Je m'attarde - Mot-clé - Robert Aldrich le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearEn quatrième vitesse, de Robert Aldrich (1955)urn:md5:d060056925f3bfd71ddac59920ef97f42022-06-06T09:24:00+02:002022-06-06T09:24:00+02:00RenaudCinémaCorruptionFilm noirMystèreParanoïaPeurRobert Aldrich <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_quatrieme_vitesse/.en_quatrieme_vitesse_m.jpg" alt="en_quatrieme_vitesse.jpg, févr. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Noir de Pandore<br /></strong></ins></span>
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<p>Excellente surprise que je n'attendais absolument pas ou plus chez <strong>Robert Aldrich</strong>, positionnée au début de sa carrière, dans un registre — le film noir légèrement dégénéré — où je ne l'avais jamais vu auparavant. À mi-chemin entre le film noir à proprement parler et la série B de qualité, tous les éléments sont là pour mettre à l'aise les amateurs du genre : un détective privé, une femme qui disparaît mystérieusement, des morts à la pelle, et surtout un MacGuffin qui semble être la définition même du terme tant l'objet que toutes les parties (protagonistes, policiers et malfrats) convoitent brillera par son absence et par son grand potentiel en toute fin de film.</p>
<p>Le film commence de manière presque classique, avec une enquête opérée par Mike Hammer après une scène d'introduction bizarre — une femme surgit dans la nuit, "<em>remember me</em>", générique anormal, ils sont assommés et on essaie de les tuer, étrange — et une investigation se faisant de plus en plus obscures, les enjeux le dépassant clairement. <strong>Aldrich </strong>sème énormément de fausses pistes et de faux semblants, pour finalement converger vers un secret dont l'effet pourra énormément surprendre, quelque chose qui n'arrive malheureusement que très rarement. Je ne l'ai pas vu venir, le "Manhattan Project - Los Alamos - Trinity", et les deux aperçus que l'on a de la mystérieuse boîte, un premier très bref et un second tragique, sont d'une efficacité redoutable.</p>
<p>Film noir témoin des angoisses de son époque par excellence, sur fond de Guerre froide et de boîte de Pandore dans une de ses acceptions les plus pragmatiques que je connaisse au cinéma. La corruption et l'amoralité sont omniprésentes, au moins autant que les cadavres qui s'accumulent sur le chemin de Hammer, et le film parvient à frapper très fort à ses deux extrémités, dans les séquences inaugurale et finale. Absolument zéro romantisme ici, l'ambiance n'est faite que de violence et de paranoïa, et d'un mystère qui a parfois été comparé à <strong>Lynch</strong>.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_quatrieme_vitesse/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, févr. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_quatrieme_vitesse/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, févr. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/en_quatrieme_vitesse/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, févr. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/En-quatrieme-vitesse-de-Robert-Aldrich-1955#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1045Vera Cruz, de Robert Aldrich (1954)urn:md5:f7327c3a88f75336a8c7042c4a999cea2020-06-07T12:19:00+02:002020-06-07T11:48:01+02:00RenaudCinémaBurt LancasterCharles BronsonErnest BorgnineGary CooperMexiqueRobert AldrichWestern <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vera_cruz/.vera_cruz_m.jpg" alt="vera_cruz.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Ben Trane. I don't trust him. He likes people, and you can never count on a man like that."</strong></ins></span>
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<p>Malgré ses défauts logés dans la trame d'un scénario aux rebondissements sacrément tarabiscotés, <ins>Vera Cruz</ins> donne tout de même un peu le vertige dans le semi-bouleversement des codes qu'il propose, dans un genre archi balisé dans les années 50, et ce 15 ans avant que <strong>Peckinpah </strong>dynamite le western pour de bon avec <ins>The Wild Bunch</ins> en 1969. Autre particularité intéressante, <strong>Robert Aldrich </strong>met sur le devant de la scène l'histoire française au Mexique, à travers la personne de l'empereur Maximilien : le film tournera essentiellement autour d'une escorte qui doit convoyer (entre autres) la femme de l'empereur jusqu'à la ville de Vera Cruz.</p>
<p>Le cadre historique et géopolitique retenu est sans doute ce qui a poussé <strong>Aldrich </strong>a insérer autant d'ambivalences (toutes proportions gardées) dans un genre habitué jusqu'alors aux archétypes manichéens : on est au lendemain de la guerre de Sécession, et <strong>Gary Cooper </strong>tout comme <strong>Burt Lancaster</strong> incarnent deux anti-héros notoires, deux aventuriers principalement attirés par le magot, bien plus que par une quelconque cause (qui sera portée par la droiture d'un autre personnage, du côté des Mexicains). Le personnage de <strong>Gary Cooper</strong>, Benjamin Trane, restera toutefois le gardien de la morale dans les tous derniers instants, mais celui de <strong>Burt Lancaster</strong>, Joe Erin, n'aura eu de cesse de travailler sa loyauté. Avec son sourire carnassier d'un blanc éclatant, contrastant avec la poussière et la crasse environnantes, il compose un personnage vraiment attachant.</p>
<p>Un western de rupture, penché sur la truculence, saupoudré d'un baroque presque imperceptible vu d'aujourd'hui, annonçant donc la contre-culture et le spaghetti — en témoigne, indirectement, la présence de <strong>Charles Bronson </strong>voire même la trombine de <strong>Ernest Borgnine</strong>. L'avidité et l'hypocrisie règnent en maître, et sans doute un peu trop si on en juge les péripéties dignes d'un film d'aventures un peu trop concentré sur sa dynamique du rebondissement et de l'instabilité à tout prix. <strong>Aldrich </strong>entend assez clairement s'atteler à une tâche de démythification, et c'est en cela qu'on est poussé à fermer les yeux sur certaines grosses ficelles scénaristiques. Un sacré bordel, tout de même. Et quelques très belles idées visuelles, aussi, comme ces rotations à 360° découvrant l'encerclement des protagonistes par des centaines de juaristes postés en hauteur.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vera_cruz/.cooper_lancaster_m.png" alt="cooper_lancaster.png, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Vera-Cruz-de-Robert-Aldrich-1954#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/787Les Douze Salopards, de Robert Aldrich (1967)urn:md5:1087691fd023255f4dc8c9947fa7bd6a2018-02-11T14:57:00+01:002018-02-11T15:11:51+01:00RenaudCinémaCharles BronsonDonald SutherlandErnest BorgnineGeorge KennedyGuerreJohn CassavetesLee MarvinRobert AldrichSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/douze_salopards/.douze_salopards_m.jpg" alt="douze_salopards.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="douze_salopards.jpg, fév. 2018" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Douze hommes en colère</strong></ins></span>
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<p>Je ne connais pas bien <strong>Robert Aldrich</strong> et <ins>Les Douze Salopards</ins> m'en dresse un portrait (partiel) assez clair : le genre à ne pas faire dans la dentelle et à asséner son coup avec une frontalité tout à fait assumée. Il y a de l'exagération dans la description de quasiment tous les personnages mais, étonnamment, ce trop-plein de verve ne vire pas pour autant à la caricature, chose qu'on attendait presque dans le registre du film de guerre. Mieux, <strong>Aldrich </strong>fait preuve d'un certain anti-manichéisme tout à fait surprenant, en manipulant avec plus de soin que prévu des situations ambigües et des intentions on ne peut plus troubles. Que ce soit chez les douze du titre ou chez leurs généraux, il est bien difficile de deviner la trajectoire qu'ils vont suivre, qui va se révéler complétement fou, qui va rester intègre, qui va tenter de se rebeller, qui va faire semblant de ne rien voir, etc. C'est un film bien étrange ce point de vue-là.</p>
<p>On est tellement loin du film d'opération commando américain classique... Exit les nobles protagonistes et les valeureux soldats prêts à se sacrifier pour la cause de la nation, place à la raclure qui peuple les prisons militaires. C'est un début qui bouscule vigoureusement tous les repères qu'on peut avoir en la matière. Le ton est dès le début très amer, en filmant de manière extrêmement froide l'exécution d'un détenu par pendaison, et le film poursuivra sa route en direction d'un discours anti-belliciste totalement désabusé, très loin de quelque forme d'héroïsme que ce soit, flirtant même avec un nihilisme brutal par moments (bien au-delà de <ins>La Colline des hommes perdus</ins> de <strong>Sidney Lumet</strong>, cf. <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Colline-des-Hommes-Perdus%2C-de-Sidney-Lumet-%281965%29">ce billet</a>). La galerie de têtes connues (<strong>Lee Marvin</strong>, <strong>Ernest Borgnine</strong>, <strong>Charles Bronson</strong>, <strong>John Cassavetes</strong>, <strong>Donald Sutherland </strong>[dans un rôle de fou qui préfigurera celui dans <ins>De l'or pour les braves</ins>, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/De-l-or-pour-les-braves-de-Brian-G-Hutton-1970">chroniqué ici</a>, trois ans plus tard], <strong>George Kennedy</strong>, etc.) ne change rien à cette brutalité, en dépit des nombreuses séquences comiques et presque bon enfant qui ponctuent régulièrement le récit.</p>
<p>Voir ce film après le <ins>Inglourious Basterds</ins> de <strong>Tarantino </strong>permet de discerner deux démarches radicalement différentes, tant la bande d'assassins et autres condamnés ne trouve d'égal ici que dans la figure des généraux haut placés, d'un cynisme effrayant. Personne n'endosse les habits du héros, à aucun moment la Seconde Guerre mondiale ne ressemble à un événement "cool". Malgré la démesure du projet, à savoir faire exploser un château avec un joli gratin de dirigeants nazis à l'intérieur avant le Débarquement, jamais l'entreprise ne paraît judicieuse, méritée ou héroïque. La dernière partie est à ce titre d'une rare violence, une immense boucherie dans les deux camps, tellement vaine, malmenant les archétypes hollywoodiens dans la lutte contre la nazisme. On finit par se demander qui sont les plus fous ou les plus cruels, lorsque le commando jette des litres d'essence et des dizaines de grenades dans les sous-sols, à travers les conduits d'aération, où se sont réfugiés les Allemands du château, avec femmes et enfants ostensiblement montrés. C'est une mise à mort longue, lente, compliquée, semée d'embûches, le point d'orgue d'un massacre difficilement acceptable.</p>
<div id="centrage"><img src="http://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/douze_salopards/.lee_marvin_m.jpg" alt="lee_marvin.jpg" title="lee_marvin.jpg, fév. 2018" /><br />
<img src="http://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/douze_salopards/.salopards_m.jpg" alt="salopards.jpg" title="salopards.jpg, fév. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/douze_salopards/.marvin_bronson_m.jpg" alt="marvin_bronson.jpg" title="marvin_bronson.jpg, fév. 2018" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Douze-Salopards-de-Robert-Aldrich-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/488