Je m'attarde - Mot-clé - Italie le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearEarth (Erde), de Nikolaus Geyrhalter (2019)urn:md5:e3236ebfed9a790d6bd0a49504c89f442023-12-18T11:39:00+01:002023-12-18T11:39:00+01:00RenaudCinémaAllemagneAutricheCanadaDocumentaireEspagneEtats-UnisHongrieItalieMineMineraiNatureNikolaus GeyrhalterNucléaire <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/earth.jpg" title="earth.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/.earth_m.jpg" alt="earth.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If all else fails, there’s always dynamite. We always win."</strong></ins></span>
</div>
<p>Il y a un peu des paysages irakiens désolés filmés depuis un hélicoptère par <strong>Werner Herzog </strong>en 1992 (<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lecons-de-tenebres-de-Werner-Herzog-1992">Leçons de ténèbres</a></ins>) dans ce film hypnotisant de <strong>Nikolaus Geyrhalter</strong>. Si l'on excepte le dernier des 8 segments que compte <ins>Earth</ins>, le documentaire est entièrement consacré à la transformation du paysage à grande échelle par l'homme, dans des mines et autres sites d'exploitation remuant des millions de tonnes de terre par jour, avec une alternance extrêmement bien équilibrée : d'une part des visions d'ensemble des chantiers, avec beaucoup de prises de vues aériennes par drone (plus abordable qu'un hélicoptère, on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'en aurait fait <strong>Herzog</strong>...) qui capte le ballet incessant des énormes machines sur des terrains toujours différents, et d'autre part des témoignages recueillis directement auprès des ouvriers, face caméra, très posément, éclairant des états d'esprit et des rapports aux métiers tout aussi variés, souvent fiers de leur métier et conscients des conséquences. Le procédé est surprenant de la part de <strong>Geyrhalter</strong>, l'auteur de monolithes invariablement muets comme le stupéfiant <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Homo-Sapiens-de-Nikolaus-Geyrhalter-2016">Homo Sapiens</a></ins>, mais il s'avère vraiment payant.</p>
<p>Californie, Autriche, Italie, Hongrie, Espagne, Allemagne, Canada. On rase une montagne pour en faire une future petite ville californienne, on en creuse une autre pour créer un tunnel, on extraie différents minerais pour l'industrie du bâtiment ou de l'électronique, on taille d'immenses blocs de marbre dans la roche mère, on garnit le sol d'explosifs quand la terre se fait trop réticente, on réalise que le stockage des déchets nucléaires n'est pas aussi simple que ce qu'on pensait il y a encore quelques décennies. Toutes ces opérations, que la plupart des êtres humains aura tôt fait de qualifier de "nécessaires" ("it's human nature", dira l'une des personnes sur le chantier américain de San Fernando Valley où l'on déplace littéralement des montagnes), occasionnent des déplacements de terre dans des volumes proprement hallucinants et sous des modalités d'excavation incroyablement diversifiées. Toute la gamme de bulldozers y passe, avec les hommes à l'intérieur largement malmenés par la machine : l'un d'entre eux dira d'ailleurs qu'il s'agit d'un combat contre la planète, qu'elle résiste quand on la pille, mais que quoi qu'il en soit, c'est l'homme qui aura le dernier mot puisque "If all else fails, there’s always dynamite. We always win." À titre personnel, je reçois ces paroles comme certains reçoivent les images abominables diffusées par L214 dans certains abattoirs, comme si on était aux portes de l'enfer.</p>
<p>Certaines choses ne peuvent pas être conscientisées tant qu'on ne les a pas vraiment vues, et il y a une image (parmi beaucoup d'autres) dans <ins>Earth</ins> qui semble venir d'une autre planète. Sur un chantier de Gyöngyös en Hongrie, au milieu d'une gigantesque exploitation, elle est là, tout droit sortie d'un film de science-fiction dystopique. Une machine de la taille d'un immeuble de 16 étages (et encore, ce n'est que la hauteur, elle s'étend en longueur sur une distance encore plus grande) creuse la terre, tonne par tonne, tandis qu'un tapis roulant long de plusieurs centaines de mètres achemine les restes plus loin. On prend la terre et la roche, on la broie, on en extraie quelque matériau, et on la rejette en tas à côté. On transforme une montagne vivante avec ses innombrables strates géologiques en un tas de graviers par l'entreprise d'une machine monstrueuse entre autres par ses dimensions inimaginables. Rarement une image documentaire aura été aussi angoissante, symbole gargantuesque de destruction.</p>
<p>À côté de ça, on apprend que la modification des eaux souterraines et les grands barrages à travers la planète ont un effet direct sur l'axe de rotation de la Terre (modification de la précession) ainsi que sur sa vitesse de rotation. Mais bon, "what's the alternative?". À Carrare en Italie, on extraie des blocs de marbre de plusieurs centaines de tonnes, parfois à plusieurs bulldozers (et je laisse imaginer la taille des engins) : ce qui prenait plusieurs jours à la fin du XXe siècle se fait désormais en une heure. Le corolaire étant que les paysages se transforment à une vitesse impressionnante. Les images sont sublimes ici, un lieu hautement photogénique que <strong>Yuri Ancarani </strong>avait déjà capturé dans son magnifique court-métrage intitulé <ins>Il Capo</ins> en 2010, davantage orienté sur le chef-d’orchestre guidant les machines. À cette vitesse-là, d'ici quelques centaines d'années, il n'y aura plus rien affirme un opérateur, avant de rajouter "mais bon, on ira sans doute sur la Lune ou sur Mars pour exploiter les ressources là-bas". De la science-fiction, encore une fois.</p>
<p>La toute dernière partie de <ins>Earth</ins> est la plus faible, la plus maladroite, la plus anecdotique. Le geste est louable mais l'effet est raté : <strong>Nikolaus Geyrhalter </strong>entendait donner la parole à des habitants de la région de Fort McKay au Canada, vivant près d'un cours d'eau pollué par les sites d'extraction de pétrole et de gaz de schiste, montrant au passage d'anciennes industries abandonnées avec engins de chantiers laissés là, en décomposition au milieu d'une forêt reprenant ses droits, et des bâtiments en ruines garnis d'amiante. Dommage de laisser retomber ainsi la tension à l'occasion d'une séquence aussi faible et aussi inférieure en termes esthétiques.</p>
<p>Mais tout le reste est gravé sur la rétine, aucun doute là-dessus. L'échelle à laquelle l'exploitation et la destruction s'opèrent donne au documentaire des airs post-apocalyptiques sans pour autant verser dans l'accusation facile, notamment grâce aux échanges avec les intervenants sur les différents sites. De par l'ampleur des événements retranscrits, <strong>Geyrhalter </strong>confère à ses images un parfum d'inéluctabilité incroyablement intense, un sentiment rarement éprouvé ailleurs.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/img01.jpg" title="img01.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/earth/.img01_m.jpg" alt="img01.jpg, déc. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Earth-de-Nikolaus-Geyrhalter-2019#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1308Les Forçats de la gloire (The Story of G.I. Joe), de William A. Wellman (1945)urn:md5:7731cb0605afbe52ead650511914e9a42023-12-15T10:41:00+01:002023-12-15T10:50:15+01:00RenaudCinémaAfriqueBurgess MeredithEtats-UnisFolieGuerreItalieRobert MitchumSamuel FullerSeconde Guerre mondialeWilliam A. Wellman <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/forcats_de_la_gloire_A.jpg" title="forcats_de_la_gloire_A.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.forcats_de_la_gloire_A_m.jpg" alt="forcats_de_la_gloire_A.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/forcats_de_la_gloire_B.jpg" title="forcats_de_la_gloire_B.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.forcats_de_la_gloire_B_m.jpg" alt="forcats_de_la_gloire_B.jpg, déc. 2023" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"It's a world the other world will never know. Even the Air Force. Up there, they approach death differently. When they die, they're clean-shaven, well fed, if that's any comfort. But the G.I., well, he lives so miserably and he dies so miserably."</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Samuel Fuller </strong>disait de <ins>The Story of G.I. Joe</ins> qu'il s'agissait selon lui du film produit sur la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis le plus adulte et le plus authentique. On pourrait compléter en rajoutant que <strong>William A. Wellman </strong>réalise ce film en 1944, à une époque où son pays est très fortement impliqué dans le conflit (ce qui pourrait conduire à l'assimiler à de la propagande), en faisant jouer beaucoup de soldats américains rescapés du front européen en permission, aux côtés de quelques acteurs dont un tout jeune <strong>Robert Mitchum</strong>, alors qu'un grand nombre mourra quelques mois plus tard dans le Pacifique. Au même titre que le correspondant de guerre <strong>Ernie Pyle </strong>interprété par <strong>Burgess Meredith</strong>, tué peu de temps après la sortie du film et après avoir reçu le prix Pulitzer, lors de la bataille d'Okinawa au Japon. Le plus marquant dans tout ça, c'est l'incroyable maturité de <strong>Wellman </strong>et l'incroyable recul dont il fait preuve pour mettre en scène la progression d'une unité d'infanterie, dans un premier temps en Afrique du Nord, puis du côté de l'Italie avec la célèbre bataille de Monte Cassino.</p>
<p>En adoptant le point de vue de <strong>Pyle</strong>, la guerre est retranscrite comme un témoignage qui aurait collecté différents points de vue sur le terrain, au plus près des soldats. De manière très étonnante pour l'époque, on s'éloigne de tous les canons propagandistes pour rester dans une captation particulièrement terre-à-terre, en alternant entre les phases de déplacement loin des combats et les épisodes de combats — que ce soit en territoires urbains, avec notamment cette évolution dans les décors d'une cathédrale en ruine évoquant certains passages de la fin de <ins>Full Metal Jacket</ins>, ou sur des terrains plus conventionnels, avec sollicitation de l'artillerie et expositions de conditions intenses. Dans sa description éloignée des clichés diabolisant l'ennemi et dans sa tonalité désabusée d'un regard froid sur la guerre, <ins>Les Forçats de la gloire</ins> se rapproche d'un autre film de <strong>Wellman </strong>qui sortira quelques années plus tard, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bastogne-de-William-A-Wellman-1949">Bastogne</a></ins>.</p>
<p>Aucune trace d'antimilitarisme bien sûr, et sans aller jusqu'à parler d'une approche documentaire, le film frappe par son haut degré de réalisme que ce soit pour évoquer l'attente pénible des hommes (en se focalisant sur quelques points, la faim, le manque de nourriture digne de ce nom, l'absence de femmes, et quelques lubies à l'image du tourne-disque qu'un soldat tente inlassablement de réparer pour écouter un enregistrement envoyé par son épouse avant de sombrer dans la folie) ou pour illustrer la pénibilité des avancées en territoires ennemis. Très étonnant de voir <strong>Wellman</strong>, ambulancier puis aviateur, dédier son film à l'infanterie en montrant le quotidien douloureux des sans-grades piégés dans la boue, un élément important du dernier segment du film, avec quelques références au luxe des membres de l'US Air Force qui eux meurent en restant propres. Un film dépourvu de lyrisme, constamment pragmatique, pudique dans l'émotion et la douleur, jamais complaisant avec la violence qu'il met en scène, avec quelques très belles scènes — parmi les plus marquantes, celles où la radio nazie tente de séduire les jeunes soldats américains avec une voix suave féminine les invitant à déserter et celle où le lieutenant incarné par <strong>Mitchum </strong>revient d'un paysage désolé, son corps ramené à dos d'âne.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img5.jpg" title="img5.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img6.jpg" title="img6.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Forcats-de-la-gloire-de-William-A-Wellman-1945#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1306La Dame de tout le monde (La signora di tutti), de Max Ophüls (1934)urn:md5:a252e534b1169db6c4454d4110b434712023-12-04T10:12:00+01:002023-12-04T10:12:00+01:00RenaudCinémaAmourChirurgieFemmeIsa MirandaItalieMax OphülsMélodrameScandaleSolitudeSuicideTournage <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/dame_de_tout_le_monde.jpg" title="dame_de_tout_le_monde.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.dame_de_tout_le_monde_m.jpg" alt="dame_de_tout_le_monde.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les raisons de la solitude</strong></ins></span>
</div>
<p>L'unique incursion de <strong>Max Ophüls </strong>dans la production italienne est en grande partie liée à sa volonté d'échapper à la menace nazie de son Allemagne natale (chose un peu étonnante donc, que d'aller se réfugier chez les fascistes, m'enfin bon). Dans le sillon du mélodrame ayant pour figure centrale une femme, c'est vrai que <ins>La signora di tutti</ins> évoque une sorte d'ascendant de <ins>Lola Montès</ins> qu'il réalisera presque 20 ans plus tard, l'histoire d'un drame au travers des rencontres d'une vie toute entière. Mais ici, personnellement je n'ai pas ressenti la délicatesse tragique de, par exemple, <ins>Letter from an Unknown Woman</ins> : au contraire, à part quelques belles fulgurances, la charge sentimentale m'est apparue quelque peu poussive.</p>
<p>Rien à redire au sujet de l'introduction : excellente entrée en matière, avec la discussion entre deux hommes au sujet d'une femme absente, le parcours de l'un d'entre eux à travers un plateau de cinéma pour aller retrouver cette personne, et la découverte du drame, il tombe sur une tentative de suicide. Allongée sur la table opératoire où les chirurgiens vont tenter de la ranimer, à moitié consciente, la descente de l'arrivée de gaz pour l'anesthésie enclenche une série de flashbacks qui constituera l'intégralité du récit — avant une conclusion de quelques instants, de retour au temps présent, pour un final qui, disons, enfonce le clou du tragique. Très belle image cela étant dit de l'impression de l'affiche du film (dans le film) qui s'arrête brutalement, mettant les machines à l'arrêt en même temps que la tragédie se noue.</p>
<p>La construction du personnage dans toutes ses douleurs presque paradoxales est pourtant très belle : elle aborde de front la thématique de la solitude qui peut se cacher derrière le vernis faussement réparateur de la célébrité. Car si Gaby Doriot a tenté de se suicider, c'est bien parce qu'elle aura été privée toute sa vie d'un amour authentique, loin des aventures superficielles et des scandales qui ont rythmé les apparences. Le mélodrame est malgré tout un peu trop chargé à mon goût, le scénario donne l'impression de s'essouffler assez vite et de s'enliser dans les environs de son objectif. On voit poindre un questionnement autour de sa responsabilité dans cette solitude, plusieurs conceptions s'opposent ("elle était victime" contre "elle l'a un peu cherché" pour le résumer brutalement), mais je n'ai pas totalement plongé dans le portrait de cette femme maudite. <strong>Isa Miranda</strong> est en revanche vraiment incroyable, une cousine italienne de <strong>Dietrich </strong>et <strong>Garbo</strong>.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img1.png" title="img1.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img1_m.png" alt="img1.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img2.png" title="img2.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img2_m.png" alt="img2.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img3.png" title="img3.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img3_m.png" alt="img3.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img4.png" title="img4.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img4_m.png" alt="img4.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img5.png" title="img5.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img5_m.png" alt="img5.png, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Dame-de-tout-le-monde-de-Max-Ophuls-1934#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1296Bandits à Orgosolo (Banditi a Orgosolo), de Vittorio De Seta (1961)urn:md5:b3f481b2478b2f8b0802f3d6acce17562023-11-14T15:50:00+01:002023-11-14T15:51:02+01:00RenaudCinémaBergerChasseEauElevageFuiteItalieMontagneMoutonNéoréalismeRuralitéSardaigneVittorio De Seta <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/bandits_a_orgoloso.jpg" title="bandits_a_orgoloso.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.bandits_a_orgoloso_m.jpg" alt="bandits_a_orgoloso.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Western des bergers sardes</strong></ins></span>
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<p>Au terme d'une décennie passée à réaliser des courts-métrages documentaires décrivant les aspects très diversifiés de corps sociaux italiens variés (parmi lesquels on peut citer les plus célèbres <ins>Isole di fuoco</ins> sur des éruptions volcanique en Sicile, <ins>Le Temps de l'espadon</ins> sur la pêche à la lance, <ins>Surfarara</ins> sur des mines de souffre ou encore <ins>Parabola d'oro</ins> sur des paysans siciliens), il n'est pas totalement étonnant de retrouver <strong>Vittorio De Seta</strong>, au détour de son premier long métrage, dans une fiction très largement perméable aux composantes documentaires. Et rurales, plus particulièrement, au travers de ces décors rocailleux des montagnes de Sardaigne magnifiquement capturées dans "Banditi a Orgosolo".</p>
<p>C'est ce qui frappe d'entrée de jeu : la profondeur des contrastes de l'image de <strong>Vittorio De Seta </strong>(lui-même directeur de la photographie et scénariste en plus de son poste de réalisateur), qui confère à la nature sarde une dimension incroyablement photogénique, avec dans les hauteurs les espaces partagés entre l'élevage et la chasse. Michele, avec son très jeune frère Peppeddu, s'occupe de son troupeau de moutons dans ce cadre magique, entre conditions extrêmes et vie recluse. L'arrivée de trois étrangers qui ont volé des cochons et recherchés à ce titre par les carabiniers, provoquant la mort de l'un de ces derniers, dégénèrera en quiproquo puisque Michele se retrouvera accusé à tort de tous ces méfaits. N'ayant aucune confiance en sa capacité à démontrer son innocence mais surtout par peur de perdre son bétail (son unique capital garantissant sa subsistance voire même sa survie) durant l'instruction et un probable séjour en prison, il choisit l'option de la fuite dans les montagnes.</p>
<p>Avec sa veine puissamment néoréaliste qui s'attache à décrire des hommes luttant contre la nature (le dénivelé en montagne, le stress hydrique qui affecte autant les hommes que les bêtes, la faim qui ne tarde pas à gronder aussi), <ins>Bandits à Orgosolo</ins> ressemble à une hybridation entre une tradition documentaire héritée de <strong>Flaherty </strong>(les montagnes ici sont l'élément contre lequel on bataille au même titre que la mer enragée dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Homme-d-Aran-de-Robert-Flaherty-1934">L'Homme d'Aran</a></ins>) et l'acharnement du sort contre une communauté au bord de la misère — il suffit de remplacer les pêcheurs de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-terre-tremble-de-Luchino-Visconti-1948">La terre tremble</a></ins> chez <strong>Visconti </strong>par des éleveurs. Les sentiments sont très variés ici, entre la défiance contre les représentants de l'autorité et le refus de se rendre et d'abandonner son troupeau, symbole de toute une vie, et ils sont parfaitement embrassés par les véritables bergers qui tiennent les rôles principaux dans ce western des montagnes. Le seul passage au cours duquel les protagonistes descendent de ces hauteurs, pour rejoindre leur famille dans un moment intime intense, rompt avec l'âpreté de la fuite et constitue un de ces moments incroyables, comme en apesanteur.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img6.jpg" title="img6.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bandits-a-Orgosolo-de-Vittorio-De-Seta-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1279Le Bel Antonio (Il bell'Antonio), de Mauro Bolognini (1960)urn:md5:33adf2dee316968662f3d14e03533eae2023-10-12T17:12:00+02:002023-10-12T17:12:00+02:00RenaudCinémaAmourClaudia CardinaleFamilleHumiliationItalieMarcello MastroianniMariageMauro BologniniPier Paolo PasoliniPierre BrasseurReligionSexeSicileTomás Milián <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioA.jpg" title="bel_antonioA.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioA_m.jpg" alt="bel_antonioA.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioB.jpg" title="bel_antonioB.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioB_m.jpg" alt="bel_antonioB.jpg, oct. 2023" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Impressions d'impuissance</strong></ins></span></div>
<p>Coup de maître de la part du réalisateur <strong>Mauro Bolognini </strong>et du scénariste <strong>Pier Paolo Pasolini </strong>que d'avoir réuni deux sex symbols comme <strong>Marcello Mastroianni </strong>et <strong>Claudia Cardinale</strong>, au potentiel sensuel et sexuel relativement incomparable dans l'Italie des années 1960, pour mieux les confronter sur le terrain d'un drame conjugal dont le carburant provient d'un tabou assez fort. Car <strong>Mastroianni</strong>, depuis qu'il a connu son premier amour, est devenu inapte à la bandaison — une condition qu'il décrit à son cousin, <strong>Tomás Milián </strong>(une scène courte mais touchante et dont les conséquences seront révélées à la toute fin), au creux d'une magnifique confession — dans une société qui glorifie la virilité masculine à tous les étages, familial, religieux, professionnel.</p>
<p>Et le pauvre hère, il va en bouffer de la pression sociale par tout son entourage, et tout particulièrement son père, très bien interprété par un <strong>Pierre Brasseur </strong>dont l'honneur virile est bafoué par ce "mariage non-consommé". Expression abominable qui en plus de cela se double d'une rumeur se propageant comme une traînée de poudre dans tout le village... Il faut dire qu'un an après le mariage tout le monde l'attendait, la grossesse de <strong>Cardinale</strong>, fille de notaire d'une beauté renversante mais elle aussi reproduisant plus ou moins involontairement le schéma traditionaliste martelé par ses proches et porté sur les apparences et la peur de ce que penseront les autres.</p>
<p>À l'époque, <strong>Marcello Mastroianni </strong>avait marqué les esprits avec son rôle de séducteur mondain par excellence dans <ins>La dolve vita</ins>, et en réaction immédiate il cassa cette image en incarnant la tragédie d'un homme aussi séduisant qu'impuissant, avec au moins autant de talent. Sa performance est vraiment remarquable, pris au piège d'un réseau de contraintes et de conventions qui s'est refermé sur lui violemment, le laissant dans une horrible situation, le déshonneur familial comme fardeau insoutenable. Il interprète de manière remarquable une sorte de Don Juan victime d'une réputation qui n'est même pas la sienne. Il n'y a pas de place pour l'amour platonique dans ce coin de Sicile, et du curé aux beaux parents en passant par la foule de voisins et de témoins lors du mariage, tous sont là pour dicter les règles et façonner les mœurs. Un film très puissant sur la pression exercée et l'humiliation subie en retour, avec une douleur dépeinte de manière percutante et sensible, et la folie qui guette ceux qui se soumettent à de pareilles injonctions — le père comme d'autres place la procréation au centre de tout et le non-respect de cette clause tacite le place au bord de la démence, lui qui de façon ironique mourra précisément en plein ébat.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bel-Antonio-de-Mauro-Bolognini-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1253Nous sommes tous en liberté provisoire (L'istruttoria è chiusa: dimentichi), de Damiano Damiani (1971)urn:md5:53a0e15bcfd5a511420be537f8424af42023-09-30T16:11:00+02:002023-09-30T15:15:13+02:00RenaudCinémaArgentAssassinatCorruptionDamiano DamianiFranco NeroHomicideItalieMortPolitiquePrisonPrisonnierSexeSuicide <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire/.nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire_m.jpg" alt="nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Silence et conscience</strong></ins></span></div>
<p>En matière de film de prison, <strong>Damiano Damiani </strong>ne révolutionne pas le genre avec <ins>Nous sommes tous en liberté provisoire</ins>, mais il arrive à mêler habilement les codes propres à ce segment avec les thématiques qu'il affectionne et que l'on retrouve régulièrement dans ses films. Aussi derrière cette situation où un architecte se retrouve emprisonné pour homicide involontaire, soupçonné d'avoir renversé quelqu'un en voiture, et où il y découvre toutes les horreurs auxquelles on peut s'attendre (et ce indépendamment de la belle image que le directeur entretient et propage dans son cercle), on voit bien sûr la portée toute autre du film. La corruption, la loi du silence, l'opportunisme guidé par les intérêts personnels... tous ces maux ne gangrènent évidemment pas que les murs des prisons et ne concernent pas uniquement les pires meurtriers parmi les détenus.</p>
<p>Mais on reste tout de même dans le cadre strict d'un film de prison, et <strong>Damiani </strong>ne se gêne pas pour nous le faire sentir. La progression du protagoniste interprété par <strong>Franco Nero </strong>(toujours aussi excellent, dans la lignée de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-republique-de-Damiano-Damiani-1971">Confession d'un commissaire de police au procureur de la république</a></ins> ou <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Comment-tuer-un-juge-de-Damiano-Damiani-1975">Comment tuer un juge</a></ins>) est bien rythmée, on parcourt les différentes strates du pénitencier sans se presser, histoire de visiter tous les recoins de ce lieu abominable. Et bien sûr, corruption oblige, il n'y a pas que du côté des bagnards que le vice rampe... Ce qui donnera lieu à une scène d'assassinat maquillé en suicide d'une tension vraiment insoutenable. On passe beaucoup de temps à voir comment la condition de privilégié de <strong>Nero</strong>, du moins à l'extérieur de la prison, lui permet de s'octroyer quelques arrangements et quelques plaisirs (la fameuse salle de rayon X, gérée par un docteur tout aussi verni, seul endroit où communiquent les ailes masculine et féminine de la prison), mais aussi ses limites, car même en prison, l'argent facilite beaucoup de choses mais ne peut pas tout.</p>
<p>Quelques notes humoristiques, comme l'arrivée de <strong>Nero </strong>dans le bureau du directeur au tout début qui le confond avec un meurtrier condamné à 30 ans de réclusion — la gueule de <strong>Nero </strong>à ce moment, collector, pour nous faire comprendre qu'il n'y aura pas de distinction entre les différents crimes en ces murs, pas plus qu'entre un coupable et un présumé innocent. <strong>Damiani </strong>montre bien le positionnement du protagoniste selon plusieurs échelles de pouvoirs, le pouvoir économique, le pouvoir politique, et le pouvoir bassement physique : de quoi lui ménager quelques zones de confort, mais certainement pas un repos absolu. Et finalement le film laisse ouverte les raisons de sa libération, possiblement liée à son mutisme concernant un crime commis en prison : en tous cas, les limites de son honnêteté sont clairement exposées lorsqu'on le voit refuser de parler à la fille d'un homme assassiné, dont il connaît pourtant parfaitement les circonstances de la mort en prison</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire/.imf1_m.jpg" alt="imf1.jpg, sept. 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Nous-sommes-tous-en-liberte-provisoire-de-Damiano-Damiani-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1242Comment tuer un juge (Perché si uccide un magistrato), de Damiano Damiani (1975)urn:md5:b23d4cdcb981c62ff8120f85d738cbc52023-09-27T15:12:00+02:002023-09-27T15:12:00+02:00RenaudCinémaAssassinatCensureComplotCulpabilitéDamiano DamianiDouteFranco NeroFrançoise FabianIntégritéItalieJusticeMafiaMortPolitiqueSicileThriller <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.comment_tuer_un_juge_m.jpg" alt="comment_tuer_un_juge.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Nero dans l'étau du doute</strong></ins></span></div>
<p>Le style <strong>Damiani </strong>commence à se dégager plus précisément, et surtout au creux du cinéma politique italien des années 70, années de plomb. Je n'ai pas encore assez de recul pour percevoir la portée méta du personnage de <strong>Franco Nero </strong>dans sa totalité, mais il paraît assez évident de voir dans son personnage de cinéaste, avec un film dans le film qui se trouve être un thriller politique mettant en scène la mort d'un juge proche de la mafia, une dualité avec sa propre personne. Le personnage en question, Solaris, se retrouve au milieu de ce qui ressemble à un complot mafieux et politique lorsqu'un vrai magistrat est assassiné, peu de temps après s'être prononcé contre la censure dudit film.</p>
<p><strong>Franco Nero</strong>, au-delà de son regard bleu perçant (impressionnant ici), incarne une forme de droiture, de probité et d'intégrité mises à mal dans ce monde de fous, reflet de la société italienne. D'un côté <ins>Perché si uccide un magistrato</ins> travaille la fibre du thriller politique avec les morts qui s'amoncellent autour de lui, alimentant diverses hypothèses plus ou moins complotistes, sans qu’on ne parvienne à cerner précisément le contour de la conspiration. De l'autre côté, il y a cette dimension de porte-parole qui évite très clairement le manichéisme et l'illusion d'omniscience en avançant à visage découvert, c'est-à-dire avec les idéaux clairement établis, mais en avançant dans le même temps toute la montagne d'incertitudes qui les accompagne. On sent chez le personnage de <strong>Nero </strong>beaucoup de culpabilité et de questionnements, doutant régulièrement de ses actions et de leurs conséquences, avec bien sûr en tête la sortie de son film qu'il pense pouvoir être à l'origine du meurtre du juge sicilien.</p>
<p>Le personnage de la veuve, dans un premier temps associé à la défense de l'honneur de son mari, offre un très solide contrepoint grâce à l'interprétation de <strong>Françoise Fabian </strong>: pendant un très long moment, tant que la pelote n'est pas déroulée, on l'image enfermée dans le déni, meurtrie, potentiellement apeurée. La réalité sera bien plus sale moralement, même si elle conserve une part de dignité au sein de la toile vénéneuse des puissants et des influents qui cherchent à faire taire les forces menaçant leurs intérêts. C'est un jeu tout en coups cachés où chaque pôle essaie de protéger ses intérêts personnels, et qui souligne sans forcer les méandres de la corruption et de la manipulation. <strong>Nero </strong>dans le rôle du cinéaste-enquêteur qui se bat contre des moulins à vent, plus fébrile qu'à l'accoutumée, est très convainquant, jusqu'à la découverte tristement prosaïque de la vérité. Le dernier plan, avec les différents groupes journalistes / politiques / mafieux, fait son petit effet.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/comment_tuer_un_juge/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
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