Je m'attarde - Mot-clé - France le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearMatrix, de Lauren Groff (2023)urn:md5:1f67b9ed8648e079f78cc50cd09dd8eb2024-03-14T07:32:00+00:002024-03-14T07:32:00+00:00GillesLectureAbbayeFemmeFranceMoyen ÂgeSororité <img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.Matrix-Laure-Groff-2023_m.jpg" alt="" />
<p><q>J'ai nom Marie, et je suis de France</q>. Ce serait la plus ancienne signature d'une femme écrivaine trouvée dans la littérature française. On attribue à <strong>Marie de France</strong> la maternité de trois œuvres constituées de courts récits en vers : des lais, des poèmes et des fables. <strong>Lauren Groff</strong> s’empare de cette poétesse du XVIIème siècle dont les historiens savent peu de choses, pour en faire l'héroïne téméraire et érudite de son roman. </p>
<p><strong>Lauren Groff</strong> redonne ainsi vie à cette bâtarde de sang royal, demi-sœur du roi <strong>Henri II Plantagenêt</strong> (comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre). Élevée par des femmes fortes, elle suivit sa mère et ses tantes en croisade alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. </p>
<blockquote>
<p>Marie pense à sa tante Euphémie, capable de faire un saut périlleux pour descendre de cheval, à sa tante Honorine et à ses deux faucons pèlerins blancs, à sa tante Ursule avec ses bottes dorées et sa furieuse beauté, à sa mère puissante au rire vibrant, alors jouvencelles, embrassant l'aventure et la grâce divine autant qu'elles le pouvaient tout au long de la croisade.</p>
</blockquote>
<p><strong>Marie de France</strong>, cette géante disgracieuse dont la taille et l’esprit embarrassent, est astreinte à quitter la cour royale à l'âge de dix sept ans. En la nommant prieure d’une abbaye royale dans la campagne anglaise, la reine <strong>Aliénor </strong>dont <strong>Marie</strong> est amoureusement éprise, fait ainsi manigance pour éloigner son ombrage. </p>
<p>Cette abbaye en déliquescence est habitée par des nonnes et des oblates qui souffrent de la famine à cause d’une gouvernance catastrophique. C’est dans un état de pur délabrement et de désespoir que <strong>Marie</strong> fait son arrivée. Effondrée par cette découverte, elle sera trouver l’espoir et la force, non pas de fuir mais d’embrasser sa nouvelle place. </p>
<blockquote><p>Rien ne vient à bout du mal: ni la prière, ni le fait de les plonger dans l'eau bénite, de les attacher à leurs lits, de surgir en pleine nuit pour leur faire peur, de les tremper dans la rivière en les tenant par les chevilles, de leur frapper la tête avec une branche d'if, de les enterrer du sommet du crâne jusqu'à la pointe des pieds dans le fumier tiède, de les suspendre la tête en bas à un arbre en les faisant tourner jusqu'à ce qu'ils vomissent, ni même de pratiquer un petit trou dans leur crâne pour laisser les mauvaises humeurs en sortir. La rumeur se répand que les terres de l'abbaye sont la proie du diable, que ceux qui mangent ce qui y pousse ingèrent le mal.</p>
</blockquote>
<p>Elle retrouvera sa dignité par l’écriture, gagnera la confiance de ses sœurs à force de travail et deviendra l'abbesse de ce monastère de religieuses. L’histoire de <strong>Marie</strong> suivra en filigrane le destin de la reine <strong>Aliénor</strong> tout au long de sa vie, grâce à des espionnes et un réseau voué à sa cause. Ses projets ambitieux sont mis en péril par les velléités intérieures comme extérieures. Cette adversité va forger ou renforcer la détermination de <strong>Marie</strong> de poursuive son édifice. Après des années à lutter les unes avec les autres, par les autres et grâce aux autres, ses objectifs se déplaceront de fins personnelles et passionnelles vers une conviction plus profonde en la force de cette communauté de destin.</p>
<p><strong>Lauren Groff</strong> est une conteuse qui, dans son écriture et son approche, m'évoque <strong>Ursula Le Guin</strong> dans son dernier roman <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lavinia-de-Ursula-K-Le-Guin-2008"><ins>Lavinia</ins> (2008)</a>. Les deux écrivaines participent à honorer deux figures féminines mystérieuses, au risque peut-être de les idéaliser, en les dotant d'un esprit frondeur et libre. Une autre connexion relie les deux romans puisque les deux héroïnes partagent cette incommode propension aux apparitions… Ces visions mi-prophétiques, mi-béatifiques ne manquent pas d'intérêts même pour le lecteur athée et peu enclin au mysticisme que je suis, ne serait-ce que pour la poésie propagée. En résumé, cette prédiction du passé en la sainte personne de <strong>Marie de France</strong> est riche d'enseignement, au terme d’une intrigue (oui, oui) très prenante.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Matrix-Lauren-Groff-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1366Le Funambule (Man on Wire), de James Marsh (2008)urn:md5:c5680662ac0885633e4e9077b8c28c572024-02-07T10:31:00+01:002024-02-07T10:31:00+01:00RenaudCinémaDocumentaireEtats-UnisFranceNew YorkPoésieSlackline <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/funambule.jpg" title="funambule.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.funambule_m.jpg" alt="funambule.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>The artistic crime of the century</strong></ins></span>
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<p>Difficile de ne pas être touché par l'ampleur du coup monstrueux réalisé par <strong>Philippe Petit </strong>et un petit groupe d'amis proches, frasque géniale et grandiose qualifiée en son temps de "the artistic crime of the century" par les journaux. Le 7 août 1974, au petit matin, les badauds qui se promenaient à Manhattan virent en levant les yeux dans le ciel un homme perché sur un fil tendu entre les deux tours de feu le World Trade Center. <ins>Man on Wire</ins>, du nom du rapport de police qui avait conduit à son arrestation (et à sa libération rapide), raconte avec une malice extrême — et une parcimonie dans les images de l'événement un peu trop forte, aussi, il faut l'avouer — le projet complètement chtarbé, depuis son organisation méticuleuse digne du casse du siècle jusqu'à cette petite heure suspendue dans le temps, occupée à faire 8 allers-retours sur un câble perché à 400 mètres de hauteur sans assurage.</p>
<p>C'est à mon sens le seul vrai reproche qu'on peut faire au documentaire : faute de prises de vue directes qui auraient été amassées en quantité, <strong>James Marsh </strong>donne régulièrement l'impression de combler un vide. Beaucoup de reconstitutions maladroites, beaucoup de souvenirs mis en scène dans un noir et blanc qui fait toc, et au final très peu de matière pour alimenter le cœur des enjeux, lorsque l'apothéose est censée survenir. La structure du film est soignée, avec grosso modo une heure de montée en tension pour présenter le contexte dans lequel cette idée folle a germé et le plan d'action mis en place afin d'arriver au but, avant d'évoquer le passage de funambule à proprement parler. On a beau savoir a posteriori que la bande de loustics a réussi à investir les étages supérieurs du plus haut bâtiment au monde à l'époque et que tout s'est bien passé, l'expérience reste malgré tout non-dénuée de suspense et de pression.</p>
<p>Le plus drôle, évidemment, c'est l'observation des derniers préparatifs pour accomplir cette folie, en toute illégalité — chose qu'une fiction comme celle de <strong>Robert Zemeckis </strong>en 2015 ne peut pas capter à la hauteur de ce geste documentaire-là. Les images de ces préparatifs, elles, même si elles ne sont pas de la main et de l'œil d'un <strong>Herzog</strong>, sont abondantes et permettent de capter l'atmosphère bon enfant qui précèdent l'exploit surhumain. La beauté réside essentiellement dans la totale gratuité de l'acte, grand moment de poésie amateur et sans autre finalité, qui laissera même les policiers interloqués. Les heures précédant la traversée à proprement parler, à pénétrer les lieux du site de construction à l'aide de fausses cartes d'accréditation, à déjouer l'attention des gardes de sécurité, à tirer à l'arc une flèche qui permettra de tirer les câbles, à éviter les boulettes de dernière minute, sont littéralement incroyables. Tout sera parti d'une révélation artistique dans la salle d'attente d'un dentiste, embrayant sur des mois d'entraînement, de repérage et de préparation au sein d'une bande de gentils clowns, pour terminer sur une note amère, celle du groupe volant en éclats juste après l'exploit. À défaut d'une vision solide ou d'une approche pertinente, le docu n'est pas aussi fantastique qu'il aurait pu être, mais il donne un aperçu malgré tout jouissif de cette pitrerie des sommets.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Funambule-de-James-Marsh-2008#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1338L'Âne qui a bu la lune, de Marie-Claude Treilhou (1988)urn:md5:bac2c0862e800b8e0fedde599ee0b0f12024-01-23T10:01:00+01:002024-01-23T10:21:14+01:00RenaudCinémaAudeConteCorbièresFranceMarie-Claude TreilhouRuralité <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/ane_qui_a_bu_la_lune.png" title="ane_qui_a_bu_la_lune.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.ane_qui_a_bu_la_lune_m.png" alt="ane_qui_a_bu_la_lune.png, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une belle bande de fadas</strong></ins></span>
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<p>Encore un moment extrêmement collector, en toute subjectivité, pas trop éloigné du plaisir coupable mais que je trouve sincèrement attachant, déniché dans la filmographie de <strong>Marie-Claude Treilhou </strong>: elle avait tourné deux documentaires dans un petit village des Corbières, pas loin là où j’ai grandi, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Il-etait-une-fois-la-tele-de-Marie-Claude-Treilhou-1985"><ins>Il était une fois la télé</ins></a> et la même chose <ins>30 ans après</ins>, et je découvre à l'occasion de <ins>L'Âne qui a bu la lune</ins> le versant fictionnel de ses réalisations. Des histoires racontées à l’intérieur de l’histoire principale, sous la forme de contes bizarres qui se situent davantage du côté de la farce prosaïque que de la morale ou du merveilleux, très clairement. Le quotidien paysan n’est jamais loin, même si on explore d’autres territoires, comme la vie de village, le carnaval, ou encore les bandas, tous dans le département de l’Aude. L’illustration est parfois laborieuse, redondante, un peu poussive voire maladroite, mais jouit d’un charme sudiste évident — pour qui y est sensible a priori. Sur à peu près tous les plans techniques, un esprit objectif détecterait beaucoup de maladresses, mais difficile pour moi de lutter.</p>
<p>Un festival de patois local et de récits populaires issus du patrimoine occitan, qu'un grand-père raconte à son petit-fils, tandis qu'ils se baladent dans Labastide-en-Val. Les 5 contes parcourent la région des Corbières, entre Limoux et Lagrasse, alternant entre courtes anecdotes ("Les trois jeunes gens" ou le segment éponyme "L'âne qui a bu la lune") et récits vraiment trop longs par endroits ("Le moine changé en âne" et "Le carnaval"). Dans le tas, une étrangeté un peu lunaire, "Le cochon élu maire". Sans doute que pour des personnes étrangères à la culture régionale, ce film aura la saveur épicée du pittoresque un peu fantasque, mais à titre personnel ce fut avant tout une délectation sémantique avec sa ribambelle de mots de vocabulaire qui ont bercé mon enfance près des anciens (ba pla, fas cagat, macarel, tchaoupiner, escagasser, fadas, kabour, esquinter, atchouffer, s'escaner, s'esclaffer, espatarré, rouméguer). Manifestement la mise en scène fera souffrir la plupart des égarés tombés dessus par hasard, avec une direction d'acteurs très erratique, mais dont le côté résolument amateur alimente une certaine poésie rurale. L’immense majorité des acteurs et actrices du film n’est absolument pas professionnelle (il n'y en a peut-être aucun d'ailleurs), on reconnaît certaines têtes qui ont marqué le coin (Denis Bonnes par exemple, grande figure carcassonnaise), et l'ensemble fleure bon l'artisanat du sud, un peu bancal mais très attachant dans l’ensemble.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/img6.png" title="img6.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.img6_m.png" alt="img6.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Ane-qui-a-bu-la-lune-de-Marie-Claude-Treilhou-1988#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1337Faits divers, de Raymond Depardon (1983)urn:md5:f7d6df24cbae48db6dafcad6415da8fa2024-01-15T11:40:00+01:002024-01-15T11:42:02+01:00RenaudCinémaDocumentaireFolieFranceFrederick WisemanMortParisPoliceRaymond DepardonUrgences <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/faits_divers.jpg" title="faits_divers.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/.faits_divers_m.jpg" alt="faits_divers.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Appelle du renfort !"</strong></ins></span>
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<p>Vertu étonnante de parcourir la filmographie essentiellement (mais pas uniquement) documentaire de <strong>Raymond Depardon </strong>des années 1980 à 2000 en même temps que celle de <strong>Frederick Wiseman </strong>: des passerelles assez nettes se dessinent entre les deux corpus, comme si le photographe rhodanien avait été influencé par le style très caractéristique du documentariste de Boston. Si le style caméra à l'épaule domine tout <ins>Faits divers</ins> en lui conférant une dynamique particulière (pour le dire rapidement, il n'arrête pas de courir derrière les gendarmes du cinquième arrondissement pour suivre leurs occupations quotidiennes), l'éloignant de la méthode beaucoup plus posée de <strong>Wiseman </strong>toutes époques confondues, cette captation du réel au plus près de l'action et totalement dénuée de commentaires, autant que les thématiques investies, rend le parallèle presque inévitable. Ou alors je fais une grosse fixette sur <strong>Wiseman </strong>en ce moment, ce qui est tout à fait probable.</p>
<p>Chose marquante, et qu'on pourrait presque qualifier de drôle si le sujet n'était pas désespérément tragique, regarder <ins>Faits divers</ins> donne un peu l'impression de retourner aux sources de deux autres de ses documentaires, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Urgences-de-Raymond-Depardon-1988"><ins>Urgences</ins></a> (1988) et <ins>10e chambre, instants d'audience</ins> (2004). Comme si les gardiens de la paix parisiens que l'on suit ici étaient ceux qui présentaient les différentes personnes, victimes ou coupables, aux institutions étudiées dans les deux autres films. Mais non, on est à l'été 1982 et on sillonne la capitale aux côtés d'un petit groupe de gendarmes et on navigue dans les quartiers avec eux dans leur fourgonnette old shool.</p>
<p><strong>Depardon </strong>ne nous ménage pas vraiment : la première scène nous met nez-à-nez avec une sale histoire, une femme accuse un homme de viol (sans qu'on sache quoi que ce soit au sujet des faits), et on voit le comportement assez ahurissant du flic en charge d'enregistrer sa plainte qui cherche à la dissuader de porter plainte en la faisant culpabiliser voire en la menaçant. C'est sordide, c'est glauque, c'est miteux, bienvenue dans un bureau de police dans les années 80 à Paris. Il y a une mort filmée à moitié en hors-champ suite à un excès de tranquillisants et c'est terrible. Il y a une vieille femme à moitié folle que des gendarmes emmènent de force aux urgences, et ça vous prend aux tripes. Une bavure en direct "la femme s'est éclatée la tronche par terre, appelle du renfort !", la police peut pas tout faire "il faut que les gens apprennent à se défendre par eux-mêmes hein", une victime apitoyée par son agresseur ne souhaite pas porter plainte</p>
<p>Les affaires diverses s'enchaînent, de gravités variées, entre un vol de portefeuille et une overdose, le tragique et l'ordinaire se mêlent, mais toujours avec cet accent incroyable chez les gendarmes, de grosses sonorités sudistes qui détonnent avec l'image des forces de l'ordre parisiennes de notre époque — et ce n'est pas la seule chose qui détonne. Ce qu'on a gagné en termes de formation des agents, qui clairement à l'époque manquaient de bases du côté de la psychologie, semble irrémédiablement perdu sur le terrain de la proximité et de l'équilibre des rapports. Une belle collection d'instants : malgré toutes les maladresses et tout le racisme ordinaire qui jaillit à une intervention sur deux, on serait presque mélancolique en pensant à cette époque où l'idée du service public paraissait plus évidente.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/img6.jpg" title="img6.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/faits_divers/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Faits-divers-de-Raymond-Depardon-1983#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1328Un idiot à Paris, de Serge Korber (1967)urn:md5:a4d324f90a6794491c62a7cf164f9e4e2024-01-10T09:59:00+01:002024-01-10T09:59:00+01:00RenaudCinémaAgricultureAnarchismeBernadette LafontBernard BlierComédieDany CarrelFranceJean CarmetJean LefebvreMichel AudiardOrphelinParisPaul PréboistPierre RichardProstitutionRobert DalbanRuralitéVilleYves Robert <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/idiot_a_paris.jpg" title="idiot_a_paris.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.idiot_a_paris_m.jpg" alt="idiot_a_paris.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les pérégrination d'un bredin</strong></ins></span>
</div>
<p>Dans la catégorie des films de l'ancienne France, avec virée rurale et excursion citadine, naviguant au sein d'un casting extrêmement touffu, avec d'énormes morceaux de truculence et de belles grandes gueules, et permettant de redécouvrir des tableaux quotidiens du siècle passé, <ins>Un idiot à Paris</ins> est un très bon élément. Je ne connaissais <strong>Serge Korber </strong>que de nom, associé à des productions qui me donnaient envie de fuir au plus vite (<ins>L'Homme orchestre</ins>, <ins>Sur un arbre perché</ins>, et plus récemment <ins>Les Bidochon</ins>), et voilà que me tombe sur le coin du museau cette comédie intelligente, bien plus fine qu'il n'y paraît, drôle et très agréable à suivre.</p>
<p>Le premier constat arrive rapidement : comment se fait-il que <strong>Jean Lefebvre </strong>n'ait pas eu davantage d'opportunités dans des rôles de premier plan ? Je l'ai toujours connu cantonné à des personnages de seconde zone, alors qu'ici il explose littéralement tout sur son chemin, interprétation parfaite d'un ouvrier agricole considéré comme l'idiot de la région qui se retrouve seul et paumé dans les rues de Paris suite à une mauvaise boutade de gens de son village. Un périple qui commencera dans les anciennes Halles de Paris, peu avant le transfert du marché vers Rungis : une vertu documentaire, donc, cette déambulation en ces lieux et premier contact avec la capitale pour le personnage.</p>
<p>Il y a aussi l'articulation vraiment bien foutue, un peu approximative mais toujours fluide, entre les différents personnages alors qu'il y en a une sacrée tripotée. Dans le village, le décor est planté avec <strong>Robert Dalban </strong>le maire et <strong>Bernadette Lafont </strong>sa fille, ainsi que quelques locaux ayant peu de considération pour celui que tous appellent le bredin, comme <strong>Jean Carmet</strong>. Côté ville, c'est là que l'activité s'accélère : le premier vrai contact se fait avec <strong>Bernard Blier</strong>, propriétaire d'un commerce de viande en gros issu de l'Assistance publique qui prendra le héros sous son aile par solidarité entre orphelins — et accessoirement premier réceptacle des grandes tirades de <strong>Michel Audiard</strong>, plutôt en forme dans ce film, évitant les excès désagréables. Puis une série de seconds rôles délicieux emplissent l'espace, <strong>Dany Carrel </strong>dans le rôle de la prostituée qui rêve de campagne et qui donnera confiance à <strong>Lefebvre</strong>, et plein de rôles mineurs mais tout aussi réjouissants comme <strong>Paul Préboist </strong>en gardien de parc, <strong>Yves Robert </strong>en habitant lunaire, ou encore le tout jeune <strong>Pierre Richard </strong>en gendarme. Une comédie étonnamment plurielle, familiale et anar, tendre et acide, récit initiatique et ode à la verdure.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-idiot-%C3%A0-Paris-de-Serge-Korber-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1322R.A.S., de Yves Boisset (1973)urn:md5:ca4110851ed21080449659322483d6462024-01-07T12:33:00+01:002024-01-07T12:39:18+01:00RenaudCinémaAlgérieAnarchismeClaude BrossetCommunismeFranceGuerreguerre d AlgérieJacques SpiesserJacques VilleretJacques WeberJean-François BalmerJean-Pierre CastaldiMichel PeyrelonMilitairePhilippe Leroy-BeaulieuPolitiqueYves Boisset <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/r.a.s..jpg" title="r.a.s..jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/.r.a.s._m.jpg" alt="r.a.s..jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Premier jet</strong></ins></span>
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<p>Probablement l'un des premiers films à aborder aussi frontalement la Guerre d'Algérie, une dizaine d'années après la fin du conflit et autant d'années de censure à ce sujet — <ins>R.A.S.</ins> en subit malgré tout les conséquences à sa sortie en 1973, avec des coupures imposées au montage et des perturbations par des fachos lors de projections. Si l'on n'avait pas peur des parallèles un peu trop hardis, on pourrait dire qu'il s'agit d'un <ins>Full Metal Jacket</ins> mineur à l'algérienne, avec un découpage en deux parties, une première étant dédiée à la préparation en France et une seconde dévolue aux conditions de guerre sur le terrain. <strong>Yves Boisset</strong>, on le sait, n'est pas le plus grand représentant de la finesse, mais étonnamment son côté un peu bourrin s'accorde assez bien avec l'âpreté de la situation, du moins beaucoup plus que dans <ins>Le Prix du danger</ins> par exemple. L'occasion ici de découvrir une belle brochette d'acteurs devenus depuis des célébrités mais inconnus à l'époque, <strong>Jacques Spiesser</strong>, <strong>Jacques Villeret</strong>, <strong>Jacques Weber </strong>(absolument méconnaissable), <strong>Claude Brosset</strong>, <strong>Jean-François Balmer</strong>, <strong>Michel Peyrelon</strong>, <strong>Jean-Pierre Castaldi</strong>. À noter également la présence de <strong>Philippe Leroy-Beaulieu</strong>, un peu vieilli depuis <ins>Le Trou</ins>.</p>
<p><ins>R.A.S.</ins> me fait beaucoup penser à un autre film français de l'époque, <ins>Le Pistonné</ins>, réalisé par <strong>Claude Berri </strong>en 1970 et montrant les déboires du soldats <strong>Guy Bedos </strong>envoyé de force au Maroc. Le ton est vraiment semblable, seuls les enjeux diffèrent — et la portée politique évidemment. C'est amusant de voir réunis de tels personnages ici, un anarchiste, un communiste, et un apolitique notamment, tous rechignant à combattre en Algérie, opposés sur beaucoup de sujets mais unis dans leurs déboires. Pour l'une des premières visions de la Guerre d'Algérie acceptée dans le circuit de distribution français, il faut quand même reconnaître à <strong>Boisset </strong>un certain tact, car même si on n'a pas affaire à un monument de subtilité, il sait conserver un regard assez neutre (le commandant est inspiré par une personne réelle, Jean Pouget). La violence est laissée en hors champ la plupart du temps, choix judicieux pour se concentrer sur l'état d'esprit des soldats sous la forme d'une chronique militaire relativement sobre de la part du réalisateur.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/r.a.s/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/R.A.S.-de-Yves-Boisset-1973#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1319Trafic, de Jacques Tati (1971)urn:md5:01b083d0f1152d1c50b60573924c80432024-01-06T11:17:00+01:002024-01-06T11:18:54+01:00RenaudCinémaAmsterdamBurlesqueComédieDessinFranceJacques TatiLoufoqueParisPays-BasPoésieUrbanismeVilleVoiture <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/trafic.jpg" title="trafic.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/.trafic_m.jpg" alt="trafic.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Où allez-vous, monsieur Hulot ?"</strong></ins></span>
</div>
<p>Le fond de l'air est décidément bien tristounet dans ce dernier épisode des aventures de Monsieur Hulot, vieillissant, souvent laissé sur le bas-côté et en marge de l'activité, qui fait suite quatre années plus tard à l'échec commercial (et pourtant magnifique) de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Playtime-de-Jacques-Tati-1967">Playtime</a></ins> ayant entraîné la faillite de la société de production de <strong>Jacques Tati</strong>. Il est malgré tout parvenu à se remettre en selle pour <ins>Trafic</ins>, et à dissimuler des contraintes matérielles inévitables derrière un certain minimalisme de mise en scène qui s'accorde assez bien, il faut le reconnaître, avec son style lunaire et son appétence pour le détail. Aucun problème pour passer près de deux minutes à observer des conducteurs se tripatouiller le nez en gros plan ou des hommes d'affaires évoluer de manière très saccadée à cause de fils délimitant les stands dans un immense hall d'exposition en plan large...</p>
<p>S'il y a bien un changement majeur par rapport aux précédents films de <strong>Tati</strong>, c'est la présence d'un objectif précis structurant la narration et l'irruption d'un personnage féminin d'importance : à la différence de <ins>Playtime</ins> ou de <ins>Mon oncle</ins> qui campait une position très observationnelle, on peut résumer l'histoire de <ins>Trafic</ins> à celle d'un dessinateur pour une petite entreprise automobile parisienne chargé de présenter sa dernière invention (une Renault 4L aménagée en voiture de camping révolutionnaire, l'avant-garde des vans aménagés en quelque sorte) au salon d'Amsterdam en compagnie d'une attachée de presse dont il ne restera pas insensible. C'est clair et intelligible, même si cela n'empêchera évidemment pas une cascade d'imprévus et de gags reflétant sans doute la définition même de la méthode <strong>Tati</strong>.</p>
<p>On retrouve le Monsieur Hulot observateur à la fois candide et circonspect de la société moderne, de ses évolutions, de son progrès. Les routes parcourues par le personnage, sillonnées par d'innombrables véhicules (dont on aura observé la construction au gré d'une introduction quasi-documentaire) alors que lui-même restera la plupart du temps immobilisé sur le bord du chemin, forment une métaphore à la fois simple, distante, et loufoque du regard qu'il semble poser sur son époque. Même si on n'échappe pas à une certaine répétitivité dans le geste, comme si <strong>Tati </strong>faisait du sur place en roue libre, il reste une ambiance (très particulière et immédiatement reconnaissable, du burlesque de bande-dessinée des années 1970) et un foisonnement de détails. On retrouve aussi cet amour pour la confusion sonore, avec des dialogues souvent inintelligibles, noyés dans une cacophonie désagréable tant qu'on cherche à identifier la partie utile du signal, pour finalement dériver vers une sorte de film muet dégénéré. Ça parle, ça parle, mais personne n'écoute vraiment : tout le monde s'en fout.</p>
<p>Il y a dans <ins>Trafic</ins> comme dans tous les <strong>Tati</strong> une dimension expérimentale qui peut rebuter, surtout lorsqu'elle est alliée à un humour aussi burlesque et suranné. On voit bien le cinéaste expérimenter, ici avec les décors et les couleurs, là avec les effets sonores et les propos incompréhensibles. Ces jeux, toujours en mode mineur, provoquent un effet de contrepoids avec le constat désabusé de son personnage devant une forme de déshumanisation de la société par la consommation, impassible devant la fourmilière hystérique. Ils évitent au film de verser dans la critique passéiste et amère, et forment un petit espace de calme et de confort au milieu du chaos.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/img5.jpg" title="img5.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/trafic/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Trafic-de-Jacques-Tati-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1315