Je m'attarde - Mot-clé - Elizabeth Taylor le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearJane Eyre, de Robert Stevenson (1943)urn:md5:81081e0c723fef21d70c90cb2c2d48952023-09-04T14:42:00+02:002023-09-04T13:43:29+02:00RenaudCinémaChevalElizabeth TaylorFantastiqueFolieGothiqueJoan FontaineMystèreOrson WellesPensionnatRomance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.jane_eyre_m.jpg" alt="jane_eyre.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Are you always drawn to the loveless and unfriended? — When it's deserved."</strong></ins></span>
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<p><ins>Jane Eyre</ins> porte en son sein tous les aspects du classicisme hollywoodien, dans tous les sens du terme, positifs et négatifs. Dans le duo <strong>Orson Welles </strong>/ <strong>Joan Fontaine</strong>, c'est très clairement le premier qui occupe le haut du podium avec son charisme déjà incroyable pour l'une de ses premières apparitions en tant qu'acteur, deux ans seulement après <ins>Citizen Kane</ins>. C'est très académique, très frontal, mais ça n'en reste pas moins efficace : la rencontre entre les deux personnages tandis qu'il galope à cheval dans les environs brumeux du manoir est mémorable, un summum de gothique dont la dimension théâtrale ne gêne en rien. Sa voix grave et forte, sa carrure imposante : tout abonde dans le sens d'un personnage massif et impressionnant. À côté de ça il y a toute la description scolaire de l'enfance triste de la protagoniste éponyme dans un pensionnat extrêmement rigide, ainsi que celle de la découverte de l'immense demeure avec ses recoins et ses mystères. C'est relativement bien fait, aucun doute là-dessus, mais disons qu'on est plein dans le schéma normé du cinéma américain des années 1940.</p>
<p>En réalité ce qui fait défaut au film, c'est un petit grain de folie, dans le portrait de Jane Eyre autant que de la passion amoureuse : bordel, on parle quand même d'un gars qui devait se marier avec une femme et qui la laisse tomber pour une autre qu'il aime à la folie, et d'un mariage annulé in extremis car monsieur est déjà engagé auprès d'une femme folle et violente, c'est pas rien ! Mais non, tout cela est raconté de manière très plate, très froide, très conventionnelle. Difficile de rendre passionnante, ou disons palpitante, l'énigme qui se cache derrière les portes condamnées au fin fond du manoir...</p>
<p>Après, l'ambiance à la lisière du fantastique est particulièrement réussie au travers de ses décors gothiques et de l'intonation très shakespearienne de <strong>Welles</strong>. Il y a aussi quelques détails amusants, comme la présence de <strong>Elizabeth Taylor </strong>dans un tout petit rôle qui marque les esprits, du haut de ses 11 ans. <strong>Robert Stevenson</strong>, pour peu qu'il puisse être crédité et lui seul à la réalisation (tonton <strong>Orson </strong>a clairement dû fourrer son nez un peu partout), n'hésite pas à verser dans certains excès, parfois presque involontairement drôles — le coup de l'arbre frappé par la foudre lorsque Jane se réfugie dans les bras de Edward Rochester, un grand moment. C'est assez dommage au final qu'un tel sentiment de bâclage entache toute la fin du film, avec tout le tissu narratif qui se déroule bien trop rapidement. Le coup de Rochester qui se marie / se sépare / retrouvailles en étant aveugle / ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants encapsulé en 5 minutes, c'est vraiment de quoi laisser un sentiment de gâchis envahir l'espace.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jane_eyre/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Jane-Eyre-de-Robert-Stevenson-1943#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1218Une Place au soleil, de George Stevens (1951)urn:md5:206c8a15ac51ada4e226f94c4e4524802018-04-23T09:16:00+02:002018-04-23T08:53:44+02:00RenaudCinémaAmerican dreamClasses socialesElizabeth TaylorGeorge StevensMontgomery Clift <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/place_au_soleil/.place_au_soleil_m.jpg" alt="place_au_soleil.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="place_au_soleil.jpg, avr. 2018" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Seems like we always spend the best part of our time just saying goodbye."</strong></ins></span>
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<p>Au-delà du mélodrame hollywoodien typique de ce que le cinéma américain des années 50 a pu engendrer, <ins>A Place in the sun</ins> constitue un portrait très corrosif de l'American Dream, et en tous cas beaucoup moins idyllique que ce que le titre et la première partie du film peuvent laisser supposer. C'est tout le contraire, en réalité : une charge vigoureuse contre un mythe et sa représentation au cinéma, dont <strong>George Stevens </strong>aura repris les principaux codes pour mieux les cuisiner à petit feu et renverser la perspective.</p>
<p>Le tableau des classes sociales est à la fois simple dans son principe et complexe dans son exercice. Quand <strong>Montgomery Clift </strong>pénètre dans l'empire financier de son oncle à la recherche d'un petit boulot, au tout début, il entre par la petite porte, effectue un travail à la chaîne correspondant à son statut implicite et flirte avec une collègue. Il se plonge dans le bain de ses semblables sans renâcler. Tout le renvoie à sa condition, de ses fréquentations à son costume en passant par ses aspirations : quand il aperçoit pour la première fois <strong>Elizabeth Taylor</strong>, une femme à la beauté rayonnante appartenant à la haute société, dans le décor de la luxueuse maison familiale, sa sidération entérine leur différence, sa stupéfaction résonne comme une hypnose.</p>
<p>Tout le film se concentrera alors sur une trajectoire impossible, celle d'un jeune homme qui oscillera entre deux femmes aux statuts antagoniques. À mesure que sa passion le détourne de sa condition initiale et l'entraîne vers la haute société, des zones d'ombre apparaissent tant dans la possibilité d'émancipation qu'il avait entrevue que dans son détournement de son flirt original. La fracture sociale enfle progressivement, jusqu'à exploser lors d'une séquence-climax à bord d'un bateau, sur un lac paisible, où la tension dramatique grandissante et interminable pourrait faire écho à celle de <ins>L'Aurore</ins> de <strong>Murnau</strong>. Le revers amer du rêve américain, à partir de se moment-là, sera sans cesse alimenté dans ce qui s'apparente à une descente aux enfers, judiciaire, intellectuelle et sentimentale.</p>
<p>Très peu de stéréotypes dans ce canevas pourtant classique, même si on sent poindre un certain fatalisme forcené dans les enchaînements. À l'image de l'avocat du jeune homme, porteur d'un symbole de l'Amérique, aux strates imperméables et aux jugements moraux prédominants : "<em>If he's innocent, I'll get the best defence I can get for him. If he is guilty, I won't spend a single cent to save him from the electric chair!</em>" Son ascension sociale n'aura été que de très courte durée. Dans sa description des désillusions qui explosent et d'une idylle qui se referme comme un piège sur sa proie, <ins>Une Place au soleil</ins> constitue un élément essentiel du cinéma américain des 50s.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/place_au_soleil/.telephone_m.jpg" alt="telephone.jpg" title="telephone.jpg, avr. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/place_au_soleil/.autre_m.jpg" alt="autre.jpg" title="autre.jpg, avr. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/place_au_soleil/.barque_m.jpg" alt="barque.jpg" title="barque.jpg, avr. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/place_au_soleil/.proces_m.jpg" alt="proces.jpg" title="proces.jpg, avr. 2018" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Une-Place-au-soleil-de-George-Stevens-1951#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/509