Je m'attarde - Mot-clé - Horreur le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearHistoire de fantômes japonais (東海道四谷怪談, Tōkaidō Yotsuya Kaidan), de Nobuo Nakagawa (1959)urn:md5:98c54036d430ef1afda28335932f9dbd2024-02-26T09:43:00+01:002024-02-26T09:43:00+01:00RenaudCinémaEmpoisonnementFantastiqueFantômesHorreurJaponTrahisonVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/histoire_de_fantomes_japonais.jpg" title="histoire_de_fantomes_japonais.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.histoire_de_fantomes_japonais_m.jpg" alt="histoire_de_fantomes_japonais.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Vengeance spectrale</strong></ins></span>
</div>
<p>Il y a un côté presque matriciel dans cette histoire de fantômes japonais (ne serait-ce que le titre), basée sur le conte "Yotsuya kaidan" issu du théâtre kabuki et égrainant des thématiques très classiques qui dépassent largement les frontières nationales, trahison, meurtre, et vengeance depuis l'au-delà. Si on observe <ins>Histoire de fantômes japonais</ins> à l'aune de l'autre film jouissant d'une grande réputation de <strong>Nobuo Nakagawa </strong><ins>L'Enfer</ins>, les multiples apparition fantastiques et horrifiques qui peuplent le dernier temps du récit paraîtraient presque timorées, par opposition à la vision cauchemardesque de l'enfer proprement hallucinante du film postérieur. Mais en tout état de cause, au-delà de son caractère légèrement normé, c'est un film qui revêt un intérêt significatif en tant qu'émanation du cinéma japonais de la fin des années 50.</p>
<p>Le personnage de Iemon, un samouraï déchu, est montré dès les premières secondes dans toute son ignominie, assassinant le père de la jeune femme qu'il courtisait suite au refus de lui accorder sa main. L'action filmée par la caméra comme cachée dans la forêt avoisinante scelle un pacte avec un autre personnage, Naosuke, et tous deux iront d'horreur en déshonneur pour sécuriser leur rapprochement avec deux femmes qui sont sœurs. Un cran supplémentaire dans l'abjection, Iemon empoisonne sa femme après avoir soudoyé son masseur pour qu'il la séduise (apparemment un adultère donnerait ce droit au mari bafoué, sacrée époque), tue ce dernier et se barre dans l'optique de se marier à une autre femme qui s'avère être une riche héritière. Bien barré comme environnement. Niveau machiavélisme, on se situe tout en haut de l'échelle.</p>
<p>C'est un film intéressant et prenant pour la barbarie qu'il met en scène et pour le retour de bâton qu'elle occasionnera, puisque les morts reviendront hanter les deux assassins : les crimes ne resteront pas impunis, et la vengeance sera terrible. L'empreinte de la décennie 1950 confère à cette histoire horrifique un cachet très particulier, notamment dans le travail sur les couleurs, alimentant une atmosphère lourde qui aurait sans doute gagnée à être davantage prononcée. La composante horrifique prend son temps pour exploser (une constante chez <strong>Nagakawa </strong>?) mais à partir du moment où les cauchemars reviennent hanter les deux personnages en brisant la frontière entre réalité et hallucination, la machine se fait très efficace et concrétise le potentiel de la première partie.</p>
<div id="centrage">
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/img4.png" title="img4.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.img4_m.png" alt="img4.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/img5.png" title="img5.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/histoire_de_fantomes_japonais/.img5_m.png" alt="img5.png, févr. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Histoire-de-fantomes-japonais-de-Nobuo-Nakagawa-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1353Les Deux Visages du Docteur Jekyll (The Two Faces of Dr Jekyll), de Terence Fisher (1960)urn:md5:579b867b8df079d5bcaa7d4a1ad1ae8b2024-02-10T17:01:00+01:002024-02-10T17:02:06+01:00RenaudCinémaChristopher LeeHorreurPaul MassieRoyaume-UniScience-fictionTerence Fisher <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/deux_visages_du_docteur_jekyll.jpg" title="deux_visages_du_docteur_jekyll.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/.deux_visages_du_docteur_jekyll_m.jpg" alt="deux_visages_du_docteur_jekyll.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I'm new to your wicked city. — It's only wicked if you're poor, sir."</strong></ins></span>
</div>
<p>Relecture intéressante par la Hammer de l'histoire du Docteur Jekyll / Mister Hyde, qui est opérée par <strong>Terence Fisher </strong>à l'époque de la pellicule couleur qui bave, tout début des années 1960 britanniques. Ce n'est évidemment pas la première fois qu'on est confronté à ce récit (la cinquième en ce qui me concerne, je dirais) qui explore la dualité de l'être humain, au gré d'une fiction évoluant sur les terrains de l'horreur et de la SF. Mais cette énième adaptation parvient à tirer son épingle du jeu en adoptant un contraste différent entre les deux personnages prisonniers du même corps, et en faisant du monstre Hyde un jeune homme séduisant à l'inverse du scientifique Jekyll, vieux et pas vraiment Don Juan.</p>
<p>Les premiers pas sont quant à eux parfaitement classiques : Jekyll nous parle de ses expériences au travers d'une scène d'exposition un peu plate, provoquée par des dialogues mous et convenus avec un personnage secondaire lambda. Il expérimente sur des animaux une nouvelle drogue capable de changer la personnalité, et on sait bien que c'est l'humain (lui-même en l'occurrence) qui sera le prochain cobaye. Reconnaissons à <strong>Paul Massie </strong>un plaisir palpable dans le changement de personnalité, avec un passage de Henry vers Edward très remarqué — il en fait des tonnes du côté du corps transformé, avec changement de voix et regard complètement halluciné avec ses yeux grands ouverts. Les personnages féminins sont principalement des faire-valoir, c'est regrettable, et souffrent d'une très faible écriture malheureusement, laissant le champ libre à l'opposition entre le protagoniste et lui-même mais aussi le personnage de <strong>Christopher Lee</strong>, amant de sa femme.</p>
<p>Le personnage du psychopathe alterne entre phases intrigantes ou engageantes, tant qu'on découvre ce dont il est capable avec cette nouvelle personnalité de grand séducteur, ce qu'il cherche à accomplir ou les malheurs qui s'abattent sur Jekyll une fois qu'il recouvre ses esprits. <strong>Fisher</strong> est un peu poussif quand il s'agit d'illustrer son impuissance à expliquer sa condition aux autres ou encore l'énième séquence de lutte entre les deux personnalités longtemps dominées par la part ignoble et malfaisante. En plus du retournement moral de cette adaptation, on pourra aussi se souvenir des passages vaguement érotiques, avec des danses de type French cancan ou d'autres plus surprenantes (faisant intervenir un serpent par exemple).</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/deux_visages_du_docteur_jekyll/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Deux-Visages-du-Docteur-Jekyll-de-Terence-Fisher-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1347Vorace (Ravenous), d'Antonia Bird (1999)urn:md5:34695775901a9344b2960343533d5a442024-01-28T10:00:00+00:002024-01-28T18:47:36+00:00NicolasCinémaAntonia BirdCannibalismeGuy PearceHorreurRobert CarlyleWestern <div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/Vorace/.Vorace_m.jpg" alt="" /></strong></ins></span></div><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong><br /></strong></ins></span></div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I said no food. I didn't say there was nothing to eat."</strong></ins></span></div><br />
Avant que son tournage ne commence, Vorace se trouvait placé sous les meilleurs auspices : son acteur principal, l'Écossais <strong style="font-family: var(--sans-serif);">Robert Carlyle</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, était alors au sommet de sa carrière (</span><ins style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">The Full Monty</ins><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"> lui ayant offert succès public et nomination aux Oscars) ; quant à son jeune réalisateur, le Macédonien </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Milčo Mančevski</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, revenu du Festival de Venise avec le Lion d'Or, il promettait beaucoup. </span><p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Hélas, après deux semaines d'interventions incessantes de la production, <strong>Mančevski </strong>jeta l'éponge. Pour le remplacer, le studio fit un choix pour le moins étrange en embauchant l'Américain <strong>Raja Gosnell</strong>, piètre metteur en scène spécialisé dans les comédies pour la jeunesse (on lui devra un <ins>Scoobi-Doo</ins> de sinistre mémoire). L'équipe du film, techniciens comme acteurs, virent bien vite que <strong>Gosnell </strong>ne faisait pas l'affaire et l'on frôla, dit-on, la mutinerie. <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"><strong>Robert Carlyle</strong> intervient alors en proposant la réalisatrice <strong>Antonia Bird</strong>, sous la direction de laquelle il avait tourné le drame <ins>Priest </ins>et le polar <ins>Face</ins>. Ainsi le film fut ressuscité et la Britannique fit ses débuts dans le cinéma américain.</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"><ins>Vorace</ins> ressort d'un mélange des genres peu banal : du western et de l'horreur. Le premier genre, emblématique du cinéma hollywoodien, comportait parfois des éléments horrifiques, entre la pratique du scalp par certains indigènes et les massacres perpétrés par les colonisateurs mais je ne souviens pas d'un film qui mêla aussi étroitement les deux genres (même <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bone-Tomahawk-de-S-Craig-Zahler-2015"><ins>Bone Tomahawk</ins></a>, pour citer un exemple récent, ne bascule dans l'horreur que dans son dernier tiers). <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">L'intrigue du film s'inspire du drame de l'expédition Donner, dont certains survivants reconnurent avoir eu recours au cannibalisme, et qui reste encore auréolée d'un certain mystère, propre à générer des fictions (le roman d'</span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Alma Katsu</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, </span><ins style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">The Hunger</ins><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, en serait une des dernières réussites).</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">À cette base s'ajoutent des couches, en thématiques et personnages.<br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Le mythe du Wendigo est introduit pour pousser le cannibalisme au-delà d'un pragmatisme à des fins de survie et procurer une couleur horrifique et fantastique. Un mythe qui se rapproche de celui, occidental et donc plus connu de la plupart des spectateurs, du vampire. En effet, le scénariste, <strong>Ted Griffin</strong>, dit s'être inspiré pour le personnage principal de la nouvelle de </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Dashiell Hammett</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, </span><ins style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">The Thin Man</ins><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"> (le maître du roman noir ne dédaignait pas l'épouvante, puisqu'il publia une anthologie de nouvelles du genre : </span><ins style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Creeps by Night: Chills and Thrills</ins><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">...) et son interprète, le mince </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Robert Carlyle</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, évoque aisément les créatures de la nuit des contrées d'Europe de l'est (hormis le prologue, mexicain, le film fut tourné en Slovaquie).</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Cet inconnu qui débarque en ville (bien qu'ici, il ne s'agisse que d'un camp fortifié) est une figure classique du western. Elle sera opposée à d'autres, bien moins classiques. </span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Au premier rang desquels se trouve le "héros" de l'histoire, un jeune officier qui porte d'emblée une ambigüité : décoré pour avoir pris le contrôle d'un poste de commandement ennemi suite à un affrontement qui le laissa seul survivant de son unité, il nous est révélé qu'il ne doit sa survie, et la manœuvre décisive qui s'ensuivit, qu'à la peur..., celle qui le saisit sur le champ de bataille, le fit faire le mort et se retrouver sous les corps dégoulinants de sang de ses compagnons d'arme. Une épisode qui lui coupa l'appétit pour les mets carnés (ironiquement, son interprète, l'Australien </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Guy Pearce</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, est végétarien – il est dit que dans certaine scène, il mâchait très professionnellement les morceaux de viande d'un ragoût avant de les recracher dès le mot "Cut !" prononcé). Sa couardise découverte, il est exilé dans un fort isolé au sein des montagnes et de l'hiver de l'Ouest.</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Il y rencontre un ensemble de personnages hétéroclites. </span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Sous la supervision d'un colonel désabusé se trouvent : un commandant alcoolique ne décuvant guère de la journée, un jeune aumônier zélé, un soldat acharné à l'entraînement et un autre qui passe trop de temps à fumer les herbes médicinales des deux aides de camp indigènes...</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Un fois rejoint par un mystérieux individu se disant rescapé d'une expédition perdue, l'action principale peut être lancée. <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Car si le film sait donner matière à réflexion, il est essentiellement un thriller et vise avant tout au suspense. <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Il l'atteint régulièrement (la séquence pivot du retour sur les traces de l'expédition en étant sans doute l'apogée).<br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Et, jusqu'à la fin, se succèdent de nombreuses péripéties, dans des humeurs variées : l'angoisse sourde est ponctuée d'éclats sanglants, les considérations existentielles, contrebalancées par l'humour (noir, forcément). </span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Le film n'est pas sans défaut : quelques rebondissements n'étaient peut être pas des plus nécessaires alors que le final aurait gagné à être plus développé (sur ce point, l'ingérence des producteurs, qui tinrent à changer le scénario pour un choix qu'ils jugeaient moins risqué, mais qui était surtout moins ambitieux, ainsi le manque de moyens qui affecta les derniers jours de tournage, pénalisent l'ouvrage).</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">L'ensemble, par sa générosité, se suit tout de même agréablement. </span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">En outre, il dispose d'un atout majeur : sa musique originale. <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Celle-ci est composée conjointement par deux artistes aux parcours bien différents.<br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Le premier, </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Michael Nyman</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, est un musicien anglais de formation classique bien installé à Hollywood. On lui doit la célèbre partition de </span><ins style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">La Leçon de piano</ins><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">. <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Le second est plus inattendu : </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Damon Albarn</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">, leader du groupe pop-rock anglais <strong>Blur</strong>, qui était alors dans une période de transition, entre la séparation de son groupe et la fondation du prochain (<strong>Gorillaz</strong>). </span><strong style="font-family: var(--sans-serif);">Antonia Bird</strong><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"> lui offrit un petit rôle dans son film </span><span style="font-family: var(--sans-serif);"><ins>Face</ins></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"> puis l'embarqua dans l'aventure de </span><span style="font-family: var(--sans-serif);"><ins>Vorace</ins></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">.</span></p>
<p>La bande qui ressortit de cet étrange attelage mérite bien son qualificatif d'"originale". <br /><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Utilisant les sonorités d'instruments traditionnels, usant de boucles et distorsions électroniques, détournant des hymnes patriotiques, les morceaux qui la composent sont tous différents mais complémentaires et le tout exprime à merveille l'étrangeté et l'ironie que porte le film. <br /></span><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);">Un quart de siècle plus tard, c'est souvent par cette bande originale, jugée parmi les meilleures de son époque, que cette plaisante série B se rappelle à notre souvenir.</span></p>
<p><span style="font-family: var(--sans-serif); font-size: var(--body-font-size);"><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/Vorace/.Vorace__1__s.jpg" alt="" /><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/Vorace/.Vorace__2.2__s.jpg" alt="" /><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/Vorace/.Vorace__3__s.jpg" alt="" /><img class="media-center" src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/Vorace/.Vorace__8__s.jpg" alt="" /><br /></span></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Vorace-Ravenous-d-Antonia-Bird-1999#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1348Les Poupées du diable (The Devil-Doll), de Tod Browning (1936)urn:md5:c34e0a880c008e585756567db48702f82023-11-27T09:41:00+01:002023-11-27T09:41:00+01:00RenaudCinémaComplotDavid CronenbergDifformitéDéguisementEmpoisonnementErich von StroheimEtats-UnisEvasionHonneurHorreurLionel BarrymoreMensongeMeurtreMiniaturisationMortParisScience-fictionThrillerTod BrowningTour EiffelVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/poupees_du_diable.jpg" title="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.poupees_du_diable_m.jpg" alt="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary."</strong></ins></span>
</div>
<p>C'est vraiment de l'ordre de la réaction chimique me concernant : il y a dans les films de <strong>Tod Browning </strong>un mélange d'ingrédients, de thématiques et d'atmosphères qui produit un précipité horrifique vraiment fascinant, détonnant fortement dans le paysage cinématographique des années 1920 et 1930 aux États-Unis. Une originalité d'écriture et un fil rouge en lien avec la transformation des corps qui structurent toute sa filmographie, dont la meilleure illustration est probablement son chef-d'œuvre <ins>Freaks</ins>, et qui restent encore parfaitement valables et intelligibles aujourd'hui.</p>
<p>Le niveau d'enchâssement des récits est assez remarquable dans <ins>The Devil-Doll</ins>, son avant-dernier film, produisant une stratification très intéressante des enjeux au fil du déroulement de l'intrigue. Tout commence avec une histoire d'évasion dont on ne maîtrise aucun élément contextuel, ça embraye sur un récit de savant fou qui nous fait part de son invention digne d'un roman de science-fiction portant sur la miniaturisation des êtres vivants (dans le but de résoudre le problème de la faim dans le monde s'il-vous-plaît, avec un petit tacle au passage : "<em>If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary</em>"), puis une histoire de vengeance particulièrement machiavélique se met en branle avant de terminer sur un climax émotionnel sous la forme d'une conclusion digne des plus beaux mélodrames de l'époque — on reconnaît là sans doute l'intervention de <strong>Erich von Stroheim </strong>qui a participé à l’écriture du scénario. Excusez du peu. Tout ces points pourraient concourir à l'élaboration d'un pot-pourri informe et indigeste, mais à l'opposé, participent à la confection d'une toile narrative dense, envoûtante, grotesque juste comme il faut, et d'une très convaincante efficacité.</p>
<p>Si l'on n'avait pas peur des analogies un peu excessives, on pourrait trouver une anticipation du classique de <strong>Jack Arnold </strong><ins>L'Homme qui rétrécit</ins> (The Incredible Shrinking Man) qui ne sortira que 20 ans plus tard en 1957 — dans des considérations horrifiques très différentes — avec un soupçon de malice des jouets de <ins>Small Soldiers</ins> (1998) animées par <strong>Joe Dante</strong>. La qualité des effets spéciaux permet de rendre le fiction encore prenante vue de 2023, avec pour créer l'effet de changement d'échelle d'un côté des surimpressions évidentes qui bavent un peu et de l'autre côté des décors gigantesques construits pour l'occasion. Le résultat est d'une fluidité que je trouve franchement bluffante, et ce d'autant plus que cela s'inscrit dans des passages typés thriller conférant aux êtres miniaturisés un pouvoir de mort.</p>
<p>En marge de ces scénarios riches en points de singularité et en personnages déviants, <strong>Tod Browning </strong>apparaît à mon sens comme un précurseur très lointain de <strong>David Cronenberg </strong>avec qui il partage une lubie très particulière, la transformation des corps et leur caractère très photogénique. Aucune trace de la "nouvelle chair" ici bien sûr, ici il est systématiquement question de divers registres de criminalité brouillant sans cesse la frontière entre ceux qu'on considère comme vertueux et ceux qu'on traite comme malfrats. <strong>Browning </strong>aura toujours manifesté un attrait pour la difformité et pour le déguisement, en les mêlant à des histoires sombres de meurtres et de mensonges. Et dans ce rôle, <strong>Lionel Barrymore </strong>livre une prestation particulièrement réussie, dans la veine de ce que pouvait produire <strong>Lon Chaney </strong>— la transformation de <strong>Barrymore </strong>en petite vieille fabriquant des poupées rappelle d'ailleurs très fortement le rôle de <strong>Chaney </strong>dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins>. Un support très approprié pour ces personnages qui arborent un physique décalé et qui alimentent une atmosphère étrange dans un maelstrom de sentiments contrastés.</p>
<p>Et il fallait quelqu'un de solide pour incarner la vengeance ce cet homme, un ancien banquier envoyé en prison par ses trois anciens associés ayant comploté contre lui... Car on ne parle pas de n'importe quelle vengeance, on entre presque dans le registre des malfaiteurs dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Vampires-de-Louis-Feuillade-1915">Les Vampires</a></ins> de <strong>Louis Feuillade</strong>, c'est tout de même quelqu'un qui va transformer le premier en Lilliputien, pour ensuite utiliser une de ces créatures comme d'une poupée Chucky pour s'immiscer chez le second et lui administrer un poison paralysant, avant de se concentrer sur le troisième, exposer le complot et lui faire avouer des méfaits vieux de 17 ans. Par cet acte, <strong>Barrymore </strong>s'innocente aux yeux de la société tout en se condamnant à nouveau (il a commis quelques actes quand même un peu répréhensibles dans le processus), mais il aura réparé le lien qui s'était rompu avec sa fille, pleine de rancœur, elle qui l'accablait de tous les maux depuis son enfance ("<em>You're very young to be so bitter</em>" lui dira-t-il, sous son déguisement). On l'aurait presque oublié, mais cet homme qui fomente une vengeance complètement dingue (personnage en ce sens typique du cinéma de <strong>Browning</strong>, un de ces "gentils" ou considérés comme tels qui ont recours au mode d'action des "méchants") sous les traits et les habits d'une grand-mère inoffensive, agissait avant tout pour laver son honneur et retrouver une respectabilité aux yeux de sa fille. Elle le comprendra aisément, elle qui travaillait le jour dans une blanchisserie mais contrainte à la saleté d'une brasserie comme serveuse de nuit. Au sommet de la Tour Eiffel, au creux d'un instant de pureté loin de la crasse des bas-fonds parisiens, il se réconcilie avec elle et choisit l'unique option : une ultime disparition.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img6.jpg" title="img6.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img7.jpg" title="img7.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img7_m.jpg" alt="img7.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Poupees-du-diable-de-Tod-Browning-1936#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1289L'Abominable Docteur Phibes (The Abominable Dr. Phibes), de Robert Fuest (1971)urn:md5:0d82e7e870aa819dbbb02f4bd97065102023-11-18T16:18:00+01:002023-11-18T16:19:04+01:00RenaudCinémaBizarreChirurgieDéguisementHorreurLoufoqueMasqueMortVengeanceVincent Price <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/abominable_dr_phibes.jpg" title="abominable_dr_phibes.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.abominable_dr_phibes_m.jpg" alt="abominable_dr_phibes.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A brass unicorn has been catapulted across a London street and impaled an eminent surgeon. Words fail me, gentlemen."</strong></ins></span>
</div>
<p>J'ai bien aimé le voile potache qui flotte sur le film, volontairement ou non, et qui suit les pérégrinations macabres de <strong>Vincent Price </strong>dans sa quête de vengeance complètement insensée. Pour punir les chirurgiens et assimilés qu'il considère comme responsables de la mort de sa femme, suite à une opération chirurgicale ayant visiblement mal tourné (on n'en sait pas beaucoup plus), il se lance dans une série de meurtres tous plus improbables les uns que les autres.</p>
<p>Et c'est bien la mise en scène de ces meurtres qui fait tout le sel du film, <strong>Robert Fuest </strong>a beau ne pas être le plus fin réalisateur du siècle, on enchaîne les délires macabres avant tout pour le plaisir de voir quelle idiotie va nous être montrée pour tuer le prochain sur la liste. C'est là où j'ai un doute quant à l'ambiance du film, vu d'aujourd'hui : est-ce que ce sentiment d'excès idiot était présent il y a 50 ans, et était-il recherché par la production ? Non parce que le coup des chauve-souris déposées dans la chambre par le toit, le coup des rats dans l'avion, le coup des sauterelles envoyées par un trou après avoir recouvert la victime de sirop de choux de Bruxelles, le coup du gars empalé par une licorne dorée, le coup de la grêle pour refroidir l'habitacle d'une calèche, tout cela est aussi grotesque que drôle... C'est un plaisir de grand n'importe quoi. Et le tout dernier acte, avec chirurgie sur son propre fils pour retrouver une clé et empêcher un acide mortel de lui trouer la tête, c'est vraiment la cerise sur le gâteau.</p>
<p><strong>Vincent Price </strong>avec son maquillage dégueulasse (son visage est censé en cacher un autre) est l'une des nombreuses composantes qui sortent de nulle-part, au même titre que la mise en scène chez lui façon <ins>Phantom of the Paradise</ins> croisé avec <ins>The Phantom of the Opera</ins> que je ne supporte pas plus ici que dans l'original. Le niveau de sadisme rejoint le niveau de bizarrerie des mises à mort, et c'est cette loufoquerie qui est censée matérialiser un amour fou, de la plus répétitive des façons.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/abominable_dr_phibes/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Abominable-Docteur-Phibes-de-Robert-Fuest-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1286Ginger Snaps, de John Fawcett (2000)urn:md5:f833616c2687d42b52c1d2f8f869a94f2023-11-13T11:08:00+01:002023-11-13T11:11:03+01:00RenaudCinémaAdolescenceFamilleHorreurLoup-garouMimi RogersMortPhotographieSexeSuicide <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/ginger_snaps.jpg" title="ginger_snaps.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.ginger_snaps_m.jpg" alt="ginger_snaps.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A girl can only be a slut, a bitch, a tease, or the virgin next door."</strong></ins></span>
</div>
<p>Le cinéma d'horreur a souvent associé les transformations horrifiques (quel que soit le type de monstre) aux transformations liées à l'adolescence (puberté, éveil de la sexualité, etc.), mais <ins>Ginger Snaps</ins> aborde cette thématique avec une frontalité originale et intéressante, sans faire trop de compromis. Que ce soit l'histoire de loup-garou ou l'apparition des premières règles, <strong>John Fawcett </strong>adopte une mise en scène inhabituelle, très franche et crue sous certains aspects tout en conservant tout de même une bonne part de progressivité dans le dévoilement d'autres composantes qui ne seront éclaircies que tardivement dans le récit.</p>
<p>Une grande part de la réussite (modérée, on reste dans le cinéma d'horreur assez conventionnel sur la plupart des thèmes abordés et globalement moyen malgré tout) du film tient à l'interprétation du trio de femmes, les deux ados <strong>Emily Perkins </strong>et <strong>Katharine Isabelle</strong>, puis dans une moindre mesure la mère jouée par Mimi Rogers. La connivence des sœurs jusque dans leur rapport morbide au suicide ("Suicide is like... the ultimate fuck you", "Wrists are for girls. I'm slitting my throat"), avec un jeu autour de la mise en scène photographique de morts atroces, la situation des parents complètement à l'ouest (la mère un peu moins que le père malgré tout), puis la solidarité dans l'adversité une fois que la grande sœur se fait agresser par une bête le jour de sa menstruation : tout cela concourt à un tableau original du décorum étudiant américain vu et revu au cinéma. Notamment l'incertitude de l'ado en cours de transformation, dont on peine à faire la part des choses (et elle la première) entre appétit sexuel naissant et gangrène du lycanthrope ("I get this ache... And I, I thought it was for sex, but it's to tear everything to fucking pieces").</p>
<p>À mes yeux le film aurait gagné à se faire un peu plus débridé dans l'horreur ou la comédie horrifique, notamment lorsqu'il s'agit de suivre les contaminations et les tentatives de guérison. À l'inverse, le film conserve un ton sérieux qui tend à atténuer les enjeux et enfermer le scénario dans un espace étroit — sauf le personnage de la mère, prisonnière d'un pragmatisme naturellement comique. La dimension artisanale des effets spéciaux rend les passages gores assez sympas, hormis peut-être quelques figurations du loup-garou particulièrement disgracieuses. Le travail de mise en perspective des deux composantes du récit, monstruosité et adolescence, fournit un cadre quoi qu'il en soit appréciable disposant de son lot de réussites.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ginger-Snaps-de-John-Fawcett-2000#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1285L'Inconnu (The Unknown), de Tod Browning (1927)urn:md5:8f0ac5bfc5aaed5039ac29b5c7d7b7b32023-11-09T08:29:00+01:002023-11-09T08:31:14+01:00RenaudCinémaChevalCinéma muetCirqueDifformitéEspagneHorreurJoan CrawfordLon ChaneyMadridMensongeMélodrameRomanceTod BrowningTriangle amoureux <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/inconnu.jpg" title="inconnu.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.inconnu_m.jpg" alt="inconnu.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"All my life men have tried to put their beastly hands on me... to paw over me. I have grown so that I shrink with fear when any man even touches me."</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Tod Browning</strong>, une passion. J'adore son style, j'adore les thématiques récurrentes de ses films, et j'adore comment tout cela s'articule dans le cadre du cinéma américain du début du XIXe siècle, dans les années 1920 et 1930. Il n'y a que lui pour mettre en scène pareille histoire, qui pourrait ressortir comme quelque chose de grotesque dans beaucoup d'autres mains mais qui au contraire ici travaille un sillon intrigant, singulier, bizarre, et attachant. On parle quand même d'un scénario particulièrement baroque, avec le contexte d'un cirque installé à Madrid dans lequel officie un certain "homme sans bras", Alonzo, auteur de numéros improbables de lancer de couteaux avec ses pieds sur sa partenaire Nanon. En réalité il cache un secret qui sera révélé à mi-parcours : il s'agit d'un meurtrier, pas du tout manchot (dans tous les sens du terme), facilement reconnaissable par la police en raison d'un double pouce, qui dissimule ses bras sous un corset solidement serré chaque jour. Oui oui oui, il faut bien relire cette phrase pour réaliser l'ampleur des énormités, et ce n'est presque rien en regard de la tension qui se créé entre lui, officiellement dépourvu de bras, la fille du directeur (dont il est secrètement amoureux) qui ne supporte pas les mains des hommes suite à une agression qu'elle a subie plus jeune, et le monsieur muscle du cirque qui répond au doux nom de Malabar. On a connu peu de triangles amoureux plus biscornus...</p>
<p>Et malgré tout cette histoire file sans aucun problème, sans rupture de continuité ou d'immersion. <strong>Browning </strong>tisse son atmosphère circassienne avec un talent renversant qui n'est évidemment pas sans rappeler le fabuleux <ins>Freaks</ins> à venir, 5 ans plus tard, et annonciateur d'un autre excellent film sur le même ton, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Poupees-du-diable-de-Tod-Browning-1936">Les Poupées du diable</a></ins>. Il s'appuie sur une ambiance qui me paraît unique en son genre, indépendamment de l'année 1927, mêlant des composantes du mélodrame classique à base d'amour non-exprimé ou impossible et des éléments du drame horrifique. Il parvient à faire de son protagoniste, un truand en fuite, un personnage pétri d'affliction pour lequel on éprouve de la sympathie, et il peut bien sûr compter sur le talent toujours aussi éclatant de <strong>Lon Chaney </strong>pour réaliser une telle performance. Il faut le voir exprimer en secret son amour pour Nanon, sa satisfaction de voir Malabar rejeté initialement par cette dernière, son charisme étrange et presque maléfique lorsqu'il retire son corset pour la première fois, et enfin son visage en décomposition passant de la joie à l'effroi lorsqu'il apprend que les deux projettent de se marier (alors qu'il pensait qu'il était l'heureux élu). Et pour finir, impossible de ne pas mentionner le plan machiavélique pour se débarrasser de son rival, autre manifestation d'un scénario aussi tordu que délicieux : un numéro de cirque consiste à placer Malabar au centre de la scène, tirant sur deux chevaux de part et d'autre à l'aide de cordes, donnant l'impression qu'il retient les bêtes au galop par la force de ses biceps — le subterfuge étant que les animaux galopent sur des tapis roulants afin de ne pas réellement se déplacer et écarteler l'artiste. Alonzo va essayer d'arrêter lesdits tapis roulants dans le but d'arracher les bras de Malabar... Brrrrr.</p>
<p>On retrouve ici cette mise en scène des corps si particulière, caractéristique pour ne pas dire constitutive du cinéma de <strong>Browning </strong>(on peut songer aux méfaits des trois freaks dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins> dont l'un des trois, atteint de nanisme, se fait passer pour un poupon pour mieux infiltrer les riches demeures). Dans le cadre de ce milieu forain extravagant et de ces péripéties pour le moins scabreuses, on peut dire que le sens moral commun est bien malmené : difficile de situer la norme dans cet univers. Et le charme d'un film comme <ins>The Unknown</ins> tient aussi beaucoup à la poésie de l'épouvante que <strong>Browning </strong>réussit à extraire de toutes ces difformités, en confrontant tous les personnages à des destins atroces et à une monstruosité presque banalisée. L'association entre la délicatesse d'une très jeune <strong>Joan Crawford </strong>et la nervosité d'un <strong>Lon Chaney </strong>restera un sommet de cruauté.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
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