Je m'attarde - Mot-clé - Grosse daube le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLe Droit de tuer ?, de Joel Schumacher (1996)urn:md5:e16ab813b75361b780f67a07899dce762016-10-25T12:12:00+02:002016-10-26T09:17:00+02:00RenaudCinémaGrosse daubeJoel SchumacherKevin SpaceyMatthew McConaugheyMauvaise humeurMeurtreProcèsRacisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_de_tuer/.droit_de_tuer_m.jpg" alt="droit_de_tuer.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="droit_de_tuer.jpeg, oct. 2016" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Appel au meurtre (sac à vomi disponible en fin de billet de mauvaise humeur)<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Il y a quelque chose d'assez amusant (on commence gentiment, sans trop s'énerver) à observer la différence entre le titre américain, d'origine, et le titre adopté pour la distribution en France. Aux États-Unis, la question ne se pose pas : il y a forcément "un temps pour tuer" (<em>A Time to kill</em>) ; mais en France, part de marché non-négligeable, les distributeurs se sont dit que cette affirmation pourrait rebuter, voire choquer. Et voilà le point d'interrogation (presque) salvateur. Soit.</p>
<p>Il y a tellement d'approches intéressantes pour évoquer la légitime défense, les biais sociaux ou raciaux dans les décisions des institutions comme celle de la justice, et toutes ces inégalités raciales (entre autres) patentes qui gangrènent les sociétés contemporaines. Mais quelle que soit la démarche adoptée, un minimum de subtilité, de tact, et de mesure s'impose pour des sujets aussi délicats. Mais ça, la subtilité, <strong>Joel Schumacher</strong>, il ne connaît pas. Mais alors pas du tout. C'est l'éléphant aux manettes d'un bulldozer dans un magasin de porcelaine.</p>
<p>Soit donc le cas de cette jeune fille noire, violée et torturée par deux affreux blancs. Mais pas n'importe lesquels (il ne faudrait pas qu'on les trouve sympas tout de même, je veux dire, le viol et la tentative de meurtre mis de côté, on ne sait jamais, ce pourrait ne pas être suffisamment incriminant) : il s'agit de deux violeurs pédophiles délinquants aux gueules pas possibles de dégénérés consanguins. Ils conduisent leur pickup de redneck n'importe comment, avec un joli drapeau des États confédérés d'Amérique bien mis en évidence, balancent des bières à tout-va, crachent sur les godasses des Noirs qui ont le malheur de croiser leur chemin, insultent le shérif local (devinez sa couleur de peau) et s'amusent à foutre le boxon dans la supérette du coin tenu par un ancien ramasseur de coton ou chanteur de Blues. À ce moment-là, après 5 minutes d'un fier étalage des plus beaux clichés du parfait petit raciste, les scénaristes se sont dit que le tableau était suffisamment chargé. En apprenant le viol de sa fille, <strong>Samuel Lee Jackson</strong> (qui paraissait plus vieux en 1996 avec des cheveux qu'aujourd'hui sans), honnête travailleur et bon père de famille, pète un câble à l'idée que les deux horribles puissent être libérés et décide de les tuer à coup de M16 au moment où ils pénètrent dans le tribunal. Et le flic à qui il détruit la jambe au passage ne lui en veut même pas. Soit.</p>
<p>Ainsi, au lieu de se lancer dans un film de procès insipide sur le viol d'une fillette noire par deux débiles mentaux blancs, <ins>Le Droit de tuer ?</ins> répond par l'affirmative au terme d'un procès insipide sur le meurtre de deux attardés blancs par un honnête citoyen noir. Et c'est là que ça coince. Car il aurait bien sûr été intéressant (important ?) de mettre en scène une telle réaction à de pareilles atrocités, en essayant de la contextualiser au maximum, et en essayant de la comprendre d'un point de vue sociologique. Non pas l'excuser, voire le revendiquer, comme semble vouloir le faire <strong>Schumacher </strong>afin de délivrer son message sous-jacent, mais la comprendre, essayer de retracer le fil des interactions sociales qui ont conduit à cet acte. Mais non, ça, ce n'est pas ce qui intéresse <strong>Schumacher</strong>. Ce qui l'intéresse, c'est de montrer que le personnage noir "n'avait pas le choix". Que parfois, voire souvent, la justice ne fait pas son boulot, et que dans ces conditions, le bon citoyen américain se doit de se faire justice lui-même à coup de fusil d'assaut, au nom de la Constitution, avec l'assentiment implicite des institutions devant un sale boulot aussi bien fait. Et ce n'est pas fini…</p>
<p>Parce qu'en plus de tout faire pour obtenir l'assentiment du public devant ce double meurtre "justifié", <strong>Schumacher </strong>va encore plus loin : il nous explique comment il faut s'y prendre pour convaincre le jury et acquitter l'assassin noir innocent qui n'a fait que son devoir de bon citoyen (preuve d'intégration dans la société américaine). Et c'est bien simple : son avocat, <strong>Matthew McConaughey</strong>, se lance dans le classique réquisitoire final (après 2h30 de torture intellectuelle) en demandant aux jurés, je vous le donne en mille… de fermer les yeux, d'écouter l'histoire d'une petite fille violée, massacrée, sur laquelle on aurait uriné avant de la pendre, et d'imaginer… qu'elle soit blanche. Ce sont les derniers mots de l'avocat : "maintenant, imaginez qu'elle soit blanche". Silence, yeux rouges, air triste, puis viennent les premières larmes de l'avocat sur fond de grands violons sirupeux. C'est l'équivalent du fameux "imaginez qu'il s'agisse de votre fille". Et dans le cas où ce magnifique plaidoyer ferait mouche, comme le fruit d'un travail de longue haleine, un travail de manipulation idéologique autant qu'émotionnelle, c'est les yeux pleins de larmes et le cœur meurtri qu'on accueille le verdict salvateur : innocent. L'ensemble des personnages peut enfin sortir du tribunal le cœur léger, devant une foule en liesse (hormis quelques membres du Ku Klux Klan un peu grincheux), avec les drapeaux des États confédérés et de l'Union réunifiés sous la bannière étoilée.</p>
<p>Comme s'il suffisait de peindre en noir (ou de quelque couleur que ce soit) un individu lambda pour justifier un meurtre ou le fait de se faire justice soi-même. Au final, <strong>Schumacher </strong>ne cherchait qu'une seule chose en choisissant un Noir comme héros : détourner l'attention. Faire oublier qu'on parle d'un double meurtre. Utiliser une cause raciale à dessein, d'une brûlante actualité, et la détourner pour mieux faire passer ses thèses fascistes à gerber. Et le message est clair : si vous n'êtes pas d'accord avec lui, si vous n'applaudissez pas des deux mains la libération du tueur justicier, c'est que vous êtes un gros connard de raciste et que vous cachez une carte de fidélité portant la mention "KKK". <ins>Le Droit de tuer ?</ins> constitue ainsi une magnifique apologie du meurtre, à peine déguisée. Un appel au meurtre, même. Reste à savoir de qui.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Droit-de-tuer-de-Joel-Schumacher-1996#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/361007 Spectre, de Sam Mendes (2015)urn:md5:bd4d64c6e670a7820d09ee1946b67bca2016-01-19T11:17:00+01:002016-01-21T21:00:53+01:00RenaudCinémaDonnées personnellesGrosse daubeJames BondMauvaise humeurSam MendesTechnologie <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/007_spectre/.007 spectre_m.jpg" alt="007 spectre.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="007 spectre.jpg, janv. 2016" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Orgueil et méjugés<br /></strong></ins></span></p>
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<p>Jamais je ne me serais autant senti étranger à l'engouement et à l'intérêt que pourrait éventuellement présenter un film aussi populaire (au sens de l'affluence dans les salles, la barre des cinq millions de spectateurs étant en passe d'être franchie, au sens du petit milliard de dollars de bénéfices bientôt atteint, et au sens où plus de onze mille personnes ont vu ce film sur SensCritique) que ce <ins>007 Spectre</ins>. Évacuons d'entrée la critique qui opposerait le cinéma populaire ou d'envergure au cinéma de qualité en se retrouvant tous le 24 Février pour la sortie de <ins>The Revenant</ins> (le film est sorti chez nous les Pictes le 15 Janvier et constitue un parfait contre-exemple : <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Revenant-d-Alejandro-Gonzalez-Inarritu-2016">lire le billet</a>). Il y a vraiment de quoi se frapper la tête contre les murs de Buckingham Palace, et je mâche mes mots, quand on constate ce qu'une telle industrie est capable de produire, ce genre de mocheté impersonnelle, dénuée de charme, pour la ridicule somme de 250 millions de dollars (budget marketing exclu). En dollars, naturellement, aucune raison de convertir ce montant en livres sterling tant la seule chose de britannique dans ce film se résume à la nationalité de certaines marques et à l'accent que certains acteurs cherchent éperdument à souligner. Bien entendu, il s'agit là d'une solide revendication, pleine et entière, le gage d'une indépendance totale vis-à-vis des sirènes hollywoodiennes.</p>
<p>Un cahier des charges toujours identique, bien sûr, mais là où certains James Bond récents comme <ins>Casino Royale</ins> ou <ins>Skyfall</ins> avaient réussi à insuffler la dose minimale de renouveau requise, ainsi qu'un minimum de bon goût et de sens dans une franchise qui souvent m'indiffère (poliment), ce <ins>007 Spectre</ins> affiche de manière tout à fait décomplexée son orgueil froid et sa suffisance gerbante. L'étalage de bêtise par excellence, avec la satisfaction du clébard qui vient de déposer son petit paquet sur le paillasson. Géopolitique internationale de comptoir (alors que la thématique du "information is all" et de la collecte massive des données personnelles est d'une brûlante actualité, quel doux paradoxe), méchant tout pourri ("tu m'as volé mon papa", il faut le voir pour le croire et faire attention à ne pas s'étouffer en le voyant, ce n'est pas la balafre de <strong>Christoph Waltz </strong>qui nous aveuglera), scènes romantiques à pleurer de rire (sur le mode "non, pas le premier soir"), et pour terminer cette liste non-exhaustive déjà bien trop longue, l'anecdote qui illustre à elle seule la vanité de l'entreprise : la plus grosse explosion jamais filmée (approuvée par le Guinness book, alléluia !) qui apparaît à l'écran comme n'importe quelle autre grosse explosion en CGI. 8418 litres de carburant (notez la précision des quatre chiffres significatifs, au litre près) et 33 kilos d'explosifs (et combien de grammes ?!) pour un tel résultat, ça fait quand même cher les 7 secondes de pyrotechnie. « <em>Tempus fugit</em> », en effet. Ce film et cette image du cinéma sont profondément pitoyables (no offence), et seuls quelques détails tout à fait insignifiants m'empêchent de lui coller le 1/10 qu'il mériterait. Et qu'on se le dise : le plan-séquence initial, réussi au demeurant, mais véritable concentré d'esbroufe étant donnée la suite des événements, ne trompe personne.</p>
<p>Voilà, ça va mieux en le disant.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/007-Spectre-de-Sam-Mendes-2015#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/300Selma, de Ava DuVernay (2014)urn:md5:ef949e3b6ccdc1477227a54fc56b317f2015-12-31T00:59:00+01:002015-12-31T01:15:19+01:00RenaudCinémaDroit de voteEtats-UnisGrosse daubeMauvaise humeurRacismeSégrégation <p><img title="selma.jpg, déc. 2015" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="selma.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/selma/.selma_m.jpg" /></p>
<p>Ce film est à gerber, et ce pour deux raisons (au moins).</p>
<p>La première raison, c'est la confusion savamment entretenue entre authenticité et licence artistique. Une ligne de démarcation floue, aux approximations soigneusement dorlotées. On sait bien que le cachet "basé sur des faits réels" est un ticket d'entrée de premier choix pour la nomination aux Oscars, et la réalisatrice ne s'en cache pas. Pourquoi pas, ce n'est pas la première fois (au hasard, le film sorti au Québec sous le nom "Esclave pendant douze ans", lui aussi co-produit par un certain <strong>Brad Pitt</strong>), et certainement pas la dernière. Mais là où <ins>Selma</ins> devient insupportable, c'est quand <strong>Ava DuVernay</strong> s'autorise de manière tout à fait décomplexée un travestissement de l'Histoire, où et quand ça l'arrange. Le scénario original montrait un président engagé en faveur de la cause des Noirs. Ne voulant pas « <em>faire un film où un Blanc sauve les Noirs</em> », mais plutôt « <em>tourner un film qui fasse des gens de couleur des acteurs de leur vie</em> » car « <em>nous n’avons pas besoin d’être sauvés par quelqu’un qui débarquerait sur son cheval blanc</em> », son film ne parle pas des « <em>vrais participants à la marche de Selma</em> », comme elle l’affirme, mais se contente de remplacer l’homme blanc providentiel par un Noir. Voilà un exemple parfait d'hagiographie partiale stupide et contre-productive, alimentant un culte simplificateur qui dessert totalement la cause qu'elle est censée défendre. <strong>Ava DuVernay</strong> a dangereusement joué à la limite entre réalité et fiction, en gonflant artificiellement l'aspect mélodramatique de son biopic à mesure qu'elle le vidait de sa sève politique. Car à ce niveau-là, c'est le vide absolu, et je ne m'attarderai pas sur les descriptions simplistes et monolithiques des principaux représentants politiques, du président Lyndon B. Johnson au gouverneur George Wallace (à qui le générique de fin semble crier "bien fait pour sa gueule" en parlant de sa maladie, on croit rêver). Il vaut sans doute cent fois mieux lire la page Wikipédia consacrée aux marches de Selma à Montgomery, personne n'essaiera de vous y faire pleurer et de déformer la réalité à dessein en toute impunité. Ou, mieux, lire l'article d'<strong>Adolph Reed Jr</strong>, un chercheur en sciences politiques à l'Université de Pennsylvanie spécialisé sur cette thématique, et dont un article avait été publié dans le Diplo : <a title="http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/REED_JR/52731" href="http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/REED_JR/52731">http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/REED_JR/52731</a>.</p>
<p>La seconde raison, plus subtile, c'est l'utilisation d'un film retraçant des événements du milieu des années 60 comme tract en 2014. Comme si l'Histoire s'était arrêtée en 1965, comme si les concepts de « mouvement de libération des Noirs » et de « communauté noire » étaient restés les mêmes. Cette utilisation de faits historiques inscrits dans un contexte politique et social bien particulier, transposés tels quels dans la société contemporaine, est dans le meilleur des cas simpliste. Dans le pire des cas, totalement fallacieuse. Et au-delà de cet anachronisme maladroit et de ces imprécisions opportunistes, le film véhicule l'idée gênante selon laquelle les concepts qui sous-tendent l'existence de cette « communauté noire » auraient toujours été homogènes, cohérents, comme s'ils étaient indépendants des dynamiques politiques inhérentes à la société américaine. Comme s'il n'y avait jamais eu de tension de classe au sein de la population noire, hier comme aujourd'hui. Et c'est à ce moment-là qu'une envie saugrenue m'envahit : coller la réalisatrice devant l'excellent <ins>Blue Collar</ins> de <strong>Paul Schrader</strong> (réalisé en... 1978), en boucle, pendant 10 jours.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Selma-de-Ava-DuVernay-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/296Nos femmes, de Richard Berry (2015)urn:md5:766e1dacc945cf3f3659d70ba62d2a122015-10-08T20:01:00+02:002015-11-06T15:05:35+01:00RenaudCinémaComédieFranceGrosse daubeMauvaise humeur <p><img title="nos_femmes.jpg, oct. 2015" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="nos_femmes.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nos_femmes/.nos_femmes_m.jpg" /></p>
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Du dilemme moral au XXIème siècle chez Richard Berry<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Dans le registre "comédie française avec sa bande de potes, à l'heure du bilan et des règlements de comptes", je demande non pas le pitoyable <ins>Barbecue</ins> d'<strong>Éric Lavaine</strong> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Barbecue-d-Eric-Lavaine-2014">lire le billet</a>) mais le pitoyable et scandaleux <ins>Nos femmes</ins> de <strong>Richard Berry</strong>.</p>
<p>Pour faire simple, <ins>Nos femmes</ins>, c'est l'histoire d'un cinquantenaire/soixantenaire friqué et coiffeur (<strong>Thierry Lhermite</strong>) qui dit avoir tué sa femme et se rend chez son ami cinquantenaire/soixantenaire friqué et radiologue (<strong>Richard Berry</strong>) pour que lui et son ami cinquantenaire/soixantenaire friqué et médecin (<del><strong>Christian Clavier</strong></del> euh... non, <strong>Daniel Auteuil</strong>) créent un alibi de toute pièce afin de l'innocenter.</p>
<p>Mettons de côté :</p>
<ul><li>la mise en scène putassière mettant en valeur toujours les mêmes appartements bourgeois correspondant toujours aux mêmes idées aseptisées du confort (les belles étagères avec de belles lumières, la belle cuisine avec la belle cafetière, le beau salon avec les beaux fauteuils, la belle porte vitrée avec ses beaux rideaux flottants, le beau balcon avec la belle vue sur la tour Eiffel) ;</li>
<li>l'utilisation ridicule de la musique qui nous assène son concerto pour piano de <strong>Mozart</strong>, <strong>Dave Brubeck </strong>et <strong>NTM </strong>(tous excellents au demeurant) dans un étalage de clichés d'une remarquable constance ;</li>
<li>l'amplitude strictement croissante et insupportable des gestes et des cris des trois énergumènes au cours du film ;</li>
<li>la représentation salement misogyne de la femme (au choix, une pétasse qui ne cherche qu'à montrer ses nibards, une larve qui ne fait que dormir, ou bien une sorte de tyran qui ne tient pas en place et qui a l'outrecuidance d'exiger une relation claire) uniquement vue comme une source de contraintes ;</li>
<li>le désormais traditionnel règlement de comptes entre amis, fruit de nombreuses années de non-dits et d'apparences, avec (par exemple) le personnage qui pète les plombs en éructant ses quatre vérités et celui qui déverse sa bile en gardant son sang froid ;</li>
<li>et la fin de ce calvaire d'une heure et demie qui nous balance sa morale dégoulinante sans crier gare (parle à ta fille, parle à ta femme, prends tes responsabilités, le bonheur ne se trouve pas uniquement dans les études, ton beau-fils peut être quelqu'un de bien même s'il n'est pas médecin, sois adulte et fonde un foyer pour profiter de la joie d'être parent, et gnagnagna).</li>
</ul>
<p>Que reste-t-il ? Un thème éminemment comique, le meurtre d'une femme par son mari (haha non, le con, il ne l'a pas tuée en fait, juste étranglée jusqu'à l'évanouissement, tout peut donc rentrer dans l'ordre). <ins>Nos femmes</ins> se fixe alors pour objectif la thématique du dilemme hautement moral, à savoir appeler le samu et les flics comme le ferait toute personne normalement constituée, ou bien camoufler le meurtre parce que bon, après tout, c'est un ami, et que dans le fond, il n'est pas si mauvais, il a ses défauts mais il a aussi des qualités, et puis il nous a prêté de l'argent par le passé donc on lui doit bien ça quand même. J'ai eu du mal à le croire, mais le cœur du film tourne autour de cela : la décision au sujet d'une éventuelle dénonciation ne tourne pas autour de sa culpabilité mais autour de sa personnalité : si c'est un bon pote et qu'on lui est redevable, on est prêt à fermer les yeux, mais si c'est un salaud de pervers qui se tape ma fille, alors là oui, il faut qu'il aille en prison. C'est à peu de chose près ma définition du film pitoyable et scandaleux.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Nos-femmes-de-Richard-Berry-2015#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/291Barbecue, d'Éric Lavaine (2014)urn:md5:6f1b5b913a489e4af7a6aceaa0b671612015-04-05T16:13:00+02:002015-04-05T15:48:16+02:00RenaudCinémaComédieFranceGrosse daubeMauvaise humeur <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/barbecue/.barbecue_m.jpg" alt="barbecue.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="barbecue.jpg, avr. 2015" />
<p>L'industrie hollywoodienne a sa machine à blockbusters, programmée jusqu'en 2020 (<a href="http://schmoesknow.com/analyzing-the-blockbuster-are-they-depriving-us-of-middle-market-films/31120/" title="http://schmoesknow.com/analyzing-the-blockbuster-are-they-depriving-us-of-middle-market-films/31120/">lire l'article</a>), le cinéma britannique a ses drames romantico-historiques, sucrés jusqu'à l'indigestion, et la comédie française a ses bandes de potes, à l'heure du bilan et des règlements de comptes. Chacun ses clichés, mais force est de constater que l'odeur moisie et réchauffée qui émane de ce <ins>Barbecue</ins>-là est proprement pestilentielle.</p>
<p>Oublions les critères cinématographiques habituels puisque de ce point de vue-là, <ins>Barbecue</ins> est l'archétype du non-film. Pas de scénario mais une simple succession de séquences presque interchangeables, des effets de style lamentables et éculés, et bien sûr, les pires écueils de la comédie bobo alignés avec une rigueur exemplaire. Il faut voir comment <strong>Éric Lavaine </strong>(pas d'bol) se complaît dans l'étalage des clichés et dans la fange du déjà-vu, énième variation sur les tourments profonds d'une bande de quinquagénaires : préoccupations liées à la gestion de son patrimoine ("oh mon dieu, si la ligne de tram n'est pas construite, cet appartement récemment acquis pour ma boîte ne bénéficiera pas de la plus-value tant convoitée !"), aux infidélités diverses et asymétriques ("je trompe ma femme, rien de plus normal, c'est la santé ; elle me trompe, quelle horreur, c'est la fin du monde"), sur fond de vacances dans une immense villa du Gard, avec piscine, soleil, et sangria concoctée par mégarde avec un petit Pétrus (oh oh oh, diantre, quelle drôlerie).</p>
<p>Autant dire qu'on a rien à foutre de la vie de ces beaufs friqués et de leurs pérégrinations estivales, enfermés dans leurs rôles figés, à la psychologie aussi élaborée que celle d'une huître (pardon pour les huîtres). Le film n'a rien à dire, et encore moins à nous apprendre, sur les relations humaines et les dilemmes de la maturité et de l'amitié, rejoignant sur cette thématique ce cher <strong>Canet </strong>dans les bas-fonds de la perspicacité. Chez <strong>Lavaine</strong>, les riches sont forcément raffinés et empêtrés dans leurs histoires de culs et de soucis immobiliers ; le pauvre, bonne conscience du riche, forcément un peu bête, ne sait pas faire la différence entre un des plus grands crus bordelais (en bouteille) et de la piquette (en cubi). Mais attention, quand un personnage anecdotique a l'impudence de relever tout haut un des innombrables clichés que le film s'est appliqué à construire pendant 1h30, il se fait sévèrement réprimander par cette sacrée bande de potes : "oui, c'est vrai, c'est un prolo un peu con, mais il est interdit de le dire car c'est précisément pour cela qu'on l'aime". Pathétique.</p>
<p>Naturellement, le happy end est de rigueur. Mais c'est tout à fait excusable, presque justifié : le film a eu l'audace infinie, quelques minutes plus tôt, de faire l'apologie du joint. Incroyable, courageux, le signe d'une subversion folle et solidement revendiquée. </p>
<p>
<strong>Barbecue</strong> est à chier. À vomir. Ou, mieux, à brûler.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Barbecue-d-Eric-Lavaine-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/277