Je m'attarde - Mot-clé - Naturalisme le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearL'Arbre aux sabots, de Ermanno Olmi (1978)urn:md5:df34c6a317e59622570336c4786c5d6c2020-06-25T16:57:00+02:002020-06-25T18:15:06+02:00RenaudCinémaAgricultureErmanno OlmiItalieNaturalismePaysanReligionRuralitéTerreVieillesse <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots.jpg, juin 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>
Chroniques paysannes
</strong></ins></span></div>
<p>C'est la mort de sa grand-mère, au milieu des années 60, et surtout des notes de ses grands-parents sur lesquelles il tomba en 1976 qui poussa <strong>Ermanno Olmi </strong>à écrire et réécrire le sujet de <ins>L'Arbre aux sabots</ins>, chronique paysanne d’une petite communauté de Bergame à la fin du 19ème siècle. Cette dimension personnelle est sans doute à l'origine de plusieurs dispositions (à commencer par le choix du lieu et des acteurs non-professionnels) qui contribuent à faire de ces trois heures une fresque intimiste aussi intense. Comme si le témoignage de ces quatre familles de métayers, dans leur environnement, avec le régisseur et le prêtre qui rôdent dans les parages, se faisait de manière simple et naturelle, comme s'il s'agissait d'un documentaire, sans effort, sans accroc. En ce sens (et en ce sens uniquement) pas si éloigné de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Emploi-de-Ermanno-Olmi-1961"><ins>L'Emploi</ins></a> ou <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Fiances-de-Ermanno-Olmi-1963"><ins>Les Fiancés</ins></a>. Comme un cousin italien éloigné des films et séries <ins>Heimat</ins> de <strong>Edgar Reitz</strong>, croisé avec le vieux couple décrit dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cousin-Jules-de-Dominique-Benicheti-1972"><ins>Le Cousin Jules</ins></a> ou les portraits de <strong>Depardon </strong>dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Profils-Paysans-par-Raymond-Depardon-2000-2004-et-2008"><ins>Profils paysans</ins></a>.</p>
<p>Une grande ferme en métairie exploitée par des familles de paysans pauvres, entre l’automne 1887 et l’été 1898, et c’est à peu près tout, sur le papier. <strong>Olmi </strong>tisse avec une grande sobriété le fil de leurs histoires presque indépendantes, reliées par le lieu et leur condition mais avec très peu d’interactions entre les quatre groupes. Mais sobriété ne signifie pas sécheresse émotionnelle ici, bien au contraire : derrière le parti pris de sa reconstitution minutieuse, et au-delà de ses détails techniques (dialecte bergamasque, activités agricoles, objets du quotidien paysan, rapport à l’animal), il se dégage de cette chronique une grande sensibilité et une grande justesse sur des thèmes variés (les liens familiaux, l’importance première du travail, la présence de la religion). La marque de l’attachement d’<strong>Olmi </strong>pour cette réalité perdue, comme s’il cherchait à en raviver les souvenirs tout en maintenant une forme supérieure de pudeur pour décrire cette condition paysanne. Il dira à propos du film "si j'insiste sur une certaine tendresse, c'est parce que les sentiments sont, pour les pauvres, le seul patrimoine".</p>
<p>Ainsi passe le temps et défilent les saisons, dans un cadre magnifiquement photographié, selon quelques arcs narratifs croisés au montage, avec le travail communautaire en perspective omniprésente : l’épluchage et égrainage des épis de maïs qui ont séché pendant tout l’automne, la mise à mort et la préparation du cochon sous la neige pour Noël, la plantation des semis de tomates à proximité de la grange dont la chaleur des pierres assurera une récolte précoce, ou encore des événements familiaux comme un mariage et une naissance. Cette année passe avec une douceur paradoxale et une tranquillité étonnante, sans nier la dureté de certains aspects, le long d’un chemin partagé entre sa tendance documentaire et ses élans de poésie pragmatique. La séquence où le père d’un enfant qui a cassé son sabot lui en fabrique un nouveau en secret, pendant que le reste de la famille prie, à partir d’un bois qu’il est allé lui-même (outrepassant ses droits de simple exploité) couper chez le propriétaire, est d’une rare émotion. L’espace d’un instant, on fait abstraction des lourdes conséquences.</p>
<p><ins>L'Arbre aux sabots</ins> trouve un autre équilibre dans l’expression de la communauté, avec d’un côté un sentiment d’appartenance imposé par la promiscuité et l’isolement de la ferme, et de l’autre une série d’actes égoïstes (à l’image du secret pour faire pousser les tomates avant celles des voisins, ou encore la séquence géniale où le père Finard trouve une pièce d’or en plein meeting socialiste, le sourire aux lèvres et en pouffant, avant de le cacher sous le sabot d’un cheval) guidés avant tout par la situation de survie. Tous sont sujets aux prélèvements réguliers du régisseur dont l’injustice restera en toile de fond, tous partagent le même rapport à la nature fertile, tous partagent des moments intimes de rassemblement pour des veillées nocturnes, des services religieux et diverses tâches ménagères. La dernière séquence, dans laquelle une famille est chassée de chez elle et quitte la ferme dans la nuit noire, sous le regard des autres familles rassemblées dehors, rappelle aussi leur état de dépendance et leur injustice commune.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_01_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_01.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_02_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_02.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_03_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_03.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_04_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_04.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_05_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_05.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_06_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_06.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_07_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_07.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_08_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_08.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_09_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_09.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_10_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_10.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_11_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_11.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_12_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_12.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_13_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_13.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_14_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_14.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_15_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_15.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_16_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_16.jpg, juin 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/arbre_aux_sabots/.arbre_aux_sabots_17_m.jpg" alt="arbre_aux_sabots_17.jpg, juin 2020" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Arbre-aux-sabots-de-Ermanno-Olmi-1978#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/792Le Cousin Jules, de Dominique Benicheti (1972)urn:md5:f180add472886399661ac419bbb36b3d2016-03-19T18:15:00+01:002016-03-19T22:57:27+01:00RenaudCinémaDocumentaireFerronnerieFranceNaturalismePaysanRuralitéVieillesse <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.le_cousin_jules_m.jpg" alt="le_cousin_jules.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="le_cousin_jules.jpg, mar. 2016" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Profil paysan<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>L'histoire que nous conte <ins>Le Cousin Jules</ins> est celle d'une époque en grande partie révolue. C'est le genre de documentaire tout droit sorti d'un passé égaré dans les limbes du temps, déjà, seulement quarante ans après son tournage. Et s'attarder sur le travail remarquable de <strong>Dominique Benicheti</strong> et de son équipe, c'est un peu comme tomber nez à nez avec un de nos ancêtres, comme déterrer un vieux parchemin poussiéreux porteur de ce que l'on considérerait aujourd'hui comme des secrets d'une vie antérieure mais qui n'étaient alors que des gestes simples de la vie de tous les jours. La ruralité envisagée comme un mode de vie et non pas comme un spectacle ou une expérience alternative, en dehors des enjeux politiques cruciaux actuels, filmée au plus près du naturel. Regarder <ins>Le Cousin Jules</ins> en 2016, c'est jeter un pavé du passé dans la marre du présent qui projetterait une myriade de gouttelettes commémoratives. Le passé qui éclabousse le présent de sa fabuleuse authenticité, la passé qui nous enveloppe de sa réminiscence d'une bouleversante vérité. Et j'userais volontiers d'un argument d'autorité en lien avec mon expérience personnelle pour assurer qu'on observe ici une expression de la vérité à l'état pur.</p>
<p><img title="2_fer.jpg, mar. 2016" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="2_fer.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.2_fer_m.jpg" /></p>
<p>Entre avril 1968 et mars 1973, <strong>Dominique Benicheti</strong> a filmé le quotidien de Jules et Félicie Guiteaux, un couple de paysans tous deux nés en 1891. Lui est ferronnier, elle s'occupe du reste des activités qui ont trait à la vie à la campagne dans ces années-là. Ce sont des journées remplies de gestes lents et précis, répétés des milliers de fois, tous aussi importants les uns que les autres. Le superflu n'existe pas chez Jules. Il faut allumer le poêle, préparer le foyer dans lequel on fera chauffer le fer à blanc, alimenter les braises en oxygène à l'aide d'un immense soufflet, et battre le fer, inlassablement, tant qu'il est chaud et rougeoyant. Le marteau frappe le futur montant de volet, le bruit si singulier du choc résonne, l'étau enserre, le métal se tort, l'objet se forme. Chaque geste est minutieux, chaque mouvement semble aussi banal qu'essentiel, et le tout dénote une expérience que seule la pratique répétée à l'infini permet d'acquérir. De son côté, Félicie s'occupe avec la même rigueur et la même application, dans ce que l'on pourrait qualifier de concerto lent mais millimétré, avec deux partitions qui s'emboîtent parfaitement, harmonieusement. Il faut peler les patates et préparer le repas, aller chercher de l'eau dans le puits, la répartir pour tous ses usages, préparer le café à l'aide d'un moulin et d'une vieille cafetière, et le servir dans des verres avec du sucre. Un peu comme si tous les objets cachés dans nos greniers ou exposés en décoration prenaient vie et retrouvaient leur utilisation passée. Puis vient le temps de la sieste, repos au soleil bien mérité, tranquillement installé sur une chaise à l'ombre d'un béret.</p>
<p><img title="4_puits.jpg, mar. 2016" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="4_puits.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.4_puits_m.jpg" /></p>
<p>Soudain, les images deviennent ternes. Tiens, un fossoyeur qui creuse une tombe. Jules se rase, seul, devant un miroir accroché à une fenêtre, installé là pour l'occasion. Un café, seul, en lisant le journal. Il faut aller ouvrir le poulailler, nourrir les poules, ramasser les œufs. Faire le lit, bien positionner l'édredon volumineux et le dessus de lit brodé, passer un coup de balais après avoir allumé la lumière — ah, tiens, il y a l'électricité dans la maison. Ramasser du bois avec la voisine, acheter du pain au commerçant qui passe non loin en camion pour sa tournée, faire la soupe en préparant soigneusement tous les légumes. Seul. Récupérer les épis de maïs de la saison dernière accrochés au plafond, et les égrainer pour plus tard, pour les poules. Recoudre un bouton de pantalon, soi-même. Et enfin manger la soupe qui a mijoté, à la tombée de la nuit, seul. Vue de l'extérieur à travers la fenêtre, de nuit, magnifique. L'événement ne sera jamais mentionné, mais Jules est désormais bien seul. Il a dû abandonner sa forge pour assurer l'indispensable que Félicie, à sa mort, lui a laissé : ce sont les aléas d'un scénario qui ne s'écrit pas.</p>
<p><img title="5_cafe.jpg, mar. 2016" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="5_cafe.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.5_cafe_m.jpg" /></p>
<p>Cinq années ont défilé sous nos yeux. <ins>Le Cousin Jules</ins> a distillé ses images durant une heure trente. Par la magie du montage, le personnage éponyme semble nous avoir résumé sa vie en une journée, du lever du jour à la tombée de la nuit.</p>
<p>Il est difficile d'expliquer par des mots en quoi l'enchaînement de ces événements est à mes yeux exceptionnel. Il ne le sera d'ailleurs probablement pas pour beaucoup. Mais chez ceux qui ont connu cette vie par procuration, ceux qui voudront bien jeter un regard en arrière, ceux qui ont envie de regarder ce passé-là droit dans les yeux, chez tous ces gens-là, <ins>Le Cousin Jules</ins> prendra tout son sens et aura une valeur particulière. Un document historique au charme naturaliste. C'est un rapport au monde d'une sensibilité extrême, un cadre dans lequel il était encore aisé de faire la distinction entre misère et pauvreté, une existence passée partagée entre rudesse et sagesse, rappelant fortement la récente trilogie documentaire de <strong>Raymond Depardon</strong>, <ins>Profils Paysans</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Profils-Paysans-par-Raymond-Depardon-2000-2004-et-2008">lire le billet</a>). L'image de la forge abandonnée en plan fixe, ultime regard émouvant sur ces outils qui ne serviront plus et sur cette page depuis longtemps tournée, sécrète un venin puissamment mélancolique. L'occasion de saluer une dernière fois le travail remarquable au niveau de l'image (CinemaScope) et du son (attentif aux moindres détails), magnifiant chaque geste, parachevant l'immersion, et faisant parvenir jusqu'à nous l'odeur du fer chaud et du café d'autrefois.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.1_feu_m.jpg" alt="1_feu.jpg" title="1_feu.jpg, mar. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.3_patates_m.jpg" alt="3_patates.jpg" title="3_patates.jpg, mar. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.6_sieste_m.jpg" alt="6_sieste.jpg" title="6_sieste.jpg, mar. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.7_trou_m.jpg" alt="7_trou.jpg" title="7_trou.jpg, mar. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.8_journal_m.jpg" alt="8_journal.jpg" title="8_journal.jpg, mar. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.9_mais_m.jpg" alt="9_mais.jpg" title="9_mais.jpg, mar. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.10_soupe_m.jpg" alt="10_soupe.jpg" title="10_soupe.jpg, mar. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.11_meule_m.jpg" alt="11_meule.jpg" title="11_meule.jpg, mar. 2016" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.12_fenetre_m.jpg" alt="12_fenetre.jpg" title="12_fenetre.jpg, mar. 2016" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cousin_jules/.13_forge_m.jpg" alt="13_forge.jpg" title="13_forge.jpg, mar. 2016" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cousin-Jules-de-Dominique-Benicheti-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/310Cent jours après l'enfance, de Sergey Solovyov (1974)urn:md5:d7cc494f4de79ddee54d3049858953132015-11-20T13:20:00+01:002015-11-20T13:41:03+01:00RenaudCinémaAdolescenceAmourEnfanceNaturalismeNatureRussie <p><img title="cent_jours_apres_l_enfance.jpg, nov. 2015" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="cent_jours_apres_l_enfance.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.cent_jours_apres_l_enfance_m.jpg" /></p>
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Élégie adolescente<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p><ins>Cent jours après l'enfance</ins> est un poème cinématographique sur l'enfance et la première fièvre amoureuse, conforté par un travail esthétique au parti pris radical conférant au cadre, la nature majestueuse et puissante, un charme certain. Rares sont les films qui parviennent à filmer leur sujet parfaitement à la bonne hauteur, et à ce niveau-là, il me semble que le film de <strong>Sergey Solovyov </strong>atteint une forme de perfection, plongé au milieu d'une colo de gamins de 14 ans dans la campagne russe.</p>
<p>Il y a une forme de paradoxe tout à fait savoureux entre le cadre apaisé du récit, flirtant avec l'onirisme, ce lieu mal identifié en pleine nature (une nature souveraine, qui semble avoir pris possession des lieux) d'où émane une certaine tranquillité, et les enjeux relativement graves dont il est question. "Grave", donc, à hauteur d'enfant : les tourments affectifs du protagoniste prennent une dimension incroyable, et nous projettent dans cette ambiance-là, trois mois au cœur d'un été adolescent qu'on a, sous certains aspects au moins, tous déjà vécu.</p>
<p>Autre point fort : la façon de filmer les filles. Un regard d'une incroyable pureté sur ces enfants, illuminés par quelques rayons de soleil, éclaboussés par quelques gouttes d'eau, à l'ombre d'une végétation protectrice. Cette image éthérée de la féminité, à la lisière de l'enfance et de l'adolescence, est vraiment étonnante. Ni vulgaire, ni charnelle, juste une touche de sensualité et de mystère adéquate. Une narration étrange, qui en déroutera plus d'un, qui ne s'interdit pas quelques références à la Renaissance et qui s'appuie sur un sous-texte littéraire à la fois solide et évasif : j'imagine que beaucoup d'allusions et d'inspirations m'ont échappé. Une sensation générale qui est tout autant étrange, avec cette impression tenace de temps suspendu (celui de l'été et du premier Amour) très habilement retranscrite. Une sorte de récit d'apprentissage aussi, en passant à travers tous les stades de l'amour, plus ou moins heureux, avec ses douces chimères et ses froides désillusions. Une démarche initiée par un coup de foudre / coup de soleil (titre d'un des chapitres du film) pour la jeune Lena que le protagoniste connaît mais voit pour la première fois comme une fille suscitant intérêt et émotion.</p>
<p><ins>Cent jours après l'enfance </ins>évolue à travers toutes ces phases, questionnement, incompréhension, tentatives, jeux de regard, confrontations, pour finir par une déclaration d'amour à travers l'interprétation d'une pièce de théâtre qui lui donne la force et le courage de passer à l'acte. Sans succès. Le film se termine sur une note amère, pleine de résignation. C'est l'adolescence abordée du point de vue de l'enfance (par opposition avec l'autre bout de l'adolescence, c'est-à-dire l'âge adulte), pleine d'insouciance et de mélancolie.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.fille_m.jpg" alt="fille.jpg" title="fille.jpg, nov. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.fille3_m.jpg" alt="fille3.jpg" title="fille3.jpg, nov. 2015" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.champ_m.jpg" alt="champ.jpg" title="champ.jpg, nov. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.champ2_m.jpg" alt="champ2.jpg" title="champ2.jpg, nov. 2015" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.banc_m.jpg" alt="banc.jpg" title="banc.jpg, nov. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.filles_m.jpg" alt="filles.jpg" title="filles.jpg, nov. 2015" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.endormi_m.jpg" alt="endormi.jpg" title="endormi.jpg, nov. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.fille4_m.jpg" alt="fille4.jpg" title="fille4.jpg, nov. 2015" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.lecture_m.jpg" alt="lecture.jpg" title="lecture.jpg, nov. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.fin_m.jpg" alt="fin.jpg" title="fin.jpg, nov. 2015" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.fenetre_m.jpg" alt="fenetre.jpg" title="fenetre.jpg, nov. 2015" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cent_jours_apres_l_enfance/.porte_m.jpg" alt="porte.jpg" title="porte.jpg, nov. 2015" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cent-jours-apres-l-enfance-de-Sergey-Solovyov-1974#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/294