Je m'attarde - Mot-clé - Gothique le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearKrysar, le joueur de flûte (Krysař), de Jiří Barta (1986)urn:md5:d0e3ae4b2f71108a628e99c42749ec992023-09-22T17:26:00+02:002023-09-22T16:27:15+02:00RenaudCinémaAllemagneAnimationArgentBoisCupiditéFlûteGothiqueJan ŠvankmajerMaladieMensongeMoyen ÂgeMéprisRatRobert WieneRépublique tchèqueStop-motionSymbolismeVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.krysar_le_joueur_de_flute_m.jpg" alt="krysar_le_joueur_de_flute.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Du bois gothique</strong></ins></span>
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<p><strong>Jiri Barta </strong>a très probablement vu beaucoup de films d'animation de <strong>Jan Švankmajer </strong>avant de réaliser <ins>Krysař</ins>, une adaptation en stop-motion de la légende médiévale allemande du <ins>Joueur de flûte de Hamelin</ins>. Cela ne l'empêche absolument pas de parvenir à créer une bulle d'originalité qui lui est propre, à l'intérieur du cinéma d'animation tchécoslovaque de la deuxième moitié du XXe siècle. L'histoire est connue, celle d'un mystérieux joueur de flûte à qui l'on promet une forte somme d'argent en échange de son aide pour débarrasser la ville de la horde de rats qui l'infeste, mais que les notables traitent avec mépris une fois la tâche ingrate accomplie. Et il se vengera... En sachant que la nature de la vengeance varie selon les versions, mais quoi qu'il en soit la fin n'est pas heureuse et entérine froidement la tonalité macabre qui s'est installée durant tout le récit.</p>
<p><ins>Krysar, le joueur de flûte</ins> trouve sa singularité dans la composition même de son support physique pour le stop-motion, presque entièrement déterminée par le choix du matériau : les personnages et une partie des décors sont taillés dans le bois, leur conférant des formes anguleuses qui s'accordent particulièrement bien avec la nature du récit. Pour figurer l'ambiance dans la ville de Hamelin au XIIIe siècle, une multitude d'accessoires vient compléter les poupées de bois et les demeures des différents personnages pour illustrer certains partis pris en lien avec l'atmosphère sombre qui y règne. La majeure partie des habitants est ainsi représentée comme cupide, brutale et névrosée, avec un festival de séquences les montrant en train de ripailler salement, de se comporter comme des animaux sur la place du village, ou encore de manifester tous les signes apparents d'avarice en cachant toutes leurs richesses dans des contenants divers fermés à clés. L'atmosphère est très cohérente et réussie de ce point de vue-là, sans que l'animation n'atteigne des sommets comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mad-God-de-Phil-Tippett-2021">Mad God</a></ins> de <strong>Phil Tippett</strong> (sorti 35 ans plus tard tout de même, la comparaison a ses limites).</p>
<p>De temps en temps la concentration en stéréotypes devient un peu excessive, au-delà de ce que ce format tolère à mes yeux, à l'image des dialogues entre les personnages figurés par des écus qui sortent de leur bouche — il n'y a pas de "vrais" dialogues, parlés, dans ce film. Bien sûr la symbolique des rats (avec quelques inserts de vrais animaux) qui envahissent la ville est très forte, mais elle complète assez bien l'ambiance gothique médiévale des ruelles étroites et des arches gothiques menaçantes, et permet de refermer l'histoire sur un mouvement franchement sordide. L'ambiance générale, avec ses couleurs et ses lumières, constitue ainsi quelque chose de vraiment saisissant, inspirée par l'univers de <strong>Robert Wiene </strong>(<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920">Le Cabinet du Docteur Caligari</a></ins> est une référence directe, citée par le réalisateur).</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Krysar-le-joueur-de-flute-de-Jiri-Barta-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1237La Résidence (La Residencia), de Narciso Ibáñez Serrador (1969)urn:md5:4053d83041cfce67ff392d79468e17952023-09-11T11:52:00+02:002023-09-11T15:56:07+02:00RenaudCinémaEspagneGothiqueHorreurHumiliationJalousiePensionnatThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.residence_m.jpg" alt="residence.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Amarillo, ou le giallo espagnol</strong></ins></span>
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<p>Très surprenante découverte que ce film d'épouvante situé dans un internat pour jeunes filles, à l'atmosphère étrange puis inquiétante, qui se transforme petit en petit coupe-gorge pour filer tout droit vers sa conclusion au sommet de l'horreur... Et non, il ne s'agit pas de <ins>Suspiria</ins>, il ne s'agit pas même d'un giallo italien mais d'un thriller espagnol (avec une actrice allemande au casting, <strong>Lilli Palmer</strong>) dépourvu de fantastique réalisé à la fin des années 60, près d'une décennie avant le grand classique de <strong>Dario Argento</strong>. Autant dire qu'il est presque impossible de ne pas établir des passerelles entre les deux œuvres tout au long du visionnage.</p>
<p>Avec le recul le scénario autant que la progression de la dramaturgie sont littéralement transparents : une fois la scène d'exposition posée et les principaux personnages établis, on voit quasiment tous les fils narratifs apparents. On voit très bien les relations malsaines par-ci et les fausses pistes montrées outrageusement par-là. Il n'empêche que <ins>La Residencia</ins> développe sa toile horrifique dans un cadre saisissant, au sein de ce pensionnat gorgé de couloirs, de portes fermées à clés, de murs en pierre, et de passages labyrinthiques. C'est sans doute plus dû au hasard mais plusieurs aspects évoquent le <ins>Carrie</ins> de <strong>Brian De Palma </strong>et la scène des douches en introduction pourrait même être une évocation directe de celle présente ici.</p>
<p>On peut apprécier en outre la pondération dans la présentation de la relation entre la directrice et son fils, dangereusement incestueuse, qui ne s'interdit pas pour autant quelques séquences hautement symboliques et mises en scènes plutôt adroitement — surtout pour une réalisation qui remonte à 1969. Il se dégage une atmosphère de frustration intense au sein du groupe de jeunes filles (la scène où une fille parvient à s'accorder un moment de plaisir dans la grange tandis que toutes les autres sont "prisonnières" en classe est redoutable), qui se mélange à la tension horrifique sourde et grandissante dans cet environnement oppressant. Les jalousies et les humiliations trouvent dans ce cadre presque gothique un terreau de choix pour s'exprimer tragiquement.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Residence-de-Narciso-Ibanez-Serrador-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1223Jane Eyre, de Robert Stevenson (1943)urn:md5:81081e0c723fef21d70c90cb2c2d48952023-09-04T14:42:00+02:002023-09-04T13:43:29+02:00RenaudCinémaChevalElizabeth TaylorFantastiqueFolieGothiqueJoan FontaineMystèreOrson WellesPensionnatRomance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.jane_eyre_m.jpg" alt="jane_eyre.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Are you always drawn to the loveless and unfriended? — When it's deserved."</strong></ins></span>
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<p><ins>Jane Eyre</ins> porte en son sein tous les aspects du classicisme hollywoodien, dans tous les sens du terme, positifs et négatifs. Dans le duo <strong>Orson Welles </strong>/ <strong>Joan Fontaine</strong>, c'est très clairement le premier qui occupe le haut du podium avec son charisme déjà incroyable pour l'une de ses premières apparitions en tant qu'acteur, deux ans seulement après <ins>Citizen Kane</ins>. C'est très académique, très frontal, mais ça n'en reste pas moins efficace : la rencontre entre les deux personnages tandis qu'il galope à cheval dans les environs brumeux du manoir est mémorable, un summum de gothique dont la dimension théâtrale ne gêne en rien. Sa voix grave et forte, sa carrure imposante : tout abonde dans le sens d'un personnage massif et impressionnant. À côté de ça il y a toute la description scolaire de l'enfance triste de la protagoniste éponyme dans un pensionnat extrêmement rigide, ainsi que celle de la découverte de l'immense demeure avec ses recoins et ses mystères. C'est relativement bien fait, aucun doute là-dessus, mais disons qu'on est plein dans le schéma normé du cinéma américain des années 1940.</p>
<p>En réalité ce qui fait défaut au film, c'est un petit grain de folie, dans le portrait de Jane Eyre autant que de la passion amoureuse : bordel, on parle quand même d'un gars qui devait se marier avec une femme et qui la laisse tomber pour une autre qu'il aime à la folie, et d'un mariage annulé in extremis car monsieur est déjà engagé auprès d'une femme folle et violente, c'est pas rien ! Mais non, tout cela est raconté de manière très plate, très froide, très conventionnelle. Difficile de rendre passionnante, ou disons palpitante, l'énigme qui se cache derrière les portes condamnées au fin fond du manoir...</p>
<p>Après, l'ambiance à la lisière du fantastique est particulièrement réussie au travers de ses décors gothiques et de l'intonation très shakespearienne de <strong>Welles</strong>. Il y a aussi quelques détails amusants, comme la présence de <strong>Elizabeth Taylor </strong>dans un tout petit rôle qui marque les esprits, du haut de ses 11 ans. <strong>Robert Stevenson</strong>, pour peu qu'il puisse être crédité et lui seul à la réalisation (tonton <strong>Orson </strong>a clairement dû fourrer son nez un peu partout), n'hésite pas à verser dans certains excès, parfois presque involontairement drôles — le coup de l'arbre frappé par la foudre lorsque Jane se réfugie dans les bras de Edward Rochester, un grand moment. C'est assez dommage au final qu'un tel sentiment de bâclage entache toute la fin du film, avec tout le tissu narratif qui se déroule bien trop rapidement. Le coup de Rochester qui se marie / se sépare / retrouvailles en étant aveugle / ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants encapsulé en 5 minutes, c'est vraiment de quoi laisser un sentiment de gâchis envahir l'espace.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Jane-Eyre-de-Robert-Stevenson-1943#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1218Esqueletos, de Tarantella (2005)urn:md5:54a0dd1e77d56dd2e2452da7dad8b54c2022-12-04T00:22:00+01:002022-12-04T00:22:00+01:00RenaudMusique2000sCountryGothic RockGothiqueKal Cahoone <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/tarantella/.esqueletos_m.jpg" alt="esqueletos.jpg, déc. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p>Plongée très immersive dans l'univers de la Gothic Country — mais en réalité avec aussi des bouts de Dark Cabaret (style <strong>Tom Waits</strong> période <ins>Orphans: Brawlers, Bawlers & Bastards</ins>) et de Western Spaghetti (notamment à travers ces sons de guitare délicieux sur certains morceaux, que je préfère aux violons). La voix de <strong>Kal Cahoone</strong> est toujours aussi appréciable, je garde toujours en tête l'émouvant <em>Lily Pool</em> sur l'album de <strong>Lilium</strong> <ins>Felt</ins>. Une ambiance comparable à celle de <strong>16 Horsepower</strong>, mais sans la voix de <strong>David Eugene Edwards </strong>et sans l'accompagnement de <strong>Pascal Humbert</strong>. Sa voix me fait parfois penser à celle de <strong>Siouxsie Sioux</strong>.</p>
<p>Extrait de l'album : A Chi Sa Dove Sara.</p>
<div id="centrage"> <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/l5iPjgQ-YDg" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div>
<p>À écouter également : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=EppJY6-fO38">Dame Fuego</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=mMtrxjAbnXo">Esqueletos</a>.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/tarantella/.tarantella_m.jpg" alt="tarantella.jpg, déc. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Esqueletos-de-Tarantella-2005#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1103Drink Me, de Queenadreena (2002)urn:md5:338c47912dd8e9817c0650c28eb6b0c02019-01-02T12:53:00+01:002019-01-02T13:57:23+01:00RenaudMusique2000sGarageGothiqueGrungeRock alternatifRock gothique <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/queenadreena/.drink_me_m.jpg" alt="drink_me.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="drink_me.jpg, janv. 2019" />
<p>Impossible d'associer un style musical unique à l'ensemble de la discographie de <strong>QueenAdreena</strong>, pas plus qu'à son deuxième album <ins>Drink Me</ins> : c'est quelque chose de très original, autour du Rock Alternatif / Garage / Gothique, difficile à rapprocher de quoi que ce soit de connu. La diversité est impressionnante, au moins sur les deux premiers albums (celui-ci et <ins>Taxidermy</ins>, sorti en 2000), mais le dénominateur commun se trouverait peut-être dans le travail au niveau de l'ambiance, mystérieuse, un peu angoissante, dans un esprit Grunge au féminin. À la différence de <ins>Taxidermy</ins> qui était très homogène, <ins>Drinke Me</ins> a ses passages fulgurants, à commencer par son entrée en matière, <em>Pretty Like Drug</em>, qui défonce tout sur son passage. Voir Katie Jane Garsidese déchirer les cordes vocales en haillons sur scène, c'est une expérience... rare. Une Alice au pays des merveilles complètement cinglée, oscillant constamment entre la rage d'une chanson d'énervée et la comptine presque pour enfant. Sur ce thème, certains moments font même penser à une sorte de <strong>Marilyn Manson </strong>au féminin, dans sa période <ins>Smells Like Children</ins>, surtout du côté de <em>A Bed Of Roses</em> ou <em>Under A Floorboard World</em> (la guitare et la batterie aident beaucoup dans ce rapprochement). </p>
<p><em>Pretty Like Drug</em>, extrait de l'album <ins>Drink Me</ins>. </p><div id="centrage"> <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/82P40PnMNmQ" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div>
Extrait de son premier album <ins>Taxidermy</ins> : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=saZN_0nUiV8" title="https://www.youtube.com/watch?v=saZN_0nUiV8"><em>Soda Dreamer</em></a>.<br />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Drink-Me-de-Queenadreena-2002#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/587