Je m'attarde - Mot-clé - Propagande le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLes Soldats au combat (戦ふ兵隊, Tatakau heitai), de Fumio Kamei (1939)urn:md5:2ce8babab887b55adb6d389aadbc1ded2023-09-29T12:18:00+02:002023-09-29T12:18:00+02:00RenaudCinémaCensureChineGuerreGuerre sino-japonaiseJaponPaysanPrisonPropagande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.soldats_au_combat_m.jpg" alt="soldats_au_combat.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Seconde guerre sino-japonaise : des paysans japonais envoyés se battre contre des paysans chinois</strong></ins></span></div>
<p>Œuvre de musée ou friandise pour cinéphile aux penchants archéologiques et historiques, <ins>Les Soldats au combat</ins> est le résultat du travail de <strong>Fumio Kamei </strong>envoyé sur le front chinois en 1938 pour y suivre pendant quatre mois un régiment d'infanterie lors de l'offensive sur la ville de Wuhan, au début de la seconde guerre sino-japonaise. Missionné pour réaliser un film de propagande, il se détourne vraisemblablement assez vite du courage et de l’héroïsme supposés par toute la nation des soldats japonais, et se concentre sur une réalité toute autre, très prosaïque, et beaucoup moins glorieuse. Il filme surtout des hommes éprouvés, parfois en haillons, arborant des drapeaux misérables et troués, contraints d'abandonner des chevaux malades ou blessés derrière eux, et fatigués de parcourir l'immense territoire chinois.</p>
<p>Sans surprise, la censure peu satisfaite du contenu détruira les bobines et le film sera considéré comme perdu jusqu'en 1976. <strong>Fumio Kamei </strong>de son côté fut arrêté puis emprisonné en 1941. Il faut dire que d'une part les troupes de l'armée impériale ne sont pas montrées sous leur meilleur jour, et il s'intéresse autant aux soldats progressant péniblement qu'aux populations locales chassées de leurs terres qui y reviennent a posteriori : le parallèle dressé entre la condition paysanne des deux côtés, avec des paysans chinois retournant cultiver leurs champs et des soldats japonais qui se présentent comme des paysans contraints de se battre, est particulièrement éloquent. Dans cette dimension immersive, c’est un complément documentaire à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Terre-et-soldats-de-Tomotaka-Tasaka-1939">Terre et soldats</a></ins> de <strong>Tomotaka Tasaka</strong>, sorti la même année et portant sur des combats sur les champs de bataille de Mandchourie.</p>
<p>Assez étonnamment, <strong>Fumio Kamei </strong>s'est par la suite défendu d'avoir réalisé un film contre la guerre — pourtant, vu d'aujourd'hui, impossible d'y voir autre chose qu'une dénonciation. Une part du docu est certes consacrée aux tâches courantes, nettoyage des fusils, organisation des offensives, recherche de la nourriture (les soldats meurent d'envie de manger des légumes frais), et manœuvres militaires diverses. Mais il y a principalement le tableau d'une armée décrépie, avec des intertitres presque triomphaux qui contrastent ironiquement avec l'état de délabrement des images qui illustrent le propos : difficile de dire le niveau de conscience vis-à-vis de cette dissonance. Comment ne pas ressentir une critique dans la description "des enfants dont les maisons ont été incendiées", "parade devant un drapeau militaire en lambeaux", ou encore le côté tragique de cette lettre envoyée par la femme d'un soldat dont elle ignore la mort, lue par un camarade ?</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/soldats_au_combat/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Soldats-au-combat-de-Fumio-Kamei-1939#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1243Under the Sun (V paprscích slunce), de Vitaly Mansky (2016)urn:md5:0912ea0d0cc7e52783784f6c844dd3212023-09-26T17:25:00+02:002023-09-26T17:25:00+02:00RenaudCinémaCorée du NordDocumentaireMensongePropagande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.under_the_sun_m.jpg" alt="under_the_sun.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Illustration formatée du formatage</strong></ins></span></div>
<p>Le dispositif du documentaire de <strong>Vitaly Mansky </strong>n'est pas entièrement dévoilé au début de <ins>Under the Sun</ins>, et il faudra être patient, quelque temps — grosso modo la scène du repas ou les différentes répétitions sont clairement explicitées pour la première fois — avant que l'on comprenne tous les tenants et aboutissants. Le concept aurait pu être intéressant et percutant : dans la limite de ce qu'il est possible de faire dans le cadre d'un documentaire censé représenter une famille ordinaire de Corée du Nord (une exigence du régime, une famille bien entendu pas du tout représentative puisque tout est mis en scène, les activités, les activités professionnelles, les déambulations), l'équipe réduite de tournage s'est arrangée pour laisser tourner une caméra entre les scènes et enregistrer le processus de mise en scène : essentiellement il s'agit d'un homme expliquant aux gens ce qu'ils doivent dire, faire, et donc penser. Derrière un tel projet, en sous-main de la part du réalisateur, il y a donc un travail de dissimulation de cartes mémoires, de montage dans le dos du gouvernement nord-coréen, etc. pour aller au-delà de l'encadrement extrêmement strict imposé, à savoir une absence de liberté de mouvement et de sujet.</p>
<p>Si ce mensonge avait pu fournir quelque chose de substantiel, pourquoi pas. Déloyal, mais de bonne guerre aurait-on pu dire. Mais ici franchement, sur 1h50, on répète inlassablement la même chose pour ne dire vraiment pas grand-chose qu'on ne sache pas déjà... Côté pile, il y a bien sûr toute la dimension de propagande avec le régime qui a insisté pour montrer l'ampleur de l'Union coréenne des enfants, un jour férié important, avec l'enrôlement de la jeunesse censé montrer une société idéale. Mais côté face, en révélant la mise en scène des autorités, le documentaire ne parvient pas vraiment à se faire pertinent. Certes on voit comment tout est orchestré, que tout est faux, que rien n'est spontané. Mais honnêtement les images de ces moments volés n'étaient pas vraiment nécessaires pour le faire ressentir et pour enfoncer le clou de stéréotypes largement connus. Déjà, le message en préambule était suffisamment parlant : "The script of this film was assigned to us by the North Korean side. They also kindly provided us with an around-the-clock escort service, chose our filming locations and looked over all the footage we shot to make sure we did not make any mistakes in showing the life of a perfectly ordinary family in the best country in the world". Un message parfaitement et suffisamment clair.</p>
<p>Parmi les points noirs, une musique très pompeuse un peu trop présente, beaucoup de gros plans qui ne savent pas du tout se faire subtils ou intimistes, et des stéréotypes un peu lourds à l'instar de la petite fille qui n'arrive pas à citer un exemple d'événement joyeux. Formaté dans l'illustration du formatage, artificiel dans la vision de l'artifice, et assez pauvre finalement sur le projet du réalisateur qui souhaitait faire un film sur un objet similaire à l'Union Soviétique, comme une machine à remonter le temps.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Under-the-Sun-de-Vitaly-Mansky-2016#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1239Terre et soldats, de Tomotaka Tasaka (1939)urn:md5:38d5f172ac00b99af39aec9e9901e3c92023-01-09T21:58:00+01:002023-01-09T21:58:00+01:00RenaudCinémaGuerreJaponMilitairePropagande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.terre_et_soldats_m.jpg" alt="terre_et_soldats.jpg, déc. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La guerre, la guerre, la guerre<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>En matière de cinéma de propagande de guerre, on cite très souvent tout ce que l'industrie hollywoodienne ou le régime soviétique ont pu proposer, dans des sensibilités et des objectifs bien distincts, mais le Japon dispose d'un corpus non-négligeable et même au-delà du passage obligé qui englobe la Seconde Guerre mondiale. <ins>Terre et soldats</ins> a ainsi été produit dans les années 30, très peu de temps après le conflit (initié en 1931 et terminé en 1945 suite à l'intervention de l'armée russe) en question et sur les vrais champs de bataille de Mandchourie. L'objectif était vraisemblablement de sensibiliser la société japonaise aux conditions de vie des soldats au front en Chine.</p>
<p>Le résultat est assez surprenant, à la fois très simple, très original, et très clivant. Deux heures intégralement consacrées à un compte-rendu immersif de combats depuis le terrain, aux côtés des troupes japonaises, au jour le jour, et parfois même avec l'impression de se dérouler en temps réel. Il n'y a que ça : des soldats qui marchent, qui avancent dans des conditions difficiles, qui tirent et délogent les ennemis de leurs positions défensives. Une vision très singulière, détachée de tout héroïsme individuel et clairement attachée à retranscrire un esprit de groupe, avec des combats succédant aux combats. De temps en temps, une scène de repos fait office de répit : les soldats se reposent, blaguent, lavent la boue de leurs vêtements avant de repartir. De temps en temps, un blessé, mais pas de sang. De temps en temps, un écart à la norme qui pourrait être comique en dehors de tout contexte militaire, avec par exemple un soldat qui s'endort en marchant et qui tombe à l'eau.</p>
<p>Deux heures de combats intenses, donc, alors que l'ennemi sera invariablement invisible. Deux heures d'affrontements mais filmés à une échelle presque microscopique, sans qu'on ne voie la portée de telle ou telle opération : des bunkers sont nettoyés à la grenade, des ouvertures sont créées dans les murs à coups d'armes lourdes, des ponts mobiles sont déployés sous un orage de mitrailleuses, mais il faut attendre presque la fin pour réaliser la réussite de la mission. Pas de tanks, pas de grandes manœuvres, juste des soldats qui avancent lentement dans un style presque documentaire et avec des dialogues extrêmement parcimonieux. Une épreuve assez rude qui prend la forme d'un exercice de style âpre, sec, tendu, et unique en son genre.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.img1_m.png" alt="img1.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.img2_m.png" alt="img2.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.img3_m.png" alt="img3.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.img4_m.png" alt="img4.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.img5_m.png" alt="img5.png, déc. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_et_soldats/.img6_m.png" alt="img6.png, déc. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Terre-et-soldats-de-Tomotaka-Tasaka-1939#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1099Ce que vaut une vie, de Mathias Delori (2021)urn:md5:84247d2159c3b52d6a66f561c61dc20c2022-05-24T14:39:00+02:002022-05-24T13:41:02+02:00RenaudLectureEtats-UnisFranceMilitairePropagandeTerrorismeViolence <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/ce_que_vaut_une_vie/.ce_que_vaut_une_vie_m.jpg" alt="ce_que_vaut_une_vie.jpg, mars 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La valeur de la violence<br /></strong></ins></span>
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<p>Extraordinaire travail d'analyse, de déconstruction et de théorisation de la violence libérale, comparable à mon sens à l'effort de <strong>Chomsky </strong>et <strong>Herman </strong>dans les années 80 sur <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fabrication-du-consentement-de-Noam-Chomsky-et-Edward-Herman-1988"><ins>La Fabrication du consentement</ins></a> et leur analyse de la propagande médiatique étatsunienne, à destination ici des professionnels de la guerre de l'espace euro-atlantique — un terme que <strong>Mathias Delori </strong>préfère à celui de "espace occidental", pour ce qu'il renvoie déjà en matière d'opposition avec l'Orient. L'auteur met en œuvre une réflexion franchement passionnante sur la conceptualisation d'une violence qui serait considérée comme légitime, justifiée, nécessaire, par opposition avec d'autres formes de violence discréditées de facto.</p>
<p>La violence "légitime" dont il est question ici, c'est celle que l'on connaît bien pour l'entendre à longueur de journaux, les fameuses "frappes chirurgicales" qui laissent supposer que les dégâts collatéraux (potentiellement humains) sont inexistants, la "mise hors d'état de nuire" de divers personnages pour ne pas parler d'assassinat perpétré dans le cadre d'une légalité définie à cet effet, et tout l'arsenal du contre-terrorisme reposant sur la torture que l'on connaît trop bien, à l'instar du waterboarding. <strong>Delori </strong>démontre avec une pertinence et une finesse remarquables à quel point la construction de cette violence repose sur une démarche de justification passant par la réification totale de populations entières, reléguées dans la case des conséquences secondaires négligeables. Les passages du livre reposant sur des entretiens avec des pilotes de chasse sont assez édifiants et montrent à quel point leur travail leur paraît rationalisé, inéluctable, essentiel, et fondamentalement juste. Tout repose sur la valeur d'échange associée aux vies humaines, et bien entendu sa gigantesque variabilité selon qu'il s'agit de vies proches et familières ou bien de vies reléguées dans un ailleurs lointain et flou. Il y a les innocents d'ici et les innocents de là-bas, et tous ne sont pas égaux face aux bombardements aériens ou à la torture.</p>
<p><strong>Delori </strong>va bien au-delà du simple constat que le contre-terrorisme guerrier s'avère plus meurtrier que le mal qu'il souhaitait combattre, au-delà de la violence terroriste qu'il nourrit en retour, et s'intéresse aux mécanismes politiques, institutionnalisés, qui permettent d'expliquer l'insensibilité écrasante de nos sociétés face à cela. Il souligne ici un point aveugle des études actuelles. La hiérarchisation de la valeur de la vie humaine, plus que leur négation, est vraiment la clé de voûte des discours militaires contemporains, en écho avec les travaux de <strong>Grégoire Chamayou</strong> (<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Theorie-du-drone-par-Gregoire-Chamayou-2013">Théorie du drone</a></ins>). <ins>Ce que vaut une vie</ins> décortique avec minutie les trois grands piliers de cette violence guerrière qui bénéficie de l'appui de la loi (reposant sur les principes de 1) la non-intentionnalité de donner la mort à des civils, 2) la maîtrise de la force employée, et 3) la légalité du cadre d’intervention) et met en lumière des mécanismes de croyance, notamment en matière de jus in bello (une sorte de garantie morale) et de réflexion utilitariste en termes de moindre mal. Un grand pas de côté pour mieux comprendre les rapports ambivalents, paradoxaux, nonchalants et volontairement distanciés qu'entretiennent les sociétés libérales à la violence.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ce-que-vaut-une-vie-de-Mathias-Delori-2021#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1047Un clou dans la botte, de Mikhaïl Kalatozov (1931)urn:md5:62e324a7da3412d2a8269f3e43cb691c2022-03-04T12:35:00+01:002022-03-04T12:42:24+01:00RenaudCinémaKaneto ShindōLuis BuñuelMikhaïl KalatozovProcèsPropagandeRussieTrain <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/clou_dans_la_botte/.clou_dans_la_botte_m.jpg" alt="clou_dans_la_botte.jpg, fév. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Agitprop de ferrailleur <br /></strong></ins></span>
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<p>Plus je parcours leurs filmographies respectives et plus je trouve que l'expression formaliste radicale de <strong>Mikhaïl Kalatozov </strong>et celle de <strong>Kaneto Shindō </strong>entrent en résonance, comme un parallèle entre la Russie soviétique et le Japon avec comme dénominateur commun temporel les années 50/60. C'est la simplicité extrême du scénario de <ins>Un clou dans la botte</ins> qui m'a rappelé l'équivalent du côté de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-ile-nue-de-Kaneto-Shindo-1960"><ins>L'Île nue</ins></a> notamment, où comment un soldat se retrouve jugé au tribunal pour avoir failli dans sa mission à cause d'un clou ayant transpercé sa semelle. Bien sûr les modes d'expression cinématographiques, s'ils se rejoignent dans la forme, n'ont aucune base commune : aucune trace de propagande chez le réalisateur japonais, là où les débuts de <strong>Kalatozov </strong>sont charpentés par les ordres soviétiques — quand bien même il aurait essuyé des mouvements de censure, particulièrement dans les années 20 et 30.</p>
<p>Ce formalisme-là, étonnamment en première intention, n'était pas apprécié par le régime soviétique : s'il y a la radicalité d'un discours de propagande, on peut comprendre que les accents surréalistes qui pourraient rappeler un <strong>Buñuel </strong>par exemple ne soient pas au goût de la censure. Reste un film qui donne une vision pas éminemment glorieuse du soldat soviétique, puisque le héros échoue dans sa mission à cause d'un vulgaire clou. Là où toute la première partie est dévouée à la démonstration de la puissance de feu d'un train militaire, la seconde s'empare de la question de la faute avec un procès typiquement stalinien : le soldat est accusé d'avoir failli, d'avoir déçu sa mère patrie, et d'avoir laissé ses camarades restés dans le train périr dans une attaque au gaz. Un renversement de situation plutôt improbable retourne cependant la conclusion : la faute revient en fait aux fabricants de chaussures, pardi ! Si le clou a traversé la botte, c'est parce qu'elles n'étaient pas bien confectionnées ! On aurait pu célébrer les fabricants de clou ceci dit, m'enfin... Le message est clair : tout comme les soldats au front, tous ceux qui restent à l'arrière doivent donner leur maximum.</p>
<p>On retrouve du début à la fin le moteur de ce formalisme si particulier, ce montage percutant, frénétique, parallèle, asséné avec force pour inciter à la cohésion de la population. Le schéma est simple : une pauvre petite botte défectueuse et c'est tout un arsenal national qui peut périr. Mais en dépit de cette simplicité acharnée — un peu trop excessive à mon goût, dois-je avouer — j'adore toujours autant la dynamique de l'emballement retranscrite en langage visuel follement éloquent. Encore un morceau d'agitprop pure et dure, et mention spéciale, tout de même, à ce train blindé particulièrement photogénique.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/clou_dans_la_botte/.img1_m.png" alt="img1.png, fév. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/clou_dans_la_botte/.img2_m.png" alt="img2.png, fév. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/clou_dans_la_botte/.img3_m.png" alt="img3.png, fév. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-clou-dans-la-botte-de-Mikhail-Kalatozov-1931#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1037Le Sel de Svanétie, de Mikhaïl Kalatozov (1930)urn:md5:2d18c52014775c8b66e1acbceae6e5a42022-01-30T13:14:00+01:002022-01-30T13:14:00+01:00RenaudCinémaGéorgieMikhaïl KalatozovPaysanPropagandeReligionRevisionnageRussie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sel_de_svanetie/.sel_de_svanetie_m.jpg" alt="sel_de_svanetie.jpg, mai 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Symbolisme, ethnographie et propagande<br /></strong></ins></span></div>
<p><em>Première publication le 22/06/2021.</em></p>
<p>Trente ans avant l'exploration périlleuse de la taïga sibérienne dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Lettre-inachevee-de-Mikhail-Kalatozov-1959"><ins>La Lettre inachevée</ins></a>, <strong>Mikhail Kalatozov </strong>s'était donc déjà fendu d'une œuvre apparentée, à caractère documentaire, en immersion dans les montagnes de Svanétie. Dans cette région isolée au cœur des hauts plateaux géorgiens, il n'y a quasiment qu'une chose qui intéresse l'œil du réalisateur soviétique : la dureté des conditions de vie de ces montagnards qui vivent coupés de tout. Force est de constater qu'au début du XXe siècle, au-delà de la composante propagandiste qui usera de tous les pouvoirs de la mise en scène pour le souligner, la vie dans ces montagnes s'inscrivait manifestement dans la lignée des siècles qui précédaient. La lutte contre les éléments est féroce, l'oppression des autorités seigneuriales locales est bien présente, mais <ins>Le Sel de Svanétie</ins> réserve tout de même une grande partie de sa courte durée à la description méthodique des gestes artisanaux de cette communauté rurale.</p>
<p>De ce point de vue-là, c'est un régal. Pour qui apprécie ce segment cinématographique, à la croisée de la paysannerie d'un autre temps et de la poésie symbolique du cinéma soviétique, le film sera un moment d'intense bonheur. On est à l'époque du muet bien affirmé, doté de la technique déjà bien rodée du côté d'<strong>Eisenstein </strong>et consorts, et <strong>Kalatozov </strong>fait un excellent usage du montage, des gros plans, des décadrages, des inclinaisons, de la répétition, de la suggestion, des symboles. <ins>Le Sel de Svanétie</ins> sort la même année que <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Terre-de-Alexandre-Dovjenko-1930"><ins>La Terre</ins></a> d'<strong>Alexandre Dovjenko </strong>et les correspondances sont nombreuses au sein de cette avant-garde russe. S'il est clairement montré que la vie des montagnards dépend de leur approvisionnement en sel, transporté à dos d'hommes le long de chemins enneigés dangereux, il met tout son savoir-faire technique au service du portrait des coutumes.</p>
<p>Ainsi voit-on défiler, dans ce village orné d'imposantes tours de défense, des hommes et des femmes entourés d'animaux dans leurs tâches quotidiennes. La défense du village du haut des tours, la récolte de la laine de mouton et le tissage pour confectionner habits et chapeaux, l'élevage ovin et bovin, le passage d'un pont suspendu, la coupe traditionnelle des cheveux, la récolte de l'orge, les carrières schisteuses où des travailleurs typiquement soviétiques filmés en contre-plongée extraient des ardoises pour construire les toits des habitations. À l'image de <ins>La Terre</ins> où des paysans pissaient gaiement dans le réservoir d'un tracteur, les villageois urinent sur des pierres que viendront plus tard lécher des vaches : une illustration parmi beaucoup d'autres de l'importance du sel (ici contenu dans l'urine) pour les hommes et les bêtes. De la même façon, une chèvre lèche le cou plein de sueur salée de ceux qui s'endorment, un chien lèche le corps recouvert de placenta salé d'un nouveau-né.</p>
<p>Entre deux péripéties climatiques, entre la neige soudaine qui frappe les champs en été et l'attente toute dramatique des femmes et des vieux scrutant l'horizon après le départ des hommes partis chercher le précieux sel, l'influence de la doctrine soviétique se fait surtout sentir dans deux segments. La toute dernière séquence, d'abord, montrant la construction d'une route pour relier le village à la civilisation et rompre enfin l'isolement de cette population : un rouleau compresseur ceint de banderoles et de valeureux travailleurs soviétiques, abattant des arbres centenaires et brisant d'immenses roches, attestent vigoureusement cette volonté. Mais c'est surtout dans l'illustration de la barbarie des rites religieux, figés dans des traditions ancestrales, que la propagande se fait la plus saillante, en montrant la nécessité absolue de ramener ces gens dans le giron soviétique. À la rudesse des conditions de vie s'ajoute ainsi la cruauté de l'enterrement d'un riche villageois : on sacrifie une vache pour que son sang irrigue la terre de sa tombe, on pousse un cheval au galop jusqu'à ce que son cœur éclate, et une femme enceinte se trouve répudiée (chaque nouvelle naissance est considérée comme une malédiction) tandis qu'elle accouche dans la douleur. Un montage parallèle intensément dramatique montre la tête du cheval agonisant et l'enfant mort-né dans un même mouvement, à l'image de la mère criant désespérément "de l'eau !" tandis que des gens étanchent goulument leur soif de l'autre côté du village. Pendant ce temps, on dépose des kopeks sur le crucifix posé sur le cercueil du mort qu'une main avide rassemblera. Le constat est clair : le combat contre la nature est aussi inévitable que la transition vers la civilisation. Soviétique, cela va de soi.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sel_de_svanetie/.01_svanetie_m.jpg" alt="01_svanetie.jpg, mai 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sel_de_svanetie/.02_tir_m.jpg" alt="02_tir.jpg, mai 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sel_de_svanetie/.03_troupeau_m.jpg" alt="03_troupeau.jpg, mai 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sel_de_svanetie/.04_neige_m.jpg" alt="04_neige.jpg, mai 2021" />
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<p><em>Deuxième publication le 30/01/2022.</em></p>
<p>Il ne s'agit pas du tout d'un documentaire au sens strict, mais plutôt d'une ethnofiction dont l'origine remonte à un projet de fiction avorté en 1929, mis au placard par la censure soviétique. Kalatozov retournera en Svanétie pour exploiter la nature de la région, sa photogénicité, et la dureté de ses conditions de vie.</p>
<p>En termes d'habillage sonore, on est à la limite de ce que produisent les restaurations contemporaines en matière de cinéma soviétique. Ni hors sujet, ni en phase avec le contenu, comme si la dose de drogue prise par les personnes en charge de ce travail sur le son avait été trop forte ou trop faible.</p>
<p>30 ans avant sa période la plus réputée et plus sensible ("Quand passent les cigognes" en 1957, "La Lettre inachevée" en 1960, "Soy Cuba" en 1964), Kalatozov était beaucoup plus formaté (voire contraint) par la propagande soviétique dans un film célébrant ouvertement la magie émancipatrice du stalinisme.</p>
<p>De la même manière que le montage typiquement soviétique structure fortement le visionnage (on sent bien l'influence d'un Dovjenko type "La Terre" 1930 ou "Arsenal" 1929 et d'un Eisenstein qui a déjà réalisé à cette époque "La Grève" 1925, "Le Cuirassé Potemkine" 1925, "Octobre" 1927, et "La Ligne générale" 1929), le film mûrit en mémoire à travers ses plans fixes, un peu comme s'il ne restait au final que des photographies. Une quantité indénombrable de plans à couper le souffle.</p>
<p>3 principaux temps : 1) la présentation du contexte, de l'enclave, des raisons qui ont poussé ces gens à se défendre, 2) la description des conditions de vie, des habitudes paysannes, des gestes artisanaux, et 3) l'impérieuse nécessité de la civilisation soviétique pour l'émancipation des peuplades locales, dans le but de les protéger des seigneurs sanguinaires, des religieux corrompus, des riches qui accaparent tout.</p>
<p>Le sel éponyme n'est qu'un fil rouge assez ténu, présenté avant tout comme un besoin pour le bétail, donnant lieu à quelques scènes mémorables (l'urine contre un mur, le placenta du bébé).</p>
<p>Le rapport de l'homme à l'animal : producteur d'une matière première essentielle (la laine de mouton), force de travail (les bœufs pour tirer les charrettes, travailler le sol, égrainer l'orge), et objet rituel (sacrifice lors de cérémonies funéraires).</p>
<p>Au final, le progrès est amené à coups de pioche, de dynamite et de rouleau-compresseur : de l'agitprop par excellence. Le combat de l'homme contre la nature est présenté ici comme le résultat d'une aliénation, en l'absence de civilisation.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Sel-de-Svanetie-de-Mikhail-Kalatozov-1930#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/974Tempête sur l'Asie, de Vsevolod Poudovkine (1928)urn:md5:47817cf235a223ee35d3f26a02e7e5a62021-12-30T11:55:00+01:002021-12-30T11:55:00+01:00RenaudCinémaCinéma muetCommunismePropagandeTibetVsevolod Poudovkine <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tempete_sur_l_asie/.tempete_sur_l_asie_m.jpg" alt="tempete_sur_l_asie.jpg, nov. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Candide révolutionnaire<br /></strong></ins></span>
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<p>Même si pour l'instant le style et l'éloquence de <strong>Vsevolod Poudovkine </strong>ne me convainquent pas entièrement et avec autant de force ou de spontanéité que ses compatriotes soviétiques contemporains, je dois reconnaître une originalité claire dans le registre du cinéma muet de propagande soviétique. En positionnant ici le discours assez loin de la réalité historique (très différent de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fin-de-Saint-Petersbourg-de-Vsevolod-Poudovkine-1927">La Fin de Saint-Pétersbourg</a></ins> donc, en prise avec la révolution d'Octobre), loin historiquement et géographiquement, <ins>Tempête sur l'Asie</ins> prend de la distance mais conserve un certain systématisme dialectique en le transposant sur les terres mongoles au début des années 1920 (occupée par l'armée britannique dans cette fiction). Un récit aux confins d'un royaume, en quelque sorte, dans le Far East, centré sur la destinée d'un nomade interprété par <strong>Valery Inkijinoff</strong>.</p>
<p>Un cadre aussi ambitieux, de par la fresque qu'il embrasse, que minimaliste, dans les valeurs qu'il développe — le cadre étriqué, forcément, du film de propagande avec son lot de manichéismes divers. L'Européen perfide et corrupteur, et le rebelle fait prisonnier pour avoir rejoint la résistance, en l'occurrence sauvé in extremis de la mise à mort grâce à un artéfact qui aurait appartenu à Gengis Khan : ce qui fera de lui à la fois le grand héritier du peuple et le parfait objet instrumentalisé par les étrangers pour détourner le peuple du communisme. Pas de suspense évidemment, il parviendra à se défaire de ces liens aliénants et rejoindra la lutte pour l'émancipation dans une séquence finale qui n'a rien à envier au cinéma de <strong>Griffith </strong>— référence peut-être un peu tirée par les cheveux mais une chevauchée soviétique sur les terres mongoles en rappelle une autre dans <ins>The Birth of a Nation</ins>...</p>
<p>Le point le plus original du film se trouve majoritairement du côté des passages quasi documentaires sur la vie monastique au Tibet des années 1920, des images littéralement uniques puisque <strong>Poudovkine </strong>a obtenu l'accord du dalaï-lama pour tourner dans une lamaserie et récolter des images de cérémonies bouddhistes. <strong>Valery Inkijinoff </strong>incarne donc un personnage-réceptacle de la prise de conscience révolutionnaire, à la fois candide et révolté, balloté entre les différentes parties pour finir ardent défenseur de la cause nationale contre les injustices et l'impérialisme. Et, bien sûr, contre le pouvoir tsariste montré comme illégitime.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/tempete_sur_l_asie/.malade_m.jpg" alt="malade.jpg, nov. 2021" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Tempete-sur-l-Asie-de-Vsevolod-Poudovkine-1928#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1017