Je m'attarde - Mot-clé - Fantasme le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearInfidèlement vôtre, de Preston Sturges (1948)urn:md5:0f8f637372b19b423daa2837e9be15762023-05-11T10:11:00+02:002023-05-11T10:11:00+02:00RenaudCinémaBurlesqueChef d orchestreComédieFantasmeHonneurJalousieMusicienMusique classiquePreston SturgesRex Harrison <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/infidelement_votre/.infidelement_votre_m.jpg" alt="infidelement_votre.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Well, it's better to do it in public than not to do it at all!"</strong></ins></span></div>
<p>Comédie sophistiquée américaine (utilisant d'ailleurs le potentiel comique du contraste avec les airs très british de <strong>Rex Harrison</strong>) assez particulière appartenant au sous-registre des farces qui explorent les aspects fantasmatiques des turpitudes humaines — en l'occurrence, la jalousie d'un chef d'orchestre qui se fait des films au sujet de son épouse qui la tromperait avec son secrétaire. Les territoires sondés sont donc très éloignés de ceux que le très bon <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Tar-de-Todd-Field-2022">Tár</a></ins> sillonnait récemment. <ins>Unfaithfully Yours</ins> se découpe de son côté assez ouvertement en trois parties : une première un peu longuette qui pose le cadre et explique en quoi les germes de la jalousie ont conduit Sir Alfred a être persuadé de l'infidélité de sa jeune femme, une seconde plutôt détonnante figurant les fantasmes tour à tour morbides et magnanimes en plein concert, et une dernière complètement axée sur le burlesque lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre ces plans qui paraissaient si parfaits dans les pensées, mais dans une exécution au comble de la maladresse.</p>
<p>Les parties introductive et conclusive sont malheureusement un peu poussives et pénibles par leur durée exagérée, semant la petite graine d'ennui qui peut éventuellement faire rater le coche de l'embrayage sur la folie de la partie centrale. Même si la mise en scène déploie des outils alimentant un raffinement assez typique de ce cinéma américain des années 1950 et 1960, c'est bien une fois la folie établie dans le cerveau malade de <strong>Harrison </strong>que les choses dégénèrent avec malice.</p>
<p>En trois grands temps au sein d'un concert mené par le chef d'orchestre, Rossini, Wagner et Tchaïkovski se font successivement les supports de trois types de conclusion pour laver un honneur perdu, croit-il. D'abord, le plan le plus machiavélique, avec l'acte jouissif et libératoire de l'assassinat de sa femme en faisant accuser son secrétaire ; puis le sens du sacrifice à travers le pardon et la signature d'un gros chèque pour la laisser partir ; enfin la tragédie d'une résolution par suicide à la roulette russe (à ne pas confondre avec la russian bank, autrement appelée crapetten, une jeu de mots parmi les centaines que compte le film, plus ou moins lourdingues :"For me, there's nobody handle Handel like you handle Handel! And your Delius – delirious!"). Portrait d'une jalousie ouvertement pathologique donc, qui se fait franchement crue et frontale dans l'exécution du premier fantasme — quand le mari lacère sa femme à coups de rasoir, on se demande si on est bien dans un rêve quand même ! Malgré tout, le concept s'épuise très vite et le burlesque de la dernière partie vire à l'enchaînement stérile de petits gags inoffensifs.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/infidelement_votre/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/infidelement_votre/.img2_m.png" alt="img2.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/infidelement_votre/.img3_m.png" alt="img3.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/infidelement_votre/.img4_m.png" alt="img4.png, mars 2023" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Infidelement-votre-de-Preston-Sturges-1948#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1150Zabriskie Point, de Michelangelo Antonioni (1970)urn:md5:616a7e8ab83790877aa6406e605dff052018-09-07T10:45:00+02:002018-09-07T11:01:37+02:00RenaudCinémaFantasmeMichelangelo AntonioniNouvel HollywoodSexeSociété de consommation <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/zabriskie_point/.zabriskie_point_A_m.jpg" alt="zabriskie_point_A.jpg" title="zabriskie_point_A.jpg, sept. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/zabriskie_point/.zabriskie_point_B_m.jpg" alt="zabriskie_point_B.jpg" title="zabriskie_point_B.jpg, sept. 2018" />
<br /><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>De l'orgie à la destruction<br /></strong></ins></span>
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<p>Regarder <ins>Zabriskie Point</ins> longtemps (50 ans) après l'époque de sa sortie, marquée à la fois par l'aspiration à diverses émancipations et par le Nouvel Hollywood, permet d'en savourer tout le sel baroque. C'est un pur produit de son temps selon ces deux axes, et pourtant, il reste difficile à appréhender : comme scindé en deux hémisphères, partagé entre la critique sociale évidente et la chronique amoureuse délurée, entre des épisodes réalistes sous forme de captation de débats et des envolées surréalistes complètement débridées, et plus généralement entre la simplicité apparente du message et la multiplicité des effets produits.</p>
<p><strong>Antonioni </strong>en vadrouille aux États-Unis, c'est un peu comme <strong>Verhoeven </strong>ou <strong>Forman </strong>(avec pour origines respectives l'Italie, les Pays-Bas et la Tchécoslovaquie) : leur expression artistique s'attache à la déconstruction méthodique d'une partie de la société américaine, avec plus ou moins d'ironie, dans les mouvements plus ou moins contestataires de leurs époques respectives. On peut aussi beaucoup penser à l'uchronie décrite dans <ins>Punishment Park</ins> par <strong>Peter Watkins</strong>, principalement lié au cadre désertique d'une grande partie du film. On peut même voir dans <ins>Zabriskie Point</ins> la volonté de reprendre, pour les détourner, toute une série d'éléments grammaticaux propres au cinéma américain : les références sont extrêmement nombreuses.</p>
<p>La dynamique du récit est sans doute ce qui contraste le plus avec la simplicité du propos, tant les séquences changent spontanément de ton ou de rythme, du réalisme immersif à l'utopie et aux fantasmes mis en scène. On passe du concret de l'introduction, en gros plans sur les visages d'étudiants qui débattent, à l'abstraction totale au milieu de la Death Valley, où un rapport sexuel prend une dimension totalement démesurée, une orgie presque psychédélique. Le passage entre les deux semble concentré dans le vol d'avion réalisé par Mark (<strong>Mark Frechette</strong>), porteur d'un vent de liberté incroyable. Le pouvoir de l'imagination et du fantasme atteindra son apogée à la fin, lors de la dernière séquence particulièrement marquante dans laquelle Daria (<strong>Daria Halprin</strong>) fait exploser une luxueuse villa dans son esprit, avant de quitter les lieux sur fond de coucher de soleil incandescent.</p>
<p>Cette scène concentre d'ailleurs encore une fois cette sensation d'extrêmes intimement liés, avec la simplicité presque scolaire de la critique de la société de consommation, à travers la télévision et autres mobiliers qui explosent gaiement, et la dimension totalement hallucinatoire du support du message, à savoir un fantasme meurtrier qu'une musique envoûtante des <strong>Pink Floyd </strong>vient enluminer : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=MwS4kjGIRP8">lien youtube</a> pour se rafraîchir la mémoire visuelle et auditive. La caricature de critique sociétale est un peu gênante vue d'aujourd'hui, mais la puissance de la poésie encapsulée dans ce passage reste à mes yeux (et oreilles) intacte.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/zabriskie_point/.frechette_halprin_m.jpg" alt="frechette_halprin.jpg" title="frechette_halprin.jpg, sept. 2018" /> <br /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/zabriskie_point/.explosion_m.jpg" alt="explosion.jpg" title="explosion.jpg, sept. 2018" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Zabriskie-Point-de-Michelangelo-Antonioni-1970#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/544