L'Exorciste (1973), Bug (2006), et Killer Joe (2012) sont mes trois intrusions dans l’œuvre de Friedkin. La schizophrénie ou plus généralement la folie est un thème récurrent de ces trois films. Les scènes angoissantes y côtoient les scènes brutales ou perverses durant lesquelles on en oublie parfois de déglutir sa salive. La démence d'un ou plusieurs personnages exulte toujours de manière paroxystique une fois que la tension distillée tout au long de l'histoire tient son emprise psychologique sur nous.

L_exorciste.jpg bug.jpg Killer Joe

Seconde fois que Friedkin adapte au cinéma une pièce de théâtre écrite par Tracy Letts après Bug en 2006, un huis-clos étouffant qui m'avait particulièrement impressionné. Jusqu'à la toute fin le spectateur ne sait pas où se tient la part de folie et la part de réalité dans la peur terrible qui ronge un couple persuadé d'être la victime d'un vaste complot, et d'une menace invisible...

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Ashley Judd et Michael Shannon dans Bug en 2006

Killer Joe s'inscrit dans un genre différent des deux autres, celui de la comédie dramatique familiale. Chris le garçon, Ansel le papa, et Dottie la petite sœur sont bien décidés à tuer leur crapuleuse maman pour empocher les 50000 dollars de l'assurance vie. Chris s’enquiert donc des services de Joe, flic le jour et tueur à gages la nuit. C'est un diable aux allures de cowboy aux chapeau noir, gants noirs, veste noire, et lunettes noires. Sa stature et sa tranquillité d'action inspirent l'obéissance.

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Joe interprété par Matthew McConaughey

Joe s'entiche de Dottie faisant d'elle, au grand dam de son frère, sa caution de garantie si les choses se passaient mal. Poupée fragile aux joues roses, naïvement sexy, et sujette au somnambulisme, ce personnage féminin est la réponse au machisme crasse qui empoisonne cette misérable famille.

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Dottie interprétée par Juno Temple

La folie des dernières scènes dans lesquelles Joe joue à sa façon le thérapeute familial, laisse sur l'impression d'un film déjanté. Le dénouement ne fait toutefois pas oublier les vices et les faiblesses du film. Cette cupide entreprise est cousue de fil blanc, la petite tête blonde incarne un personnage féminin creux, la pochade nocturne et pluvieuse a déjà été maintes fois filmée dans ce genre de scénario, et l'humour noir et les blagues grasses ne sont pas de très bon goût.

J'ai aperçu au milieu de la file d'attente l'affiche du nouveau film de Michel Gondry intitulé The We and the I, et intercepté une discussion de l'exploitant du cinéma qui livrait ses impressions enthousiastes sur le satirique God Bless America (sortie prévue le 10 octobre, la bande annonce est ici). C'est peut-être dans la queue du cinéma que j'aurai finalement trouvé la promesse de deux bons films. Wait and see...

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