an afternoon, Madgett?</em>"</p>
<p>L'exercice peut paraître un peu vain sur la base de ces observations, mais tout le film semble comme enveloppé d'un voile surréaliste agréable. <strong>Greenaway </strong>(et son chef op <strong>Sacha Vierny</strong>) s'amuse à composer de nombreux plans comme des hommages à la peinture, au travers de natures mortes ou d'évocation de tableaux de Brueghel, et il en résulte une atmosphère légèrement ésotérique souvent savoureuse — souvent car il y a quand même un petit côté jusqu'au-boutiste dans les traits d'esprit qui peut virer au matraquage intellectuel, quand bien même la finalité serait systématiquement ludique. Le jeu des nombres de 1 à 100 disséminés dans les deux heures, par exemple, n'est pas d'un intérêt transcendant à mes yeux, mais d'autres "jeux" dispose d'un potentiel comique assez noir, comme "Sheep and Tides" impliquant des moutons attachés au bord de l'eau à marée montante, ou encore ce jeu du linceul particulièrement prophétique. De manière assez surprenante, l'ensemble s'apparente à un capharnaüm baroque orné de répliques à la lisière du burlesque du même meurtre.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/triple_assassinat_dans_le_suffolk/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Triple-Assassinat-dans-le-Suffolk-de-Peter-Greenaway-1988#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1198Take Shelter, de Jeff Nichols (2011)urn:md5:6128766f1ec87e5d56a90714b508e7b12023-03-14T14:44:00+01:002023-03-14T14:44:00+01:00RenaudCinémaAbriApocalypseCatastropheCoupleEtats-UnisFamilleJeff NicholsJessica ChastainMichael ShannonParanoïaPeurScience-fictionSurditéTempêteThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/take_shelter/.take_shelter_m.jpg" alt="take_shelter.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>L'Amérique hantée par sa ruine</strong></ins></span>
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<p>Revoir <ins>Take Shelter</ins> 10 ans après, quel plaisir... Constater que les déceptions "récentes" chez <strong>Jeff Nichols </strong>n'étaient pas ou pas uniquement dues à une carapace cinématographique en perpétuel épaississement, raviver les souvenirs d'émois anciens devant la chute libre de <strong>Michael Shannon </strong>dans un de ses rôles les plus marquants, recentrer le contenu du film à partir de la profusion de faisceaux qui s'en dégagent. La liste des sensations suscitées par une telle séance est longue, éminemment subjective, à mesure qu'on se faufile au travers de tous les niveaux de lecture, et participe à esquisser le portrait d'un cinéma de la catastrophe et de sa périphérie longtemps avant que la collapsologie devienne une thématique de premier plan.</p>
<p>Le plus satisfaisant dans un récit tissé de la sorte tient sans doute dans la cohabitation paisible et pacifique d'une multitude de segments indépendants, d'arcs narratifs explorant des horizons divers dans le champ des angoisses du début du XXIe siècle. La finesse de l'écriture du scénario par <strong>Jeff Nichols </strong>parvient à articuler une quantité conséquente de replis variés, et c'est à mes yeux la clé de voûte d'un film brassant des thèmes aussi divers que le drame familial, le thriller paranoïaque, la science-fiction pré-apocalyptique, ou encore la tragédie existentielle. C'est ce qui différencie <ins>Take Shelter</ins> du tout-venant dans ces registres, souvent éjecté dans la case de la dramaturgie lourdingue ou du film à twist stérile.</p>
<p>C'est aussi cette écriture qui fait que l'on ne peut pas réduire le film à une seule de ces composantes, tout en laissant la possibilité à chacun, à chaque sensibilité, de plus ou moins se focaliser sur l'un ou l'autre des aspects comme un jeu de piste. Avec un tableau aussi chargé sur le papier, on imagine facilement dans quelle logique de surenchère on aurait pu se retrouver prisonnier. Mais tout se maintient dans un équilibre élégant et fertile, que ce soit le fonctionnement du noyau familial, les relations professionnelles, la peur diffuse et protéiforme qui enfle, l'angoisse du caractère potentiellement réel des signes annonciateurs, ou encore la conscience du protagoniste quant à son état psychologique fébrile.</p>
<p>Chose sans doute très intime et personnelle, la progression de l'obsession et de l'angoisse liée chez le protagoniste m'est apparue comme très percutante, tenace, aussi poisseuse que la pluie jaune corrompue qui infiltre son univers. Le recours au "mensonge à l'écran", en figurant le contenu de ses cauchemars comme s'il s'agissait de la réalité l'espace d'un instant, fonctionne très bien car il est utilisé avec parcimonie et irrigue toute une strate du récit, avec les douleurs physiques et les blessures psychiques qui persistent bien au-delà chez Curtis. La parcimonie se retrouve également dans la figuration des visions apocalyptiques, c'est manifestement très personnel aussi mais l'évocation à la fois intense et discrète de paysages chaotiques, avec d'immenses tornades au loin qui se découpent dans l'horizon et perçues depuis un environnement proche (un jardin, un chantier, une plage), fonctionne infiniment plus chez moi que tous les effets spéciaux à grand spectacle réunis. J'y crois.</p>
<p>Au final, la question de savoir si <strong>Shannon </strong>est un prophète ou un cas psychiatrique importe très peu au regard de la possible superposition de ces deux états. En un sens c'est davantage le fait que l'interrogation demeure qui revêt un intérêt, en tous cas plus que le travail de collecte d'indices accréditant telle ou telle thèse. La question plus que la réponse. Et cette incertitude fondatrice n'est permise que grâce à la confection minutieuse d'une ambiance qui prend le temps de poser ses jalons, lentement, les uns après les autres. On voit peu à peu les obstacles apparaître sur la route et joncher le quotidien, alimentant une peur hétéroclite : il y a la terreur de la catastrophe, palpable, conditionnant son comportement le jour (la construction d'un abri) comme la nuit (la souffrance des cauchemars), mais il y a aussi tout le spectre des angoisses quotidiennes, dessinant le portrait de l'époque états-unienne contemporaine hantée par sa ruine. La menace du chômage, l'angoisse de la maladie héréditaire, la fragilité de la protection sociale, l'insécurité climatique, la peur de l'autre : les préoccupations économiques et sociales de notre temps semblent entièrement synthétisées en un seul homme, avec pour point culminant l'épisode traumatique du bunker où l'on ne sait pas si l'on assiste à une forme de salut, de rémission, ou d'absolution.</p>
<p>D'un mouvement initial répondant à la menace (chimérique ou non) par la sécurisation de son foyer, <ins>Take Shelter</ins> dévie de sa trajectoire pour s'orienter vers une piste bien plus tangible, dans laquelle l’irrationalité semble exclue et où les multiples perceptions du réel peuvent coexister. C'est d'autant plus surprenant que j'avais complètement éludé cette dimension-là (au premier visionnage ou sous l'effet du temps) : <strong>Jeff Nichols </strong>conclut sur une pirouette qui n'en est pas vraiment une, au sens où il ne statue pas de manière claire au sujet des doutes égrainés pendant deux heures, il choisit les points de suspension plutôt que le point final tout en soulignant le sillage laissé par le couple. Le film se referme ainsi sur une page très intime, montrant les deux personnages qui se sont tant opposés enfin réconciliés, <strong>Michael Shannon </strong>et <strong>Jessica Chastain </strong>regardant enfin dans la même direction (celle du cyclone, en l'occurrence). Une complicité est née, finalement, la femme acquiesce et constate la catastrophe qui arrive d'un discret "ok", qu'elle soit lucide ou bien à son tour contaminée par une folie paranoïaque, cela n'a plus d'importance. La fin du monde est peut-être à leur porte, la famille est à nouveau réunie.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/take_shelter/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
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