Je m'attarde - Mot-clé - Deuil le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearWinter Break (The Holdovers), de Alexander Payne (2023)urn:md5:1b109820f1ec79ab26a43d8262925eaa2023-12-19T11:41:00+01:002023-12-19T11:41:00+01:00RenaudCinémaAlexander PayneDeuilDépressionEnseignementHistoireNoëlPaul GiamattiSolitudeVacances <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/winter_break.jpg" title="winter_break.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.winter_break_m.jpg" alt="winter_break.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Life is like a henhouse ladder. Short and shitty."</strong></ins></span>
</div>
<p>Le programme est un peu trop évident dans son sillon de comédie dramatique très typée cinéma indie américain pétri de bons sentiments, mais <strong>Alexander Payne </strong>maintient assez bien le cap, en tous cas beaucoup mieux que son précédent <ins>Downsizing</ins> qui contrastait assez désagréablement avec le reste de sa filmographie. Dans <ins>The Holdovers</ins>, <strong>Paul Giamatti </strong>tient un rôle assez proche de celui qu'il occupait dans <ins>Sideways</ins>, à savoir un vieil intellectuel avec ses blessures intérieures qui va de manière plus ou moins involontaire être amené à renouer avec une certaine réalité, au moyen de relations sociales ténues mais renouvelées. Cela se faisait au travers du road trip d'un écrivain raté avec un ami au milieu des domaines viticoles hier, et aujourd'hui par un prof d'histoire contraint d'assurer la surveillance d'élèves ne pouvant pas rentrer chez eux pendant les vacances de Noël.</p>
<p><ins>The Holdovers</ins> est un de ces films qui adoptent un regard sur une époque (même si l'action est située dans les années 70, avec toute la technique qui suit à commencer par la pellicule, le discours conserve une valeur actuelle) sans trop de concessions, parfois un peu secs dans leurs affirmations, mais in fine assez tendres dans la conclusion. Une grande partie est dédiée à l'association entre un vieux professeur bourru et hautain, apprécié de personne, dont la carrière ratée a été détruite par un événement à Harvard dont on prendra connaissance un peu tardivement dans le récit, et un de ses étudiants, le seul coincé pour les vacances avec la cheffe cuisinière (qui elle aussi aura ses douleurs révélées, un fils mort au Vietnam), assez doué et fin rebelle, abandonné par sa mère et son beau-père tandis que son père croupit dans un hôpital psychiatrique. Le vieil historien ultra cultivé qui se croît supérieur en tous points, presque flatté de n'avoir aucun ami, face au jeune étudiant turbulent juste comme il faut, on voit quand même dans cette description un début (euphémisme) de stéréotype, et à ce titre c'est un film plutôt à destination de personnes qui apprécient les belles tirades et les joutes verbales — sur fond de comédie sentimentale avec des êtres malmenés par la vie, certes. <strong>Giamatti </strong>est très bon dans son rôle, avec son strabisme divergeant plus visible que jamais (une référence assez drôle y est faite, pour indiquer quel œil il faut regarder) et ses punchlines d'intellectuel (souvent en latin, bien sûr, mais pas uniquement : "Life is like a henhouse ladder. Short and shitty").</p>
<p>Le trio improbable trouvera dans leur cohabitation forcée une sorte de havre de paix pour se reconstruire, un peu, et en apprendre davantage sur les autres, aussi. Beaucoup de sarcasmes dans cette ambiance froide et douce-amère, parfois à la limite de la mièvrerie. Le lien qui se crée entre le prof et l'élève reste malgré tout assez touchant, sur les thèmes du deuil, de la dépression, et de la solitude, jusque dans leur séparation.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/winter_break/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Winter-Break-de-Alexander-Payne-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1309Pieces of a Woman, de Kornél Mundruczó (2021)urn:md5:8edb593ecf30f29695012688f4795c822023-11-08T10:12:00+01:002023-11-08T10:12:00+01:00RenaudCinémaAccouchementCoupleDeuilEllen BurstynFamilleFemmeKornél MundruczóMaternitéShia LaBeoufVanessa Kirby <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/pieces_of_a_woman.jpg" title="pieces_of_a_woman.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.pieces_of_a_woman_m.jpg" alt="pieces_of_a_woman.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"How can I give this pain to someone else?"</strong></ins></span>
</div>
<p>Pour commencer sur une note négative, <strong>Kornél Mundruczó </strong>passe à côté d'un très beau film à mes yeux, la faute à beaucoup de mauvais tics de réalisation qui viennent démesurément alourdir l'histoire d'un drame qui n'avait vraiment pas besoin de tous ces éléments pénibles en surcharge. C'est vraiment dommage, presque rageant, car pour son premier film en langue anglaise il était parvenu à dépasser le côté poseur qui m'avait beaucoup rebuté, de la même manière, dans <ins>White God</ins> ainsi que dans <ins>La Lune de Jupiter</ins>... Mais voilà, il y a en réalité quelques restes de ces mauvaises habitudes puisqu'il s'est visiblement senti obligé de parsemer son film de nombreux détails à caractère symbolique qui ont malheureusement gâché une bonne partie du visionnage. En termes de durée totale, ils ne représentent pas grand-chose objectivement, mais ils parviennent à saboter toute la dynamique du film en venant briser de temps en temps la simplicité d'un mélodrame féminin attachant par ailleurs.</p>
<p>Le très bon point de <ins>Pieces of a Woman</ins>, c'est clairement pour moi son interprète principale en la personne de <strong>Vanessa Kirby</strong>, vraiment convaincante dans le portrait qu'elle rend de cette femme brisée par (ce point est révélé assez tôt dans le film) un accouchement qui s'est soldé par la mort du bébé et ensuite broyée par le poids des différentes contraintes, de son mari, de sa famille, de son travail, etc. Elle est tout particulièrement émouvante dans ce rôle, marquant bien au-delà de la seule séquence introductive de près de 30 minutes centrées sur ledit accouchement à la maison qui vire à la catastrophe. J'ai en outre trouvé très pertinente l'importance accordée au segment dévoué à la sage-femme, une source de malheur parmi d'autres, sans en faire des tonnes dans cette direction. C'est ainsi aussi un film sur le deuil bien sûr, dans un environnement hostile avec son mari qui pète de plus en plus les plombs (<strong>Shia LaBeouf</strong>, très correct, même si sa position vis-à-vis de cette famille bourgeoise ne fait aucun sens) et sa mère désagréablement intrusive (<strong>Ellen Burstyn</strong>, idem, très convaincante).</p>
<p>En matière de mélodrame sur le couple, <ins>Pieces of a Woman</ins> dispose de solides arguments. Arguments tristement pervertis par la présence de nombreux petits naufrages scénaristiques, qu'il serait vain de lister mais dont certains sont effroyables de nullité — sur le plan symbolique, avec des graines de pomme qui bourgeonnent à la fin sur le thème "la vie reprend" avec double ration puisque l'image du pommier reviendra clore le film, ou encore ce pont en construction qui suit le cours du film en miroir, mais également sur le plan purement scénaristique, avec des coïncidences flirtant avec l’invraisemblable comme ce grand hasard de la découverte de photos précisément au moment de rendre le verdict au procès... Mais on peut tout à fait ne pas se laisser contaminer par ces obstacles, ne pas trébucher pleinement, et je conserverai malgré tout un avis positif sur tout le versant factuel qui a trait au portrait féminin, consacré à la destruction inexorable d'une cellule familiale en gestation.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/img5.jpg" title="img5.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pieces_of_a_woman/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pieces-of-a-Woman-de-Kornel-Mundruczo-2021#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1273Cría cuervos, de Carlos Saura (1976)urn:md5:fef6be8134620d782333352c209340332021-06-01T11:04:00+02:002021-06-01T10:55:55+02:00RenaudCinémaBourgeoisieCarlos SauraDeuilEnfanceEspagneGéraldine ChaplinMilitaireMort <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cria_cuervos/.cria_cuervos_m.jpg" alt="cria_cuervos.jpg, mai 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Élève des corbeaux et ils te crèveront les yeux<br /></strong></ins></span></div>
<p>Découvrir <ins>Cría cuervos</ins> relativement tard à l'échelle du parcours non-chronologique de la filmographie de <strong>Carlos Saura</strong> a l'avantage de permettre la redécouverte plaisante de beaucoup d'éléments de sa période cinématographique durant le franquisme, en rupture totale avec ce qui suivra grosso modo au début des années 80 — Franco meurt en 1975. Il y a la bourgeoisie espagnole, l'évocation des souvenirs d'enfance dans une texture très proustienne, le mélange de réel et d'imaginaire, de passé et de présent, dans une mixture aux contours flous, et plus généralement une ambiance légèrement et volontairement approximative qui trouve un équilibre intéressant entre suggestion et précision.</p>
<p>Et la particularité de ce film, c'est la hauteur du regard, au niveau des yeux d'une enfant, Ana, de 9 ans. La mort règne sur tout le film, avec le deuil difficile de ses parents qui fera exploser beaucoup de ressentiments et de non-dits. Ana refuse le monde des adultes, elle fuit dans l'imagination, en s'inventant une carrure de meurtrière à coup de bicarbonate dans du lait — elle pense avoir tué son père alors qu'il est simplement mort au lit avec son amante, et il en découlera un grand sentiment de culpabilité. Elle s'invente donc son univers, elle fait revivre les morts, de sorte qu'elle retrouve l'amour de sa mère (<strong>Géraldine Chaplin</strong>). Elle nous parle également depuis un temps futur (ou présent), 20 ans plus tard, avec le recul de l'âge adulte.</p>
<p>Un film qui pue les dernières années du franquisme, avec une fratrie de 3 sœurs orphelines bercées dans un monde fait de secrets et de réminiscences diverses. Le réel et l'imaginaire inondent l'espace tout comme la vie et la mort, entre le bonheur passé avec la mère aimante et la haine persistante du père militaire. Quelques pointes surréalistes, presque fantasmagoriques, caractéristiques de son œuvre, participent à cette ambiance insaisissable. "<em>Cría cuervos y te sacarán los ojos</em>" : élève des corbeaux et ils te crèveront les yeux. Un titre on ne peut plus clair pour annoncer le thème des rapports difficiles entre l'enfance et l'âge adulte, l'incompréhension qui scinde les deux, et les interdits qui minent tout l'espace dans une atmosphère à peine respirable. Et "Porque te vas" en guise de ritournelle sur la tristesse de l'absence.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cria_cuervos/.fille_m.jpg" alt="fille.jpg, mai 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cria_cuervos/.piano_m.jpg" alt="piano.jpg, mai 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cria_cuervos/.chaplin_m.jpg" alt="chaplin.jpg, mai 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cria-cuervos-de-Carlos-Saura-1976#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/962So Long, My Son, de Wang Xiaoshuai (2019)urn:md5:70fae5500c3ee50d1012bd34eaef4b182020-03-25T14:23:00+01:002020-03-25T15:23:39+01:00RenaudCinémaAdoptionChineCours d eauDeuilEnfanceMélodrameSecret <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/so_long_my_son/.so_long_my_son_m.jpg" alt="so_long_my_son.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Fragments d'histoire(s) chinoise(s)</strong></ins></span>
</div>
<p>Il existe dans le cinéma chinois contemporain une frange de réalisateurs qui semble adopter une position relativement homogène pour raconter l'histoire de leur pays, de la fin de la révolution culturelle jusqu'à aujourd'hui. Au sein de ce groupe, on retrouve des fresques imposantes s'étalant parfois sur près de quatre heures, qui entendent balayer de grandes fenêtres temporelles souvent sur plusieurs décennies. Le registre de la tragédie est régulièrement abordé sous la perspective du mélodrame familial, à travers la fragmentation des communautés et l'impuissance des individus face aux grands mouvements d'ensemble. Cette thématique de la déconstruction se retrouve ainsi, presque nécessairement, dans les dispositifs de mise en scène qui manipulent de manière très régulière des narrations elles aussi fragmentées, des reconfigurations temporelles avec des sauts dans le passé ou dans le futur, des changements de tonalité captés sur des rythmes extrêmement lents, le long d'un fil rouge intimiste qui sème ses symboles comme s'il s'agissait d'un jeu de piste.</p>
<p>Ces propositions dotées d'un potentiel clivant non-négligeable peuvent se révéler décevantes, déconcertantes, on le comprend aisément, et elles sont a minima déroutantes. Les premiers temps peuvent être assez obscurs, quand on baigne dans la confusion des temporalités parsemées d'ellipses et tant que les liens entre personnages ne sont qu'au stade de l'esquisse. Ces obstacles dressés sur le chemin des narrations conventionnelles peuvent relever autant du parti pris constructif que de la posture stérile. Comme les deux faces d'une même tentative de virtuosité.</p>
<p>Pour nommer les choses, on peut penser à :<br />
- <strong>Jia Zhang-ke</strong>, avec <ins>A Touch of Sin</ins> (2013, quatre histoires sur la condition de plusieurs milieux sociaux), <ins>Au-delà des montagnes</ins> (2015, trois temporalités autour d'une famille face au changement de civilisation), et <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Eternels-de-Jia-Zhangke-2018"><ins>Les Éternels</ins></a> (2019, un couple à travers trois grands moments de sa vie).<br />
- <strong>Hu Bo</strong>, avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/An-Elephant-Sitting-Still-de-Hu-Bo-2018"><ins>An Elephant Sitting Still</ins></a> (2019, quatre solitudes pour un portrait choral imposant de la douleur contemporaine).<br />
- <strong>Bi Gan</strong>, avec <ins>Kaili Blues</ins> (2015, nébuleuse sensitive où la linéarité du temps et les degrés de réalité volent en éclats en arrivant dans un petit village) et <ins>Un grand voyage vers la nuit</ins> (2019, rêve et souvenirs pénètrent le réel et charpentent le récit).<br />
- <strong>Diao Yi'nan</strong>, avec <ins>Black Coal</ins> (2014, enquête policière qui navigue à travers le temps et les transformations de la société) et <ins>Le Lac aux oies sauvages</ins> (2019, plongée nocturne dans les bastions industriels où les flashbacks remodèlent le présent en flirtant du côté du néo-noir).<br />
- <strong> Zhang Yimou</strong>, avec <ins>Coming Home</ins> (2014, drame historique propret sur l'impact de la révolution culturelle, à travers l'histoire d'une femme amnésique et des retrouvailles impossibles avec son mari sur plusieurs décennies).</p>
<p>Et, donc, <strong>Wang Xiaoshuai </strong>avec <ins>So Long, My Son</ins>, qui entend épouser une configuration similaire (serait-ce la naissance d'une forme d'académisme ?) pour établir le portrait de deux familles aux destins intimement mêlés, sur près de 40 ans. Le contexte historique est donc désormais familier : il s'agit de suivre les répercussions des dernières années de la révolution culturelle et de la politique de l'enfant unique sur un petit groupe d'individus unis dans la tragédie posée en introduction — la noyade d'un enfant. L'absence d'un être cher, au même titre que le malheur suscité par un cours d'eau, hanteront les trois heures passées auprès de Liyun et Yaojun au gré d'une symbolique diffuse. Trois heures et quarante années de reconstruction au fil de l'eau et de l'écriture de l'histoire de la Chine contemporaine, le long d'un récit extrêmement sinueux : la dimension non-chronologique des événements, avec une linéarité à grande échelle mise à mal par une somme continue de non-linéarités ponctuelles, exige une attention de tous les instants et peut rendre la compréhension de la première heure assez périlleuse.</p>
<p>Un voyage aux côtés de deux familles dont le portrait serait effectué par petites touches éparses et successives, alimenté en cela par des bribes de leur passé qui nous reviendraient de manière irrégulière, comme les flots de la séquence inaugurale (tournée en plans continus et très lents) qui ne cesseront pas de revenir sur le devant du récit au gré des ellipses ou des associations d'idées, comme un cauchemar vaporeux mais tenace. Sans doute <strong>Wang Xiaoshuai </strong>se fait-il un peu trop insistant au niveau de la grammaire, au détour de plusieurs rimes cinématographiques insistantes (les prénoms identiques des deux fils "uniques", le parallèle avec l'enfant du couple d'amis, le grand déballage final). Mais cette façon dont les existences sont modelées, si ce n'est malmenées, baignant dans les incertitudes caractéristiques de ce courant (temporelles et relationnelles), compose une fresque intense et indélébile.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/so_long_my_son/.banc_m.jpg" alt="banc.jpg, mar. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/So-Long-My-Son-de-Wang-Xiaoshuai-2019#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/749Des gens comme les autres, de Robert Redford (1980)urn:md5:abc387cfb5d4e314f0282d95cc1038d82018-11-06T12:19:00+01:002018-11-06T12:50:13+01:00RenaudCinémaDeuilDonald SutherlandFamilleJudd HirschPsychothérapieRobert Redford <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gens_comme_les_autres/.gens_comme_les_autres_m.jpg" alt="gens_comme_les_autres.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="gens_comme_les_autres.jpg, nov. 2018" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Trois solitudes sous le vernis des convenances<br /></strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Des gens comme les autres</ins> concourt dans la catégorie du drame familial le plus pur, sans à-côtés, et dans ce registre il me semble qu'il atteint une hauteur assez élevée. Quelque chose me retient d'adhérer plus pleinement, sans doute lié au genre qui contient dans les termes de sa définition des limites nettes trouvant peu d'échos dans ma sensibilité (mais les contre-exemples existent, à commencer par le magnifique <ins>À bout de course</ins> de <strong>Sidney Lumet</strong>), et peut-être aussi à la mise en scène empreinte de l'esthétique 80s, déjà, en 1980. Et au genre devenu parfaitement classique, aussi, celui du drame intimiste révélant l'hypocrisie des familles aisées sous le vernis des convenances.</p>
<p>Mais ces remarques préliminaires mises de côté, ce premier film de <strong>Robert Redford</strong> reste remarquablement maîtrisé. Pas de coup d'esbroufe pour tenter de briller vainement, pas de faute de goût manifeste, et une dimension psychologique d'une certaine tenue évitant les principaux écueils (et ils sont nombreux) du genre. L'acteur néo-réalisateur (absent du casting) fait preuve d'une maturité et d'une acuité remarquables pour décrire sans décharger un torrent de pathos les blessures plus ou moins secrètes d'une famille bourgeoise "comme les autres", c'est-à-dire sans problème apparent vue de l'extérieur mais pétrie de tensions intérieures.</p>
<p>Tout en détours, <strong>Redford </strong>dresse le portrait de ces gens qui maîtrisent leur image, contrôlent leurs émotions, tempèrent leurs jugements, en faisant passer l'apparence avant toute autre chose. Mais derrière les façades impeccables, les fondations tremblent. La culpabilité, la sécheresse émotionnelle, la distance insupportable aux proches : autant d'éléments qui accablent l'adolescent et qui sont rendus avec une finesse de trait très appréciable. Seule la figure du psy est un peu caricaturale, à rendre <strong>Judd Hirsch </strong>presque antipathique : un exploit en soi. Il y a un petit côté "plaidoyer pour la psychothérapie familiale" comme solution absolue, sans doute représentatif de l'état d'esprit de l'époque.</p>
<p>Le personnage de la mère finit par délivrer une froideur tétanisante, à travers son ressentiment incertain, un peu flou, pas totalement explicite, à l'image de cet ultime contact physique entre elle et son fils. Il s'approche d'elle pour la serrer dans ses bras, et elle restera comme pétrifiée par ce geste affectif. La pudeur de <strong>Redford </strong>pour décrire ces trois solitudes (le père, la mère, le fils devenu unique) désemparées, incapables de communiquer, est sans hésitation le meilleur argument du film.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gens_comme_les_autres/.mere_m.jpg" alt="mere.jpg" title="mere.jpg, nov. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gens_comme_les_autres/.famille_m.jpg" alt="famille.jpg" title="famille.jpg, nov. 2018" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Des-gens-comme-les-autres-de-Robert-Redford-1980#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/567Visages d'enfants, de Jacques Feyder (1925)urn:md5:ebfd4e3f7ff6212beec2bcb2352b52692017-10-30T11:21:00+01:002017-10-30T17:39:24+01:00RenaudCinémaCinéma muetDeuilEnfanceJacques FeyderRécit d apprentissageSuisse <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/visages_d_enfants/.visages_d_enfants_m.jpg" alt="visages_d_enfants.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="visages_d_enfants.jpg, oct. 2017" /><div id="centrage">
<p><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>À travers l'orage de l'enfance<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Il est des films qui vous éclaboussent de leur talent tout en conservant une grande part de modestie et d'humilité. Le genre à révolutionner une petite parcelle de pellicule, en passant, l'air de rien mais sans ambages. Le film de <strong>Jacques Feyder </strong>fait à mes yeux partie de ces films-là à travers son incroyable modernité, dans son rapport à l'émotion de l'enfance et dans son utilisation mature des codes du muet : <ins>Visages d'enfants</ins> a beau avoir été tourné au début des années 20 (le film était déjà terminé en 1923), il semble presque dénué des artifices de mise en scène et des coutumes qui avaient cours dans la pratique contemporaine du cinéma. Comme s'il existait déjà une conscience de la rigidité (potentielle) des messages véhiculés sur la base d'une alternance d'images sans paroles et d'intertitres, à grand renfort d'expressions faciales exacerbées. Il ne s'agit évidemment pas d'un film parlant, il ne saurait que vaguement s'en approcher, mais l'expérience (ou plutôt mon expérience, probablement liée à une connaissance très partielle de ce registre) est tout de même troublante. Sur les points cités précédemment (le montage, les intertitres, l'expressivité), c'est d'une certaine manière l'antithèse de films comme <ins>Cyrano de Bergerac</ins>, la version d'<strong>Augusto Genina</strong> sortie en 1923 : magnifique par ses couleurs au pochoir, les codes du cinéma muet l'empêchent cependant de voler en l'alourdissant d'intertitres aussi denses qu'incessants, censés retranscrire au mieux le matériau d'origine d'<strong>Edmond Rostand</strong>.</p>
<p>Que ce soit la précision de la photographie, le découpage des cadres, la distance au sujet, l'utilisation parcimonieuse des intertitres ou la qualité du jeu des acteurs, il y a de quoi être impressionné. Le film est d'autant plus impressionnant que le rôle principal, éminemment dramatique, est tenu par un très jeune enfant. Je n'ai d'ailleurs connaissance d'aucun film antérieur mettant en scène l'enfance de la sorte, de manière centrale, avec un enfant au premier plan. Il faudrait sans doute étudier son contexte pour en préciser l'étendue de l'innovation, mais on ne peut que constater le naturel de l'interprétation et la peinture mesurée des sentiments, tous deux incroyables. Et l'une des toutes premières vidéos de chat, à n'en pas douter.</p>
<p>Il est tout de même question d'un jeune garçon dont la mort de la mère nous est servie en guise d'introduction, et du portrait de l'enfant qui découle en conséquence : une forme de solitude profonde, exacerbée par la froideur de son père et par la distance que son remariage a creusé. L'âpreté du sujet et la dureté du ton dressent un bilan très sombre de l'enfance marquée par le deuil et la souffrance intérieure, sans jamais tomber dans quelque forme de pathos que ce soit. On peut d'ailleurs penser au film de <strong>Luigi Comencini</strong>, <ins>L'Incompris</ins>, sur une thématique très proche mais en opposition totale dans la façon de l'aborder, liée au deuil de la mère et l'emprisonnement dans la responsabilité de la part de l'enfant.</p>
<p> <ins>Visages d'enfants</ins> brille par sa justesse, par son émotion, ainsi que par la qualité de ses décors dans les hautes montagnes des Alpes suisses (encore une fois extrêmement bien rendus du point de vue de la photographie, au gré des saisons : les champs et les maisons, les sentiers pentus et les pentes enneigées, les avalanches et les cours d'eau). Cette colère bouillante et bouillonnante chez l'enfant, attisée par la tristesse de la mort et par les souffrances qu'elle engendre, est peut-être un peu trop soulignée dans sa nécessaire contrepartie en termes de culpabilité et de repentance suite au péché. Mais elle n'en reste pas moins bouleversante dans la finesse et dans le beauté de son trait.</p>
<p><em><ins>N.B.</ins> : Le film est visible sur le site d'Arte jusqu'en avril 2018 : <a href="https://www.arte.tv/fr/videos/032349-000-A/visages-d-enfants/">https://www.arte.tv/fr/videos/032349-000-A/visages-d-enfants</a>.</em></p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/visages_d_enfants/.neige_m.jpg" alt="neige.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="neige.jpg, oct. 2017" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Visages-d-enfants-de-Jacques-Feyder-1925#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/454Quand passent les cigognes, de Mikhaïl Kalatozov (1957)urn:md5:8d09340a10f90c9d6c20b0ce6cc8ff662017-05-11T21:36:00+02:002017-05-11T20:58:29+02:00RenaudCinémaDeuilEsthétiqueGuerreMikhaïl KalatozovMortRussie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_passent_les_cigognes/.quand_passent_les_cigognes_m.jpg" alt="quand_passent_les_cigognes.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="quand_passent_les_cigognes.jpg, mai 2017" /><div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Une goutte de pondération dans l'océan de démesure<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Que ce soit en termes thématiques ou esthétiques, la beauté des œuvres de <strong>Mikhail Kalatozov </strong>est renversante. La démesure est une composante essentielle de sa façon de délivrer un message, comme peuvent en attester des films comme <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Lettre-inachevee-de-Mikhail-Kalatozov-1959"><ins>La Lettre inachevée</ins></a> (surtout) et <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Soy-Cuba-de-Mikhail-Kalatozov-1964">Soy Cuba</a> (aussi), constituant ainsi un moyen de communication des idées et des sentiments à l'efficacité dévastatrice. À condition d'y être sensible, évidemment, car il n'est pas difficile d'imaginer que de telles expériences puissent s'avérer rebutantes pour un public amateur des émotions contenues (dont je pensais faire partie).</p>
<p>On pourrait voir dans <ins>Quand passent les cigognes</ins> ("les grues qui volent" pour être sémantiquement exact mais poétiquement maladroit) une certaine expérimentation en terrain neutre, dans un cadre historique autour de la Seconde Guerre mondiale résolument diffus, témoignant une forme de modération étonnante pour qui passerait par là après être passé par les films cités précédemment. Les schémas graphiques persistants et les procédés de montage forts sont omniprésents, mais ils semblent suffisamment subtils pour autoriser une mise en retrait en cas de saturation.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_passent_les_cigognes/.finalA_m.jpg" alt="finalA.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="finalA.jpg, mai 2017" /></p>
<p>Le schéma de la cage d'escalier de l'immeuble de Veronika en est un parfait exemple : sa récurrence est assez clairement identifiable mais n'est pas essentielle à la compréhension ni à l'adhésion au récit. C'est d'abord Boris qui monte les escaliers pour rejoindre sa dulcinée dans un mouvement tourbillonnant saisissant, la caméra étant placée en son centre dans une trajectoire ascendante synchronisée suivant le personnage. Ce sera ensuite Veronika elle-même qui gravira ces mêmes marches dans une précipitation aux motivations bien différentes, juste après un bombardement dévastateur, dans un mélange de gravats et de poutres en feu, qui se terminera par l'ouverture d'une porte sur une vision d'horreur : l'appartement de son père (et par extension son père lui-même) n'existe tout simplement plus, détruit par une bombe. Et enfin Boris à nouveau, qui reviendra en ces lieux dans les instants qui précèdent sa mort (supposée), en rêves, appuyés par des images d'arbres tourbillonnants (eux-aussi) en surimpression. C'est une boucle qui semble éternelle.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_passent_les_cigognes/.grille_m.png" alt="grille.png" style="margin: 0 auto; display: block;" title="grille.png, mai 2017" /></p>
<p>Mais les séquences plus frontalement marquantes ne manquent pas pour autant à l'appel. Le passage où des bombardements nocturnes illuminent par intermittence l'intérieur de la pièce dans laquelle se trouvent Veronika et le cousin de Boris, Mark, est d'une puissance graphique et suggestive incroyable : on peut lire la terreur et la colère toutes deux immenses de la jeune femme dans ses yeux. Ou encore cette dernière scène au milieu de la foule en liesse qui accueille les soldats victorieux de retour du front, emprisonnant Veronika et son bouquet de fleur dans le contraste de son infinie tristesse alors qu'elle apprend la mort de Boris. Une séquence qui se termine d'ailleurs sur un discours très fort, célébrant la victoire tout en condamnant la guerre, alors que les larmes de chagrin de Veronika se mélangent aux larmes de joie de la foule. Il faut bien le souligner, au-delà du rôle de <strong>Mikhail Kalatozov</strong>, ceux du chef opérateur <strong>Sergueï Ouroussevski </strong>et de l'actrice <strong>Tatiana Samoïlova </strong>(tous deux également présents dans <ins>La Lettre inachevée</ins>) sont tout aussi constitutifs de la réussite du film.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_passent_les_cigognes/.femmes_m.jpg" alt="femmes.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="femmes.jpg, mai 2017" /></p>
<p>Il faut sans doute chercher du côté de cette association de talents, la grâce et l'intériorité délicates de l'une, les mouvements de caméra et autres idées visuelles de génie de l'autre, pour expliquer au moins partiellement l'effet de sidération que peut procurer <ins>Quand passent les cigognes</ins>. Visuellement, le film propose énormément de choses sans pour autant s'accompagner d'une sensation de superflu : les travellings, les plongées et contre-plongées, les cadrages obliques, les jeux de lumière constants qui imprègnent les visages de leurs bandeaux lumineux et découpent les espaces de leurs clairs-obscurs, les accélérations fulgurantes au montage lorsque le suicide point à l'horizon, l'étirement insupportable de certains passages-clés difficiles... Autant de manifestations d'une virtuosité qui ne cherche pas à s'imposer de manière stérile, pompeuse ou prétentieuse, mais qui se cristallise simplement autour du personnage de Veronika et accompagne ses soubresauts émotionnels. <ins>Quand passent les cigognes</ins> semble ainsi correspondre à une dynamique de groupe actrice / chef opérateur / réalisateur extrêmement féconde, le fruit d'une symbiose aux multiples richesses.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_passent_les_cigognes/.finalB_m.jpg" alt="finalB.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="finalB.jpeg, mai 2017" /></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Quand-passent-les-cigognes-de-Mikhail-Kalatozov-1957#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/406