Je m'attarde - Mot-clé - Pierre Brasseur le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLes Bonnes Causes, de Christian-Jaque (1963)urn:md5:6d6ea417b8eb6bc802bf48c41ef18d7a2023-10-15T12:53:00+02:002023-10-15T11:54:16+02:00RenaudCinémaAssassinatBourvilChristian-JaqueEnquête policièreInfirmièreManipulationPierre BrasseurProcès <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/bonnes_causes.jpg" title="bonnes_causes.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.bonnes_causes_m.jpg" alt="bonnes_causes.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Piégé(e)s</strong></ins></span>
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<p>Un film très original de la part de <strong>Christian-Jaque</strong>, plus habitué des productions françaises traditionnelles souvent raillées par la Nouvelle Vague : d'abord lancé sur des rails qu'on croit prévisibles, avec l'assassinat d'un homme fortuné suite au changement (par sa femme) d'une ampoule administrée en intraveineuse par une infirmière, il s'engage par la suite dans une enquête policière retorse et un final au prétoire qui brillera par son écriture et sa capacité à suivre une voie rarement choisie au cinéma. La femme, interprétée par <strong>Marina Vlady </strong>avec beaucoup de talent, accuse l'infirmière <strong>Virna Lisi </strong>dans ce qui ressemble à un piège savamment orchestré. L'avocat de la femme, <strong>Pierre Brasseur </strong>dans un excès savoureux de manières aristocrates, accessoirement amant de cette dernière, la défend et lui obéit au doigt et à l'œil comme s'il était victime d'un ensorcellement. Et au milieu du vacarme, il y a <strong>Bourvil </strong>dans un rôle sérieux éloigné de toutes les comédies qu'on a en tête, en juge d'instruction intègre, patient, et agissant dans un but unique : la recherche de la vérité, loin du culte des apparences.</p>
<p>Dans un premier temps, on peut être un peu gêné par le caractère très ostentatoire de <strong>Marina Vlady </strong>qui surjoue quelque peu la femme ayant tendu un piège en remplaçant un médicament par un produit toxique, et faisant semblant de découvrir l'accident au moment exact où il vient de survenir. Mais finalement ce malaise disparaît assez vite dès lors que l'enquête déroule son cours et que les interactions entre les différentes parties s'affirment et s'affinent. Il y a un peu de <ins>Witness for the Prosecution</ins> dans <ins>Les Bonnes Causes</ins>, dans les rapports conflictuels et intéressés qui lient les personnages, à la différence près que <strong>Billy Wilder </strong>conserve la plus grosse part de mystère pour la fin là où <strong>Christian-Jaque </strong>termine son film sur une pirouette sarcastique. Ici, en ce qui concerne le meurtre, on est tout de suite placé dans la confidence et on n'a aucun doute sur la culpabilité ou l'innocence des deux femmes : c'est davantage sur le terrain des intentions et des manipulations que les surprises vont germer. Et puis c'est probablement l'un des plus beaux rôles de <strong>Bourvil </strong>dans un registre inhabituel, touchant et crédible, consciencieux et réservé, soumis à des pressions des coups bas de la part de la partie adverse et qui finira dans l'anonymat le plus total. Il y a beaucoup d'incohérences et d'invraisemblances dans le déroulement de l'enquête, dans le comportement des professionnels, mais ça n'enlève rien à l'originalité du scénario et de sa dynamique.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img5.png" title="img5.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img5_m.png" alt="img5.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img6.png" title="img6.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img6_m.png" alt="img6.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Bonnes-Causes-de-Christian-Jaque-1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1255Le Bel Antonio (Il bell'Antonio), de Mauro Bolognini (1960)urn:md5:33adf2dee316968662f3d14e03533eae2023-10-12T17:12:00+02:002023-10-12T17:12:00+02:00RenaudCinémaAmourClaudia CardinaleFamilleHumiliationItalieMarcello MastroianniMariageMauro BologniniPier Paolo PasoliniPierre BrasseurReligionSexeSicileTomás Milián <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioA.jpg" title="bel_antonioA.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioA_m.jpg" alt="bel_antonioA.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioB.jpg" title="bel_antonioB.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioB_m.jpg" alt="bel_antonioB.jpg, oct. 2023" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Impressions d'impuissance</strong></ins></span></div>
<p>Coup de maître de la part du réalisateur <strong>Mauro Bolognini </strong>et du scénariste <strong>Pier Paolo Pasolini </strong>que d'avoir réuni deux sex symbols comme <strong>Marcello Mastroianni </strong>et <strong>Claudia Cardinale</strong>, au potentiel sensuel et sexuel relativement incomparable dans l'Italie des années 1960, pour mieux les confronter sur le terrain d'un drame conjugal dont le carburant provient d'un tabou assez fort. Car <strong>Mastroianni</strong>, depuis qu'il a connu son premier amour, est devenu inapte à la bandaison — une condition qu'il décrit à son cousin, <strong>Tomás Milián </strong>(une scène courte mais touchante et dont les conséquences seront révélées à la toute fin), au creux d'une magnifique confession — dans une société qui glorifie la virilité masculine à tous les étages, familial, religieux, professionnel.</p>
<p>Et le pauvre hère, il va en bouffer de la pression sociale par tout son entourage, et tout particulièrement son père, très bien interprété par un <strong>Pierre Brasseur </strong>dont l'honneur virile est bafoué par ce "mariage non-consommé". Expression abominable qui en plus de cela se double d'une rumeur se propageant comme une traînée de poudre dans tout le village... Il faut dire qu'un an après le mariage tout le monde l'attendait, la grossesse de <strong>Cardinale</strong>, fille de notaire d'une beauté renversante mais elle aussi reproduisant plus ou moins involontairement le schéma traditionaliste martelé par ses proches et porté sur les apparences et la peur de ce que penseront les autres.</p>
<p>À l'époque, <strong>Marcello Mastroianni </strong>avait marqué les esprits avec son rôle de séducteur mondain par excellence dans <ins>La dolve vita</ins>, et en réaction immédiate il cassa cette image en incarnant la tragédie d'un homme aussi séduisant qu'impuissant, avec au moins autant de talent. Sa performance est vraiment remarquable, pris au piège d'un réseau de contraintes et de conventions qui s'est refermé sur lui violemment, le laissant dans une horrible situation, le déshonneur familial comme fardeau insoutenable. Il interprète de manière remarquable une sorte de Don Juan victime d'une réputation qui n'est même pas la sienne. Il n'y a pas de place pour l'amour platonique dans ce coin de Sicile, et du curé aux beaux parents en passant par la foule de voisins et de témoins lors du mariage, tous sont là pour dicter les règles et façonner les mœurs. Un film très puissant sur la pression exercée et l'humiliation subie en retour, avec une douleur dépeinte de manière percutante et sensible, et la folie qui guette ceux qui se soumettent à de pareilles injonctions — le père comme d'autres place la procréation au centre de tout et le non-respect de cette clause tacite le place au bord de la démence, lui qui de façon ironique mourra précisément en plein ébat.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bel-Antonio-de-Mauro-Bolognini-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1253La Tête contre les murs, de Georges Franju (1959)urn:md5:63c7cb0814a574f289308086b4294b382023-09-05T10:34:00+02:002023-09-05T09:37:24+02:00RenaudCinémaAnouk AiméeCharles AznavourFamilleFranceGeorges FranjuJean-Pierre MockyMaladieMédecinePaul MeurissePierre BrasseurPsychiatrie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tete_contre_les_murs/.la_tete_contre_les_murs_m.jpg" alt="la_tete_contre_les_murs.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Réflexe de l'enfermement<br /></strong></ins></span></div>
<p><strong>Jean-Pierre Mocky </strong>a beaucoup tourné en tant qu'acteur dans les années 40 et 50, et <ins>La Tête contre les murs</ins> signe la fin d'une période prolixe puisqu'il ne jouera plus que dans 6 longs-métrages après celui-ci, au cours des six décennies qui suivront. Il souhaitait réaliser cette adaptation d'un roman autobiographique d'<strong>Hervé Bazin </strong>mais jugé trop peu expérimenté à l'époque par les producteurs, il choisit <strong>Georges Franju </strong>pour le remplacer — à l'époque auteur de courts-métrages seulement, dont le très marquant <ins>Le Sang des bêtes</ins>.</p>
<p>Malgré toutes les bonnes intentions derrière ce projet qui entend dénoncer le mauvais traitement des maladies psychiatriques dans la vieille France, il n'en reste pas moins difficile d'apprécier la confrontation qui est faite entre deux types de prises en charge de ces patients qu'on appelait simplement "fous" à l'époque. Ces deux paradigmes sont pragmatiquement représentés par deux personnages : <strong>Pierre Brasseur </strong>le représentant de la médecine traditionnelle et autoritaire, se montrant volontiers violent avec les plus récalcitrants et parfaitement certains de ses diagnostics apposés après quelques observations succinctes, et <strong>Paul Meurisse </strong>le symbole de la psychiatrie plus moderne et libérale, respectueuse de ses patients, faisant la part belle à l'écoute et au soin. L'opposition entre les deux donne lieu à un affrontement feutré qui se révèle à de rares occasions assassin, la plupart du temps cantonnée à un échange d'arguments sans réelle interaction.</p>
<p><strong>Franju </strong>(et <strong>Mocky</strong>) se montre en outre très conventionnel, rétrospectivement, dans la dénonciation de l'hypocrisie des différentes parties — famille et institution. La faute aussi à une mise en scène un peu trop rigide, un peu trop mécanique, avec ses séquences d'exposition bien sages (quand bien même elles seraient composées avec tout le talent qu'on connaît de la part du futur réalisateur des <ins>Yeux sans visages</ins>) et sa multiplication de champs / contre-champs. <strong>Jean-Pierre Mocky </strong>a quelque chose de touchant dans sa façon d'interpréter un peu naïvement le passionné et l'idéaliste, qui se fait interner par son père après avoir brûlé un dossier et piqué du fric. Ça déconnait vraiment pas...</p>
<p>On pense presque inévitablement aux films qui viendront sur les même thématiques, <ins>Shock Corridor</ins> de <strong>Samuel Fuller </strong>(1963) et <ins>Vol au-dessus d'un nid de coucou</ins> de <strong>Miloš Forman </strong>(1975) par exemple, ces derniers offrant des pistes de réflexion à mes yeux beaucoup plus fertiles et passionnantes. À noter qu'ici<strong> Anouk Aimée </strong>et <strong>Charles Aznavour </strong>tiennent des rôles émouvants, mais il faudra attendre encore quelque temps pour que le style de <strong>Franju </strong>s'affirme et se déploie plus harmonieusement.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tete_contre_les_murs/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tete_contre_les_murs/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tete_contre_les_murs/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tete_contre_les_murs/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tete_contre_les_murs/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Tete-contre-les-murs-de-Georges-Franju-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1219Le Bateau d'Émile, de Denys de La Patellière (1962)urn:md5:3dbc62962b7af777119ff7f9f45ea02d2021-01-19T17:52:00+01:002021-01-19T17:56:19+01:00RenaudCinémaAnnie GirardotBateauDenys de La PatellièreGeorges SimenonHéritageLa RochelleLino VenturaMichel AudiardMichel SimonPierre BrasseurTahiti <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bateau_d_emile/.bateau_d_emile_m.jpg" alt="bateau_d_emile.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Dans la famille, il y a une tradition de la crise cardiaque devant les emmerdements."<br /></strong></ins></span></div>
<p>Sans atteindre les sommets de la comédie dramatique française à caractère social de la fin des années 50 comme <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Rue-des-prairies-de-Denys-de-La-Patelliere-1959"><ins>Rue des prairies</ins> </a>ou <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Grandes-Familles-de-Denys-de-La-Patelliere-1958"><ins>Les Grandes Familles</ins></a>, ce film estampillé "qualité française" de <strong>Denys de la Patellière </strong>a le mérite de faire coïncider énormément de bonnes dispositions : des dialogues en béton armé (<strong>Michel Audiard</strong>), un scénario adapté doté d'un solide potentiel caustique sur la bourgeoisie d'après-guerre (<strong>Georges Simenon</strong>), et un cortège de comédiens qui s'en donnent à cœur joie chacun dans son registre (<strong>Lino Ventura</strong>, <strong>Michel Simon</strong>, <strong>Annie Girardot</strong>, et <strong>Pierre Brasseur</strong> notamment). Avec autant d'ingrédients de qualité, très certainement, on était en droit d'attendre beaucoup plus de cette histoire d'héritage menaçant la tranquillité des affaires d'une famille aristocratique d'armateurs de La Rochelle.</p>
<p>Sans doute qu'il manque un <strong>Gabin</strong>, pour le dire un peu crument, tant <strong>Ventura </strong>ne paraît pas toujours très à l'aise dans les nombreuses envolées que lui impose l'écriture de son personnage : beaucoup de colères, pas mal d'ivresse, et des oscillations entre gaieté simple et tristesse profonde. Des commentaires qui ne témoignent pas d'un féminisme avant-gardiste, aussi, il faut le reconnaître. Ces changements de registre très fréquents, qui confèrent d'ailleurs au récit un rythme parfois farfelu, ne fonctionnent pas de manière très naturelle, comme si les rouages manquaient un peu d'huile : ça coince de temps en temps. On peut aussi regretter la sous-exploitation patente du personnage (et de l'acteur a fortiori) interprété par <strong>Michel Simon</strong>, par lequel arrive le désastre au sein de cette famille propre sur elle : un débauché extrêmement riche, qui profitait de ses vieux jours à Tahiti, décide de rentrer en France pour se venger de sa famille et foutre le boxon en léguant sa fortune à son fils né d'une vieille liaison passagère — dont il ne connaît rien — et non à ceux qui attendaient l'héritage comme un dû. "La famille a une mine splendide. L'air toujours aussi connard, mais le teint frais ! La vertu, ça conserve", "Dans la famille, il y a une tradition de la crise cardiaque devant les emmerdements" et autres "Elle ressemble à sa mère... Elle sourit... Elle prend ça pour un compliment." Le frère du vieux trublion, président de la compagnie d'armateurs, est bien sûr fou de rage à l'idée que ce capital lui file entre les doigts pour atterrir dans ceux d'un misérable ouvrier qu'il a toujours considéré, non sans dédain, comme un vulgaire étranger issu de la populace.</p>
<p>Cette manigance pour priver sa famille de l'héritage tant attendu sera la source de nombreuses entourloupes et de grandes compromissions, les uns courbant l'échine autant que possible et les autres rivalisant d'ingéniosité (mais pas assez) pour tenter de rouler l'oncle sénile dans la farine — quitte à donner la main de sa fille, à promouvoir un neveu sur le tard, et tout un tas d'abjections diverses et variées. Le duo <strong>Ventura </strong>/ <strong>Girardot </strong>tourne à plein régime pour donner corps à ces prolos en engueulades constantes suivies de réconciliations, recevant un immense cadeau tombé du ciel. De leur côté, <strong> Simon </strong>et <strong>Brasseur</strong>, vieux croûton rempli de poison et grand méchant aristo, forment des caricatures savoureuses qui participent à l'atmosphère légèrement comique et très attrayante du film.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bateau_d_emile/.simon_m.png" alt="simon.png, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bateau_d_emile/.ventura_m.png" alt="ventura.png, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bateau_d_emile/.ventura_brasseur_m.png" alt="ventura_brasseur.png, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bateau_d_emile/.ventura_girardot_m.png" alt="ventura_girardot.png, janv. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bateau-d-Emile-de-Denys-de-La-Patelliere-1962#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/891Les Grandes Familles, de Denys de La Patellière (1958)urn:md5:0d4d0693e1157e7d775c55c6c2a758c02020-07-24T14:26:00+02:002020-07-24T17:25:40+02:00RenaudCinémaArgentBernard BlierBourseDenys de La PatellièreEntrepriseFamilleJean DesaillyJean GabinMichel AudiardPierre Brasseur <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grandes_familles/.grandes_familles_m.jpg" alt="grandes_familles.jpg, juil. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>
"Dix couples chez toi, c'est une réception… Chez moi, c'est une partouze !"
</strong></ins></span></div>
<p><strong>Jean Gabin </strong>est Noël Schoulder, un grand patron issu d'une grande famille à la tête d'un immense empire économique régnant sur le monde du sucre, de la banque et de la presse. Il ne faut pas plus de 15 secondes pour qu'on y croit entièrement à son personnage, à sa stature, et ce n'est pas qu'une histoire de costard. On est en 1958. En 1959, <strong>Jean Gabin </strong>sera <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Archimede-le-clochard-de-Gilles-Grangier-1959"><ins>Archimède</ins></a>, un clochard en haillons qui ne pense qu'à picoler. Et on y croit tout aussi rapidement. Cet acteur est vraiment incroyable, et la combinaison <strong>Denys de La Patellière </strong>/ <strong>Michel Audiard </strong>/ <strong>Jean Gabin </strong>semble constituer un magnifique tiercé gagnant — en 1959, il interprètera un père de famille avec autant de facilité et de conviction dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Rue-des-prairies-de-Denys-de-La-Patelliere-1959"><ins>Rue des prairies</ins></a>.</p>
<p><ins>Les Grandes Familles</ins> est avant tout le portrait du patriarche, avec <strong>Gabin </strong>dans un rôle qui deviendra une petite caricature dans les années 60 me semble-t-il. La puissance de son personnage, la force de frappe dont il dispose au sein de sa famille comme dans les ministères est immédiatement crédible, comme un instantané de vérité. Autour de lui, un joli festival de seconds rôles plutôt convaincants, avec <strong>Jean Desailly </strong>dans le rôle du fils pleutre qui finira manipulé et ruiné, <strong>Bernard Blier </strong>dans celui du bras droit fidèle (mais qui a les yeux un peu trop baladeur sur <strong>Nadine Tallier </strong>— pas encore de Rotschild), et notamment <strong>Pierre Brasseur </strong>en délicieux cousin semi-marginal et arriviste. Certaines de ses répliques y vont sans doute un peu trop fort, comme celle-ci adressée à <strong>Gabin </strong>: "Nous avons de l'argent tous les deux. Toi, tu représentes le patronat, moi le capitalisme. Nous votons à droite. Toi, c'est pour préserver la famille, moi, c'est pour écraser l'ouvrier. Dix couples chez toi, c'est une réception… Chez moi, c'est une partouze ! Et le lendemain, si nous avons des boutons, toi, c'est le homard, moi, c'est la vérole !". C'est un film qui manipule les stéréotypes avec beaucoup de dextérité, aidé en cela par un scénario pas révolutionnaire mais bien foutu et par des dialogues qui apportent la touche de dérision ou de colère nécessaire à une bonne vivacité d'ensemble. Quand <strong>Gabin </strong>commence à serrer la mâchoire dans la dernière partie, avec un léger prognathisme pour annoncer "Fais-moi confiance, je te laisserai de quoi te nourrir. Tout juste.", on n'a pas envie d'être sur son chemin de peur d'en prendre une dans les dents.</p>
<p>C'est quand même un drôle de récit car à peu près tous les personnages sont haïssables. C'est le tableau d'une société capitaliste viciée, où profit et intérêt semblent être des mots écrits sur tous les murs et tous les cœurs. La cupidité aura d'ailleurs raison de tout le monde, sans exception : il n'y a pas un personnage qui ne laissera des plumes dans cette histoire. Rien de sensationnel toutefois, rien de follement enthousiasmant : on est dans le registre de la sécurité, celui du pas de bavure, pas d'éclat.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grandes_familles/.enterrement_m.jpg" alt="enterrement.JPG, juil. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Grandes-Familles-de-Denys-de-La-Patelliere-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/813