L'envie de se montrer généreux envers le dernier film de Jeremy Saulnier est difficile à réfréner, d'une part parce que Rebel Ridge est beaucoup mieux que Aucun homme ni dieu (son dernier film extrêmement décevant) et d'autre part parce qu'on reconnaît assez rapidement le travail fourni à plusieurs postes-clés souvent négligés dans ce registre cinématographique thriller / action. Saulnier ne s'est pas occupé de la photographie ici (et d'ailleurs ce n'est pas un point fort du film) mais en revanche le scénario et le montage sont relativement soignés pour la plupart des 130 minutes.
Rien de transcendant dans cette nouvelle variation sur le thème de Copland et de la petite ville américaine gangrénée par la corruption dans les rangs de sa police. J'avoue ne pas avoir ressenti l'influence majeure du premier Rambo comme cela est régulièrement cité (un ex-Marine, un gars qu'il aurait mieux valu ne pas emmerder), et peut-être que la passerelle vers Dragged Across Concrete ou plus généralement le style frontal et soigné dans l'écriture des films de S. Craig Zahler me paraîtrait plus légitime. En tous cas, le programme est annoncé très vite et moyennant quelques retournements de situation un peu prévisibles concernant la conduite du protagoniste, on sait qu'on s'engage dans un conflit musclé entre cet ancien militaire (venu simplement payer la caution de son cousin) et la quasi-intégralité de la police locale.
Je trouve ça un peu drôle que Saulnier se soit autant appliqué à livrer un scénario qui soigne énormément l'écriture, à travers la montée en tension très bien ficelée, la cohérence psychologique des personnages, l'atmosphère du piège qui se referme petit à petit, pour finalement commettre des facilités scénaristiques intervenant à des moments cruciaux. Autant l'articulation des événements autour des magouilles policières est bienvenue, avec une toile de fond dense et bien fournie, autant les nombreuses séquences où les différentes parties s'échauffent peinent à convaincre et demandent une suspension d'incrédulité plus que conséquente. D'autant plus dommage que Aaron Pierre incarne un très bon protagoniste, Don Johnson un très bon salaud, et AnnaSophia Robb une très bonne side-kick (James Cromwell, 84 ans, rôde également dans le coin). Le final est décevant, aussi, dans sa résolution un peu in extremis. Mais quoi qu'il en soit, j'aime beaucoup ce rapport au non-spectaculaire, cette façon de jouer avec nos attentes, et le contournement de codes bien connus. Le haut du panier de la catégorie à mes yeux.
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