Je m'attarde - Mot-clé - Enquête policière le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearRequiem pour un massacre (みな殺しの霊歌, Minagoroshi no reika), de Tai Katō (1968)urn:md5:ce719360f7ba38e0a21d9e96b0a6b7592024-02-15T09:59:00+01:002024-02-15T10:01:09+01:00RenaudCinémaAssassinatEnquête policièreJaponMakoto SatôSuicideTai KatōThrillerTueur en sérieViolence <div id="centrage"><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_A.png" title="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_A_m.png" alt="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024" /></a> <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_B.jpg" title="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_B_m.jpg" alt="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024" /></a> </div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"The cycle of divine punishment must be fulfilled."</strong></ins></span>
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<p><ins>Requiem pour un massacre</ins> (rien à voir avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Elem-Klimov-1985">le célèbre film de <strong>Elem Klimov</strong></a> ), aussi connu sous son titre international "I, the Executioner", est un excellent représentant — bien que très méconnu — de ce que le cinéma japonais des années 60 pouvait produire de conséquent en matière de film âpre, violent, extrêmement stylisé avec des contrastes tranchants en noir et blanc, et d'une noirceur presque tétanisante. <strong>Tai Katō </strong>s'embarque dans un thriller à la croisée des genres suivant un tueur en série dont l'identité ne sera à aucun moment cachée, et dont les intentions autant que les déséquilibres constitueront à la fois les enjeux, le mystère et l'intérêt principal de l'intrigue.</p>
<p>La première séquence est un concentré de fureur brutale, montrant l'assassinat sauvage d'une femme par un inconnu qui la force à inscrire le nom de quatre autres femmes sur un bout de papier. L'inconnu, c'est <strong>Makoto Satô</strong>, une gueule rare vue chez <strong>Kurosawa </strong>ou <strong>Teruo Ishii</strong>, et si rien ne nous est dissimulé du meurtre et des personnages, on ignore totalement le contexte et l'origine de la frénésie morbide qui anime le tueur. Une séquence d'introduction servie dans toute sa crudité, sans précaution, avant le générique, forcément marquante (une violence qui limite le visionnage à un public averti) et qui instaurera directement un climat austère et angoissant, en écho avec les autres à venir... Car le meurtrier en veut à cinq femmes pour une raison précise qui sera révélée tardivement, en lien avec le suicide d'un adolescent de 16 ans.</p>
<p>Si l'on est initialement aussi dérouté que semblent l'être les policiers en charge de l'enquête, à la différence près que l'on suit en presque totale omniscience les agissements du tueur, c'est en premier lieu la nature hybride du film qui frappe. Un thriller qui fera peser la révélation le moment venu, on le sent assez rapidement, mais surtout une variation un peu étrange de film noir qui s'approcherait d'un proto-giallo en version japonaise tout en mettant en scène un anti-héros se prenant pour un agent de la justice divine à l'œuvre dans un Japon dépravé d'après-guerre — il le dira explicitement lui-même : "The cycle of divine punishment must be fulfilled".</p>
<p>Au final le lien qui existe entre le suicide de l'adolescent et la folie meurtrière qui sème des corps mutilés de femmes sur son chemin, s'il constitue le centre de la trame scénaristique, se révèle beaucoup moins intéressant et prenant que le renversement sous-jacent opéré sur des valeurs traditionnelles. Les policiers l'avoueront à demi-mot : s'il était question du viol d'une jeune fille, ils ne se poseraient de question et condamneraient promptement la chose en la prenant très au sérieux. Mais comme il s'agit d'un garçon, leur lecture instinctive tend dangereusement vers la partie de plaisir inopinée, vers la réalisation d'un fantasme, et au final quelque chose qui ne mériterait presque pas d'investiguer. On ne mesure sans doute pas l'ampleur du discours à l'échelle de la société en question (le Japon des années 1960), mais il conserve une très large part d'universalité, en s'appuyant sur les statistiques en matière de violences sexuelles qui rendent difficiles pour certains, a minima peu naturel pour tous, l'appréciation d'une victime masculine. Cela n'empêche pas <strong>Tai Katō </strong>de faire le portrait d'un tueur misogyne (visions en ce sens plus classique au cinéma), investi d'une mission presque surnaturelle, concernant des faits et des personnes qui ne le concernaient pas, et se transformant en un mélange de juge, jury et bourreau dont le point d'orgue se matérialisera à l'écran à la faveur d'une incandescence aveuglante et très marquante.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Tai-Kato-1968#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1350Carambolages, de Marcel Bluwal (1963)urn:md5:bc13eb4b9dcd9345e460d4f6b86f54182024-01-05T10:06:00+01:002024-01-05T10:06:00+01:00RenaudCinémaAlain DelonArrivismeCaricatureChaosComédieEnquête policièreEntrepriseHystérieJean-Claude BrialyLoufoqueLouis De FunèsMichel AudiardMichel SerraultPierre TcherniaRetraiteSatire <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/carambolages/carambolages.jpg" title="carambolages.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/carambolages/.carambolages_m.jpg" alt="carambolages.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Assassiner un étranger a toujours un petit côté ennuyeux. Tandis que l'étripage en famille, c'est régulier, c'est traditionnel, c'est bourgeois. Et puis, ça a tout de même plus d'allure ! Tuer un étranger, on pense à France-Soir. Un parent, on pense à Sophocle."</strong></ins></span>
</div>
<p>La curiosité est piquée par le carton initial, "Les personnages et les événements de ce film ne sont que le fruit d’une brillante imagination. Si de mauvais esprits s’avisaient d’y découvrir une critique, même nuancée d’un certain patronat, ou d’une certaine police, cette opinion serait réputée diffamatoire et impitoyablement poursuivie comme telle", probablement en lien avec de précédents ennuis du réalisateur ou des scénaristes — ou simple boutade pour attirer l'attention. Film étonnant et original, entre deux époques, <strong>Jean-Claude Brialy </strong>extirpé de la Nouvelle Vague, <strong>Louis de Funès</strong> pas encore tout à fait célèbre, un clin d'œil rapide d'<strong>Alain Delon</strong>, et une pléthore de seconds rôles dont on connaît les visages sans en connaître les noms qui peuplent le lieu unique de l'histoire, une entreprise répartie sur une dizaine d'étages illustrant la vision résolument moderniste du travail de l'époque, 1963.</p>
<p>Tout repose sur une base un peu foutraque et loufoque : un employé modeste rêve de gravir les échelons de son entreprise et commence à y croire sérieusement lorsque son supérieur prépare sa retraite — il va pouvoir monter d'un cran et le remplacer. Pas de bol, une réforme des retraites décale l'âge de départ (un détail à caractère documentaire, énième bégaiement de l'histoire), et s'étant engagé dans diverses grandes dépenses au travers de multiples crédits, il se voit contraint d'assassiner une tête parmi les cadres supérieurs pour mettre en route l'ascenseur social. <ins>Carambolages</ins>, ce n'est donc que ça : l'observation d'une perturbation (une mort) dans l'équilibre très instable (les liens de subordination) au sein d'une hiérarchie soudainement remuée et virant au chaos (l'entreprise chancelante).</p>
<p>Et la situation évoluera vers quelque chose de complètement chaotique, même si les événements se précipiteront assez tardivement dans le récit. Sans doute que l'on peut marquer le début du grand glissement vers l'hystérie générale avec l'irruption de <strong>Michel Serrault</strong>, dans le rôle d'un inspecteur complètement barjot, qui semble s'être fait une ligne de coke de trop. C'était encore l'époque et le cadre dans lesquels <strong>Michel Audiard </strong>(aidé sans doute de <strong>Pierre Tchernia</strong>) savait contenir sa verve sans s'épancher de manière trop caricaturale et désagréable — j'ai encore les excès chez <strong>Gilles Grangier </strong>dans <ins>Les Vieux de la vieille</ins> qui résonnent dans ma tête, avec un <strong>Gabin </strong>en roue libre totale. On ne jugera évidemment pas le film à la profondeur de sa critique de l'arrivisme, étant donné qu'il est ici davantage question d'enfilade un peu répétitive de gags dans un esprit de bande dessinée, certes sur fond de satire virulente.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/carambolages/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/carambolages/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/carambolages/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/carambolages/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Carambolages-de-Marcel-Bluwal-1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1318Reptile, de Grant Singer (2023)urn:md5:658eeeb717212b184f4e7a6e7502c61c2023-11-02T15:19:00+01:002023-11-02T15:20:44+01:00RenaudCinémaBenicio del ToroCorruptionEnquête policièreFilm noirIntégritéJustin TimberlakeMeurtreMichael PittThriller <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/reptile.jpg" title="reptile.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.reptile_m.jpg" alt="reptile.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Noir et glacé</strong></ins></span></div>
<p><ins>Reptile</ins> titille en moi la bonne combinaison de cordes en matière de thriller néo-noir contemporain, et ce qui m'est apparu comme prenant et intense pourra se révéler totalement anecdotique chez toute personne désintéressée dans ce genre typique des 90s. Pire, l'ensemble des défauts prendra probablement le dessus. Pour son premier film, <strong>Grant Singer </strong>fait preuve d'une maîtrise assez remarquable, avec néanmoins les traces caractéristiques de celui qui veut trop bien faire sur un coup d'essai, et les références me paraissent clairement identifiables (pour le meilleur, me concernant) : <ins>Prisoners</ins> de <strong>Villeneuve</strong>, les thrillers de <strong>Fincher </strong>au tournant des années 1990 / 2000, avec un soupçon de corruption dans les thématiques convoquant tous les films dans la lignée de <ins>Copland</ins>. Un meurtre, une enquête, et des révélations qui explosent à chaque strate de secret grattée.</p>
<p>Dans le fond il n'y a rien de fondamentalement neuf, mais en un sens le néo-noir a toujours été un registre très codifié il me semble, ne permettant pas de prise de liberté folle. Il arrive un moment dans le film où les différents rouages du récit, autonomes jusque-là, s'emboîtent et forment une certaine cohérence laissant s'échapper la suite des péripéties avec une certaine prévisibilité. Mais même à ce moment-là, le thriller a su tisser son atmosphère pesante et parvient à aligner quelques séquences convenues mais pas moins étouffantes — la convocation du lendemain matin, l'arrestation en pleine nuit par une patrouille sur la route, et quelques autres. <ins>Reptile</ins> se révèle très habile dans sa capacité à semer des indices et des fausses pistes, en jouant sur des motifs largement connus tout en développant des choses plus originales, sans que l'exercice ne devienne pénible. On choisit d'accorder de l'importance à ces détails, ou pas.</p>
<p>Et il faut avouer que dans mon visionnage, c'est <strong>Benicio del Toro </strong>le flic qui a bouffé toute l'attention, écrasant allègrement le personnage de <strong>Justin Timberlake </strong>(très bien dans le rôle, mais un peu faiblard en fils d'une femme à la tête d'un puissant empire immobilier) et celui de <strong>Michael Pitt </strong>(pourtant particulièrement gratiné, un peu trop à mon goût dans le registre "je suis le voisin destroy, voyez ce super suspect"). Le rapport du protagoniste avec sa femme, <strong>Alicia Silverstone</strong>, est également bien écrit et pas du tout laissé en marge au-delà du simple fait que cette dernière est liée à l'équipe de son mari constituée d'enquêteurs. Car c'est aussi un film sur un flic dont les frontières vacillent, qui se pose beaucoup de questions sur sa femme, sur son boulot, sur son intégrité. Un flic qui prend conscience de certaines illusions, et qui prend des coups. À ce titre le travail au niveau de l'ambiance sonore pourra déplaire à certains par sa prédominance, mais j'ai personnellement beaucoup aimé l'immersion provoquée et la sensation de malaise occasionnée par certaines dissonances. C'est en réalité à l'image du reste : un peu trop démonstratif par moments, comme beaucoup de premiers films qui veulent laisser une empreinte, mais suffisamment fluide et satisfaisant dans la mise en scène pour produire un portrait désenchanté captivant, sans toutefois prétendre révolutionner le genre.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Reptile-de-Grant-Singer-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1264Les Bonnes Causes, de Christian-Jaque (1963)urn:md5:6d6ea417b8eb6bc802bf48c41ef18d7a2023-10-15T12:53:00+02:002023-10-15T11:54:16+02:00RenaudCinémaAssassinatBourvilChristian-JaqueEnquête policièreInfirmièreManipulationPierre BrasseurProcès <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/bonnes_causes.jpg" title="bonnes_causes.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.bonnes_causes_m.jpg" alt="bonnes_causes.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Piégé(e)s</strong></ins></span>
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<p>Un film très original de la part de <strong>Christian-Jaque</strong>, plus habitué des productions françaises traditionnelles souvent raillées par la Nouvelle Vague : d'abord lancé sur des rails qu'on croit prévisibles, avec l'assassinat d'un homme fortuné suite au changement (par sa femme) d'une ampoule administrée en intraveineuse par une infirmière, il s'engage par la suite dans une enquête policière retorse et un final au prétoire qui brillera par son écriture et sa capacité à suivre une voie rarement choisie au cinéma. La femme, interprétée par <strong>Marina Vlady </strong>avec beaucoup de talent, accuse l'infirmière <strong>Virna Lisi </strong>dans ce qui ressemble à un piège savamment orchestré. L'avocat de la femme, <strong>Pierre Brasseur </strong>dans un excès savoureux de manières aristocrates, accessoirement amant de cette dernière, la défend et lui obéit au doigt et à l'œil comme s'il était victime d'un ensorcellement. Et au milieu du vacarme, il y a <strong>Bourvil </strong>dans un rôle sérieux éloigné de toutes les comédies qu'on a en tête, en juge d'instruction intègre, patient, et agissant dans un but unique : la recherche de la vérité, loin du culte des apparences.</p>
<p>Dans un premier temps, on peut être un peu gêné par le caractère très ostentatoire de <strong>Marina Vlady </strong>qui surjoue quelque peu la femme ayant tendu un piège en remplaçant un médicament par un produit toxique, et faisant semblant de découvrir l'accident au moment exact où il vient de survenir. Mais finalement ce malaise disparaît assez vite dès lors que l'enquête déroule son cours et que les interactions entre les différentes parties s'affirment et s'affinent. Il y a un peu de <ins>Witness for the Prosecution</ins> dans <ins>Les Bonnes Causes</ins>, dans les rapports conflictuels et intéressés qui lient les personnages, à la différence près que <strong>Billy Wilder </strong>conserve la plus grosse part de mystère pour la fin là où <strong>Christian-Jaque </strong>termine son film sur une pirouette sarcastique. Ici, en ce qui concerne le meurtre, on est tout de suite placé dans la confidence et on n'a aucun doute sur la culpabilité ou l'innocence des deux femmes : c'est davantage sur le terrain des intentions et des manipulations que les surprises vont germer. Et puis c'est probablement l'un des plus beaux rôles de <strong>Bourvil </strong>dans un registre inhabituel, touchant et crédible, consciencieux et réservé, soumis à des pressions des coups bas de la part de la partie adverse et qui finira dans l'anonymat le plus total. Il y a beaucoup d'incohérences et d'invraisemblances dans le déroulement de l'enquête, dans le comportement des professionnels, mais ça n'enlève rien à l'originalité du scénario et de sa dynamique.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img5.png" title="img5.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img5_m.png" alt="img5.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img6.png" title="img6.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img6_m.png" alt="img6.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Bonnes-Causes-de-Christian-Jaque-1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1255Le Mystère de la Villa Blanche, de Val Guest (1962)urn:md5:4347af8a3dd9562a0615d2c35569864a2022-10-23T22:06:00+02:002022-10-23T22:06:00+02:00RenaudCinémaAngleterreEnquête policièreMeurtrePoliceRoyaume-UniVal Guest <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mystere_de_la_villa_blanche/.mystere_de_la_villa_blanche_m.jpg" alt="mystere_de_la_villa_blanche.jpg, sept. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"It's the only thing I hate about this job — ringing strange doorbells and bringing bad news."<br /></strong></ins></span>
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<p>Ce film policier britannique appartient au sous-registre des polars procéduraux décrivant de manière minutieuse le déroulement d'une enquête, avec une multitude de détails (signifiants ou insignifiants), accompagnant ainsi les enquêteurs au plus près dans leur travail. L'exercice est curieux, en immersion dans une petite ville au sud de l'Angleterre, et embraye assez vite sur une affaire de meurtre saisie un peu par hasard par deux policiers, suite à une constatation d'effraction dans un magasin en ville. Le cadre est tout de même peu commun : ils retrouvent un corps féminin démembré dans une valise, cachée au sous-sol d'une maison louée sous nom d'emprunt.</p>
<p>C'est le point de départ assez glauque d'un policier presque documentaire, au sens où on suit une routine policière quotidienne dans tous ses détails. Le parti pris peut être rebutant car il est souvent descriptif et dépourvu de véritable péripétie, mais on se laisse bien prendre au jeu de l'enquête minutieuse. On passe à travers une quantité considérable de particularités, d'éléments qui s'avèreront inutiles ou pas, de suspects plus ou moins crédibles. Le film développe un parfum désuet à certaines occasions, comme le comportement de plusieurs personnages (des crises d'hystérie vraiment maladroites ou la réaction des parents de la victime par exemple), mais rien de fondamentalement préjudiciable.</p>
<p>Il faut quand même s'accrocher dans cet univers car il est dépourvu d'acteur charismatique, la photographie est anormalement lumineuse, et les dialogues forment un flux ininterrompu qui donne un rythme très soutenu au film du début à la fin. L'humour (pince sans rire, cela va de soi) n'est pas exclu malgré le sordide de l'affaire, à l'image du plan final révélant qu'un alibi martelé 15 fois était en fait mensonger, ou encore des jeux de regard régulièrement échangés par les deux enquêteurs. Un thriller étonnant de la part du cinéaste <strong>Val Guest </strong>largement connu pour ses séries B de SF.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mystere_de_la_villa_blanche/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mystere_de_la_villa_blanche/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mystere_de_la_villa_blanche/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Mystere-de-la-Villa-Blanche-de-Val-Guest-1962#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1075Roubaix, commissariat central, affaires courantes, de Mosco Lévi Boucault (2008)urn:md5:0a1c39bddc62b9e425facdd9f6e5f2802022-03-17T10:31:00+01:002022-03-17T10:32:42+01:00RenaudCinémaCommissariatDocumentaireEnquête policièreMisèreNordPoliceReportage <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/roubaix_commissariat_central_affaires_courantes/.roubaix_commissariat_central_affaires_courantes_m.jpg" alt="roubaix_commissariat_central_affaires_courantes.jpg, janv. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Des aveux télévisés<br /></strong></ins></span>
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<p>Ça prend aux tripes. On sort de ce reportage de France 3 secoué comme rarement... À côté, le film de fiction qu'en a tiré <strong>Arnaud Desplechin</strong> dans <ins>Roubaix, une lumière</ins> est une promenade de santé tant le contenu et la crasse de la réalité avaient en réalité été édulcorés.</p>
<p>Déjà, je n'arrive pas à comprendre comment <strong>Mosco Lévi Boucault </strong>est parvenu a obtenir les autorisations nécessaires pour s'immiscer au cœur du fonctionnement de ce commissariat, en prise directe avec un pragmatisme que je n'avais littéralement jamais vu à un tel niveau. Ne serait-ce que pour ça, <ins>Roubaix, commissariat central, affaires courantes</ins> vaut parfaitement le détour. La position de la caméra, l'effet de celui qui filme sur le sujet, le comportement des personnes, n'a pas dû être évident à gérer. Le résultat est en tous cas renversant, et on a bien du mal à penser qu'un tel témoignage sur la pression exercée par les policiers (nécessaire ou excessive, la problématique est posée avec habileté et suscite une gêne toute particulière) sur les différentes parties, suspects comme victimes, ait pu filtrer.</p>
<p>Plongée franche, nette, sèche, dans la misère du Nord à travers quelques affaires traitées par deux commissaires, avec d'un côté ce qui a trait davantage à des urgences et de l'autre une enquête au plus long cours qui occupera l'essentiel de la seconde moitié. D'abord, donc, la réalité sordide des urgences : un différend familial qui vire au règlement de comptes à coups de couteau, une tentative de vol avec violence avec hésitations de la victime et esquisse de l'agresseur, un incendie criminel (qui prendra une place plus conséquente plus tard), une fugue d'une ado qui ne se sent pas bien chez elle, et un viol dans le métro. C'est déjà bien garni en matière de misère humaine, il faut avoir le cœur bien accroché.</p>
<p>Puis, une affaire d'homicide sur une personne âgée. Et là, on pénètre dans l'univers glauque et abominable de la misère à un ordre de grandeur supérieur. L'évolution de l'enquête, les révélations, les aveux, la reconstitution : le fil rouge de l'enquête est noyé dans la pauvreté d'une banlieue et nous avec. La mémé assassinée par ses voisines pour deux bouteilles de javel... Et bien sûr l'occasion de voir le portrait fait de ces deux jeunes femmes tellement paumées, l'une plutôt misérable et l'autre étonnamment belle. Toutes les deux recouvertes d'emmerdes.</p>
<p>C'est triste à pleurer.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/roubaix_commissariat_central_affaires_courantes/.commisariat_m.jpg" alt="commisariat.jpg, janv. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Roubaix-commissariat-central-affaires-courantes-de-Mosco-Levi-Boucault-2008#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1034Meurtre à l'italienne, de Pietro Germi (1959)urn:md5:caaa6bb264fe7b1815597ee2155284c72021-02-01T18:03:00+01:002021-02-01T18:04:09+01:00RenaudCinémaBourgeoisieClaudia CardinaleEnquête policièreItalieMeurtrePietro GermiPolice <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_l_italienne/.meurtre_a_l_italienne_m.jpg" alt="meurtre_a_l_italienne.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Gratter le vernis<br /></strong></ins></span></div>
<p>Il ne manque pas grand-chose à ce film pour accéder à une place moins ingrate que ce simple policier sympathique à caractère social. Si le titre français <ins>Meurtre à l'italienne</ins> peut clairement induire en erreur dans le parallèle qu'il établit avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Divorce-a-l-italienne-de-Pietro-Germi-1961"><ins>Divorce à l'italienne</ins></a> (la traduction a été opérée après coup, bien que le film soit sorti avant, à des fins commerciales évidentes), la tonalité de ce satané imbroglio — le titre original —s'éloigne de la comédie italienne classique pour s'inviter dans la case de l'hommage au film noir américain, avec en figure de proue le réalisateur et acteur <strong>Pietro Germi </strong>dans le rôle de l'enquêteur au cigare, chapeau, et lunettes noires.</p>
<p>Au-delà de l'intrigue policière plutôt touffue qui tente de démêler un gros paquet de nœuds formés par un labyrinthe de pistes se résumant à des impasses, l'intention assez claire de <strong>Germi </strong>est de composer une peinture sociale de l'Italie, avec des personnages de tous horizons, toutes catégories sociales, toutes origines géographiques. Même si la dimension psychologique des portraits n'est pas des plus denses, on reconnaît une forme appréciable de diversité du trait qui brosse différents milieux, du bourgeois au populaire en passant par la bureaucratie policière. De manière générale, tous les personnages sont des minables : non pas des criminels (on insiste sur le fait que leurs actes, globalement, ne sont pas répréhensibles), simplement des petits voleurs, des menteurs, des lâches, des cupides. Avec une petite préférence pour la bourgeoisie romaine médiocre empêtrée dans ses secrets honteux. Dans ce tableau peu reluisant, seule la jeune et magnifique <strong>Claudia Cardinale </strong>retient la bienveillance de <strong>Germi</strong>.</p>
<p>Une trame policière qui sert de prétexte à révéler les dessous cachés de la société italienne et les turpitudes des hommes : voilà l'objectif un peu trop programmatique pour convaincre et émouvoir totalement. Dans un style ni néoréaliste ni auteuriste, <strong>Germi </strong>fait usage autant de noirceur que d'humour, avec des répliques presque pince-sans-rire du style "(Le prêtre) Il fréquente des cartomanciens, des voyants… Des charlatans, en somme. — (Le commissaire) Oui, j’en connais un". Une société gouvernée par les apparences, où tout le monde prétend être quelqu'un d'autre dans un grand fracas de manipulations, de tromperies, et de chantages. Dans les placards, on dissimule des relents de fascisme. Dans le dos, on se prostitue (auprès de riches américaines) avant le mariage. Les échos de la décadence sont assourdissants.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_l_italienne/.germi_cardinale_m.png" alt="germi_cardinale.png, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_l_italienne/.police_m.png" alt="police.png, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtre-a-l-italienne-de-Pietro-Germi-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/894