Je m'attarde - Mot-clé - Humiliation le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearCamp de Thiaroye, de Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow (1988)urn:md5:c8b4550f783ed4c9398644e3b9b8da022024-01-25T10:51:00+01:002024-01-25T10:51:00+01:00RenaudCinémaAfriqueCamp de concentrationCensureColonialismeDakarGuerreHumiliationMassacreMutinerieOusmane SembèneRacismeSeconde Guerre mondialeSénégal <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/camp_de_thiaroye.jpg" title="camp_de_thiaroye.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.camp_de_thiaroye_m.jpg" alt="camp_de_thiaroye.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Histoire d'un massacre</strong></ins></span>
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<p>Mon dernier rapport au cinéma sénégalais remontait au visionnage de <ins>Hyènes</ins> de <strong>Djibril Diop Mambety</strong>, et si seulement quelques années le séparent de <ins>Camp de Thiaroye</ins>, le style est diamétralement opposé. Un plaisir de découvrir, enfin, un film de <strong>Ousmane Sembène</strong>, en même temps que se dévoile le récit à caractère un minimum documentaire du massacre de Thiaroye, qui eut lieu dans un camp militaire de la périphérie de Dakar, au Sénégal, le 1er décembre 1944. Le contexte est tristement connu (récemment un film avec <strong>Omar Sy</strong> traitait ce sujet) : des tirailleurs sénégalais récemment rapatriés, anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale ayant connu les camps de concentration, manifestaient pour le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois. Le différend s'est soldé par un bain de sang du côté des manifestants sénégalais. Autant dire qu'on ne se situe pas dans le segment le plus reluisant de l'histoire de France et de son passé colonial, et que le film fut l'objet de censure pendant une dizaine d'années.</p>
<p>Le massacre sera le point de chute du film, au terme d'un long voyage et d'un long déroulé des événements précédents sur près de 2h30. Le style de <strong>Sembène </strong>est un peu rêche, notamment en termes d'interprétation : que ce soit les gradés français blancs ou les tirailleurs sénégalais noirs, la grande majorité des acteurs (professionnels ou non) ont un jeu très théâtral, très maladroit, qui demande un certain temps d'adaptation pour l'intégrer et passer au reste. Mais on s'y habitue, un minimum, progressivement... Seuls les clichés restent un peu coriaces, avec le capitaine sympathisant de la cause des tirailleurs, tous les autres des gros enfoirés de première classe (j'exagère peu), et parmi les tirailleurs, le fin lettré parlant trois langues (wolof, français et anglais), le traumatisé par la guerre et par Buchenwald qui ne peut plus s'exprimer qu'au moyen d'onomatopées plus ou moins signifiantes... Ce n'est pas vraiment le point fort du film.</p>
<p>En revanche <ins>Camp de Thiaroye</ins> déroule bien le parcours de ce bataillon d'hommes enrôlés de forces depuis 1939 pour certains, envoyés au front, à la différence des généraux dirigeant le camp éponyme qui n'auront connu la guerre que de très loin, sans trop se salir. Leur point de chute : un camp dans lequel on les parque, avec barbelés et mirador. Au programme, il y aura beaucoup de désillusions devant les promesses non-tenues par l'armée française, sans parler évidemment du racisme banalisé et des humiliations récurrentes. Des conditions suffisantes pour faire émerger une mutinerie, au sein de laquelle on est immergé pour participer aux débats entre les soldats — souvent contraints de s'exprimer dans la langue française qu'ils connaissent mal, mais seul terrain commun pour tous ces hommes d'origines très différentes. Finalement c'est le sergent-chef Diatta qui concentre les contradictions du système colonial, lui fait figure d'intellectuel extrêmement cultivé au milieu de ses semblables gradés (qui auront tôt fait de le taxer de communiste) et qui devra choisir son camp au moment où les ennuis deviendront sérieux. Un film qui paraît en tous cas intellectuellement très honnête, au-delà de ses maladresses qui n'en font pas un film facilement recommandable.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/camp_de_thiaroye/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Camp-de-Thiaroye-de-Ousmane-Sembene-et-Thierno-Faty-Sow-1988#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1339Le Bel Antonio (Il bell'Antonio), de Mauro Bolognini (1960)urn:md5:33adf2dee316968662f3d14e03533eae2023-10-12T17:12:00+02:002023-10-12T17:12:00+02:00RenaudCinémaAmourClaudia CardinaleFamilleHumiliationItalieMarcello MastroianniMariageMauro BologniniPier Paolo PasoliniPierre BrasseurReligionSexeSicileTomás Milián <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioA.jpg" title="bel_antonioA.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioA_m.jpg" alt="bel_antonioA.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioB.jpg" title="bel_antonioB.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioB_m.jpg" alt="bel_antonioB.jpg, oct. 2023" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Impressions d'impuissance</strong></ins></span></div>
<p>Coup de maître de la part du réalisateur <strong>Mauro Bolognini </strong>et du scénariste <strong>Pier Paolo Pasolini </strong>que d'avoir réuni deux sex symbols comme <strong>Marcello Mastroianni </strong>et <strong>Claudia Cardinale</strong>, au potentiel sensuel et sexuel relativement incomparable dans l'Italie des années 1960, pour mieux les confronter sur le terrain d'un drame conjugal dont le carburant provient d'un tabou assez fort. Car <strong>Mastroianni</strong>, depuis qu'il a connu son premier amour, est devenu inapte à la bandaison — une condition qu'il décrit à son cousin, <strong>Tomás Milián </strong>(une scène courte mais touchante et dont les conséquences seront révélées à la toute fin), au creux d'une magnifique confession — dans une société qui glorifie la virilité masculine à tous les étages, familial, religieux, professionnel.</p>
<p>Et le pauvre hère, il va en bouffer de la pression sociale par tout son entourage, et tout particulièrement son père, très bien interprété par un <strong>Pierre Brasseur </strong>dont l'honneur virile est bafoué par ce "mariage non-consommé". Expression abominable qui en plus de cela se double d'une rumeur se propageant comme une traînée de poudre dans tout le village... Il faut dire qu'un an après le mariage tout le monde l'attendait, la grossesse de <strong>Cardinale</strong>, fille de notaire d'une beauté renversante mais elle aussi reproduisant plus ou moins involontairement le schéma traditionaliste martelé par ses proches et porté sur les apparences et la peur de ce que penseront les autres.</p>
<p>À l'époque, <strong>Marcello Mastroianni </strong>avait marqué les esprits avec son rôle de séducteur mondain par excellence dans <ins>La dolve vita</ins>, et en réaction immédiate il cassa cette image en incarnant la tragédie d'un homme aussi séduisant qu'impuissant, avec au moins autant de talent. Sa performance est vraiment remarquable, pris au piège d'un réseau de contraintes et de conventions qui s'est refermé sur lui violemment, le laissant dans une horrible situation, le déshonneur familial comme fardeau insoutenable. Il interprète de manière remarquable une sorte de Don Juan victime d'une réputation qui n'est même pas la sienne. Il n'y a pas de place pour l'amour platonique dans ce coin de Sicile, et du curé aux beaux parents en passant par la foule de voisins et de témoins lors du mariage, tous sont là pour dicter les règles et façonner les mœurs. Un film très puissant sur la pression exercée et l'humiliation subie en retour, avec une douleur dépeinte de manière percutante et sensible, et la folie qui guette ceux qui se soumettent à de pareilles injonctions — le père comme d'autres place la procréation au centre de tout et le non-respect de cette clause tacite le place au bord de la démence, lui qui de façon ironique mourra précisément en plein ébat.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bel-Antonio-de-Mauro-Bolognini-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1253Meurtre à Yoshiwara (妖刀物語 花の吉原百人斬り, Yōtō monogatari: Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri), de Tomu Uchida (1960)urn:md5:21612d975a5e209760ea217e849d3e982023-10-06T09:57:00+02:002023-10-06T14:05:27+02:00RenaudCinémaCommerceGeishaHumiliationJaponManipulationNaïvetéProstitutionSolitudeTomu Uchida <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.meurtre_a_yoshiwara_m.jpg" alt="meurtre_a_yoshiwara.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>L'ombre d'un homme trop bon</strong></ins></span>
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<p>Hormis le style et le format très large Cinemascope, on pourrait croire à un film de <strong>Mizoguchi </strong>dans son récit d'une humiliation en périphérie d'une maison de geisha. Il y a quand même une petite difficulté, dans l'immersion dans ce portrait d'un commerçant en soieries, Jirozaemon, puisque le protagoniste est quand même un sacré couillon, le genre d'homme très riche et très honnête, à un point tel qu'il expose ses faiblesses de manière bien trop évidente pour qu'elles puissent nourrir une tragédie émouvante sur le long terme. Qu'on en fasse des tonnes sur la tragédie de sa condition d'enfant défiguré et abandonné, puis sur sa condition d'homme moche dont aucune femme ne veut, pourquoi pas, l'écrin du cinéma japonais permet de gommer ce qui pourrait paraître outrancier ailleurs (pour ces raisons mystérieuses pas tout à fait élucidées de mon côté). Mais par contre, du point de vue de la construction de la déchéance de son personnage perdu dans la folie romantique, j'en attends quand même un peu plus d'un mélodrame, quelle que soit sa nationalité.</p>
<p>En parallèle de son histoire à lui, il y a l'ascension sociale de la courtisane dont personne ne voulait, Tamatsuru, une ancienne taularde, qui verra dans ce personnage d'homme isolé une opportunité dorée de prendre sa revanche sur son environnement qui l'a, elle aussi, rejetée. Mais aucune trace de solidarité entre les rebuts de la société dans <ins>Meurtre à Yoshiwara</ins>, et Tamatsuru se servira de Jirozaemon comme d'un simple accessoire, un tremplin pour sa réussite personnelle et rien d'autre. Devenir première courtisane est son seul objectif, et si cela doit passer par la manipulation, cela ne lui pose aucun problème.</p>
<p>Le film d'<strong>Uchida</strong>, assez éloigné de ce qu'on peut connaître de lui habituellement, peut se concevoir comme une galerie de monstres. Des monstres physiques, des monstres cupides, des monstres cyniques. Hormis le personnage principal partagé entre son côté entrepreneur respecté chez lui et ses penchants pour la soumission à la ville, le quartier de Yoshiwara semble peuplé d'individus tous plus veules et médiocres les uns que les autres, qui ponctionneront jusqu'à la mort tout ce qu'ils pourront chez cet homme riche et naïf. Le film est en outre intéressant pour la description des lieux, du fonctionnement de la maison de geishas, du réseau d'enjeux qui structure la communauté, et de l'apprentissage que suivra Tamatsuru afin de transformer sa frustration en une force lui permettant de prendre l'ascendant. Une curiosité aussi au sens où toutes les belles valeurs exhibées par Jirozaemon, la bonté, l'honneur, l'altruisme, habituellement célébrées dans les films similaires, sont précisément les raisons qui le conduiront à sa perte, à la destruction totale de son être — et qui exploseront dans un final sous forme de feu d'artifice plein de rage.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtre-a-Yoshiwara-de-Tomu-Uchida-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1248La Résidence (La Residencia), de Narciso Ibáñez Serrador (1969)urn:md5:4053d83041cfce67ff392d79468e17952023-09-11T11:52:00+02:002023-09-11T15:56:07+02:00RenaudCinémaEspagneGothiqueHorreurHumiliationJalousiePensionnatThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.residence_m.jpg" alt="residence.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Amarillo, ou le giallo espagnol</strong></ins></span>
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<p>Très surprenante découverte que ce film d'épouvante situé dans un internat pour jeunes filles, à l'atmosphère étrange puis inquiétante, qui se transforme petit en petit coupe-gorge pour filer tout droit vers sa conclusion au sommet de l'horreur... Et non, il ne s'agit pas de <ins>Suspiria</ins>, il ne s'agit pas même d'un giallo italien mais d'un thriller espagnol (avec une actrice allemande au casting, <strong>Lilli Palmer</strong>) dépourvu de fantastique réalisé à la fin des années 60, près d'une décennie avant le grand classique de <strong>Dario Argento</strong>. Autant dire qu'il est presque impossible de ne pas établir des passerelles entre les deux œuvres tout au long du visionnage.</p>
<p>Avec le recul le scénario autant que la progression de la dramaturgie sont littéralement transparents : une fois la scène d'exposition posée et les principaux personnages établis, on voit quasiment tous les fils narratifs apparents. On voit très bien les relations malsaines par-ci et les fausses pistes montrées outrageusement par-là. Il n'empêche que <ins>La Residencia</ins> développe sa toile horrifique dans un cadre saisissant, au sein de ce pensionnat gorgé de couloirs, de portes fermées à clés, de murs en pierre, et de passages labyrinthiques. C'est sans doute plus dû au hasard mais plusieurs aspects évoquent le <ins>Carrie</ins> de <strong>Brian De Palma </strong>et la scène des douches en introduction pourrait même être une évocation directe de celle présente ici.</p>
<p>On peut apprécier en outre la pondération dans la présentation de la relation entre la directrice et son fils, dangereusement incestueuse, qui ne s'interdit pas pour autant quelques séquences hautement symboliques et mises en scènes plutôt adroitement — surtout pour une réalisation qui remonte à 1969. Il se dégage une atmosphère de frustration intense au sein du groupe de jeunes filles (la scène où une fille parvient à s'accorder un moment de plaisir dans la grange tandis que toutes les autres sont "prisonnières" en classe est redoutable), qui se mélange à la tension horrifique sourde et grandissante dans cet environnement oppressant. Les jalousies et les humiliations trouvent dans ce cadre presque gothique un terreau de choix pour s'exprimer tragiquement.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/residence/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Residence-de-Narciso-Ibanez-Serrador-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1223Le Droit du plus fort, de Rainer Werner Fassbinder (1975)urn:md5:4d5016400fe83f204bb41a0c58b0fff02023-08-17T09:27:00+02:002023-08-17T08:29:20+02:00RenaudCinémaAllemagneAmourArgentBourgeoisieConsumérismeCupiditéHomosexualitéHumiliationLotoLutte des classesManipulationMélodrameRacismeRainer Werner FassbinderRomance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.droit_du_plus_fort_m.jpg" alt="droit_du_plus_fort.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Ce n'est pas le genre de gars que l'argent rend riche."</strong></ins></span>
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<p>Accepter et s'habituer au style de <strong>Fassbinder </strong>n'est pas une mince affaire, et il m'aura fallu beaucoup de temps et de films avant de commencer à apprivoiser le lascar. L'épreuve aura été rude, parfois un peu ingrate, mais elle aura permis de voir émerger l'appréciation de ce <ins>Droit du plus fort</ins> et ne serait-ce que pour ça, elle aura été récompensée au centuple. Il n'y a que chez <strong>Fassbinder </strong>que l'on peut voir le mélodrame à la <strong>Sirk</strong>, genre du cinéma américain classique par excellence, assimilé et régurgité dans un moule totalement différent, dans une version allemande et homosexuelle (quand bien même sur ce dernier point, le caractère homosexuel des tribulations du protagoniste est traité de manière parfaitement équivalente à la norme de l'époque, au milieu des années 70) de la lutte des classes. Il parvient à illustrer de façon aussi émouvante que percutante un échec sentimental autant que social, à travers cette histoire de relation asymétrique entre un jeune forain ayant gagné une forte somme d'argent au loto et un jeune bourgeois dont l'entreprise est au bord de la faillite. Non, l'amour ne sera pas la passerelle entre les classes, et <strong>Fassbinder </strong>nous l'assène très violemment.</p>
<p>Il faut tout d'abord réussir à pénétrer dans cette ambiance, très théâtrale sous certains aspects, constamment filmée de manière crue. Cette crudité dans le regard renforce qui plus est la dimension masochiste du geste du réalisateur-acteur, avec une série constante d'humiliations de son personnage : il incarne à merveille ce paumé trop sensible qui met la main sur un gros paquet d'oseille tout en restant aveugle à la cupidité de son entourage. Il y a toujours ce mélange de bourrin, de malsain et de vulnérable dans les films de <strong>Fassbinder</strong>, ici en l'occurrence pour montrer comment Franz aka Fox ne voit rien venir de la machination dégueulasse qui se trame autour de lui, ou encore comment les rapports de classe produisent des chocs frontaux — au travers de la séquence du repas où le prolo ne comprend pas pourquoi on s'obligerait à boire du blanc avec du poisson.</p>
<p>Et finalement c'est assez drôle de voir Fox devenir peu à peu l'amant d'un fils de bourgeois, tendre et soumis, à mesure qu'on lui fait découvrir cet univers qu'il ne connaissait absolument pas et contrastant fortement avec le bistro crado dans lequel il avait l'habitude de traîner. De temps en temps, des signaux plus ou moins explicites se manifestent à lui : en vacances au Maroc, il se heurte à une forme étrange de racisme qui interdit le personnage de <strong>El Hedi ben Salem </strong>(dans un rôle moins ambitieux que celui de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Tous-les-autres-s-appellent-Ali-de-Rainer-Werner-Fassbinder-1974">Tous les autres s'appellent Ali</a></ins>), déclassé parmi les déclassés, de rentrer dans leur hôtel. Mais tous ces signaux convergent finalement vers le dernier plan, d'une cruauté et d'une noirceur folles. Les agissements de son amant ne sont pas forcément le résultat d'une abominable machination, ce dernier étant largement mis en scène dans des situations d'incertitude et d'hésitation : il y a bien davantage une question de fatalité, d'incompatibilité presque constitutive de leur couple.</p>
<p>De manière brutale, <strong>Fassbinder </strong>fait déambuler son protagoniste au milieu des horreurs du racisme, du consumérisme et des sphères bourgeoises gay pour mieux le fracasser contre le mur de son innocence : l'argent lui aura fait miroiter une sensation d'appartenance à une classe supérieure, mais en l'absence de connaissance de ses codes et de ses coutumes, elle ne sera que de très courte durée une fois la fortune dilapidée. Comme le dira un des personnages au sujet de Fox, "ce n'est pas le genre de gars que l'argent rend riche". Jamais l'amour entre les deux n'aura trouvé de terreau fertile, et le constat est sans doute l'un des plus tristes que j'aie vus chez <strong>Fassbinder</strong>.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Droit-du-plus-fort-de-Rainer-Werner-Fassbinder-1975#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1213Des filles pour l'armée, de Valerio Zurlini (1965)urn:md5:166cff3a1df38561f76b2efc83af209e2023-05-05T09:38:00+02:002023-05-05T08:40:16+02:00RenaudCinémaAlbanieAnna KarinaAthènesFemmeGrèceGuerreHumiliationItalieLea MassariMarie LaforêtMilitaireProstitutionSeconde Guerre mondialeSexeTomás MiliánValerio Zurlini <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/filles_pour_l-armee/.filles_pour_l-armee_m.jpg" alt="filles_pour_l-armee.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Gestion de marchandise humaine</strong></ins></span>
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<p>Malgré l'austérité et la rigidité de sa narration parfois un peu trop sèche, les arguments en faveur de <ins>Des filles pour l'armée</ins> ne manquent pas. Cinquième film de la carrière aride de <strong>Valerio Zurlini </strong>qui s'étala sur 20 ans et 8 longs-métrages (un ratio vraiment très faible à l'échelle du cinéma italien du milieu du XXe siècle particulièrement prolixe), il propose une plongée dans un versant de la Seconde Guerre mondiale rarement évoqué au cinéma, à savoir la guerre entre l'Italie et la Grèce — motivée essentiellement par l'orgueil de Mussolini qui voulait opérer par là même une action de séduction et de démonstration de force pour son allié allemand. On suit ainsi des troupes italiennes, au gré de leur parcours sur les terres grecques, sillonnant des territoires animés par une résistance tenace, dans une mission un peu particulière : un lieutenant d'infanterie (<strong>Tomás Milián</strong>) a reçu à contrecœur l'ordre d'escorter des prostituées jusqu'à différentes bases, à destination de différents groupes de soldats jusqu'à la frontière albanaise.</p>
<p>Le décor est posé très vite au départ d'Athènes : dans ce camion militaire, il y a trois hommes correspondant à trois niveaux hiérarchiques (dont un bel exemple de chemise noire), et une douzaine de femmes qui ont uniquement accepté cette tâche ingrate dans le but de survivre en temps de guerre, pour l'argent et la nourriture. Les bordels militaires ne font évidemment rêver personne. Sur ce chemin périlleux, jalonné par les assauts ennemis et les pulsions de mâles en rut, les interactions entre hommes et femmes se multiplient et déplacent tous les centres de gravité, du point de vue des sentiments, des intérêts, et des différentes formes de subordination. Peu à peu, le lieutenant développe un sentiment d'affection et une solidarité franche naît pour les filles, à mesure que son désir de les protéger des humiliations nombreuses se fait de plus en plus clair. Au milieu des relations qui se nouent et des tensions qui se dressent.</p>
<p>C'est un film qui arbore une relative sobriété dans son très net antifascisme, en ce milieu des années 1960 italiennes. Les crimes de l'armée sont montrés, la barbarie survient de manière épisodique, la dimension tragique autant que vaine du conflit se dévoile progressivement, et au milieu de tout ça, les corps féminins sont parqués, déplacés, et distribués exactement comme du bétail. À chaque point de dépôt, on signe le formulaire de livraison pour attester la bonne réception de la marchandise. Rien n'épargne les femmes dans <ins>Le soldatesse</ins>, ni les pulsions sexuelles, ni les relations de domination, ni les balles mortelles, amies ou ennemies. Il faut à ce titre saluer les prestations d'un trio de choix, <strong>Anna Karina </strong>/ Elenitza, <strong>Marie Laforêt </strong>/ Eftikia et <strong>Lea Massari </strong>/ Toula, qui donnent corps à trois personnages évoluant dans un milieu alternant entre des zones de tendresse et des moments de grande cruauté. Un film qui scrute plusieurs niveaux d'absurdité, dans la guerre et dans les bordels de guerre, avec la pudeur et l'honneur clairement arborées par des femmes.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/filles_pour_l-armee/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Des-filles-pour-l-armee-de-Valerio-Zurlini-1965#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1143Sans filtre, de Ruben Östlund (2022)urn:md5:c99c269e37ca5779a3448ecbe4a837b52023-01-19T10:26:00+01:002023-01-19T10:26:00+01:00RenaudCinémaArgentCaricatureComédieEdward AbbeyGrotesqueHumiliationIleIle déserteInfluenceurModePolitiqueProvocationRuben ÖstlundSatireSoumissionSurvivalWoody Harrelson <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sans_filtre/.sans_filtre_m.jpg" alt="sans_filtre.jpg, déc. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Never argue with an idiot, they'll only bring you down to their level and beat you with experience."<br /></strong></ins></span>
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<p>Je trouve le cheminement de <strong>Ruben Östlund </strong>assez cohérent au cours des 15 dernières années, et fidèle à un style qu'il maîtrise bien. Le procédé est souvent le même, et peut agacer pour plein de raisons : il prend le format de la fable morale pour gratter à des endroits souvent douloureux. La dose de cynisme et de misanthropie peut varier, le schéma de démonstration peut lasser de par sa répétitivité au fil des films, la dimension grotesque volontaire peut exaspérer, mais malgré toutes ces potentielles réserves au sujet d'une recette qui pourrait paraître "facile", à titre personnel la direction dans laquelle <strong>Östlund </strong>mitraille et la manière avec laquelle il le fait me paraissent particulièrement pertinentes, et chose non-négligeables, drôles. Et puis des satires "faciles" de ce genre, je serai prêt à en regarder plus régulièrement, pour être tout à fait sincère.</p>
<p><ins>Triangle of Sadness</ins> n'est pas exempt de lourdeurs, et ce sont les séquences correspondant à l'introduction (l'addition au resto) et au dernier segment (survival sur une île déserte) qui m'ont le plus rebuté, indépendamment du caractère très pertinent du fond. La première parce qu'elle est lourde, maladroite et assez insistante, la seconde parce qu'elle est vraiment superflue et enfonce un coin fendeur sur lequel on avait déjà martelé à grands coups de merlin pendant deux heures.</p>
<p>Donc, après le petit monde de l'art contemporain dans son précédent film, c'est au tour de la mode et des influenceurs de prendre pour leur grade. Tout n'est que prétexte pour déverser un torrent de boue, mais pour une fois, la gratuité et le grotesque de la caricature m'ont paru extrêmement efficaces. J'ai autant rigolé lors de la scène du repas (et son crescendo vomitif accompagné d'oscillations du bateau en plein tangage) qu'en imaginant le public cannois devant un tel spectacle. La formule est vraiment éventée, on enchaîne les formes de violences, d'humiliations et de soumissions en tous genres avec une régularité métronomique, mais je n'y peut rien, j'ai savouré. Même <strong>Woody Harrelson </strong>en capitaine marxiste affrontant un industriel russe capitaliste ayant fait fortune avec du fumier au travers d'une joute verbale impliquant des citations de <strong>Ronald Reagan</strong>, <strong>Thatcher</strong>, <strong>Edward Abbey</strong>, <strong>Mark Twain</strong>, <strong>Karl Marx </strong>et <strong>Lénine </strong>m'a fait mourir de rire. "<em>Growth for the sake of growth is the ideology of a cancer cell — That's Edward Abbey</em>" ou "<em>Never argue with an idiot, they'll only bring you down to their level and beat you with experience. Mark Twain</em>" ou "<em>Do you know how to tell a communist? It's someone who reads Marx and Lenin. And do you know how to tell an anti-communist? It's someone who understands Marx and Lenin — It's Ronald Reagan</em>" ou encore "<em>The last capitalist we hang will be the one who sold us the rope. Karl Marx</em>". Complètement débile, mais tellement drôle. Même la tension qui s'impose dans le dernier tiers, avec des jeux multiples dans la mise en scène autour de la façon par laquelle une forme de violence sauvage pourrait surgir, m'a paru très convaincante.</p>
<p>Les fils sont gros, impossible de le nier. Le coup du couple de vieux britanniques et de leur fortune faite avec "des engins de précision" qui finissent explosés par ces mêmes engins, à savoir des grenades, sont sans doute l'archétype du procédé. Bourrin, mais efficace. Je suppose que tout découle de l'adhésion et de l'immersion, ou non, dans le délire et dans l'ambiance du yacht. Clairement le film n'est pas d'une modestie sans faille, il aurait pu écarter beaucoup de choses y compris dans la satire pure, mais impossible pour moi de nier que presque tout m'a fait marrer — même la remise à zéro des compteurs sur l'île façon Marivaux, avec inversion des rapports dominants / dominés, n'est pas complètement stérile. De voir le monde contemporain souillé de la sorte, en filant des pains dans toutes les directions (la misanthropie est surtout condensée dans le discours sur la réversibilité du mal tout à fait naturelle, qui verrait les dominations s'inverser à la moindre occasion, ce qui me paraît pertinent, par opposition avec l'angélisme d'une vision contraire), rappelle qu'on n'a pas si souvent l'occasion de s'y confronter dans le cadre de ce cinéma.</p>
<p>Je vois dans <ins>Sans filtre</ins> une étrange hybridation entre <strong>Haneke</strong>, <strong>Allen </strong>et <strong>Tati</strong>, avec une option de grande farce qui échantillonne soigneusement ses sujets et ses attaques. La gestion de l'équilibre entre rire et malaise, même si elle n'est ni nouvelle ni fine, demeure efficace dans son refus de la réconciliation. Ce n'est pas un film poli, c'est un euphémisme si on repense à quelques scènes — la vieille qui chavire de gauche à droite en essayant de vomir aux chiottes, bon sang. Bien sûr qu'on n'a pas attendu <strong>Östlund </strong>pour comprendre que les sociétés occidentales sont profondément inégalitaires, que richesse et amoralité ne sont pas antagonistes, et que la cupidité semble primer sur la solidarité dans nombre de situations. Mais son côté provocateur pour décrire le monde de l'argent roi carbure à un humour qui me parle beaucoup, et qui va au-delà de la caricature qu'il reprend de film en film, au-delà de la répétition, en poussant toujours plus loin les curseurs de la vacherie. Personnellement je trouve que c'est un miroir intéressant et fertile de la violence que l'on peut observer au quotidien.</p>
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