Je m'attarde - Mot-clé - Course le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearThe Barkley Marathons: The Race That Eats Its Young, de Annika Iltis et Timothy James Kane (2014)urn:md5:1467967d07b705cfdf15f639cad511702022-05-22T19:42:00+02:002022-05-23T16:10:46+02:00RenaudCinémaCourseDocumentaireEpreuveEtats-UnisExploitForêtMarathonNature <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/barkley_marathons/.barkley_marathons_m.jpg" alt="barkley_marathons.jpg, mai 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Méga-ultra-trail<br /></strong></ins></span>
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<p>Le marathon de Barkley est une course américaine figurant très certainement en haut de la liste des ultratrails les plus difficiles au monde, avec ses 160 kilomètres de distance et ses 18 000 mètres de dénivelé cumulé positif à travers les forêts du parc d'État de Frozen Head, dans le Tennessee. Plus de deux fois l'Everest à monter et à descendre, s'amusent les organisateurs. Mais avant toute chose, c'est l'une des courses les plus atypiques qui soient et ce pour un très grand nombre de raisons.</p>
<p>L'idée de cette course inhumaine est née dans la tête de Gary « Lazarus » Cantrell, un ancien traileur, aidé par son ami Karl Henn, inspiré par la fuite du prisonnier James Earl Ray, assassin de Martin Luther King, qui avait parcouru 13 kilomètres dans les bois alentours en 55 heures. Cantrell, satirique, dit qu'il aurait couru au moins 160 kilomètres dans ce temps, pour se moquer de la performance du détenu : et voilà, le marathon était né.</p>
<p>Barkley est une course qui fut instituée en 1986, mais il fallut attendre 1995 et son extension à l'international pour voir un premier participant terminer l'intégralité du parcours. Durant les 25 premières années du marathon, seulement 10 personnes sont parvenues à atteindre un tel exploit : difficile de donner un meilleur gage du caractère extrême de cette compétition. Des centaines de participants postulent chaque année pour s'inscrire mais seulement 30 à 40 seront retenus, sur la base de leurs réponses à un questionnaire d'entrée. Chaque année, pour l'aspect potache, une personne confirmée mais qui ne fera de manière évidente pas le poids est retenue : elle ne parvient en général même pas à terminer le premier tour.</p>
<p>La course s'organise autour de 5 tours d'un parcours non-balisé de 20 miles : les deux premiers sont réalisés dans un sens (de jour puis de nuit), les deux suivants dans le sens inverse (de jour et de nuit également), et le dernier s'effectue de manière aléatoire, en distribuant les coureurs dans des sens différents à chaque fois. Autant dire qu'il est très rare de voir des gens s'engager dans ce cinquième et dernier tour. Quelques particularités : GPS interdit, le tracé de la course est donné seulement la veille de l'événement et le début peut avoir lieu dans une fenêtre de 12 heures. Il existe une dizaine de checkpoints à franchir par tous les participants qui doivent arracher une page précise de livres positionnés à ces endroits pour prouver qu'ils y sont bien passés.</p>
<p><ins>The Barkley Marathons: The Race That Eats Its Young</ins> parvient à établir un équilibre vraiment réjouissant entre la folie complète de ce genre d'épreuve et le côté très humain, familial de l'aventure. Le coût du ticket d'entrée : 1.60 dollars (à ce prix, Laz peut envoyer chier n'importe quel mécontent), une plaque d'immatriculation originaire de son pays, et selon l'année et les besoins de l'organisateur, une chemise blanche, une paire de chaussette, etc. Ainsi ce qui pourrait se transformer en un ultratrail supplémentaire parvient à conserver une dimension franchement altruiste, favorisant l'entraide puisqu'au final, tout le monde sait pertinemment que très peu parviendront à boucler les 5 tours. En réalité, même si la limite est fixée à 60 heures pour valider le marathon, il ne reste très vite plus beaucoup de participants. Forcément, quand un ancien militaire ayant appartenu aux Special Ops déclare qu'il n'a jamais connu quelque chose d'aussi brutal et qu'il échoue devant des informaticiens et autres ingénieurs en mécanique, on rit beaucoup et on prend la mesure de l'épreuve.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/barkley_marathons/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mai 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/barkley_marathons/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mai 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/barkley_marathons/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, mai 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Barkley-Marathons-The-Race-That-Eats-Its-Young-de-Annika-Iltis-et-Timothy-James-Kane-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1058Les Enfants du ciel, de Majid Majidi (1997)urn:md5:bb8bf5c8000ee39217ef511d568bf9742021-07-29T11:55:00+02:002021-07-29T12:02:17+02:00RenaudCinémaChaussureCourseEcoleEnfanceFamilleHumourIranTéhéran <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfants_du_ciel/.enfants_du_ciel_m.jpg" alt="enfants_du_ciel.jpg, juil. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"> <span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Un dilemme de chaussures<br /></strong></ins></span>
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<p>Transposée dans un autre contexte, un autre pays, il y a fort à parier que l'histoire de <ins>Les Enfants du ciel</ins> deviendrait sirupeuse et vaine. Mais c'est précisément son contexte, un quartier pauvre d'une ville iranienne, qui lui donne tout son intérêt : en suivant les péripéties d'un frère et de sa sœur suite à la disparition d'une simple paire de chaussures, événement qui les contraint à devoir partager une unique paire restante, on accède à une part d'intimité particulièrement attendrissante. Les performances des jeunes acteurs amateurs sont géniales, si ce n'est la propension du petit garçon à verser une larme : disons que son regard de cocker battu se suffit largement à lui seul tant il exprime une tristesse abyssale quand il veut. On sait pourquoi ce gamin a été retenu au casting, sans l'ombre d'un doute.</p>
<p>Beaucoup d'angoisse traverse le film, jalonné par les mésaventures des deux enfants, entre la maison et l'école, sans jamais oublier de parsemer un peu de d'ironie régulièrement. Une bonne partie du film traite de la vie ordinaire en Iran, sans se tourner clairement vers le documentaire, et il s'en dégage une impression de réalité plutôt agréable, en tous cas qui s'accommode très bien de la fiction enfantine. On est en plein dans l'innocence de l'enfance, avec la gravité des enjeux à la hauteur du monde d'un enfant de 9 ou 10 ans — c'est-à-dire quelque chose de beaucoup moins sérieux qu'un autre film iranien sorti la même année, le très beau <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-Instant-d-innocence-de-Mohssen-Makhmalbaf-1997"><ins>Un instant d'innocence</ins></a> de <strong>Mohsen Makhmalbaf</strong>.</p>
<p>C'est un peu le pendant iranien d'un <strong>Ozu </strong>ou d'un <strong>Shimizu</strong>, donc : le suspense développé ici s'organise autour des contraintes des enfants, avec ce relais quotidien pour partager une même paire de chaussures entre frère et sœur qui se transforme en une course effrénée — un entraînement qui se montrera bien utile sur la fin. L'occasion de parcourir les ruelles des quartiers populaires de Téhéran, un peu comme chez <strong>Kiarostami</strong>, avec ici une hypertrophie notable des sensations, de joie et de peur. L'histoire est globalement expurgée de tout misérabilisme mais actionne parfois pas mal le levier du pathos (ces yeux et ces larmes, faut dire...) et de l'attente (les ralentis un peu abusifs dans la course finale). Mais il en résulte une simplicité et une candeur empreintes de douceur.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfants_du_ciel/.garcon_m.jpg" alt="garcon.jpg, juil. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfants_du_ciel/.fille_m.jpg" alt="fille.jpg, juil. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/enfants_du_ciel/.course_m.jpg" alt="course.jpg, juil. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Enfants-du-ciel-de-Majid-Majidi-1997#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/987Trois Sublimes Canailles, de John Ford (1926)urn:md5:0254d486612e1e4f28f100cf00f5670f2017-02-04T19:26:00+01:002017-02-04T19:40:25+01:00RenaudCinémaAmérindiensCinéma muetConquête de l OuestCourseJohn FordWestern <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/trois_sublimes_canailles/.trois_sublimes_canailles_m.jpg" alt="trois_sublimes_canailles.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="trois_sublimes_canailles.jpg, fév. 2017" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>The gold (and land) rush<br /></strong></ins></span></p>
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<p>Le regard que <strong>John Ford </strong>propose à travers <ins>Three Bad Men</ins> sur la célèbre conquête de l'Ouest américain est doté d'une particularité qui le différencie assez nettement de ce qui a pu être proposé par ailleurs, tout au long de l'âge d'or du western classique. De la fin du 19ème siècle au début du 20ème, entre l'époque avérée des faits relatés ici et celle du tournage du film, autrement dit de 1877 à 1926, il n'y a que 50 ans. La jonction entre le passé historique et le présent cinématographique est palpable. Mieux : les enfants d'alors, trimballés par leurs parents dans des chariots en furie lancés à toute vitesse en direction des grands espaces renfermant le minerai aussi précieux qu'hypothétique, symbole d'espoir (et d'avidité), sont devenus les acteurs du film. Il faudrait sans doute recenser tous les westerns pionniers du genre centrés sur la ruée vers l'or et la terre (gold and land rush) pour mesurer à quel point le film de <strong>Ford </strong>est novateur, mais l'authenticité qui se dégage de ces séquences indépendantes de la trame narrative principale (des gentils méchants et des méchants gentils, principalement) est impressionnante.</p>
<p>Le récit en lui-même n'est pas particulièrement marquant, toutes les histoires de romance et de rédemption qui le composent appartenant à des terrains extrêmement bien balisés, déjà, à la fin des années 30. Par contre, l'humour qui le parcourt est remarquable et ce notamment dans l'écriture des dialogues. Que ce soit dans la présentation de deux des trois canailles du titre, voleurs presque par mégarde ("<em>Mike Costigan and 'Spade' Allen weren't exactly thieves - but they had a habit of finding horses that nobody had lost</em>"), dans les ratés d'un hold-up chevalin où ils se font doubler par d'autres malfrats ("<em>Business is getting crowded</em>") ou encore dans l'imprécision toute relative de certains coups de feu ("<em>I must be goin' blind - fired three shots and only dropped two of 'em</em>"), la finesse des cartons et des répliques fait très souvent mouche.</p>
<p>C'est autour de l'incroyable séquence de course de chariots que le film semble tout entier s'articuler, avec ses centaines de figurants, son état d'euphorie générale parfaitement communicatives, son travelling latéral présentant les participant, ses accidents dignes d'un rallye moderne mouvementé et ses nombreuses anecdotes. Un bébé tombé d'une charrette en cours de route puis oublié par des parents un peu trop pressés, ramassé sans qu'ils ne s'arrêtent par d'autres prétendants à un avenir meilleur, un homme sur un vélo à grande roue tiré par un cheval, un journaliste à bord d'un chariot participant à la course imprimant les nouvelles à mesure que l'Histoire s'écrit : autant de faits que <strong>John Ford </strong>assure être bien réels. Une chose est sûre, la mise en scène de cette séquence historique est d'une impressionnante maîtrise et son souffle épique n'a pas grand-chose à envier aux productions ultérieures d'une plus grande envergure.</p>
<p>On ne sait jamais trop s'il s'agit d'une célébration de l'esprit pionnier constitutif de la mentalité de son pays ou bien d'une critique lucide de la cupidité et de l'aveuglement qu'il semble véhiculer. C'est quelque part un regard sur la fondation d'un pays qui repose autant sur la violence que sur l'aventure. Le fait que cette conquête se fasse au détriment des premiers habitants de cette terre n'est pas complètement éludé, les Indiens étant très rapidement introduits, de manière presque implicite, à la faveur de quelques plans calmes en marge de la fureur provoquée par l'homme blanc. Quelques éléments circonscrivant le cadre de la saisie de ces terres qui appartenaient aux Sioux, peu après le massacre de Custer et de son régiment lors de la bataille de Little Bighorn (1876) n'auraient toutefois pas été de trop. Mais l'absence de manichéisme, si l'on excepte les figures incontournables comme celle du méchant shérif qui fait sa loi et le couple amoureux enfin réuni faisant perdurer la tradition, est sans doute l'une des clés de la réussite d'une tel film. D'un côté les pionniers au cœur d'une conquête moralement incertaine, de l'autre des hors-la-loi qui courent inévitablement après leur mort. Leur quête de rédemption et le sacrifice presque obligatoire qui l'accompagne a beau manquer de naturel et de surprise, le plan sur lequel se clôt le film, avec la sublime silhouette de ces trois canailles fantomatiques se dessinant à l'horizon sur la ligne de crête d'une falaise crépusculaire en contre-jour, reste d'une efficacité sans faille.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/trois_sublimes_canailles/.silhouettes_m.jpg" alt="silhouettes.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="silhouettes.jpg, fév. 2017" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Trois-Sublimes-Canailles-de-John-Ford-1926#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/385Drive, par Nicolas Winding Refn (2011)urn:md5:161f951920239871834c9323aac4cf922011-11-06T12:01:00+01:002012-10-24T15:38:47+02:00RenaudCinémaCourseDanemarkRyan GoslingThrillerViolence <p><img title="Drive : affiche, nov. 2011" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="drive.jpeg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/drive/.drive_m.jpg" /></p>
<p><ins>Drive</ins> est un film américain réalisé par le danois <strong>Nicolas Winding Refn</strong>, d'après le roman noir de <strong>James Sallis</strong>. « The driver » est un conducteur talentueux, le jour comme cascadeur à Hollywood, et la nuit comme chauffeur pour des truands quelconques. Sa ligne de conduite est à la fois simple et efficace : il se donne cinq minutes montre en main pour semer les flics, mais ne prend jamais part aux crimes de ses employeurs autrement qu'en conduisant. Malgré tout, un début de relation amoureuse naît entre lui et Irene, sa voisine de palier ; il va alors se retrouver au cœur d'une sombre histoire de gros sous, après avoir aidé le mari d'Irene tout juste sorti de prison. S'ensuit une lente descente aux enfers dont personne ne sortira indemne, pas même le spectateur.</p>
<p>La première<img title="Ryan Gosling, nov. 2011" style="float: right; margin: 0 0 0.5em 1em;" alt="ryan_gosling.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/public/RENAUD/CINEMA/drive/.ryan_gosling_s.jpg" /> demi-heure de <ins>Drive</ins> est trompeuse, à l'image du trailer et de cette personne aux États-Unis qui a porté plainte <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Drive-par-Nicolas-Winding-Refn-2011#usa">(1)</a> pour bande-annonce mensongère (elle pensait se délecter d'un énième <ins>Fast and Furious</ins> ou <ins>Transporteur</ins>, on imagine bien sa déception). On est surpris par la première séquence du film, avec une mise en scène ultra stylisée et une course-poursuite aux antipodes du classique du genre : en lieu et place de la poursuite en voiture haletante à la <ins>Death Proof</ins> de <strong>Quentin Tarantino</strong>, <strong>Nicolas Winding Refn</strong> joue la carte de la subtilité. Plutôt que de foncer tête baissée dans les rues de Los Angeles — comme on s'y attend tous —, <strong>Ryan Gosling</strong> reste serein, se range sur le bas-côté tous feux éteints, pour ensuite se cacher sous un abri opportun avant de s'engouffrer à tombeau ouvert dans les sombres ruelles de la ville. Les scènes de courses-poursuites, presque entièrement filmées depuis l'habitacle, ne servent que de ponctuation. Petit à petit, on réalise que la retenue qui semblait caractériser le driver n'est qu'un leurre...</p>
<p><br />
Le film foisonne de clins d’œil : la musique de <strong>Cliff Martinez</strong> (on lui doit la bande originale très prenante du <ins>Solaris</ins> de <strong>Steven Soderbergh</strong>, remake pas mauvais du film d'<strong>Andreï Tarkovski</strong>) très eighties mais qui colle plutôt bien au film, la police rose bonbon très pop-art du générique, la relation amoureuse sincère et expédiée assez précocement, le masque que revêt le cascadeur rappelant le visage de <strong>Vin Diesel</strong>, le passage en voiture dans le décor de <ins>Terminator 2</ins>, etc. On n'en finit pas ! <br />
Mais <ins>Drive</ins> dépasse largement le simple statut de film à références (cher à <strong>Tarantino</strong>, soit dit en passant) : il ne se cantonne pas à l'action brute d'un bon film comme <ins>Heat</ins>, de <strong>Michael Mann</strong> ; il ne se limite pas au tragique lynchéen du couple que forment Sailor et Lula dans <ins>Wild Heart</ins> ; il ne se résume pas au jeu de cowboy type <strong>Clint Eastwood</strong> des temps modernes ; il ne se borne pas au rôle tragique de <strong>Robert De Niro</strong> dans <ins>Taxi Driver</ins>, de <strong>Martin Scorsese</strong>. Plus qu'une banale juxtaposition d'hommages, il parvient à créer une œuvre novatrice. Il combine avec malice des scènes d'une rare intensité et des périodes au ralenti agrémentées de délicieux silences terriblement évocateurs, pour donner un rythme insoutenable à son récit. Les acteurs sont bluffants et contribuent pleinement au succès du film, avec au sommet <strong>Ryan Gosling</strong> (à l'affiche d'une autre film la même semaine, <ins>Les Marches du Pouvoir</ins>, de <strong>Georges Clooney</strong>) oscillant entre tendresse et brutalité sauvage, parfait en cavalier solitaire, laconique, anonyme et un brin ringard avec son cure-dent en coin et ce scorpion qui orne un blouson suranné. <strong>Ron Perlman</strong>, un peu en retrait, est quand même convaincant en mafieux transi, classé dans la catégorie « méchant » plus par contrainte que par conviction.</p>
Dans une interview récente, <strong><img title="Incursion chez les stripteaseuses, nov. 2011" style="float: right; margin: 0 0 0.5em 1em;" alt="marteau.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/drive/.marteau_s.jpg" />Nicolas Winding Refn</strong> avoue avoir affiché un poster de <a href="https://www.je-mattarde.com/?post/Cannibal-Holocaust">Cannibal Holocaust</a> dans son salon... Connu pour sa trilogie <ins>Pusher</ins> sur le milieu du crime à Copenhague, il a également réalisé <ins>Bronson</ins>, un film qui retrace la vie du célèbre prisonnier britannique réputé pour sa brutalité : autant dire que la violence fait partie intégrante de son parcours. Même si cela ne saurait être une finalité en soi, elle se ressent de manière claire dans <ins>Drive</ins>, avec par exemple la scène dans la loge des stripteaseuses ou dans l'ascenseur, avec une tension allant <em>crescendo</em> et où la violence jaillit en un éclair pour un tressaillement garanti. À mon sens, la portée de <ins>Drive</ins> est bien supérieure : c'est l'un des films dits « d'action » les plus aboutis de ces vingt dernières années, avec suffisamment de modestie pour ne pas prétendre au statut de chef-d’œuvre.<br /><br /><span style="font-size:8pt"><a name="usa">(1)</a> Décidément, après le procès contre une frite responsable d'une chute, « ils » nous étonneront toujours... Voir l'article <a hreflang="fr" href="http://www.lexpress.fr/culture/cinema/drive-une-femme-porte-plainte-contre-une-bande-annonce-trompeuse_1038846.html">http://www.lexpress.fr/culture/cinema/drive-une-femme-porte-plainte-contre-une-bande-annonce-trompeuse_1038846.html</a>.<br /></span>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Drive-par-Nicolas-Winding-Refn-2011#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/57