Je m'attarde - Mot-clé - Nihilisme le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearUn homme qui dort, de Bernard Queysanne (1978)urn:md5:bd9f0c57a5ccc124eede3062798e884b2023-10-23T17:03:00+02:002023-10-23T17:03:00+02:00RenaudCinémaDésespoirErranceExpérimentalGeorges PerecNihilismeParisSolitude <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/homme_qui_dort.jpg" title="homme_qui_dort.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/.homme_qui_dort_m.jpg" alt="homme_qui_dort.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Il n'y a pas d'issue, pas de miracle."</strong></ins></span>
</div>
<p>Quel exercice de style, ce film de <strong>Bernard Queysanne </strong>adapté du roman de <strong>Georges Perec</strong>, sans dialogue, tout en voix off assortie de bruitages et entièrement dédié à la description dépressive de la vie d'un étudiant à la fin de sa licence... À la seconde personne du singulier, la voix de <strong>Ludmila Mikaël </strong>raconte sans tarir l'état intérieur de cet homme, partagé entre anecdotes insignifiantes d'un quotidien morne et introspections profondes, sur des images en noir et blanc montrant son errance parisienne.</p>
<p>Une question revient souvent, malgré la courte durée de <ins>Un homme qui dort</ins> : avec sa voix off omniprésente très littéraire, on se demande s'il n'aurait pas mieux valu simplement écouter le film plutôt que le regarder — ce que j'ai fait dans un second temps, en écoutant la piste audio sans l'image, mais finalement les images que j'avais déjà vues sont revenues se poser sur la voix de <strong>Mikaël </strong>— voire même peut-être commencer par la lecture du livre.</p>
<p>C'est une narration qui attend 5 minutes avant de nous prendre à la gorge, avec seulement quelques moments de répit, pour se lancer dans un monologue nihiliste sur le renoncement qui a ses passages assommants. Une heure durant, dans un premier temps, le comportement du personnage (<strong>Jacques Spiesser</strong>) semble conscient, choisi, il paraît être acteur de sa mise à l'écart du monde et atteindre une forme d'équilibre qui lui convient, loin de tout.</p>
<p>Et puis soudainement, dans la dernière étape, <strong>Ludmila Mikaël </strong>change de ton et se fait plus agressive, plus noire. Elle quitte définitivement sa zone de confort monotone et devient venimeuse. Ce qui ressemblait à un mode de vie confortable laisse place à une angoisse latente, à mesure que l'inquiétude et le doute envahit l'espace. "Il n'y a pas d'issue, pas de miracle". Elle insiste brusquement sur la répétition des mêmes motifs, sur la solitude de sa condition, sur la vanité et la fausseté de ses choix. Des percussions à la limite de la dissonance, stridentes, enflent dans la bande sonore. Les vingt dernières minutes se transforment ainsi en un sommet de désespoir et d'hostilité, elles évoquent le massacre de Charonne et les monstres qui lui inspirent des insultes et du dégoût.</p>
<p>Le travail d'adaptation du livre et la transcription du style de <strong>Perec </strong>sont très probablement cruciaux, le texte est très fort mais c'est à se demander si cette captation d'une dépression et de ce néant n'est pas plus adaptée au format du roman — à confirmer. Le film de <strong>Bernard Queysanne </strong>revêt de son côté une dimension anxiogène, légèrement expérimentale, en tout état de cause bizarre avec son parti pris narratif singulier et son rythme implacable.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_qui_dort/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-homme-qui-dort-de-Bernard-Queysanne-1978#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1260Le Voleur, de Louis Malle (1967)urn:md5:4c47c90de7214a8e5b5bb9d18d69ce752019-01-28T17:34:00+01:002019-01-28T17:35:06+01:00RenaudCinémaBernadette LafontCambriolageCharles DennerClasses socialesJean-Paul BelmondoJulien GuiomarLouis MalleNihilismeSolitude <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/voleur/.voleur_m.jpg" alt="voleur.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="voleur.jpeg, janv. 2019" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Parfois j’ai envie de tout faire sauter. Tout... Au lieu de donner des coups d’épingles."<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Encore une belle surprise du côté de chez <strong>Belmondo</strong>, encore une fois là où je ne m'y attendais pas, après <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-homme-qui-me-plait-de-Claude-Lelouch-1969">Un homme qui me plaît</a></ins>. Bien au-delà du simple portrait d'un gentleman-cambrioleur, en l'occurrence particulièrement friand des intérieurs bien garnis de la haute société bourgeoise française à la fin du 19ème siècle (avec des coffres-forts, des armoires, des vitrines, des bureaux, formant un décorum très bien reconstitué : on pourrait presque y humer l'odeur du vieux bois), <ins>Le Voleur</ins> est aussi le portrait d'une solitude. Le personnage de <strong>Jean-Paul Belmondo </strong>évolue à travers une société en plein tumulte, gangrenée par un ordre bourgeois réactionnaire, corrompue par les rapports d'argent plus ou moins visibles. Sur ce terreau politique de choix, fatalement, la révolte fourmille dans les bas-fonds et l'anarchisme trace sa route. Le ton légèrement amer pour rendre compte de tout cela a quelque chose de très séduisant.</p>
<p>Autour du protagoniste, une flopée de seconds rôles impressionnante : chez les hommes, avec notamment <strong>Julien Guiomar </strong>dans le rôle délicieux de l'abbé Félix La Margelle et le voleur qui se cache sous la soutane, ainsi que <strong>Charles Denner </strong>dans celui de l'anarchiste Cannonier pour les plus marquants. Mais ce sont surtout des femmes, aux interprétations soignées, qui fourmillent : <strong>Geneviève Bujold</strong>, <strong>Marie Dubois</strong>, <strong>Françoise Fabian</strong>, la fugace <strong>Bernadette Lafont</strong> (vue dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fiancee-du-pirate-de-Nelly-Kaplan-1969"><ins>La Fiancée du pirate</ins></a>), ainsi que <strong>Marlène Jobert</strong>. Toutes sont exquises et participent à la création d'une toile de fond politico-sentimentale de qualité.</p>
<p>On aurait pu imaginer un <strong>Robert Bresson </strong>sur le même thème, mais <strong>Louis Malle </strong>opte pour une démarche opposée à tout ce qui pourrait avoir trait à la Nouvelle Vague. C'est discret, économe, sans emphase, sans longs monologues, assez littéraire, parfois un peu trop pesant dans ses archétypes, mais sans que ce ne soit vraiment gênant. En filigrane, les conflits de classe de cette époque ressortent doucement, sur lesquels <strong>Belmondo </strong>surfe délicatement, sans se mouiller, en bon solitaire, presque nihiliste. Comme il le dira en expliquant sa méthode, "<em>Il y a des voleurs qui prennent mille précautions pour ne pas abîmer les meubles, moi pas. Il y en a d’autres qui remettent tout en place après leur visite, moi jamais. Je fais un sale métier, mais j’ai une excuse. Je le fais salement.</em>" Dans ce monde-là, les voleurs sont partout, plus ou moins avoués, plus ou moins dissimulés. Les séquences de cambriolage, mi-fétichistes mi-érotiques, exaltant tout le mépris du personnage pour la bourgeoisie, constituent une délicieuse cerise sur le gâteau d'une France capturée dans un magnifique élan mélancolique.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/voleur/.guiomar_m.jpg" alt="guiomar.jpg" title="guiomar.jpg, janv. 2019" /> <br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/voleur/.lafont_m.jpg" alt="lafont.jpg" title="lafont.jpg, janv. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Voleur-de-Louis-Malle-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/609Choke, par Chuck Palahniuk (2001)urn:md5:84ead51aad2fe25d5915ff03ef82ab0c2011-05-03T10:21:00+01:002012-12-01T00:41:42+00:00GillesLectureHumourNihilismeSexe <img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.choke_m.jpg" alt="Choke, par Palahniuk" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Choke, par Palahniuk, juil. 2011" /> <br />Cela commence ainsi :<br /><blockquote><p>Si vous avez l’intention de lire ceci, n’en faites rien, ne vous donnez pas cette peine.
Au bout de quelques pages, vous n’aurez plus aucune envie de vous trouvez là où vous serez. Alors oubliez. Allez vous en, tant que vous êtes encore intact, en un seul morceau. Soyez votre propre sauveur.
Il doit bien y avoir mieux à la télévision. Ou alors dans la mesure où vous disposez de tellement de temps libre, vous pourriez peut-être prendre des cours du soir. Devenir médecin. Vous pourriez faire quelque chose de votre vie. Vous offrir une sortie, aller au restaurant. Vous teindre les cheveux.Vous ne rajeunissez pas.
Au départ, vous allez faire la gueule devant ce qui se passe ici. Ensuite, ça ne fait qu’empirer.
Ce à quoi vous avez droit, ici, c’est à une histoire stupide à propos d’un petit garçon stupide. Une histoire vraie de la vraie vie concernant des individus que jamais vous ne voudriez rencontrer.
</p>
</blockquote>
<p>Le nihilisme de <strong>Palahniuk</strong> n'est pas décourageant, au contraire le pessimisme et le désenchantement moral de ses personnages s'avèrent plutôt amusants. Les idées et les trouvailles se ramassent à la pelle, et il est très difficile de relâcher ce bouquin qui a le gout des marges, et des personnages fêlés. Les descriptions sont osées, et c’est tant mieux qu'il s’agisse des obsessions de Victor, le héros sexoolique dont le travail dans un musée vivant, les anecdotes et les réflexions sont parfois à se tordre de rire.</p>
<p>Génial n'est pas le mot juste, mais c'est le premier mot qui vient à l'esprit.
</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Choke-de-Palahniuk#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/7