Je m'attarde - Mot-clé - Ed Harris le temps d'un souffle<br />2024-03-18T09:08:17+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearGame Change, de Jay Roach (2012)urn:md5:ec22cef2c421bbba26b3bbf966df81b02020-03-14T21:15:00+01:002020-03-14T21:29:45+01:00RenaudCinémaEd HarrisElectionsEtats-UnisJay RoachJulianne MoorePolitiqueWoody Harrelson <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/game_change/.game_change_m.jpg" alt="game_change.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"You don't think she's too outside the box?"</strong></ins></span>
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<p><strong>Jay Roach </strong>est décidément un étonnant contemplateur satirique de la société américaine, depuis une position politiquement très acerbe, si on l'évalue à l'aulne de quelques-unes de ses productions récentes : <ins>Dalton Trumbo</ins>, <ins>Scandale</ins> (Bombshell), et ce <ins>Game Change</ins>, donc, qui retraçait 4 ans après la campagne présidentielle américaine de 2008 le parcours de l'inénarrable <strong>Sarah Palin</strong>. Et alors que l'on garde bien en tête l'interminable liste des boulettes, des situations gênantes et des prises de position vaseuses du gouverneur d'Alaska plus d'une décennie plus tard, le réalisateur américain y accorde une attention tout à fait étonnante, à la faveur d'un portrait incroyablement pondéré — au regard de la personnalité de sa protagoniste.</p>
<p><em>"Primary difference being Sarah Palin can't name a Supreme Court decision, whereas Barack Obama was a constitutional law professor."</em></p>
<p>Il ne sera jamais question de se moquer du manque (voire de l'absence totale) de discernement de <strong>Palin </strong>qui se manifeste constamment, au détour de quelque question que ce soit ayant trait à autre chose que la thématique de l'énergie en Alaska. Confusion entre Al-Qaïda et le régime de <strong>Saddam Hussein</strong>, incapacité de distinguer l'Irak de l'Afghanistan, "je connais bien la Russie car je la vois de mon balcon" (en substance), positions créationnistes abracadabrantesques, appel à la haine d'Obama sous prétexte qu'il serait Arabe, inculture totale dans toutes les directions... Les angles d'attaque ne manqueraient pas pour s'adonner à un dégommage en règle, et pourtant <strong>Jay Roach </strong>ne cherchera jamais vraiment à ridiculiser <strong>Palin </strong>au-delà du strict minimum inévitable qui accompagne la présentation de certains faits simples. Au contraire, une certaine empathie se crée autour de ce personnage méprisé par beaucoup, y compris dans son entourage professionnel proche. Car là n'est pas vraiment le point focal du biopic.</p>
<p><em>"There's a dark side to American populism. Some people win elections tapping into it. I'm not one of those people."</em></p>
<p>L'élection présidentielle n'est en réalité qu'un prétexte, une période de catalyse durant laquelle le jeu des communicants (très bien incarnés par <strong>Woody Harrelson </strong>et <strong>Sarah Paulson</strong>) peut se voir au grand jour plus qu'à n'importe quel autre moment. Cela relève de l'évidence : les représentants politiques sont castés comme le seraient des stars, et ils deviennent le réceptacle de discours et de "pensées", définis par une foule sous-jacente de spin doctors, qu'ils se contentent de régurgiter du mieux qu'ils peuvent. Formatés malgré eux par le travail des autres, en quelque sorte, de façon à rentrer de force dans le moule. Dans ce jeu de marionnettistes, <strong>Julianne Moore </strong>excelle dans le rôle de <strong>Sarah Palin</strong> (incroyable, vraiment) et <strong>Ed Harris </strong>dans celui de <strong>McCain </strong>ne détonne pas. Elle la conservatrice inconsistante et instable, lui le conservateur cultivé et apaisé — en totale contradiction avec la radicalisation de son parti gangréné par le poids du Tea Party, d'ailleurs. Rarement ai-je vu un tel bouillonnement, en prise directe avec les rouages de la machine électorale, avec l'illustration ahurissante de l’abîme qui peut séparer l'assurance affichée des candidats en toutes circonstances, de manière presque obligatoire, et la complexité alliée à la diversité des sujets qu'ils entendent maîtriser.</p>
<em>
"No news story lasts more than 48 hours any more. News is no longer meant to be remembered. It's just entertainment."
</em><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/game_change/.couple_m.jpg" alt="couple.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Game-Change-de-Jay-Roach-2012#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/746Knightriders, de George A. Romero (1981)urn:md5:a9ffa30b3b045dfc3b2c9444d9554eb02018-10-22T16:36:00+02:002018-10-22T16:36:00+02:00RenaudCinémaChevalerieEd HarrisGeorges A. RomeroMotoMoyen Âge <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/knightriders/.knightriders_m.jpg" alt="knightriders.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="knightriders.jpg, oct. 2018" />
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<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les chevaliers motorisés de la table ronde<br /></strong></ins></span>
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<p>Victime de la représentation que l'on peut communément se faire de l'œuvre de <strong>Romero</strong>, c'est-à-dire une collection plus ou moins fleurie et bigarrée de films de zombies, <ins>Knightriders</ins> peut susciter une surprise conséquente. Et même au-delà, indépendamment de cette perspective-là, il est tout de même question d'un ovni cinématographique dans lequel l'Amérique du début des 80s nourrit une version motorisée du mythe des chevaliers de la table ronde. L'appartenance à un groupe digne de celui qui entourait le roi Arthur est claire dans ses références, mais sa transposition peut dans un premier temps dérouter, et ce sévèrement : il s'agit d'une communauté de marginaux itinérants, très bien organisés, qui se donnent en spectacle à l'occasion de joutes médiévales... à moto.</p>
<p><ins>Knightriders</ins> date de 1981 et pourtant on jurerait qu'il s'agit d'un pur produit de la contre culture des années 70. Encore une dimension déroutante, dans ce décalage de contexte de production, qui s'ajoute à celle liée au contenu purement thématique alliant Moyen Âge et motocross.</p>
<p>La première scène joue énormément sur l'incertitude (renforcée par la représentation que l'on peut avoir d'un film des années 80 d'une part, et d'autre part de la partie émergée de la filmographie de <strong>Romero</strong>). <strong>Ed Harris </strong>est présenté comme un roi baignant dans l'eau d'un lac, dans un décor bucolique, avec sa Guenièvre l'aidant à revêtir son armure avant de monter sur son destrier. Une moto. La scène bénéficie d'une atmosphère magique, et ce qui s'apparente à un gag en clôture (l'apparition du destrier motorisé) enfonce encore davantage le clou du ton déroutant.</p>
<p>Aucun trace de fantastique ici, et presque aucune place à la violence. Tout tourne autour de cette communauté aux mœurs inhabituelles, avec un postulat de base (les chevaliers de la table ronde dans le décor d'<ins>Easy Rider</ins>, grosso modo) pouvant être difficile à accepter de prime abord. <strong>Romero</strong> s'engageant dans une déclaration d'amour à la réalisation d'une utopie de marginaux ajoute une pierre à cet édifice bizarre et déconcertant. Et pourtant, chose difficile à croire, la mélancolie qui se dégagera de leur mode de vie assorti de certaines contraintes est vraiment émouvante. On finit par y croire, au code d'honneur dont le roi Arthur du XXe siècle se porte garant et à cette micro-société hors du temps basée sur une forme d'idéalisme chevaleresque étonnante.</p>
<p>Il est d'ailleurs difficile de savoir s'ils sont sérieux, au début, tant on les sent prêts à mourir pour la cause qu'ils défendent. Le thème du compromis est cristallisé par le personnage de <strong>Tom Savini</strong>, lui qui goûtera au luxe de la société de consommation (déjà au cœur de <ins>Zombie</ins> sorti 3 ans plus tôt, par exemple) et qui en deviendra un parangon pitoyable (la séance de shooting photo, tout en cuir & fourrure, est d'un kitsch absolu et génial). La critique de l'autorité policière suit la même logique, même si elle est beaucoup plus évidente, bas du front, et un peu caricaturale. Face à cette évolution du monde saturé de vices, leur échappatoire semble relever de la nécessité.</p>
<p>Aussi improbable que cela puisse paraître, cette fable contestataire sur la difficulté à faire vivre des idéaux recèle une part de poésie aussi déstabilisante que le décorum constitué de chevaliers à motos.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/knightriders/.harris_m.jpg" alt="harris.jpg" title="harris.jpg, oct. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/knightriders/.moto_m.jpg" alt="moto.jpg" title="moto.jpg, oct. 2018" />
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