Je m'attarde - Mot-clé - Epopée le temps d'un souffle<br />2024-03-19T12:51:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearIl était une fois les mythesurn:md5:409733cbd03da770b764d4ab012c1a692017-03-23T19:16:00+00:002017-03-23T20:37:38+00:00GillesIdéesEpopéeHistoireLinguistiqueMytheThéorie <p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Article_LeMonde_Mythologie_m.jpg" alt="Article_LeMonde_Mythologie.jpg" title="Aperçu en couleur de la double page de l'article. Illustration d'Isabel Espanol" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p>Cet enthousiasmant article de <strong>Stéphane Foucart</strong> a été publié en 2014 dans le supplément <em>Culture & Idées</em> du journal <em>Le Monde</em>. Il a consacré deux pleines pages aux travaux de <strong>Michael Witzel</strong>, professeur de sanskrit à Harvard, sur les origines des mythes lors de la sortie de son ouvrage académique : <ins>The Origins of the World’s Mythologies</ins> (2013).</p>
<p>Le contenu de l’article est accessible aux abonnés du <em>Monde</em> à <a href="http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/03/13/il-etait-une-fois-les-mythes_4382701_3246.html" title="Il était une fois les Mythes, un article de Stéphane Foucart (2014)">ce lien</a> ; pour tous les autres, vous pouvez télécharger le scan de sa version papier que m’avait gentillement glissé sous le nez un collègue de travail pendant la pause café (merci Fabrice !). </p>
<div id="centrage"><a href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/DIVERS/page-1.jpg" title="page-1.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/DIVERS/.page-1_s.jpg" alt="page-1.jpg" /></a> <a href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/DIVERS/page-2.jpg" title="page-2.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/DIVERS/.page-2_s.jpg" alt="page-2.jpg" /></a><br /><em>Cliquez pour aggrandir les pages, ou bien téléchargez le pdf en annexe.</em></div>
<p>La coïncidence de deux chroniques récentes m’y a fait repenser - à savoir deux chefs-d'œuvre : un roman <ins>Lavinia</ins> d'<strong>Ursula K. Le Guin</strong> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lavinia-de-Ursula-K-Le-Guin-2008">lien</a>) et un film <ins>Les Nibelungen</ins> en deux parties <em>La Mort de Siegfried</em> et <em>La vengeance de Kriemhild</em>, de <strong>Fritz Lang</strong> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Nibelungen-La-Mort-de-Siegfried-et-La-vengeance-de-Kriemhild-de-Fritz-Lang-1924">lien</a>). Le spectateur et le lecteur découvrent souvent les récits fondateurs de la mythologie au travers d'œuvres contemporaines qui sont des réécritures et des interprétations se chargeant avec finesse et érudition, en tout cas pour ces deux-là, de les développer. Autrement dit, ils ne contentent pas de les commémorer mais de leur faire prendre de nouveaux chemins de sens en adoptant des points de vue narratifs originaux.</p>
<p>L’émergence et la diffusion de certains mythes et motifs sont des sujets fascinants, particulièrement quand on les analyse dans leur ensemble. Il existe de nombreuses études et thèses qui interrogent de manière théorique et pluridisciplinaire les chemins de transmission, de mutation et de métamorphose des récits mythologiques, depuis les bribes d'histoires originelles jusqu’aux versions actuelles de ces épopées. Cet article est une géniale plongée dans la géographie mythologique du monde ainsi qu'un habile résumé de la théorie de<strong> Witzel</strong> dont l’exposé a quelque chose de profondément stimulant.</p>
<br />
<div id="centrage"><strong> Bonne lecture ! :-)</strong></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Il-etait-une-fois-les-mythes#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/397Lavinia, de Ursula K. Le Guin (2008)urn:md5:314763d0c581fe331df9042201fa60312017-03-19T18:26:00+00:002017-03-21T09:32:15+00:00GillesLectureEpopéeFantômesFemmeGuerreItalieMytheNatureVirgileÉnéide <img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Lavinia_LeGuin_m.jpg" alt="Lavinia, d'Ursula K. Le Guin (2008)" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Lavinia, d'Ursula K. Le Guin (2008), mar. 2017" />
<p>Dans une interview de l'auteure, <strong>Ursula K. Le Guin</strong> dit que son intérêt pour les cultures les plus diverses tient surement à une affinité de tempérament ou d’intellect avec son père qui était anthropologue : <em>lui </em>étudiait des sociétés étrangères, <em>elle</em> en invente. Elle a ainsi écrit de <a href="https://www.noosfere.org/icarus/livres/auteur.asp?NumAuteur=314" title="Bibliographie de Le Guin">nombreux romans et nouvelles</a> en suivant une inclination pour les genres de l’imaginaire dont elle est devenue une incontournable artisane. <ins>Lavinia</ins> paru en 2008 se situe pour sa part à mi-chemin entre l’Histoire et la Mythologie Antique.</p>
<p><a href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/uklg.jpg" title="Ursula K. Le Guin"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.uklg_m.jpg" alt="Photo d'Ursula K. Le Guin" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Ursula K. Le Guin" /></a></p>
<p><strong>Le Guin</strong> raconte une grande épopée au travers le regard et la vie d’un personnage féminin peu documenté du nom de <strong>Lavinia</strong>. Elle est la fille de <strong>Latinus</strong> qui était un souverain sur les terres du <em>Latium</em>, durant la période faisant suite à la guerre de <em>Troie</em>. Selon la légende, le troyen <strong>Énée</strong> reçoit la prophétie d’un oracle : il ira avec ses compagnons, obligés à l’exil, vers cette région de l’ouest de l’Italie (<em>Latium</em>) pour trouver une nouvelle cité et fonder la lignée qui érigera un grand empire (<em>Rome</em>). Le poète <strong>Virgile</strong> - à la fin du premier siècle avant JC - a donné une nouvelle vie à cette légende à travers l’<ins>Énéide</ins>, un poème subdivisé en douze chants qui retracent le périple d'<strong>Énée</strong>. <strong>Lavinia</strong> y tient une place centrale car son destin se trouve croisé et intimement lié à celui d’<strong>Énée</strong>.</p>
<blockquote><p>Comme Hélène de Sparte j’ai causé une guerre. La sienne, ce fut en se laissant prendre par les hommes qui la voulaient ; la mienne, en refusant d’être donnée, d’être prise, en choisissant mon homme et mon destin. L’homme était illustre, le destin obscur : un bon équilibre.</p>
</blockquote>
<p><strong>Lavinia</strong> reste cependant une figure muette dans l’<ins>Énéide,</ins> jusqu'à ce que <strong>Le Guin</strong> s'attarde récemment sur ce personnage laissé à l'arrière-plan, pour lui donner une complexité nouvelle et une véritable personnalité. Cette œuvre contemporaine vient compléter merveilleusement le récit de <strong>Virgile,</strong> qui mourut en laissant son poème inachevé, en donnant une perspective nouvelle – un point de vue féminin – à cette épopée. L’<ins>Énéide</ins> de <strong>Virgile</strong> s’arrête en effet abruptement après la guerre qui affronta<strong> Énée</strong> et un prince local du nom de <strong>Turnus</strong>, tous deux prétendants à la main de <strong>Lavinia</strong>.</p>
<p>Le lecteur ne trouvera pas le merveilleux mythologique de l’<ins>Iliade</ins> ou l’<ins>Odyssée</ins> d'<strong>Homère</strong> auquel il pourrait s'attendre, mais une vision beaucoup plus humaine et réaliste du récit mythologique. Le récit de <strong>Lavinia</strong> comporte cependant de subtiles intrusions fantastiques et ouvre de subtiles portes entre la réalité et la fiction. Le récit de <strong>Lavinia</strong> prend en effet une dimension troublante (on pourrait dire métaphysique) lorsqu'elle entre par le biais de ses rêves en conversation avec son poète, <strong>Virgile</strong> lui-même. Elle prend ainsi conscience de sa propre essence fictionnelle tandis qu’elle n’est encore qu’une enfant dans son présent à elle. Quant à <strong>Virgile</strong>, en provenance du futur, il est sur son lit de mort quand <strong>Lavinia</strong> découvre de sa voix la prophétie attachée à sa personne : elle devra épouser un étranger et non un prince latin.</p>
<p>Tantôt la narration est lente dans le roman, tantôt elle jette au lecteur un souffle qui le porte. <strong>Le Guin</strong> ne confond pas vitesse et précipitation construisant méticuleusement une histoire fabuleuse à partir de <em>petites choses</em> pour raconter la <em>grande épopée</em>. Dans un passage vraiment étonnant, <strong>Le Guin</strong> retranscrit en une seule page presque chaque scène des violents combats de l’<ins>Énéide</ins>, en imprimant un rythme saisissant, résumant ainsi de manière cynique et réjouissante le passage de vie à trépas des illustres protagonistes de cette violente guerre qui opposa Troyens et Italiens.</p>
<p>La simplicité et la beauté de la prose de <strong>Le Guin</strong>, sa crédible évocation d’un autre lieu et d’un autre temps, son appréciation subtile et continue pour les beautés de la vie de tous les jours émanant de la cité ou de la nature sont autant de qualités qui ravivent cette épopée au côté d'<strong>Énée</strong> et <strong>Lavinia</strong></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lavinia-de-Ursula-K-Le-Guin-2008#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/382Les Nibelungen : La Mort de Siegfried et La vengeance de Kriemhild, de Fritz Lang (1924)urn:md5:773361e8550e2f6203040a8e641e05902017-03-11T20:35:00+01:002017-03-11T21:23:39+01:00RenaudCinémaAllemagneDragonEpopéeFritz LangGuerreMoyen ÂgeMytheVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/nibelungen.jpg" alt="nibelungen.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="nibelungen.jpg, mar. 2017" /><div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>La chute des Huns et la mort des autres<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p><span style="font-size: 18pt;">Partie 1 : Le talent de Siegfried, chasseur de dragons.</span></p>
<p>Les 150 minutes de la première partie des <ins>Nibelungen</ins> procurent le même effet qu'un rouleau-compresseur épique et émotionnel : on en ressort tétanisé, complètement époustouflé par l'audace formelle et narrative de ce travail de titan. C'est une superproduction du muet qui va plus loin encore dans la recherche de l'effet de sidération que les meilleures séquences que <strong>Griffith </strong>tourna huit ans plus tôt dans <ins>Intolérance</ins>, axées sur la chute de Babylone. L'ampleur de la fresque prend des proportions incroyables.</p>
<p>Il fallait une ambition (et du talent, évidemment) non-négligeable pour reconstituer l'univers d'un mythe fondateur allemand aussi énorme que celui des <em>Nibelungen </em>("les fils de la brume" littéralement), datant du 13ème siècle, lui-même écrit sous l'influence d'un autre mythe, scandinave, de dix siècles son aîné. Et les aventures de Siegfried trouvent ici un écrin magnifique, d'une redoutable efficacité, dans la toile esthétique tissée par <strong>Fritz Lang </strong>pour envelopper ses exploits.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_9_m.jpg" alt="Siegfried_9.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Siegfried_9.jpg, fév. 2017" /></p>
<p>Ces séquences en forêt ! Ces passages oniriques à la peinture ! Ces accès de lyrisme qui emportent tout sur leur passage ! Cette présentation d'une guerrière, Brunhil, reine d'Islande ! Cette présence marquante, Hagen de Tronje, avec sa trogne horrible, sa silhouette menaçante, et ce casque de fer orné de plumes de corbeau ! Ces costumes, ces décors, bon sang ! Et ce dragon ! C'est tout bonnement insensé d'être parvenu à animer un animal gigantesque de la sorte dans les années 20, avec aussi peu de moyens techniques à disposition. Il se dégage de presque chaque plan une puissance écrasante, étourdissante, qui confère au récit un souffle épique passionnant. Le seul bémol, si l'on voulait faire la fine bouche, porterait sur la figure du roi, un peu fade en comparaison des autres personnages.</p>
<p>Siegfried se baignant dans le sang du dragon qu'il vient de terrasser, avec une feuille de tilleul posée sur le haut de son dos annonçant un drame proche du mythe (du talon) d'Achille, tout comme certains objets d'apparat fantastiques (à l'image du heaume magique), achèvent de conférer à ce film-fleuve une ampleur démentielle et une aura surnaturelle, merveilleuse, renversante. Le pari de redonner vie à cette légende monumentale et à un imaginaire enchanteur me paraît on ne peut plus réussi.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_1_m.jpg" alt="Siegfried_1.jpg" title="Siegfried_1.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_2_m.jpg" alt="Siegfried_2.jpg" title="Siegfried_2.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_3_m.jpg" alt="Siegfried_3.jpg" title="Siegfried_3.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_4_m.jpg" alt="Siegfried_4.jpg" title="Siegfried_4.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_5_m.jpg" alt="Siegfried_5.jpg" title="Siegfried_5.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_6_m.jpg" alt="Siegfried_6.jpg" title="Siegfried_6.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_7_m.jpg" alt="Siegfried_7.jpg" title="Siegfried_7.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Siegfried_8_m.jpg" alt="Siegfried_8.jpg" title="Siegfried_8.jpg, fév. 2017" /></div>
<p><span style="font-size: 18pt;">Partie 2 : Là où Kriemhild passe, l'herbe trépasse.</span></p>
<p>Le changement de rythme et de ton est d'une radicalité sans commune mesure. Cette seconde partie enterre la dimension littéralement merveilleuse de la légende pour entamer une lente et destructrice descente aux enfers. Au milieu des flammes, drapée dans sa robe aux motifs hypnotisants, le visage fermé, la tête coiffée de son nouvel apparat d'impératrice : Kriemhild, la nouvelle reine des Huns, est une des figures les plus imposantes, les plus surprenantes et les plus noires de cette fresque. Son regard glaçant est de ceux qu'on n'oublie pas.</p>
<p>Tous les personnages sombrent peu à peu dans la folie (la leur ou les conséquences de celle des autres) avant de mourir dans un fracas destructeur. Le carnage est aussi immense qu'inéluctable : c'est le pendant extrêmement noir de toute la première partie qui suivait le chemin du mythe envoûtant et légendaire. Très vite, <strong>Fritz Lang </strong>décrit les peuples huns dans un souci de contraste assez clair avec les populations burgondes présentes dans la première partie : aux châteaux austères des uns répondent les cahutes insalubres des seconds, d'un côté des armures étincelantes et de beaux tissus, et de l'autre des peaux de bête et des gueules menaçantes. En rejoignant la tribu du roi Etzel (ou Attila, selon la langue...), elle termine son processus de transformation depuis la mort de Siegfried et consacre définitivement le début de l'apocalypse.</p>
<p>Le regard perçant de <strong>Margarete Schön </strong>irradie ce deuxième volet, il accompagne sa vengeance jusqu'à la scène finale : l'assaut du palais des Huns dans lequel sont enfermées les dernières forces des Burgondes. Cette dernière séquence est à l'image du film dans son ensemble, elle est d'une puissance colossale et elle la doit notamment à des décors gargantuesques, sans aucune limite, et à une horde de figurants donnant littéralement corps à la tuerie. Les combats sont âpres, la haine viscérale, et la violence vengeresse ne laissera que des cendres sur son passage. Et le film se termine sur une vision extrêmement traumatique, avec une armée de cadavres gisant au sol, dans la plus pure démesure, et à ce titre (et à ce titre uniquement) dans la droite ligne de sa première partie.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_1_m.jpg" alt="Kriemhild_1.jpg" title="Kriemhild_1.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_2_m.jpg" alt="Kriemhild_2.jpg" title="Kriemhild_2.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_3_m.jpg" alt="Kriemhild_3.jpg" title="Kriemhild_3.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_4_m.jpg" alt="Kriemhild_4.jpg" title="Kriemhild_4.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_5_m.jpg" alt="Kriemhild_5.jpg" title="Kriemhild_5.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_6_m.jpg" alt="Kriemhild_6.jpg" title="Kriemhild_6.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_7_m.jpg" alt="Kriemhild_7.jpg" title="Kriemhild_7.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_8_m.jpg" alt="Kriemhild_8.jpg" title="Kriemhild_8.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_9_m.jpg" alt="Kriemhild_9.jpg" title="Kriemhild_9.jpg, fév. 2017" /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_10_m.jpg" alt="Kriemhild_10.jpg" title="Kriemhild_10.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_11_m.jpg" alt="Kriemhild_11.jpg" title="Kriemhild_11.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_12_m.jpg" alt="Kriemhild_12.jpg" title="Kriemhild_12.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_13_m.jpg" alt="Kriemhild_13.jpg" title="Kriemhild_13.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_14_m.jpg" alt="Kriemhild_14.jpg" title="Kriemhild_14.jpg, fév. 2017" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_15_m.jpg" alt="Kriemhild_15.jpg" title="Kriemhild_15.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nibelungen/.Kriemhild_16_m.jpg" alt="Kriemhild_16.jpg" title="Kriemhild_16.jpg, fév. 2017" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Nibelungen-La-Mort-de-Siegfried-et-La-vengeance-de-Kriemhild-de-Fritz-Lang-1924#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/394Ran, de Akira Kurosawa (1985)urn:md5:e56f3b56f8f1c2966fed681c66f313e12017-02-28T09:43:00+01:002017-02-28T13:05:35+01:00RenaudCinémaAkira KurosawaCinéma asiatiqueEpopéeFamilleGuerreJaponMoyen ÂgeSuccession <div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ran/.ran_A_m.png" alt="ran_A.png" title="ran_A.png, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ran/.ran_B_m.jpg" alt="ran_B.jpg" title="ran_B.jpg, fév. 2017" />
<br /><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Le bruit de la fureur et de la désolation<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Moi qui croyais que le temps m'avait poussé à surestimer ce film... Tout le contraire. Difficile de décrire l'état dans lequel on se trouve à l'issue d'une telle épopée, comme si une tornade monumentale était passée par là et avec tout remué de fond en comble. Une fresque médiévale qui écrase tout sur son passage, de par son ampleur, de par sa puissance, de par sa maîtrise.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ran/.couleurs_m.jpg" alt="couleurs.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="couleurs.jpg, fév. 2017" /></p>
<p>De toute évidence, <strong>Kurosawa </strong>n'a pas négligé l'importance de la couleur, dans ses symboles et dans sa puissance évocatrice. Une couleur / un fils : configuration parfaite lors des grandes batailles qui voient ces flots de couleurs rouge / jaune / bleu évoluer au milieu des paysages, des châteaux et des champs, pour se mélanger, se repousser ou s'anéantir. Le travail réalisé au niveau des costumes, des décors, des bannières, de cette quantité impressionnante de tissu est renversant. L'univers graphique résonne comme une ode bucolique dans un premier temps, dans la verdure des montagnes apaisantes où l'indifférence règne, avant de sombrer dans la rage dévastatrice sur les pentes volcaniques du Mont Fuji, au sein duquel les couleurs vives des costumes d'apparat font ressortir la tristesse terne des scories. Comme si l'histoire se déroulait sur les cendres d'une catastrophe nucléaire qui aura lieu quatre siècles après le temps du récit. Les décors, intérieurs comme extérieurs, filmés de manière souvent étonnante en longue focale, sont tous plus vertigineux les uns que les autres. Des personnages errant seuls dans un cadre désolé, ou encore la dernière séquence avec l'aveugle Tsurumaru figé en haut des ruines, dans une succession de plans à différentes échelles : la longue focale contribue grandement au sentiment d'isolation dans tous ces cas. Même des séquences qui auraient pu naturellement appeler le grand angle sont filmées en téléobjectif, comme par exemple les immenses armées en extérieur qui s'organisent avant la bataille. L'effet produit est saisissant.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ran/.hidetora_chateau_m.jpg" alt="hidetora_chateau.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="hidetora_chateau.jpg, fév. 2017" /></p>
<p>Et au milieu de ces grands pans épiques de batailles ou des moments tragiques liés aux différends familiaux, des accès de violence époustouflants illuminent le film de leurs éclairs de furie. La séquence au cours de laquelle Hidetora est assiégé dans sa tour, quasiment sans bruit et sans parole, où seul le son des ballets de flèches pourfend le silence assourdissant, est d'une puissance redoutable. Quelques notes de musique minimaliste viennent renforcer la dimension profondément angoissante, presque horrifique, de cet épisode : les soldats meurent par dizaines, les femmes se suicident à la chaîne, et Hidetora qui n'a même plus son sabre pour se suicider... Des cadavres criblés de flèches jonchent le sol, ceux encore en vie tiennent leurs membres sectionnés, les coups de feu tonnent et le bruit de la fureur résonne. Au creux de ce carnage et de cette horreur érigée en spectacle, la folie des survivants est palpable, inévitable. C'est le début d'une lente transformation pour Hidetora, où la psychologie rejoint l'apparence physique à l'aide d'un maquillage se faisant de plus en plus prononcé, au teint de plus en plus blême, menant irrémédiablement vers la démence pure.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ran/.troupe_blanc_m.jpg" alt="troupe_blanc.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="troupe_blanc.jpg, fév. 2017" /></p>
<p><ins>Ran</ins>, c'est tout de même un certain sens de la démesure. Des costumes et des figurants, qui abondent par milliers en toute occasion, au soin infini apporté à la composition des cadres, avec ses personnages placés au millimètre près pour former des lignes de fuite parfaites. De quoi flatter les sens des plus maniaques d'entre nous avec une rigueur esthétique démesurée, pour le plus grand bonheur des yeux (en plus du reste). Et Kurogane de décapiter avec rage l'impitoyable Kaede, aussi manipulatrice qu'une Lady Macbeth, dans un accès de colère saisissant, avec effusion de sang et peinture murale à la clé : c'est la consécration finale de la démesure, dans ce qu'elle a de plus jouissif et terrifiant, au terme de près de trois heures de folies meurtrières et de passions exacerbées conduisant inexorablement à la désolation. La soif inconsidérée de pouvoir mène tout droit au chaos. L'anéantissement du clan est lent et méthodique, il est même inéluctable, rythmé par des plans réguliers sur une nature de plus en plus menaçante : à l'herbe verte et champêtre des débuts apaisés succède la grisaille de la roche volcanique et le noir des châteaux en cendres, avec quelques plans sur des nuages inquiétants d'où parfois surgit le soleil, comme autant de mauvais présages. Ils sont à l'image du film dans son ensemble : d'une beauté dévastatrice.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ran/.chateau_feu_m.jpg" alt="chateau_feu.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="chateau_feu.jpg, fév. 2017" /></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ran-de-Akira-Kurosawa-1985#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/391Les Trois Royaumes, de John Woo (2008)urn:md5:fae5c6a1ba98cb9d5a4a8f8c23f2f9332011-12-16T19:06:00+01:002011-12-16T19:08:04+01:00RenaudCinémaChineCinéma asiatiqueEpopéeGuerreIncendie <p><img title="Red Cliff : affiche, déc. 2011" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="red_cliff.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/red_cliff/.red_cliff_m.jpg" /></p>
<p><ins>Les Trois Royaumes</ins> (<em>Red Cliff</em> en Anglais et <span class="lang-zh-Hant" lang="zh-Hant">赤壁</span> en Chinois, prononcé « Chì Bì ») est un film réalisé par <strong>John Woo</strong> en 2008. C'est son premier film chinois (i.e. produit en Chine) depuis <ins>Hard-Boiled</ins> en 1992, après avoir passé seize ans dans l'industrie américaine à tourner des films d'action plutôt moyens, comme par exemple <ins>Broken Arrow</ins> (1996), <ins>Volte/Face</ins> (1997), <ins>Mission : Impossible 2</ins> (2000), <ins>Windtalkers</ins> (2002) et <ins>Paycheck</ins> (2003). Retour au pays ne signifie pas forcément retour – honnête – aux sources, ne l'oublions pas... Autre point à noter, deux versions assez différentes du film sont disponibles : la version chinoise, en deux parties de 140 minutes chacune, et une version dite occidentale de 148 minutes seulement. Cette dernière fut formatée pour un public non averti, afin de ne pas le contrarier avec une histoire qu'il aurait jugé trop complexe – et qui n'aurait surtout pas été rentable.</p>
<p><img title="ZhuGe Liang, déc. 2011" style="float: left; margin: 0 1em 0em 0;" alt="Zhuge_Liang.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/red_cliff/.Zhuge_Liang_m.jpg" />S'il est clair qu'on n'a pas affaire à un chef-d’œuvre, <ins>Les Trois Royaumes</ins> vaut tout de même le détour, ne serait-ce que du point de vue historique (et sa vulgarisation pour les néophytes), et plus accessoirement pour juger l'ampleur de ce travail qu'on peut qualifier de pharaonique <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Royaumes%2C-de-John-Woo-%282008%29#pharaonique">(1)</a>. L'épisode des <em>Trois Royaumes</em>, qui a vu le Shǔ (<span class="lang-zh-Hant" lang="zh-Hant">蜀</span>), le Wèi (<span class="lang-zh-Hant" lang="zh-Hant">魏</span>) et le Wú (<span class="lang-zh-Hant" lang="zh-Hant">吳</span>) se déchirer et s'affronter pour le contrôle de la Chine à la fin de la dynastie Hàn (<span class="lang-zh-Hant" lang="zh-Hant">漢</span>), occupe une place prépondérante dans l'Histoire de Chine <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Royaumes%2C-de-John-Woo-%282008%29#Chine">(2)</a>. Et ce, dans tous les sens du terme : s'étendant sur la quasi-totalité du IIème siècle, il est extrêmement présent dans l'imaginaire chinois comme précurseur de la dynastie Jìn (<span class="lang-zh-Hant" lang="zh-Hant">晋</span>). Une flopée de personnages célèbres parsème le film, et peut en effet dérouter le spectateur revêche, peu familier avec les films où figurent plus de deux protagonistes par kilomètre de bobine.<br />Ainsi, on se familiarise – entre autres – avec<strong> Cao Cao</strong>, seigneur de guerre du Wèi qui précipita la fin de la dynastie Hàn, et fort d'une solide réputation pour sa clairvoyance militaire et politique ; <strong>ZhuGe Liang</strong>, fin stratège du Shǔ qui parvint à faire oublier l'infériorité du royaume de <strong>Liu Bei</strong> par sa sérénité et ses ruses malicieuses, à tel point que son nom est aujourd'hui synonyme d'intelligence supérieure en Chine ; <strong>Sun ShangXiang</strong>, liée de force au Shǔ par son mariage arrangé avec <strong>Liu Bei</strong> et espionne talentueuse ; <strong>Guan Yu</strong>, le grand général Shǔ dont le courage et la bravoure en fit le dieu de la guerre ; et <strong>Zhou Yu</strong>, conseiller militaire du Wú à l'origine de la stratégie qui conduit à la victoire de la <em>Falaise Rouge</em> <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Royaumes%2C-de-John-Woo-%282008%29#rouge">(3)</a>, au cœur du deuxième volet du film. </p>
<p>Qu'on se le dise : <strong>John Woo</strong> n'a pas lésiné sur le pathos exacerbé et les scènes poussives et/ou démesurément spectaculaires. Les puristes ne manqueront pas de souligner le côté ultra-simplificateur de tout un pan de la culture chinoise, souvent traitée de manière simpliste et spectaculaire, budget de 80 millions de dollars oblige.... Pourtant, on retiendra au final une mise en scène appliquée, avec des costumes et des combats très stylisés, et un casting plutôt raffiné : <strong>Tony Leung Chiu-wai</strong>, dans le rôle de <strong>Zhou Yu</strong>, déjà remarqué dans <ins>In the Mood for Love</ins> et <ins>2046</ins> de <strong>Wong Kar-wai</strong>, <ins>Hero</ins> de <strong>Zhang Yimou</strong> et <ins>Lust, Caution</ins> d'<strong>Ang Lee</strong> ; <strong>Takeshi Kaneshiro</strong>, dans le rôle de <strong>ZhuGe Liang</strong>, héro dans <ins>Le Secret des poignards volants</ins> de <strong>Zhang Yimou</strong> ; <strong>Zhang FengYi</strong>, dans le rôle de <strong>Cao Cao</strong>, déjà vu dans <ins>Adieu ma concubine</ins> de <strong>Chen Kaige</strong>, etc. (la liste est longue). Enfin, de nombreux éléments de la culture chinoise, comme la poésie, la calligraphie, le rapport à la Nature ou la musique et son interprétation, restent relativement intéressants et novateurs d'un point de vue « occidental ».</p>
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<br /><a name="pharaonique">(1)</a> Le peuple chinois a été mis à contribution, tout comme l'armée qui prêta 1 500 soldats, comme figurants mais aussi pour construire des routes. Mieux que l'immatérialité des effets spéciaux américains : la réalité d'une foule chinoise, allègre et – presque naturellement – volontaire.
<br /><a name="Chine">(2)</a> Ceux qui désirent en savoir plus (oui, comme toi Olivier) trouveront de quoi s'informer sur ce blog : <a href="http://mariojp.over-blog.com/article-les-trois-royaumes-87125910.html" hreflang="fr" title="http://mariojp.over-blog.com/article-les-trois-royaumes-87125910.html">mariojp.over-blog.com</a>. Trois billets, aussi longs qu'intéressants (et très bien écrits) sont consacrés à cette l'Histoire des <em>Trois Royaumes</em>.<br /> <a name="rouge">(3)</a> La bataille de la <em>Falaise Rouge</em> opposa les armées des royaumes de Wú et de Shǔ , sous le commandement de <strong>Zhou Yu</strong> et de <strong>ZhuGe Liang</strong>, à celle bien supérieure en nombre du royaume de Wèi, dirigée par <strong>Cao Cao</strong>. À noter que le site de cette bataille n'acquis ce nom (<em>Falaise Rouge</em>) que bien plus tard, en référence au gigantesque incendie provoqué par les brûlots Wú qui frappa la flotte Wèi lors des combats. <br /></span>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Royaumes%2C-de-John-Woo-%282008%29#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/72