Je m'attarde - Mot-clé - Claude Berri le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearSex-shop, de Claude Berri (1972)urn:md5:f19c31d029a72dd55715d1dfc846f5aa2023-04-26T10:51:00+02:002023-04-26T10:51:00+02:00RenaudCinémaClaude BerriClaude PiépluJacques MartinJean-Pierre MarielleLibrairieSerge GainsbourgSex-shopSexe <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sex_shop/.sex_shop_m.jpg" alt="sex_shop.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"J’ai deux passions dans la vie, la sexualité de groupe et les maisons normandes."</strong></ins></span>
</div>
<p>La face connue de la carrière de <strong>Claude Berri </strong>navigant entre pépites comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Uranus-de-Claude-Berri-1990">Uranus</a></ins> et déchets comme <ins>Une femme de ménage</ins> ne laissait pas vraiment supposer l'existence de curiosité anarchisante pareille, caractéristique du cinéma français de la fin des années 60 et du tout début des années 70, dans la lignée de pamphlets libertaires à tendance féministe comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fiancee-du-pirate-de-Nelly-Kaplan-1969">La Fiancée du pirate</a></ins> de <strong>Nelly Kaplan</strong>. Mais si <ins>Sex-shop</ins> n'atteint manifestement pas ce niveau d'avant-gardisme dans cette direction-là, il se révèle malgré tout comme une comédie gauloise très agréable et intéressante à regarder encore (ou surtout) 40 ans après sa sortie.</p>
<p>Les deux gros arguments du film, ce sont certainement les deux rôles masculins principaux, avec <strong>Claude Berri </strong>en libraire un peu austère et triste qui transforme sa boutique en sex-shop pour éviter la faillite et <strong>Jean-Pierre Marielle </strong>en dentiste fort avenant aux perversités multiples l'entraînant dans divers coups fourrés caractéristiques de sa lubricité déviante. Comment le dire autrement : ils sont parfaits dans leurs rôles respectifs, l'acteur-réalisateur dans la peau de ce vieux garçon au physique ingrat emprisonné dans une grisaille existentielle et qui se découvre une passion pour les pratiques sexuelles non-orthodoxes, et la superstar <strong>Marielle </strong>des grands jours, dans une forme olympique qui rappelle des étincelles grivoises du type <ins>Les Galettes de Pont-Aven</ins> même s'il occupe un rôle moins prépondérant ici.</p>
<p>On peut regretter la relative faiblesse des rôles féminins peu développés, <strong>Nathalie Delon </strong>et <strong>Juliet Berto </strong>peinant dans l'ensemble à occuper l'espace laissé par leurs maris, à commencer par elles. Même <strong>Claude Piéplu </strong>en officier enclin aux plaisirs charnels ou <strong>Jacques Martin </strong>en pote aux bons plans marquent davantage les esprits en dépit d'une présence beaucoup plus ténue. Disons que aussi fort que soit poussée la remise en cause des normes phallocentrées (dans le style "ben chéri, si tu veux qu'on fasse un plan à trois avec une fille, j'ai le droit de vouloir la même chose avec un homme"), avec un naturel très étonnant pour évoquer diverses pratiques sexuelles en 1972, il est difficile de ne pas voir l'objectification du corps féminin à l'œuvre tout de même.</p>
<p>Mais tout de même, c'est un sacré film planté le décor du cinéma français de l'époque, agrémenté d'un thème musical composé par <strong>Serge Gainsbourg</strong>. Ironiquement le film traite également du fait que certains plaisirs ne peuvent pas être achetés dans un sex-shop (comme par exemple l'amour qui existe entre l'homme et sa compagne). Mais c'est surtout la folie et l'impertinence de certaines séquences qu'on retiendra, au moins autant que les nombreuses tirades de <strong>Marielle </strong>le partouzard toujours collector, "<em>Mon cher Claude, j’ai deux passions dans la vie, la sexualité de groupe et les maisons normandes</em>" avec un grand sourire caché derrière sa moustache, ou encore, autour de la norme, "<em>Imaginez un monde normal, où à partir de 12 ans on vous apprendrait à bien faire l’amour et à ne pas être jaloux. Je vous le dis tout de suite : j’aime bien mon métier, je suis dentiste, mais alors je laisse tout tomber je me fais prof</em>".</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sex_shop/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sex_shop/.img2_m.png" alt="img2.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sex_shop/.img3_m.png" alt="img3.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sex_shop/.img4_m.png" alt="img4.png, mars 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sex-shop-de-Claude-Berri-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1141Uranus, de Claude Berri (1990)urn:md5:3aa29b99479af22b3b00b74357362adc2021-02-18T10:56:00+01:002021-02-18T10:56:00+01:00RenaudCinémaClaude BerriDaniel PrévostFabrice LuchiniGérard DepardieuJean-Pierre MarielleMichel BlancMichel GalabruPhilippe NoiretPoésieReconstructionSeconde Guerre mondialeTicky HolgadoVillageYves Afonso <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/uranus/.uranus_m.jpg" alt="uranus.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Affiche" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"J'AI SOIF !" (Depardieu, les yeux exorbités)<br /></strong></ins></span></div>
<p>Étonnant pavé dans la marre de la part d'un <strong>Claude Berri </strong>que je n'ai jamais connu aussi peu poli et aussi peu empathique. Phénomène subjectif assez marquant dans mon visionnage : <ins>Uranus</ins> fait partie des rares films dont la dimension très théâtrale est aussi clairement présente que bien intégrée dans le déroulement des fils narratifs, et à ce titre ne présente aucune contre-indication. Chose rare en ce qui me concerne, sans doute alimentée par deux particularités : le thème et l'interprétation. Le thème de la petite ville de France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, très loin des sentiers balisés de la reconstruction dans la joie et l'harmonie nationale — quand bien même le travail d'adaptation de <strong>Berri </strong>ne brille pas par sa nuance et la finesse de ses personnages, il recèle tout de même une consistance très intéressante et agréable, qui plus est. L'interprétation d'un gratin impressionnant de la période 80s / 90s : <strong>Gérard Depardieu</strong>, <strong>Jean-Pierre Marielle</strong>, <strong>Philippe Noiret</strong>, <strong>Michel Blanc</strong>, <strong>Michel Galabru</strong>, <strong>Fabrice Luchini</strong>, <strong>Daniel Prévost</strong>, <strong>Ticky Holgado</strong>, <strong>Yves Afonso</strong>, et bien d'autres têtes secondaires encore.</p>
<p>Chaque personnage, pris indépendamment, se trouve quelque peu enfermé dans son archétype : <strong>Depardieu </strong>le patron herculéen et alcoolique d'un bistrot, <strong>Marielle </strong>l'ancien collabo qui se découvre une fibre humaniste, <strong>Noiret </strong>le rescapé idéaliste et lettré, <strong>Blanc </strong>le communiste de conviction, <strong>Luchini </strong>le communiste de principe, <strong>Prévost </strong>la crapule très arriviste, etc. Et ce qui sauve le film du catalogue de clichés, c'est précisément l'articulation de tous ces clichés pour en faire une dynamique de village qui ne s'attarde pas démesurément sur chacune de ses parties.</p>
<p>Il y a ceux qui hébergent des sinistrés, suite aux bombardements, conduisant à des cohabitations inattendues et des promiscuités presque surréalistes entre un ingénieur et un ouvrier. Il y a l'instituteur rêveur qui est contraint de faire classe dans le bistrot, fermé pour l'occasion durant les heures de cours. Il y a celui qui s'en est foutu plein les poches pendant la guerre et qui a autant de pouvoir aujourd'hui que de choses à cacher. Mais il y a surtout <strong>Depardieu</strong>, le monstre, le colosse à côté duquel tous les autres acteurs passent pour des freluquets fragiles (pauvre <strong>Prévost </strong>qui se fait trimballer de droite à gauche comme un sac à patates), l'alcoolo qui se découvre une passion pour la poésie au marteau-piqueur et qui se découvre une passion subite pour les alexandrins. Il faut le voir gueuler "j'ai soif !" en prison, il faut le voir s'extasier devant son talent soudain en s'époumonant "j'ai la poésie dans la viande" au bout du deuxième vers composé ("des vers et des blancs" et tout ira bien). Le film se suffirait presque de ses excès gargantuesques, de ses yeux exorbités, et de ses crises de colère sous emprise éthylique. On se souviendra longtemps de "Passez-moi Astyanax, on va filer en douce. Attendons pas d'avoir les poulets à nos trousses".</p>
<p>Pour le reste, beaucoup de règlements de comptes, des vengeances plus ou moins légitimes derrière lesquelles on se cache pour assouvir d'autres vieilles vindictes. <ins>Uranus</ins> développe un tissu chaotique qui va crescendo dans la tension, la violence, la honte et la peur, et qui dessine une France déchiquetée par la guerre. "Dans l'horreur, toutes les idées se valent" dira l'un d'entre eux pour relativiser l'abjection ambiante, au milieu de de la foule d'anciens collabos et de résistants opportunistes. Loin de la reconstitution historique, une galerie de portraits qui baignent dans le flot de l'hypocrisie.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/uranus/.noiret_depardieu_m.jpg" alt="noiret_depardieu.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/uranus/.luchini_m.jpg" alt="luchini.jpg, janv. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/uranus/.depardieu_prevost_m.png" alt="depardieu_prevost.png, janv. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Uranus-de-Claude-Berri-1990#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/903