Je m'attarde - Mot-clé - Idéalisme le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearUne vie difficile, de Dino Risi (1961)urn:md5:ecab0f32298fcf12bb5eb6b087a877bd2023-06-21T12:20:00+02:002023-06-21T11:25:46+02:00RenaudCinémaAlberto SordiCompromissionComédieDino RisiDésillusionFamilleGuerreIdéalismeItalieJournalismeLea MassariPolitiquePrisonRésistanceSeconde Guerre mondialeVittorio Gassman <div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/une_vie_difficile/.une_vie_difficile_m.jpg" alt="une_vie_difficileB, juin 2023" title="une_vie_difficileB" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/une_vie_difficile/.une_vie_difficileB_m.png" alt="une_vie_difficileB.png, juin 2023" /></div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Sordi galère</strong></ins></span>
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<p>Le duo <strong>Dino Risi </strong>/ <strong>Alberto Sordi </strong>trouve un équilibre assez fascinant à mes yeux au sein de la comédie italienne de la grande époque, que ce soit dans les tonalités adoptées (comédie, drame, guerre, historique, critique sociale), dans la diversité des coups portés (médiocrité intellectuelle des uns, arrivisme des autres, sur fond de chronique nationale très caustique) et dans la finesse de l'écrin qui encapsule l'ensemble (photographie impeccable, nombreuses séquences marquantes par leur bouffonnerie ou leur dimension tragique). Dans <ins>Une vie difficile</ins>, le personnage principal parcourt un bout d'histoire italienne du milieu de la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 60 (le film sort en 1961) en endossant les costumes de résistant antifasciste ou de rédacteur dans un journal clandestin, constamment sous le regard d'une jeune femme qui le renverra systématiquement à ses compromissions.</p>
<p>C'est clairement la dynamique de leurs rapports qui irrigue en secret le récit, oscillant sans cesse entre des phases d'attirance et de répulsion. À chaque compromission, à chaque manifestation de sa veulerie passagère, un regard foudroyant de <strong>Lea Massari </strong>vient le rappeler à l'ordre, et le voilà reparti sur des rails, pendant un certain temps du moins. <strong>Risi </strong>s'applique à montrer comment l'intégrité de <strong>Sordi </strong>se solde systématiquement par des mésaventures (professionnelles ou financières, pauvreté ou prison), de manière certes un peu systématique, mais toujours avec un pied dans la comédie pour huiler la mécanique. Les scènes mémorables sont assez nombreuses, celle où complètement bourré il crache sur les voitures des riches touristes, celle où dans un moment de misère il se faufile dans une maison bourgeoise et monarchiste avec sa femme pour se remplir la panse grassement (pendant le référendum qui installera la république), ou encore cette claque finale pour mettre un terme à une énième humiliation de la part de son employeur, un riche homme d'affaires. Mais <strong>Risi </strong>reste très lucide : le happy end n'en est pas du tout un, on sait très bien qu'il ne s'agit que d'une phase "positive" avant la prochaine rechute.</p>
<p>Dans cette optique <strong>Alberto Sordi </strong>compose un rôle vraiment attachant, un enthousiaste de son époque participant à toutes les luttes et baignant dans un idéalisme à géométrie variable, mais dans le fond très honnête. Parfois pathétique, parfois vertueux, parfois minable. Juste très maladroit et à ce titre victime des aléas caractéristiques de la société italienne d'après-guerre : libération, élections, renouveau économique (drôle d'apparition de <strong>Vittorio Gassman </strong>dans un péplum), et diverses déceptions politiques sur fond d'opposition nord / sud entre les différentes régions. La dynamique de la narration maîtrise la rupture de tons avec malice, alternant entre gravité (on frôle l'exécution pendant la guerre) et situations plus ironiques ou émouvantes. L'histoire d'un homme doté d'idéaux, mais soumis à une pression extrême de la part des secteurs économiques, familiaux et politiques qui le conduira d'échec en échec, en essayant de ne jamais perdre la face. Du néoréalisme classique gonflé à la comédie burlesque et aux désillusions tenaces, en un sens.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/une_vie_difficile/.img1_m.png" alt="img1.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/une_vie_difficile/.img2_m.png" alt="img2.png, juin 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/une_vie_difficile/.img4_m.png" alt="img4.png, juin 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Une-vie-difficile-de-Dino-Risi-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1170L'Homme de la rue, de Frank Capra (1941)urn:md5:414a3475d7c05e19a5243bed62d976d32023-04-21T10:01:00+02:002023-04-21T10:01:00+02:00RenaudCinémaArrivismeBarbara StanwyckCupiditéFrank CapraGary CooperIdéalismeInjusticeNaïvetéPolitiqueWalter Brennan <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_de_la_rue/.homme_de_la_rue_m.jpg" alt="homme_de_la_rue.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I don't read no papers, and I don't listen to radios either. I know the world's been shaved by a drunken barber, and I don't have to read it."</strong></ins></span>
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<p>Il y a dans <ins>Meet John Doe</ins> (ou L'Homme de la rue) toute l'essence du cinéma de <strong>Frank Capra</strong>, ce mélange de naïveté, de conscience politique populaire, de poujadisme dilué et de foi (jusque dans son acception religieuse) en la capacité de l'être humain à se dresser contre l'injustice. En ce sens ce film moins réputé est très proche d'autres beaucoup plus célèbres comme notamment <ins>L'Extravagant Mr Deeds</ins> (Mr. Deeds Goes to Town, 1936) et <ins>Mr. Smith au Sénat</ins> (Mr. Smith Goes to Washington, 1939) en projetant sous la lumière des projecteurs un être candide et pur confronté au cynisme de la réalité sociale ou politique et dont l'idéalisme sera mis à mal (mais pas totalement anéanti) par la cupidité et l'arrivisme de certains de ses semblables.</p>
<p>Remarque subsidiaire en mode mineur, <strong>Gary Cooper </strong>m'apparaît de plus en plus comme un ersatz de <strong>Cary Grant</strong>, même en faisant abstraction de sa présence dans <ins>The Fountainhead</ins> un sentiment désagréable d'antipathie va grandissant. Heureusement, il y a la remarquable <strong>Barbara Stanwyck </strong>et le plus humble <strong>Walter Brennan </strong>à ses côtés pour l'épauler.</p>
<p>Du côté du scénario il y a également pas mal d'obstacles pour nous faire trébucher, des ficelles un peu trop grosses pour faire passer des péripéties au forceps sans qu'elles soient questionnées. Le coup du sabotage du gigantesque discours à la convention des John Doe est torché un peu trop facilement, le prêtre (qu'est-ce qu'il fout là lui, dans un tel rassemblement ? on est décidément bien aux États-Unis) a tout son temps pour son petit discours comme par hasard, et il suffit à quelques perturbateurs de couper 2 fils et scander "bouh, John Doe est un fake" pour tout faire s'écrouler comme un vulgaire château de cartes.</p>
<p>Mais peu importe, ou presque, car là n'est pas le sujet : c'est plutôt du côté de ce clodo qui se prend au jeu de l'usurpation d'identité et qui se voit projeté à la tête d'un mouvement de contestation sociale d'ampleur conséquente — ce dernier étant manipulé par un groupe de riches hommes d'affaires dans le but de créer un troisième parti et briguer un mandat à la Maison-Blanche. Le tout est en réalité lancé par une journaliste sur le point d'être renvoyée, qui a créé un personnage imaginaire censé représenter le malaise ambiant. La formule est très attendue pour un <strong>Capra</strong>, on connaît d'avance les élans d'optimisme qui vont inonder le film, et les tentatives de corruption des politicards véreux. Le final en haut de la mairie est un peu too much, en termes de romance (avec des répliques romantiques tragiques du type "Oh, John, if it's worth dying for, it's worth living for") et de deus ex machina, même si ce n'est pas un happy end frontal. Toujours la même utopie de la bonne volonté universelle (comprendre américaine) : c'est un peu fatigant. Heureusement que de nombreuses tirades bien senties jalonnent le récit, à l'image de celle du personnage du colonel : "I don't read no papers, and I don't listen to radios either. I know the world's been shaved by a drunken barber, and I don't have to read it."</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_de_la_rue/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_de_la_rue/.img2_m.png" alt="img2.png, mars 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/homme_de_la_rue/.img4_m.png" alt="img4.png, mars 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Homme-de-la-rue-de-Frank-Capra-1941#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1135Les Hommes contre, de Francesco Rosi (1970)urn:md5:59c9a1b7e7bffb4bdffe4c962ed592bd2022-12-14T19:00:00+01:002022-12-14T19:00:00+01:00RenaudCinémaAlain CunyAutricheFrancesco RosiGian Maria VolontéGuerreIdéalismeItalieLutte des classesMark FrechetteMilitairePremière Guerre mondialeRébellion <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hommes_contre/.hommes_contre_m.jpg" alt="hommes_contre.jpg, nov. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Vous êtes invincibles comme les guerriers romains !"<br /></strong></ins></span>
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<p>La Première Guerre mondiale, vue depuis le front en 1916 où les troupes italiennes se sont fait décimer par l'armée autrichienne. Dans sa volonté de montrer la folie des hauts gradés qui conduisirent des milliers de soldats à l'abattoir, il est difficile (pour ne pas dire impossible) de ne pas relier ce film de <strong>Francesco Rosi </strong>au classique de <strong>Kubrick</strong>, <ins>Les Sentiers de la gloire</ins>, sorti pourtant 13 ans plus tôt. Le schéma de la démonstration est très différent mais le sujet est très similaire puisque <ins>Les Hommes contre</ins> s'attachera à suivre la destinée de deux officiers, dans des degrés divers d'idéalisme, opposés à leur commandement sous la personne du général Leone — un illuminé entêté dans son obsession, assez éculée dans ce contexte de guerre de tranchées, de reprendre une position perdue par ses troupes. Dans le rôle de cet idiot auteur d'un nombre incalculable d'opérations suicides, <strong>Alain Cuny </strong>est très bon même si son personnage correspond un peu trop à la caricature du général borné et tortionnaire.</p>
<p><strong>Gian Maria Volonté </strong>est le plus discret des deux lieutenants de l'opposition, c'est la facette socialiste de l'idéalisme qui entamera une rébellion contre son état-major (suite à une réaction pour le moins surprenante des ennemis autrichiens, eux-mêmes lassés de s'adonner à un tel carnage) et qui périra sur le terrain. <strong>Mark Frechette </strong>(comme un cousin éloigné d'<strong>Alain Delon </strong>à l'époque) investit quant à lui l'autre face de l'opposition et incarne un bourgeois nationaliste, à l'origine un jeune lieutenant plutôt conforme à l'idéal militaire, convaincu du bien-fondé de la guerre, qui déchantera rapidement devant la stupidité de la gestion des opérations. Il ira même jusqu'à provoquer une insurrection dans ses rangs, ce qui lui vaudra la plus haute sentence de la cour martiale — un final sec, froid et brutal au fond d'une triste carrière à ciel ouvert. La séquence de la meurtrière (une fente à travers laquelle un sniper ennemi tire régulièrement) où il fait passer l'œil de son supérieur s'accompagne d'une tension notable, très vive.</p>
<p>Les deux figures sont globalement peu novatrices mais restent très pertinentes, comme peut éventuellement en témoigner le procès pour dénigrement de l'armée dont le film fut l'objet (l’Italie détient à ce titre le triste record du plus grand nombre de fusillés pour divers manquements durant cette guerre). C'est une vision intéressante de la lutte des classes dans les tranchées, qui met en exergue l'opposition entre chair à canon des classes laborieuses et rêves patriotiques insensés des aristocrates. Le traitement est parfois un peu insistant pour montrer l'asymétrie du pouvoir entre ceux qui le détiennent et ceux qui le subissent, avec une incompétence notoire des officiers identifiés comme les responsables quasi fanatiques des massacres. Mais l'ensemble est très bien contrebalancé par une atmosphère soignée : lumières livides, brumes éparses, hiver glacial, boue et poudre, et plus généralement un climat apocalyptique prenant. À noter cette séquence ahurissante, entre comédie et boucherie, de soldats cobayes à qui on fait porter des armures blindées ("vous êtes invincibles comme les guerriers romains") se faisant dézinguer comme les autres malgré tout.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hommes_contre/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hommes_contre/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/hommes_contre/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Hommes-contre-de-Francesco-Rosi-1970#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1087Confession d'un commissaire de police au procureur de la république, de Damiano Damiani (1971)urn:md5:bb868f777d2e9a1b1658cc57a58565592022-11-02T10:50:00+01:002022-11-02T10:50:00+01:00RenaudCinémaAssassinatCorruptionDamiano DamianiFranco NeroIdéalismeItalieMafia <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique/.confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique_m.jpg" alt="confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique.jpg, sept. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Corruption de plomb<br /></strong></ins></span>
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<p>Le cinéma italien des années de plomb est un terreau qui a vu naître pas mal de films contestataires très efficaces, de <strong>Dino Risi </strong>(<ins>Au nom du peuple italien</ins>, 1971) à <strong>Francesco Rosi </strong>(<ins>Cadavres exquis</ins>, 1976) en passant par <strong>Elio Petri </strong>(<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Enquete-sur-un-citoyen-au-dessus-de-tout-soupcon-de-Elio-Petri-1970"><ins>Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon</ins></a>, 1970) pour ne citer qu'eux. C'est un corpus qui ne brille pas par sa subtilité et la profondeur de son analyse, avec quelques bâtons dans les roues de l'immersion en raison de tournages souvent en plusieurs langues conduisant à des versions parfois catastrophiques sur le plan du doublage, mais on ne pourra pas leur enlever leur énergie vindicative pour dénoncer la corruption des institutions et l'emprise de la mafia.</p>
<p>En ce sens <ins>Confession d'un commissaire de police au procureur de la république</ins> (je ne l'écrirai pas deux fois !) se rapproche davantage de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Main-basse-sur-la-ville-de-Francesco-Rosi-1963"><ins>Main basse sur la ville</ins></a>, appartenant à un courant et une époque différents mais avec lequel il partage pas mal de points communs. La fragmentation de la temporalité de la narration est assez bien gérée et n'avance pas ses flashbacks de manière gratuite comme c'est parfois le cas, pour présenter in media res les agissements du commissaire Bonavia dans tout leur pragmatisme, dans l'objectif de mettre fin aux méfaits de la raclure Lomunno — l'archétype du promoteur mafieux. Tout le film ou presque tourne autour de ses relations avec un jeune magistrat idéaliste, Traini, en se focalisant sur les obstacles qui permettent aux pourris de vivre en paix.</p>
<p>Un film sur l'impuissance des cœurs purs, et sur le déséquilibre dans les armes employées par le pouvoir institutionnel et par les barons de la corruption. Dans cette dimension-là, le duo <strong>Franco Nero </strong>/ <strong>Martin Balsam </strong>fonctionne à merveille. La prise de conscience de l'idéaliste vis-à-vis de l'étendue de l'emprise de la mafia sur la société italienne n'est pas très originale mais conserve une efficacité aujourd'hui, avec pour conséquence une neutralisation du système judiciaire de l'intérieur. Les mécanismes criminels sont décrits avec une certaine outrance, mais pour peu qu'on accepte ce style, par exemple dans le tragique des assassinats des lanceurs d'alerte et dans l'autodestruction des hommes bons, il en résulte un souffle mélancolique plutôt attrayant.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2022" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-republique-de-Damiano-Damiani-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1074After the Curfew, de Usmar Ismail (1954)urn:md5:e4efc11e6b9b66d25be55f615d358b742020-11-02T10:20:00+01:002020-11-02T10:20:00+01:00RenaudCinémaCorruptionCouvre-feuIdéalismeIndonésieIndépendanceMilitairePays-BasRévolutionSeconde Guerre mondiale <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/after_the_curfew/.after_the_curfew_m.jpg" alt="after_the_curfew.jpg, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>L'indépendance d'un jour<br /></strong></ins></span></div>
<p><ins>After the Curfew</ins> est un film indonésien qui explore un cadre historique relativement peu connu et peu abordé au cinéma, celui du lendemain de la Révolution nationale indonésienne qui se déroula juste après la fin de Seconde Guerre mondiale, de 1945 à 1949. À l'issue de la guerre, les Pays-Bas souhaitaient récupérer leur ancienne colonie qu'ils avaient abandonnée face aux Japonais en 1942, mais se heurtèrent à une forte résistance notamment à travers les zones rurales du pays. Le conflit débuta avec la déclaration d'indépendance de l'Indonésie et se conclut sur la reconnaissance du pays en tant qu'état indépendant des Pays-Bas.</p>
<p>Le réalisateur <strong>Usmar Ismail </strong>s'intéresse au retour à la vie civile d'un héros de la révolution, dont les aspirations idéalistes se heurtent au pragmatisme de la nouvelle société. Cette composante fait partie d'un registre cinématographique à part entière, les contradictions entre les impératifs militaires et civils avec tout ce que l'issue d'un conflit peut présupposer en termes d'inadaptation, croisé ici avec l'atmosphère d'un film noir. Le protagoniste, Iskandar, est très vite submergé par des cauchemars qui sèment le doute quant à sa position pendant la guerre : derrière ses secrets et ses traumatismes se cache soit un héros, soit un criminel de guerre. La réponse ne viendra que bien plus tard.</p>
<p>Pour l'instant, l'armée surveille les rues à la nuit tombée, lors d'un couvre-feu généralisé.</p>
<p>Derrière l'histoire d'un individu sur une durée de 24 heures, c'est bien sûr toute l'angoisse d'une nation qui s'exprime à travers l'errance d'Iskandar, le film ayant été réalisé seulement quelques années après l'obtention effective de l'indépendance. Les tentatives nombreuses et éprouvantes de revenir à une vie normale dépeignent le tableau d'une grande désillusion, au sein d'une ambiance noire propice aux dissensions dans une société post-coloniale. Dans une tonalité mi-moralisante mi-propagandiste, le protagoniste réalise que ses idéaux ont été largement trahis par un ancien commandant corrompu. Beaucoup des anciens combattants semblent avoir abandonné leur morale au profit d'un enrichissement matériel, à son plus grand désarroi. Les sacrifices des uns profitent à ceux qui ferment les yeux, vraisemblablement. La guerre est finie, mais la lutte pour l'indépendance continue.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/after_the_curfew/.murder_m.png" alt="murder.png, oct. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/After-the-Curfew-de-Usmar-Ismail-1954#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/854Viridiana, de Luis Buñuel (1961)urn:md5:d68e5f5749c739b75be48a110cf29eed2020-09-22T09:46:00+02:002020-09-22T09:46:00+02:00RenaudCinémaBourgeoisieIdéalismeLuis BuñuelReligionSatireSexeSymbolisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/viridiana/.viridiana_m.jpg" alt="viridiana.jpg, sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Brueghel s'invite chez de Vinci<br /></strong></ins></span></div>
<p>Plus que dans l'anticléricalisme, il semblerait que la saillie de <strong>Luis Buñuel </strong>s'oriente en direction de l'idéalisme, de manière plus globale, en détruisant méthodiquement les aspirations très pures de la belle Viridiana. Dans les moments qui devaient précéder son entrée au couvent, sur ordre de la mère supérieure, la jeune femme rend visite à son bienfaiteur et vieil oncle veuf (sa femme est morte le soir de leur nuit de noces, dit-on...) et y découvrira l'abjection de toutes parts. <strong>Silvia Pinal </strong>et <strong>Fernando Rey</strong>, respectivement dans ces deux rôles, sont éblouissants tant du point de vue de la pureté maltraitée dans ses illusions que de la lubricité mal contenue.</p>
<p><strong>Buñuel </strong>ne s'arrêtera pas en si bon chemin, et si l'on pourrait lui reprocher une certaine sauvagerie dans le trait bien épais quand il s'agit de révéler la monstruosité de l'humanité tout entière, il n'en reste pas moins que cette parodie fielleuse de <ins>La Cène</ins> revisitée par <strong>Brueghel</strong>, servie en guise de dessert, contient une dose de causticité presque létale. L'image est on ne peut plus grinçante. On ne compte plus les plans équivoques, le long d'une série amorcée par la séquence où Viridiana se trouve face aux pis d'une vache qui n'auront jamais été aussi phalliques. Empreint d'une provocation qui a germé dans l'Espagne de Franco, <strong>Buñuel </strong>lacère le corps de la bienséance, de la bigoterie et de l'empathie, et s'en donne à cœur joie pour recouvrir de sel toutes ces plaies béantes. Les tabous tomberont les uns après les autres, à mesure que seront abordés l'inceste, le viol et le suicide, le désir, le triolisme et le stupre, la culpabilité, la bonne conscience et l'exclusion.</p>
<p>Le ton de <ins>Viridiana</ins> relève presque de l'acharnement, tant la méchanceté révèle toutes ses facettes avec une frénésie incroyable, sur fond de <strong>Haendel</strong>. Pourtant, chose étrange, malgré la débauche omniprésente et les excès tous azimuts, le récit ne sombre jamais dans le mauvais goût. Le symbolisme est bien là, avec la virginité profanée, le crucifix en couteau ou encore la couronne d'épine qui s'embrase (voire même le chat qui saute sur la souris, lorsque <strong>Fernando Rey </strong>se rabat sur sa bonne, pour le moins efficace d'entre eux), mais sans jamais se vautrer la lourdeur insistante. C'est sans doute qu'en toile de fond, ces émanations du mal sont sans cesse mises en perspective avec la volonté de Viridiana et un aveuglement généralisé, avec le profane qui répond à toutes les formes d'idéaux.</p>
<p>À travers le parcours d'une chaste demoiselle malmenée par son environnement, <strong>Buñuel </strong>l'insolent tresse les fils d'un récit d'apprentissage particulièrement forcé. La famille, la religion, la bourgeoisie, la populace : la bestialité et l'oppression revêtent une quantité sidérante de masques différents. Autour de Viridiana, au-delà des apparences (charité chrétienne, bienfaisance désintéressée, aide aux défavorisés, etc.), les règlements de compte fusent sans trop de concessions. Dans cette marmite subversive, on ne peut pas dire que ses illusions sur la nature humaine auront fait long feu.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/viridiana/.cene_m.jpg" alt="cene.jpg, sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Viridiana-de-Luis-Bunuel-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/829Garbage Warrior, de Oliver Hodge (2007)urn:md5:4cdc504b5112a2407918176a967e93c22020-06-15T23:13:00+02:002020-06-15T22:17:06+02:00RenaudCinémaArchitectureEcologieEtats-UnisHippieIdéalismeRecyclage <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/garbage_warrior/.garbage_warrior_m.jpg" alt="garbage_warrior.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>
"I'm just glad I didn't fry a baby or something."
</strong></ins></span></div>
<p><ins>Garbage Warrior</ins> est le portrait d'un flibustier des temps modernes, un eco-warrior pragmatique en croisade contre l'institution américaine et contre l'architecture conventionnelle qui revendique corps et âme son droit de construire des maisons résilientes à l'aide — entre autres — de pneus, de bouteilles en verre et de canettes de bière.</p>
<p><strong>Michael Reynolds </strong>est un architecte américain partagé entre une forme d'idéalisme hippie et une obstination farouche, animé par la volonté chevillée au corps de construire des bâtiments autonomes baptisés "earthships". Leur design singulier et leur architecture écologique largement anti-conventionnelle, à base de recyclage de matériaux très divers, ainsi que son allure de troubadour alliée à la communauté expérimentale qu'il souhaite établir à Taos (Nouveau-Mexique) en fait un personnage tout à fait unique. Si l'on ajoute à cela son combat contre la législation du code de l'urbanisme qui dura plusieurs années (et qu'il perdit à plusieurs reprises, malgré l'empathie créée par l'ouragan Katrina), passées à rédiger des projets de loi pour qualifier son projet aussi farfelu en apparence qu'incroyable en pratique de "sustainable building test site", on a là un documentaire autant surréaliste que passionnant.</p>
<p>Bien sûr <strong>Oliver Hodge </strong>ne s'attarde pas sur le bien-fondé technique et les détails architecturaux de ses errements constructivistes : on ne saura jamais dans quelles mesures les dernières créations de Reynolds sont effectivement habitables, durables, et résistantes au temps. Au-delà de la beauté du geste, on ne saura pas si son incursion (avec toute son équipe de constructeurs) dans les îles Andaman au lendemain du séisme et du tsunami de 2004 dans l'océan Indien aura réellement porté ses fruits. Le récit fait de l'aide apportée aux populations locales est aussi beau qu'une publicité pour Greenpeace ou WWF, même si le geste reste le même (c'est-à-dire très beau).</p>
<p>Mais ces décades passées à expérimenter dans l'architecture, au grand dam de l'institution qui lui révoqua sa licence et qui lui valut une pléthore de procès, force le respect. Le genre de portrait de passionnés jusqu'au bout des ongles, mêlant en l'occurrence une certaine mystique bohème à de solides connaissances techniques. <strong>Reynolds </strong>insiste beaucoup sur la dimension "trial & error" de son œuvre, en nous emmenant dans nombre de ses anciennes constructions, imparfaites mais toujours viables. Il en a fallu, des fuites à travers le toit, des maisons trop exposées au soleil (au point de faire fondre le plastique à l'intérieur : "<em>I'm just glad I didn't fry a baby or something</em>" dira-t-il), et autres problèmes d'évacuation des eaux usées avant de parvenir à ses fins. Resteront son enthousiasme d'une touchante sincérité et sa détermination apparemment sans borne — le voir en costard et les cheveux attachés pour aller plaider sa cause auprès de l'institution, au sein d’une autorité de régulation labyrinthique et cauchemardesque, est d'ailleurs aussi drôle qu’insensé.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/garbage_warrior/.reynolds _m.jpg" alt="reynolds .jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Garbage-Warrior-de-Oliver-Hodge-2007#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/791