Je m'attarde - Mot-clé - Expressionnisme le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLes Nuits de Chicago, de Josef von Sternberg (1927)urn:md5:64caa57cd48f67e3c5613674d32a09b52022-10-17T11:32:00+02:002022-10-17T11:32:00+02:00RenaudCinémaExpressionnismeGangsterJosef von SternbergRomanceTriangle amoureux <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_chicago/.nuits_de_chicago_m.jpg" alt="nuits_de_chicago.jpg, sept. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>''How long since you had the body washed and polished?''<br /></strong></ins></span>
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<p>Si l'on en croit les historiens du cinéma, <ins>Underworld</ins> est non seulement un des premiers films réalisés par <strong>Josef von Sternberg </strong>mais aussi et surtout une œuvre matricielle du registre du film de gangster. Et il est très intéressant de constater que c'est un cinéaste austro-américain qui pose les jalons d'un style typiquement américain, qui se poursuivra chez <strong>Walsh</strong>, <strong>Hawks</strong>, <strong>Curtiz</strong>, <strong>Leroy</strong>, <strong>Wellman</strong>, <strong>Scorsese</strong>, <strong>Coppola</strong>, <strong>De Palma</strong>, etc. <strong>Sternberg </strong>incorpore dans ce film focalisé sur des criminels (des anti-héros, donc, chose assez rare à l'époque) des éléments divers : un peu de réalisme (notamment dans les séquences d'action qui voient des façades défigurées), pas mal d'expressionnisme allemand (les découpages des figures dans le cadre, les jeux de lumière omniprésents), et le tout lié par du sentimentalisme mélodramatique 100% états-unien. Très beau mélange pour une expérimentation de la fin des années 1920.</p>
<p>La caractérisation des personnages est très habile et séduisante, étonnamment mature pour son temps. Les gros méchants que sont Bull Weed et Buck Mulligan sont remarquablement interprétés par des acteurs américains avec des tronches patibulaires au poil — <strong>George Bancroft</strong>, excellent. Le petit minois de <strong>Evelyn Brent </strong>fonctionne à plein régime également, mais c'est du côté du plus gentil des méchants, l'avocat alcoolo ruiné, que l'interprétation se fait la plus faible avec <strong>Clive Brook </strong>dans le rôle de "Rolls Royce" Wensel. Pourtant, quand Feathers lui avance "How long since you had the body washed and polished?", il est censé fondre littéralement... Un personnage un peu trop terne pour cette figure d'épave qui reprendra vigueur auprès des deux lascars.</p>
<p>La dose de romance tourne autour d'un triangle amoureux élégant, classique mais efficace, mis en avant à l'aide de la mise en scène et la photographie toujours aussi impeccables de <strong>Sternberg </strong>— la petite plume qui se détache du manteau de la belle et qui finit aux pieds du protagoniste, Bull traqué par la police qui prend le temps de tremper son doigt dans une bouteille de lait pour cajoler un chaton. Le sursaut de conscience final est bien sûr un peu exagéré, en tous cas d'une rapidité quelque peu incohérente, mais on gardera plutôt en mémoire la scène de bal (festival de serpentins) et tous les codes avant-gardistes du film de gangster énoncés méthodiquement.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_chicago/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_chicago/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_chicago/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Nuits-de-Chicago-de-Josef-von-Sternberg-1927#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1073La Rue sans joie, de Georg Wilhelm Pabst (1925)urn:md5:72f84b5a48b0dffbfbfb78dcd824f2a72021-07-05T12:09:00+02:002021-07-05T11:10:29+02:00RenaudCinémaCinéma muetExploitationExpressionnismeGeorg Wilhelm PabstGreta GarboMeurtreMisère <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rue_sans_joie/.rue_sans_joie_m.jpg" alt="rue_sans_joie.jpg, juin 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>L'impasse<br /></strong></ins></span></div>
<p>L'époque et le cadre, les années 20 à Vienne, n'étaient vraisemblablement pas porteurs d'un élan joyeux ou d'une joie communicative, si l'on en juge le contenu du film de <strong>Georg Wilhelm Pabst</strong>, c'est le moins qu'on puisse dire. Le titre annonce la couleur, toutes les couleurs, même : <ins>La Rue sans joie</ins>, c'est-à-dire le portrait double d'une rue et d'une misère. Une sorte de proto-film choral, avec un lieu très réduit dans lequel évolue une multitude de personnages — parmi lesquels on peut voir <strong>Asta Nielsen </strong>et surtout <strong>Greta Garbo</strong>, dont le maquillage épais vient accentuer les effets d'ombres et de lumières dans la continuité d'un expressionnisme allemand plutôt accentué.</p>
<p>La majorité de la population baigne dans une misère noire, sans aucun rayon de soleil, avec seulement des combines pour survivre. Des combines qui sont plus prosaïquement liées à la prostitution dans l'arrière-boutique d'un boucher, un personnage inique et particulièrement abominable. Une scène notable montrera comment une jeune fille se prostituera (en hors-champ bien entendu) dans ce lieu horrible, et comment le boucher la rétribuera par la suite avec un morceau de viande. De la viande contre de la viande. De l'autre côté, il y a tous les hommes d'affaire (un peu trop unanimement) véreux, particulièrement friands de spéculations financières en répandant des rumeurs de grève pour faire baisser l'action et maximiser les profits. Un magasin de vêtements abrite leurs affaires, tenu par un autre personnage sinistre de mère maquerelle. La confrontation des classes, avec les miséreux exploités par les bourgeois, dans toute sa splendeur.</p>
<p>Une vague histoire de meurtre et d'enquête policière constitue un autre fil rouge poursuivant son cours jusqu'à la fin où peu ou prou tous les arcs trouveront un happy end (éventuellement contraint, si l'on en juge les conditions de production). De riches spéculateurs qui se complaisent dans un luxe ostentatoire, des prolos sans emploi qui gisent dans les bas-fonds, les institutions impuissantes quand elles ne sont pas complices : la violence du propos et la crudité du ton sont assez étonnantes, quoiqu'un peu trop alignées dans une même direction sordide. Mais le tableau de la débauche, du vulgaire, du chic qui jouxte la luxure, est vraiment éloquent.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rue_sans_joie/.mains_m.jpg" alt="mains.jpg, juin 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rue_sans_joie/.maquerelle_m.jpg" alt="maquerelle.jpg, juin 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rue_sans_joie/.greta_m.jpg" alt="greta.jpg, juin 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rue_sans_joie/.boucher_m.jpg" alt="boucher.jpg, juin 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Rue-sans-joie-de-Georg-Wilhelm-Pabst-1925#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/979La Chute de la maison Usher, de Jean Epstein (1928)urn:md5:58a3473f7175947f3ab8339991287efb2021-01-24T20:33:00+01:002021-01-24T20:39:10+01:00RenaudCinémaEdgar Allan PoeExpressionnismeFeuJean EpsteinMortPeintureRevisionnageRésurrection <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chute_de_la_maison_usher/.chute_de_la_maison_usher_m.jpg" alt="chute_de_la_maison_usher.jpg, oct. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Possession et catalepsie</strong></ins></span>
</div>
<p><em>Première publication le 03-10-2019.</em></p>
<p>Le cinéma expérimental des années 20 et 30 a quelque chose de vraiment passionnant, pour peu que l'on soit réceptif aux univers expressionnistes, aux poèmes surréalistes, ou encore aux contes gothiques. Sans aller du côté des expériences les plus extrêmes à la <strong>Dziga Vertov </strong>(<ins>L'Homme à la caméra</ins> sortira un an plus tard) ou comme <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Passion-de-Jeanne-d-Arc-de-Carl-Theodor-Dreyer-1928"><ins>La Passion de Jeanne d’Arc</ins></a> de <strong>Dreyer </strong>sorti la même année, il serait tentant de voir dans la démarche furieusement avant-gardiste de Jean Epstein le prolongement de travaux initiés par d'autres bâtisseurs comme <strong>Robert Wiene </strong>ou <strong>Friedrich Wilhelm Murnau</strong>. Le gothique de certaines séquences (notamment le transfert du cercueil de Lady Madeleine vers la crypte, à travers un bois brumeux et menaçant) semble réactualiser les codes définis par <ins>Nosferatu le vampire</ins> (1922) tandis que l'altération des décors lorsque Sir Roderick Usher sombre dans la folie peut se voir comme un vague écho des transformations très anguleuses dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920"><ins>Le Cabinet du docteur Caligari</ins></a> (1920) — dans l'effet que ces transformations produisent sur la perception du réel.</p>
<p>L'adaptation de <strong>Poe </strong>laisse à <strong>Epstein </strong>une grande latitude dans l'exploitation des atmosphères à la fois mystérieuses et inquiétantes : au-delà de la pure modernité de la mise en scène du point de vue strictement technique, il semble toujours y avoir un souci de l'effet produit. Il y a des mouvements de caméra très étonnants pour l'époque ainsi qu'une utilisation assez classique de la surimpression, mais certains effets extrêmement simples charpentent des atmosphères d'une incroyable singularité. C'est notamment le cas à l'apogée de la thématique principale, celle de la vampirisation par l'œuvre artistique : alors que le peintre termine son tableau, après qu'il a entièrement absorbé l'essence vitale de son modèle, un simple ralenti sur le corps de la femme, dans sa chute, produit un effet envoûtant, presque terrifiant, comme un électrochoc de poésie fantastique.</p>
<p>Cette manipulation du temps est d'ailleurs omniprésente dans la seconde partie du film, avec une dilatation étrange qui produit une ambiance très particulière, alors que le protagoniste se morfond dans le déni. Dans ces atmosphères où la poésie bourgeonne au creux d'un temps suspendu, où l'on ne sait jamais sur quel pied danser, entre réalisme et onirisme, on se croirait sur (voire sous) le bateau de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Atalante-de-Jean-Vigo-1934"><ins>L'Atalante</ins></a> — d'autant que dans ce dernier, fruit du cinéma parlant, <strong>Jean Vigo </strong>jouait beaucoup avec des codes du muet.</p>
<p>Plus que le discours sur l'absorption de l'être par l'art et sur la douleur qui accompagne le processus créatif, à travers le dépérissement du modèle consumé par le pinceau de l'artiste mais aussi la résurrection fantomatique de cette dernière dans la destruction de la demeure, ce sont toutes ces images qui resteront en mémoire, en l'assaillant de ses impressions fantastiques. Décidément, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Finis-Terrae-de-Jean-Epstein-1929"><ins>Finis Terrae</ins></a> et sa poésie documentaire semble à des années-lumière... alors qu'il sortira l'année suivante. La suggestion morbide hante tout le film, dans cette histoire de possession jusqu'à la mort, et nourrit une forme de catalepsie dont on ne ressortira qu'à travers les flammes d'une maison détruite.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chute_de_la_maison_usher/.bois_m.jpg" alt="bois.jpg, oct. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<hr />
<p><em>Seconde publication le 24-01-2021.</em></p>
Un an et demi après le premier visionnage, mon point de vue a très peu changé. Je dialogue de manière totalement synchrone avec mon moi de 2019, et je suis très en phase avec ce que j’écrivais alors : cf. ci-dessus. Un signe de bonne santé mentale, serait-on tenté de dire... Certes.
<p>Quelques éléments supplémentaires, cependant, puisque cette nouvelle confrontation avec l'univers de Poe passé à travers le filtre d'<strong>Epstein </strong>s'opère cette fois-ci au terme d'un voyage parcellaire à travers sa filmographie, depuis ses débuts du côté des studios Albatros jusqu'à la période d'indépendance au sein de sa propre société de production — dont <ins>La Chute de la maison Usher</ins> signe l'arrêt de mort. Œuvre de transition par excellence, elle contient à la fois toute la diversité technique qu'<strong>Epstein </strong>aura développée et perfectionnée au cours des 5 années précédentes, à laquelle s'ajoute un univers fantastique jusqu'alors totalement inédit dans son parcours. Un imaginaire onirique et macabre qui peut rappeler, sous certains aspects seulement, le <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Vampyr-ou-l-etrange-aventure-d-Allan-Gray-de-Carl-Theodor-Dreyer-1932"><ins>Vampyr</ins></a> que <strong>Dreyer </strong>réalisera 4 ans plus tard. Mais attention aux ponts lancés trop vite, car s'il est toujours tentant de relier quelques séquences à un expressionnisme allemand, <strong>Epstein </strong>exprimait ouvertement son aversion pour des films comme <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920"><ins>Le Cabinet du docteur Caligari</ins></a>.</p>
<p>La modernité de la mise en scène reste vraiment incroyable, que ce soit dans le point de vue subjectif de certains travellings avant (ce plan au ras du sol, dans un couloir, au milieu des feuilles tourbillonnantes et des rideaux malmenés par un vent puissant !), dans les ruptures de rythme et de style pour figurer les différents temps du récit, dans les ambiances tissées avec délicatesse — la figuration par surimpression du mal qui s'empare de Madeleine (interprétée par <strong>Marguerite Gance</strong>, la femme d’<strong>Abel</strong>) lorsque Roderick apporte les derniers coups de pinceau à son portrait... Un poème gothique très court, finalement, à l'échelle de sa filmographie des années 20, qui marque un tournant esthétique sidérant avec le recul. La femme donne sa vie pour un tableau (un peu comme <strong>Epstein </strong>sacrifie sa société de production pour voir naître le film), et sa résurrection coûtera au couple son manoir, l'un et l'autre étant tragiquement liés.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chute_de_la_maison_usher/.couple_m.jpg" alt="couple.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chute_de_la_maison_usher/.femme_m.jpg" alt="femme.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chute_de_la_maison_usher/.robe_m.jpg" alt="robe.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/chute_de_la_maison_usher/.manoir_m.jpg" alt="manoir.jpg, janv. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Chute-de-la-maison-Usher-de-Jean-Epstein-1928#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/710Vampyr, ou l'étrange aventure d'Allan Gray, de Carl Theodor Dreyer (1932)urn:md5:98142025f9b89b6338669d1ea09bd9ef2020-10-23T11:49:00+02:002020-10-23T11:01:58+02:00RenaudCinémaCarl Theodor DreyerExpressionnismeFantastiqueHorreurMortMystèreOnirismeVampire <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.vampyr_m.jpg" alt="vampyr.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Silences parlants<br /></strong></ins></span></div>
<p><ins>Vampyr</ins>, un voyage éprouvant dans lequel on s'embarque avec beaucoup de difficultés et dont on revient tout aussi difficilement. On aura beau être familier avec la thématique du vampire, connaître les singularités extrêmes du cinéma de <strong>Dreyer</strong>, voire même apprécier l'expressionnisme sous de nombreuses formes, l'expérience restera imprévisible et déroutante à la frontière de l'inconfort. C'est une lente déambulation dans un univers onirique aux contours insaisissables au premier abord, comme si rien n'était tangible, comme si on évoluait dans un cauchemar qui redéfinissait sans cesse le cadre et les règles du jeu. On ne peut pas dire que le visionnage soit de tout repos, dans le sens du poil, linéaire et invariable. Par contre, si l'ensemble ne se structure pas naturellement et instantanément dans une forme intelligible et immédiatement assimilable, il s'en dégage un envoûtement puissant, un charme semblable à l'ensorcellement du protagoniste Allan Gray, happé par ces lieux hantés et peuplés de zones d'ombres.</p>
<p>En ce sens, <ins>Vampyr</ins> procède davantage par une succession d'images-symboles que par une progression narrative classique. Il retrouve bien sûr des codes propres au vampirisme disséminés tout au long du récit, mais le symbolisme s'aventure bien plus loin pour construire son atmosphère cauchemardesque. Le résultat pourrait s'apparenter à une plongée aux côtés du personnage dans son cauchemar éveillé, perdu face au mystère. Parmi tout le cortège de figures qui alimentent un surréalisme très subjectif, on peut mentionner cette porte fermée à clé qui s'ouvre toute seule, cette fille au visage blême portant un regard dément, cet unijambiste dans un escalier, ces ombres qui dansent sur les murs de pierre ou dans le reflet paisible d'un cours d'eau, cette vision subjective depuis l'intérieur d'un cercueil, et bien sûr cet homme avec une faux sonnant une cloche — la faucheuse terrifiante d'effroi. Un peu comme si on pénétrait dans les parts les plus intimes de nos angoisses par autant de brèches.</p>
<p>Dans ces paysages brumeux et étranges, on déambule d'une scène à l'autre sans jamais en saisir l'objet a priori, provoquant un certain sentiment d'inconfort heureusement contrebalancé par un autre sentiment de sidération esthétique. L'étrangeté est poussée jusque dans la nature hybride du film, à la frontière entre muet et parlant — la brume se faufile décidément à tous les étages. On passe d'un plan propre à un registre à un autre plan mis en scène de manière totalement différente, d'une séquence explicitement dialoguée à une autre directement empruntée au cinéma muet, dépourvue de parole et accompagnée de la lecture d'un long intertitre issu d'un livre. Le silence s'invite ainsi dans le parlant. <strong>Dreyer </strong>travaillera dans cette optique le brouillage de nombreuses frontières, jusque dans les niveaux de conscience, pour nous égarer entre réel et surnaturel. Les décors n'ont jamais été aussi vaporeux et austères, comme tirés d'entre deux mondes, permettant ainsi au héros de se contempler, allongé dans un cercueil, au cours d'une séquence incroyablement macabre et onirique.</p>
<p>Expérience éreintante également pour <strong>Dreyer </strong>: il faudra attendre 11 ans avant qu'il ne revienne au cinéma avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Jour-de-colere-de-Carl-Theodor-Dreyer-1943"><ins>Jour de colère</ins></a>.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.fenetre_m.jpg" alt="fenetre.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.malade_m.jpg" alt="malade.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.faux_m.jpg" alt="faux.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.cercueil_m.jpg" alt="cercueil.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.tableau_m.jpg" alt="tableau.jpg, oct. 2020" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Vampyr-ou-l-etrange-aventure-d-Allan-Gray-de-Carl-Theodor-Dreyer-1932#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/843Le Cabinet du docteur Caligari, de Robert Wiene (1920)urn:md5:3f4f0b13491e6e33895c6b4a7db98c8b2020-05-19T19:43:00+02:002020-05-19T19:43:00+02:00RenaudCinémaAllemagneAsileExpressionnismeFolieHorreurRobert Wiene <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cabinet_du_docteur_caligari/.cabinet_du_docteur_caligari_m.jpg" alt="cabinet_du_docteur_caligari.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="cabinet_du_docteur_caligari.jpg, juil. 2019" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"La faute qui consiste à photographier platement des décors excentriques."</strong></ins></span>
</div>
<p>Le bon côté d'entretenir des lacunes dans le temps, c'est qu'on se réserve la possibilité de prendre de jolies claques en dépit de l'épaisseur de la carapace que l'on se construit inexorablement. De telles épiphanies après tant d'années de boulimie cinéphile, c'est aussi inattendu que rassurant. [À noter que cette remarque reste valable encore un an après son écriture...]</p>
<p>Un siècle plus tard, le jeu des récits encastrés fonctionne encore. Je ne sais pas s'il s'agit du premier film raconté à la première personne, au sens où l'univers qui nous est décrit est profondément déformé par la subjectivité du narrateur (un fou, qui plus est), ni s'il s'agit du premier twist de l'histoire du cinéma, mais le résultat est le même : on est totalement aspiré dans cette spirale expressionniste qui emporte tout sur son passage. On en revient d'ailleurs à la définition même de l’expressionnisme, la retranscription d'une réalité altérée par l'expression d'une subjectivité, et à la matrice du genre horrifique, avec des thématiques, des expressions, et des graphismes qui hanteront les cent années de cinéma à venir. Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur de telles pépites, c'est un peu comme assister à une naissance, ou à la naissance d'une révolution.</p>
<p>Une fois passées les cinq premières minutes du prologue lançant l'essentiel du film à travers un flashback, on pénètre dans un univers complètement cinglé, composé en grande partie de décors particulièrement oppressants signés <strong>Hermann Warm</strong>. Du sol au plafond, les surfaces sont barbouillées d'inscriptions étranges, les murs obliques offrent des perspectives abstraites et saillantes (les angles sont incroyablement aigus) évoquant une forme de cubisme dégénéré, les proportions semblent parfaitement irrationnelles... Décors que l'on peut d'ailleurs voir sous toutes leurs coutures à l'occasion de quelques entretiens avec <strong>Henri Langlois</strong>, mis en ligne par la Cinémathèque à la faveur du confinement. Cette ville en carton-pâte pourrait être d'un mauvais goût absolu, et pourtant l'ambiance angoissante tourne à plein régime. Une certaine vision de l'horreur, donc, un délire généré par un cerveau malade, ou du moins présenté comme tel : Francis, on l'apprendra plus tard, est résident d'un asile psychiatrique. Sauf que le directeur de l'établissement a les traits du docteur Caligari, le marionnettiste aux plans machiavéliques contrôlant un pauvre somnambule dans son histoire, et l'intérieur de l'asile présente les mêmes aberrations géométriques que dans son cauchemar. Cesare, la "créature" (cf <ins>Frankenstein</ins>, <ins>Nosferatu</ins>, etc.) effrayante contrôlée par Caligari, n'est en réalité qu'un simple résident discret de l'asile comme Francis. La scène où il ouvre les yeux pour la première fois a quelque chose de radicalement effrayant.</p>
<p>Histoire de fou racontée par un fou total ou bien par un fou dont la conscience se serait réveillée, on ne saura pas. On pourrait même y voir un simple exercice de style, pour peu qu'on ne soit pas hypnotisé par cet univers horrifique. <strong>Robert Wiene </strong>ne faisait pas l'unanimité à l'époque : <strong>Jean Cocteau </strong>dira que "<em>Caligari est le premier pas vers une faute qui consiste à photographier platement des décors excentriques, au lieu d'obtenir des surprises par l'appareil de prise de vues</em>". On reconnaît là le réalisateur d'<ins>Orphée</ins>, œuvre relativement peu accessible qui peut susciter une fascination similaire, bien que très différente (beaucoup moins morbide) dans son approche de l'onirisme. Mais on peut très difficilement contester au <ins>Cabinet du docteur Caligari</ins> son importance historique à l'échelle du cinéma (expressionniste, d'épouvante, et tout le reste). Et cette phrase presque finale résonne encore longtemps après que le film soit terminé : "<em>ne le laissez pas prévenir l’avenir ou vous mourrez !</em>".</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cabinet_du_docteur_caligari/.angles_m.jpg" alt="angles.jpg" title="angles.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cabinet_du_docteur_caligari/.cercueil_m.jpg" alt="Das Kabinett des Doktor Caligari" title="Das Kabinett des Doktor Caligari, juil. 2019" /> <br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cabinet_du_docteur_caligari/.vampire_m.jpg" alt="vampire.jpg" title="vampire.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cabinet_du_docteur_caligari/.ombre_m.jpg" alt="ombre.jpg" title="ombre.jpg, juil. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/689Kagemusha, l'ombre du guerrier, de Akira Kurosawa (1980)urn:md5:f6b56cd3a8f95d159f5f3db255edefe82020-04-21T15:52:00+02:002020-04-21T14:53:34+02:00RenaudCinémaAkira KurosawaCinéma asiatiqueExpressionnismeGuerreJaponMoyen ÂgeOnirismePeintureTatsuya Nakadai <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.kagemusha_m.jpg" alt="kagemusha.jpg" title="kagemusha.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.kagemusha_B_m.jpg" alt="kagemusha_B.jpg" title="kagemusha_B.jpg, juil. 2019" />
</div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Peintures du chaos</strong></ins></span>
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<p><ins>Kagemusha</ins>, de la même façon que <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ran-de-Akira-Kurosawa-1985"><ins>Ran</ins></a> 5 ans plus tard, adopte pour toile de fond le Japon du XVIe siècle : un pays ravagé par les guerres entre clans rivaux, tous souhaitant contrôler la totalité du territoire, quel qu'en soit le prix. Si les deux récits épousent des trajectoires bien différentes, avec des thématiques qui leur sont propres, un constat esthétique commun s'impose très rapidement : le travail de <strong>Akira Kurosawa </strong>sur la couleur est renversant, laissant une empreinte indélébile sur la rétine.</p>
<p>Le kagemusha du titre pourrait se traduire par "double politique", et c'est <strong>Tatsuya Nakadai </strong>qui endosse le rôle de ce chapardeur sans nom, évitant de justesse une condamnation à mort grâce à ses traits physiques : il remplacera aussi souvent (et longtemps) que nécessaire le chef du clan Takeda, Shingen. De cette situation remarquablement impromptue découlera une quantité considérable de contraintes sur le pauvre kagemusha, suite à la blessure mortelle du chef, et les troubles moraux et psychologiques dont il souffrira sera l'occasion pour <strong>Kurosawa </strong>de les illustrer par une série de feux d'artifice esthétiques bouleversants. Le travail à ce niveau sur <ins>Kagemusha</ins> reste sensiblement différent de celui sur <ins>Ran</ins>, pour continuer sur ce rapprochement, notamment dans sa dimension surréaliste qui revient à de nombreuses reprises. Le cauchemar terrible de kagemusha en est sans doute le meilleur exemple, dans lequel on voit le pauvre sosie prisonnier d'un univers coloré totalement délirant et poursuivi par l'ombre de Shingen en armure, matérialisant à merveille l'angoisse, la confusion et la détresse toutes également immenses qui le saisissent. Plus il cherche à s'en éloigner, plus l'image de Shingen revient le hanter.</p>
<p>Mais ces séquences ensorcelantes, alliant un symbolisme fort et un impact graphique intense, restent très nombreuses au sein du film : sans rechercher l'exhaustivité, on retiendra par exemple celle où des soldats défilent avec leurs oriflammes en haut d'une colline, en contre-jour, laissant s'échapper une lumière mordorée presque apocalyptique, ou encore celle en fin de film où les cavaliers des différentes unités se jettent contre les fusiliers ennemis par vagues colorées successives avant de se retrouver dans leur massacre, dans l'homogénéité rouge du sang versé. <strong>Kurosawa</strong>, ce peintre. Le recours au hors-champ dans cette dernière séquence, toute en suggestion, produit des effets impressionnants, encapsulant la cruauté et le pathétique dans le même élan pessimiste.</p>
<p>Pourtant, la toute première scène en plan fixe de 6 minutes sur le dialogue de trois personnages immobiles sur fond gris ne laissait pas du tout présager une telle ampleur. Rétrospectivement, elle portait pourtant en germes les interrogations à l'origine des tourments du protagoniste, grand seigneur le jour et vulgaire brigand la nuit, cette quête d'identité sur les flots du dédoublement de la personnalité. Un petit voleur sans valeur morale qui découvrira le sens de l'honneur au cours de sa rédemption, dans les habits d'un autre. Un parcours du combattant constant, nécessitant une vigilance de tous les instants devant soldats, famille, maîtresses, et même petit-fils, qui se heurtera à l'incoercibilité d'un cheval indomptable. Après être rentré dans le moule de son double au point de méduser son entourage (serait-ce l'esprit de Shingen qui contrôlerait le corps de l'inconnu ?), il transitera vers un état de déchéance absolue en étant violemment renvoyé dans le monde réel, avant que la folie ne le pousse vers un ultime sacrifice au nom du clan qui l'aura laminé.</p>
<p>On ne sort pas indemne de ce conte troublant sur l'ambivalence du pouvoir et la dualité des êtres. L'imagerie expressionniste, la densité thématique, les rêveries méditatives, les couleurs vibrionnantes et la noirceur désespérée de la conclusion forment un tout d'une rare cohérence et d'une acuité acérée.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.intro_m.jpg" alt="intro.jpg" title="intro.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.cheval_m.jpg" alt="cheval.jpg" title="cheval.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.vase_m.jpg" alt="vase.jpg" title="vase.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.trio_m.jpg" alt="trio.jpg" title="trio.jpg, juil. 2019" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.soleil_m.jpg" alt="soleil.jpg" title="soleil.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.reve_m.jpg" alt="reve.jpg" title="reve.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.crepuscule_m.jpg" alt="crepuscule.jpg" title="crepuscule.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.brasier_m.jpg" alt="brasier.jpg" title="brasier.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kagemusha/.arc_en_ciel_m.jpg" alt="arc_en_ciel.jpg" title="arc_en_ciel.jpg, juil. 2019" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Kagemusha-l-ombre-du-guerrier-de-Akira-Kurosawa-1980#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/688La Belle Nivernaise, de Jean Epstein (1924)urn:md5:161ee36c45b878345db1baee0f6a991e2019-11-07T20:01:00+01:002019-11-07T20:47:46+01:00RenaudCinémaBateauExpressionnismeJean EpsteinPoésie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/belle_nivernaise/.belle_nivernaise_m.jpg" alt="belle_nivernaise.jpg, nov. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Au fil de l'eau</strong></ins></span>
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<p><strong>Jean Epstein</strong> à ses débuts, 26 ans à peine, explorait un cinéma beaucoup plus pragmatique et naturaliste dans <ins>La Belle Nivernaise</ins> (1924) que dans ses œuvres de la fin des années 20 (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Chute-de-la-maison-Usher-de-Jean-Epstein-1928"><ins>La Chute de la maison Usher</ins></a>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Finis-Terrae-de-Jean-Epstein-1929">Finis Terrae</a></ins>), empreintes d'expérimentations formelles et de pulsions expressionnistes. On pourrait reconnaître quelques notes esthétiques annonciatrices de son style à venir, notamment à travers l'utilisation répétée de surimpressions mais aussi dans la mobilité de la caméra plutôt étonnante à cette époque du muet. Mais cette comédie dramatique fluviale reste relativement simple dans son exécution, en comparaison : l'histoire d'un enfant des rues recueilli par le patron d'une péniche, au gré de ses flirts avec la fille de son père adoptif, accommodée de péripéties ayant trait à une rivalité amoureuse et à l'émergence d'une paternité cachée.</p>
<p>L'occasion ceci dit de remarquer que les romances sur l'eau semblent constituer un genre à part entière, en seulement quelques films emblématiques des décennies à venir : 10 ans plus tard, <strong>Jean Vigo </strong>réalisera <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Atalante-de-Jean-Vigo-1934"><ins>L'Atalante</ins></a> (1934), et <ins>Sous les ponts</ins> de <strong> Helmut Käutner </strong>arrivera dans la décade suivante (1946) — les propositions pour les années 50 et en suivant sont bienvenues. Assez étrangement, ces trois excursions nautiques partagent les mêmes élans poétiques d'une très grande douceur, même si l'expression de cette poésie diffère sensiblement d'une décennie à l'autre, d'un pays à l'autre.</p>
<p>La romance qui unit l'orphelin temporaire Victor à la fille Clara n'est cependant pas aussi "simple" qu'évoqué plus haut, puisque <ins>La Belle Nivernaise</ins> se termine sur le mariage de deux personnages que l'on a été amené à considérer comme frère et sœur pendant tout le film... Quelques passages sont aussi très particuliers, envoûtants, comme celui qui a recours à une surimpression pour fondre le visage d'un personnage dans le portrait de Sainte Anne, un tableau de <strong>Léonard de Vinci</strong>, ou encore la présentation de certains nouveaux univers (l'internat vécu comme un lieu très hostile par Victor, ou le réveil à l'infirmerie avec le visage de la sœur qui s'approche de lui cerné d'une guimpe blanche immense).</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/belle_nivernaise/.victor_m.png" alt="victor.png, nov. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/belle_nivernaise/.tableau_m.png" alt="tableau.png, nov. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Belle-Nivernaise-de-Jean-Epstein-1924#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/717