Je m'attarde - Mot-clé - Elections le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearPottsville, 1280 habitants, de Jim Thompson (2016)urn:md5:c127bca2cdd336c60fee278e53ee3d532023-11-06T15:19:00+00:002023-11-06T15:19:00+00:00GillesLectureBertrand TavernierElectionsHumour noirMeurtrePolarRoman noirShérif <div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Pottsville-1280-habitants-Jim-Thompsom_m.jpg" alt="Pottsville, 1280 habitants, de Jim Thompson (2016)" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.coup-de-tochon-tavernier-1981_m.jpg" alt="Coup de Torchon, Bertrand Tavernier (1981)" /></div>
<p>Ma première rencontre avec l’œuvre de <strong>Jim Thompson</strong>, je la dois à l’adaptation cinématographique de<strong> Bertrand Tavernier </strong>avec l'immense - au propre comme au figuré - <strong>Philippe Noiret</strong>. Le nihilisme et le bagout du personnage central qu'il incarnait dans <ins>Coup de torchon</ins> (1981) m'avaient ébahi-hi, comprendre : j'ai beaucoup ri. Même en choisissant de déplacer l'action du Texas vers
l'Afrique dans une colonie française des années 30, <strong>Bertrand Tavernier
</strong>réussit à raconter le cheminement sur une ligne de crête d'un shérif qui pratique une morale abasourdissante et fait preuve d'un grand sens de l'inaction, du moins en apparence.</p>
<p>C'est tout récemment que je dévora enfin ce roman de <strong>Jim Thompson</strong> paru en 1961 aux États-Unis. Concernant la traduction, il est de notoriété que la traduction française datant de 1964 a amputé la petite ville de Pottsville de cinq habitants dans le titre et tronqué l'histoire de plusieurs passages. C'est seulement en 2016 qu'une traduction intégrale est parue chez Rivages. La lecture du roman n'a rien de vain si on a vu le film, et vice-versa. Le contexte faisant, on y croise des salauds et des crapules avec un pedigree différent.</p>
<p>C'est à travers la voix de Nick Corey lui-même que l'histoire nous est racontée, shérif du comté de Pottsville au Texas, un lieu qui compte 1280 âmes au début de l'histoire. Selon la coutume américaine, le shérif est une fonction élective, et implique donc des élections, et implique donc une campagne électorale. Nick n'aime pas beaucoup travailler, il lâche prise, il ferme un œil chaque fois qu'il le peut : et quand il s'agit de malhonnêtes gens qui ont de l'argent et du pouvoir, il ferme les deux. Pourtant ces nouvelles élections et des circonstances concomitantes bouleversent son modus operandi pour assurer la tranquillité dans la ville... Nick a aussi une propension pour les anicroches avec sa femme (terrifiante) et pour les idylles amoureuses qui peuvent parfois l'entraver dans l'exercice de ses fonctions. Au rayon des polars truculents, <ins>Pottsville, 1280 habitants</ins> restera encore longtemps un spécimen de choix pour ses dialogues et son humour subversif.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pottsville%2C-1280-habitants%2C-de-Jim-Thompson-%282016%29#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1278Game Change, de Jay Roach (2012)urn:md5:ec22cef2c421bbba26b3bbf966df81b02020-03-14T21:15:00+01:002020-03-14T21:29:45+01:00RenaudCinémaEd HarrisElectionsEtats-UnisJay RoachJulianne MoorePolitiqueWoody Harrelson <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/game_change/.game_change_m.jpg" alt="game_change.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"You don't think she's too outside the box?"</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Jay Roach </strong>est décidément un étonnant contemplateur satirique de la société américaine, depuis une position politiquement très acerbe, si on l'évalue à l'aulne de quelques-unes de ses productions récentes : <ins>Dalton Trumbo</ins>, <ins>Scandale</ins> (Bombshell), et ce <ins>Game Change</ins>, donc, qui retraçait 4 ans après la campagne présidentielle américaine de 2008 le parcours de l'inénarrable <strong>Sarah Palin</strong>. Et alors que l'on garde bien en tête l'interminable liste des boulettes, des situations gênantes et des prises de position vaseuses du gouverneur d'Alaska plus d'une décennie plus tard, le réalisateur américain y accorde une attention tout à fait étonnante, à la faveur d'un portrait incroyablement pondéré — au regard de la personnalité de sa protagoniste.</p>
<p><em>"Primary difference being Sarah Palin can't name a Supreme Court decision, whereas Barack Obama was a constitutional law professor."</em></p>
<p>Il ne sera jamais question de se moquer du manque (voire de l'absence totale) de discernement de <strong>Palin </strong>qui se manifeste constamment, au détour de quelque question que ce soit ayant trait à autre chose que la thématique de l'énergie en Alaska. Confusion entre Al-Qaïda et le régime de <strong>Saddam Hussein</strong>, incapacité de distinguer l'Irak de l'Afghanistan, "je connais bien la Russie car je la vois de mon balcon" (en substance), positions créationnistes abracadabrantesques, appel à la haine d'Obama sous prétexte qu'il serait Arabe, inculture totale dans toutes les directions... Les angles d'attaque ne manqueraient pas pour s'adonner à un dégommage en règle, et pourtant <strong>Jay Roach </strong>ne cherchera jamais vraiment à ridiculiser <strong>Palin </strong>au-delà du strict minimum inévitable qui accompagne la présentation de certains faits simples. Au contraire, une certaine empathie se crée autour de ce personnage méprisé par beaucoup, y compris dans son entourage professionnel proche. Car là n'est pas vraiment le point focal du biopic.</p>
<p><em>"There's a dark side to American populism. Some people win elections tapping into it. I'm not one of those people."</em></p>
<p>L'élection présidentielle n'est en réalité qu'un prétexte, une période de catalyse durant laquelle le jeu des communicants (très bien incarnés par <strong>Woody Harrelson </strong>et <strong>Sarah Paulson</strong>) peut se voir au grand jour plus qu'à n'importe quel autre moment. Cela relève de l'évidence : les représentants politiques sont castés comme le seraient des stars, et ils deviennent le réceptacle de discours et de "pensées", définis par une foule sous-jacente de spin doctors, qu'ils se contentent de régurgiter du mieux qu'ils peuvent. Formatés malgré eux par le travail des autres, en quelque sorte, de façon à rentrer de force dans le moule. Dans ce jeu de marionnettistes, <strong>Julianne Moore </strong>excelle dans le rôle de <strong>Sarah Palin</strong> (incroyable, vraiment) et <strong>Ed Harris </strong>dans celui de <strong>McCain </strong>ne détonne pas. Elle la conservatrice inconsistante et instable, lui le conservateur cultivé et apaisé — en totale contradiction avec la radicalisation de son parti gangréné par le poids du Tea Party, d'ailleurs. Rarement ai-je vu un tel bouillonnement, en prise directe avec les rouages de la machine électorale, avec l'illustration ahurissante de l’abîme qui peut séparer l'assurance affichée des candidats en toutes circonstances, de manière presque obligatoire, et la complexité alliée à la diversité des sujets qu'ils entendent maîtriser.</p>
<em>
"No news story lasts more than 48 hours any more. News is no longer meant to be remembered. It's just entertainment."
</em><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/game_change/.couple_m.jpg" alt="couple.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Game-Change-de-Jay-Roach-2012#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/746Note sur la suppression générale des partis politiques, de Simone Weil (1940)urn:md5:a243c844e39e9ab95562fb4d02fd1af02019-04-04T11:50:00+02:002019-04-04T11:50:00+02:00RenaudLectureCritiqueDémocratieElectionsJean-Jacques RousseauPartis politiquesPolitiqueSimone WeilThomas Hobbes <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques/.note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques_m.jpg" alt="note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques.jpg, mar. 2019" /><p><strong>Simone Weil </strong>(1909 - 1943) : philosophe humaniste française.<br /><strong>Simone Veil </strong>(1927 - 2017) : magistrate et femme d'État française</p>
<p>La confusion assez naturelle qui découle de cette homonymie a quelque chose de relativement cocasse, dans le sens où la carrière de la seconde correspond à ce que la première s'est attachée à dénoncer. <strong>Simone Weil</strong>, dans cette courte <ins>Note sur la suppression générale des partis politiques</ins>, expose un point de vue tranchant, de manière simple et claire, qui se révèle vraiment troublant à plusieurs titres. Pour peu qu'on soit disposé à mettre de côté les aspects de l'analyse uniquement tributaires de l'époque (1940...) et quelques hypothèses avancées un peu abruptement comme des vérités générales, l'essai s'avère incroyablement pertinent et percutant. Il en devient même déroutant tant une grande partie du constat et du raisonnement, vieux de 80 ans, correspond à ma vision personnelle de la vie politique institutionnelle contemporaine, formulée ici avec concision et éloquence.</p>
<p><strong>Weil </strong>porte dans une certaine mesure l'héritage du contrat social de <strong>Rousseau</strong>, dans son opposition à la philosophie de <strong>Hobbes</strong> (la société vue comme la perversion des individus fondamentalement bons ou au contraire comme le liant modérateur de leurs affects immoraux). On peut de temps à autre y voir une certaine naïveté, notamment dans la foi qu'elle nourrit à l'encontre de la Vérité, qui serait toute entière contenue dans chaque individualité et qui ne demanderait qu'à s'émanciper en l'absence de contraintes, mais cela n'entache pas foncièrement le raisonnement à mes yeux.</p>
<p>Parmi les principaux éléments de constat, on peut noter ceux-ci :</p>
<ul><li>L'organisation sociale en régime républicain repose sur un équilibre instable, sur un calcul
de probabilité un peu hasardeux : "<em>le véritable esprit de 1789 consiste à penser, non pas
qu'une chose est juste parce que le peuple la veut, mais qu'à certaines
conditions le vouloir du peuple a plus de chances qu'aucun autre
vouloir d'être conforme à la justice</em>".</li>
<li>L'essence des partis politiques s'articule autour de trois inclinations permanentes : une machine à fabriquer de la passion collective, une organisation exerçant une pression collective sur chacun de ses membres, et une entité dont l'unique fin est sa propre croissance illimitée.</li>
<li>La démocratie n'est pas une fin en soi mais un moyen en vue de tendre vers le bien.</li>
<li>La démocratie, telle qu'elle est définie en théorie (le peuple dispose du pouvoir souverain), n'a jamais été expérimentée — en Europe du moins. À ce sujet, "<em>dans ce que nous nommons de ce nom, jamais le peuple n'a l'occasion ni le moyen d'exprimer un avis sur aucun problème de la vie publique ; et tout ce qui échappe aux intérêts particuliers est livré aux passions collectives, lesquelles sont systématiquement, officiellement encouragées</em>". Une thématique étonnamment récurrente dans la critique politique d'hier et d'aujourd'hui.</li>
</ul>
<p>Sur la seule base de ces quelques constats, difficile de ne pas éprouver une très grande lassitude, pour ne pas dire une immense aversion, à la lumière de ce qu'est (et est devenue, en 80 ans) l'organisation de la vie politique au XXIe siècle. L'idée de partis vus comme des instruments ayant pour but de servir une quelconque conception du bien public n'aura jamais été aussi factice. C'est l'anesthésie morale et intellectuelle généralisée : "l<em>es partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité</em>".</p>
<p>On pourra trouver à redire à quelques endroits, notamment quand les totalitarismes du XXe siècle sont évoqués comme le péché original de tous les partis ("<em>tout parti est totalitaire en germe et en aspiration</em>"), qui tendraient à y revenir de manière indirecte et inéluctable, comme par malédiction, par conditionnement quasi pavlovien, ou encore lorsqu'elle affirme que les notions de mensonge et d'erreur sont synonymes, et que "<em>ce sont les pensées de ceux qui ne désirent pas la vérité, et de ceux qui désirent la vérité et autre chose en plus</em>". Sa vision très libérale (au sens politique, américain, et non dans son acception française) de l'être humain, aussi, me pose problème quand elle écrit que des hommes intrinsèquement libres s’orienteraient naturellement et nécessairement vers les bonnes dispositions, vers une sorte de rationalité absolue, comme une garantie absolue du bien : le propos devient un peu caricatural et manichéen (voire utopique) dans ces passages-là.</p>
<p>Mais tout le reste, sur l'inclination pour l'autophagocytose des groupes politiques (entendu dans un sens beaucoup plus large aujourd'hui, au-delà des simples partis politiques) qui trouvent l'énergie de subsister dans la dissolution frénétique des identités et des pensées, sur la substitution de l'obligation de la pensée par l'opération de prendre parti et de prendre position pour ou contre, forme un noyau dur critique d'une désarmante actualité.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques/.weil_m.jpg" alt="weil.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="weil.jpg, mar. 2019" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Note-sur-la-suppression-generale-des-partis-politiques-de-Simone-Weil-1940#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/632L'Arriviste, d'Alexander Payne (1999)urn:md5:419f8125eea306978174584d7dedd4c12014-09-22T16:45:00+02:002014-09-22T17:00:34+02:00RenaudCinémaAlexander PayneElectionsEtats-UnisHumourMatthew BroderickPolitiqueReese WitherspoonSexe <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arriviste/.Arriviste_m.jpg" alt="Arriviste.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Arriviste.jpg, sept. 2014" />
<p>Le glissement qui s’est opéré dans la filmographie d’<strong>Alexander Payne </strong>en presque vingt ans, entre <ins>Citizen Ruth</ins> et <ins>Nebraska</ins>, est passionnant et riche d’enseignements. Un gouffre abyssal sépare la subversion explosive de ses débuts et la satire plus policée de ces dernières années, grand écart entre une charge omnidirectionnelle très brute et une peinture acidulée plus soignée. Détail amusant ou ironie du sort (choisissez votre camp), la grossesse de <strong>Laura Dern </strong>était le point de départ d’une violente diatribe contre les sacro-saintes valeurs américaines dans <ins>Citizen Ruth</ins> quand la sénescence de son père, <strong>Bruce Dern</strong>, sert de base à des sarcasmes bien sages, en comparaison, dans <ins>Nebraska</ins>. Reste à déterminer la position de <ins>L’Arriviste</ins> sur cette échelle improvisée.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arriviste/.tracy_m.jpg" alt="tracy.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="tracy.jpg, sept. 2014" />
<p>Le gentil Jim McAllister, la méchante Tracy Flick et le simplet Paul Metzler. Les premières minutes ont de quoi faire peur tant la présentation des trois personnages principaux rappellent de très mauvais souvenirs au cinéphile qui garde en tête la fin des années 1990 et l’éclosion du high school movie : chasser des films comme <ins>Blair Witch 2</ins> de sa mémoire n’est malheureusement pas chose aisée tant ils brillent par leur médiocrité. La situation initiale de <ins>Election</ins> (titre original) est on ne peut plus limpide : un “gentil” professeur (<strong>Matthew Broderick</strong>, qui a conservé les traits de l’enfant de <ins>Wargame</ins>) veut pimenter la course à la présidence des élèves et compliquer la tâche de la “méchante” Tracy Flick en soutenant la candidature du “simplet” mais populaire Paul Metzler. On connaît la chanson et on reconnaît les effets de style caractéristiques de la comédie américaine indigeste, saturée de voix off et de montages épileptiques. Mais l’irruption inopinée d’une troisième candidate, Tammy, qui plus est favorable à l’abstention, change la donne et provoque une rupture dans la mécanique narrative établie. La perspective se renverse soudainement, le manichéisme se délite progressivement.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arriviste/.priere_m.jpg" alt="priere.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="priere.jpg, sept. 2014" />
<p><strong>Payne </strong>prend dès lors un malin plaisir à pulvériser les préceptes du genre. Le ton oscille entre bouffonnerie grotesque et subtile facétie. La narration cyclique, sautant régulièrement du point de vue d’un personnage à l’autre, interdit tout processus d’identification. La notion de bien et de mal vole en éclats quand on découvre les véritables motivations des trois candidats à l’élection, notamment au cours d’une séquence clé où ils s’adonnent à des prières toutes plus loufoques les unes que les autres. On est tout à tour confronté à l’illumination démente et presque touchante de Tracy, se croyant très sincèrement investie d’une mission divine, à l’honnêteté athée de Tammy qui semble s’adresser au père Noël, et à la bêtise attachante de Paul qui remercie dieu de lui avoir donné un joli pick-up et un grand pénis. L’apparente droiture de Jim McAllister est également égratignée lorsqu’il trompe sa femme avec une allégresse détonante (et qui détonne) ou lorsqu’il fantasme sur Tracy, gratifiant au passage le spectateur d’un montage délicieusement suranné. Dans la continuité de <ins>Citizen Ruth</ins> qui renvoyait dos à dos les pro-life et les pro-choice dans un joyeux bordel, <ins>L’Arriviste</ins> tire à boulets rouges dans toutes les directions et n’épargne personne.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arriviste/.montage_m.jpg" alt="montage.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="montage.jpg, sept. 2014" />
<p>Mais il serait bien réducteur de n’apprécier le deuxième film d’<strong>Alexander Payne </strong>qu’à l’aune de son propos nihiliste : ce serait faire l’impasse sur un sens du détail acéré et terriblement efficace. <ins>Election</ins> est ainsi constellé de clins d’œil et de références, des plus évidents aux plus étonnants, des plus grossiers aux plus raffinés, de la composition d’un plan à l’accessoire qui tue. Un zeste de <strong>Morricone </strong>avec le thème musical de <ins>Navajo Joe</ins> à chaque fois que Tracy se retrouve confrontée à ses rivaux, une pincée de <strong>Hendrix </strong>lorsque le groupe de McAllister joue le sulfureux <em>Foxy Lady</em> après que son ami lui ait avoué que “<em>her pussy gets so wet you can't believe it</em>”... ou encore Tracy Flick dépliant cinq pieds d’une table qui n’en compte que quatre, signe d’une détermination extrême, pour y poser des cupcakes avec la mention “PICK FLICK” qui a un peu bavé, exhibant çà et là un “PICK FUCK” du meilleur effet. Ces détails de plus ou moins bon goût foisonnent, un peu trop peut-être, à la limite de l'écœurement.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arriviste/.pick_flick_m.jpg" alt="pick_flick.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="pick_flick.jpg, sept. 2014" />
<p>Si <ins>Election</ins> multiplie les fausses pistes dans un curieux mélange de férocité et de compassion, s’il cherche à égarer le spectateur dans les méandres de sa folie caractérisée, son objectif premier reste la satire politique virulente. On retrouve dans la bouche de Tracy les éléments typiques du langage politique (crise d’urticaire garantie), et c’est sans surprise qu’on la verra apparaître dans la limousine d’un membre du Congrès américain à la fin du film. Rien de nouveau sous le soleil, les politiciens n’ont jamais été les plus insignes représentants de la vertu. <strong>Payne </strong>se fait finalement beaucoup plus caustique là où on l’attend un peu moins : quand il s’attaque à l’exercice actuel de la démocratie, de surcroît aux États-Unis. Outre le choix entre une pomme et une orange présenté très fièrement comme la panacée, c’est bien le personnage essentiel de Tammy qui bénéficie du seul regard bienveillant du réalisateur. Catalyseur de l’électorat abstentionniste suscitant un tonnerre d'applaudissements lorsqu’elle appelle les étudiants à ne pas voter pour l’élection, elle invite à réfléchir aux failles du système et aux aberrations d’un suffrage qui n’a d’universel que l’appellation.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arriviste/.jim_m.jpg" alt="jim.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="jim.jpg, sept. 2014" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Arriviste-d-Alexander-Payne-1999#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/256« La femme ne doit pas être la proie des partis ! »urn:md5:ea31801b0d65e197e60183f9b9732c412012-12-06T08:00:00+01:002012-12-07T09:20:30+01:00RenaudSociétéAvortementDroit de voteElectionsFemmeReligion <p>Ah, le bon vieux temps du Mouvement Démocrate-Chrétien... </p>
<p><a title="mouvement_democrate_chretien.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/SOCIETE/mouvement_democrate_chretien/mouvement_democrate_chretien.jpg"><img title="mouvement_democrate_chretien.jpg, nov. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="mouvement_democrate_chretien.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/SOCIETE/mouvement_democrate_chretien/.mouvement_democrate_chretien_m.jpg" /></a></p>
<p>Magnifique slogan du milieu du XXe siècle (ou de la fin de la Préhistoire, on ne sait pas trop), plein de tendresse et d'attention patriarcales à l'égard de la gente féminine. Il paraît même que depuis, les femmes se sont tellement émancipées qu'elles seraient en quête d'une égalité salariale homme-femme...<br /> Heureusement, des pays responsables tels que l'Irlande veillent au maintien de traditions millénaires, notamment en matière d'IVG. Le 28 octobre dernier, une femme victime d'une fausse couche à 17 semaines de grossesse est morte d'une septicémie après s'être vue refuser un avortement (<a title="http://www.france24.com/fr/20121114-irlande-avortement-galway-ivg-hopital-grossesse-fausse-couche-inde-savita-halappanavar" href="http://www.france24.com/fr/20121114-irlande-avortement-galway-ivg-hopital-grossesse-fausse-couche-inde-savita-halappanavar">lien France 24</a>). Le blasphème a été évité de justesse, alléluia !</p>
<p><ins><em>N.B.</em></ins> : Alors comme ça, « <em>on n'a pas besoin d'être féministe</em> » dans la génération de <strong>Carla Bruni</strong> ? Parfait, on progresse...</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/%C2%AB-La-femme-ne-doit-pas-etre-la-proie-des-partis#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/179