Je m'attarde - Mot-clé - Canada le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearGeographies of Solitude, de Jacquelyn Mills (2022)urn:md5:d3d826550739e220b49e3489112835dc2024-01-09T09:45:00+01:002024-01-09T09:50:51+01:00RenaudCinémaAnimalCanadaChevalDocumentaireIleNouvelle-ÉcosseOcéan AtlantiqueOiseauPhoquePlastiquePollutionSable <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/geographies_of_solitude.jpg" title="geographies_of_solitude.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/.geographies_of_solitude_m.jpg" alt="geographies_of_solitude.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une vie sur Sable Island</strong></ins></span>
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<p><strong>Jacquelyn Mills </strong>introduit et explore deux choses bien distinctes dans <ins>Geographies of Solitude</ins>, un lieu et une personne, les deux étant sans surprise intimement liés.<br />
L'île de Sable, d'une part, une petite bande de sable canadienne en forme de croissant, longue d'une quarantaine de kilomètres et large d'à peine plus d'un. Située dans l'océan Atlantique au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, à 170 km du continent, elle est avant tout un refuge d'oiseaux migrateurs et elle abrite aujourd'hui quelques centaines de spécimens d'une population de chevaux sauvages particuliers.<br/>
Zoe Lucas, d'autre part, une femme vivant seule sur ces quelques dizaines de kilomètres carrés depuis plus de 40 ans, travaillant sur l'étude de la biodiversité à travers l'île, sur le comportement de la faune locale, ainsi que sur l'impact de diverses pollutions à plusieurs niveaux.</p>
<p>Le cadre est naturellement exceptionnel, mais c'est avant tout le travail de la documentariste qui confère au lieu une dimension si fortement singulière. En réalité <ins>Geographies of Solitude</ins> observe Lucas un peu comme Lucas observe la vie sur l'île, en y ajoutant des expérimentations formelles régulières : le travail sur l'image (pellicule) et sur le son (l'analogique qui crépite) est vraiment remarquable, à défaut de faire unilatéralement consensus — le propre du cinéma expérimental après tout, il serait bizarre que <strong>Stan Brakhage </strong>ou <strong>Kenneth Anger</strong>, au hasard, fassent l'unanimité... En l'occurrence, on pourra observer ce que donne l'enfouissement de pellicules 16 mm à divers endroits de l'île, après développement et ajouts de différents éléments (sable, poils de chevaux, etc.). Ces inserts expérimentaux sont en tous cas marginaux et ne gênent en rien le reste, ils accompagnent en douceur la confection de cette ambiance originale qui flotte en ces lieux dépeuplés d'humains. Ici, c'est le règne des chevaux sauvages, des oiseaux, des phoques et... du plastique.</p>
<p>On y revient toujours, à ces bouts de pétrole qui s'infiltrent dans absolument toutes les strates, dans tous les corps biologiques, dans toutes les rivières et tous les océans, parcourant inlassablement la terre. Ils peuvent finir en Chine (<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Plastic-China-de-Jiu-liang-Wang-2016">Plastic China</a></ins>) ou au Ghana (<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Welcome-to-Sodom-de-Christian-Krones-et-Florian-Weigensamer-2018">Welcome to Sodom</a></ins>) comme le résultat de la délocalisation du traitement de nos déchets, ils peuvent se retrouver jusque dans les coins magnifiques les plus reculés et inhabités (<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Exogene-de-Nikolaus-Geyrhalter-2022">Exogène</a></ins>), et ils peuvent donc se retrouver sur cette île déserte, que ce soit dans l'estomac des oiseaux morts (plus de 70% des oiseaux analysés ont le ventre rempli de ces déchets) ou disséminés sur les plages dans des formes très diverses (bouteilles intactes, filaments issus de la décomposition, ou même sous la forme des petites granules (nurdle ou larme de sirène) que l'on retrouve littéralement partout depuis le milieu du XXe siècle).</p>
<p>Mais cela n'entame pas la douceur du regard porté sur cet écosystème hors du commun, visité par Cousteau au début des années 80 (archives à l'appui) à une époque où Lucas n'était âgée que d'une vingtaine d'années... Elle aura littéralement dédié sa vie à l'étude de cette île et des changements sur plus de 4 décennies, et le docu parvient à rendre compte de cette dimension scientifique exceptionnelle avec une grande humilité, dans une démarche rarement vue ailleurs. Il en résulte un témoignage très poétique de la vie sur Sable Island, sur ses habitants permanents ou de passage, et sur le passage du temps.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/img5.jpg" title="img5.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/geographies_of_solitude/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Geographies-of-Solitude-de-Jacquelyn-Mills-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1321La Femme de mon frère, de Monia Chokri (2019)urn:md5:69e9a1454f56a3b677104d2fc4ceaafe2023-12-29T12:22:00+01:002023-12-29T12:23:02+01:00RenaudCinémaAvortementCanadaComédieMonia ChokriQuébecRomance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femme_de_mon_frere/femme_de_mon_frere.jpg" title="femme_de_mon_frere.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femme_de_mon_frere/.femme_de_mon_frere_m.jpg" alt="femme_de_mon_frere.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Intrications des dynamiques familiales et politiques chez les continuateurs d’Antonio Gramsci"</strong></ins></span>
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<p>On parle souvent des liens qu'il y aurait entre <strong>Monia Chokri </strong>et <strong>Xavier Dolan </strong>(au-delà de sa présence chez lui en tant qu'actrice bien évidemment), mais je dois avouer que pour son premier film, la réalisatrice québécoise fait preuve d'une assurance et d'une indépendance assez bluffantes. Il y a quelques réflexes qui témoignent de la primeur de cette œuvre dans la filmographie de <strong>Chokri</strong>, quelques effets de style un peu lourds, quelques schémas récurrents pour insuffler artificiellement du rythme, mais rien qui ne soit pas contrebalancé ailleurs par d'autres éléments positifs.</p>
<p>Très honnêtement, il n'y aurait pas de film sans <strong>Anne-Élisabeth Bossé</strong>, l'héroïne. Il y a bien sûr le personnage, cette jeune femme ayant récemment obtenu son doctorat mais blasée dans toutes les directions de son existence (professionnelle, familiale, sentimentale), et il y a l'actrice, passionnante de bout en bout avec son physique inhabituel qui donne une coloration toute particulière à cette personne auteure d'une thèse sur les "intrications des dynamiques familiales et politiques chez les continuateurs d’Antonio Gramsci". Elle est célibataire, sans emploi, trop qualifiée, elle vient d'avorter et ne sait pas vraiment ce qu'elle veut — si ce n'est son amour platonique pour son frère, à l'origine de la dynamique principale de <ins>La Femme de mon frère</ins>, titre explicite puisqu'il tombera amoureux de sa gynécologue.</p>
<p>Et le film d'osciller entre comédie (excentrique, hystérique) et tragédie existentielle (tantôt du côté de la folie, tantôt du côté de l'émotion). <strong>Monia Chokri </strong>est parvenue à trouver la juste mesure entre les élans mélancoliques de l'impasse dans laquelle elle a l'impression de s'engager et la grande méchanceté dont elle sait faire preuve, aussi cruelle que jouissive par endroits. Il est tentant d'y voir une version intello de <ins>Bridget Jones</ins>, même si ici on voit bien que l'essentiel porte sur cette rage qui la ronge et qui l'empêche, en quelque sorte, de grandir. Dommage que certains dispositifs narratifs soient aussi dérangeants, comme notamment les changements de rythme soudains et les écarts très démonstratifs, mais l'originalité et la perspicacité l'emportent aisément.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femme_de_mon_frere/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femme_de_mon_frere/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femme_de_mon_frere/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femme_de_mon_frere/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Femme-de-mon-frere-de-Monia-Chokri-2019#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1312Earth (Erde), de Nikolaus Geyrhalter (2019)urn:md5:e3236ebfed9a790d6bd0a49504c89f442023-12-18T11:39:00+01:002023-12-18T11:39:00+01:00RenaudCinémaAllemagneAutricheCanadaDocumentaireEspagneEtats-UnisHongrieItalieMineMineraiNatureNikolaus GeyrhalterNucléaire <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/earth.jpg" title="earth.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/.earth_m.jpg" alt="earth.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If all else fails, there’s always dynamite. We always win."</strong></ins></span>
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<p>Il y a un peu des paysages irakiens désolés filmés depuis un hélicoptère par <strong>Werner Herzog </strong>en 1992 (<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lecons-de-tenebres-de-Werner-Herzog-1992">Leçons de ténèbres</a></ins>) dans ce film hypnotisant de <strong>Nikolaus Geyrhalter</strong>. Si l'on excepte le dernier des 8 segments que compte <ins>Earth</ins>, le documentaire est entièrement consacré à la transformation du paysage à grande échelle par l'homme, dans des mines et autres sites d'exploitation remuant des millions de tonnes de terre par jour, avec une alternance extrêmement bien équilibrée : d'une part des visions d'ensemble des chantiers, avec beaucoup de prises de vues aériennes par drone (plus abordable qu'un hélicoptère, on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'en aurait fait <strong>Herzog</strong>...) qui capte le ballet incessant des énormes machines sur des terrains toujours différents, et d'autre part des témoignages recueillis directement auprès des ouvriers, face caméra, très posément, éclairant des états d'esprit et des rapports aux métiers tout aussi variés, souvent fiers de leur métier et conscients des conséquences. Le procédé est surprenant de la part de <strong>Geyrhalter</strong>, l'auteur de monolithes invariablement muets comme le stupéfiant <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Homo-Sapiens-de-Nikolaus-Geyrhalter-2016">Homo Sapiens</a></ins>, mais il s'avère vraiment payant.</p>
<p>Californie, Autriche, Italie, Hongrie, Espagne, Allemagne, Canada. On rase une montagne pour en faire une future petite ville californienne, on en creuse une autre pour créer un tunnel, on extraie différents minerais pour l'industrie du bâtiment ou de l'électronique, on taille d'immenses blocs de marbre dans la roche mère, on garnit le sol d'explosifs quand la terre se fait trop réticente, on réalise que le stockage des déchets nucléaires n'est pas aussi simple que ce qu'on pensait il y a encore quelques décennies. Toutes ces opérations, que la plupart des êtres humains aura tôt fait de qualifier de "nécessaires" ("it's human nature", dira l'une des personnes sur le chantier américain de San Fernando Valley où l'on déplace littéralement des montagnes), occasionnent des déplacements de terre dans des volumes proprement hallucinants et sous des modalités d'excavation incroyablement diversifiées. Toute la gamme de bulldozers y passe, avec les hommes à l'intérieur largement malmenés par la machine : l'un d'entre eux dira d'ailleurs qu'il s'agit d'un combat contre la planète, qu'elle résiste quand on la pille, mais que quoi qu'il en soit, c'est l'homme qui aura le dernier mot puisque "If all else fails, there’s always dynamite. We always win." À titre personnel, je reçois ces paroles comme certains reçoivent les images abominables diffusées par L214 dans certains abattoirs, comme si on était aux portes de l'enfer.</p>
<p>Certaines choses ne peuvent pas être conscientisées tant qu'on ne les a pas vraiment vues, et il y a une image (parmi beaucoup d'autres) dans <ins>Earth</ins> qui semble venir d'une autre planète. Sur un chantier de Gyöngyös en Hongrie, au milieu d'une gigantesque exploitation, elle est là, tout droit sortie d'un film de science-fiction dystopique. Une machine de la taille d'un immeuble de 16 étages (et encore, ce n'est que la hauteur, elle s'étend en longueur sur une distance encore plus grande) creuse la terre, tonne par tonne, tandis qu'un tapis roulant long de plusieurs centaines de mètres achemine les restes plus loin. On prend la terre et la roche, on la broie, on en extraie quelque matériau, et on la rejette en tas à côté. On transforme une montagne vivante avec ses innombrables strates géologiques en un tas de graviers par l'entreprise d'une machine monstrueuse entre autres par ses dimensions inimaginables. Rarement une image documentaire aura été aussi angoissante, symbole gargantuesque de destruction.</p>
<p>À côté de ça, on apprend que la modification des eaux souterraines et les grands barrages à travers la planète ont un effet direct sur l'axe de rotation de la Terre (modification de la précession) ainsi que sur sa vitesse de rotation. Mais bon, "what's the alternative?". À Carrare en Italie, on extraie des blocs de marbre de plusieurs centaines de tonnes, parfois à plusieurs bulldozers (et je laisse imaginer la taille des engins) : ce qui prenait plusieurs jours à la fin du XXe siècle se fait désormais en une heure. Le corolaire étant que les paysages se transforment à une vitesse impressionnante. Les images sont sublimes ici, un lieu hautement photogénique que <strong>Yuri Ancarani </strong>avait déjà capturé dans son magnifique court-métrage intitulé <ins>Il Capo</ins> en 2010, davantage orienté sur le chef-d’orchestre guidant les machines. À cette vitesse-là, d'ici quelques centaines d'années, il n'y aura plus rien affirme un opérateur, avant de rajouter "mais bon, on ira sans doute sur la Lune ou sur Mars pour exploiter les ressources là-bas". De la science-fiction, encore une fois.</p>
<p>La toute dernière partie de <ins>Earth</ins> est la plus faible, la plus maladroite, la plus anecdotique. Le geste est louable mais l'effet est raté : <strong>Nikolaus Geyrhalter </strong>entendait donner la parole à des habitants de la région de Fort McKay au Canada, vivant près d'un cours d'eau pollué par les sites d'extraction de pétrole et de gaz de schiste, montrant au passage d'anciennes industries abandonnées avec engins de chantiers laissés là, en décomposition au milieu d'une forêt reprenant ses droits, et des bâtiments en ruines garnis d'amiante. Dommage de laisser retomber ainsi la tension à l'occasion d'une séquence aussi faible et aussi inférieure en termes esthétiques.</p>
<p>Mais tout le reste est gravé sur la rétine, aucun doute là-dessus. L'échelle à laquelle l'exploitation et la destruction s'opèrent donne au documentaire des airs post-apocalyptiques sans pour autant verser dans l'accusation facile, notamment grâce aux échanges avec les intervenants sur les différents sites. De par l'ampleur des événements retranscrits, <strong>Geyrhalter </strong>confère à ses images un parfum d'inéluctabilité incroyablement intense, un sentiment rarement éprouvé ailleurs.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/img01.jpg" title="img01.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/.img01_m.jpg" alt="img01.jpg, déc. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Earth-de-Nikolaus-Geyrhalter-2019#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1308L'Évadé du camp 1, de Roy Ward Baker (1957)urn:md5:799121694d67325b8daf8df14d4a90c62023-01-16T21:48:00+01:002023-01-16T21:50:53+01:00RenaudCinémaAllemagneCanadaGuerreNeigePrisonRoy Ward BakerRoyaume-UniSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/evade_du_camp_1/.evade_du_camp_1_m.jpg" alt="evade_du_camp_1.jpg, janv. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>A history of escapes</strong></ins></span>
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<p>L'histoire (vraie) est assez folle : un pilote de chasse allemand, en 1940 pendant les opérations de la bataille d'Angleterre, est capturé, fait prisonnier, et parviendra à s'échapper lors d'un transfert au Canada en atteignant la frontière états-unienne, pays neutre à ce moment-là de la Seconde Guerre mondiale.<br />
Le contexte de production est presque aussi fou : moins de 12 ans après la fin de la guerre, c'est un réalisateur britannique qui met en scène l'histoire de ce soldat allemand, sans en faire une caricature aryenne, et au contraire en soulignant l'opiniâtreté absolue du personnage.<br />
La question en suspens : pourquoi <ins>The One That Got Away</ins> n'est-il pas un si bon film que ça, sur la base de ces constatations plutôt élogieuses ?</p>
<p>Le souci est double à mes yeux. D'une part, afin de pouvoir mettre en avant un personnage issu de l'Allemagne nazie, <strong>Roy Ward Baker </strong>a pris le parti de totalement gommer les aspérités de l'aviateur, d'en retirer tous les aspects politiques. On fait de Franz Von Werra un soldat très bienveillant, joueur, bon perdant, très souvent souriant. Bien sûr, si la figure montrée avait été un sombre nazillon, il y aurait eu un problème moral, mais clairement, il y avait la place pour développer précisément ces aspects de soldat allemand non-nazi jusqu'au bout des ongles, plutôt que de partir d'un postulat sans jamais rien approfondir. Cela participe à faire de <strong>Hardy Krüger </strong>(très bon au demeurant, bien que beaucoup moins troublant que dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cybele-ou-les-Dimanches-de-Ville-d-Avray-de-Serge-Bourguignon-1962"><ins>Les Dimanches de Ville d'Avray</ins></a>, proche du personnage de <strong>Steve McQueen </strong>dans <ins>La Grande Évasion</ins>) une coquille un peu vide.</p>
<p>D'autre part, pour un film qui se veut d'aventures, il est bien dommage de filmer ainsi des tentatives d'évasion répétées : le gars semble bénéficier d'une marge de manœuvre hallucinante pour pouvoir s'échapper d'une promenade de santé, s'enfuir d'un camp via des tunnels, ou sauter d'un train pour partir à travers les forêts enneigées canadiennes. On aurait pu rendre ces péripéties un peu plus crédibles. Dommage, car avec le caractère vantard et charmeur du type, sa pratique du bluff et ses ressources multiples, dans un écrin neutre, il y avait là matière à quelque chose d'excellent. Et au final, la morale anglaise est sauve car c’est le seul prisonnier (connu) a être parvenu à s’évader et on précise qu’il est parvenu à rentrer en Allemagne en 1941 mais qu’il n’est jamais revenu d’une mission peu de temps après.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/evade_du_camp_1/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Evade-du-camp-1-de-Roy-Ward-Baker-1957#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1115Le Règne du jour, de Pierre Perrault (1967)urn:md5:a6db684719133ee85a0b9227c3092a412022-08-26T17:01:00+02:002022-08-26T17:01:00+02:00RenaudCinémaCanadaDocumentaireEthnologieFrancePaysanPierre PerraultQuébecVoyage <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/regne_du_jour/.regne_du_jour_m.jpg" alt="regne_du_jour.jpg, juil. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Le peuple est à la folie Marie !"<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Quel voyage émouvant initié par <strong>Pierre Perrault</strong>, de retour du côté de chez les Tremblay à L'Isle-aux-Coudres, sur le Saint-Laurent, quelques années après <ins>Pour la suite du monde</ins>, pour les inviter à faire le déplacement en France et y retrouver les origines de leur famille et leurs ancêtres dans le Perche... Quels personnages, ces deux vieux Alexis et Marie, deux personnalités centrales au cœur du pèlerinage, donnant des portraits vraiment incroyables... On coche énormément de cases en ce qui me concerne : documentaire semi-ethnographique, paysannerie, culture québécoise.</p>
<p>Très touchant de découvrir un peu plus en détail l'intimité de ce couple très âgé (avec quand même 17 enfants, 72 petits-enfants, et 7 arrière-petits-enfants, de quoi peupler la région comme 3 siècle auparavant !), avec leurs caractères bien trempés, et surtout l'inscription de leur état d'esprit dans une chronologie culturelle. Le rapport de l'homme au temps et à son environnement est magnifique, merveilleusement bien capté ici à travers d'une part la peur tangible d'Alexis vis-à-vis du futur et de l'époque moderne ("Le peuple est à la folie Marie ! Le luxe… mais on vit moins bien qu’avant je te dis !") et d'autre part dans le contrepoint très calme et plus mesuré offert par Marie, justement, l'air de ne pas y toucher ("il a toujours été vieux… alors avec l’âge…" réplique collector).</p>
<p>Le voyage en France est aussi l'occasion d'établir une série de passerelles, des points communs et des différences, entre les paysans québécois et les paysans français, à travers plusieurs prismes : ils découvrent que les fermes françaises sont majoritairement louées là où au Québec les paysans sont propriétaires de leurs terres et de leurs bâtisses. La mécanisation est plus importante, les tracteurs sont présents un peu partout tandis que l'accès à l'eau courante n'est pas garanti. Surtout, le rite du cochon n'est pas effectué de la même manière, que ce soit pour le tuer, le peler, le préparer, gérer les abats, etc. Ce qui est très drôle, c'est que plus ces cousins éloignés échangent sur leurs différences, plus ils se rapprochent. Ils prennent carrément conscience d'appartenir à la même classe sociale, loin des aristocrates occupés par la chasse à courre par exemple (un très bon exemple qui conforte Alexis dans sa vision des choses, à quelques détails près liés à la résistance notamment).</p>
<p>Un documentaire qui recèle en outre une poésie insoupçonnée, sur les jeux de langues, les spécificités idiomatiques qui se croisent, les accents (délicieux) aussi bien sûr, les pratiques qui se répondent comme un écho de part et d'autre de l'Atlantique à la faveur d'un montage alterné savoureux. Très authentique dans sa démarche, très drôle dans la confrontation qu'il provoque entre ces vieux paysans qui n'étaient jamais sortis de leur Isle-aux-Coudres et qui débarquent en France. Je crois que le plus touchant dans cette histoire, c'est cette incompréhension profonde du monde moderne chez Alexis (le passage avec les motoneiges est à pleurer de rire), et la peur teintée de colère que cela occasionne.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/regne_du_jour/.img1_m.png" alt="img1.png, juil. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/regne_du_jour/.img2_m.png" alt="img2.png, juil. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/regne_du_jour/.img3_m.png" alt="img3.png, juil. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Regne-du-jour-de-Pierre-Perrault-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1065Never Take Sweets from a Stranger, de Cyril Frankel (1960)urn:md5:e68cf8425fdaffe3b98425061da2c4312020-11-16T09:34:00+01:002020-11-16T09:34:00+01:00RenaudCinémaCanadaEmprisePatriarcatPédophilieRoyaume-Uni <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/never_take_sweets_from_a_stranger/.never_take_sweets_from_a_stranger_m.jpg" alt="never_take_sweets_from_a_stranger.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Hammer ailleurs<br /></strong></ins></span></div>
<p>On connaît la Hammer comme société de production britannique spécialisée dans les films fantastiques, d'horreur ou d’aventures qui ont irrigué les années 50 et 60 avec sa pléthore de variations sur le thème du loup-garou, du vampire, de la créature diabolique. On la connaît en revanche beaucoup moins dans le registre du drame social et familial, avec une focalisation sur un sujet très clairement énoncé par le titre : <ins>Never Take Sweets From A Stranger</ins>. En 1960, la Hammer produisait ainsi un film extrêmement atypique, plutôt audacieux à défaut d'être vraiment percutant avec le recul, et formulant très peu de compromis, s'intéressant à la menace d'un patriarche pédophile régnant en despote siphonné sur la ville qu'il tient sous son emprise économique.</p>
<p>La tonalité noire et franche est annoncée d'entrée de jeu : lorsque la famille britannique arrive dans ce petit coin du Canada pour s'y installer, suite à la prise de fonction du père en tant que principal du lycée, une séquence glaçante de suggestion ne tardera pas à planter le décor. Deux filles qui jouent sur une balançoire à la lisière de la forêt, avec un manoir en fond où elles iront chercher des bonbons, comme cela semble être normal pour celle qui entraînera la nouvelle venue. On comprend très vite, dans les 10 premières minutes, que quelque chose d'anormal s'est passé. Et on découvre peu à peu l'emprise de la famille du vieil homme sur les habitants, une puissance familiale qui a permis le développement économique de la région et qui a tissé par la même occasion un réseau dense de contraintes et d'obligations tacites, comme si toute la population se sentait puissamment redevable. Au point que l'on essaie de dissuader les parents de la jeune fille de porter plainte, sous prétexte que le vieux grabataire n'a pas fait de mal, qu'il est juste maboul, qu'il ne l'a vraiment maltraitée physiquement, et qu'elle ment sans doute un peu.</p>
<p>On évolue dans le cadre d'une série B, et l'ampleur du film ne permettra pas de développer quelque chose d'ambitieux autour de cette thématique, de cette résistance de la part de la communauté à entrer en empathie avec la famille récemment arrivée. La séquence du procès, qui scinde la film en deux parties (la dernière étant une sorte de thriller avec papi lubrique dans les bois), illustre bien cette limitation en usant de symboles un peu grossiers : on concède au vieil homme de ne pas se lever quand le juge arrive à cause de son âge, la fille ne peut pas s'asseoir normalement car elle est trop petite, ainsi que la dureté de l'avocat de la défense qui maltraite allègrement la pauvre enfant par la violence de ses mots et de ses sous-entendus pour la pousser dans ses derniers retranchements. La dernière partie, avec les deux filles en fuite sur une barque, peut même rappeler <ins>La Nuit du chasseur</ins> sous certains aspects, en version légèrement cheap, conférant à ce dernier segment une certaine inutilité dans le mélodrame forcé. Histoire de bien matraquer la morale. Mais on retiendra manifestement la tonalité très singulière de la première partie, une production Hammer pas comme les autres.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/never_take_sweets_from_a_stranger/.intro_m.png" alt="intro.png, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Never-Take-Sweets-from-a-Stranger-de-Cyril-Frankel-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/858Robe Noire, de Bruce Beresford (1991)urn:md5:3d26b26682f479ab6e4a92b7d3624d852020-10-11T18:35:00+02:002020-10-11T18:35:00+02:00RenaudCinémaCanadaColonialismeEvangélisationIndiensReligion <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_robe/.black_robe_m.jpg" alt="black_robe.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"They have hairy faces like dogs. Who are they? — They are French."<br /></strong></ins></span></div>
<p>Dans cette vision très crue de la mission d'évangélisation au sein d'Indiens Hurons menée par un jeune jésuite au Canada au 17e siècle, on reconnaît le style parfois brutal de <strong>Bruce Beresford</strong>, auteur de <ins>Héros ou Salopards</ins> sur des lieutenants australiens accusés d'avoir injustement exécuté des prisonniers durant la guerre des Boers. Filmé comme une épopée spiritualo-existentielle du point de vue du missionnaire, <ins>Black Robe</ins> se double d'une réflexion très intéressante — à replacer dans le contexte d'un film très humble, toutefois, dans ses moyens de production — sur la colonisation du continent nord-américain par les peuples européens. Le parti pris notable ici : mettre sur un pied d'égalité, de manière subtile et implicite, les deux cultures en présence (Indiens et Chrétiens) à travers la juxtaposition d'une série de rituels et de croyances qui laissent entrevoir des points de convergence vu d'aujourd'hui alors que les deux cultures étaient profondément incompatibles à l'époque.</p>
<p><ins>Lothaire Bluteau</ins> incarne avec une certaine justesse le père Laforgue, chargé par Samuel de Champlain d'évangéliser ces pauvres tribus d'Indiens (considérées comme) impies, les Hurons. C'est dans une première partie presque un film d'aventures, au sens où on suit un petit groupe dans leur voyage à travers les forêts canadiennes denses et enneigées, à mesures que leurs certitudes et leurs croyances semblent vaciller. C'est notamment le cas lorsque le religieux observe les pulsions sexuelles des peuplades indiennes se déchaîner le soir venu, dans des moments très crus sans être vulgaires, filmé avec la même frontalité que les accès de violence très soudains. Le doute quant au sens de cette mission pénètre peu à peu le groupe, et la rencontre avec ces fous furieux d'Indien Iroquois achèvera de les désillusionner. Un grand moment de cruauté.</p>
<p>Difficile voire impossible de discerner la part de réalité dans cette version fictionnalisée du réel. Mais l'égarement de ce pasteur idéaliste dans des territoires sauvages parvient à se frayer un chemin agréable, loin de tout prosélytisme, vers une sorte de quête initiatique inattendue. On sent à quelques reprises sa foi vaciller, peut-être, lorsqu'il discerne chez les Hurons des valeurs au moins aussi fortes que celles portées par le christianisme. Eux, en retour, s'interroge sur son célibat. L'occasion de méditer sur le choc des cultures car <strong>Beresford </strong>fait la part belle au mode de vie des Indiens à l'heure de la colonisation. Point de thèse sur le thème du paradis perdu : on est en plein dans le tragique des illusions perdues et dans l'influence européenne désastreuse (épidémies de variole et baptêmes qui conduiront les Hurons à se faire massacrer par les Iroquois) sur le continent américain.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_robe/.indiens_m.jpg" alt="indiens.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Robe-Noire-de-Bruce-Beresford-1991#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/848