sale_temps_pour_un_flic.jpg, sept. 2020
"Another gun without a brain!" (dixit Chuck Norris)

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Sale temps pour un flic n'est pas un gros nanar d’action burnée du pauvre, comme on peut s’y attendre lorsqu’on constate qu'il place en son centre rien moins que le demi-dieu vivant du karaté, le monstre Chuck Norris — accompagné de ses plus gros calibres, comme en témoigne l’affiche du film. C'est assez incroyable, mais "Code of Silence" (titre original un peu plus explicite quant à une partie de l'intrigue dédiée à une omerta au sein de la police) est juste un très mauvais film d'action 80s, générique et bourrin, qui se place du côté de la police en lutte éternelle contre les trafiquants de drogues (hispano et italiens, bien sûr). Grotesque et involontairement comique, donc, mais dans un registre très différent de l'image de Walker, Texas Ranger.

Un film d'action très ancré dans sa décennie, dans l'esthétique, dans la musique et dans la façon d'aborder le thème du flic qui lutte à la fois contre la corruption au sein de son équipe (une bavure camouflée) et contre la guerre des gangs qui s'enracine à Chicago. Andrew Davis se perd très clairement en poursuivant ces deux lièvres à la fois et sans jamais prendre le temps de creuser l'une ou l'autre piste, mais c'est le contraire qui aurait été étonnant, évidemment. Au milieu de toute cette gangue malsaine, bien sûr, Chuck Norris est le héros incorruptible, stoïque comme un roc, capable de défoncer les méchants à 15 contre 1 sans sourciller. Il commence à faiblir seulement à partir de 30 contre 1 visiblement. Chuck Norris ne parle pas trop donc on limite la casse, mais disons que l'avalanche de clichés du genre (les discussions pour conclure un deal de drogue, les braqueurs immigrés bras cassés, le vieux de la vieille à qui on ne la fait pas, la jeune femme vulnérable qui voit en le protagoniste un père de substitution, etc.) n'aide pas à y voir autre chose qu'un machin ridicule et inconsistant.

La présence d'un robot-tueur assez ridicule dans les rangs de la police, dans cet océan de sérieux très singulier, est un plus : "another gun without a brain!" claque méchamment et très ironiquement dans l’air. Et Chuck Norris qui se prend pour Serpico, à grand renfort de punchlines du type "there's a shit-storm coming" ou "when I want your opinion, I'll beat it out of you", c'est quand même drôle. Et la tronche impayable du grand méchant chef de cartel Henry Silva (qui menace de te faire une cravate colombienne) ou celle archi conventionnelle dans le genre de Dennis Farina achèvent d'en faire un classique des années 80.

baston.jpg, sept. 2020