Je m'attarde - Mot-clé - Kurt Russel le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearBone Tomahawk, de S. Craig Zahler (2015)urn:md5:a81f597e138ebbb4dc762468765fd1d12018-01-21T16:42:00+01:002018-01-21T16:43:24+01:00RenaudCinémaCannibalismeHorreurKurt RusselMatthew FoxSérie BViolenceWestern <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bone_tomahawk/.bone_tomahawk_m.jpg" alt="bone_tomahawk.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="bone_tomahawk.jpg, janv. 2018" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le festin nu et le cri du sorcier (indien)<br /></strong></ins></span>
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<p>Le genre de petite surprise qui fait plaisir. On y va presque à l'aveugle, sans être victime d'une campagne de communication harassante, sans attendre autre chose que de voir les têtes d'affiche qu'on apprécie, dans un genre a priori sympathique, et on est servi (en plus d'être agréablement surpris). Une tripotée de bonnes têtes connues (<strong>Kurt Russel</strong>, <strong>Richard Jenkins</strong>, <strong>Matthew Fox </strong>et <strong>David Arquette</strong>) dans un genre moins restreint qu'escompté (c'est clairement un western, mais baignant assez agréablement dans les eaux troubles de l'horreur et de la série B), le tout rassemblé dans un premier film réalisé par un quasi-inconnu : autant d'éléments constituant une base appréciable qui aurait pu, comme souvent, mal tourner.</p>
<p>Mais force est de constater que <strong>S. Craig Zalher </strong>s'est fixé un cap et s'y tient avec rigueur et vigueur. Passée une introduction on ne peut plus typée western, passage obligé (mais bien négocié, hormis quelques scènes inutiles) nous gratifiant de la traditionnelle phase des présentations en guise d'amuse-bouche, <strong>Bone Tomahawk</strong> n'aura de cesse de jouer à la limite des genres (le trio western-horreur-série B, donc) et de jouer avec nos attentes.</p>
<p>D'une part, les personnages sont bien écrits, des tempéraments forts sans en faire trop, juste ce qui faut pour maintenir une dynamique tout au long du film. On savoure rapidement les affinités et les tensions qui émaillent l'équipée sauvage lancée à la rescousse de quelques disparus, rompant la tranquillité de la paisible Bright Hope. Quatre protagonistes, quatre personnalités bien différentes, servies par des dialogues qui font mouche, à la fois désuets et authentiques.</p>
<p>D'autre part, la représentation de ces Indiens en agresseurs invisibles et très violents, à la fois classiques car propres au genre et originaux de par leur comportement, leurs mœurs, et l'atmosphère fantastique qui enveloppe chacune de leurs apparitions. Une tribu isolée dans une grotte en haut d'une montagne (d'où leur nom, "les troglodytes"), adepte du cannibalisme et d'une vision de la procréation assez singulière. Un mode de communication assez effrayant, une sorte de hurlement singulier rendu possible par l'implantation d'os (?) directement dans la trachée : on n'est pas loin de la terreur du cri d'<strong>Alan Bates </strong>dans <ins>The Shout</ins> de <strong>Skolimowski </strong>et du délire organique et osseux propre à <strong>Cronenberg</strong>.</p>
<p>Si cette population vorace et virulente avait été un peu plus soignée, dans sa dynamique de groupe, sa psychologie et ses apparitions, on tenait là une vraie pépite. En tant que petit western horrifique de série B (pour brutal), c'est génial.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bone_tomahawk/.russel_m.jpg" alt="russel.jpg" title="russel.jpg, janv. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bone_tomahawk/.protagonistes_m.jpg" alt="protagonistes.jpg" title="protagonistes.jpg, janv. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bone_tomahawk/.crane_m.png" alt="crane.png" title="crane.png, janv. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bone_tomahawk/.corps_m.jpg" alt="corps.jpg" title="corps.jpg, janv. 2018" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bone-Tomahawk-de-S-Craig-Zahler-2015#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/478The Thing, de John Carpenter (1982)urn:md5:941504fbb73d18efe218e24fb7e113652012-04-07T21:46:00+02:002013-01-13T21:31:19+01:00RenaudCinémaAntartiqueFantastiqueHorreurJohn CarpenterKurt RusselParanoïaScience-fiction <p><img title="the_thing.jpg, mar. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="the_thing.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/thing/.the_thing_m.jpg" /></p>
<p><ins>The Thing</ins> est un film américain réalisé en 1982 par <strong>John Carpenter</strong>. C'est la seconde adaptation de la nouvelle de <strong>John W. Campbell</strong> intitulée « <em>La Bête d'un autre monde</em> » (« <em>Who Goes There?</em> » en version originale), issue du recueil <ins>Le Ciel est mort</ins>. La première adaptation fut réalisée en 1951 par <strong>Christian Nyby</strong>, sous le titre <ins>La Chose d'un autre monde</ins>. À noter, à titre d'information seulement, une troisième adaptation de 2011 portant le même nom : <ins>The Thing</ins>. Réalisé trente ans plus tard par un certain <strong>Matthijs van Heijningen Jr</strong>, il s'agit en fait d'un <em>prequel</em> <a name="adaptation_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#adaptation">(1)</a> décevant en manque d'inspiration.</p>
<p>L'atmosphère qui règne dans le film de <strong>Carpenter</strong>, tour à tour sombre, oppressante et anxiogène, en fait une œuvre noire unique en son genre. La blancheur éclatante des paysages enneigés de l’Antarctique <a name="antarctique_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#antarctique">(2)</a> peine à pallier la torpeur des bunkers de l'équipe de recherche. La scène aberrante d'introduction où l'on voit un husky courir sur cette étendue immense et blanche (et non « <em>immense et rouge</em> », comme chez ce cher <strong>Prévert</strong>), pourchassé par un hélicoptère d'une autre équipe qui tente de l'abattre, en vain, confine en apparence à l'absurde, mais annonce en réalité l'arrivée du fléau.<br /><img title="Kurt Russel, mar. 2012" style="float: left; margin: 0 1em 0 0em;" alt="kurt_russel.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/public/RENAUD/CINEMA/thing/kurt_russel.jpg" /> Le sentiment d'isolement et d'enfermement chez des personnages seuls face à eux-mêmes, accentué par ces lieux de désolation enneigés qui les entourent, rappelle bien sûr <ins>The Shining</ins>, de <strong>Stanley Kubrick</strong>, sorti deux années auparavant. Mais la folie ne provient pas ici du cercle fermé des protagonistes ; elle vient à eux depuis l'extérieur, en les contaminant les uns après les autres. Peu à peu, la peur et la suspicion gagnent du terrain et envahissent les corps comme les esprits. La menace, incarnée à l'origine par le chien errant, se terre et parvient à se camoufler sous des traits humains, vecteur d'une psychose terriblement contagieuse. Tous deviennent alors des suspects potentiels, la chair humaine pouvant désormais abriter l'abomination en son sein.<br />
Stimulé par la musique glaçante composée par <strong>Ennio Morricone</strong> (dans un style bien différent des westerns spaghettis à la <strong>Sergio Leone</strong> !), l'effroi grandissant participe de l'immersion dans cet environnement glacial peu hospitalier. À l'instar du premier <ins>Alien</ins> réalisé par <strong>Ridley Scott</strong> trois ans plus tôt, les personnages esseulés se retrouvent bien impuissants face à un danger insaisissable, tapis dans l'ombre mais bien présent.</p>
<p>« <em>Homo homini lupus est</em> » : l'homme est un loup pour l'homme. L'ambiance prenante du film, servie par une photographie remarquable et des jeux d'ombre et de lumière magnifiques, consacre la locution latine en exacerbant le sentiment de paranoïa qui naît simultanément chez les personnages et chez le spectateur.<br />
<strong>Carpenter</strong> pousse ici l'horreur à l'extrême, dans une esthétique du difforme – voire de l'informe –, pour donner naissance à une œuvre ténébreuse, nihiliste, et dont le dénouement enterre le dernier soupçon d'optimisme. Le parallèle avec l’apparition du SIDA à la fin des années 1970 résonne parfaitement comme un double sens du film, avec une contamination d’origine mystérieuse et des tests de dépistages sanguins qui donnent lieu à une scène mythique de stress intense.<br />
Malgré des effets spéciaux « mécaniques » extrêmement convaincants (merci à <strong>Rob Bottin</strong> pour ces trucages et ces séquences impressionnantes de réalisme) en avance sur leur époque, malgré la carrure de l'excellent <strong>Kurt Russel</strong> (ancien <em>Snake Plissken</em> de <ins>New York 1997</ins> et futur cascadeur psychopathe de <ins>Boulevard de la Mort</ins>) campant le personnage de l'alcoolique jusqu’au-boutiste, <ins>The Thing</ins> fut un flop lors de sa sortie au cinéma. Les spectateurs boudèrent le chef-d'œuvre de <strong>Carpenter</strong> et y préférèrent le gentil <ins>E.T.</ins> de <strong>Steven Spielberg</strong>... Il faudra attendre sa commercialisation en VHS et les diffusions télévisées qui suivirent pour qu'il atteigne – enfin – le statut de film culte qu'il mérite largement, en témoigne sa considérable influence dans tout le milieu SF de la fin du XXe siècle.</p>
<p><img title="Horreur..., avr. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="beurk.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/thing/.beurk_m.jpg" /> <img title="... et encore horreur, avr. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="araignee.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/thing/.araignee_m.jpg" /></p>
<p><em><ins>N.B. 1</ins> : À propos de Carpenter... </em><br />
En dépit d'une filmographie très inégale (une anagramme de géniale...), <strong>John Carpenter</strong> parvient parfois à viser juste et à frapper fort. Il est considéré comme l'inventeur des codes du <em>slasher</em> <a name="slasher_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#slasher">(3)</a>, et en particulier de cette technique qui consiste à filmer, dans un même plan, le tueur et sa victime sans que cette dernière ne se doute de quoi que ce soit – pendant un certain temps seulement... Ce procédé fut utilisé pour la première fois en 1978 dans <ins>Halloween</ins>. Capable du meilleur comme du pire, amateur des ambiances « série B », on retiendra dans sa filmographie, pour des raisons souvent diamétralement opposées : <ins>New York 1997</ins> (1981) et sa suite <ins>Los Angeles 2013</ins> (1996) mettant en scène le célèbre <em>Snake Plissken</em>, personnage interprété par <strong>Kurt Russel</strong> ; <ins>They Live</ins> (1988), brûlot qui a mal vieilli ironisant sur notre société de consommation ; <ins>Le Village des damnés</ins> (1995), remake raté d'un film de 1960 réalisé par <strong>Wolf Rilla</strong>, lui-même adapté d'un roman de <strong>John Wyndham</strong> ; <ins>Vampires</ins> (1998), où <strong>James Woods</strong> dégomme du mort-vivant à tout-va dans un second degré parfois poussif ; <ins>Prince des ténèbres</ins> (1987) et <ins>L'Antre de la folie</ins> (1995), très moyens, qui constituent avec <ins>The Thing</ins> ce que <strong>Carpenter </strong>nomme sa « trilogie de l'Apocalypse ».</p>
<p><em><ins>N.B. 2</ins> : Petit bonus pour les fans.</em><br />Un "remake" du film : <a title="http://www.youtube.com/watch?v=BG33zECv8dc" href="http://www.youtube.com/watch?v=BG33zECv8dc">http://www.youtube.com/watch?v=BG33zECv8dc</a></p>
<p><em><ins>N.B. 3</ins> : Un complément : la nouvelle de <strong>Peter Watts</strong></em>.<br />Si vous avez aimé le film, vous adorerez la nouvelle <ins>The Things</ins>, écrite en 2010 par <strong>Peter Watts</strong> et disponible gratuitement et intégralement ici : <a title="http://clarkesworldmagazine.com/watts_01_10/" href="http://clarkesworldmagazine.com/watts_01_10/">http://clarkesworldmagazine.com/watts_01_10</a>. L'action se situe à la fin du film de <strong>Carpenter</strong>, et le récit adopte le point de vue de la "chose". Un vrai régal, qui est également disponible en version audio, avec la voie douce et agréable de <strong>Kathryn Baker</strong>. Un immense merci à <strong>Jim </strong>(cf. son commentaire) pour cette découverte.</p>
<p><em><ins>N.B. 4</ins> : L'une des répliques de film d'horreur préférées de <strong>John Landis</strong></em>.</p>
<blockquote><p>« Lorsqu'un des personnages voit des pinces de crabe pousser de la tête
décapitée d'un des autres personnages, et que le monstre se met à
marcher, il s'exclame : "Putain, mais c'est une blague !" Dans ce contexte, c'est une réaction très réaliste. »<br /><br /><strong>John Landis</strong>, dans <ins>Créatures fantastiques et monstres au cinéma</ins>, 2012.</p>
</blockquote>
<span style="font-size: 9pt;"><a name="adaptation">(1)</a> Un <em>prequel</em> est un néologisme anglais récent désignant une suite (d'un film, d'un livre) qui place le récit dans une époque antérieure à celle de l'œuvre originale. Exemples phares : <ins>Star Wars</ins>, épisodes I à III (<strong>George Lucas</strong>, 1999, 2002 et 2005). <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#adaptation_back">(retour)</a><br />
<a name="antarctique">(2) </a><ins>The Thing</ins> a été principalement tourné dans les studios <em>Universal</em>, à Los Angeles, dans des salles réfrigérées. La température extérieure étant caniculaire, l’équipe devait ôter les parkas ou les remettre selon les déplacements. Des scènes supplémentaires ont été tournées en Colombie-Britannique. <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#antarctique_back">(retour)</a><br />
<a name="slasher">(3) </a> Le <em>slasher</em> (de l’expression anglaise « <em>slasher movie</em> ») est un genre cinématographique, sous-genre du film d’horreur et du film d’exploitation, qui met en scène les meurtres à l'arme blanche d’un tueur psychopathe, généralement masqué, qui élimine méthodiquement un groupe d’individus souvent jeunes. Exemples phares : <ins>Psychose</ins> (<strong>Alfred Hitchcock</strong>, 1960), <ins>Halloween</ins> (<strong>John Carpenter</strong>, 1978), <ins>Vendredi 13</ins> (<strong>Sean S. Cunningham</strong>, 1980) et <ins>Scream</ins> (<strong>Wes Craven</strong>, 1996). <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#slasher_back">(retour)</a>
</span>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/110