Je m'attarde - Mot-clé - Harlem le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearMeurtres dans la 110e Rue, de Barry Shear (1972)urn:md5:ebc1c52bfb406c8e9c62c383693a2e352022-10-09T10:16:00+02:002022-10-09T10:16:00+02:00RenaudCinémaAnthony QuinnAntonio FargasArgentBlaxploitationBraquageHarlemMafiaNew YorkPoliceYaphet Kotto <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sur_la_110e_rue/.meurtre_sur_la_110e_rueA_m.jpg" alt="meurtre_sur_la_110e_rueA.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sur_la_110e_rue/.meurtre_sur_la_110e_rueB_m.jpg" alt="meurtre_sur_la_110e_rueB.jpg, août 2022" />
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"What else brings whites to Harlem but business?"</strong></ins></span>
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<p>Ce polar à la lisière de la blaxploitation (pas assez funky et positivement grotesque pour pouvoir réellement y prétendre) est une étonnante variation empruntant les rues sales de New York dans les années 70, décidément bien éloignée de la ville que l'on connaît aujourd'hui. On se croirait pendant tout le film dans les bas-fonds d'une ville oubliée... Cette évolution me sidère toujours autant, quand on compare cet imaginaire d'il y a 40-50 ans à celui de NY aujourd'hui.</p>
<p>Hors sujet : quel dommage que ce ne soit pas la version populaire du morceau éponyme de <strong>Bobby Womack </strong> présente dans la bande originale !</p>
<p>Ces préliminaires mis de côté, <ins>Across 110th Street</ins> est tout entier dévolu à la fuite (ou à la chasse à l'homme, selon le point de vue adopté, ce dernier changeant régulièrement) de trois malfrats qui ont eu l'audace autant que la bêtise ou la malchance de braquer les mauvaises personnes. Trois gars de Harlem qui flinguent les gros poissons de la mafia italienne en voulant dérober une somme astronomique d'argent, et des flics au passage, en s'échappant, histoire de corser l'addition. Bilan de l'opération : 300 000 dollars et la moitié de la ville à leurs trousses, d'un côté la police bouillonnante et de l'autre des mafieux marqués au fer rouge. On n'envie pas leur place, à ces trois-là...</p>
<p>J'apprécie énormément la peinture de ce Harlem 70s, dans toute sa crasse, sa misère, ses caïds. C'est bien crado. Côté flicaille, il y a <strong>Anthony Quinn </strong>en capitaine raciste sur les bords, misanthrope et largement corrompu, qui doit collaborer de force avec <strong>Yaphet Kotto</strong>, mais on est bien loin des stéréotypes qui lorgnent sur la dimension comique de cette association : ils passeront 1h40 à s'engueuler vertement, toujours à la limite de la baston. Globalement tous les acteurs sont vraiment très efficaces dans leurs rôles et véhiculent une ambiance toute particulière, qui permet à mes yeux de passer outre des éléments de scénario un peu faiblards. <strong>Antonio Fargas</strong>, toujours aussi remarquable par sa présence — son visage surtout.</p>
<p>La force d'un tel film passe par la fluidité avec laquelle il développe ses atmosphères, et l'articulation de l'ensemble qui fait défiler toute la pellicule en un seul grand mouvement, nerveux, tendu, sordide. La course contre la montre engagée entre la police et la mafia est assez intéressante, pas trop redondante, elle prend à la gorge très vite. Dommage qu'on ait le sentiment que le final soit un peu bâclé, car l'ambiance poisseuse et la tension raciale étaient d'une efficacité redoutable.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sur_la_110e_rue/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sur_la_110e_rue/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtres-dans-la-110e-Rue-de-Barry-Shear-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1072Claudine, de John Berry (1974)urn:md5:25dd587659ffb11af14fbeb160b4859a2020-11-21T01:20:00+01:002020-11-22T18:52:05+01:00RenaudCinémaBlaxploitationComédieEnfanceFamilleHarlemInégalitésNew YorkRomanceSégrégation <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/claudine/.claudine_m.jpg" alt="claudine.jpg, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Girl, don’t you know a woman has to have her vitamin F?”<br /></strong></ins></span></div>
<p>Sous ses faux airs de sitcom prenant pour cadre principal le petit appartement de la protagoniste, <ins>Claudine</ins> se présente comme une comédie dramatico-romantique afro-américaine centrée sur la relation hétéroclite entre un éboueur et une femme de ménage mère de six enfants. Au début des années 70 américaines, en plein milieu de l'effervescence portée par la blaxploitation, on pouvait s'attendre à un <ins>Black Caesar</ins>, un <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Boss-Nigger-de-Jack-Arnold-1975"><ins>Boss Nigger</ins></a>, un <ins>Dolemite</ins> ou une énième frasque de <strong>Melvin Van Peebles</strong>. Mais pas du tout : en réalité, on se situe davantage du côté de la peinture intimiste et de la fresque familiale, dans un film réalisé par un Blanc, avec une justesse et une sensibilité toutes deux incroyables pour décrire l'amour naissant et les conditions d'existence de ses personnages en galère dans un quartier de Harlem.</p>
<p>À ce titre, sur un sujet très similaire ancré dans la décade précédente, on pense bien plus au magnifique et bouleversant <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-homme-comme-tant-d-autres-de-Michael-Roemer-1964"><ins>Un homme comme tant d'autres</ins></a> (1964, Nothing But a Man), inoubliable, qu'au <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Killer-of-Sheep-de-Charles-Burnett-1979"><ins>Killer of Sheep</ins></a> de <strong>Charles Burnett</strong>, plus rugueux, très social, et dont le visionnage éprouvant peut s'avérer très peu gratifiant.</p>
<p>Mais la critique sociale de <ins>Claudine</ins> l'inscrit dans une dynamique toute autre par rapport à tous les films cités, une plongée dans la communauté noire observée à l'aune de ses contraintes familiales et de ses dilemmes moraux : on évoque l'état providence et l'emploi / le chômage, la vie de famille et le mariage, et en sous-texte se développe un discours assez clair sur le caractère systémique des inégalités sociales. <strong>John Berry </strong>opte à de nombreuses reprises pour un angle d'attaque comique, notamment lorsque les services sociaux viennent inspecter l'appartement exigu de Claudine et de ses six enfants pour vérifier qu'elle ne truande pas l'état en travaillant au black ou en jouissant de matériel non-déclaré — ce qui donne lieu à un running gag où toute la famille s'active pour cacher un grille-pain, une bouilloire et une lampe (qu'on lui a offerts) dès que l'assistante sociale pointe le bout de son nez.</p>
<p>Derrière la comédie, on souligne l'absurdité de la situation, qui enferme la femme dans son statut de mère célibataire : elle ne peut pas travailler comme femme de ménage pour un salaire de misère au risque de perdre ses allocations essentielles, et elle doit rendre des comptes (fort humiliants) pour tout le versant sentimental et sexuel de son existence. Et c'est là où le film frappe fort : la relation entre <strong>Diahann Carroll </strong>et <strong>James Earl Jones </strong>(la voix de Dark Vador, tout de même) est très touchante, d'une sincérité et d'une justesse épatantes, avec des allers-retours intéressants chez ce dernier entre le grand séducteur dès qu'il s'éloigne des poubelles et le père de famille qui supporte difficilement les responsabilités. Le rapport entre les deux, entre hésitation, tension, spontanéité et authenticité, porte tout le film.</p>
<p>En bonus : la bande originale est composée par <strong>Curtis Mayfield</strong>, interprétée par <strong>Gladys Knight & the Pips</strong>.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/claudine/.rencontre_m.jpg" alt="rencontre.jpg, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/claudine/.rue_m.jpg" alt="rue.jpg, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Claudine-de-John-Berry-1974#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/868