Je m'attarde - Mot-clé - Enfance le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearMes frères et moi, de Yohan Manca (2022)urn:md5:167bc1612cadd85713c0ac570fd6749f2024-03-18T10:04:00+01:002024-03-18T10:05:26+01:00RenaudCinémaAdolescenceChantComédieDali BenssalahEnfanceFamilleJudith ChemlaMusique mandinguRécit d apprentissageSofian Khammes <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/mes_freres_et_moi.jpg" title="mes_freres_et_moi.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.mes_freres_et_moi_m.jpg" alt="mes_freres_et_moi.jpg, mars 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La grande débrouille</strong></ins></span>
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<p><ins>Mes frères et moi</ins> est de ces films dont personnellement je n'attendais pas grand-chose — voire rien du tout — et qui se trouvent être des petits films sans ambitions démesurées mais qui in fine valent vraiment le détour. Ici, la bonne surprise tient au fait que <strong>Yohan Manca </strong>déplie le narratif avec une fluidité très agréable, tout en maniant judicieusement les archétypes d'un genre (ici un récit d'apprentissage qui survient dans un quartier populaire en bord de Méditerranée) et une direction d'acteur très appropriée. En l'occurrence, l'histoire de Nour, un gamin de 14 ans débrouillard mais un peu pris au piège de ses maillons familiaux avec trois grands-frères qui prennent beaucoup de place et des parents absents, un père déserteur et une mère en soins palliatifs.</p>
<p>Le côté très compartimenté de la fratrie peut faire peur au début : ils sont quatre et chacun a son petit descriptif bien déterminé pour créer un personnage qui se différencie des autres. Nour passe l'été à devoir effectuer des travaux d'intérêt général (on ne saura pas pourquoi et c'est très bien), Hédi incarne l'ado rageur et violent, Mo le jeune adulte et gros dragueur (dans l'arrière-plan traîne la question de la prostitution pour gagner de l'argent), et Abel représente l'aîné très autoritaire et patriarche de substitution. Ils se foutent souvent sur la gueule mais ils restent particulièrement soudés près de leur mère plongée dans un coma qui dure depuis longtemps et dont la santé décline rapidement depuis peu. Les 4 acteurs, <strong>Maël Rouin Berrandou</strong>, <strong>Moncef Farfar</strong>, <strong>Sofian Khammes </strong>et <strong>Dali Benssalah </strong>respectivement, imposent parfaitement leurs personnages et forcent le respect.</p>
<p>La péripétie principale tient à la découverte d'un penchant artistique chez Nour, quand il passe la tête dans un cours estival de chant lyrique là où il était censé repeindre un couloir dans son collège, et où l'on découvre une sorte de talent caché. La figure peut paraître un peu trop stéréotypée énoncée de la sorte mais son interaction avec la chanteuse-prof interprétée très justement par <strong>Judith Chemla </strong>lève toutes les appréhensions. On est clairement dans le pré carré des horizons qui s'ouvrent au sein d'une toile de fond baignant dans les problèmes familiaux, mais le film se garde bien de recourir au moindre misérabilisme. Il dépeint un microcosme de la débrouille, avec ce fameux climat de l'été et des grandes vacances de l'enfance, et cette évasion sous l'angle culturel (à grand renfort de son air d’opéra préféré, "Una furtiva lagrima", de <strong>Gaetano Donizetti</strong>, produisant un effet assez particulier dans ce contexte) brille par sa chaleur, son humour et sa tendresse qui coupent l'herbe sous le pied de tous les clichés.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/img1.jpg" title="img1.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/mes_freres_et_moi/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mars 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mes-freres-et-moi-de-Yohan-Manca-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1363Djihadistes de père en fils (Kinder des Kalifats, Of Fathers and Sons), de Talal Derki (2017)urn:md5:0b1d6f85be942875f8ea62e45b7e9fc72024-02-29T12:10:00+01:002024-02-29T12:12:53+01:00RenaudCinémaAllemagneDjihadismeDocumentaireEducationEnfanceFamilleMortSalafismeSyrieTerrorisme <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/djihadistes_de_pere_en_fils/djihadistes_de_pere_en_fils.jpg" title="djihadistes_de_pere_en_fils.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/djihadistes_de_pere_en_fils/.djihadistes_de_pere_en_fils_m.jpg" alt="djihadistes_de_pere_en_fils.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Petite chronique familiale du salafisme djihadiste</strong></ins></span>
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<p>Toutes les cases du documentaire d'exception sont cochées : sujet en or, immersion absolue, travail de préparation conséquent, suivi au très long cours, peu de commentaires externes, et surtout, probablement le plus important sur des thématiques aussi extrêmes, une neutralité sans faille dans la captation du phénomène observé. Une question finalement assez simple que l'on peut se poser systématiquement à l'issue de visionnages de cet ordre pour en évaluer la pertinence de la retranscription : que penseraient du contenu les personnes filmées ou des personnes ayant des points de vue opposées vis-à-vis de la thématique ? J'ai l'intime conviction que tous les partis n'auraient rien à redire concernant les faits exposés dans <ins>Of Fathers and Sons</ins>, et c'est à mes yeux la marque d'un documentaire a minima digne de respect.</p>
<p>Cela étant posé dans un cadre le plus abstrait qui soit, il faut quand même maintenant aborder le vif du sujet, annoncé de manière très explicite par le titre français. <strong>Talal Derki</strong>, réalisateur kurde syrien exilé en Allemagne, est parvenu à retourner dans sa Syrie natale, gagner la confiance d'une famille de djihadistes salafistes (grâce à ses contacts et amis photographes locaux) appartenant au Front al-Nosra, et partager leur quotidien sur une durée proprement hallucinante, 330 jours répartis sur un peu plus de trois années après avoir pris le soin d'effacer son identité sur internet pour assurer sa sécurité. Il faut vraiment voir l'ampleur de l'horreur pour réaliser le danger d'une telle captation documentaire : c'est un univers dans lequel des gamins de même pas dix ans apprennent à caillasser les filles ne portant pas le hijab (avec l'assentiment enjoué des pères), à manipuler pistolets et AK-47, et à jouer en fabriquant de fausses mines antipersonnel (l'équivalent local et plus risqué du coca + mentos disons, où l'on peut perdre une jambe dans la manœuvre). Un monde désolé, délabré, uniquement fait de terrains vagues et d'habitations primaires, où l'on va tirer au sniper sur des infidèles pour s'amuser avec les copains un peu comme on jouerait aux jeux-vidéo. C'est presque banal, parfaitement naturel, et par contre glaçant au plus haut point.</p>
<p>À noter que <strong>Talal Derki </strong>a décidé de ne plus retourner en Syrie dans le cadre de ce projet le jour où il a appris qu'un djihadiste tunisien très dangereux cherchait à le rencontrer : deux mois plus tard, il se faisait tatouer le bras et percer une oreille pour sceller définitivement l'impossibilité de revenir auprès des fous furieux de dieu.</p>
<p>Les présentations avec la petite vie de famille seront des plus irréelles, à commencer par les noms donnés à la fratrie, choisi en hommage aux terroristes du 11 septembre 2001. L'une des premières séquences nous montre les gentils gamins du patriarche Abou Oussama jouer avec un joli petit moineau, "attention ne serre pas trop tu vas lui faire mal", c'est tout mignon. Une minute plus tard, le gamin revient : "Papa j'ai égorgé l'oiseau", ce à quoi il répond, tout guilleret, "Bon, c'est mieux ainsi que s'il était mort en jouant avec", et le frère de l'apprenti-bourreau âgé de 7-8 ans précisant "Oui papa, il l'a tué après lui avoir fait pencher la tête en avant, comme toi avec cet homme [que tu as décapité l'autre jour, entre le repas et la sieste, en substance]". Après quelques paroles dignes d'un cas psychiatrique aigu voyant la volonté de dieu derrière chaque caillou et chaque mise à mort, le paternel conclut avec sagesse : "il ne faut pas enfermer les oiseaux dans des cages. Si tu en vois un prisonnier, libère-le". Confusion au maximum.</p>
<p>Effroi total évidemment, dès lors que la référence à un acte sauvage extrême sort de la bouche de cet enfant même pas en âge de connaître ses tables de multiplication. Cette séquence un peu matricielle contient la structure qui fait toute la puissance de <ins>Djihadistes de père en fils</ins> (la distribution française s'est sentie obligée de rajouter une couche inutile dans le titre), à savoir cette alternance troublante, insoutenable et littéralement incroyable de moments abominables et de moments tendres. Des mômes qui jouent et qui se chamaillent comme dans n'importe quelle cour de récré, et juste après, qui vont balancer des gros cailloux sur les filles de leur âge sortant de l'école (dont ils ont été retirés par le père à cause de la mixité). Des moments poétiques où l'on voit des enfants lancer des ballons en l'air, propulsé par l'air chaud d'une flamme en leur centre, et des séquences d'endoctrinement théologique et militaire où les bambins sont en treillis, cagoulés, et subissent le plus brutal des lavages de cerveau. On égorge un bouc en famille en suivant un précepte religieux lambda, et on construit une piscine improvisée pour que les garçons puissent y jouer comme n'importe quels autres. Bref, un père aimant et une fratrie de 8 garçons (qui nourrissent un ennui profond), si l'on faisait abstraction de tout le reste — à commencer par l'absence radicale de femmes dans le champ de la caméra, l’agressivité omniprésente dans les rapports humains et le non-sens permanent des discours.</p>
<p>Tout le documentaire est concentré dans cette horreur double, cette transmission familiale pétrifiante, tandis qu'on assiste à la destruction de l'innocence des enfants ainsi qu'à la formation de futurs tueurs de métier dans le même mouvement. Le docu est particulièrement riche et diversifié en marge de cet aspect central, comme par exemple ce rapport à la mort et au martyr sur le thème "Pour chaque enfant tué, mille autres renaîtront" ressassé par le patriarche, ou encore ce groupe de jeunes soldats capturés dans les rangs de l'armée régulière, humiliés, dont le sort funeste ne laisse guère de doute. Ou encore le quotidien de Abou Oussama, sniper et démineur, tandis qu'il travaille au déminage d'un terrain accidenté. On le retrouvera quelques scènes plus tard, sonné, allongé sur un lit, le visage abîmé par de grosses balafres, les yeux et les mains égratignés... amputé du pied gauche suite à l'explosion d'une mine, heureux que ça ne soit pas tombé sur le droit. Il se tuera accidentellement en 2018 en retirant une bombe d'une voiture piégée, apprend-on en dehors du docu. Et avec en conclusion un micro-message d'espoir : si l'un des enfants est envoyé au combat à la fin du film, un autre retourne à l'école.</p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Djihadistes-de-pere-en-fils-de-Talal-Derki-2017#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1358Paradise Lost: The Child Murders at Robin Hood Hills, de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky (1996)urn:md5:623737f7cc0f43486d0d84b7f1259a802024-02-17T15:10:00+01:002024-02-17T15:12:26+01:00RenaudCinémaAdolescenceDocumentaireEnfanceErreurJusticeMetalMetallicaMeurtrePoliceProcèsSatanismeTribunal <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/paradise_lost_the_child_murders_at_robin_hood_hills.jpg" title="paradise_lost_the_child_murders_at_robin_hood_hills.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/.paradise_lost_the_child_murders_at_robin_hood_hills_m.jpg" alt="paradise_lost_the_child_murders_at_robin_hood_hills.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I kind of enjoy it now because even after I die, people are gonna remember me forever. People are gonna talk about me for years. People in West Memphis will tell their kids stories... It'll be sorta like I'm the West Memphis boogie man. Little kids will be looking under their beds - Damien might be under there!"</strong></ins></span>
</div>
<p>L'année 2023 a été riche en films de procès du côté du cinéma français, notamment avec <ins>Anatomie d'une chute</ins> de <strong>Justine Triet</strong> orienté vers le portrait d'une femme et l'analyse d'un couple, d'une part, et d'autre part <ins>Le Procès Goldman</ins> de <strong>Cédric Kahn</strong> dédié au deuxième procès de <strong>Pierre Goldman </strong>en 1976. Pas des films qui ont leurs chances dans le top 10 des films les plus joyeux... Mais en comparaison de ce qui est montré dans <ins>Paradise Lost : The Child Murders at Robin Hood Hills</ins>, un documentaire produit par HBO à la fin des années 1990, eh bien ce sont vraiment des films pour enfants de chœurs. Le doc de <strong>Joe Berlinger </strong>et <strong>Bruce Sinofsky </strong>plonge dans une histoire particulièrement glauque et morbide, déterrée des marécages nauséeux de l'Amérique profonde, à West Memphis en Arkansas. Les deux réalisateurs ont suivi le procès de trois jeunes adolescents accusés d'un triple meurtre d'enfants aujourd'hui connu comme les West Memphis Three.</p>
<p>Le style et la nature profondément sinistre de ce qui est rapporté peut évoquer un autre documentaire bouleversant produit par HBO, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Life-of-Crime-1984-2020-de-Jon-Alpert-2021">Life of Crime 1984-2020</a></ins>, réalisé par <strong>Jon Alpert</strong>, qui suivait trois paumés du New Jersey camés jusqu'à l'os sur près de quarante années. Mais ici le sujet revêt une importance assez différente car il est question d'une affaire judiciaire particulièrement abominable (les corps mutilés de trois enfants de huit ans ont été découverts dans un canal de drainage) et que les images de <strong>Berlinger </strong>et <strong>Sinofsky </strong>retranscrivent depuis l'intérieur même du tribunal le déroulement du procès de trois adolescents en exposant l'étendue invraisemblable des approximations, que ce soit du côté de la police ou de la justice. S'il s'agissait d'une fiction, on évoquerait très probablement la grossièreté d'un scénario qui chargerait beaucoup trop la mule au niveau du portrait de ces institutions dysfonctionnelles et de la nature des accusations. On en est littéralement là : tout le monde semble convaincu qu'il s'agit de l'œuvre de garçons possédés par le démon dans le contexte d'un rituel satanique.</p>
<p>Du côté des preuves, sans plaisanter le moins du monde, on présente l'un des accusés comme quelqu'un toujours vêtu de noir et amateur de Metallica. Un autre, dont le QI est évalué à 72 et sur lequel une grosse partie de l'accusation se repose, semble avoir fait l'objet de pressions policières et d'extorsions d'aveux. Le dernier, quand on lui demande où il voudrait aller s'il est acquitté (spoiler : il ne le sera pas, en tous cas pas à l'époque du film), répond Disneyland. On nage en plein surréalisme.</p>
<p>Un documentaire franchement effrayant, d'abord lorsqu'on est confronté à l'abomination des meurtres (attention car la violence macabre graphique des corps mutilés ne nous est pas épargné, et à ce titre il n'est pas destiné à un large public), et dans un second temps lorsqu'on constate l'absolue dysfonction d'un procès envoyant trois ados en prison à vie ou sur la chaise électrique sur la base de témoignages pétris de doutes. On n'est pas au bout de nos peines quand on voit débarquer le beau-père de l'une des victimes, clairement le personnage le plus flippant de toute l'histoire, quand il essaie de nous faire une reconstitution des meurtres à l'endroit où ils ont eu lieu et appelant la vengeance de dieu... Et qui plus tard donnera à l'équipe du film un couteau présentant des traces de sang qui aurait pu être une pièce à conviction de premier ordre si elle n'avait pas été écartée par la police. Manifestement les techniques d'investigation locales ne ressemblent pas à ce que l'industrie cinématographique hollywoodienne a créé dans nos imaginaires. Et, plus grave, le tableau qui en résulte semble privilégier l'hypothèse d'un système judiciaire cherchant à tout prix à préserver les apparences du bon fonctionnement et ce au détriment de la révélation de la vérité. On peut difficilement faire plus glaçant en la matière.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/img5.png" title="img5.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/.img5_m.png" alt="img5.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/img6.png" title="img6.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/paradise_lost/.img6_m.png" alt="img6.png, févr. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Paradise-Lost-The-Child-Murders-at-Robin-Hood-Hills-de-Joe-Berlinger-et-Bruce-Sinofsky-1996#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1351Pas un de moins (一个都不能少, Yi ge dou bu neng shao), de Zhang Yimou (1999)urn:md5:23c5d2dee13a54c8a62f9d763fb589092023-09-14T23:31:00+02:002023-09-14T22:33:03+02:00RenaudCinémaAbbas KiarostamiChineEnfanceEnseignementPauvretéRuralitéVilleZhang Yimou <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.pas_un_de_moins_m.jpg" alt="pas_un_de_moins.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Mingzhi, 13 ans, institutrice remplaçante</strong></ins></span>
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<p>L'intention première d'un film comme <ins>Pas un de moins</ins>, qui appartient à la période sobre de <strong>Zhang Yimou </strong>(c'est-à-dire sorti avant les années 2000), est de raconter la vie dans un petit village chinois isolé, Shuiquan, situé dans la province Hebei. L'histoire est celle de Wei Minzhi, 13 ans, chargée de remplacer un professeur d'école primaire devant s'absenter pour un mois : on comprend qu'elle est choisie à défaut d'avoir trouvé quelqu'un de plus âgé et parce qu'elle est sans doute la plus compétente pour encadrer cette classe d'enfants qui n'ont que quelques années de moins qu'elle. Les conditions sont drastiques si ce n'est spartiates, le sol est en terre battue, l'unique salle de l'école jouxte la petite pièce servant de bureau et de chambre à Minzhi ainsi qu'à quelques élèves, et on en est même à rationner les craies comme une matière rare. Il y avait 40 élèves il y a quelque temps, et il n'y en a plus que 28 : la mission confiée à la toute jeune institutrice, c'est de maintenir cet effectif durant son remplacement.</p>
<p>Toute la beauté d'un tel film tient non pas, à mes yeux, aux grandes lignes directrices qui structurent la narration (opposition entre ville et campagne, recherche d'un enfant parti de l'école à cause de l'extrême pauvreté de sa famille) mais bien davantage au fait que la majorité des acteurs sont non-professionnels, et bien dirigés dans des rôles qui sont les leurs dans la réalité. Il s'en dégage une sincérité très émouvante, quand les conditions sont réunies, qui plus est dans une configuration aussi modeste et bien réelle. Il y a bien ce petit côté feel-good movie, avec un grand message d'espoir et des cartons finaux probablement imposés par la censure, mais disons que le charme de la jeune prof MingZhi et de l'enfant des rues Zhang Huike compensent cela plus que correctement.</p>
<p>C'est donc en dépit des messages gouvernementaux et d'une fin digne d'un happy end hollywoodien que <strong>Zhang Yimou</strong> parvient à décrire d'une part le quotidien d'un village rural très pauvre et d'autre part la confrontation de cet univers avec la jungle urbaine, lorsque Mingzhi doit partir chercher Huike dans l'immensité de la ville. L'écart est immense, comme si un siècle séparait les deux environnements, et on ressent l'influence de cinéastes comme <strong>Abbas Kiarostami </strong>à de multiples niveaux : le regard sur l'enfance, le style poético-documentaire pour capter la ruralité, et cette frontière brouillée entre réalité et fiction.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pas_un_de_moins/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pas-un-de-moins-de-Zhang-Yimou-1999#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1226Plastic China, de Jiu-liang Wang (2016)urn:md5:225be9b36071eb621b9906f9f76bc8f72023-08-07T13:58:00+02:002023-08-07T13:58:00+02:00RenaudCinémaChineDocumentaireEnfanceFamillePlastiqueRecyclageTransport <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.plastic_china_m.jpg" alt="plastic_china.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le bout de la chaîne du plastique</strong></ins></span>
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<p>On pourrait croire derrière le nom de <ins>Plastic China</ins> que le documentaire de <strong>Jiu-liang Wang </strong>entend embrasser un récit à l'échelle nationale, racontant la géopolitique du recyclage du plastique international sur le territoire chinois. Le cadre est en réalité à l'opposé de cette vision globale puisque toute l'histoire sera focalisée sur un micro-centre de traitement aux allures d'entreprise familiale, partagé entre le gérant et un employé, leurs femmes et leurs enfants. Mais attention, derrière ces apparences intimistes et cette organisation à taille humaine se cache en réalité un cauchemar, social, sanitaire, et écologique. Car comme l'annonce le tout premier plan du film montrant la tête d'un enfant au milieu d'un tunnel de déchets, ces deux familles (au même titre que beaucoup d'autres dans ce village) vivent littéralement au milieu d'un marécage de plastique importé des États-Unis, d'Europe, du Japon et de Corée, avec des feuillets de pétrole inondant absolument tout l'espace, virevoltant constamment d'un coin à l'autre.</p>
<p>Petit aparté bibliographique : <ins>Plastic China</ins> s'insère naturellement dans un corpus de documentaires sur des sujets connexes, que ce soit le traitement des déchets au Ghana dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Welcome-to-Sodom-de-Christian-Krones-et-Florian-Weigensamer-2018">Welcome to Sodom</a></ins>, les conditions de vie au sein d'un bidonville de Chongqing dans <ins>Derniers jours à Shibati</ins>, ou encore les différents niveaux de l'échelle sociale chinoise dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ascension-de-Jessica-Kingdon-2021">Ascension</a></ins>. Autant dire que les familles de Kun (le patron exploiteur) et Peng (l'employé alcoolique) appartient à la catégorie la plus basse qui soit sur cette échelle, et que dans une certaine mesure, avec un budget plus conséquent pour la mise en scène, leur occupation pourrait figurer dans un segment de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Mort-du-travailleur-de-Michael-Glawogger-2005">La Mort du travailleur</a></ins>.</p>
<p>Soit donc le portrait de deux familles, évoluant dans un territoire restreint rempli d'emballages plastiques dans des états de décomposition variables, partagé entre différents postes que le documentaire ne détaillera jamais directement. On comprend vaguement les différentes étapes, la livraison des montagnes de déchets internationaux, le tri des différents types de plastiques, le passage dans une machine séparant grossièrement le papier du plastique, l'incinération d'une partie pour former une pâte visqueuse qui sera transformée en une sorte de pellets (qui seront ensuite exportés on ne sait où), et le rejet de tous les déchets de déchets dans le cours d'eau avoisinant. Mais <strong>Jiu-liang Wang </strong>s'intéresse avant tout aux humains qui errent dans cette campagne altérée et transformée en environnement hostile, et comment le plastique est devenu l'élément essentiel et omniprésent de leur vie.</p>
<p>En marge de la politique de l'enfant unique, une petite nuée d'enfants entre 1 et 11 ans participe au travail quotidien quand ces derniers ne s'inventent pas des jeux, comme n'importe quel enfant, mais 100% à base plastique ici. Les adultes occupent beaucoup de place dans le docu, avec leurs aspirations à la consommation qu'ils ne peuvent pas se payer et leurs rêves de pile de billets et de voitures, mais c'est manifestement les enfants qui prennent l'ascendant. Difficile de ne pas être sidéré par la beauté tragique de leurs existences. Ils découvrent l'existence des cultures mondiales à travers les emballages des déchets et les images de magazines qui arrivent chez eux en miettes. Ils se construisent des jouets avec tous les déchets qu'ils trouvent pour s'inventer un écran, un ordinateur, un clavier (quand bien même ils auraient une télévision chez eux). Et pendant tout ce temps, ils respirent les fumées toxiques de plastique qu'on crame pour se chauffer en hiver, ils mangent des poissons morts dans la rivière qu'on imagine polluée à l'extrême, ils se lavent avec de l'eau dans laquelle macèrent des tonnes de déchets divers. Bien évidemment, la scolarisation ne fait pas partie de la norme ici.</p>
<p>Le portrait le plus touchant et le plus élaboré est sans doute celui de Yi-Jie, 11 ans, la fille de Peng, avec son regard à la fois adulte, optimiste, et fier. Quand elle ne joue pas dans les montagnes artificielles, quand elle ne travaille pas à la chaîne du recyclage, c'est elle qui s'occupe du dernier-né (au même titre que la ribambelle de frères et sœurs) en lui donnant le biberon et en lui changeant la couche, comme un parent. Ses aspirations à rejoindre une autre partie de sa famille dans le Sichuan et à aller à l'école (on le devine) resteront probablement insatisfaites. Il sera désormais difficile de ne pas revoir ses yeux curieux en jetant un emballage plastique dans la poubelle de tri.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/plastic_china/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Plastic-China-de-Jiu-liang-Wang-2016#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1206À l'approche de l'automne, de Mikio Naruse (1960)urn:md5:b4d6ecf7cb0cfce4b416802a95bed4a52023-07-20T14:13:00+02:002023-07-20T14:13:00+02:00RenaudCinémaDésillusionEnfanceHiroshi ShimizuJaponMikio NaruseMélancolieRécit d apprentissageTokyo <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_l-approche_de_l-automne/.a_l-approche_de_l-automne_m.jpg" alt="a_l-approche_de_l-automne.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Des enfants dans le vent</strong></ins></span>
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<p><strong>Mikio Naruse </strong>est l'auteur d'une petite centaine de films et c'est la première fois que nos chemins se croisent sur le territoire de l'enfance, loin de ses mélodrames les plus réputés qui explorent des thématiques et des points de vue résolument adultes. Ce filtre très subjectif alimenté par des sélections de visionnages m'avait empêché de percevoir à quel point sa sensibilité pouvait s'accorder à merveille au référentiel d'un jeune enfant et à la description de son univers, de ses aléas, de ses craintes et de ses joies qui évoluent au gré d'impulsions liées dans les rues de Tokyo.</p>
<p><ins>À l'approche de l'automne</ins> est une chronique d'enfant, à hauteur du regard d'un enfant : il s'inscrit en cela dans la veine du cinéma d'<strong>Ozu </strong>consacré à cet âge (plutôt ses films des années 30 comme <ins>Choeur de Tokyo</ins> que des années 50-60 comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bonjour-de-Yasujiro-Ozu-1959">Bonjour</a></ins>, beaucoup moins mélancoliques) mais surtout dans la continuité des films de <strong>Hiroshi Shimizu</strong>, un autre stakhanoviste japonais auteur d'innombrables pépites comme <ins>Les Quatre Saisons des enfants</ins> ou <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Des-enfants-dans-le-vent-de-Hiroshi-Shimizu-1937">Des enfants dans le vent</a></ins>. Le cadre est initié par des contraintes héritées du référentiel des adultes, clairement : c'est la mère de Hideo, récemment veuve, qui rejoint la capitale pour gagner sa vie dans une grande ville et le confie à un oncle. Une fois cette dynamique installée, il ne sera plus question que du quotidien de cet enfant et de ses quatre cents coups.</p>
<p>Et c'est là que la magie opère. Pendant que les adultes vaquent à leurs occupations, la mère dans une auberge avec un client fortuné, l'oncle dans la gestion de son petit commerce, les enfants errent dans les interstices qui leur sont laissés. Le film procède par vignettes très attachantes, reconstituant un imaginaire kaléidoscopique : une balade en moto avec le cousin plus âgé, une partie de baseball sur un terrain privé, une course à faire avec des embûches sur le chemin, et surtout des moments privilégiés avec une jeune fille rencontrée récemment, Junko, d'où émerge une très belle amitié.</p>
<p>Le monde des adultes n'est pas tendre avec Hideo, entre la mère qui espère refaire sa vie avec un client et l'oncle qui n'a aucune chance de figurer au palmarès des parents les plus aimants. Mais <strong>Naruse </strong>n'en fait jamais des péripéties excessives, simplement une succession d'événements qui forment un sentier dans lequel Hideo essaie d'avancer, comme il peut. Il faut voir son visage assailli par la désillusion lorsqu'il découvre dans la rue sa mère au bras d'un homme, par hasard, de même que le visage de Junko lorsque ses parents refusent d'adopter Hideo — l'innocence de l'enfance sans barrière et sans préjugés qui se fracasse sur le mur du pragmatisme des adultes. Ainsi <ins>À l'approche de l'automne</ins> parsème ses moments de vérité cruelle, ses interrogations naturelles muant inexorablement en une incompréhension silencieuse, avec en ligne de mire l'océan pas aussi bleu qu'on ne le dit. Mais clairement la dernière scène est la plus triste d'entre toutes, alors que Hideo venait de traverser toute la ville avec son entorse à la cheville et son scarabée-rhinocéros qu'il venait de capturer pour l'offrir à Junko. Une conclusion aussi légère que brutale, amère, sincère, sans animosité mais chargée de désespoir.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_l-approche_de_l-automne/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_l-approche_de_l-automne/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_l-approche_de_l-automne/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juin 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/A-l-approche-de-l-automne-de-Mikio-Naruse-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1192Le Pont, de Bernhard Wicki (1959)urn:md5:97f2dc0da7214faa48f1302ee82f45482023-06-01T15:44:00+02:002023-06-01T15:44:00+02:00RenaudCinémaAdolescenceAllemagneEnfanceGuerreRécit d apprentissageSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pont/.pont_m.jpg" alt="pont.jpg, avr. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La guerre, de l'insouciance à la nausée</strong></ins></span>
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<p><ins>Le Pont</ins> revêt a minima l'intérêt des films traitant de la Seconde Guerre mondiale dans un contexte particulier, selon une perspective singulière, à mes yeux : ici en l'occurrence, un point de vue allemand, et qui plus est dans les années qui ont suivi la fin du conflit. À ce titre le film de <strong>Bernhard Wicki</strong> constitue une pierre supplémentaire à l'édifice, déjà bien fourni, en abordant une autre thématique transverse, celle de la fin de l'adolescence sous la forme d'un récit d'apprentissage se déroulant dans des conditions assez brutales.</p>
<p>L'encart final le précise, il s'agit d'une histoire adaptée de faits réels (d'après le roman autobiographique de <strong>Manfred Gregor</strong>), ou comment une bande d'écoliers a été chargée de défendre un pont dans les derniers jours de la guerre, en avril 1945. Pour en arriver au final tragique qui mêle à l'horreur de voir des adolescents tuer et se faire trucider en retour le pathétique des ordres (le pont devait être détruit lors du passage des tanks américains, il était inutile de défendre une telle position), <ins>Die Brücke</ins> aura parcouru un très long chemin, un peu trop long parfois peut-être. Si la dernière partie est consacrée à cette séquence proprement guerrière, il en existe deux premières : d'abord, la plus longue, montrant d'un point de vue plutôt insouciant la vie de ces adolescents, essentiellement occupés par les filles et d'autres activités caractéristiques de leur âge (il n'y a pas d'âge pour m'enfin), et ensuite, la formation de ces enfants à la guerre en mode express — "express" à tous les niveaux, car cette partie dure 10 minutes et les enfants n'auront pas eu le temps d'apprendre grand-chose.</p>
<p>Il en résulte une tonalité évidemment pacifiste, antimilitariste (forcément quand on montre des mômes se faire trucider...), englobée par beaucoup de hasard, à l'image de la mort du sous-officier qui encadrait les jeunes et abattu suite à une méprise. Ce qui était un jeu pour eux devient soudainement quelque chose de très sérieux, et on vire à l'horreur de manière tout aussi inattendue. On joue à la guerre, puis on fait la guerre, dans un même mouvement. Un dépucelage militaire qui tourne ainsi en carnage, doublé d'un ridicule désarmant, voilà une vision de l'absurdité de la guerre assez rare.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pont/.img1_m.png" alt="img1.png, avr. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pont/.img2_m.png" alt="img2.png, avr. 2023" />
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