heritage_des_montagnards.jpg, sept. 2020
Fauchage à l'ancienne dans les hautes montagnes suisses

À travers ce voyage dans les montagnes suisses, dans le canton de Schwyz au sein d'une petite communauté constituant les derniers faucheurs de foin sauvage, Erich Langjahr propose un regard passionné et presque méditatif sur une tradition paysanne en voie de disparition. Très discret en paroles, le documentaire se contentera d'expliciter quelques éléments de contexte et les noms des principaux intervenants, rien de plus. La caméra se concentrera tout du long sur le geste précis de l'artisan, à différentes étapes, et sur l'ambivalence classique entre la dureté de la tâche et la beauté que l'on peut en tirer, d'un point de vue extérieur.

L'Héritage des montagnards part du fond de la vallée pour ensuite évoluer vers les hauteurs vertigineuses où la fauche aura lieu, en été, avant de poursuivre le cycle annuel jusqu'en hiver. Car pour couper et récolter l'herbe sur ces flancs escarpés et ensoleillés, les paysans qui ont décidé de poursuivre ce dur labeur (non pas par nécessité économique, comme autrefois, comme le racontera l'un d'entre eux, mais par respect du travail manuel et par volonté de faire perdurer encore un peu ce savoir-faire) utilisent des sabots de bois avec des crampons métalliques. Leur fabrication artisanale est décrite dans la toute première partie, avec le travail du bois et le travail du fer dans ces ateliers de menuiserie et de ferronnerie qu'on ne voit presque plus. Le premier Août de chaque année, ils montent tout en haut au niveau des terrasses du Hinter Heubrig avec leur faux, leurs râteaux et leurs sabots. Une partie de l'équipement est montée à l'aide d'un téléphérique d'appoint qui servira également à redescendre l'herbe fraîchement tondue et mise en filet.

Tout le processus de la fenaison est montré, sans esthétisme excessif (les lieux sont pourtant incroyablement photogéniques), avec la coupe des herbes à la faux et l'aiguisage régulier, la descente des ballots de foin à la corde (à l'origine de la belle affiche du film), le stockage dans la grange d'alpage, et enfin le transport du foin à la luge en hiver, sur la neige. Le documentaire se concentre exclusivement sur le travail des faneurs, avec quelques détours par des scènes de danse folklorique, mais l'ensemble restera particulièrement taiseux. Très peu de contextualisation, mais juste ce qu'il faut pour suivre ces paysans acrobates qui font perdurer le geste de leurs ancêtres et arborent une tranquillité remarquablement poétique.

fer.jpg, sept. 2020 fauchage.jpg, sept. 2020