Je m'attarde - Mot-clé - Erotisme le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearQuartier violent (暴力街, Bōryoku gai), de Hideo Gosha (1974)urn:md5:678145df0db5ec3aaa162b18c6f486bd2023-09-06T09:30:00+02:002023-09-06T08:31:59+02:00RenaudCinémaEnlèvementErotismeFlamencoGangsterHideo GoshaJaponTokyoYakuza <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quartier_violent/.quartier_violent_m.jpg" alt="quartier_violent.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Guerre des gangs et loyauté à l'épreuve des conflits<br /></strong></ins></span></div>
<p>Encore une surprise chez <strong>Hideo Gosha </strong>dont je découvre la facette yakuza-eiga, prenant ses distances de manière notable avec le registre du chanbara — l'unique registre que je lui connaissais jusque-là. Le bonhomme a tourné pendant encore une vingtaine d'années après <ins>Quartier violent</ins>, donc on peut penser qu'on n'est pas au bout de nos surprises... Et dans cette direction, comment ne pas être estomaqué par le réalisateur de <ins>Le Sabre de la bête</ins> ou encore <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Sang-du-damne-de-Hideo-Gosha-1966">Le Sang du damné</a></ins> pour le registre du film noir, qui s'aventure ici sur les terres de <strong>Kinji Fukasaku </strong>ou <strong>Seijun Suzuki</strong> !</p>
<p>Les références me paraissent incontournables dans l'utilisation de la couleur et dans le recours à cette hystérie survoltée, même si <strong>Gosha </strong>apporte quelque chose de nouveau au-delà des liens apparents. Ne serait-ce que l'introduction, dans une boîte nommée Madrid, avec un spectacle de flamenco pour poser le cadre d'une guerre des gangs à venir dans un quartier chaud de Tokyo. Dès lors qu'un enlèvement par un gang d'une starlette protégée par un autre gang tourne mal, c'est le déclenchement des hostilités : la guerre des gangs est lancée, et le film va partir dans tous les sens, un peu en roue libre.</p>
<p>La couleur met en lumière le caractère approximatif de nombreux aspects, qui étaient bien dissimulés dans le noir et blanc des chanbaras, et cette approximation semble étrangement s'étendre au scénario qui n'en finit pas de lancer des malfrats contre d'autres malfrats au point qu'on finit par ne plus trop savoir qui est à l'origine de quoi. Le kidnapping tourne mal et le chaos se déverse à tous les niveaux, non sans une certaine analogie entre yakuzas et samouraïs — la notion de loyauté et de respect d'un code à géométrie variable. Tout ça n'empêche pas le film d'être un peu brouillon dans les nombreuses bastons, que ce soit au niveau de leur déclenchement autant que de leur déroulement. Dans ce vacarme je n'ai même pas reconnu <strong>Isao Natsuyagi</strong>, l'ancien Kiba.</p>
<p>À la violence permanente des échanges, faisant tout de même intervenir des poulaillers et des mannequins de cire, répond un érotisme plus ou moins latent (<strong>Suzuki </strong>en embuscade, ici aussi) et une manipulation d'arrivistes businessmen avant tout. Les derniers plans, un peu faciles mais avec une apparition hors du commun de <strong>Bunta Sugawara</strong>, montrent clairement le respect de <strong>Gosha </strong>pour les yakuzas à l'ancienne, avec un code d'honneur et un respect au-delà des inimitiés.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quartier_violent/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quartier_violent/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quartier_violent/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Quartier-violent-de-Hideo-Gosha-1974#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1221Piccadilly, de Ewald André Dupont (1929)urn:md5:6caa12dc759b7ed34e36088b4ec8b3262023-07-11T10:08:00+02:002023-07-11T10:08:00+02:00RenaudCinémaAnna May WongCharles LaughtonChineCinéma muetDanseErotismeEtats-UnisEuropeMeurtreRoyaume-Uni <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.piccadilly_m.jpg" alt="piccadilly.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La plonge et la danse</strong></ins></span>
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<p>Tout l'intérêt de <ins>Piccadilly</ins> passe par la présence magnétique de <strong>Anna May Wong</strong>, une actrice américaine d'origine chinoise qui s'exila en Europe à la fin des années 20 suite à la frustration de ne se voir offrir que des seconds rôles stéréotypés à Hollywood. Le racisme y était à l'époque moins prédominant qu'aux États-Unis, ce qui lui permit de trouver ce rôle phénoménal à la fin de l'ère du muet. À noter qu'un prologue de 5 minutes de dialogues entre deux personnes, sans doute très avant-gardiste à l'époque mais avec toutes les limitations du parlant en 1929, est inséré au tout début du film.</p>
<p>Il faut voir comment la caméra de <strong>Ewald André Dupont </strong>nous dévoile la présence de Shosho, une plongeuse dans le restaurant d'un night-club britannique. Le cadre est posé avec beaucoup de fioritures sur le devant de la scène, autour d'un duo de danseurs constituant l'attraction au cœur du Piccadilly Club, dans une magnificence et une ostentation les plus totales. Au milieu des tables, on découvre <strong>Charles Laughton </strong>dans son tout premier long-métrage, un client mécontent de son assiette qu'il trouve sale : l'occasion pour le propriétaire de s'aventurer dans les cuisines pour enquêter, puis d'accéder à l'arrière-cuisine et de tomber sur Shosho, une des plongeuses, en train de danser sur une table. Il faut voir le niveau de sensualité présenté dans cette séquence, pour un film de cette époque... On comprend que Valentine Wilmot, le propriétaire, soit tenté de reconsidérer le talent de cette femme après l'avoir licenciée. Une fois passée sur scène, dans ses costumes de danseuse éclatants, le niveau de sexualisation du personnage atteint son apogée — d'autant que situé à l'époque avancée du cinéma muet, la mise en scène sait se faire relativement dynamique pour capturer tous les mouvements.</p>
<p>L'érotisme de la danse est ainsi présenté de manière assez sulfureuse, au creux d'un duel entre deux danseuses rivales. La danse (ainsi que ses charmes) permettra à Shosho d'accéder à un niveau de vie élevé, tout en la plaçant au cœur d'un enjeu mélodramatique fort. Par l'entremise d'un meurtre passionnel, elle deviendra l'objet du délit par excellence et achèvera de conférer à <ins>Piccadilly</ins> un charme extrêmement singulier.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.img1_m.png" alt="img1.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.img2_m.png" alt="img2.png, juin 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piccadilly/.img5_m.png" alt="img5.png, juin 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Piccadilly-de-Ewald-Andre-Dupont-1929#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1187Docteur Jekyll et Mister Hyde, de Rouben Mamoulian (1931)urn:md5:937d97060570d9a01503f17e25b748632022-12-08T10:30:00+01:002022-12-08T10:30:00+01:00RenaudCinémaErotismeHypocrisieMédecinePré-CodePulsionRobert Louis StevensonSexeViolence <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/docteur_jekyll_et_mister_hyde/.docteur_jekyll_et_mister_hyde_m.jpg" alt="docteur_jekyll_et_mister_hyde.jpg, nov. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If I understand you correctly, you sound almost indecent. "<br /></strong></ins></span>
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<p>Sur un canevas de <strong>Robert Louis Stevenson</strong> largement éculé au cinéma, cette version de <ins>Docteur Jekyll et Mister Hyde</ins> par <strong>Rouben Mamoulian</strong> recèle de nombreuses surprises qui en font un film vraiment recommandable. On se situe au début du parlant, en plein dans l'ère du pré-code, et l'histoire du célèbre médecin de Londres prend des allures de critique sociale incroyablement vive pour égratigner la société victorienne bâtie sur la compartimentation, que ce soit des classes ou des émotions. Le récit de <ins>Docteur Jekyll et Mister Hyde</ins> se transforme ici en une dénonciation de l'hypocrisie manifeste qui structure une société bâtie sur les non-dits, en se transformant peu à peu en un film dont les pulsions latentes ont muté en un érotisme frontal très étonnant. La jambe nue de <strong>Miriam Hopkins </strong>se balançant hors du lit, avec son porte-jarretelles, est une image très forte et représentative de ces aspects-là.</p>
<p>Il est également rare, à l'époque, de voir les moyens techniques mis au service d'un récit de manière efficace, non artificielle. Le recours à la vision subjective est très surprenant, un peu rouillé il est vrai (les mouvements censés accompagner les déplacements du protagoniste ne sont pas naturels) mais à la fois novateur et sensé dans l'immersion provoquée. Même chose au sujet du split screen, dont la technique surprend énormément en 1931.</p>
<p>On parle beaucoup de bien et de mal, au sein de ce Forbidden Hollywood érotisé, mais aussi de partie morale et de partie bestiale sommeillant en chacun de nous, comme un compte-rendu de la psychanalyse de l'époque (une scène présente un discours de type universitaire abondant en ce sens). Bon, beaucoup plus surannée, la capacité à dissocier chimiquement le bien du mal dans le psychisme humain... La bestialité de Hyde est à ce titre particulièrement violente, un être très menaçant lors de ses rapports avec le personnage d'Ivy — qui d'ailleurs éclipsent ceux avec Muriel (interprétée par <strong>Rose Hobart</strong>), bien trop terne en comparaison. Le sous-texte libidinal autant que les sévices sexuels dégagent une atmosphère de violence et de stupre très marquante encore aujourd'hui. Et au final, par opposition, il est presque drôle de voir Jekyll mourir d'impatience pour pouvoir coucher avec sa dulcinée devant la figure paternelle extrêmement rigide vis-à-vis du mariage et de ses obligations.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/docteur_jekyll_et_mister_hyde/.img1_m.png" alt="img1.png, nov. 2022" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Docteur-Jekyll-et-Mister-Hyde-de-Rouben-Mamoulian-1931#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1083Castaway, de Nicolas Roeg (1986)urn:md5:34f19f0bac141186e1d413c07df3b1ed2020-06-02T10:39:00+02:002020-06-02T09:41:30+02:00RenaudCinémaAventuresCoupleCriseDésirErotismeIleIle déserteIsolementMariageNatureNicolas RoegOliver ReedVoyage <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/castaway/.castaway_m.jpg" alt="castaway.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I believe in our future here."</strong></ins></span>
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<p>La présence d’<strong>Oliver Reed </strong>dans un tel film, ça dépasse l'entendement. 15 ans après sa prestation outrée, hallucinée et over the top dans <ins>Les Diables</ins> de <strong>Ken Russell</strong>, on le retrouve embarqué dans cette histoire renversante, adaptée de deux livres autobiographiques, dédiée à la lubie romantique d’un écrivain échoué volontaire sur une île déserte australienne en très bonne compagnie — qu'il avait pris le temps de soigneusement sélectionner au préalable. C'est le récit authentique de Lucy Irvine, une employée londonienne de 25 ans, blasée par la vie citadine, qui répond à une annonce dans Time Out London stipulant "écrivain d'une trentaine d'années recherche jeune épouse pour passer une année dans une île tropicale"... Une annonce placée par Gerald Kingsland, 49 ans, qui sélectionna cette femme parmi plus de cinquante candidates et avec qui il se maria (afin de respecter une loi australienne restreignant l'immigration) pour aller passer un an sur l'île de Tuin. Chacun des deux écrira un livre à l'issue de cette aventure, base de travail pour cette adaptation réalisée par le décidément très singulier <strong>Nicolas Roeg</strong>.</p>
<p>Ainsi, <ins>Castaway</ins> (à ne pas confondre avec le film de <strong>Robert Zemeckis</strong>, <ins>Cast away</ins>, "Seul au monde" en français) se résume à 2 heures presque intégralement sur une île déserte, en compagnie d’<strong>Oliver Reed </strong>en écrivain rêveur emphatique puis bougon et d'<strong>Amanda Donohoe </strong>en aspirante à l'émancipation sous les tropiques, essentiellement nue — un argument marketing incontournable, sans aucun doute. Elle dira d'ailleurs de manière assez drôle, au sujet du tournage : "<em>Well, naked on a desert island with Oliver Reed – it was a tabloid fantasy, wasn't it? He was an alcoholic and his behaviour was erratic, but he was always a courteous and good actor. His personal life wasn't working but he never crossed any lines professionally.</em>" Ce rêve de publicitaire lubrique se révèlera comme la cohabitation d'un homme et d'une femme mal assortis, découvrant très rapidement qu'ils ne partagent pas tout à fait la même conception de l'idylle exotique et du paradis paresseux. Loin, très loin de la robinsonnade annoncée.</p>
<p>De manière tout à fait surprenante et improbable, <strong>Nicolas Roeg </strong>parvient à tisser une atmosphère originale et bizarre de ce postulat de départ rachitique, en instillant peu à peu les ingrédients discrets d'une discorde qui détruira le magnifique paysage. Elle rêvait d'apprendre à survivre sur cette île dotée d’un incroyable potentiel, un peu à l’image d’un peuple primitif profitant de la faune et de la flore locales, mais lui avait tout simplement prévu de vivre d'amour et d'eau fraîche (fraîchement et régulièrement envoyée par son éditeur, comme une avance sur la publication du livre retraçant cette expérience à paraître) et de se repaître de sa monumentale flemme. Aventurier dans les mots (cette façon de déclamer "<em>I believe in our future here</em>" avec grandiloquence...), mais pas vraiment dans les actes. Malheureusement, emmuré dans son obsession contemplative et voluptueuse, il perd l'assentiment de sa conjointe qui en retour refuse de faire l'amour — alors que, rappelons-le, elle passe l’essentiel de son temps à marcher dans le sable blanc et à nager dans les lagons avoisinants dénudée. Au final, c'est bien elle qui se révèlera la plus apte à vivre dans ces conditions et sous ces latitudes, avec le désir et la force de caractère nécessaires. Ce sera le point de départ d’une longue hystérie bicéphale, principalement articulée autour d’une série de monologues, décrivant une situation d'incommunicabilité délirante, ponctuée par-ci par-là d'infections et de maladies assez peu glamours. Sur un rythme vraiment très étrange, avec un sens très singulier de la poésie et de l’attente, le paradis annoncé se transforme en un purgatoire parfaitement insolite.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/castaway/.cuisine_m.jpg" alt="cuisine.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/castaway/.plage_m.jpg" alt="plage.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/castaway/.soleil_m.jpg" alt="soleil.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Castaway-de-Nicolas-Roeg-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/783La Sorcellerie à travers les âges, de Benjamin Christensen (1922)urn:md5:1efa4d24f853ff9375154e7ab16c5eae2020-03-27T12:14:00+01:002020-03-27T18:25:21+01:00RenaudCinémaCinéma muetDanemarkErotismeFemmeInquisitionJérôme BoschMoyen ÂgePieter BrueghelSatanismeSorcellerieSuperstitionSuède <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorcellerie_a_travers_les_ages/.sorcellerie_a_travers_les_ages_m.jpg" alt="sorcellerie_a_travers_les_ages.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Démons lubriques et décoctions de doigts de voleur</strong></ins></span>
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<p><ins>La Sorcellerie à travers les âges</ins>, aujourd'hui, au-delà du voyage à travers le temps et les pratiques relevant de la sorcellerie (ou supposées comme telle) raconté à l’origine par le réalisateur danois <strong>Benjamin Christensen</strong>, est un voyage qui revêt une toute autre dimension graphique. Une plongée intense dans une esthétique gothique et satanique, influencée par les années 20 germaniques, depuis la Perse antique jusqu’à l’époque contemporaine du film en passant par le Moyen Âge. En l’espace de 7 chapitres, on parcourt aussi bien le folklore des sabbats que les méthodes employées par l’Inquisition pour s’adonner à la chasse aux sorcières — dans une acception qui n’aura jamais été aussi littérale — au creux d’un style graphique terriblement envoûtant.</p>
<p>On peut d’emblée évacuer les petites rugosités accumulées avec le temps (un siècle quand même) qui rendent certaines dispositions tour à tour ridicules ou démesurément emphatiques : ce ton professoral, censé insuffler au film une composante documentaire, avec l’instituteur pédagogue qui montre le détail intéressant sur une illustration du bout de son crayon, ou encore cette ultime partie un brin poussive sur la réactualisation des superstitions à travers le traitement des pathologies mentales chez la femme (l’insensibilité dans une région du dos serait un symptôme de l’hystérie), constituent autant de bizarreries. Une ambition didactique qui écrase le film sous le poids de sa démonstration, mais allégée ailleurs par l’incroyable travail de composition (les silhouettes inquiétantes, les visages ridés, les démons lubriques, les décors en clair-obscur) rappelant le travail pictural de <strong>Pieter Brueghel</strong> ou <strong>Jérôme Bosch</strong>.</p>
<p>Car ce qui marque très fortement (la rétine, entre autres), ce sont ces sabbats de sorcières, ces mixtures concoctées à partir de crapauds, de doigts de voleurs ou de corps de nouveau-nés, ces foules entières converties au satanisme en embrassant la croupe du diable, ces envoûtements donnant lieu à des scènes incroyablement érotiques, ces reconstitutions de moments de torture d’une grande diversité. Toute l’artillerie technique disponible à l’époque est mobilisée, avec des surimpressions, des séquences en stop motion, des maquillages variés, des gros plans sur les visages burinés de vieilles femmes, pour alimenter une atmosphère horrifique (en prenant le parti des sorcières de toutes les époques) à la lisière du surréalisme, sous l’impulsion sans cesse renouvelée de la perspective documentaire. Ces éclats de violence, d’angoisse et de nudité, avec la lubricité des bacchanales et l’effroi des arrière-cuisines où sont préparés divers onguents, feront clairement date.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorcellerie_a_travers_les_ages/.screenshot01_m.png" alt="screenshot01.png, mar. 2020" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Sorcellerie-a-travers-les-ages-de-Benjamin-Christensen-1922#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/751Elle n'a dansé qu'un seul été, de Arne Mattsson (1951)urn:md5:91634f941baa36dad5882a828dd9f0ca2019-02-26T14:00:00+01:002019-02-26T20:45:52+01:00RenaudCinémaCoupleEmancipationErotismeIngmar BergmanJeunesseReligionSuède <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elle_n-a_danse_qu-un_ete/.elle_n-a_danse_qu-un_ete_m.jpg" alt="elle_n-a_danse_qu-un_ete.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="elle_n-a_danse_qu-un_ete.jpg, fév. 2019" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Jeux d'été</strong></ins></span><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong><br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Impossible (ou du moins très difficile) de ne pas considérer <ins>Elle n'a dansé qu'un seul été</ins>, du réalisateur suédois <strong>Arne Mattsson, </strong>à l'aune de deux particularités.</p>
<p>La première, c'est la scène où les deux jeunes amoureux se retrouvent dénudés au cours d'une baignade qui fut à l'époque jugée sulfureuse, à tel point que le film fut interdit dans certains pays et sortit avec des années de retard aux États-Unis. Quand on voit la scène en question aujourd'hui, qui expose notamment la poitrine d'<strong>Ulla Jacobsson</strong> mais qui en outre capte un très beau moment sensuel dans un étang bordé de roseaux, on peut s'amuser en observant l'évolution des normes institutionnelles en matière de suggestion maximale tolérée. D'autres éléments au-delà du scandale et de cette partie-là de la renommée du film, heureusement, ont résisté à l'épreuve du temps.</p>
<p>La seconde, c'est la parenté avec le premier segment de la filmographie d'un autre cinéaste suédois, <strong>Ingmar Bergman</strong>, qui réalisait la même année <ins>Jeux d'été</ins>. On ne peut que constater la multitude de points communs dans la façon d'appréhender la romance et les contraintes comme autant d'obstacles à l'émancipation des jeunes adultes. Le tragique et la légèreté entremêlés, avec un soupçon de mélancolie, mais aussi le personnage de Marie qui disait aussi, chez <strong>Bergman</strong>, "<em>je ne crois pas que Dieu existe, et s'il existe, je le haïrai toujours... S'il était devant moi, je lui cracherais au visage</em>".</p>
<p>L'histoire de Goran (comme un <strong>Gérard Philipe </strong>suédois) et Kerstin, présentée à la faveur d'un flashback amorcé lors d'un enterrement en introduction, se résume à un amour impossible, condamné par les parents autant que par l'église. Ils se rencontrent lors des vacances d'été, mais les mœurs extrêmement puritaines alimentées par un pasteur rigoriste forment des contraintes sociales qui les empêcheront de s'épanouir. Le portrait qui est fait du pasteur peut paraître quelque peu forcé, dans sa façon d'invoquer la colère de dieu, à travers son rôle dans l'accident de moto auquel Kerstin ne survivra pas. Il concentre beaucoup de maux pour quelqu'un qui condamne aussi durement l'immoralité de ses agneaux, en opposition avec l'oncle Persson, beaucoup moins instruit, qui sera le seul à exprimer de la tendresse et de la tolérance pour la jeune disparue. Un charge anticléricale assez forte, une opposition nuancée entre mœurs citadines et campagnardes, et des moments de liberté parsèment le film, et rappellent eux aussi certains films de <strong>Bergman</strong>, à commencer par <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Monika-de-Ingmar-Bergman-1953">Monika</a></ins>.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elle_n-a_danse_qu-un_ete/.lac_m.jpg" alt="lac.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="lac.jpg, fév. 2019" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Elle-n-a-danse-qu-un-seul-ete-de-Arne-Mattsson-1951#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/621The Black Cat, de Kaneto Shindō (1968)urn:md5:76c492670e87d0f145af7b39b11aaa132016-10-10T17:08:00+02:002016-10-10T16:29:00+02:00RenaudCinémaErotismeEsthétiqueJaponKaneto ShindōMoyen ÂgeNobuko OtowaSamouraïSexe <div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.black_cat_1_m.jpg" alt="black_cat_1.jpg" title="black_cat_1.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.black_cat_2_m.jpg" alt="black_cat_2.jpg" title="black_cat_2.jpg, oct. 2016" /></div>
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Éradication du mâle à la source<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Plus on parcourt la filmographie de <strong>Kaneto Shindō</strong>, plus on s'aventure dans les recoins poétiques et atmosphériques de ses histoires, et plus le charme vénéneux de ses images fait sens, plus il gagne en puissance. En prenant pour cadre le Japon médiéval au temps des guerres civiles et des samouraïs-rois, <ins>The Black Cat</ins> ("<em>A Black Cat in a Bamboo Grove</em>" si l'on se tient à la traduction du titre original) ne déroge pas à la règle de ces films envoûtants et au style si particulier. Différence notable avec ses précédents films (connus), <strong>Shindō</strong> s'engage ici sur les terres mystérieuses du conte horrifique, dans des proportions bien différentes de ce que distillait avec malice <ins>Onibaba</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Onibaba-de-Kaneto-Shindo-1964">lire le billet à ce sujet</a>).</p>
<p>Si la poésie de l'ensemble se savoure sans retenue, tant dans les thématiques abordées que dans les choix esthétiques retenus, il faut dans un premier temps passer par un sursaut d'horreur d'un autre genre. L'introduction ne ménage pas les yeux des âmes en peine passant par là et fait déferler sur une pauvre femme (<strong>Nobuko Otowa</strong>, encore elle) et sa bru une horde de samouraïs rageurs et avides de chair. La guerre qui secoue le pays a enfanté ces êtres sauvages et dénués de morale, et les sévices qu'ils font subir aux deux femmes, en les violant et en brûlant leur maison, enfanteront à leur tour des esprits maléfiques assoiffés de vengeance. Il ne fait pas bon être samouraï en ces lieux, désormais, et passer non loin de la porte de Rajōmon (<strong>Kurosawa </strong>était déjà passé par là 18 ans plus tôt) se fera au péril de sa vie.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/dos.jpg" alt="dos.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="dos.jpg, oct. 2016" /></p>
<p><strong>Shindō </strong>reprend dans une certaine mesure le thème du rape and revenge médiéval qu'<strong>Ingmar Bergman</strong> avait magnifiquement mis en scène dans <ins>La Source</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Source-de-Ingmar-Bergman-1960">encore un billet</a>). Mais là où le réalisateur suédois abordait le désir de vengeance à l'aune du questionnement existentiel et spirituel à travers le personnage interprété par <strong>Max von Sydow</strong>, <ins>The Black Cat</ins> suit le chemin plus simple mais tout autant sinueux des représailles méditées et teintées de fantastique. La terreur est tapie dans l'ombre d'une forêt de bambous et la peur enfle progressivement, à mesure que les samouraïs se perdent dans le piège sanglant tendu par les deux fantômes. C'est l'ambiance (visuelle et sonore), tissée avec grand soin, qui est au cœur des enjeux ici.</p>
<p>Que ce soit à travers l’utilisation des costumes fournis des samouraïs et des esprits, le maquillage très prononcé et évolutif (au gré de leurs humeurs de spectres vengeurs) des deux femmes, ou encore leurs déplacements très expressifs, comme si elles flottaient au ras du sol au lieu de marcher, <ins>The Black Cat</ins> fait beaucoup penser au théâtre traditionnel japonais, le kabuki. Le récit en emprunte une variation savoureusement féministe, et occasionnellement érotique. L’environnement sonore appuie encore davantage cette impression. Même si une portion de la première partie peut sembler répétitive, avec les allées et venues incessantes des samouraïs sur le point de se faire séduire et égorger, et même si la morale de ce conte peut paraître un peu simpliste, l’ambiance inquiétante qui se déroule peu à peu et qui nous enveloppe lentement comme les rets des fantômes se repliant autour des samouraïs déchus se suffit, très vite, à elle-même. À la première émanation de fumée blanche, aussi menaçante que cinégénique, le ton est donné. Et il est trop tard pour s’échapper : le piège s’est déjà refermé.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.repas_m.jpg" alt="repas.jpg" title="repas.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.chat_m.jpg" alt="chat.jpg" title="chat.jpg, oct. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.fumee_m.jpg" alt="fumee.jpg" title="fumee.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.nuit_m.jpg" alt="nuit.jpg" title="nuit.jpg, oct. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.saut_m.jpg" alt="saut.jpg" title="saut.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.erotisme_m.jpg" alt="erotisme.jpg" title="erotisme.jpg, oct. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.arches_m.jpg" alt="arches.jpg" title="arches.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.cheval_m.jpg" alt="cheval.jpg" title="cheval.jpg, oct. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.fille_m.jpg" alt="fille.jpg" title="fille.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.esprit_m.jpg" alt="esprit.jpg" title="esprit.jpg, oct. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.autel_m.jpg" alt="autel.jpg" title="autel.jpg, oct. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_cat/.folie_m.jpg" alt="folie.jpg" title="folie.jpg, oct. 2016" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Black-Cat-de-Kaneto-Shindo-1968#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/355