Je m'attarde - Mot-clé - Mariage le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLe Monde d'Apu (অপুর সংসার, Apur Sansar), de Satyajit Ray (1959)urn:md5:f8bdc8c36ce8358a79bebe28d94ad13d2024-02-05T09:35:00+01:002024-02-05T09:35:00+01:00RenaudCinémaCalcuttaDésespoirFamilleIndeMariageMortMélodrameSatyajit RaySouffranceTravail <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/monde_d_apu/monde_d_apu.jpg" title="monde_d_apu.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/monde_d_apu/.monde_d_apu_m.jpg" alt="monde_d_apu.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Par-delà les souffrances</strong></ins></span>
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<p>La fin de la trilogie d'Apu fait suite à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Complainte-du-sentier-de-Satyajit-Ray-1955">La Complainte du sentier</a></ins> (1955) et <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Invaincu-de-Satyajit-Ray-1956">L'Invaincu</a></ins> (1956), quelques années plus tard, et marque l'achèvement d'un portrait dense opéré en compagnie d'une multitude d'acteurs ayant prêté leurs traits aux différents âges du protagoniste. Dans ce dernier chapitre, c'est <strong>Soumitra Chatterjee </strong>qui interprète le rôle principal, lui qui avait été écarté du casting pour les films précédents car trop âgé — tout vient à point... — et qui représentera donc la partie la plus mature de la vie d'Apu. Une nouvelle étape marquée par de nombreuses thématiques communes aux autres volets (les malheurs familiaux et la mort, notamment) qui ancre la trajectoire dans le monde adulte au travers du mariage, bien qu'il s'agisse-là d'un mariage forcé pour les deux parties prenantes, quand bien même le degré de contrainte ne serait pas équivalent entre l'homme et la femme dans ce scénario.</p>
<p><ins>Le Monde d'Apu</ins> présente la figure désormais connue de ce personnage constamment balancé entre ses aspirations et la réalité de sa condition : jeune diplômé, armé de sa belle lettre de recommandation, il rêve de succès littéraire tout en échouant à trouver du travail. Interrompre ses études, se soumettre à la loi du travail (du chômage en l'occurrence), sa vie semble dictée par les injonctions pénibles. Alors qu'il passe son temps à jouer de la flûte et tenter d'écrire un roman autobiographique, son ami l'emmène au mariage de sa cousine et suite à un concours de circonstances assez drastique, voilà qu'Apu le simple invité revient de l'événement... lui-même marié à la jeune femme, Aparna (incroyable <strong>Sharmila Tagore</strong>), pour lui éviter un déshonneur — le prétendant a complètement vrillé et une croyance oblige la femme à se marier dans l'instant. Et la demi-heure centrale du film consacrée à leur apprivoisement mutuel est un régal, magnifiquement illustré par la délicate mise en scène de <strong>Satyajit Ray</strong>. Mais on s'en doute, il ne faudrait pas oublier qu'on est chez <strong>Ray</strong>, le bonheur sera de courte durée : après le temps de l'idylle enfin acquise, elle mourra en couches loin de lui. La dernière partie du film marquera donc un long cheminement, comme un retour à la vie, et une lourde mais salutaire acceptation.</p>
<p>La vie d'Apu racontée par <strong>Ray </strong>se termine ainsi sur un mouvement parfaitement conforme aux précédents, puisqu'une nouvelle fois il devra renoncer à ce qu'il chérissait le plus intensément. Le cadre et les références ont évolué, mais c'est encore une fois la mort tragique qui constituera les plus grandes épreuves, après la grand-mère, la mère, maintenant l'épouse. Le retour à Calcutta avec sa femme aura été éprouvant pour Apu, mais clairement la plus grande souffrance prendra son temps, au terme d'une énième adaptation, et en appelant encore une nouvelle. C'est un peu ça, l'épopée d'Apu : surmonter les frustrations, recomposer après les effondrements, persister malgré la souffrance, résister au désespoir. <ins>Le Monde d'Apu</ins> est tissé dans une atmosphère caractéristique du cinéma de <strong>Ray</strong>, un mélange de pessimisme froid et de sérénité acharnée qui finit toujours par réapparaître. Un peu comme le symbole du train qui surgit toujours, dans des interprétations différentes (ici au bord du suicide), chaque volet se termine par la découverte d'un nouveau chemin, par le mouvement au gré d'une nouvelle lancée — ici, le début d'une nouvelle histoire avec son fils. Après avoir semé les pages de son manuscrit au vent, après avoir sombré dans une profonde dépression (la musique de <strong>Ravi Shankar</strong>, accompagnement parfait), après avoir surmonté son amertume en arpentant des sentiers en forêt ou en bord de mer, il reprend la route.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/monde_d_apu/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/monde_d_apu/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/monde_d_apu/img5.jpg" title="img5.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/monde_d_apu/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Monde-d-Apu-de-Satyajit-Ray-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1335Été précoce (麦秋, Bakushū), de Yasujirō Ozu (1951)urn:md5:505ff244ec0991c26dc275be86527aef2023-12-14T11:52:00+01:002023-12-14T11:52:00+01:00RenaudCinémaAmourAprès-guerreChishû RyûFamilleHaruko SugimuraIndépendanceJaponKuniko MiyakeLibertéMariageSetsuko HaraSolitudeTraditionTravailYasujirō Ozu <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ete_precoce/ete_precoce.jpg" title="ete_precoce.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ete_precoce/.ete_precoce_m.jpg" alt="ete_precoce.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le retour de Noriko aka Hara</strong></ins></span>
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<p>Le cinéma d'<strong>Ozu </strong>est probablement bien défini, en première instance mais aussi, je trouve, de manière tout à fait valable, comme des variations plus ou moins marquées autour des mêmes thèmes qui reviendront du début à la fin de son parcours de cinéaste. Quand on a déjà vu une quinzaine de ses films, on a l'impression de l'avoir déjà vu et de tout connaître de <ins>Été précoce</ins>, avec ses conflits intergénérationnels latents, ses oppositions entre tradition et modernité, ses noyaux familiaux étendus sur trois générations qui cohabitent sous le même toit (un temps durant, au moins), et bien sûr ses conclusions qui déploient une amertume à mi-chemin entre la résignation joyeuse et le constat fataliste (qui ne trouvent d'équivalent dans le cinéma japonais que du côté de <strong>Naruse </strong>me semble-t-il). Autant de fragments qui une fois assemblés forment un portrait du Japon essentiellement d'après-guerre, si l'on oublie la part conséquente logée dans les années 30 et le début des années 40, avec un ou plusieurs personnages aux aspirations souvent en conflit avec une sorte d'état naturel des choses. Ici, c'est la presque trentenaire Noriko qui s'oppose à la tradition (et surtout à la volonté de sa famille) en choisissant dans un premier temps de vivre libre et de travailler pour assurer son indépendance, rejetant de fait le mariage arrangé qu'on lui tend sur un plateau d'argent (un homme d'affaires fortuné et correct sous tous rapports), et dans un second temps de se marier, certes, mais avec l'homme de son cœur.</p>
<p>La répétition des thématiques va jusqu'à faire de <ins>Été précoce</ins> (1951) une sorte de suite officieuse de <ins>Printemps tardif</ins> (1949), ou plus alternativement l'autre face d'une même pièce, puisqu'on retrouve <strong>Setsuko Hara </strong>et <strong>Chishū Ryū </strong>dans des rôles de premiers plans (mais aussi <strong>Haruko Sugimura </strong>et <strong>Kuniko Miyake</strong>, entre autres, interprétant des personnages plus secondaires), <strong>Hara </strong>étant dans les deux cas de figure le personnage sur lequel se cristallise le conflit moral et sociétal, et celui sur les épaules duquel pèse tout le poids des valeurs de la famille traditionnelle japonaise. Le caractère officieux de cette dualité est quand même à relativiser, étant donné que cette femme porte le même prénom dans les deux films, Noriko. La différence est malgré tout notable, puisque là où elle finissait par céder aux injonctions du père qui la poussait à se marier (avec pour conséquence une condamnation à la solitude chez ce dernier) en 1949, ici elle fait montre d'une force de caractère très nette, comme si c'était le même personnage qui avait appris de ses erreurs passées, en faisant le choix du mariage d'amour plutôt que les arrangements prévus par sa famille, suscitant la déception de tout le foyer ou presque. L'opposition entre les deux Noriko est à ce titre très franche, et offre ainsi un second point de vue très agréablement complémentaire.</p>
<p>Étonnant personnage qui jouit d'une liberté très nette dans sa capacité à affirmer ses choix et d'entrer en conflit avec la pensée normative (celle de la famille, mais on pourrait généraliser à un cadre national beaucoup plus large). L'émancipation ne se fait pourtant pas du tout dans la violence, au creux d'une mise en scène toujours aussi incroyablement maîtrisée, au contraire il y a une certaine douceur qui accompagne Noriko, sûre de sa volonté et de ses droits, et ce en dépit du grand désarroi qui la saisira lorsqu'elle réalisera les conséquences de son envol loin du domicile familial. Difficile de ne pas être ému par la séance de photo en famille, ultime pose, ultime réunion avant la dissolution. En toile de fond rôde l'insouciance des plus jeunes enfants, plein de malice et occasionnant quelques sas de décompression, toujours prompts à la boutade — et en ce sens précurseurs du potache de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bonjour-de-Yasujiro-Ozu-1959">Bonjour</a></ins> qui sera plus amplement dédié aux enfants. Et à l'horizon, l'affirmation de l'identité féminine, lorsque Noriko répondra à un membre de la famille lui affirmant que "depuis la guerre, les femmes sont de plus en plus impudentes " : son "Certainement pas. Elles sont enfin normales" résonnera longtemps.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ete_precoce/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ete_precoce/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ete_precoce/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ete_precoce/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ete-precoce-de-Yasujiro-Ozu-1951#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1305Joyland (جوائے لینڈ), de Saim Sadiq (2022)urn:md5:bd06df412682352f5b5d76ed1c19866f2023-12-12T11:21:00+01:002023-12-12T11:21:00+01:00RenaudCinémaAmourDanseFamilleMariageMélodramePakistanRomanceSolitudeTrahison <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/joyland/joyland.jpg" title="joyland.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/joyland/.joyland_m.jpg" alt="joyland.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Paradoxe culturel et avenir imposé</strong></ins></span>
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<p>Le premier film pakistanais que je vois, et probablement celui qui aborde une romance avec une femme trans avec la plus grande délicatesse et la plus grande sincérité. D'un point de vue occidental il est difficile de ne pas être surpris par le naturel avec lequel la thématique de la transidentité est abordée au Pakistan, mais ce serait en réalité passer à côté d'une particularité culturelle très forte comme l'explique le réalisateur <strong>Saim Sadiq </strong>: "<em>Le Pakistan repose sur un système très patriarcal, mais c’est aussi paradoxalement un endroit où les femmes trans sont très visibles et très importantes. La coexistence, bien qu’elle soit superficielle, existe bel et bien. Avant la colonisation britannique, elles avaient un meilleur statut social. Elles étaient associées à la poésie, aux princesses, aux bonnes manières.</em>" Cet éclairage permet de comprendre pourquoi le personnage de Biba, danseuse trans, s'insère aussi spontanément et aussi naturellement dans la vie de Haider, pour former un triangle amoureux avec son épouse Mumtaz qui sera le révélateur de divers maux de la société patriarcale pakistanaise.</p>
<p>Par spontanéité et naturel, il faut l'entendre au sens où l'irruption de Biba dans la vie de cet homme se fait sans que la question de la transidentité ne se dégage de manière particulièrement originale : ce n'est qu'un paramètre parmi beaucoup d'autres. À commencer par le fait que Haider ne correspond pas au schéma souhaité par le patriarche, et dès que l'occasion se présente, il se soumettra à l'injonction qui veut que ce soit sa femme (et non lui, comme jusqu'à présent) qui s'occupera du foyer, délaissant le travail dans lequel elle s'émancipait parfaitement, et lui qui ira travailler. <ins>Joyland</ins> n'est pas exempt des limitations habituelles dans ce genre de mélodrame sentimental, en particulier dans le cadre de ceux qui abordent le thème du carcan familial et des contraintes qui plaquent les idéaux à terre, mais le récit brille malgré tout par sa pluralité de points de vue et par la fluidité de sa narration.</p>
<p>C'est ainsi un film dont l'axe principal pourrait être celui du poids du regard des autres, dans cette maison où cohabitent plusieurs générations et plusieurs cellules familiales. C'est sur Haider que pèse la responsabilité de devenir père (et d'un garçon préférentiellement), et elle sera transférée sur sa femme Mumtaz dès lors que la nouvelle de sa grossesse sera établie. L'occasion pour le film de poursuivre trois portraits importants dont deux féminins, d'une côté la femme trans assez bien intégrée dans la société pakistanaise mais qui peine à accéder au bonheur pour des raisons diverses, et de l'autre côté la femme qui a vu ses idéaux de jeunesse perverti par la vie de famille — très beau court flashback qui nous présente la rencontre entre Mumtaz et Haider, sous le signe de la sincérité et de l'indépendance, au-delà des contraintes du mariage arrangé, et qui dévoile en quoi ses espoirs ont été trahis. Comme souvent, c'est la solitude des trois personnages qui constitue le principal carburant de la tragédie, chacun étant isolé dans son assignation et dans ses entraves au désir.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/joyland/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/joyland/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Joyland-de-Saim-Sadiq-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1303Le Bel Antonio (Il bell'Antonio), de Mauro Bolognini (1960)urn:md5:33adf2dee316968662f3d14e03533eae2023-10-12T17:12:00+02:002023-10-12T17:12:00+02:00RenaudCinémaAmourClaudia CardinaleFamilleHumiliationItalieMarcello MastroianniMariageMauro BologniniPier Paolo PasoliniPierre BrasseurReligionSexeSicileTomás Milián <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioA.jpg" title="bel_antonioA.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioA_m.jpg" alt="bel_antonioA.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioB.jpg" title="bel_antonioB.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioB_m.jpg" alt="bel_antonioB.jpg, oct. 2023" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Impressions d'impuissance</strong></ins></span></div>
<p>Coup de maître de la part du réalisateur <strong>Mauro Bolognini </strong>et du scénariste <strong>Pier Paolo Pasolini </strong>que d'avoir réuni deux sex symbols comme <strong>Marcello Mastroianni </strong>et <strong>Claudia Cardinale</strong>, au potentiel sensuel et sexuel relativement incomparable dans l'Italie des années 1960, pour mieux les confronter sur le terrain d'un drame conjugal dont le carburant provient d'un tabou assez fort. Car <strong>Mastroianni</strong>, depuis qu'il a connu son premier amour, est devenu inapte à la bandaison — une condition qu'il décrit à son cousin, <strong>Tomás Milián </strong>(une scène courte mais touchante et dont les conséquences seront révélées à la toute fin), au creux d'une magnifique confession — dans une société qui glorifie la virilité masculine à tous les étages, familial, religieux, professionnel.</p>
<p>Et le pauvre hère, il va en bouffer de la pression sociale par tout son entourage, et tout particulièrement son père, très bien interprété par un <strong>Pierre Brasseur </strong>dont l'honneur virile est bafoué par ce "mariage non-consommé". Expression abominable qui en plus de cela se double d'une rumeur se propageant comme une traînée de poudre dans tout le village... Il faut dire qu'un an après le mariage tout le monde l'attendait, la grossesse de <strong>Cardinale</strong>, fille de notaire d'une beauté renversante mais elle aussi reproduisant plus ou moins involontairement le schéma traditionaliste martelé par ses proches et porté sur les apparences et la peur de ce que penseront les autres.</p>
<p>À l'époque, <strong>Marcello Mastroianni </strong>avait marqué les esprits avec son rôle de séducteur mondain par excellence dans <ins>La dolve vita</ins>, et en réaction immédiate il cassa cette image en incarnant la tragédie d'un homme aussi séduisant qu'impuissant, avec au moins autant de talent. Sa performance est vraiment remarquable, pris au piège d'un réseau de contraintes et de conventions qui s'est refermé sur lui violemment, le laissant dans une horrible situation, le déshonneur familial comme fardeau insoutenable. Il interprète de manière remarquable une sorte de Don Juan victime d'une réputation qui n'est même pas la sienne. Il n'y a pas de place pour l'amour platonique dans ce coin de Sicile, et du curé aux beaux parents en passant par la foule de voisins et de témoins lors du mariage, tous sont là pour dicter les règles et façonner les mœurs. Un film très puissant sur la pression exercée et l'humiliation subie en retour, avec une douleur dépeinte de manière percutante et sensible, et la folie qui guette ceux qui se soumettent à de pareilles injonctions — le père comme d'autres place la procréation au centre de tout et le non-respect de cette clause tacite le place au bord de la démence, lui qui de façon ironique mourra précisément en plein ébat.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bel-Antonio-de-Mauro-Bolognini-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1253Kisapmata, de Mike De Leon (1981)urn:md5:74770541576e236e59cff63aa37adff92023-09-25T13:42:00+02:002023-09-25T12:46:04+02:00RenaudCinémaAmourCharo Santos-ConcioFamilleHorreurIncesteMariageMike De LeonPatriarcatPhilippinesThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.kisapmata_m.jpg" alt="kisapmata.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le poids du père</strong></ins></span></div>
<p><ins>Kisapmata</ins> est un complément très intéressant à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Itim-les-rites-de-mai-de-Mike-De-Leon-1977">Itim</a></ins>, un autre film réalisé par <strong>Mike De Leon </strong>4 ans auparavant, duquel on aurait retiré toute la composante fantastique sans avoir aucunement altéré sa capacité à tendre vers le commentaire allégorique du régime de <strong>Ferdinand Marcos</strong>. On retrouve l'actrice <strong>Charo Santos-Concio </strong>dans le rôle principal au cœur d'un thriller étouffant portant sur l'impossible émancipation d'un couple de jeunes amoureux, prisonniers de l'emprise du père sur sa fille et de tout ce qu'on peut imaginer dans ces conditions en matière de passif incestueux et de ramifications patriarcales.</p>
<p>Le cinéma de <strong>Mike De Leon </strong>peut sous certains aspects se percevoir comme le pendant philippin de celui de <strong>Carlos Saura</strong>, qui a passé une large partie de sa filmographie à traiter de la dictature franquiste en Espagne en mettant en avant une femme incarnée par <strong>Geraldine Chaplin</strong>, et en substituant le registre du drame horrifique à celui du drame surréaliste. On retrouve largement cette oppression du couple, avec ou sans carcan familial, dans les films d'un autre réalisateur philippin, <strong>Lino Brocka</strong>, avec des films relativement parents comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Insiang-de-Lino-Brocka-1976">Insiang</a></ins>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Manille-Dans-les-Griffes-des-Tenebres-de-Lino-Brocka-1975">Manille : Dans les griffes des ténèbres</a></ins>, ou encore <ins>Bayan ko</ins>.</p>
<p>Si la composante fantastique est ici délaissée, il est difficile de ne pas voir dans <ins>Kisapmata</ins> des réminiscences d'une entité maléfique autour de la maison familiale, au travers de nombreux plans extérieurs et nocturnes sur une habitation qui pourrait paraître quasiment hantée. Cette dimension presque surnaturelle tient au fait que la cellule familiale est tenue d'une main de fer par le patriarche plus qu'autoritaire, dont l'emprise est dépeinte dans un premier temps au travers d'une myriade de symboles nuancées : la crainte qu'on voit explicitement sur les visages de la mère et de la fille, la façon qu'il a de pénétrer sans précaution dans la chambre pourtant fermée de sa fille, sa demande déplacée au sujet de la dot, son insistance à organiser de nombreux aspects ayant trait au mariage de sa fille... Petit à petit, il y a quelque chose de glaçant qui se met en place et qui ne lâchera son étreinte que dans la toute dernière scène du film, et l'ambiance autour de cet ancien policier possessif et psychopathe finit par créer une tension psychologique radicale et suffocante.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/kisapmata/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Kisapmata-de-Mike-De-Leon-1981#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1235Le Retour des hirondelles, de Li Ruijun (2022)urn:md5:a250ed366643b6ce04402fd3cbf5333b2023-08-09T14:21:00+02:002023-08-09T14:21:00+02:00RenaudCinémaAmourChineCorruptionCoupleMariagePaysanRuralitéSolidarité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.retour_des_hirondelles_m.jpg" alt="retour_des_hirondelles.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Profils paysans chinois</strong></ins></span>
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<p>Mon plus grand regret concernant <ins>Le Retour des hirondelles</ins> porte sur la surcouche explicative et sur-explicite qui enveloppe tout le reste, au risque de laisser un arrière-goût amer là où l'histoire de ce mariage arrangé entre deux êtres rejetés par leurs familles qui trouveront un épanouissement en milieu rural avait de beaux et sérieux arguments ne nécessitant pas un tel niveau d'insistance. Le film, long et lent, a très souvent recours à des scènes très insistantes au sujet des différentes contraintes qui pèsent sur le couple ainsi qu'à des symboles très appuyés qui ne lui font pas vraiment honneur. C'est d'autant plus dommage que <strong>Li Ruijun </strong>parvient à capter, apparemment sans trop forcer, la beauté de ces régions rurales du nord de la Chine.</p>
<p>L'image (graphique) de l'épi de blé qui se sèche, l'image (symbolique) du paysan méprisé seul à même de donner son sang à un citadin beaucoup mieux loti que lui... Des dispositifs de mise en scène de cet acabit, le film en est rempli, et le visionnage se révèle malheureusement moins fluide, naturel et agréable à cause de ces sursauts.</p>
<p>Il y a quelque chose de très simple dans la dynamique du rapport amoureux entre les deux protagonistes, tout d'abord sujets à une timidité évidente, en lien avec la méthode artificielle qui les a réunis, cédant peu à peu la place à une certaine affection — bon on est tout de même en milieu paysan donc le film insiste sur le côté un peu bourrin à ce niveau-là avec un peu trop d'emphase, mais qu'importe. La beauté du film tient également à la subsistance de leur amour, au travers de nombreuses marques d'affection (notamment au travers du rite des grains de blé appliqués sur la peau), tandis que le monde agricole environnant se désagrège — ici aussi la source de nombreuses facilités scénaristiques, sans doute en prise avec une réalité avérée, mais pas tellement fonctionnelles du point de vue cinématographique.</p>
<p>Le film a d'ailleurs subi la censure en Chine, puisqu'il a été retiré des circuits de diffusion fin 2022 : le message de la destruction de la ruralité, de l'exode urbain forcé, sur fond de corruption à peine voilée, est éminemment politique. La copie que j'ai pu voir est d'ailleurs sans doute entachée de censure, la dernière scène avec Ma ayant été amputée et une phrase de dialogue (alors que les personnages présents ne dialoguent pas, très étrange ou plus précisément très mal fait) ayant été rajoutée lors de la destruction finale de leur maison.</p>
<p>Restera malgré tout ce rythme très contemplatif, au fil des saisons extrêmement photogéniques, pour décrire ce microcosme éloigné de la toxicité de la ville et de ses compromissions. Bien sûr, ils refusent les appartements sans âme dans lesquels on les invite fortement à déménager, pour y préférer la maison en terre cuite qu'ils se sont construite. C'est dans et autour de ce lieu chaleureux que la solidarité entre les deux parias est née, en parallèle du cycle des cultures, malgré les nombreuses formes d'exploitation, en résistance à la désagrégation des communautés paysannes.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Retour-des-hirondelles-de-Li-Ruijun-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1208Eaux troubles, de Tadashi Imai (1953)urn:md5:e6132f64ba7754292493f9b66173e6ce2023-01-18T13:00:00+01:002023-01-18T13:00:00+01:00RenaudCinémaAmourFemmeJaponMariageNuitPortraitProstitutionSolitudeTadashi Imai <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/eaux_troubles/.eaux_troubles_m.jpg" alt="eaux_troubles.jpg, déc. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Destins de femmes<br /></strong></ins></span>
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<p><ins>Eaux troubles</ins>, parfois appelé <ins>Destins de femmes</ins>, est un film composé de trois segments qui prennent la forme de trois portraits de femmes sous l'ère Meiji, à la fin du XIXe siècle au Japon. Le film à sketches est plutôt à la mode dans les années 50, un peu partout dans le monde (États-Unis, France et Japon du moins), et la structure est très souvent bancale, au mieux, et disgracieuse au pire, avec à mon sens le sentiment fréquent que les parties qui le composent sont assemblées de manière artificielle. Ce n'est pas du tout le cas de celui-ci dont la structure est travaillée afin de produire un effet particulier : la durée va crescendo, 20 minutes, 40 minutes, puis 60 minutes, et l'intensité est à l'avenant, avec un premier segment proche du muet et arborant une lenteur singulière, tout en retenue, un second plus dynamique et un dernier particulièrement animé, bruyant, et aux conséquences les plus tragiques.</p>
<p>Ma préférence va clairement au tout premier, le plus simple, épuré et beau. Il développe une poésie du désespoir amoureux et de la solitude très pudique, tout en non-dits délicats. On aborde de manière franche la condition féminine à travers un mariage arrangé et une femme au bord du gouffre, mais aussi la rencontre fortuite avec une ancienne connaissance, à la faveur d'un trajet en pousse-pousse, avec une très belle scène de nuit dans une ruelle sombre et au clair de lune.</p>
<p>La seconde partie est à la fois plus classique est plus attendue dans la formulation d'un suspense peu consistant, comme une variation de Cendrillon. La situation de la servante maltraitée par ses employeurs et sollicitée par sa famille pour de l'argent, la précipitant face à un dilemme quelque peu artificiel, n'est pas d'une éloquence folle.</p>
<p>Le troisième et plus important segment ressemble à un film de <strong>Mizoguchi </strong>avec la vie dans un bordel et le destin d'une prostituée partagée essentiellement entre deux clients, l'un régulier, peu aimable, et cherchant à fuir sa famille, l'autre nouvellement rencontré et beaucoup plus attentionné à son égard. C'est celui qui dispose du plus de temps pour construire des personnages complexes. On file tout droit vers un final tragique au plus haut point, après avoir erré à travers les différents salons de l'établissement et observé les batifolages des différentes parties.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/eaux_troubles/.img1_m.png" alt="img1.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/eaux_troubles/.img2_m.png" alt="img2.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/eaux_troubles/.img3_m.png" alt="img3.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/eaux_troubles/.img4_m.png" alt="img4.png, déc. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Eaux-troubles-de-Tadashi-Imai-1953#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1098