Je m'attarde - Mot-clé - Noël le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearWinter Break (The Holdovers), de Alexander Payne (2023)urn:md5:1b109820f1ec79ab26a43d8262925eaa2023-12-19T11:41:00+01:002023-12-19T11:41:00+01:00RenaudCinémaAlexander PayneDeuilDépressionEnseignementHistoireNoëlPaul GiamattiSolitudeVacances <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/winter_break.jpg" title="winter_break.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.winter_break_m.jpg" alt="winter_break.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Life is like a henhouse ladder. Short and shitty."</strong></ins></span>
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<p>Le programme est un peu trop évident dans son sillon de comédie dramatique très typée cinéma indie américain pétri de bons sentiments, mais <strong>Alexander Payne </strong>maintient assez bien le cap, en tous cas beaucoup mieux que son précédent <ins>Downsizing</ins> qui contrastait assez désagréablement avec le reste de sa filmographie. Dans <ins>The Holdovers</ins>, <strong>Paul Giamatti </strong>tient un rôle assez proche de celui qu'il occupait dans <ins>Sideways</ins>, à savoir un vieil intellectuel avec ses blessures intérieures qui va de manière plus ou moins involontaire être amené à renouer avec une certaine réalité, au moyen de relations sociales ténues mais renouvelées. Cela se faisait au travers du road trip d'un écrivain raté avec un ami au milieu des domaines viticoles hier, et aujourd'hui par un prof d'histoire contraint d'assurer la surveillance d'élèves ne pouvant pas rentrer chez eux pendant les vacances de Noël.</p>
<p><ins>The Holdovers</ins> est un de ces films qui adoptent un regard sur une époque (même si l'action est située dans les années 70, avec toute la technique qui suit à commencer par la pellicule, le discours conserve une valeur actuelle) sans trop de concessions, parfois un peu secs dans leurs affirmations, mais in fine assez tendres dans la conclusion. Une grande partie est dédiée à l'association entre un vieux professeur bourru et hautain, apprécié de personne, dont la carrière ratée a été détruite par un événement à Harvard dont on prendra connaissance un peu tardivement dans le récit, et un de ses étudiants, le seul coincé pour les vacances avec la cheffe cuisinière (qui elle aussi aura ses douleurs révélées, un fils mort au Vietnam), assez doué et fin rebelle, abandonné par sa mère et son beau-père tandis que son père croupit dans un hôpital psychiatrique. Le vieil historien ultra cultivé qui se croît supérieur en tous points, presque flatté de n'avoir aucun ami, face au jeune étudiant turbulent juste comme il faut, on voit quand même dans cette description un début (euphémisme) de stéréotype, et à ce titre c'est un film plutôt à destination de personnes qui apprécient les belles tirades et les joutes verbales — sur fond de comédie sentimentale avec des êtres malmenés par la vie, certes. <strong>Giamatti </strong>est très bon dans son rôle, avec son strabisme divergeant plus visible que jamais (une référence assez drôle y est faite, pour indiquer quel œil il faut regarder) et ses punchlines d'intellectuel (souvent en latin, bien sûr, mais pas uniquement : "Life is like a henhouse ladder. Short and shitty").</p>
<p>Le trio improbable trouvera dans leur cohabitation forcée une sorte de havre de paix pour se reconstruire, un peu, et en apprendre davantage sur les autres, aussi. Beaucoup de sarcasmes dans cette ambiance froide et douce-amère, parfois à la limite de la mièvrerie. Le lien qui se crée entre le prof et l'élève reste malgré tout assez touchant, sur les thèmes du deuil, de la dépression, et de la solitude, jusque dans leur séparation.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Winter-Break-de-Alexander-Payne-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1309Y aura-t-il de la neige à Noël ?, de Sandrine Veysset (1996)urn:md5:08881ce4e2178b36fc65d16c6e002a8a2020-12-10T09:43:00+01:002020-12-10T09:43:00+01:00RenaudCinémaAvignonEtéFamilleHiverMaraîchageMaternitéNoëlRuralité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/y_aura_t_il_de_la_neige_a_noel/.y_aura_t_il_de_la_neige_a_noel_m.jpg" alt="y_aura_t_il_de_la_neige_a_noel.jpg, déc. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Conte d'hiver maternel à la campagne<br /></strong></ins></span></div>
<p>C'est un film qui donne l'impression de sortir de nulle-part, une fiction semi-autobiographique de <strong>Sandrine Veysset </strong>ancrée dans le quotidien rural d'une exploitation maraîchère. <ins>Y aura-t-il de la neige à Noël ?</ins> est sorti en 1996, l'action est censée se dérouler dans les années 70, mais la mise en scène extrêmement pudique et les conditions proches du documentaire confèrent au récit une dimension avantageusement atemporelle. Ça pourrait se passer aujourd'hui, dans un coin reculé de France, mais ça pourrait tout aussi bien se passer il y a 50 ans dans n'importe quelle région rurale.</p>
<p>Un coin de campagne dans le Sud de la France, dans une ferme en polyculture dans la région d'Avignon, non loin de Cavaillon. La première partie du film, très clairement la plus réussie, s'attache à décrire la vie de cette famille composée de 7 enfants autour de leur mère qui les élève peu ou prou seule. Une figure paternelle est bien présente, mais la situation familiale est volontairement laissée floue, on ne sait pas trop quel est leur relation, il ne semble pas habiter dans la même maison. L'ambiance des familles nombreuses est très agréablement dépeinte, et le travail des enfants dans les champs pour aider le foyer déborde de naturel : en réalité, seule la soumission de la troupe au chef de famille fait tache dans ce tableau, la faute au personnage du père écrit à la serpe dans un rôle de tyran avec ses moments de tendresse. Malheureusement, la deuxième partie du film sera davantage tournée vers ce personnage et l'influence néfaste qu'il aura sur la famille : c'est la principale faiblesse de l'histoire, qui se suffisait tout à fait du mode de vie de la mère seule et du joli portrait de cette femme entourée de ses enfants.</p>
<p>Pour le reste, c'est le cadre de la chronique qui domine, avec plusieurs séquences intéressantes : la gestion de l'exploitation maraîchère, cette tonalité caractéristique de la fin des grandes vacances, les conditions de vie précaires mais pas pour autant misérables, et donc cette figure maternelle qui fait tout pour préserver ses enfants de l'emprise paternelle avec ses écarts autoritaires et ses abus parfois brutaux. Très peu de misérabilisme dans le regard que porte la réalisatrice. Il y a un petit côté conte, sans trop d'excès dramatiques toutefois, dans la façon de brosser le portrait choral au fil des saisons, avec une figure maternelle protectrice et bienveillante face à des éléments extérieurs hostiles. Le cauchemar que la mère raconte à ses enfants trouvera un écho un peu trop appuyé avec l'ultime séquence du film, plongée dans le froid hivernal, mettant en scène un autre cauchemar suivi de l'apparition tant espérée de la neige. Un nouvel élan d'espoir.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/y_aura_t_il_de_la_neige_a_noel/.famille_m.jpg" alt="famille.jpg, déc. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Y-aura-t-il-de-la-neige-a-Noel-de-Sandrine-Veysset-1996#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/872Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis, de Pierre Desproges (1985)urn:md5:2f425642f83f1000b1efa52252fb538d2011-12-11T15:08:00+00:002012-02-03T00:50:58+00:00ClémentLectureDérisionHumourNoël <p>Ne nous laissons pas gagner par la sinistrose de Noël ! En ces temps moroses de crise interplanétaire, de pouvoir d'achat qui fuit comme du mazout à travers le fond de cale d'un bateau rouillé, en ces temps de campagnes publicitaires rougeoyantes et pleines de " Bonnes Fêtes ! " et de frustration consumériste à peine avouée par les trentenaires banquiers cadres et sans un sou, n'oublions pas de nous marrer un peu !</p>
<p>J'appelle donc à la barre <strong>Pierre Desproges</strong>. </p>
<p><img title="desproges2.jpg, déc. 2011" style="float: left; margin: 0 1em 0.1em 0;" alt="desproges2.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/CLEMENT/LECTURE/DESPROGES/.desproges2_s.jpg" /><strong>Pierre Desproges</strong> représente une génération d'humoristes qui avait les yeux ouverts sur leur société et le monde qui les entouraient. Comme <strong>Coluche</strong>, il savait voir autour de lui les absurdités qui font nos quotidiens, et, surtout, en rire. Doté d'un sens de l'auto-dérision rare — quand il apprend qu'il est atteint d'un cancer, il file dans un restaurant manger du crabe et s'esclaffe « <em>1 partout !</em> » — , il développe un humour noir grinçant et n'élude aucun sujet, s'attaquant aux traditions françaises les plus ancrées comme aux Juifs, aux femmes et à l'Afrique.</p>
<p>L'humoriste a utilisé toutes les formes d'expression : le sketch, la chronique de presse (les fameux <ins>Réquisitoires du Tribunal des flagrants délires</ins> <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dictionnaire-superflu-%C3%A0-l-usage-de-l-%C3%A9lite-et-des-bien-nantis%2C-de-Pierre-Desproges-%281985%29#requisitoire">(1)</a> sur France Inter), l'aphorisme (« <em>Noël au scanner, Pâques au cimetière !</em> ») et, donc, le dictionnaire. Dans son <ins>Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis</ins>, il se livre à un abécédaire virulent, atteignant des sommets de style et de rhétorique. Sélection subjective de passages croustillants. </p>
<p>F comme Femme :</p>
<blockquote><p>« Au bout de ces neuf mois, le petit d'Homme vient au monde. L'accouchement est douloureux. Heureusement, la femme tient la main de
l'Homme. Ainsi, il souffre moins. »</p>
</blockquote><p>G comme Guerre : </p>
<blockquote><p>« L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui ! »</p>
</blockquote>
<p>Et enfin, puisque c'est d'actualité, N comme Noël :</p>
<blockquote><p>« D’après les chiffres de l’UNICEF, l’équivalent en riz complet de l’ensemble foie gras-pâté en croûte-bûche au beurre englouti par chaque chrétien au cours du réveillon permettrait de sauver de la faim pendant un an un enfant du Tiers Monde sur le point de crever le ventre caverneux, le squelette à fleur de peau, et le regard innommable de ses yeux brûlants levé vers rien sans que Dieu s’en émeuve, occupé qu’Il est à compter les siens éructant dans la graisse de Noël et flatulant dans la soie floue de leurs caleçons communs, sans que leur cœur jamais ne s’ouvre que pour roter. »</p>
</blockquote>
<p><strong>Desproges</strong> représente le politiquement incorrect le plus abouti et osé — sûrement — qu'il nous ait été donné d'entendre en France. Difficile à présent de lui trouver des héritiers dignes, tant le monde de l'humour s'est uniformisé et, surtout, tant les thèmes se sont appauvris. Ainsi ne voit-on plus guère d'humoriste s'attaquer aux complexités de notre temps et interroger les hommes sur leur paradoxes. <strong>Stéphane Guillon</strong>, qui avait repris très largement le principe du <ins>Tribunal des flagrants délires</ins> de <strong>Desproges</strong>, a été censuré. <strong>Gad Elmaleh</strong> ne travaille que sur des clichés superficiels et épidermiques. Pour ne citer qu'eux deux. </p>
<p>Enfin, <strong>Desproges</strong> avait l'art de donner à son propos le ton juste et sa maîtrise parfaite de la langue française et de l'histoire lui permettait d'exprimer au mieux ses idées, percutantes et d'une drôlerie sans équivalent, comme en témoigne son sketch <em>Les Juifs</em>, véritable morceau de bravoure humoristique.</p>
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<span style="font-size: 9pt;">
<a name="requisitoire">(1)</a> s'adressant à Daniel Cohn-Bendit le 14 septembre 1982, il y dit : «<em> Je n'ai rien contre les rouquins. Encore que je préfère les rouquins bretons qui puent la moule aux rouquins juifs allemands qui puent la bière. D'ailleurs, comme disait à peu près Himmler : " Qu'on puisse être à la fois juif et allemand, ça me dépasse. " C'est vrai, faut savoir choisir son camp.</em> »<br /></span>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dictionnaire-superflu-%C3%A0-l-usage-de-l-%C3%A9lite-et-des-bien-nantis%2C-de-Pierre-Desproges-%281985%29#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/71