Je m'attarde - Mot-clé - Peter Sellers le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearSous le plus petit chapiteau du monde (The Smallest Show on Earth), de Basil Dearden (1957)urn:md5:e775850421c155fd088598f41610e0aa2024-02-14T10:30:00+01:002024-02-14T10:30:00+01:00RenaudCinémaBasil DeardenBill TraversCinémaComédieHéritagePeter SellersRoyaume-UniVirginia McKenna <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde/sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde.jpg" title="sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde/.sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde_m.jpg" alt="sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Cinema Decrepito</strong></ins></span>
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<p><ins>The Smallest Show on Earth</ins>, c'est un peu mon <ins>Cinema Paradiso</ins>, dans une version dérivée britannique que je considère comme bien plus réussie. L'histoire d'un vieux cinéma décrépi, avec son vieux projectionniste, ses vieilles habitudes, mais totalement dénuée de la charge de pathos nostalgico-larmoyant qui inondait le film de <strong>Giuseppe Tornatore</strong>. L'angle d'attaque n'est pas ici celui du gamin qui découvre la "magie du cinéma" auprès d'une "vieille personne bienveillante", mais la découverte des coulisses du cinéma dans toute sa dimension artisanale, avec en ligne de mire l'étendue des possibilités offertes pour l'expression de la maladresse des uns et des autres. Ou comment une petite troupe de personnages mal assortis se démène dans un joyeux chaos pour tenter de faire tourner une vieille machine à bout de souffle, à grand renfort de bouts de ficelles.</p>
<p>Tout commence dans une fausse euphorie, tandis qu'un jeune couple pense avoir hérité d'une merveilleuse salle de cinéma suite à la mort d'un parent — ils entendent bien revendre le bâtiment et repartir vivre sereinement dans l'oisiveté la plus confortable. Mais en réalité ils sont désormais les heureux propriétaires d'un taudis insalubre, criblé de dettes, avec trois employés assez âgés et aux portes de la sénilité. Le cinéma s'appelle "Le Bijou" (in French dans le texte), l'unique salle est dans un état calamiteux, et ils vont devoir lutter car un grand patron local souhaite racheter l'immeuble pour une bouchée de pain afin de le démolir et en faire un parking. Seule solution pour eux : rouvrir le cinéma, et montrer que c'est un lieu encore tout à fait enviable.</p>
<p><strong>Basil Dearden </strong>combinait à l'occasion de <ins>Sous le plus petit chapiteau du monde</ins> ce mélange de comédie et d'austérité d'après-guerre si particulier, comme si le néoréalisme italien s'était mélangé à l'humour deadpan britannique en cette année 1957 pour étayer les prémices d'un discours que <strong>Peter Bogdanovich </strong>complètera dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Derniere-Seance-de-Peter-Bogdanovich-1971">The Last Picture Show</a></ins>. Le film pourrait aussi se concevoir comme une parodie de la méga-production signée <strong>Cecil B. DeMille </strong>sortie quelques années auparavant, <ins>Sous le plus grand chapiteau du monde</ins> (aka The Greatest Show on Earth, 1952), mais le duo formé par <strong>Virginia McKenna </strong>et <strong>Bill Travers </strong>fonctionne très bien au-delà du parallèle, avec une toile de fond bien organisée autour des personnages secondaires — parmi lesquels on discerne un tout jeune <strong>Peter Sellers </strong>(vieilli pour l'occasion). L'émotion des anciens employés à l'annonce de la réouverture de leur cinéma trouve un écho jovial et décalé dans les séquences où, alors que la salle est comble, un train passe tout proche et remue les fondations du bâtiment : tout le monde prend le spectacle de ce cinéma particulièrement immersif à la rigolade, sauf peut-être le projectionniste qui reste agrippé à son matériel. C'est en ce sens une très belle déclaration d'amour sans nostalgie mielleuse au cinéma à l'ancienne, maladroit, rouillé, mais à la dimension artisanale sincère et émouvante.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/sous_le_plus_petit_chapiteau_du_monde/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sous-le-plus-petit-chapiteau-du-monde-de-Basil-Dearden-1957#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1346Bienvenue, Mister Chance, de Hal Ashby (1979)urn:md5:9abcacda1899a69f580115947dfe51702020-11-23T08:57:00+01:002020-11-23T08:57:00+01:00RenaudCinémaFriedrich NietzscheHal AshbyNaïvetéPeter SellersPolitiqueSatireShirley MacLaineSubjectivité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bienvenue_mister_chance/.bienvenue_mister_chance_m.jpg" alt="bienvenue_mister_chance.jpg, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Sellers x Ashby x Nietzsche: "Life is a state of mind."<br /></strong></ins></span></div>
<p>Sur le papier et sur la longueur, <ins>Being There</ins> aka "Bienvenue Mister Chance" avait beaucoup de chances de déplaire, de par la lourdeur de sa démonstration martelée de manière très uniforme du début à la fin (le protagoniste n'évoluera pas d'un iota, c'est le principe même du film ou presque) ainsi que par la longueur de la démonstration, qui finit par souffrir d'une certaine répétitivité, quand bien même elle serait intentionnelle et en partie légitime. Pourtant, jolie surprise en ce qui me concerne, <strong>Peter Sellers </strong>devant et <strong>Hal Ashby </strong>derrière la caméra sont parvenus à confectionner quelque chose d'intéressant sur le fond et de souvent amusant sur la forme, avec un sens du burlesque très particulier, qui ne peut pas plaire à tout le monde.</p>
<p>La première partie ne laisse absolument rien augurer quant à la suite : on découvre simplement un jardinier simplet, au lendemain de la mort de son patron, jeté par des avocats comme un mal propre de la maison qu'il avait considérée comme sienne durant toute sa vie. Une série de quiproquos et de coïncidences le transformeront en quelques heures seulement en un véritable oracle que tout le gratin politique et médiatique se disputera. Dans ce temps-là du récit, la mise en scène parvient à rendre a minima crédible la confusion générée par son attitude, interprétée à tort (enfin, ce serait à démontrer) comme un temple de sagesse et de pondération. Par la suite, le film évolue dans un autre registre, moins réaliste et plus fantaisiste, qui fera d'un simple d'esprit le nouveau guide spirituel de la nation, à travers la personne du président des États-Unis himself.</p>
<p>La satire est plutôt élégante, malgré tout, à destination des journalistes, politiques, industriels, commentateurs, et revêt parfois l'aspect d'une fable généreuse, voire humaniste. Le fait que le protagoniste soit totalement incapable de formuler la moindre mauvaise pensée en fait à la fois un prophète et un puissant ressort comique. La parabole dure un peu trop longtemps, mais reste intéressante, au-delà du cynisme qu'elle peut dégager : le fait très nietzschéen que la réalité n'est qu'une composition de subjectivités, conduisant en l'occurrence à l'image que renverrait un miroir à tous ceux qui s'y regardent. La critique de l'abrutissement d'un côté et de l'élite consanguine de l'autre forme pourtant un tableau très noir, avec sa métaphore finale, derrière son vernis comique.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bienvenue_mister_chance/.sellers_maclaine_m.jpg" alt="sellers_maclaine.jpg, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bienvenue-Mister-Chance-de-Hal-Ashby-1979#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/862