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"Under the clock at the Astor at seven"

Très surprenant de la part de Vincente Minnelli, qui remplace au pied levé Fred Zinnemann à la réalisation sur demande de l'actrice Judy Garland (sans séquence chantée ici). Une romance pur jus, aux légers accents mélodramatiques, faisant la part belle à la relation qui unit un soldat américain en permission pour deux jours à New York et une jeune femme rencontrée par hasard. Les années 40 laissent exploser toute la naïveté touchante d'une romance pure, en laissant de côté toute la rigidité que l'on peut ressentir dans d'autres registres. Robert Walker incarne à merveille l'idéalisme romantique du jeune soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, au creux d'une parenthèse enchantée qui lui fera visiter la ville et rencontrer la femme avec laquelle il se mariera comme par nécessité.

Tout le film est là, contenu dans ce trio : Judy Garland, Robert Walker, et New York (en décors de studio). Un récit entièrement consacré au tourbillon amoureux, qu'on voit venir de très loin et que seuls les deux protagonistes semblent ignorer jusqu'au moment où une étincelle allume le tout. C'est mon côté fleur bleue (souvent en stase il faut le reconnaitre) qui s'embrase aussi, à partir d'une histoire extrêmement simple mais sincère. Minnelli parvient à donner corps à un sentiment de solitude particulier chez Joe, assorti du compte à rebours de 2 jours (ce qui m'avait touché dans Before Sunrise), et malgré tout le côté désuet de cette romance très premier degré, l'évolution de sa relation avec Alice et les différentes péripéties romantiques qu'ils traversent confère au film une dimension très chaleureuse.

Durant les 48 heures de permission, on compte quelques passages qui ont beaucoup moins bien résisté à l'épreuve du temps, et bizarrement ce ne sont pas des composantes liées à l'histoire d'amour. Le repas avec le laitier rencontré sur la route et sa femme, pour expliquer assez lourdement que l'amour peut arriver par coup de foudre, l'homme ivre dans le bar qui n'en finit pas de jouer l'élément perturbateur au sein de l'idylle, ainsi que les méandres de l'administration explorées en long en large et en travers dans le but d'obtenir les papiers nécessaires à leur mariage... Ces moments-là ne jouent pas en la faveur du film, mais ne parviennent tout de même pas à entacher le mouvement amoureux entre les deux, leurs jeux de cache-cache, la surprise quant à la rapidité des sentiments, ou la peur de ne pas se retrouver dans l'immensité de la ville.

arrivee.jpg, janv. 2022 amants.jpg, janv. 2022 bisou.jpg, janv. 2022