Je m'attarde - Mot-clé - Lituanie le temps d'un souffle<br />2024-03-18T09:08:17+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLa Belle, de Arūnas Žebriūnas (1969)urn:md5:b3da43a8f5f3cc0c7eff8a081fb07e332019-04-26T18:35:00+02:002019-04-26T18:35:00+02:00RenaudCinémaEnfanceIncertitudeLituanieMélancolieRussie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/belle/.belle_m.jpg" alt="belle.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="belle.jpg, avr. 2019" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le temps qui passe</strong></ins></span>
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<p>Le mode d'expression utilisé dans <ins>La Belle</ins> pour décrire une étape charnière de la fin de l'enfance peut s'avérer déroutant, sous certains aspects très subjectifs (au sens où ils ne s'expliquent pas vraiment au-delà des sensibilités individuelles). Si quelques choix artistiques ne m'ont pas mis parfaitement à l'aise, dans l'ensemble, cette petite pépite largement méconnue du cinéma soviétique pré-lituanien dispose d'un fort capital sympathie. Elle brille par son originalité, par son humilité, et par la sincérité de son regard sur l'enfance en dépit de partis pris étonnants. Cette petite <strong>Inga Mickyte </strong>dégage quelque chose de très particulier, tout autant que le cadre géographique, ce quartier vraisemblablement ouvrier, comme oublié, à la marge, suspendu on ne sait dans quelle temporalité. Le joli travail de restauration et la post-synchronisation de l'audio n'aident pas à replacer facilement le film dans son contexte, la fin des années 1960, mais on peut malgré tout ressentir l'influence de la Nouvelle Vague dans la grande liberté qui s'en échappe, comme si la structure était volontairement décousue, collant en ce sens assez bien au portrait très incertain de l'enfance que le film entend embrasser.</p>
<p>Indépendamment de la qualité de la restauration, <ins>La Belle</ins> flatte les sens par l'esthétique de sa mise en scène, à la fois ample et surprenante. Les plans-séquences qui accompagnent <strong>Inga </strong>dans sa danse tout sauf naturelle pour un enfant de son âge (chose a priori volontaire, j'imagine, justement pour souligner une sorte de prise de conscience ou de passage à l'âge supérieur) contrastent avec les plans plus rêches de son environnement, dans son appartement, avec cette mère seule dont on évoquera explicitement la solitude uniquement en toute fin de film. Le ton est à la fois digressif et introspectif, au gré des humeurs de la jeune protagoniste de 9 ans qui voit son équilibre bouleversé le jour ou un garçon extérieur à son cercle d'amis lui dit qu'il la trouve laide à cause de ses éphélides (toujours bon à placer celui-là). Cette configuration idiosyncratique (là j'abuse) permet à <ins>La Belle</ins> de conserver une part non-négligeable de sincérité malgré ces accès d'artificialité (volontaires ou pas), entre les danses étranges et la musique répétitive (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=thQOg_5rpfs" title="https://www.youtube.com/watch?v=thQOg_5rpfs">illustration ici</a>).</p>
<p>Le monde des enfants d'un côté, le monde des adultes de l'autre. La mère ne se laisse pas apprivoiser, ni par sa fille ni par nous spectateurs, exclue dans une certaine distance, mais il y a aussi le vieil homme qui évoque ses souvenirs, avec sa maison en ruines et les terrains vagues, offrant un joli contraste avec l'espoir porté par la jeune fille et son attrait pour les fleurs et l'aurone. Elle qui reste persuadée qu'un balais fait de branches mortes peut refleurir, alors qu'elle se trouve à un moment-clé de l'enfance, à ses premiers soubresauts, attaquée dans sa confiance et sa conscience tranquille du monde, au bord de la désillusion à cause d'une simple remarque méchante (sincère ou pas). Il y a sans doute aussi un sous-texte lié au passage d'une génération à l'autre, teinté de mélancolie. Un petit vent triste enveloppe le tout, avec le trio de personnages (la fille, la mère, le vieil homme) prisonniers d'une forme de solitude, enfermés dans une forme d'attente inexorable. Un mari qui ne rentrera pas, un présent ingénu qui semblait éternel jusqu'à ce qu'il soit chamboulé en un éclair, et ce foutu temps perdu qui ne se rattrape plus.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/belle/.enfants_m.jpg" alt="enfants.jpg" title="enfants.jpg, avr. 2019" /> <br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/belle/.mere_m.jpg" alt="mere.jpg" title="mere.jpg, avr. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Belle-de-Arunas-Zebriunas-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/642Frost, de Šarūnas Bartas (2017)urn:md5:4d4212af41296238b1323e643178e18b2017-09-18T15:05:00+02:002017-09-19T13:11:17+02:00RenaudCinémaGuerreIncertitudeLituanieMission humanitaireRussieUkraine <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/frost/.frost_m.jpg" alt="frost.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="frost.jpg, sept. 2017" /><div id="centrage">
<p><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Incertitudes en correspondance<br /></strong></ins></span></p>
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<p><ins>Frost</ins> est un film très étrange, dans sa forme surtout. Un film aux contours flous et sciemment entretenus comme tels. Un peu trop, sans doute. Tellement flou qu'il est rythmé par une série ininterrompue de questions qui ne trouveront que très rarement de réponses claires et précises. Tellement flou qu'à la fin du film, au terme d'un travelling vertical s'élevant dans les nuages au-dessus d'un corps inanimé dans une zone de combat enneigée, au cœur du Donbass ukrainien, on ne sait toujours pas s'il s'agit du portrait évasif à l'extrême d'un couple de jeunes lituaniens, Rokas et Inga, et de leur implication dans une mission humanitaire, ou bien s'il s'agit d'une chronique de guerre sur le conflit qui agite l'Est de l'Ukraine depuis 2014 entre l'armée ukrainienne et les forces séparatistes pro-russes. L'inconfort qui en résulte, présent dès le début à travers une présentation très parcellaire des lieux, des événements, des enjeux et des personnages, se transforme peu à peu en choix artistique intelligible, acceptable, qui pourra (ou non) porter ses fruits.</p>
<p>Rokas, un jeune lituanien dont on ne saura rien de plus que ce qui intervient dans le strict cadre temporel du récit, se retrouve au tout début du film embarqué dans une mission humanitaire incertaine en direction de l'Ukraine. Quelles sont ses motivations ? Ses contraintes ? On n'en saura strictement rien.</p>
<p>Il est accompagné d'une jeune femme, Inga, dont le contexte sera tout aussi évasif. Quelle relation unit les deux ? On n'en saura rien, ou pas grand chose. Seulement quelques éléments nous sont donnés, au détour de certaines discussions sur l'amour et la jalousie, au détour de certains regards, permettant de penser qu'il y a probablement une vague histoire d'amour qui se trame.</p>
<p>Leur mission passe par une étape dans une ville polonaise éloignée des conflits, à la rencontre d'un certain Andrzej (et de <strong>Vanessa Paradis</strong>, une journaliste de guerre dans le film, dont le temps de présence à l'écran doit se limiter à quelques minutes). Qui est cet homme, quel est son rôle dans la logistique de la mission ? On n'en saura quasiment rien, si ce n'est qu'il doit probablement être impliqué dans la coordination. Mais c'est à l'image de la mission humanitaire elle-même : qu'y a-t-il vraiment dans la fourgonnette ? Des vêtements, des chaussures et du matériel de secours comme Rokas l'affirme plusieurs fois aux contrôles ? Ou bien une cargaison d'armes ? Et surtout, où doivent-ils aller livrer cela, précisément ? On n'en sait rien, et on ne peut que deviner, interpréter, extrapoler.</p>
<p>L'incertitude extra-diégétique rejoint étrangement celle qui régit l'existence des deux protagonistes dans le récit. Et l'enjeu de <ins>Frost</ins> se trouve sans doute dans cette correspondance-là.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/frost/.duo_m.jpg" alt="duo.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="duo.jpg, sept. 2017" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Frost-de-Sarunas-Bartas-2017#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/446