Je m'attarde - Mot-clé - Vampire le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearMartin, de George A. Romero (1977)urn:md5:eb24ffe508a1801a4b79eb0200226ce02021-01-18T19:22:00+01:002021-01-18T19:24:17+01:00RenaudCinémaBaroqueGeorges A. RomeroHorreurMeurtreSolitudeVampire <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/martin/.martin_m.jpg" alt="martin.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"People are satisfied. They know so much, they think they know all. That makes it easy for all the devils."<br /></strong></ins></span></div>
<p>Dans la filmographie de <strong>Romero</strong>, il n'y a pas que des zombies, très clairement. La proposition la plus originale qui me vient instinctivement à l'esprit est <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Knightriders-de-George-A-Romero-1981"><ins>Knightriders</ins></a>, véritable bizarrerie de 1981 qui faisait le deuil de la décennie tout juste écoulée avec <strong>Ed Harris </strong>et <strong>Tom Savini</strong> en néo-chevaliers de la Table ronde. Sans atteindre ce degré d'originalité et sans prétendre à des jalons du zombie comme <ins>Night of the Living Dead</ins> (1968) ou <ins>Dawn of the Dead</ins> (1978), <ins>Martin</ins> s'aventure sur les terres du film de vampire avec un bagage pour le moins surprenant.</p>
<p>Comme souvent, on apprend énormément après visionnage en écoutant <strong>Thoret </strong>disserter sur le sujet avec sa passion communicative : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=tAZPb4F0bLI" title="https://www.youtube.com/watch?v=tAZPb4F0bLI">https://www.youtube.com/watch?v=tAZPb4F0bLI</a></p>
<p><ins>Martin</ins> n'est pas un film aimable, au sens où on ne l'apprécie pas directement et facilement, c'est le moins qu'on puisse dire. Avec son montage régulièrement bordélique et sa lecture des lieux parfois incompréhensible, avec des accès de baroque déstabilisant et avec son interprète principal très étrange, il y a de quoi se sentir paumé très vite. Pourtant, le montage et la mise en scène de quelques séquences suffisent à intriguer puissamment, comme l'introduction qui nous plonge dans le wagon d'un train pour un assassinat assez saugrenu ou encore la scène où Martin tombe sur l'amant d'une femme (sur laquelle il comptait jeter son dévolu), conduisant à une belle loufoquerie.</p>
<p>Car Martin, 17 ans, est persuadé d’être un vampire âgé de 84 ans, et nourrit une obsession pour le sang de ses victimes. Le sel du film tourne autour de cette ambivalence : est-il vraiment un descendant de Nosferatu, ou bien a-t-on affaire à un dangereux psychopathe ? Pour alimenter le délire, le film est ponctué de visions en noir et blanc (qui évoquent le souvenir des films de vampire gothiques des années 1930, avec des foules lancées à sa poursuite dans les Carpates par exemple) qui peuvent être interprétées de nombreuses façons, entre flashback et projection mentale. Dès la première séquence, on voit une vision fantasmée de la réalité par Martin, produisant une juxtaposition étrange avec ce qui se passe réellement.</p>
<p><strong>Romero </strong>oppose — et conditionne, dans une certaine mesure — les agissements de Martin à la culture rigoriste du cousin Tada Cuda qui voit en lui un très sérieux suppôt de Satan à exorciser (cf. la fin et les effets spéciaux gore de <strong>Tom Savini</strong>). Martin s'en amusera à de nombreuses reprises, en mangeant de l'ail, en frottant la croix sur sa joue et même en se déguisant en vampire à l'aide d'une cape et de longues dents en plastique. "There isn't any magic!", dira-t-il avec insistance. Il n'y a que Martin pour s'imaginer en grand séducteur de ses victimes qui l'inviteraient dans leurs lits, dans la tradition du vampire, en décalage total avec la réalité de son quotidien.</p>
<p>C'est en un certain sens une déconstruction des archétypes du genre, au creux d'un imaginaire autant déprimant que délirant, à la fois doux et violent. D'un côté une sorte de conte initiatique centré sur un jeune garçon obsessionnel qui cherche sa place, de l'autre un conte horrifique sur un monstre sanguinaire qui se fait des films en s'inventant une sorte de monde parallèle. Entre garçon timide ou vampire psychopathe, le film n'aura de cesse d'osciller et <strong>Romero </strong>semble s'amuser à brouiller les cartes à travers divers modes narratifs et différents niveaux de réalisme. L'histoire d'un marginal presque toxicomane, impuissant, errant dans les faubourgs désolés de Pittsburgh — ville dans laquelle <strong>Romero </strong>a vécu —, comme une variation sur le thème de la solitude et de l'incommunicabilité, dans lesquels germe un mal singulier. Des propres mots de <strong>Romero</strong>, "il n'y a plus de magie : le rêve américain se délabre de la manière dont les corps se décomposent".</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/martin/.amplas_m.png" alt="amplas.png, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Martin-de-George-A-Romero-1977#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/889Vampyr, ou l'étrange aventure d'Allan Gray, de Carl Theodor Dreyer (1932)urn:md5:98142025f9b89b6338669d1ea09bd9ef2020-10-23T11:49:00+02:002020-10-23T11:01:58+02:00RenaudCinémaCarl Theodor DreyerExpressionnismeFantastiqueHorreurMortMystèreOnirismeVampire <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.vampyr_m.jpg" alt="vampyr.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Silences parlants<br /></strong></ins></span></div>
<p><ins>Vampyr</ins>, un voyage éprouvant dans lequel on s'embarque avec beaucoup de difficultés et dont on revient tout aussi difficilement. On aura beau être familier avec la thématique du vampire, connaître les singularités extrêmes du cinéma de <strong>Dreyer</strong>, voire même apprécier l'expressionnisme sous de nombreuses formes, l'expérience restera imprévisible et déroutante à la frontière de l'inconfort. C'est une lente déambulation dans un univers onirique aux contours insaisissables au premier abord, comme si rien n'était tangible, comme si on évoluait dans un cauchemar qui redéfinissait sans cesse le cadre et les règles du jeu. On ne peut pas dire que le visionnage soit de tout repos, dans le sens du poil, linéaire et invariable. Par contre, si l'ensemble ne se structure pas naturellement et instantanément dans une forme intelligible et immédiatement assimilable, il s'en dégage un envoûtement puissant, un charme semblable à l'ensorcellement du protagoniste Allan Gray, happé par ces lieux hantés et peuplés de zones d'ombres.</p>
<p>En ce sens, <ins>Vampyr</ins> procède davantage par une succession d'images-symboles que par une progression narrative classique. Il retrouve bien sûr des codes propres au vampirisme disséminés tout au long du récit, mais le symbolisme s'aventure bien plus loin pour construire son atmosphère cauchemardesque. Le résultat pourrait s'apparenter à une plongée aux côtés du personnage dans son cauchemar éveillé, perdu face au mystère. Parmi tout le cortège de figures qui alimentent un surréalisme très subjectif, on peut mentionner cette porte fermée à clé qui s'ouvre toute seule, cette fille au visage blême portant un regard dément, cet unijambiste dans un escalier, ces ombres qui dansent sur les murs de pierre ou dans le reflet paisible d'un cours d'eau, cette vision subjective depuis l'intérieur d'un cercueil, et bien sûr cet homme avec une faux sonnant une cloche — la faucheuse terrifiante d'effroi. Un peu comme si on pénétrait dans les parts les plus intimes de nos angoisses par autant de brèches.</p>
<p>Dans ces paysages brumeux et étranges, on déambule d'une scène à l'autre sans jamais en saisir l'objet a priori, provoquant un certain sentiment d'inconfort heureusement contrebalancé par un autre sentiment de sidération esthétique. L'étrangeté est poussée jusque dans la nature hybride du film, à la frontière entre muet et parlant — la brume se faufile décidément à tous les étages. On passe d'un plan propre à un registre à un autre plan mis en scène de manière totalement différente, d'une séquence explicitement dialoguée à une autre directement empruntée au cinéma muet, dépourvue de parole et accompagnée de la lecture d'un long intertitre issu d'un livre. Le silence s'invite ainsi dans le parlant. <strong>Dreyer </strong>travaillera dans cette optique le brouillage de nombreuses frontières, jusque dans les niveaux de conscience, pour nous égarer entre réel et surnaturel. Les décors n'ont jamais été aussi vaporeux et austères, comme tirés d'entre deux mondes, permettant ainsi au héros de se contempler, allongé dans un cercueil, au cours d'une séquence incroyablement macabre et onirique.</p>
<p>Expérience éreintante également pour <strong>Dreyer </strong>: il faudra attendre 11 ans avant qu'il ne revienne au cinéma avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Jour-de-colere-de-Carl-Theodor-Dreyer-1943"><ins>Jour de colère</ins></a>.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.fenetre_m.jpg" alt="fenetre.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.malade_m.jpg" alt="malade.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.faux_m.jpg" alt="faux.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.cercueil_m.jpg" alt="cercueil.jpg, oct. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/vampyr/.tableau_m.jpg" alt="tableau.jpg, oct. 2020" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Vampyr-ou-l-etrange-aventure-d-Allan-Gray-de-Carl-Theodor-Dreyer-1932#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/843Nosferatu, fantôme de la nuit, de Werner Herzog (1979)urn:md5:a364ced4f470f2b9f726804f90bdaee82017-02-24T09:54:00+01:002017-02-24T13:32:35+01:00RenaudCinémaAllemagneBruno GanzIsabelle AdjaniKlaus KinskiNazismeRomantismeVampireWerner Herzog <div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nosferatu_fantome_de_la_nuit/.nosferatu_fantome_de_la_nuit_A_m.jpg" alt="nosferatu_fantome_de_la_nuit_A.jpg" title="nosferatu_fantome_de_la_nuit_A.jpg, fév. 2017" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nosferatu_fantome_de_la_nuit/.nosferatu_fantome_de_la_nuit_B_m.jpg" alt="nosferatu_fantome_de_la_nuit_B.jpg" title="nosferatu_fantome_de_la_nuit_B.jpg, fév. 2017" />
<br /><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Résurrection d'une icône, résurrection d'une culture.<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Comme le dit assez justement <strong>Hervé Aubron </strong>chez Potemkine, il fallait tout de même un sacré culot, en étant un réalisateur Allemand dans les années 70, pour proposer un nouveau film sur Nosferatu après le monument classique de <strong>Murnau</strong>. Et du culot, <strong>Werner Herzog</strong>, on le sait bien, il n'en manque pas. Du talent, des lubies, de la maladresse, de la ténacité, de la folie, des idées à la pelle, il n'en manque pas non plus. Et ce n'est pas un projet aussi casse-gueule que <ins>Nosferatu, fantôme de la nuit</ins> qui arrêtera celui qui avait alors déjà réalisé <ins>Les nains aussi ont commencé petits</ins> (lire <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Nains-aussi-ont-commence-petits-de-Werner-Herzog-1970">le billet</a> à ce sujet) ou encore <ins>Aguirre, la colère de Dieu</ins>, projets casse-gueules s'il en est.</p>
<p>Là où <strong>Herzog </strong>mettra tout le monde d'accord, pour une fois, c'est sans doute dans l'étendue de son talent et de sa sensibilité artistique pour mettre en scène le célèbre mythe au creux d'un univers graphique tout simplement incroyable. Les expérimentations visuelles ne cessent jamais et s'ajoutent les unes aux autres de manière extrêmement constructive. De la séquence inaugurale présentant une vision d'apocalypse (à venir, évidemment) à l'aide des momies de victimes d'une épidémie de choléra à Guanajuato au siècle dernier à l'une des dernières séquences dans laquelle les ultimes survivants d'une épidémie de peste célèbrent les quelques heures qu'il leur reste à vivre à travers une orgie presque médiévale sur la place publique, remplie de cercueils en feu et de cadavres pourrissants, le ton est donné.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nosferatu_fantome_de_la_nuit/.ganz_m.jpg" alt="ganz.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="ganz.jpg, fév. 2017" /></p>
<p>Mais entre deux passages glaçants, <strong>Herzog </strong>se laisse parfois aller à une rêverie poétique et romantique très touchante. <strong>Klaus Kinski </strong>(encore un inadapté dans la filmographie de <strong>Herzog</strong>, reclus et immortel malgré lui) n'a pas fini de nous faire frissonner avec son horrible visage et ses doigts interminables, en parcourant lentement un tunnel dans la pénombre ou en s'avançant dangereusement du lit de <strong>Bruno Ganz </strong>(les jeux de lumière sont saisissants), mais il n'a pas le monopole de l'effroi : quelques plans sur le bateau porteur de la peste suffisent à créer le malaise, autant que de voir les rats débarquer et parcourir la ville ou encore les ballets de cercueils animer la place centrale. Et à côté de cette terreur, des séquences terriblement bucoliques, comme celle au cours de laquelle <strong>Ganz </strong>parcourt les Carpates sur fond de <strong>Wagner </strong>et de magnifiques paysages. Ou encore ce plan final, à se décoller les rétines, des sables balayés par les vents, captés dans le bleu sombre de la nuit, au cœur desquels le personnage s'enfonce. Jamais <strong>Herzog </strong>n'aura autant laissé infuser ses images dans sa veine romantique. Et il y a même des chatons dans le générique.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nosferatu_fantome_de_la_nuit/.kinski_m.jpg" alt="kinski.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="kinski.jpg, fév. 2017" /></p>
<p>Il est assez étonnant de constater à quel point on peut apprécier le film dans son ensemble en rejetant toutefois une partie non-négligeable des éléments qui le constituent… à commencer par les interprétations d'<strong>Isabelle Adjani </strong>et de <strong>Klaus Kinski </strong>(on pourrait également ajouter la présence assez incongrue de <strong>Roland Topor</strong>), trop démonstratives, trop bizarres, et aux dialogues un peu bancals à mon sens. Mais encore une fois, du point de vue de l'atmosphère qui se dégage, ça fonctionne : la beauté de l'une et la laideur de l'autre, dans leur pureté, se rejoignent merveilleusement bien, comme deux fantômes qui fascinent et se fascinent dans un même mouvement. Et quand il ne parle pas, <strong>Kinski </strong>victime de sa malédiction est extraordinaire. <strong>Herzog </strong>a vraiment su trouver sa place dans cet univers, à mi-chemin entre l'hommage, appuyé par de nombreux plans semblables et la compassion pour le vampire, et l'émancipation, avec toute l'imagerie originale qu'il a développée et la toute fin sous forme de surprise. La pensée purement ou prétendument scientifique est moquée et le personnage de Van Helsing devient de plus en plus ridicule à mesure que l'évidence de la catastrophe voit le jour. Des images d'une beauté morbide, parfois à la limite du surréalisme, et dont les visions d'apocalypse marquent durablement l'esprit. On reconnaît instantanément dans tout cela le travail du cinéaste allemand.</p>
<p>L'air de rien, à l'occasion d'un projet aussi farfelu que celui-ci, <strong>Herzog </strong>tisse des liens avec le cinéma allemand de la période précédant la Seconde Guerre mondiale et contribue à un certain renouveau dans les années 70. Nosferatu et son univers expressionniste n'est plus cantonné à la figure obligée du mauvais présage et du nazisme rampant : non, tous les chemins des années 20 ne mènent pas au Troisième Reich. <strong>Herzog </strong>aura largement contribué à le dégager de ce carcan interprétatif. La résurrection du cinéma allemand est en bonne voie et entre de bonnes mains.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nosferatu_fantome_de_la_nuit/.adjani_m.jpg" alt="adjani.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="adjani.jpg, fév. 2017" /></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Nosferatu-fantome-de-la-nuit-de-Werner-Herzog-1979#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/389Arrebato, de Iván Zulueta (1980)urn:md5:fc791edd2d96acc6b69f57ce0316966f2017-01-28T13:06:00+01:002017-01-28T13:16:08+01:00RenaudCinémaBizarreEspagneProcessus de création artistiqueSérie BVampire <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arrebato/.arrebato_m.jpg" alt="arrebato.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="arrebato.jpg, janv. 2017" /><div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>“It’s not that I like cinema… it’s cinema that likes me.“<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Le côté série B relativement assumé désamorce dans une certaine mesure un des échecs de <ins>Arrebato</ins> (emballement, emportement, ou extase en français) : ne pas être parvenu à donner corps à son sujet. Chose qui pourrait être extrêmement fâcheuse dans une autre situation, un genre de hors sujet cinématographique en quelque sorte, mais qui peut ici s'excuser, en partie, selon l'humeur. Le niveau de bizarrerie hallucinogène et d'excentricité underground est aussi déroutant qu'intrigant, un peu comme le film de vampires intellos de <strong>Ferrara</strong>, <ins>The Addiction</ins> (sans le côté dépendance au mal). Il y a des aspects hypnotisants et envoûtants qui ne se refusent pas.</p>
<p>C'est presque une version espagnole et prématurée de <ins>Videodrome</ins>, dans son questionnement autour de l'impact d'un médium sur une population, en l'abordant sous l'angle du rapport d'un artiste à son art. En l'occurrence, un cinéaste à son moyen de production (une caméra). On pourrait même prolonger le parallèle avec <strong>Cronenberg </strong>en constatant que <ins>Arrebato</ins> analyse le processus créatif un peu comme dans <ins>Le Festin nu</ins>, avec autant de métaphores artistiques mais sans les Mugwumps et autres machines à écrire animales. <strong>Iván Zulueta </strong>s'intéresse cependant à d'autres thématiques, et notamment la relation vampirique que la caméra entretient avec son propriétaire (un des personnages avouera d'ailleurs “<em>it’s not that I like cinema… it’s cinema that likes me</em>“) : elle ira même jusqu'à l'absorber complètement et l'extraire du monde réel pour l'imprimer sur la pellicule de son propre film.</p>
<p>Le thème du vampire (à travers le cinéma) est omniprésent et sans cesse corrélé à celui de la drogue, comme deux formes de plaisir intense ayant tendance à nous sortir du monde, pour le meilleur comme pour le pire. Il aurait été vraiment intéressant de limiter la dose de mystère (d'un point de vue très prosaïquement narratif, avec moins d'ellipses, moins de flashbacks, moins de flou savamment entretenu) et plus travailler cette relation d'aliénation mutuelle, de consommation des êtres, d'absorption de l'âme par l'art. L'ambiance reste toutefois agréablement angoissante, à la limite du malaise, et je trouve l'idée au cœur du film passionnante à titre personnel. Les films nous possèdent, dans un certain sens, en nous abreuvant, en nous ensorcelant, et en tentant de satisfaire une soif par nature inextinguible.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arrebato/.projecteur_m.jpg" alt="projecteur.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="projecteur.jpg, janv. 2017" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Arrebato-de-Ivan-Zulueta-1980#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/384