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"Werewolf? — There, wolf."

Ne connaissant Mel Brooks qu'à l'aune du très désagréable La Folle Histoire de l'espace, il y avait de quoi être sceptique et nourrir quelques réticences en s'avançant en direction d'un autre film au contenu parodique qui semblait a priori similaire. Pourtant, en revisitant dans les années 70 le classique du cinéma fantastique des années 30, en drapant son histoire dans un noir et blanc très proche de ce qui se faisait quelques décennies plus tôt, et en allant jusqu'à tourner certaines scènes dans les décors qui avaient servi au film originel de James Whale, Mel Brooks parvient à trouver un équilibre à mes yeux délicat (l'équilibre, donc, et non mes yeux), entre parodie potache et hommage sincère. Une histoire de sensibilité, à n'en pas douter, qui plus est dans le registre de la comédie, mais la mienne y a parfaitement trouvé son compte.

C'est un déluge de gags loufoques, de troisième degré, et de tout ce qu'on peut imaginer en termes d'excès comiques comme autant de références aux films fantastico-horrifiques des premiers temps. Il y a beaucoup de non-sens dans cette entreprise, un concentré de n'importe quoi dans les dialogues (le coup du "werewolf! / werewolf? / there, wolf, there, castle" en guise d'introduction à la Transylvanie m'a tué d'entrée de jeu), sans que tout cela n'affaiblisse la cohérence de l'ensemble. L'hommage est franc et sincère, très respectueux d'une série de codes et de l'ambiance gothique caractéristique de cette région géographique et cinématographique. Young Frankenstein offre une seconde jeunesse, à travers la dérision permanente, au genre.

Les artifices de mise en scène au service de cette reconstitution sont nombreux, du noir et blanc aux fondus au noir en passant par le générique en introduction. Mais l'exercice s'aventure bien au-delà de la référence appuyée, notamment à travers la ribambelle de personnages qui s'investit totalement dans la tâche : que ce soit le duo Gene Wilder (le descendant de Frankenstein) et Marty Feldman (le bossu à la bosse qui bouge) ou encore les seconds rôles féminins (Frau Blücher, la pulpeuse Inga et même la fiancée du protagoniste Elizabeth sur la fin), ainsi que l'apparition de Gene Hackman dans un registre que je ne lui connaissais pas, le délire semble partagé à tous les niveaux.

La dernière parodie fantastique à m'avoir autant fait rire de bon cœur, dans le même équilibre mêlant hommage et pastiche, remonte au visionnage de Panic sur Florida Beach de Joe Dante, (1993) plagiant allègrement Les monstres attaquent la ville. dans la joie et la bonne humeur.

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