Je m'attarde - Mot-clé - Los Angeles le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearL'Énigme du Chicago Express (The Narrow Margin), de Richard Fleischer (1952)urn:md5:5d05b42c5a8bd6196fec70235fa625472024-02-12T10:25:00+01:002024-02-12T10:30:01+01:00RenaudCinémaAssassinatCharles McGrawChicagoFilm noirGangsterHuis closJacqueline WhiteLos AngelesMafiaMarie WindsorRichard FleischerSérie BTrainTémoignage <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/enigme_du_chicago_express.jpg" title="enigme_du_chicago_express.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.enigme_du_chicago_express_m.jpg" alt="enigme_du_chicago_express.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"This train wasn't designed for my tonnage. Nobody loves a fat man except his grocer and his tailor!"</strong></ins></span>
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<p>Il est à la fois curieux et intéressant de voir <strong>Richard Fleischer </strong>investir le registre du film noir de série B au cours du premier temps de sa filmographie (et ce après [enfin, plutôt avant, du point de vue de la chronologie] le classicisme de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Genie-du-mal-de-Richard-Fleischer-1959">Le Génie du mal</a></ins>), au début des années 50, longtemps avant l'établissement d'une renommée internationale. Le qualificatif de cinéma bis vient assez naturellement en regardant <ins>L'Énigme du Chicago Express</ins>, étant données la concision du scénario et l'absence de grosses célébrités dans la distribution, mais il ne faudrait pas l'entendre au sens d'une quelconque faiblesse qualitative : le film est efficace, laconique dans ses effets mais habile dans les ressorts de mise en scène qu'il parvient malgré tout à déployer, tout en ménageant une tension constante et une remarquable absence de temps mort.</p>
<p>90% du film se déroulera à bord d'un train. On pourrait même dire dans une voiture-bar, deux wagons-lits, et trois couloirs... Deux agents fédéraux ont la responsabilité d'escorter la veuve d'un grand gangster récemment assassiné, cette dernière étant appelée à témoigner contre la mafia. Dès la cinquième minute, l'un des deux meurt — probablement une autre contrainte budgétaire liée à un tournage sur 13 jours seulement — et le reste ne sera que voyage ferroviaire entre Chicago et Los Angeles avec une petite nuée de malfrats à la recherche de la femme dont ils ignorent l'apparence physique. On est en droit de se demander en quoi la mise à leur disposition d'une photo pour les guider était si problématique, mais ce n'est qu'un détail au sein de toutes les limitations dans l'écriture d'une telle série B. Le plus important, c'est le périple du flic devant assurer la sécurité d'une personne dans ce huis clos particulièrement hostile qui comporte une quantité infinie de recoins, de zones d'ombre et de faux-semblants.</p>
<p>Dans le rôle principal c'est <strong>Charles McGraw </strong>qui s'y colle, nerveux, plutôt réservé, mais assez convaincant avec ses faux airs de <strong>Kirk Douglas</strong>, collant parfaitement à la sécheresse absolue de l'ambiance. 1h10 de suspense condensé, avec le souci évident de maintenir une tension permanente dans ces lieux exigus qui obligent à se montrer un minimum inventif (l'utilisation des vitres notamment). Cela passe autant par des moments comiques (la répétition de la problématique du croisement dans les couloirs étroits lorsqu'on croise le chemin d'un gars particulièrement obèse, ce qui donne un sens supplémentaire au titre original, <ins>The Narrow Margin</ins>) que par des séquences de confrontation dans des cadres surchargés de détails et de mobiliers. En parallèle d'un questionnement existentiel sur la probité du protagoniste (à peine effleuré), une dualité féminine entre la brune <strong>Marie Windsor</strong> (comme une cousine de <strong>Ida Lupino</strong>) et la blonde <strong>Jacqueline White</strong>, à l'origine d'un twist final assez surprenant. Tout aussi surprenant, sinon plus, j'avoue ne pas avoir compris pourquoi l'assassinat d'un personnage aussi important provoque aussi peu de remous vers la fin, comme si tout le monde s'en foutait de sa mort après la révélation sur l'identité d'un autre. C'est en tous cas le point de chute d'une histoire qui aura multiplié la mise en évidence d'erreurs tragicomiques, d'abord avec la mort un peu bête du partenaire du héros dans les premiers instants, puis avec une policière qui aura payé de sa vie l'évaluation de l'intégrité d'un collègue, et enfin avec la personne dont l'identité était dissimulée qui s'en sortait très bien toute seule jusqu'à sa rencontre fortuite avec le protagoniste (non sans menaces involontairement propagées).</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Enigme-du-Chicago-Express-de-Richard-Fleischer-1952#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1345Emily the Criminal, de John Patton Ford (2022)urn:md5:652f79218a73d0d3db2ef0abd47d4c222023-01-27T09:19:00+01:002023-01-27T09:20:20+01:00RenaudCinémaArnaqueCarte bancaireFemmeLos AngelesThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/emily_the_criminal/.emily_the_criminal_m.jpg" alt="emily_the_criminal.jpg, janv. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Engrenages<br /></strong></ins></span>
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<p>Je ne sais pas si on peut classer <ins>Emily the Criminal</ins> dans la série B, mais en tous cas le film correspond admirablement bien à ces œuvres détachées de toute ambition démesurée, traçant sa voie avec application, sans trop d'étincelles et sans trop d'embûches. La recette est souvent simple, mais son exécution relève d'un savoir-faire qui allie délicatesse et audace, pour un résultat agréable, fluide, sans anicroche majeure. On pourrait résumer cela à des auteurs qui ont choisi des acteurs et des actrices pas demeurés, qui ont travaillé avec des scénaristes ayant un minimum de respect pour les gens à qui ils proposent leur film, et qui mettent tout ça en forme de manière pas trop sale. Quand il y a en plus un bonus thématique (ici le contexte social dans lequel Emily galère), on est à deux doigts de la panacée. En me relisant, on dirait vraiment que j'en suis à me contenter de pas grand-chose, d'un alignement de petites planètes purement techniques... Mais au fond, tout cela a l'air bien simple.</p>
<p>Tout ça pour dire, une fois ces précautions prises, que la façon qu'à Emily de se retrouver engagée dans un réseau d'arnaque à la carte de crédit est très bien exécutée, c'est progressif, crédible, sans incohérence notable. J'ai en outre beaucoup apprécié la présence de <strong>Aubrey Plaza</strong>, elle incarne une femme dotée d'un sens de la débrouille assez singulier, pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, capable de détecter une situation minable assez tôt et de le faire savoir vertement. J'aime beaucoup ce portrait de femme, qui est capable de développer son propre modèle de force sans se calquer sur les modèles masculins classiques. À côté d'elle, <strong>Theo Rossi </strong>est également un très bon personnage secondaire, bien écrit, avec ses zones d'incertitudes qui le rendent très naturel et crédible, au creux d'une relation jamais trop lisible avec la protagoniste.</p>
<p>Cela étant, <strong>John Patton Ford </strong>verse un peu trop dans la surenchère contextuelle pour insister sur le fait qu'Emily se retrouve dans la merde car elle ne pouvait vraiment pas faire autrement — son employeur est un connard, les opportunités professionnelles sont minables, elle doit rembourser un prêt étudiant, elle a un casier judiciaire qui revient sans arrêt pointer le bout de son nez aux moments inopportuns, etc. On joue quelque peu à la limite de l'excès à ce niveau, sans jamais verser dans l'invraisemblable au demeurant. En revanche, tout le film est entièrement gouverné par un sens du suspense assez incroyable, on ne sait jamais dans quelle direction on va s'engager, participant ainsi à un climat de tension fort appréciable. Très agréable surprise en matière de petit film en dehors des sentiers battus.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/emily_the_criminal/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Emily-the-Criminal-de-John-Patton-Ford-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1110Los Angeles Plays Itself, de Thom Andersen (2003)urn:md5:b9940c9db3f5cddf6220f52fad1b98aa2022-09-15T13:05:00+02:002022-09-15T13:05:00+02:00RenaudCinémaArchitectureDocumentaireHollywoodLos Angeles <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.los_angeles_plays_itself_m.jpg" alt="los_angeles_plays_itself.jpg, août 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>''They make movies here. I live here. Sometimes I think that gives me the right to criticize.''<br /></strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Los Angeles Plays Itself</ins>, c'est un tunnel de près de 3 heures. L'expérience est éreintante, et on en ressort comme sous l'effet d'un rouleau compresseur, après avoir subi un essai cinématographique sur la ville de Los Angeles (attention de ne pas dire "L. A." sous peine de se faire engueuler par <strong>Thom Andersen </strong>qui y voit une dévalorisation abominable !) citant pas moins de deux cents films sur le sujet. Quand le film démarre, avec cette vive allure et ce flot ininterrompu de paroles, on se dit que le rythme va être impossible à suivre, pour le narrateur comme pour le spectateur. Et pourtant. Au-delà de la somme des informations individuelles que contient le film, à l'instar d'une conférence de <strong>Jean-Baptiste Thoret</strong> (il y a un peu de tout et un tri est évidemment nécessaire), au-delà de la proportion de références qui produira ou non un stimulus, <ins>Los Angeles Plays Itself</ins> produit un effet saisissant, un peu assommant, mais doté de singularités suffisantes pour rendre voyage constructif et agréable.</p>
<p>Un film de montage avant tout, sous la forme d'une longue dérive à travers le cinéma hollywoodien, avec pour objectif l'extraction d'une composante documentaire de toute la matière 100% fictionnelle des 50 années qui ont précédé la sortie du film en 2003 (commencé en 1999) — à l'inverse d'un autre schéma rencontré parfois, complémentaire, qui vise à introduire un peu de fiction dans de la non-fiction. Selon le réalisateur, "<em>if we can appreciate documentaries for their dramatic qualities, perhaps we can appreciate fiction films for their documentary revelations</em>".</p>
<p>Le documentaire est structuré en trois parties clairement identifiées : la ville comme une toile de fond, la ville comme un personnage, la ville comme un sujet. Le ressentiment de <strong>Thom Andersen </strong>à l'égard d'Hollywood et de son influence néfaste sur la représentation de la ville qu'il aime parcourt absolument tout le docu, à tel point qu'il considère l'abréviation usuelle "L.A." comme la conséquence directe de cette emprise croisée avec un complexe d'infériorité. Des considérations un peu absconses de ce genre, le film en est rempli. De manière intéressante, ce n'est pas un recensement de films sur Los Angeles, mais bien une collection de séquences assemblées pour étayer un propos — plus ou moins pertinent et fondé — à l'image de toute la première partie explorant la dimension architecturale singulière de la ville, avec le courant de l'architecture moderniste associée selon l'essayiste au domicile des bad guys au cinéma (et les exemples abondent il est vrai, avec cette image imprimée par tous les cinéphiles de villas implantées sur des pentes sévères). La séquence de <ins>L'Arme fatale 2</ins> dans laquelle <strong>Mel Gibson</strong> en détruit une avec son pickup est à ce titre mémorable.</p>
<p>Le film s'éloigne de toute dimension potentiellement scolaire, il ne s'agit pas d'un égrainage méthodique et chronologique façon encyclopédie mais bien une plongée subjective dans un discours qui convoque autant de chefs-d'œuvre du film noir que de grosses bouses, autant de thrillers que de navets d'action, et qui tire son titre (signe manifeste de l'ironie d'<strong>Andersen</strong> à mon sens) d'un cryptique film porno gay des années 70. Il passe beaucoup de temps à évoquer les villas bourgeoises de <ins>L.A. Confidential</ins>, l'emprise des puissants sur l'eau dans <ins>Chinatown</ins>, l'utilisation multiple d'un lieu comme le Bradbury Building au travers de films aussi différents que <ins>Blade Runner</ins> et <ins>The Indestructible Man</ins> — et même <ins>The Artist</ins> serait-on tenté de rajouter — dans l'optique de déconstruire les mythes qui enveloppent la ville aux yeux de ceux qui n'y habitent pas et qui n'y prennent pas le bus (sic).</p>
<p>Le ton est volontiers provocateur, souvent ironique, et parfois très cinglant, comme notamment dans le chapitre consacré au retournement de perspectives concernant la gestion de l'eau, des autoroutes, des logements sociaux, ou encore de la police, dont les conséquences désastreuses ne sont pas le fait d'obscures organisations mafieuses mais bien de cyniques représentants publics, bien documentées dans la presse et divers essais, sans que cela n'ait empêché de ratifications par voie démocratique. Au-delà de la simple énonciation du fait que les films ne dépeignent pas la réalité, un truisme renforcé par la présence de nombreuses série B et autres films catastrophe. Après tout, il revendique cette licence artistique et intellectuelle : "t<em>hey make movies here. I live here. Sometimes I think that gives me the right to criticize</em>".</p>
<p>On peut ainsi considérer le film comme une longue critique argumentée de l'impérialisme culturel d'Hollywood, en s'appuyant sur une grande variété de films, des vieux et des récents, des géniaux et des nullissimes, des blockbusters et des inconnus, à travers une variété de lieux tout aussi conséquente, étudiant la disparition de zones populaires comme Bunker Hill, l'évolution des stations essence, la dissolution de certains quartiers, ou les tacles faciles du new-yorkais <strong>Woody Allen </strong>dans <ins>Annie Hall</ins>. L'écart est parfois abyssal, entre un film d'<strong>Antonioni </strong>et un film de <strong>Stallone</strong>, un film de course-poursuite / demolition derby et un film d'auteur de <strong>Peter Bogdanovich</strong>, des références au cinéma policier fasciste et d'autres à <strong>Bresson </strong>et <strong>Ozu</strong>.</p>
<p>Le propos est forcément excessif, en quantité et en conjectures, mais il en ressort quand même quelque chose qui s'apparente chez moi à une extrême générosité, certes un peu trop amère par endroits, assortie d'une recomposition très forte de la géographie telle qu'elle transparaît à travers les fictions. Il donne aussi quelques pistes d'exploration très intéressantes, du côté de <strong>Charles Burnett </strong>(l'auteur de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Killer-of-Sheep-de-Charles-Burnett-1979"><ins>Killer of Sheep</ins></a>), <strong>Billy Woodberry</strong> (<ins>Bless Their Little Hearts</ins>), <strong>Haile Gerima </strong>(<ins>Bush Mama</ins>) ou encore <strong>Kent Mackenzie </strong>(<ins>The Exiles</ins>), évoquées dans la dernière partie consacrée à une sorte de néoréalisme d'un cinéma afro-américain. On pourrait arguer qu'<strong>Andersen </strong>substitue une forme de complaisance à une autre, en critiquant vertement la représentation hollywoodienne idyllique pour développer une contre-histoire en un sens unilatérale (comme en témoigne ses remarques lapidaires sur <ins>Short Cuts</ins>, un exemple parmi cent). Mais c'est un style lapidaire et incisif qui permet d'étaler les différentes couches du discours avec dynamisme et de déboucher sur une œuvre unique excitant les synapses des cinéphiles, potentiellement, et sans élitisme. Au niveau du contenu du moins.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.1_m.jpg" alt="1.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.2_m.jpg" alt="2.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.3_m.jpg" alt="3.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.4_m.jpg" alt="4.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.5_m.jpg" alt="5.jpg, août 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/los_angeles_plays_itself/.6_m.jpg" alt="6.jpg, août 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Los-Angeles-Plays-Itself-de-Thom-Andersen-2003#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1068Killer of Sheep, de Charles Burnett (1979)urn:md5:73cfd37fbb5bbbe39d60b418a24625642020-09-18T14:00:00+02:002020-09-18T13:34:18+02:00RenaudCinémaAbattoirCharles BurnettEtats-UnisLos AngelesMoutonRéalismeSégrégation <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer_of_sheep/.killer_of_sheep_m.jpg" alt="KILLER OF SHEEP (1977), sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Original 2007 theatrical poster for Charles Burnett's KILLER OF SHEEP. Courtesy of Milestone Films." />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>" I thought her old man was shootin' blanks - but I see he's droppin' bombs on occasion!"<br /></strong></ins></span></div>
<p>Très intéressante proposition de cinéma faite par <strong>Charles Burnett</strong> (auteur du très bizarre <ins>To Sleep with Anger</ins> avec <strong>Danny Glover</strong> aka sergent Murtaugh, en 1990) qui s'intéresse de manière ouvertement pseudo-documentaire à la vie dans un quartier noir pauvre de Los Angeles. Pour suivre le quotidien de Stan, un ouvrier travaillant dans un abattoir de moutons, il adopte une tonalité proche du réalisme social, dans un style qui a souvent été comparé au néoréalisme italien. Autrement dit, le fil rouge narratif se cantonnera à quelque chose de particulièrement ténu, les 80 minutes de <ins>Killer of Sheep</ins> étant essentiellement constituées de vignettes s'apparentant à de la non-fiction et très vaguement reliées entre elles. Un parti pris qui peut dérouter, de par l'impression de flottement qui perdurera du début à la fin, pour accompagner Stan dans toute sa mélancolie de travailleur pauvre.</p>
<p>Le titre du film pourrait bien sûr être relié à l'emploi du protagoniste, dont des fragments de la routine professionnelle nous parviennent régulièrement, insérés au milieu de scènes de la vie quotidienne. Il est père de famille, il n'arrive plus trop à communiquer avec sa femme (ce qui donnera une très belle scène de danse à deux, romantique et calme, au bord d'une fenêtre, laissant présager une envergure similaire à l'exceptionnel <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-homme-comme-tant-d-autres-de-Michael-Roemer-1964"><ins>Un homme comme tant d'autres</ins></a> qui ne se révèlera malheureusement jamais), et malgré la pauvreté dans laquelle il évolue il résiste à l'appel de l'argent facile des petits larcins. Le style global de ce cinéma vraiment indépendant pourrait se rapporter au <strong>Cassavetes </strong>de <ins>Shadows</ins> et <ins>Faces</ins>, c'est-à-dire une forme de naturalisme un brin nonchalante, toujours dans l'expectative, la langueur, voire l'abandon. Un budget limité, des acteurs non-professionnels, tournage le weekend, un extrait musical dont il mettra 30 ans à obtenir les droits : l'adéquation entre les moyens mis en œuvre et le sujet force le respect, même si cela se fait au prix d'une monotonie parfois éprouvante.</p>
<p>Reste que <strong>Burnett </strong>observe Stan avec une certaine lucidité, de galères en bricoles avec quelques moments fugaces de bonheur, comme une lente dérive autodestructrice sans prise sur le cours de sa vie. Un regard sur la classe ouvrière noire assez rare, très différent (et en ce sens très complémentaire) de films comme <ins>Blue Collar</ins>, partagé entre la compassion et le réalisme rugueux. Comme un chaînon manquant du cinéma noir américain, loin du sérieux d'un <strong>Sidney Poitier </strong>et de la bisserie / blaxploitation d'un <strong>D'Urville Martin</strong> ou d'un <strong>Fred Williamson</strong>. En filmant de manière régulière Stan au milieu de son abattoir, dans son ennui flou et son indécision latente, comme prisonnier d'une frustration urbaine, <strong>Burnett </strong>pourrait bien avoir conféré à son titre un sens beaucoup moins littéral.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer_of_sheep/danse.jpg" alt="KILLER OF SHEEP (1977), sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Stan (Henry Sanders) and his wife (Kaycee Moore) in the film KILLER OF SHEEP, a Milestone Film & Video release." />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Killer-of-Sheep-de-Charles-Burnett-1979#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/826Les flics ne dorment pas la nuit, de Richard Fleischer (1972)urn:md5:bde7214d21afec380b44f4513686a8c32020-04-27T08:00:00+02:002020-04-27T10:09:30+02:00RenaudCinémaGeorge C. ScottLos AngelesMélancoliePoliceRichard FleischerStacy Keach <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/flics_ne_dorment_pas_la_nuit/.flics_ne_dorment_pas_la_nuit_m.jpg" alt="flics_ne_dorment_pas_la_nuit.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I hate this assignment, I'm not gonna be doing this forever."</strong></ins></span>
</div>
<p>Contrepoint intéressant au <ins>Dirty Harry</ins> de <strong>Siegel</strong> sorti l'année précédente, <ins>Les flics ne dorment pas la nuit</ins> (joli titre français, pour une fois) fut rangé dans la même étagère à l'époque, grosso modo le film de flic réactionnaire et fasciste : vu d'aujourd'hui, le constat peut étonner. Ne serait-ce que par le contexte du personnage de <strong>Stacy Keach</strong>, qui a atterri dans les rangs de la police par dépit, après un échec du côté des études de droits, et par celui de <strong>George C. Scott</strong>, d'une incroyable humanité et d'une profonde mélancolie, les deux approches me paraissent diamétralement opposées.</p>
<p>Le film est tout entier plongé dans la nuit, et dans le quotidien le moins glamour qui soit des patrouilles de police. Il s'embarque sur un sentier déjà très balisé en apparence, celui des proto-buddy movies avec les vieux briscards expérimentés flanqués de débutants inexpérimentés. Sauf que jamais le film ne cèdera aux sirènes de l'action ou du spectaculaire, y préférant le versant dramatique de la routine en immersion dans la misère de Los Angeles. Rien de fondamentalement construit du point de vue du discours : on se situe plutôt du côté de la chronique au quotidien, non sans quelques grandes ellipses, baignant dans une mélancolie nocturne crépusculaire. Au détour de quelques altercations seulement, on entend <strong>Fleischer</strong> à travers la bouche de Kilvinski critiquer la société américaine, dans un élan de colère à l'encontre d'un propriétaire extorqueur qui menace de dénoncer des travailleurs clandestins. D'une manière plus générale, ce pessimisme se retrouvera d'ailleurs, sous une forme différente, dans le film qu'il réalisera l'année suivante, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Soleil-Vert-de-Richard-Fleischer-1973"><ins>Soleil Vert</ins></a>.</p>
<p>Les nouveaux centurions, c'est ainsi que se considère le vieux flic philosophe, à l'origine du titre original <ins>The New Centurions</ins>. Le parallèle entre Rome et l'Amérique contemporaine peut paraître un peu osé, l'ambiguïté n'est jamais bien loin, mais ce qui reste collé à la peau, c'est bien cette pulsion de mort qui anime ces pauvres hères arpentant les rues miséreuses de L.A. La séquence du suicide, apogée de cette veine pessimiste, toute en non-dits, est d'une intensité incroyable. À l'opposé d'un personnage aussi évidemment détestable que Dirty Harry, Fleischer s'intéresse à des personnalités beaucoup plus nuancées, des flics dotés d'empathie pour certains, usés par leur métier et leur environnement, sujets aux bavures, plongés dans les ténèbres de leur monde.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/flics_ne_dorment_pas_la_nuit/.vue_m.jpg" alt="vue.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-flics-ne-dorment-pas-la-nuit-de-Richard-Fleischer-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/767Police fédérale Los Angeles, de William Friedkin (1985)urn:md5:0e5b94bc22d0101b87a4c2049ca1dd082019-05-15T20:41:00+02:002019-05-15T20:41:00+02:00RenaudCinémaEnquête policièreLos AngelesThrillerViolenceWillem DafoeWilliam FriedkinWilliam L. Petersen <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/police_federale_los_angeles/.police_federale_los_angeles_m.jpg" alt="police_federale_los_angeles.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="police_federale_los_angeles.jpg, mai 2019" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Jeux dangereux à la lisière des stéréotypes</strong></ins></span>
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<p>L'image que je gardais de <ins>Police fédérale Los Angeles</ins> s'était incroyablement déformée avec le temps. Six ans après le dernier visionnage, tous les stéréotypes que le film entend dévoyer s'étaient conformés à leur moule originel, formant dans mes souvenirs une œuvre très éloignée de ce qu'elle représente en réalité.</p>
<p>Un des arguments de base de <ins>To Live and Die in L.A.</ins>, qui à mon sens sous-tend l'ensemble, consiste à épouser une série de clichés propres au genre, à savoir le thriller policier aux parfums de buddy-movie typique des 80s avec son tueur psychopathe et son duo contrasté de flics, et à réduire ces poncifs en cendres après avoir sauté dessus à pieds joints et en avoir fait un joli feu de joie. L'expérience est d'autant plus troublante qu'en dépit de tous les signaux de désuétude qui nous reviennent en pleine gueule aujourd'hui, marque de fabrique de cette fameuse décennie (musique, style vestimentaire ou capillaire, esthétique générale), la violence du propos parfaitement nihiliste reste intacte — peut-être qu'elle se trouve même augmentée par cette antinomie. <strong>William Friedkin</strong> a beau cultiver un petit cortège de maladresses régulières et autres fautes de goût patentes, cela n'affecte pas franchement la perspicacité du film.</p>
<p>La pourriture est absolument partout, au boulot et à la maison, chez les criminels comme chez les flics, à tel point que les notions de bien et de mal, de gentils et de méchants, s'avèrent parfaitement inutiles. Le film travaille également une dynamique de répétition, annoncée par le titre original (cette traduction française, encore une fois...) : des gens meurent, mais sont aussitôt remplacés par les suivants, et la ronde infernale de l'immoralité se perpétuera vraisemblablement à jamais. Ici aussi, encore une fois, <strong>Friedkin </strong>se montre assez maladroit dans l'illutration de cette propagation : on a du mal à y croire à cette image de fin, à la transformation du good bad guy incarné par le sidekick un peu falot de <strong>Petersen</strong>... Reste le propos.</p>
<p>Los Angeles n'aura jamais semblé autant gangrénée par le vice, par la violence, par le cynisme fusant dans toutes les directions. Les intérêts personnels semblent être les seuls moteurs. Les trafiquants sont des peintres à leurs heures perdues, les flics n'hésitent pas à outrepasser leurs prérogatives pour accomplir leur mission. Chose que j'avais totalement oubliée, et qui a ainsi conservé toute sa puissance : la mort qui surgit de manière aussi brutale que subite, conférant à la dernière partie une noirceur crépusculaire surprenante. Quelques images subliminales viennent à côté de cela assombrir le portrait intérieur de <strong>Petersen</strong>, sombrant progressivement dans la folie aveugle et meurtrière, achevant ainsi un tableau profondément ambigu de l'enfer ici-bas.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/police_federale_los_angeles/.dafoe_m.jpg" alt="dafoe.jpg" title="dafoe.jpg, mai 2019" />
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