Tout est dans le titre du billet...
Les Innocents par Jack Clayton (1961)
L'exorciste
par William Friedkin (1974)
Les révoltés de l'An 2000
par N. I. Serrador (1977)
Shining
par Stanley Kubrick (1980)
Le sixième sens
par M. Night Shyamalan (2000)
Les Autres
par Alejandro Amenábar (2001)
The ring
par Hideo Nakata (2001)
Dark Water
par Hideo Nakata (2002)
Joshua
par George Ratliff (2007)
Morse par Tomas Alfredson (2008)
Esther
par Jaume Collet-Serra (2008)
The Children
par Tom Shankland (2009)

(dans l'ordre chronologique)
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Le premier film de cette liste, les Innocents, est l’adaptation du conte fantastique connu sous le titre : Le Tour d’Ecrou. Henry James, l’auteur de ce grand classique qui date de 1898, nous fait partager les troubles d’une jeune gouvernante veillant sur deux enfants orphelins, doux, serviables, et étrangement secrets. La jeune femme soupçonne les deux enfants d'être sous le charme d’apparitions fantomatiques. Elle éprouve le besoin de se rapprocher d'eux, et du charmant garçon capable de feindre ses émotions, mais non de dissimuler l'atmosphère maléfique qui entoure lui et sa sœur. L'expression "Donner un tour d'écrou" (The Turn of the Screw) signifie « exercer une pression psychologique sur quelqu'un », et convient parfaitement pour illustrer l'angoisse que les enfants de ces 11 autres films parviennent parfois à produire sur nous.

Dans la préface d'un recueil de Orson Scott Card, ce dernier distingue «trois formes de la peur» qui donnent chacune un tour d'écrou supplémentaire :

... Des trois formes de la peur, l’angoisse est la première et la plus forte : c’est cette tension, cette attente qui naît quand on sait qu’il y a quelque chose à craindre mais qu’on n’a pas encore réussi à identifier l’objet de cette crainte;

C’est la peur qui naît quand on entend un bruit bizarre dans la chambre, ...

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quand on se rend compte qu’une porte qu’on est certain d’avoir vu fermée est à présent ouverte, ...

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quand on est témoin d’étranges sinistres dans son appartement…

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La terreur, elle, n’intervient qu’à l’instant où l’on voit ce dont on a peur. C’est l’instant où tous les muscles du corps se crispent et se tétanisent, ou bien où l’on se met à hurler, ou encore où l’on s’enfuit. Il y a de la folie dans cet instant, une force paroxystique – mais c’est une force de déchaînement, pas de tension, et, de ce point de vue, la terreur, si éprouvante soit-elle, est préférable à l’inquiétude : enfin, on connaît au moins l’apparence de ce que l’on craint. On en connaît les limites, les dimensions. On sait à quoi s’attendre.

L’horreur est la plus faible des trois. Après que l’événement redouté s’est produit, on en contemple les restes, les vestiges, le cadavre affreusement mutilé ; les émotions vont du dégoût à la compassion envers la victime, et même la pitié se teinte de révulsion et de répugnance ; on en vient à rejeter la scène et à nier toute l’humanité au corps qu’on nous montre ; par la répétition, l’horreur perd sa capacité à émouvoir, déshumanise jusqu’à un certain point la victime, et, par conséquent, le spectateur...

Je trouve la description bien vue, et on comprend que seul un savant dosage de ces trois formes de la peur (l'angoisse, la terreur, et l'horreur) causeront chez le spectateur : effrois et fascinations. Quant au thème de l'enfance, on est curieux de voir comment les raconteurs d'histoire, des adultes en somme, nous montrent le monde qu'ils ont perdu. Car même dans le cinéma fantastique, d'épouvante, ou d'horreur, on se sent parfois soudainement relié à quelque chose d’essentiel que tout le monde a vécu. Quand ces films ne sont pas juste divertissants.