Je m'attarde - Mot-clé - Turquie le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearL'Affaire Cicéron, de Joseph L. Mankiewicz (1952)urn:md5:b9f8cc5e6b90dc540385b15db254886d2023-02-27T09:57:00+01:002023-02-27T09:59:02+01:00RenaudCinémaArrivismeBrésilDanielle DarrieuxEspionnageGuerreJames MasonJoseph L. MankiewiczMéprisPhotographieRio de JaneiroSeconde Guerre mondialeThrillerTurquieVanité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/affaire_ciceron/.affaire_ciceron_m.jpg" alt="affaire_ciceron.jpg, janv. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Maybe that's why I like my work. Counter espionage is the highest form of gossip."<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>On reconnaît très vite le style de <strong>Mankiewicz</strong>, plus que dans la mise en scène de <ins>L'Affaire Cicéron</ins> à proprement parler, au caractère raffiné du scénario et des dialogues (souvent composés par lui-même ou a minima auxquels il a participé) très écrits qui constituent des joutes oratoires à chaque échange, ou presque, entre deux personnages. Impossible de cuisiner ou de repasser du linge en même temps au risque de rater 10 secondes cruciales pour la compréhension de l'ensemble. Cette forme d'élégance n'est néanmoins pas satisfaisante en soi en toutes circonstances, et il m'est déjà arrivé de me retrouver quelque peu étranger aux déluges de "virtuosité", comme par exemple devant <ins>La Comtesse aux pieds nus</ins>. Sans engagement, sans accroche, sans immersion, si le fond ne paraît par entraîné par la forme, la complexité peut se noyer toute seule dans la plus belle eau.</p>
<p>Bonne nouvelle donc puisque <ins>L'Affaire Cicéron</ins> aka "5 Fingers" n'appartient pas à cette dernière catégorie à mes yeux. Il y a deux composantes principales à l'œuvre dans cette histoire d'espionnage : la partie presque thriller, au travers des agissements du personnage de <strong>James Mason </strong>au service d'un ambassadeur anglais à Ankara et livrant des photographies de documents secrets alliés aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et la partie plus sociologique, sur ce qu'elle révèle des rapports humains, de la vision très acerbe des intérêts particuliers ou de l'opportunisme écrasant qui semble régir les relations avec un personnage comme celui de <strong>Danielle Darrieux</strong>.</p>
<p>Je passerai rapidement sur une partie de la tension devenue désuète aujourd'hui, derrière une recherche évidente de réalisme qui s'est perdue avec le temps (l'introduction surtout, très datée). Il y a tout de même quelques passages efficaces de ce point de vue-là, comme notamment la séquence digne d'<strong>Hitchcock </strong>durant laquelle une femme de ménage fait capoter le plan de l'espion — il y a là un talent net dans la mise en scène du temps qui s'écoule, lentement, terriblement lentement même, la tension allant crescendo, avec une action parallèle en hors champ qui relève presque du split screen implicite : à ce moment-là, sans même s'en rendre compte, en espérant qu'il ne se fasse pas prendre, on est presque du côté de l'Axe.</p>
<p>En revanche, la chorégraphie du jeu de dupes entre les deux personnages principaux conserve toute sa saveur, et la double explosion de vanité qui se dégagera de la conclusion est intacte. Que ce soit l'un pour son arrivisme social ou l'autre pour son arrivisme financier, les deux personnages principaux forment un duo assez intéressant dans ce qu'il renferme de rapports de domination sous-jacents. Leurs destinées sont entremêlées, et bien plus fragiles que ce qu'on pourrait penser, tandis que leurs intérêts communs seulement en apparence finissent par éclater dans tous leurs antagonismes — sans le poids d'un jugement moral, c'est à noter. La révélation finale sur la duplicité conjointe des personnages, de simples pantins au final, avec le rire de <strong>Mason </strong>à Rio à la fois très théâtral et très communicatif, forme une conclusion ironique sur le mépris profond qui couvait derrière une relation courtoise uniquement en superficie.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/affaire_ciceron/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/affaire_ciceron/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/affaire_ciceron/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Affaire-Ciceron-de-Joseph-L.-Mankiewicz-1952#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1120Un an à vélo, d'Amsterdam à Singapour, de Martijn Doolaard (2017)urn:md5:0e10685c274c0ca00f5f21c66a3429a42019-03-08T10:36:00+01:002019-03-08T10:39:10+01:00RenaudLectureEuropeExplorationIndeIranKirghizistanMalaisieOuzbékistanPhotographieSingapourTadjikistanThaïlandeTurquieVoyageVélo <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.un_an_a_velo_m.jpg" alt="un_an_a_velo.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="un_an_a_velo.jpg, fév. 2019" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Plus on voyage, plus on se rend compte de l'immensité de ce qu'il nous reste à voir." <br /></strong></ins></span>
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<p>Ça lui a pris comme ça, <strong>Martijn Doolaard</strong>, un photographe et graphiste néerlandais : un jour, il a décidé de se poser. Mais pas n'importe quelle pause. Pas la pause de milieu de journée qui s'étale, pas la pause hebdomadaire du weekend, pas même la pause de plusieurs jours ou semaines pour aller se balader ou crapahuter en hauteur. Plutôt le genre de pause qui commence comme une idée de projet aussi vague que folle, et qui se termine par un périple de plus de 16 000 kilomètres d'Amsterdam à Singapour avec pour seul compagnon de voyage un vélo.</p>
<p>Mais <strong>Martijn </strong>n'avait pas du tout prévu ça. Son idée, à l'origine, c'était tout simplement de prendre le large, de quitter son cocon hollandais. Enfourcher son vélo sans autre direction que l'horizon à l'Est. Rouler vers l'Orient, rien de plus, rien de moins. Il savait qu'il s'embarquait dans un long voyage, il n'est pas pour autant parti sans s'équiper, se préparer, se renseigner un minimum ne serait-ce que pour les questions de visas qui se poseront de manière régulière tout au long de son parcours, à chaque frontière rencontrée au-delà de l'Union Européenne. Mais malgré cela, l'improvisation semble avoir toujours été le maître-mot de son voyage.</p>
<p>Rien ne l'avait préparé à la traversée des immenses plateaux sauvages à l'autre bout de l'Europe, à l'ascension des très hauts cols dans les montagnes du Moyen-Orient, aux aléas administratifs en Inde et dans les pays d'Asie du Sud-Est. Il n'avait pas prévu de de camper au beau milieu de la jungle parsemée de temples birmans incroyables, de parcourir des immenses lacs de sel à l'instar du Salar d'Uyuni, de croiser et recroiser autant de gens sur sa route. Au-delà des paysages renversants de diversité auquel le livre fait honneur (le format et la qualité des photos sont excellents), les rencontres rythment aussi son périple, entre les voyageurs perdus dans leur odyssée personnelle comme <strong>Martijn </strong>qui feront un bout de chemin ensemble, les marques d'hospitalité régulières, et même les aventures amoureuses qui font presque vaciller le projet, racontées de manière aussi sobre et pudique qu'intense et parfaitement intelligible. Un peu comme <strong>Bernard Ollivier</strong> dans sa <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Longue-Marche-de-Bernard-Ollivier-2000-2001-et-2003">Longue Marche</a></ins>, entre Istanbul et l'ancienne capitale chinoise Xi'an (distance de 12 000 kilomètres qu'il parcourut à pied en 4 ans, à raison de 3 ou 4 mois par an), l'histoire n'est jamais évoquée sous l'angle de l'exploit personnel.</p>
<p>Tout n'aura pas été rose, évidemment, on ressent à de nombreuses reprises des coups de mou, des doutes, des hésitations, des difficultés, voire même des dégoûts. Le livre se lit autant comme un récit photographique que comme un journal de bord, communiquant autant sur l'état d'esprit du voyageur, avec ses buts et ses faiblesses, que sur les surprises qui jalonnent inévitablement un tel parcours. On en aurait presque oublié la dimension renversante de l'épreuve. "<em>Plus on voyage, plus on se rend compte de l'immensité de ce qu'il nous reste à voir</em>" (<strong>Gunther W. Holtorf</strong>, célèbre voyageur allemand) : voilà un constat que l'on peut facilement partager, pour un récit qui donne férocement envie de foutre le camp. <strong>Martijn</strong>, depuis la parution de ce livre, a d'ailleurs déjà récidivé : il a cédé à <a href="https://www.espiritu-libre.com/" title="https://www.espiritu-libre.com/">de nouvelles pérégrinations</a>, toujours à vélo, et se trouve actuellement au Pérou, pour une expédition traversant tout le continent Américain, de Vancouver jusqu'en Patagonie.</p>
<p>Quelques caractéristiques techniques du voyage :
</p>
<ul>
<li>Distance totale parcourue à vélo : 16 032 km.</li>
<li>Distance maximale parcourue à vélo à partir d'un point fixe : 1136 km.</li>
<li>Dénivelé cumulé : 90 417 m.</li>
<li>Journées passées en selle : 212.</li>
<li>Vitesse maximale : 73 km/h.</li>
<li>Vitesse moyenne : 17 km/h.</li>
<li>Distance maximale parcourue en une journée : 154 km.</li>
<li>Point culminant : 3615 m (au Kirghizistan).</li>
<li>Altitude la plus basse : -22 m (mer Caspienne en Iran).</li>
<li>Poids de Martijn au départ : 80 kg.</li>
<li>Poids à l'arrivée : 68 kg.</li>
<li>Poids maximal du vélo : 62 kg.</li>
<li>Nombre de crevaisons : 7.</li>
<li>Nombre de changements de pneus : 2.</li>
<li>Nombre de chutes : 0.</li>
</ul>
<blockquote><p><br />Le monde s’endort<br />
Dans une chaude lumière.<br />
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,<br />
Luxe, calme et volupté. <br /><br />
<strong>Charles Baudelaire</strong>, extrait de <em>L'Invitation au voyage</em>, issu des <ins>Fleurs du mal</ins> (1857). </p>
</blockquote>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/map.jpg" alt="map.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="map.jpg, fév. 2019" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/matos.jpg" alt="matos.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="matos.jpg, fév. 2019" />
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.bagan_m.jpg" alt="bagan.jpg" title="bagan.jpg, fév. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.neige_m.jpg" alt="neige.jpg" title="neige.jpg, fév. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.velo_m.jpg" alt="velo.jpg" title="velo.jpg, fév. 2019" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.lac_m.jpg" alt="lac.jpg" title="lac.jpg, fév. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.plage_m.jpg" alt="plage.jpg" title="plage.jpg, fév. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/an-a-velo_d_amsterdam_a_singapour/.contrejour_m.jpg" alt="contrejour.jpg" title="contrejour.jpg, fév. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-an-a-velo-d-Amsterdam-a-Singapour-de-Martijn-Doolaard-2017#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/619More Iran, de Mohama Saz (2015)urn:md5:ef270e91cb185e7394fedb9f9592513f2018-11-23T09:24:00+01:002018-11-23T09:24:00+01:00RenaudMusique2010sEspagnePsychedelicRockTurquie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/mohama_saz/.more_iran_m.jpg" alt="more_iran.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="more_iran.jpg, nov. 2018" /><p><strong>Mohama Saz</strong>, c'est un souffle de Rock psychédélique aux consonances turques, qui s'est catalysé au-dessus de Madrid. Une fusion entre les rythmes tribaux de <strong>Tinariwen </strong>et l'ambiance psyché envoûtante de <strong>Goat</strong>, avec des sonorités andalouses saupoudrées un peu partout. Totalement captivé par cet album, par ces rythmes de guitare hypnotiques que le son d'une flûte ou d'une clarinette vient régulièrement ponctuer. Seuls quelques passages au chant ne sont pas tout à fait réussis, dans des chœurs notamment, mais ce n'est que passager (on dirait qu'il n'y a pas qu'un chanteur).</p>
<p>Extrait de l'album : <em>Condomina</em>.</p><div id="centrage"> <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/NrhaXq60fdM" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div>
<p>À écouter également, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=vIHQuqiGbO0" title="https://www.youtube.com/watch?v=vIHQuqiGbO0">Recuerdos de una noche</a>.</p>
<p>Les albums suivants, <ins>Negro es el poder</ins> et <ins>Viva el rey</ins>, seront dans la même veine, avec une présence plus marquées des instruments à vent (famille des bois) et un style presque médiéval par endroits. Un peu moins ma tasse de thé.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/mohama_saz/.mohama_saz_m.jpg" alt="mohama_saz.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="mohama_saz.jpg, nov. 2018" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/More-Iran-de-Mohama-Saz-2015#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/575Longue Marche, de Bernard Ollivier (2000, 2001 et 2003)urn:md5:9f2fdbb14c1f27523e73e17da919612a2013-04-07T16:06:00+02:002013-04-10T08:46:13+02:00RenaudLectureCarnetChineIranRandonnéeTurquieVoyage <div id="centrage"><p><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/longue_marche_tome_1.jpg" title="longue_marche_tome_1.jpg"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/.longue_marche_tome_1_s.jpg" alt="longue_marche_tome_1.jpg" title="longue_marche_tome_1.jpg, janv. 2013" /></a><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/longue_marche_tome_2.jpg" title="longue_marche_tome_2.jpg"> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/.longue_marche_tome_2_s.jpg" alt="longue_marche_tome_2.jpg" title="longue_marche_tome_2.jpg, janv. 2013" /></a><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/longue_marche_tome_3.jpg" title="longue_marche_tome_3.jpg"> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/.longue_marche_tome_3_s.jpg" alt="longue_marche_tome_3.jpg" title="longue_marche_tome_3.jpg, janv. 2013" /><br /></a></p>
</div>
<p>En 1999, harassé par le conformisme de la vie de journaliste économique et stimulé par les horizons nouveaux que lui offrait son récent statut de retraité, <strong>Bernard Ollivier</strong> décida de se lancer dans une aventure proprement extraordinaire : relier Istanbul à Xi'an (ancienne capitale de la Chine, il y a 3000 ans environ) à pied, en solitaire, et en longeant l'ancienne Route de la Soie (lire le billet de <strong>Gilles </strong>sur le roman <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Soie-de-Alessandro-Baricco">Soie</a>). Cette dernière, d'une puissance évocatrice et onirique exceptionnelle, est l'occasion pour le lecteur comme pour le marcheur de parcourir l'Histoire des civilisations passées, disséminée çà et là, à l'ombre d'un caravansérail millénaire ou dans les villages reculés du Moyen-Orient où le temps semble s'être arrêté. Ce sexagénaire entêté traversa l'Asie en 4 années, à raison de 3 à 4 mois ensoleillés par an seulement car sa route empruntait les hauts cols d'Anatolie et du Pamir, impraticables durant une grande partie de l'hiver. </p>
<p>Cette marche <img title="Ollivier.jpg, avr. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 0em 0;" alt="Ollivier.jpg" src="http://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/.Ollivier_s.jpg" />parfois chaotique, longue de quelque douze mille kilomètres et traversant pas moins de 6 pays (Turquie, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan et Chine), n'est en rien l'évocation d'un exploit personnel. <ins>Longue Marche</ins>, composé des trois tomes <em>Traverser l'Anatolie</em>, <em>Vers Samarcande</em> et <em>Le Vent des Steppes</em>, est plus simplement le récit d'un voyageur émerveillé par les rencontres qui jalonnent son chemin et par la beauté des paysages bigarrés, les deux évoluant de manière continue, au gré des cultures locales. </p>
<p><strong>Bernard Ollivier</strong> avait pour objectif initial de suivre l'un des nombreux chemins qui composaient la Route de la Soie historique. Il désirait revivre — dans une certaine mesure — le parcours des voyageurs et des marchands de l'époque (depuis -500 avant J.C. jusqu'au XVe siècle), qui trouvaient refuge, à chaque étape, dans les nombreux caravansérails qui balisaient cette épopée. Aujourd'hui, rares sont ceux qui ont survécu à l'épreuve du temps. Mais les traditions hospitalières des populations séculaires du Moyen-Orient ont su résister à la modernité, et cette <ins>Longue Marche</ins> est avant tout un récit de rencontres : une rencontre avec l'Autre, notamment au travers de la générosité de l'Islam, entrecoupée de longs moments de solitude lors de la traversée des déserts du Gobi et du Taklamakan. Seul bémol : <strong>Bernard Ollivier</strong> n'hésite pas à relater les moments difficiles et les expériences désagréables inhérentes à la marche en solitaire (maladie, doute, rencontres hasardeuses, barrière de la langue). Sur la dernière portion de son voyage, il en vient même à regretter ses débuts, tant la culture chinoise lui semble imperméable à toute forme d'hospitalité. Mais à aucun moment il ne remet en cause son ignorance assumée de la langue chinoise, lui qui a appris des rudiments de Turc, de Farsi et de Russe pour faciliter la communication avec les autochtones des pays concernés. Mais passons.</p>
<div id="centrage">
<a title="parcours.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/parcours.jpg"><img title="parcours.jpg, avr. 2013" alt="parcours.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/longue_marche/.parcours_m.jpg" /></a><br />
<span style="font-size: 9pt;">Le parcours de <strong>Bernard Ollivier</strong>, de 1999 à 2002. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.</span>
</div>
<p>Ce récit de presque mille pages captivera plus particulièrement les marcheurs dans l'âme, ceux qui ont besoin de sentir la Terre sous leurs pieds pour accéder à cet état de plénitude que procurent les longues marches sauvages. Car <strong>Bernard Ollivier</strong> est un voyageur qui écrit, et non un écrivain qui voyage : la nuance est importante. Sa vision des choses, ce besoin de se surpasser, cette soif de paysages nouveaux, cet émerveillement et ces rencontres inattendues sont autant de madeleines, autant d'émotions directement adressées au voyageur occasionnel ou assidu.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Longue-Marche-de-Bernard-Ollivier-2000-2001-et-2003#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/202Il était une fois en Anatolie, de Nuri Bilge Ceylan (2011)urn:md5:7eae77d078f5bd9eb5d4593e8dd204c62012-06-04T15:15:00+01:002012-06-04T19:53:36+01:00GillesCinémaCrimesDrameEnquête policièreTurquie <blockquote><div id="centrage">« Vous êtes invités à monter à bord d'une voiture bondée, qui roule à travers un paysage désolé, par une nuit noire. Vous serez coincés entre un policier atrabilaire, un homme menotté et un jeune médecin qui se demande ce qu'il fait là. Vous allez cheminer dans une obscurité croissante, à la recherche d'un endroit vaguement défini (une fontaine, un arbre...) où l'homme menotté a peut-être enterré sa victime. La divagation dans la nuit d'Anatolie est éprouvante, d'autant qu'elle reste longtemps infructueuse. Cette épreuve a été conçue pour vous, spectateurs d'Il était une fois en Anatolie. » <a name="article_du_monde_back" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Il-%C3%A9tait-une-fois-en-Anatolie%2C-de-Nuri-Bilge-Ceylan-%282011%29#article_du_monde">(1)</a>
</div>
</blockquote>
<p><a title="en_anatolie.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/en_anatolie.jpg"><img title="en_anatolie.jpg, juin 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="en_anatolie.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/en_anatolie.jpg" /></a></p>
<p>L’intrigue policière fonctionne à son plein dans la première heure du film. La pénombre troublée par le seul feu des voitures creuse les traits de ces visages emprunts de lassitude, et nous inspire un profond sentiment d’inquiétude. Le film pêche par longueur bien que la recherche du cadavre prenne une tournure étrange et mystérieuse. La nuit orageuse, les champs chahutés par le vent, les éclairs à l’horizon donnent sa propre atmosphère à l’histoire. Pressé par un policier de moins en moins patient, le meurtrier qui a avoué son crime semble confus, désorienté, et se sentira incapable de reconnaître le lieu où il a enterré sa victime sous le poids de la fatigue.</p>
<p>Peut-être n’arriverez-vous pas jusqu’à la fin du film partagé entre lassitude, langueur et solitude. N’en reste pas moins que ce film imprime des plans d'une beauté saisissante avec ses sublimes images nocturnes du fin fond de la Turquie rurale. Il faut voir cette scène où, dans un clair-obscur propice à la rêverie, les hommes somnolant sont cueillis par le regard d’une jeune fille qui vient leur servir le thé. Elle se tient derrière la lampe à pétrole qu'elle porte avec elle. Un ange passe. Et, le silence dit long sur la tristesse, le ressentiment et la fragilité de ces hommes sur chacun desquels plane le souvenir d'une femme.</p>
<p>C'est une histoire fleuve qui se termine auprès du médecin légiste pratiquant l'autopsie du cadavre. Aucun flash-back ne reviendra sur les faits, le spectateur sera à même de deviner l'enchaînement de cet homicide à placer dans les sombres pages des faits-divers.</p>
<p><a title="il-etait-une-fois-en-anatolie_la__fille.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/il-etait-une-fois-en-anatolie_la__fille.jpg"><img title="il-etait-une-fois-en-anatolie_la__fille.jpg, juin 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="il-etait-une-fois-en-anatolie_la__fille.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/il-etait-une-fois-en-anatolie_la__fille.jpg" /></a></p>
<span style="font-size: 9pt;">
<a name="article_du_monde">(1) </a>Ce synopsis vient d’une chronique de <strong>Thomas Sotinel</strong> parue dans le journal le Monde. Un très bel article sur le film dont je vous invite à lire la suite <a href="http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/11/01/il-etait-une-fois-en-anatolie-nuri-bilge-ceylan-et-sa-ronde-de-nuit-en-anatolie_1596825_3476.html">ici</a>.</span>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Il-%C3%A9tait-une-fois-en-Anatolie%2C-de-Nuri-Bilge-Ceylan-%282011%29#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/130