Je m'attarde - Mot-clé - Magie le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLa Sorcière (The Mystic), de Tod Browning (1925)urn:md5:aa8df5f3aa92fbbb75928770310b1fce2023-11-05T12:16:00+01:002023-11-05T22:15:29+01:00RenaudCinémaArnaqueCinéma muetEscroquerieHongrieMagieTod Browning <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/sorciere.jpg" title="sorciere.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/.sorciere_m.jpg" alt="sorciere.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Arnaque à la magie</strong></ins></span>
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<p>Pas l'ombre d'une sorcière, évidemment, dans ce film de <strong>Tod Browning</strong> dont le titre français a été traduit à l'époque par des distributeurs cocaïnomanes qui n'ont pas pris le soin de constater qu'il s'agit en réalité d'une magicienne. Le scénario est plutôt étrange et comporte de nombreuses bizarreries qui s'oublient malgré tout assez facilement, avant tout grâce à l'ambiance si particulière des films de <strong>Tod Browning</strong> : un Américain recrute en Hongrie une gitane très douée pour les tours de magie, au détour d'un carnaval, dans le but de réaliser quelques escroqueries de retour aux États-Unis. Il est vaguement question de riche héritière dont il souhaiterait récupérer la fortune, et le subterfuge mis en place par le gang des trois personnes évoque très fortement celui à l'œuvre dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins>, sorti la même année et bénéficiant, lui, de la présence de <strong>Lon Chaney</strong>.</p>
<p>Le cœur du film est clairement au niveau de l'arnaque : la femme se fait passer pour une médium capable d'invoquer les esprits, et lorsque la salle où elle se produit est plongée dans le noir, elle fait apparaître des formes ou animer des objets. En réalité, il s'agit d'un complice tout de noir vêtu, qui s'est glissé par une minuscule trappe secrète, et qui réalise les animations. Il y a même une séquence faisant intervenir une chaîne humaine dont l'intégrité est vérifiée par les arnaqueurs à l'aide d'un courant circulant dans le circuit ainsi fermé... On retrouve ainsi dans <ins>The Mystic</ins> une imagerie caractéristique du style <strong>Browning</strong>, mettant sur le devant de la scène des malfrats et travaillant des atmosphères aussi noires qu'inquiétantes vraiment originales pour l'époque. En tout état de cause, une mise en scène qui se montre particulièrement éloquente et persuasive puisque les trois escrocs arrivent à leurs fins et parviennent à mettre la main sur un gros magot.</p>
<p>Sauf qu'une série de divergences, conclusion d'une tension latente qui s'est sagement construite dans l'arrière-plan durant tout le film, explose évidemment au moment où tout pourrait "bien" se terminer. Au sein de la bande de voleurs, plusieurs triangles amoureux incompatibles se forment et posent un imbroglio final intéressant, mais malheureusement résolu un peu trop vite. Entre le moment où les embrouilles commencent sérieusement, quand tout le monde sort les armes, et la fin, tout est rentré dans l'ordre sans que personne ne soit vraiment malmené. Pas de prison, pas de blessure, pas de gain, pas de perte : un peu trop facile.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sorciere/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Sorciere-de-Tod-Browning-1925#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1269La Lumière bleue, de Leni Riefenstahl et Béla Balázs (1932)urn:md5:8c7114afd7889355c11ddc154a00e7e12023-01-02T13:24:00+01:002023-01-02T13:24:00+01:00RenaudCinémaAllemagneFantastiqueFemmeItalieLeni RiefenstahlMagieMontagneSorcellerieSuisseTrahison <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lumiere_bleue/.lumiere_bleue_m.jpg" alt="lumiere_bleue.jpg, déc. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Conte des montagnes<br /></strong></ins></span>
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<p><ins>La Lumière bleue</ins> est le tout premier film réalisé par <strong>Leni Riefenstahl </strong>après avoir passé quelques années devant la caméra de grands noms du cinéma comme <strong>Arnold </strong>ou <strong>Pabst</strong>. Très loin de ce qu'elle pourra produire à la fin des années 30 (comme par exemple les magnifiques <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Dieux-du-stade-de-Leni-Riefenstahl-1938"><ins>Dieux du stade</ins></a>), ce film de montagne niché dans les Dolomites italiennes prend la forme d'une sorte de conte à l'esthétique radicalement différente. Il flotte autour de cette montagne proche de la Suisse une ambiance vaguement fantastique, relevant presque de la magie, entièrement construite autour de la figure d'une jeune femme, Junta (interprétée par <strong>Riefenstahl </strong>elle-même), attirée par une étrange lueur bleue en haut de la montagne les nuits de pleine lune, entraînant derrière elle de nombreux hommes qui échouent à escalader, dévissent et périssent tragiquement. Les villageois, les femmes surtout, pensent à ce titre que c'est une sorcière et Junta échappera de peu à la lapidation grâce à l'intervention d'un peintre ayant récemment rejoint le village.</p>
<p> c'est sur la base de ce film qu'Hitler, impressionné par ses talents de formaliste, chargera la cinéaste allemande de faire les films de propagande du Troisième Reich. On est en droit de divaguer et de se demander ce que sa carrière aurait donné si elle n'avait pas pris ce tournant... On sent que 1932 est une époque charnière dans le cinéma allemand, au tout début d'un parlant encore bien maladroit dans ses codes pas tout à fait intégrés : le rythme est parfois aussi périlleux que l'escalade et fait se succéder des scènes de dialogue et des scènes d'ascension muettes sans trop de liant. Du bricolage qu'on peut très facilement excuser et oublier, à la faveur du rapport primitif, quasi mystique, qu'entretient la femme avec la montagne, ou encore la dimension tragique que revêt la dernière partie suite à la plus cruelle des trahisons.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lumiere_bleue/.img1_m.png" alt="img1.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lumiere_bleue/.img2_m.png" alt="img2.png, déc. 2022" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lumiere_bleue/.img4_m.png" alt="img4.png, déc. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Lumiere-bleue-de-Leni-Riefenstahl-et-Bela-Balazs-1932#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1100Daguerréotypes, de Agnès Varda (1975)urn:md5:6eb7e5601eceff643bb0e33393e66e4f2020-07-05T23:22:00+02:002020-07-05T23:22:00+02:00RenaudCinémaAgnès VardaArtisanatCommerceDocumentaireMagieParisPortrait <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/daguerreotypes/.daguerreotypes_m.jpg" alt="daguerreotypes.jpg, juil. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les types et les typesses de la rue Daguerre<br /></strong></ins></span></div>
<p>Le concept est aussi simple que farfelu et attachant : <strong>Agnès Varda </strong>s'est mis en tête d'aller interroger les artisans et commerçants de son quartier, dans le 14ème arrondissement de Paris, dans un périmètre d'action défini par un cercle centré sur son appartement et de rayon égal à la longueur du câble électrique de sa caméra. En résulte une galerie de portraits terriblement attachants, en prise directe avec le Paris des années 70... qui ressemble à tout sauf à Paris. Avec ses cadrages en longue focale qui se concentrent presque exclusivement sur ses sujets, <strong>Varda </strong>élimine l'arrière-plan et constitue une mosaïque de têtes et d'accents colorés. Les Parisiens de la rue Daguerre sont des types (et des "typesses", comme Agnès) qui viennent d'Aquitaine, de Bretagne, de Normandie, d'Auvergne et de Tunisie. Sans éléments de contexte, impossible d'imaginer qu'on se trouve au centre de la capitale.</p>
<p>Ce sont les personnes bien plus que leur métier qui intéressent <strong>Varda</strong>, reléguant principalement leur savoir-faire à un montage parallèle un peu hésitant avec les tours de magie réalisés par Mystag le magicien — un fil rouge un peu fragile et maladroit mais loin d'être désagréable. Au détour d'un tour de magie, d'ailleurs, on peut lire la une d'un journal : "Avortement : c'est l'heure de vérité", témoin des débats de l'époque, peu avant que la loi Veil soit adaptée le 17 Janvier 1975. Indépendamment des quelques lettres incendiaires que la réalisatrice recevra chez elle a posteriori, elle adopte une position très détachée, comme toujours, en déclarant qu'il s'agit-là "des archives pour les archéo-sociologues de l'an 2975".</p>
<p><strong>Varda </strong>parvient avec ce dispositif minimaliste à rendre le pittoresque incroyablement touchant, et se fait involontairement témoignage d'un passé déjà antédiluvien : on y croise les marchands de parfum, de boutons, d'eau de Cologne artisanale et de brillantine (très attachante Madame Chardonbleu, fragile et lunaire), le couple de coiffeurs, l'horloger, le moniteur d'auto-école, l'épicier tunisien, le boucher et le boulanger. Autant d'instantanés qui ont travaillé leur singularité avec le temps, en 45 ans, et capté avec la curiosité bienveillante caractéristique de la réalisatrice.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/daguerreotypes/.potions_m.jpg" alt="potions.jpg, juil. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/daguerreotypes/.butagaz_m.jpg" alt="butagaz.jpg, juil. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/daguerreotypes/.horlogere_m.jpg" alt="horlogere.jpg, juil. 2020" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Daguerreotypes-de-Agnes-Varda-1975#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/801